scandale [ skɑ̃dal ] n. m.
• XIIe; bas lat. scandalum, gr. skandalon « obstacle, pierre d'achoppement »
A ♦ Relig.
1 ♦ Occasion de péché créée par la personne qui incite les autres à se détourner de Dieu; le péché commis par la personne qui incite et par celle qui se laisse entraîner. « Malheur à l'homme par qui le scandale arrive » ( BIBLE ).
2 ♦ Fait religieux troublant, contradictoire. « Jésus crucifié, qui a été le scandale du monde » (Bossuet ). Saint Paul « ne l'appelait plus le mystère de la croix, mais le scandale de la croix » (Bourdaloue).
B ♦ Cour.
1 ♦ (1657) Effet fâcheux, choquant, produit dans le public par des faits, des actes ou des propos considérés comme contraires à la morale, aux usages. ⇒ éclat. Causer, entraîner un scandale public. Faire scandale. « Ce livre s'intitule : De cinq à sept, et il fait scandale, dans le bon sens » (Mirbeau). « Oh ! le scandale ne me fait pas peur » (Zola). — Journal, presse à scandale, qui se spécialise dans les informations susceptibles de faire scandale. Film, livre à scandale, qui fait scandale.
♢ (1561) Émotion indignée qui accompagne cet effet. ⇒ indignation. Au grand scandale de sa famille.
2 ♦ (XIVe) Désordre, esclandre. ⇒ tapage; fam. barouf, bordel, 1. foin. Scandale sur la voie publique. Faire du scandale. Elle a fait tout un scandale quand on a refusé de la rembourser. Allons, pas de scandale !
3 ♦ Grave affaire qui émeut l'opinion publique à la fois par son caractère immoral et par la personnalité des gens qui y sont compromis. ⇒ affaire. Scandale politique, financier. Être impliqué, compromis dans un scandale. « Parfois cependant des scandales éclatent, la justice est saisie » (M. Garçon).
4 ♦ Fait immoral, révoltant. ⇒ honte; scandaleux, 3o. « La douleur infligée à ces innocents n'avait jamais cessé de leur paraître [...] un scandale » (Camus). C'est un scandale ! Crier au scandale : dénoncer une chose comme choquante, insupportable.
⊗ CONTR. Édification.
● scandale nom masculin (bas latin scandalum, du grec skandalon, traduction de l'hébreu mikchôl, obstacle) Effet fâcheux, indignation produits dans l'opinion publique par un fait, un acte estimé contraire à la morale, aux usages : Agir sans craindre le scandale. Grave affaire malhonnête, honteuse, qui a un grand retentissement dans le public : Un scandale financier. Presse à scandale. Querelle bruyante : Faire du scandale sur la voie publique. Fait qui heurte la conscience, le bon sens, la morale, suscite l'émotion, la révolte : Le scandale de la faim dans le monde. Parole ou acte répréhensibles qui sont pour le prochain une occasion de péché ou de dommage spirituel. ● scandale (citations) nom masculin (bas latin scandalum, du grec skandalon, traduction de l'hébreu mikchôl, obstacle) Georges Bataille Billom 1897-Paris 1962 Une conscience sans scandale est une conscience aliénée. La Littérature et le mal Gallimard Simone de Beauvoir Paris 1908-Paris 1986 L'écrivain original, tant qu'il n'est pas mort, est toujours scandaleux. Le Deuxième Sexe, tome II Gallimard Marie-Joseph de Chénier Constantinople 1764-Paris 1811 Ils dînent du mensonge, et soupent du scandale. De la calomnie les calomniateurs Jean Cocteau Maisons-Laffitte 1889-Milly-la-Forêt 1963 Académie française, 1955 Un scandale commence à devenir scandaleux lorsque, de salubre, de vif qu'il était, il en arrive au dogme et, dirai-je, lorsqu'il rapporte. Les Parents terribles Gallimard Anatole François Thibault, dit Anatole France Paris 1844-La Béchellerie, Saint-Cyr-sur-Loire, 1924 Académie française, 1896 […] En tout temps et dans tous les pays, la pensée des âmes méditatives fut un sujet de scandale. Les Opinions de Jérôme Coignard Calmann-Lévy Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière Paris 1622-Paris 1673 Le scandale du monde est ce qui fait l'offense, Et ce n'est pas pécher que pécher en silence. Le Tartuffe, IV, 5, Tartuffe Bible Malheur au monde à cause des scandales ! Il est fatal, certes, qu'il arrive des scandales, mais malheur à l'homme par qui le scandale arrive ! Évangile selon saint Matthieu, XVIII, 7 ● scandale (synonymes) nom masculin (bas latin scandalum, du grec skandalon, traduction de l'hébreu mikchôl, obstacle) Querelle bruyante
Synonymes :
- barouf (populaire)
- foin (populaire)
- tapage
Fait qui heurte la conscience, le bon sens, la morale...
Synonymes :
- honte
- infamie
scandale
n. m.
d1./d RELIG Occasion de tomber dans le péché, donnée par de mauvais exemples, des discours corrupteurs. Malheur à celui par qui le scandale arrive.
d2./d Effet que suscite un acte, un événement qui choque les habitudes, la morale. Ses paroles ont fait scandale.
|| Indignation causée par un tel acte. Au grand scandale de ses auditeurs.
d3./d événement, fait révoltant.
d4./d Affaire malhonnête qui arrive à la connaissance du public. Le scandale des pots-de-vin.
d5./d Bruit, désordre. Scandale sur la voie publique.
⇒SCANDALE, subst. masc.
A. — 1. Ce qui paraît incompréhensible et qui, par conséquent, pose problème à la conscience, déroute la raison ou trouble la foi. Le scandale de la croix; le scandale du mal, de la souffrance. Le bonheur des méchans, le malheur des justes! C'est le grand scandale de la raison humaine (J. DE MAISTRE, Soirées St-Pétersb., t. 1, 1821, p. 12). On sait le rôle que jouent chez Pascal ce mystère de la vérité humiliée, chez Kierkegaard le scandale du sacrifice d'Abraham (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 156).
2. RELIGION
a) Ce qui est cause de trouble, de perplexité, de rejet; ce qui incite à pécher. J'avais encore dans l'oreille toutes les paroles sacrées, et celle-ci entre autres: « Malheur à celui par qui le scandale arrive! » (SAND, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 342).
— [P. réf. à Matth. XI, 5] Occasion de scandale. Cette parole étonnante:Heureux ceux qui ne sont pas scandalisés en moi, c'est-à-dire qui ne trouvent pas les actes miraculeux et bienfaisants que je répands autour de moi une occasion de scandale (CLAUDEL, Poète regarde Croix, 1938, p. 23). V. achoppement ex. 6.
b) Pierre de scandale. Synon. de pierre d'achoppement. Au fig. Obstacle, source de difficulté. Debray (...) était dans la maison paternelle une pierre d'achoppement et de scandale (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 541).
c) THÉOL., MOR. Scandale actif. Scandale qui consiste à inciter autrui à pécher. Scandale passif. Scandale qui consiste à être victime de provocation au péché (d'apr. FRIES t. 4 1967).
B. — 1. a) Grand retentissement d'un fait ou d'une conduite qui provoque la réprobation, l'indignation, le blâme. Causer, donner (vieilli), entraîner, faire du/un scandale; scandale public. En littérature, tout ce qui ne porte pas à Dieu, détourne insensiblement de lui. Le grand scandale, c'est que la littérature pieuse détourne de Dieu avec plus de force que l'incroyante (GREEN, Journal, 1956, p. 246).
— Locutions
♦ Avec scandale/sans scandale. Le prince (...) voulait, ce soir-là, destituer avec scandale le ministre Rassi (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 433). Les puissances (...) parviendront très probablement, sans coup férir, sans bruit et sans scandale, à obtenir une solution satisfaisante (GOBINEAU, Corresp. [avec Tocqueville], 1850, p. 119).
♦ Crier au scandale. V. crier B 2 c.
♦ C'est un scandale! Je le fais exprès. Je veux qu'il en bave! C'est un scandale! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 62).
♦ Être un scandale, le scandale de, un objet, un sujet de scandale [Le suj. désigne une pers.] Soulever l'indignation, la réprobation. Synon. révolter. Les mœurs de la cour se corrompaient de plus en plus; la France devenait un sujet de scandale et de raillerie pour les nations étrangères (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 2, 1821-24, p. 361). Tu es le scandale du pays. Celui qui t'étranglerait gagnerait du coup le paradis (ZOLA, Faute Abbé Mouret, 1875, p. 1443). Le nouveau comte d'Édesse (...) était (...) si adonné à la luxure qu'il était un objet de scandale dans un milieu pourtant de mœurs faciles (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 140).
— P. euphém. — (...) ce sera un joli scandale. — (...) on arrêtera la gitana, on démasquera don José (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 4, 1859, p. 266).
b) Querelle bruyante, désordre bruyant. Synon. esclandre, tapage. Scandale sur la voie publique. C'était le scandale dans toute son horreur, l'affreux scandale auquel rien ne manque, ni les coups sourds au plafond, ni les clameurs des voisins (COURTELINE, Vie mén., Mégère appr., 1894, p. 196):
• Le scandale a éclaté tout d'un coup (...). L'homme et la femme, au milieu du tumulte, ne sont plus que deux démons pitoyables et les enfants en larmes se jettent contre eux, les embrassent étroitement, les supplient de se taire et de ne plus se battre.
ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 294.
— Loc. verb. Crier au scandale. Protester vivement contre un désordre bruyant. Nous faisons dans les assemblées un boucan d'enfer; l'un de nous imite le cornet à bouquin, l'autre le fifre. On sort, les gens paisibles crient au scandale (RENAN, Drames philos., Eau jouvence, 1881, I, 5, p. 454). Faire du/un scandale. Il va gueuler, il va faire un scandale, il va peut-être tout casser, mais tant pis (PAGNOL, Fanny, 1932, I, 1er tabl., 8, p. 27).
— DR. ANC. Amené sans scandale.
2. Réprobation, indignation ainsi provoquée. Regarder qqn avec scandale. L'abandon de lady Byron par Byron soulevait contre celui-ci dans la société anglaise un scandale (BARRÈS, Cahiers, t. 6, 1908, p. 316). Longtemps il m'avait fait sauter sur sa jambe tendue en chantant: « À cheval sur mon bidet; quand il trotte il fait des pets », et je riais de scandale (SARTRE, Mots, 1964, p. 44).
— Au grand scandale de. À la vive indignation de. La petite Berthe, au grand scandale de madame Homais, portait des bas percés (FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 139).
— En partic. Surprise indignée devant une personne ou une œuvre artistique qui choque par son originalité, sa nouveauté, son absence de conformisme. Le nom [impressionnisme] date de la première exposition particulière faite par ces réprouvés chez Nadar, en 1874: un soleil couchant de Monet, titré Impressions, fit scandale (MAUCLAIR, Maîtres impressionn., 1923, p. 16). Ces deux peintres [Manet et Pissaro] dont le nom est synonyme de scandale et de révolution, sont deux compilateurs (LHOTE, Peint., 1950, p. 217).
— Rare. Le scandale + n. propre. Cet article [dans « Choc » du 3 septembre 1936], d'une violence inouïe, dénonce « le scandale Cézanne » et oppose une fois de plus, dans un pathos inconcevable, l'académisme rayonnant, dépositaire de « l'humanisme traditionnel », à l'écœurante pouillerie du maître d'Aix! » (LHOTE, Peint. d'abord, 1942, p. 126).
3. Expr. [À propos d'une chose qui révolte ou pour exprimer la réprobation qu'elle suscite] C'est un scandale! Quel scandale! Je maintins ma décision d'enseigner dans un lycée. Quel scandale! Onze ans de soins, de sermons, d'endoctrinement assidu: et je mordais la main qui m'avait nourrie! (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 161).
C. — Grave affaire à caractère immoral où sont impliquées des personnes que l'on considérait comme honorables, dignes de confiance. Scandale de Panama; scandale financier, politique; scandale abominable, énorme; grand, immense scandale; un parfum de scandale; craindre, éviter le scandale; étouffer un scandale; mettre fin à un scandale; reculer devant un scandale; scandale des scandales! Une jeune femme étourdie, mariée à un notaire de Véteuil, vint se jeter entre ses bras (...). Il garda la jeune femme pour maîtresse, l'afficha à trois lieues à la ronde, eut même l'audace de l'installer à la Noiraude. Ce fut un scandale inouï dans la petite ville (ZOLA, M. Férat, 1868, p. 45). Elle se l'imaginait innocent et sous les verrous, éclaboussé de cet affreux scandale, la vie dévastée, salie à jamais (ZOLA, Argent, 1891, p. 366).
— Au plur. Faits, événements ayant ému l'opinion, concernant des personnalités du monde du spectacle, de la politique, etc. Synon. potins, ragots. Le récit de tous les scandales de la cour de Jérusalem; c'est bien plus les vices de ses rois que la valeur des infidèles qui a entraîné la chute de ce grand royaume (COTTIN, Mathilde, t. 1, 1805, p. 325). Avec l'étourderie d'une linotte, elle effleurait les sujets les moins canoniques: les actrices en renom, les spectacles à la mode, les derniers scandales parisiens (THEURIET, Mais. deux barbeaux, 1879, p. 31).
— Journal à/de scandale. Journal diffusant volontiers ce type d'informations. Je rentre (...) avant que les petits journaux de scandale aient eu vent de notre histoire! (ABOUT, Nez notaire, 1862, p. 46).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1150 [date ms.] relig. scandale « ce qui est occasion de chute » (texte ds FOERSTER-KOSCHWITZ, col. 163-4, 8); 2. 1404-10 escandale « mauvais bruit » (FROISSART, Chron., 4e rédaction, livre I, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 2, p. 38); 1541 « indignation qu'on a des actions et des discours de mauvais exemple » (CALVIN, Institution chrétienne, éd. J.-D. Benoit, livre III, chap. 19, § 11, t. 3, p. 319); 1656 « éclat fâcheux que fait un mauvais exemple » (PASCAL, Provinciales, éd. L. Lafuma, 6e lettre, p. 393a). Empr. au lat. eccl. scandalum « ce sur quoi on trébuche » au propre et au fig. dep. IVe-Ve s. ds BLAISE Lat. chrét., spéc. petra scandali « pierre d'achoppement » ibid., « abomination, objet de déplaisir ou de colère » ibid., spéc. « scandale (en parlant du Christ que les Juifs refusaient de reconnaître comme le messie et qui était pour eux un scandale, tant il était différent de l'idée qu'ils s'en faisaient) » ibid., « ce qui fait tomber dans le péché, occasion de péché, de la perte de la vraie foi » déb. IIIe s., ibid., « dispute, rixe, bataille » VIe s., ibid., également en lat. médiév. « machination, mauvais dessein » 876 ds NIERM., « désarroi, perturbation, scission » 817, ibid., « esclandre » 829, ibid., « calomnie » ca 1180 ds LATHAM, du gr. « piège placé sur le chemin pour faire trébucher » ,,d'où sous l'infl. d'empl. sémitiques, au fig. « occasion de scandale, péché, incitation à pécher » — LXX, NT —`` (CHANTRAINE). Fréq. abs. littér.:1 916. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1 739, b) 2 524; XXe s.: a) 3 350, b) 3 297. Bbg. HOPE 1971, p. 187.
scandale [skɑ̃dal] n. m.
ÉTYM. XIIe; bas lat. scandalum, empr. par la langue de l'Église au grec skandalon « obstacle, pierre d'achoppement », mot par lequel les Septante ont traduit l'hébreu mikchôl « ce qui fait trébucher ».
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A Relig.
1 Occasion de péché créée par la personne qui, par son exemple ou ses conseils, incite les autres à se détourner de Dieu; le péché lui-même, commis par celui qui incite (scandale actif) et par celui qui se laisse entraîner (scandale passif). || Malheur à celui qui cause le scandale (→ 1. Homicide, cit. 5). || Si votre œil droit (cit. 2) vous est un sujet de scandale… || « Le scandale du monde » (→ Éclat, cit. 13, Molière). || Pierre (par retour à l'étymologie) de scandale; occasion de scandale, de chute. ⇒ Piège. || Le péché, le crime du scandale (→ Infraction, cit. 1). ⇒ Impie (action). || Réparer le scandale de mes actions passées (→ Rémission, cit. 1).
1 Malheur au monde à cause des scandales ! car c'est une nécessité qu'il arrive des scandales; mais malheur à l'homme par qui le scandale arrive.
Bible (Sacy), Évangile selon saint Matthieu, XVIII, 7.
2 Péché de scandale, que Dieu déteste et qu'il condamne si hautement en mille endroits de l'Écriture (…) : Adversus filium matris tuœ ponebas scandalum, vous dressiez un piège à votre frère, pour le faire tomber; et insensible à la douleur que l'Église, votre commune mère, ressentirait de sa perte, vous ne craigniez point d'être pour lui une occasion de scandale. Péché, dit Tertullien, qui forme les âmes au crime, comme le bon exemple les forme à la vertu (…)
Bourdaloue, Sermon pour le 2e dimanche de l'avent, Sur le scandale.
2 Fait troublant, contradictoire, qui met un obstacle à la croyance religieuse, qui sème la dissension. || « Jésus (cit. 7) crucifié, qui a été le scandale du monde » (Bossuet).
3 (…) malgré ces miracles, Jésus-Christ est un sujet de scandale (…) de quoi le monde, je dis le monde profane et impie, ne s'est-il pas scandalisé dans ce Dieu-homme ? Il s'est scandalisé de sa personne (…) de sa doctrine (…) de sa mort : jusque-là que saint Paul, lorsqu'il parlait aux fidèles du mystère de la croix, ne l'appelait plus le mystère de la croix, mais le scandale de la croix (…) ce qui leur faisait comprendre que la croix, qui devait être pour les prédestinés un mystère de rédemption, serait pour les réprouvés un signe de contradiction (…)
Bourdaloue, Sermon pour le 2e dimanche de l'avent, Sur le scandale. (Cf. aussi Pascal, Pensées, 571).
B Cour.
1 (1657). Effet démoralisant et grand retentissement dans le public de faits, d'actes ou de propos de mauvais exemple. ⇒ Éclat (→ Cacher, cit. 56). || Exciter (cit. 13), donner (vieilli), causer, entraîner… du scandale, un grand scandale, un scandale public (→ Honte, cit. 4; huis, cit. 7). || Faire du scandale. — (Choses). || Faire scandale (→ Discussion, cit. 7; malaisément, cit.). — Sans scandale (→ Étaler, cit. 47; galanterie, cit. 18). || Crier au scandale.
4 — Oh ! le scandale ne me fait pas peur. En rentrant, si tu veux, je vais dire à Camille que tu es mon amant, et je reviens coucher ici (…)
Zola, Thérèse Raquin, IX.
♦ (XIVe). Dans un sens affaibli. Désordre bruyant. ⇒ Esclandre, tapage (→ Locataire, cit. 3). || Scandale sur la voie publique. || Si on me renvoie, je ferai du scandale. ⇒ (fam.) Barouf, foin, bordel. || Allons, pas de scandale !
5 Nous sommes là pour remettre les choses discrètement en place. Oh ! discrètement ! Il faut savoir voir sans voir, quoi. Pas de scandale, c'est la consigne.
Aragon, les Beaux Quartiers, II, IX.
♦ (1561). Choc, émotion indignée qui accompagne cet effet. ⇒ Indignation. || Au grand scandale de sa famille, de ses concitoyens.
6 J'ai lu Nieuwentit avec surprise, et presque avec scandale. Comment cet homme a-t-il pu (…) ?
Rousseau, Émile, IV.
2 (Av. 1834). || Un, des scandales. Grave affaire qui émeut l'opinion publique, à la fois par son caractère immoral et par la personnalité des gens qui y sont compromis. || Le scandale de Panama. || Scandales parlementaires (→ Œil, cit. 25; et aussi complot, cit. 3). || Scandales politiques, financiers. || Le scandale qui va vous éclabousser (cit. 6). || Amateurs de scandales (→ Impudence, cit. 6). || Grands, petits scandales (→ Dessous, cit. 18; histoire, cit. 51). || Être impliqué dans un scandale.
7 (…) c'est une hypocrisie que de ne point vouloir considérer la corruption comme un des maux du siècle. Peu fréquentes sont les poursuites parce qu'il est souvent difficile d'adjuger une preuve. Parfois cependant des scandales éclatent, la justice est saisie. Rarement tous ceux dont on prononce le nom à tort ou à raison sont atteints, car le secret du corrupteur est souvent de viser si haut que la révélation des complicités menace les institutions mêmes, si l'on décide de sévir.
Maurice Garçon, la Justice contemporaine, XII.
3 Fait immoral et révoltant. ⇒ Honte. || Ce scandale insupportable (→ Incomber, cit. 2). || La douleur infligée (cit. 5) à ces innocents était un scandale. || Le scandale n'est pas que… (→ Élever, cit. 35). — Fam. (Sens affaibli). || Ça devenait un scandale, cette femme qui se montrait partout (→ Poudrer, cit. 4). || C'est un scandale !
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CONTR. Édification.
DÉR. V. Scandaleux, scandaliser.
Encyclopédie Universelle. 2012.