Akademik

sillonner

sillonner [ sijɔne ] v. tr. <conjug. : 1>
• fin XVIe; seillonner 1538; de sillon
1Vx Labourer.
Mod. Creuser en faisant des sillons, des fentes. « D'énormes lézardes sillonnent les murs » (Balzac). Un visage sillonné de rides.
2(fin XVIe) Traverser en laissant une trace, un sillage. Océan sillonné par des bateaux. Les éclairs sillonnent le ciel.
3(mil. XIXe) Traverser, parcourir en tous sens. Les routes qui sillonnent cette belle région. Voitures qui sillonnent les routes.

sillonner verbe transitif Littéraire. Creuser sur une surface de longues traces analogues à des sillons ; s'y étendre en creux, en parlant de ces marques : Des lézardes sillonnent le mur. Parcourir un lieu, le traverser en tous sens : Les canaux qui sillonnent la Hollande.

sillonner
v. tr.
d1./d (Surtout au pp.) Marquer d'un (de plusieurs) sillon(s).
Litt. Visage sillonné de rides.
d2./d Par ext. Traverser en tous sens. Un réseau d'autoroutes sillonne le pays.
|| Parcourir en tous sens.

⇒SILLONNER, verbe trans.
A. — 1. [Le suj. désigne une pers.] Vx. Tracer des sillons dans la terre. Synon. labourer. Fatiguez-vous à sillonner le champ? (VOLNEY, Ruines, 1791, p. 96). Ces terribles taureaux, qu'il devait atteler à la charrue, et avec lesquels on le forçait de sillonner le champ consacré à Mars (DUPUIS, Orig. cultes, 1796, p. 271).
2. [Le suj. désigne une chose] Creuser des entailles en forme de sillons sur une surface. Synon. crevasser, fendre, fissurer, lézarder. La ravine d'une rigole sillonnait la terre d'une longue cicatrice (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 141). Vous constaterez facilement la lézarde dont je vous parlais; elle sillonne le mur neuf, à gauche du lit, du haut en bas (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 106).
En partic. [Le suj. désigne les plis du visage, les rides] Synon. rider. Visage sillonné de cicatrices. Des plis profonds que les mille cicatrices d'une horrible petite vérole rendaient hideux et semblables à des ornières déchirées, sillonnaient sa figure olivâtre et cuite par le soleil (BALZAC, Splend. et mis., 1844, p. 40):
... tout à coup elle s'aperçut que les mille rides qui le sillonnaient, aussi nombreuses que sur la peau craquelée d'un brugnon, étaient agitées d'un frisson presque imperceptible, d'une espèce de trémulation qui lui donnait quelque ressemblance avec la face indéchiffrable de certains insectes hérissés de cils et d'antennes.
BERNANOS, Mauv. rêve, 1948, p. 1018.
Littér. Poloche s'était relevé, un large rire sillonnant sa face (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 123).
B. — Parcourir, traverser d'un bout à l'autre ou en tous sens.
1. [Le suj. désigne un bateau] Ces flots que le Britannia sillonnait sans doute quelques jours avant son naufrage (VERNE, Enf. cap. Grant, t. 2, 1868, p. 34). Les trains partaient en sifflant sur des voies sans fin et les navires sillonnaient des mers lumineuses (CAMUS, Peste, 1947, p. 1441).
2. [Le suj. désigne une ligne longue et sinueuse (rivière, voie de communication)] Car le siècle où tu es né est un siècle heureux: les chemins de fer sillonnent la campagne (FLAUB., Corresp., 1842, p. 99). Dans les plaines que sillonnent nos fleuves, les terrasses qui correspondent à d'anciennes berges se couronnent volontiers de maisons ou de villages (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 179).
P. anal. [Le suj. désigne un liquide (sang, sueur) sécrété par le corps] Fabrice (...) releva la tête, et son fidèle serviteur vit les larmes qui sillonnaient ses joues (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 195). Une froide sueur sillonna son visage (BOUILHET, Melaenis, 1857, p. 170).
3. [Le suj. désigne une chose en mouvement, un projectile] Le tonnerre gronde, de fréquents éclairs sillonnent les nues (DUSAULX, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 333). Les gerbes des balles traçantes de la défense aérienne sillonnaient le ciel (GIDE, Journal, 1942, p. 154).
4. [Le suj. désigne un véhicule ou une pers. en mouvement] Place sillonnée de véhicules; sillonner une région, un pays en voiture. Les rares passants qui sillonnaient la rue saint-Louis en divers sens (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 1, 1859, p. 233). La place de la gare, que sillonne un va-et-vient de piétons et de véhicules (MARTIN DU G., J. Barois, 1913, p. 552).
REM. Sillonneur, subst. masc., agric. ,,Variété de houe, avec un cadre, des mancherons et un train d'attelage pour biner des plantes sarclées, maïs, pommes de terre, etc.`` (FÉN. 1970). Le sillonneur, destiné à diriger automatiquement le tracteur, se monte sur une direction réversible (PASSELÈGUE, Mach. agric., 1930, p. 367).
Prononc. et Orth.:[], (il) sillonne [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1538 seilonner « tracer des sillons (sur un champ) » (EST., s.v. imporcare); 2. a) ca 1570 seillonner « traverser en laissant une trace, un sillage » (CARLOIX, Mémoires sur la vie du maréchal de Vieilleville, V, 18 ds LITTRÉ); b) 1575 sillonner « parcourir un espace de mer en tous sens » (THEVET, Cosmographie universelle, I, 10 ds GDF. Compl.); c) ca 1850 « en parlant des voies de communication, traverser de part en part, s'étendre dans toutes les directions » (BLANQUI ds POITEVIN, Dict. de la lang. fr., 1851); 3. 1616 (se) seillonner « (se) rider » (AUBIGNÉ, Tragiques, VII (IV, 303) et V (IV, 194) ds HUG.). Dér. de sillon; dés. -er. Fréq. abs. littér.:504. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1 179, b) 728; XXe s.: a) 543, b) 416.
DÉR. Sillonnement, subst. masc., rare, littér. Action, fait de sillonner, d'être sillonné. La nature fait comme un cultivateur qui laboure sa terre dans des sens opposés: elle met dessus ce qui était dessous, dessous ce qui était dessus, au nord les fossiles du midi, au midi ceux du nord; l'océan est son soc. Le globe se prête à tous ces sillonnements, par sa forme ronde (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 176). []. 1ere attest. 1814 id.; de sillonner, suff. -(e)ment1.

sillonner [sijɔne] v. tr.
ÉTYM. Déb. XVIIe; seillonner, seilonner, 1538; de sillon.
1 Vx. (Sujet n. de personne). Labourer en ouvrant des sillons (→ Bœuf, cit. 4).
2 (Le sujet désigne ce qui sillonne). Marquer en formant des sillons, des fentes. || Crevasses, fissures qui sillonnent le sol, un mur… (→ Arrêter, cit. 6; gouffre, cit. 2; impraticable, cit. 4; lézarde, cit. 1). || Rides qui sillonnent un visage. Rider (→ Joue, cit. 2; précoce, cit. 4).Au p. p. || Chemin sillonné d'ornières (cit. 1).
3 (Fin XVIIe). Traverser d'un bout à l'autre en laissant une trace, un sillage. || Les navires qui sillonnent la Méditerranée. || Les éclairs qui sillonnent le ciel.
1 (…) mais le détroit (…) est sillonné en ce moment par de grands voiliers d'autrefois qui descendent vers la Marmara, toutes leurs ailes ouvertes.
Loti, Suprêmes visions d'Orient, II.
Mil. XIXe. (Le sujet désigne une voie). Traverser, parcourir. || Le réseau (cit. 3) de sentiers qui sillonnait les ajoncs.(Passif et p. p.). || Ville sillonnée en tous sens de petites ruelles.
2 Après avoir parlé des routes, je dois parler des pays qu'elles sillonnent et qu'elles alimentent.
Th. Gautier, Souvenirs de théâtre, Statist. départ. Ain.
Par ext. Parcourir. || Les voitures sillonnent les routes, sillonnent le pays.Au p. p. || Corps sillonné par des décharges (cit. 3) nerveuses.
3 J'ai suivi longtemps un étroit sentier entre les pelouses, sans rencontrer âme qui vive, pendant que les autos sillonnaient la route, à ma droite (…)
Sartre, Situations III, p. 108.

Encyclopédie Universelle. 2012.