scabreux, euse [ skabrø, øz ] adj.
• 1501; bas lat. scabrosus, du class. scaber « rude, raboteux »
1 ♦ Littér. Qui crée une situation embarrassante et des risques d'erreur. ⇒ dangereux, délicat, périlleux, risqué. Entreprise, question scabreuse. « La conversation est arrivée ensuite à des choses plus graves. Nous touchons à un sujet bien autrement scabreux » (Stendhal).
2 ♦ (XVIIIe) Cour. Qui choque la décence. Histoire scabreuse. ⇒ indécent, licencieux. Détails scabreux. « La conversation était extrêmement libre; je n'aimais pas à entendre M. Malet parler devant sa fille de sujets scabreux » (Maurois).
● scabreux, scabreuse adjectif (bas latin scabrosus, du latin classique scaber, -bri, raboteux) Littéraire. Qui présente des risques, qui peut aboutir à une situation embarrassante. Qui est de nature à choquer la décence : Aborder un sujet scabreux. ● scabreux, scabreuse (synonymes) adjectif (bas latin scabrosus, du latin classique scaber, -bri, raboteux) Littéraire. Qui présente des risques, qui peut aboutir à une situation...
Synonymes :
- délicat
- épineux
- périlleux
- risqué
Qui est de nature à choquer la décence
Synonymes :
- choquant
- indécent
- leste
- osé
scabreux, euse
adj.
d1./d Qui comporte des risques, des difficultés. Entreprise scabreuse.
d2./d Qui choque la décence. Plaisanterie scabreuse.
⇒SCABREUX, -EUSE, adj.
A. — Vx. [En parlant d'un chemin, d'une voie d'accès] Raboteux, rude, sur lequel il est difficile de marcher. Le château était embusqué dans un sentier scabreux pour le fermer à l'ennemi (CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 305). Nous gravissions les marches d'un escalier scabreux pratiqué dans la partie la plus ancienne du Saint-Sépulcre et qui montait jusqu'au toit (MORAND, Route Indes, 1936, p. 296).
— En partic. ,,Relief scabreux. Hérissé, aigu``(PLAIS.-CAILL. 1958).,,Pierre scabreuse. Raide, raboteuse`` (PLAIS.-CAILL. 1958).
B. — Au fig.
1. Qui présente des difficultés ou des risques. Synon. dangereux, délicat, embarrassant, hasardeux, périlleux, risqué. Affaire, entreprise scabreuse. Après avoir bravé bien des dangers dans ce scabreux voyage, il fut à son retour jeté par la tempête sur les côtes de Zante, où il mourut de faim (BOREL, Champavert, 1833, p. 81). Le doute injurieux et la malveillance de ses confrères locaux le poussent alors, pour imposer la vérité de ses affirmations, à une scabreuse aventure. Avec son interne Velpeau, il escalade la nuit les murs du cimetière, va déterrer les cadavres des enfants morts la veille d'angine, pour examiner leur gorge et consigner avec exactitude le siège, l'aspect, l'étendue de leurs lésions (BARIÉTY, COURY, Hist. méd., 1963, p. 612).
— Dans le domaine de la mus. Synon. compliqué, délicat, difficile. On a de lui [Dominique Scarlatti] de nombreuses sonates, et de charmantes pièces de clavecin, d'une exécution assez scabreuse (LAVIGNAC, Mus. et musiciens, 1895, p. 501). Il arrive même qu'il [le chef] isole dans telle ou telle partie instrumentale, certains traits scabreux dont il révélera à ses musiciens le mode d'exécution le plus sûr — doigté ingénieusement trouvé, accent rythmique sur lequel s'appuyer, etc. — (Arts et litt., 1936, p. 60-8).
— En partic. Qui est embarrassant à traiter, à évoquer. Synon. délicat, épineux. Moment, problème scabreux; situation scabreuse. Cette question scabreuse n'a plus lieu dans une association universelle, qui absorberait tout antagonisme (PROUDHON, Syst. contrad. écon., t. 1, 1846, p. 73).
— [Dans un constr. impers.] Voyez comme il est toujours scabreux de prescrire et de contraindre (BIOT, Pol. santé publ., 1933, p. 39).
2. Cour. Qui risque d'offenser la pudeur, de choquer. Synon. choquant, déplacé, inconvenant, indécent, licencieux, osé. Sujet scabreux; histoire scabreuse; aventures, pièces, scènes scabreuses. Ne voyez-vous pas, monsieur, à la manière leste et dégagée dont je parle d'amant, d'amour, de tout ce qu'il y a de plus scabreux pour une femme, que je suis parfaitement sûre de rester vertueuse? (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 5). Qu'appelez-vous des pratiques anti-naturelles?... interrogea, sur un ton dont l'ironie s'aggravait d'une intention polissonne, un peu lourde, la baronne Gogsthein, qui se plaisait aux situations scabreuses (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 201).
Prononc. et Orth.:[], [ska-], fém. [-ø:z]. LITTRÉ, BARBEAU-RODHE 1930 []; ROB. 1985, Lar. Lang. fr. [a]; WARN. 1968 [], [a]; MARTINET-WALTER 1973 [a], []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1500 « dont la surface est inégale, rude, raboteuse (d'une voie, d'un passage) » (J. D'AUTON, Chron., éd. R. de Maulde La Clavière, t. 1, p. 151); 2. 1501 au fig. « qui présente des dangers, des risques » (A. DE LA VIGNE, Complaintes et Epitaphes du Roy de la Bazoche, 31 ds Rec. poés. fr., t. 13, p. 388: scabreuse deffortune); 3. 1503 id. « dur, grossier (du langage, du style) » (J. LEMAIRE DE BELGES, La Plainte du Désiré, 84, éd. D. Yabsley, p. 79); 4. 1718 (LE ROUX: Scabreux. Se dit aussi, lorsqu'on dit quelque chose d'un peu libre). Empr. au lat. tardif scabrosus « rude, raboteux, inégal; sale », dér. de scaber « id. ». FEW t. 11, p. 262. Fréq. abs. littér.:129. Bbg. WIND 1928, p. 103, 207.
scabreux, euse [skabʀø, øz] adj.
ÉTYM. 1501; du bas lat. scabrosus, du lat. class. scaber « rude, raboteux ».
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1 Vx. Rude, difficile, en parlant d'un chemin. || Scabreuses descentes (cit. 4, Loti).
2 (1549). Vx (langue class.). || Auteur scabreux, dont le style est dur, heurté.
3 (1501). Mod. Littér. Difficile, qui crée une situation embarrassante et des risques d'erreur. ⇒ Dangereux, délicat, embarrassant, périlleux, risqué. || Entreprise, question scabreuse (→ Dépourvoir, cit. 6). || Un moment scabreux (→ Marcher, cit. 41).
1 La conversation est arrivée ensuite à des choses plus graves. L'ancien préfet et moi nous touchons à un sujet bien autrement scabreux que tout ce qui a été dit jusqu'ici (impôt sur les gros propriétaires) (…)
Stendhal, Mémoires d'un touriste, t. I, p. 294.
4 (1762). Cour. Qui embarrasse ou choque au regard de la décence. || Histoire, aventure scabreuse. ⇒ Corsé, déplacé, indécent, licencieux (→ Incongruité, cit. 2). || Scènes osées et détails scabreux (→ Immoral, cit. 4).
2 (…) la persuasion assez générale où l'on est que la truffe dispose aux plaisirs génésiques (…)
Cette découverte m'a conduit à désirer de savoir si l'effet est réel (…) Une pareille recherche est sans doute scabreuse et pourrait prêter à rire aux malins; mais honni soit qui mal y pense !
A. Brillat-Savarin, Physiologie du goût, t. I, p. 122.
3 La conversation était extrêmement libre; je n'aimais pas à entendre M. Malet parler devant sa fille de sujets scabreux.
A. Maurois, Climats, I, VII.
♦ (Personnes). || Un conteur scabreux.
Encyclopédie Universelle. 2012.