PESTE
Due au bacille de Yersin (Yersinia pestis ), la peste est une maladie affectant, le plus souvent sous forme épizootique, de très nombreuses espèces de rongeurs, les rats en particulier. Sa transmission se fait d’animal infecté à animal sain par piqûres de puces. Elle peut incidemment être transmise à l’homme par piqûres de puces infectées.
Le déclin relatif de la peste dans le monde, à partir des années cinquante, ne signifie nullement sa disparition: il marque seulement la fin de la pandémie moderne durant laquelle la navigation à vapeur a disséminé, avec les rats infectés, la maladie dans tous les ports du monde. Depuis la Seconde Guerre mondiale, la dératisation (rat-proofing ) généralisée à la construction des navires et des installations portuaires en a peu à peu éliminé le Rattus rattus ,«commis voyageur de la peste». Mais les immenses zones où l’enzootie continue de régner parmi les rongeurs constituent une menace permanente. La situation réelle en matière de peste et son risque potentiel ne doivent pas être appréciés d’après le nombre annuel des cas humains, mais d’après l’étendue et le degré d’activité de ces foyers de peste animale.
Le développement et la rapidité des transports aériens, les techniques de transport par conteneurs mettent n’importe quelle ville du monde à quelques heures d’avion de ces zones.
L’activité persistante de foyers anciens, le réveil actuel de certains autres en apparence éteints, soit spontané (Vietnam, Madagascar, Chine, Botswana, Kenya, Brésil, Bolivie, Pérou), soit favorisé par les circonstances et le relâchement de la surveillance (ex-U.R.S.S., Rwanda), montrent la nécessité de cette surveillance.
Les trois pandémies pesteuses
Selon Wu Lien-teh, la peste existerait depuis des temps immémoriaux dans le plateau central de l’Asie, qui serait le berceau de l’infection. Certains ont voulu situer ce dernier en Afrique; en fait, si le foyer centre-africain est, lui aussi, très ancien, il n’en reste pas moins secondaire et d’origine asiatique (cf. carte).
Jusqu’à l’ère chrétienne, quarante épidémies au moins se seraient déjà succédé dont la Bible, L’Iliade et l’Énéide se sont fait l’écho; la plupart semblent en réalité avoir relevé d’autres fléaux confondus sous le même vocable (pestis , fléau); ainsi, la peste d’Athènes de 331 avant J.-C. fut en fait une épidémie de typhus.
La peste de Justinien (VIe s. apr. J.-C.), où domina la forme bubonique et dont Procope dit qu’elle consuma presque tout le genre humain, frappa l’ensemble du bassin méditerranéen, c’est-à-dire la totalité du monde connu à l’époque. Elle peut donc être considérée comme la première pandémie pesteuse.
La grande peste du Moyen Âge, la peste noire, en constitua la deuxième; venue de l’Inde, elle atteignit la Méditerranée et, de là, toute l’Europe où, revêtant la forme pulmonaire, elle ne fit pas moins de 25 millions de victimes (du quart à la moitié de la population) entre 1346 et 1353. L’endémie se prolongea durant trois siècles, jalonnée par les épisodes tristement célèbres de la peste de Venise (1575-1577), de Lyon (1628), de Nimègue (1635), de Londres (1665), de Marseille (1720), etc.; puis elle régressa et disparut (Constantinople, 1839; Égypte, 1844).
La troisième pandémie débuta avec le réveil du vieux foyer du Yunnan et gagna Hong Kong en 1894. C’est là que A. Yersin découvrit, chez le rat comme chez l’homme, le germe responsable dont, quatre ans plus tard, P. L. Simond démontra la transmission par la puce. Rats et puces infectés, dont il n’avait nulle part été fait mention durant les deux premières pandémies, allaient trouver dans la navigation à vapeur un exceptionnel moyen de propagation. Partie de Bombay en 1896, la peste atteint Suez l’année suivante, Madagascar en 1898, Alexandrie, le Japon, l’Est africain et le Portugal en 1899; elle est à Manille, à Sydney, à Glasgow et à San Francisco en 1900, à Honolulu en 1908, à Java en 1911, à Ceylan en 1914, à Marseille en 1920. Parallèlement à cet envahissement par voie de mer, d’autres foyers anciens se sont réveillés, tel celui de Mandchourie qui, en 1910, ne fait pas moins de 50 000 morts de peste pulmonaire, en trois mois d’épidémie. Cette troisième pandémie, cause de plus de 12 millions de morts dans l’Inde de 1898 à 1948, n’entraîna guère qu’un millier de cas en Europe, dont la majeure partie au Portugal et une centaine à Paris de 1918 à 1920. L’absence de manifestations pulmonaires et l’instauration d’une prophylaxie rationnelle concoururent simultanément à la limitation de l’épidémie.
Situation actuelle
Le déclin de la peste s’accélère depuis plusieurs décennies, et, sauf en cas de guerre ou de calamité, le risque de pandémie est écarté; cependant, le caractère permanent de la maladie chez les rongeurs sauvages dans un très grand nombre de foyers naturels – c’est-à-dire de zones nettement délimitées où règnent des conditions écologiques favorables à la survie prolongée de l’agent étiologique et où alternent épizooties et périodes de silence, sans apport infectieux extérieur – exige une surveillance constante de la part des autorités nationales intéressées et des organismes internationaux. Le déclin actuel ne signifie pas l’extinction de la peste, mais marque seulement la fin d’une période sans précédent dans l’histoire de l’infection: «celle où l’homme lui a fourni, avec la navigation à vapeur, les moyens d’envahir le monde» (M. Baltazard).
La peste a changé de visage et, libérant les grandes villes, est reléguée dans les zones rurales. Succédant aux effroyables hécatombes des siècles passés, le petit nombre de cas de peste humaine enregistrés chaque année peut rassurer; cependant, le germe est très largement dispersé dans la nature, «sans avoir peut-être atteint encore ses limites extrêmes» (R. Pollitzer). Si la peste n’est plus un sujet d’inquiétude pour tout pays disposant d’une armature médicale, administrative et technique appropriée, capable de juguler l’infection si elle venait à y être réimportée, comme en Corse, en Italie et à Malte en 1945, nombre de régions du monde sont encore à la merci d’une expansion de la maladie. En effet, d’une part, la croissance démographique rapide augmente le nombre d’individus en contact avec les foyers naturels de peste; d’autre part, les techniques de transport par conteneurs comportent des risques nouveaux: un chargement effectué en zone infectée ne peut plus être inspecté ou traité en cours de route et le lieu de destination ne dispose pas toujours des moyens nécessaires; en outre, le transport aérien de ces conteneurs ainsi que le développement de liaisons aériennes rapides, risquant de faire débarquer dans une zone indemne des voyageurs en période d’incubation, peuvent constituer, pour la peste, un moyen de dissémination.
Enfin, à la régression spectaculaire de la maladie humaine, en particulier en Chine, en Inde notamment, en Afrique s’opposent la stabilité de l’enzootie chez les rongeurs sauvages dans certains foyers (eurasiatique, centre et sud-africain, sud-américain). On est passé de 2 000 cas annuels entre 1960 et 1970 à 1 000 cas déclarés en 1990 (Madagascar, Tanzanie et Zaïre).
La peste humaine
Il faut opposer la peste bubonique – dite encore zootique –, survenant après piqûre d’un ectoparasite infecté, à la peste pulmonaire primitive, ou peste démique, succédant à une contamination interhumaine directe par voie respiratoire.
– La peste bubonique, après une incubation de un à dix jours et une brève période d’invasion, réalise d’emblée un syndrome toxi-infectieux extrêmement grave, avec apparition rapide du bubon caractéristique, c’est-à-dire d’une adénite dure et douloureuse, siégeant dans le territoire lymphatique correspondant à la porte d’entrée du germe (le plus souvent à l’aine ou à l’aisselle). En l’absence de traitement, l’évolution aboutissait à la septicémie terminale, mortelle le plus souvent entre le cinquième et le huitième jour de la maladie.
– La peste pulmonaire (primitive ou pneumopeste) est à distinguer de la peste pulmonaire secondaire et à certains cas de peste bubonique. La transmission interhumaine par voie respiratoire dépend de facteurs climatiques: humidité atmosphérique, température inférieure à 15 0C. Là où manquent ces facteurs, cette forme est pratiquement inconnue. Elle se répand au contraire en saison froide par contagion directe à partir d’un cas de peste bubonique compliqué de peste pulmonaire secondaire. L’incubation est brève: de quelques heures à deux jours. Les signes infectieux et toxiques sont très nets et contrastent avec la pauvreté des signes thoraciques. L’expectoration, fluide et striée de sang, est extraordinairement riche en bacilles. L’évolution, en l’absence de traitement, était constamment fatale en deux ou trois jours au plus.
– La peste septicémique n’est pas une forme réellement particulière de la maladie; la septicémie pesteuse est l’évolution terminale habituelle de toute forme de peste, bubonique ou pulmonaire.
Le bacille de Yersin
Le bacille de Yersin (Yersinia pestis ) appartient au genre Yersinia , après avoir longtemps été classé comme Pasteurella pestis . C’est un bacille court, ovoïde, Gram négatif, immobile et non sporulé (cf. photo). Certaines de ses propriétés biochimiques ont un intérêt épidémiologique; ainsi, la fermentation du glycérol, par exemple, est liée à l’origine géographique des souches: les souches de la variété continentale, qui provoquent la fermentation du glycérol, proviennent des foyers anciens (Mandchourie, Mongolie, Sud-Est de l’ex-U.R.S.S., Afrique centrale), alors que les souches de la variété océanique ou orientale, qui ne provoquent pas cette fermentation, correspondent aux souches isolées disséminées dans le monde entier lors de la troisième pandémie. L’existence actuelle de foyers mixtes où se rencontrent des souches capables d’entraîner la fermentation du glycérol et des souches qui n’ont pas cette propriété témoigne de l’existence de plusieurs importations successives de la peste. De même, les souches de la variété continentale sont séparées en variétés antiqua et médiévalis , selon qu’elles réduisent ou non les nitrates en nitrites, produisent ou non de l’acide nitreux et attaquent ou non le mélibiose.
L’inoculation aux animaux de laboratoire (cobaye et souris) entraîne leur mort dans un délai de trois à quatre jours, avec apparition d’un bubon dans le territoire lymphatique correspondant au point d’inoculation. Le lapin est très peu réceptif, et les oiseaux sont réfractaires à la peste. Le cobaye est beaucoup moins sensible que la souris à la toxine du bacille de Yersin.
Épidémiologie
Parmi les hôtes de l’infection, il faut distinguer, après le rat, initialement incriminé comme seul réservoir et seul propagateur de la peste:
– les rongeurs domestiques, dont le type est le rat noir, Rattus rattus , qui vit au contact de l’homme, dans les maisons et dans les navires, disséminant ainsi l’infection de continent à continent;
– les rongeurs commensaux de l’homme, qui pénètrent sans y gîter dans les maisons et dont le type est le rat gris ou Rattus norvegicus ;
– les rongeurs champêtres, sans contact avec l’homme, mais en contact avec les espèces précédentes commensales ou domestiques;
– les rongeurs sauvages, dont les espèces varient selon les régions: tarbagan, spermophile, mérion, gerbille, écureuil, qui assurent d’une part la transmission du germe aux espèces commensales, d’autre part la persistance de l’infection dans la nature. Le rôle de ces espèces, capables en général d’aménager des terriers profonds, est capital dans le maintien du bacille de la peste dans ces derniers (peste «endogée»).
Les vecteurs de l’infection sont essentiellement les puces, dont le rôle fut démontré par P. L. Simond en 1898. Contaminée par un animal en phase septicémique, la puce héberge ensuite le bacille dans son tube digestif où il se multiplie. Puis elle le transmet principalement par piqûre, à l’occasion de régurgitation sanguine du fait du blocage de l’estomac et du proventricule (Bacot et Martin).
La persistance de la peste dans les foyers naturels a été attribuée successivement au rôle des rongeurs hibernants, à la survie des ectoparasites et à l’infection chronique de certains rongeurs. Actuellement, il est bien admis que le bacille de la peste peut survivre et se multiplier dans le sol des terriers de rongeurs lorsque le microclimat et diverses conditions s’y prêtent. On a montré que des rongeurs sains utilisant ces terriers peuvent s’y contaminer (H. Mollaret et Y. Karimi).
Diagnostic
La peste est facilement soupçonnée si l’on se trouve en présence de l’association de signes toxi-infectieux graves et d’un bubon, ou devant une pneumopathie avec expectoration sanglante et les mêmes signes généraux toxiques et infectieux. Le laboratoire est indispensable pour affirmer le diagnostic par mise en évidence du germe à partir du liquide de ponction ganglionnaire, du sang ou des crachats, par culture et inoculation à la souris ou au cobaye.
Les réactions sérologiques n’ont qu’un intérêt pour le diagnostic rétrospectif ou les enquêtes épidémiologiques.
Thérapeutique et prévention
Les sulfamides et certains antibiotiques ont radicalement transformé le pronostic de la peste et assuré sa chimioprophylaxie au point de faire remettre en cause le principe même de la vaccination spécifique. Le traitement doit être mis en œuvre dès la moindre suspicion et sans attendre la confirmation du diagnostic; le port d’un masque est obligatoire pour le personnel soignant. À l’exception de la pénicilline, la plupart des antibiotiques, et en particulier la chloromycétine, la terramycine, l’auréomycine, donnent d’excellents résultats, mais la streptomycine reste le traitement de choix de toute forme de peste. En cas de peste pulmonaire, la streptomycinothérapie, lorsqu’elle est entreprise dans les 15 heures suivant l’apparition des symptômes, assure encore la guérison. La chimioprophylaxie par la tétracycline ou par les sulfamides permet d’éviter la vaccination préventive.
Celle-ci est réalisable soit à l’aide du vaccin inactivé conférant une immunité de moins de six mois, soit à l’aide de vaccin vivant (souche vaccinale EV de G. Girard et J. Robic).
Les mesures générales de prophylaxie doivent viser les rats, les rongeurs sauvages, les animaux domestiques et les ectoparasites vecteurs (puces et poux). Les principaux moyens employés sont les insecticides, les rodenticides et les fumigants. L’action destinée à éliminer la maladie de foyers naturels potentiellement dangereux est de longue haleine et doit s’appuyer sur une étude approfondie de la région concernée. La déclaration de la maladie (mesure de quarantaine) est obligatoire au niveau national et international.
peste [ pɛst ] n. f.
• 1475; lat. pestis « épidémie, fléau »
I ♦
1 ♦ Vx Toute épidémie caractérisée par une très forte mortalité. « Un mal qui répand la terreur [...] La peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom) » (La Fontaine).
2 ♦ Mod. Très grave maladie infectieuse, contagieuse et épidémique, due au bacille de Yersin. Peste bubonique, pneumonique, septicémique. Peste noire (⇒ pétéchie) . Atteint de la peste. ⇒ pestiféré. La peste se transmet par les rats. « La Peste », roman de Camus. — Une peste : une épidémie de cette maladie. La peste de Londres (1655).
♢ Loc. fam. Fuir, craindre qqch., qqn comme la peste. Se garder, se méfier de qqch., de qqn comme de la peste, extrêmement, au plus haut point.
3 ♦ Peste bovine, porcine, aviaire, maladies infectieuses et contagieuses des ruminants, des porcs, des poules.
4 ♦ Fig. (imprécation) Vx La peste t'étouffe ! « la peste soit de l'avarice et des avaricieux ! » (Molière). ⇒ pester.
♢ Vieilli Interjection marquant l'étonnement. « On te rappellera bientôt. Peste ! un homme comme toi ne se remplace pas aisément » (Diderot) .
II ♦ (XVe) Fig. Personne ou chose nuisible, funeste, pernicieuse. Néron, « cette peste de cour » (Racine). — Spécialt Femme, fillette insupportable, méchante. ⇒ choléra, gale, poison. Quelle petite peste !
● peste nom féminin (latin pestis) Maladie infectieuse contagieuse, endémique et épidémique, due au bacille de Yersin et transmise du rat à l'homme par les piqûres de puces. (On distingue la peste bubonique, directement transmise par les puces, et la peste pulmonaire, transmise d'homme à homme par inhalation.) Littéraire. Personne, doctrine pernicieuse. Personne méchante, insupportable. ● peste (citations) nom féminin (latin pestis) Aristophane Athènes vers 445-vers 386 avant J.-C. Avec ces pestes, rien ; rien non plus sans ces pestes. Lysistrata, 1039 (traduction H. Van Daële) les femmes Commentaire Aristophane cite en parodie un passage d'Archiloque. ● peste (expressions) nom féminin (latin pestis) Familier. (Petite) peste, enfant espiègle et insupportable. Familier. Fuir quelqu'un, quelque chose comme la peste, l'éviter à tout prix. Peste brune, a désigné les nazis (par allusion aux chemises brunes des SA). Se méfier de quelqu'un, de quelque chose comme de la peste, redoubler de prudence à leur égard comme s'il s'agissait d'un fléau. Vieux. Peste !, marque l'étonnement. Littéraire. La peste soit de, exclamation exprimant la mauvaise humeur ou la malédiction contre quelqu'un ou quelque chose. Peste aviaire, maladie infectieuse et contagieuse des gallinacés et palmipèdes, due à un virus, se traduisant par des signes respiratoires et nerveux. (On distingue la peste aviaire classique et la pseudo-peste, ou maladie de Newcastle, celle-ci étant la plus fréquente en France. On peut en protéger les jeunes animaux par vaccination.) Peste bovine, maladie très contagieuse, atteignant le bœuf et le buffle, due à un virus, sévissant sous forme enzootique en Afrique et en Asie. ● peste (homonymes) nom féminin (latin pestis) peste verbe pestent forme conjuguée du verbe pester pestes forme conjuguée du verbe pester
peste
n. f.
d1./d Maladie infectieuse et épidémique très grave, due au bacille de Yersin. La peste est une maladie du rat transmise à l'homme par l'intermédiaire d'une puce. Peste bubonique, pulmonaire, septicémique.
|| Loc. Fuir qqn, qqch comme la peste, tout faire pour l'éviter.
— Juron plaisant. Peste! C'est une assez jolie somme!
d2./d MED VET Pestes aviaire, bovine, porcine: maladies virales des animaux de basse-cour, des bovins, des porcins.
d3./d Fig. Une peste, une petite peste: une femme, une fillette méchante, sournoise, médisante, etc.
⇒PESTE, subst. fém.
A. —1. Vx. Maladie épidémique caractérisée par une mortalité élevée. La fièvre jaune est une peste qu'on dit originaire d'Amérique. La petite vérole est une peste dont la vaccine nous a délivrés (Ac. 1835, 1878).
2. En partic.
a) Maladie infectieuse, contagieuse, épidémique, souvent mortelle, due à un bacille découvert par Yersin. Épidémie de peste; être atteint, mourir de la peste; pays, ville ravagé(e) par la peste; la peste et le choléra. C'est une maladie terrible, la peste, le cou gonflé, la bouche ouverte, la langue comme une langue de boeuf (PAGNOL, Fanny, 1932, I, 1er tabl., 14, p.54). La peste sévit à l'état endémique en Afrique, aux Indes, en Indochine et en Chine. (...) Si spontanément la mortalité de la peste oscille entre 30 et 75 p.100 selon les formes, par contre le traitement antibiotique sauve 85 à 90 p.100 des malades (BLACQUE Méd. 1974):
• 1. Il s'agit d'une fièvre à caractère typhoïde, mais accompagnée de bubons et de vomissements. J'ai pratiqué l'incision des bubons. J'ai pu ainsi provoquer des analyses où le laboratoire croit reconnaître le bacille trapu de la peste.
CAMUS, Peste, 1947, p.1255.
♦Peste bubonique. Peste transmise à l'homme par la piqûre de puces de rongeurs (en particulier du rat), caractérisée par l'apparition de bubons. V. bubonique ex. 1.
♦Peste pneumonique/pulmonaire. Peste transmise par contagion entre humains, caractérisée par une inflammation pulmonaire aiguë. On a montré l'association fréquente du pneumocoque et du bacille de Yersin dans les épidémies de peste pneumonique (MÉNÉTRIER, STÉVENIN ds Nouv. Traité Méd. fasc. 1 1926, p.284). V. bubonique ex. 1.
♦Peste septicémique. Peste transmise à l'homme par la piqûre de puces de rongeurs (en particulier du rat), caractérisée par une septicémie grave apparaissant brutalement. La peste septicémique survient d'emblée ou fait suite à un bubon pesteux. Elle est toujours mortelle (Pt Lar. Méd. 1976).
— Loc. proverbiale, vx. Dire peste et rage de quelqu'un, ,,En dire tout le mal possible`` (Ac. 1835, 1878).
— Loc. adv., fam. Comme la peste/de la peste. Comme un fléau/d'un fléau, au plus haut point. Détester, éviter, fuir, haïr, redouter qqn ou qqc. comme la peste; se garder, se méfier de qqn ou de qqc. comme de la peste; dangereux comme la peste. Le père Caillavaut est un vieil Harpagon, détraqué, mauvais comme la peste (COLETTE, Cl. école, 1900, p.275). Aussi craignait-il comme la peste un rhume pour lequel il eût gardé le lit (PROUST, Sodome, 1922, p.845). V. fuir B 1 a ex. de G. Leroux.
b) P. méton.
— Épidémie de cette maladie, ou d'une autre maladie contagieuse caractérisée par une mortalité élevée. À l'époque de la peste d'Athènes, l'an 431 avant notre ère, vingt-deux grandes pestes avaient déjà ravagé le monde (CHATEAUBR., Mém., t.4, 1848, p.59). Une peste, quelque effroyable épidémie rapportée d'Orient par les navires avait balayé cette ville (LORRAIN, Phocas, 1901, p.70):
• 2. La peste de 1720 à Marseille nous a valu les seules descriptions dites cliniques que nous possédions du fléau. Mais on peut se demander si la peste décrite par les médecins de Marseille était bien la même que celle de 1347, à Florence, d'où est sorti le Décaméron.
ARTAUD, Théâtre et son double, 1938, p.22.
♦Peste noire. Épidémie de cette maladie ayant ravagé l'Europe au XIVes. Au XIVesiècle, survient la peste noire, la pandémie la plus terrible qui ait jamais fondu sur l'humanité (SACQUÉPÉE, GARCIN ds Nouv. Traité Méd. fasc. 3 1927, p.523).
— [Chez Zola] Odeur pestilentielle. Synon. infection. Dominant la senteur chaude du bétail, une violente odeur de corne roussie, une peste sortait d'une maréchalerie voisine (ZOLA, Terre, 1887, p.175). V. agonisant ex. 10.
3. P. anal. Maladie contagieuse virale de certains animaux.
a) Peste aviaire. ,,Maladie contagieuse due à un ultra-virus, qui frappe les poules (...) caractérisée par une somnolence profonde qui aboutit presque toujours à la mort`` (GARNIER-DEL. 1958). V. aviaire ex. 1.
b) Peste bovine. ,,Maladie contagieuse virale des Bovidés (...) [qui] se manifeste par un état infectieux très grave, avec inflammation et ulcérations des muqueuses`` (Méd. Biol. t.3 1972). Parmi les maladies infectieuses du boeuf non transmissibles à l'homme, il faut citer la peste bovine qui rend la viande suspecte et prohibée (MACAIGNE, Précis hyg., 1911, p.224).
c) Peste équine. ,,Maladie contagieuse virale des Équidés (...) caractérisée notamment par des manifestations pulmonaires`` (Méd. Biol. t. 3 1972). Pour protéger la France, de sévères mesures sont appliquées aux frontières, concernant l'importation des chevaux en provenance de pays touchés par la peste équine (TONDRA Cheval 1979).
d) Peste porcine. ,,Maladie contagieuse du porc, caractérisée par une atteinte grave de l'état général avec manifestations diverses (...) et aboutissant rapidement à la mort`` (Méd. Biol. t. 3 1972). La peste porcine qui, elle, atteint les jeunes jusqu'à l'âge de cinq mois environ (GARCIN, Guide vétér., 1944, p.237).
B. —Vieilli, fam. ou par affectation
1. [Empl. dans une imprécation] Peste de + subst.! (La) peste soit de + subst.! Peste de la petite fille sotte et bouchée! (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p.38). Peste soit des jours envolés! (...) Vive le présent! (MILOSZ, Amour. init., 1910, p.43). La peste soit des métaphores: on songe irrésistiblement au «char de l'État qui navigue, etc...» (GIDE, Ainsi soit-il, 1951, p.1204).
♦Que la peste l'étouffe! V. étouffer.
2. [Empl. comme interj.]
a) [Marquant une surprise admirative] J'ai fait la rencontre du maître de cette maison-ci chez M. le cardinal de Rohan. —Peste! Vous allez chez le cardinal de Rohan! (CHAMFORT, Caract. et anecd., 1794, p.121). Peste, comme vous voilà résolu, changé! J'admire la vertu du déguisement (ARNOUX, Roi, 1956, p.204):
• 3. Le Baron Turelure, buvant son café:(...) Heureux terme d'un repas excellent. Que me parlez-vous d'une réception improvisée? Peste! Quel ordinaire, en ce pays perdu!
CLAUDEL, Otage, 1911, II, 1, p.249.
b) [Marquant une surprise désagréable ou la désapprobation] Peste, qu'il fait froid! (Ac.). Deux heures sonnèrent. «Peste! dit le docteur, voilà l'heure du dîner, et ma soeur Jeannette nous attend! (...)» (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p.180). Ainsi, tu n'es pas même conscrit; c'est uniquement à cause des beaux yeux de la madame que tu vas te faire casser les os. Peste! Elle n'est pas dégoûtée (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p.36) :
• 4. L'espoir de liquider une fois pour toutes la controverse séculaire qui a mis aux prises tant de bons esprits (...) vous le jugez dénué d'intérêt? Peste, mon cher, vous êtes difficile.
BENOIT, Atlant., 1919, p.67.
— Vx. La peste! La peste, vous ne m'y prendrez pas! (Ac. 1835, 1878). Hé bien, Gringoire! Que dites-vous du moyen? —Je dis (...) qu'on me pendra indubitablement. —Cela ne nous regarde pas. —La peste! dit Gringoire (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p.448).
C. —P. anal. ou au fig. Personne ou chose funeste, pernicieuse. Peste morale, publique. Renards, peste des bergeries (LECONTE DE LISLE, Poèmes trag., 1886, p.109). À Rome (...) la grande peste d'orgueil nationaliste s'était répandue (ROLLAND, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p.1560):
• 5. Il ne craignait que deux choses au monde: les ennuyeux, et l'air humide. Pour fuir ces deux pestes, il faisait des choses qui eussent donné des ridicules à tout autre...
STENDHAL, L. Leuwen, t.2, 1835, p.398.
♦[P. réf. au fait que les nazis portaient des chemises brunes] La peste brune. Le nazisme. Synon. peste hitlérienne. [Dans Les Damnés de L. Visconti] Dirk Bogarde, Ingrid Thulin et Helmut Berger (...) sont des personnages, effrayants, venus (...) de la peste brune qui s'empara de l'Allemagne avant de ravager l'Europe (Télérama, 28 mars 1984, n°1785, p.83).
— [En antéposition expressive] Mordi! quelle peste d'existence! (DUMAS père, Reine Margot, 1847, IV, 8, p.157). C'est cette peste de mercière qui mène le branle des potins (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p.325). Cette vieille peste de Saint-Simon (PROUST, Prisonn., 1922, p.303).
— Fam. (Petite) peste. Enfant, jeune fille, jeune femme malicieuse, insupportable. Vous êtes une petite peste, me dit mon père. Si je vous parle raison, vous me répondez par des plaisanteries (BALZAC, Mém. jeunes mariées, 1842, p.206). Dieu sait pourtant si j'ai autre chose à faire aujourd'hui, mais je vais tout de même perdre le temps qu'il faudra et te sauver, petite peste (ANOUILH, Antig., 1946, p.181).
— Empl. adj. Malicieux, insupportable. Il est un peu peste, elle est un peu peste (Ac. 1835, 1878). Pauline Grange (...) un peu peste et rieuse (POURRAT, Gaspard, 1925, p.95).
Rem. Vx. ,,C'est un petit peste, se dit (...) D'un petit garçon qui est malicieux`` (Ac. 1835, 1878).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1460 «maladie épidémique» (CHASTELLAIN, Chronique, éd. Kervyn de Lettenhove, t.1, p.180); 1564 (fuir, haïr qqn) comme peste (RONSARD, Nouvelles Poésies ds OEuvres, éd. P. Laumonier, t.12, p.11, 174 et p.91, 86); 1650 (haïr, fuir qqn) comme la peste (SCARRON, Virgile travesti, V, p.118); b) fig. ) dans des formules d'imprécation, de malédiction 1579 la peste l'estouffe (LARIVEY, Vefve, IV, 2); 1649 peste de la sote (SCARRON, op. cit., IV, p.8); 1652 la peste soit des satyriques (LORET, Muze histor., 4 févr., p.18); ) interj. 1648 la peste, que le monde est fou! (SCARRON, op. cit., II, p.109); 1664 peste! (MOLIÈRE, Princesse d'Elide, IIIe Intermède, 2); 2. fig. a) ca 1475 «personne qui cause des troubles, de l'inquiétude» (CHASTELLAIN, op. cit., t.5, p.450); 1583 «collégien méchant ou très désagréable» (BÉNIGNE POISSENOT, L'Esté in Conteurs fr. du 16es., 1278 ds QUEM. DDL t.9); b) ca 1500 «caractère terrible, fléau» (J. D'AUTON, Chroniques, éd. Jacob, 62). Empr. au lat. pestis «maladie contagieuse, épidémie, peste, ruine, destruction (au fig.)». Fréq. abs. littér.:1191. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 1629, b) 1173; XXes.: a) 925, b) 2500. Bbg. BOURCIEZ (E.). L'Âge des mots en fr. R. Philol. fr. 1928, t.40, p.139. —GRIMM (J.). Die Literarische Darstellung der Pest in der Antike und in der Romania. München, 1965, 244 p. —LERAT (P.). Le Ridicule et son expr. ds les comédies fr. de Scarron à Molière. Thèse, Lille, 1978, pp.30-35. —VAGANAY (H.). Pour l'hist. du fr. mod. Rom. Forsch. 1913, t.32, p.125.
peste [pɛst] n. f.
ÉTYM. 1475; lat. pestis « épidémie, fléau » et fig. « ruine, destruction ».
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1 Anciennt. Toute épidémie caractérisée par une très forte mortalité. ⇒ Pestilentielle (maladie). || Vent qui souffle la peste (→ Malsain, cit. 4). || Les grandes pestes qui ravagent parfois la terre (→ Épidémique, cit. 2; cataclysme, cit. 2; 1. mal, cit. 11). — La peste d'Athènes (429 av. J.-C.), décrite par Thucydide et Lucrèce, la peste de Rome (165 après J.-C.) furent peut-être des épidémies de peste (au sens mod.) ou de choléra… — Littér. || Les Animaux malades de la peste, fable de La Fontaine (VII, 1).
1 Un mal qui répand la terreur,
Mal que le ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom),
Capable d'enrichir en un jour l'Achéron,
Faisait aux animaux la guerre.
La Fontaine, Fables, VII, 1.
2 Une peste terrible désola l'Aquitaine; la chair des malades semblait frappée par le feu, se détachait de leurs os, et tombait en pourriture.
Michelet, Hist. de France, IV, I.
2 Mod. Très grave maladie infectieuse, épidémique et contagieuse, due au bacille de Yersin (Yersinia pestis). || Peste bubonique, pneumonique, septicémique. || Peste noire, à manifestations hémorragiques. ⇒ Pétéchie. || Transmission de la peste par les rats, les puces (→ Infection, cit. 5). || Attraper la peste (→ 1. Grave, cit. 24). || Inciser les bubons d'un malade atteint de la peste. ⇒ Pestiféré (→ Laboratoire, cit. 4). || Les morts, les victimes de la peste (→ Nombre, cit. 17; normal, cit. 3). || Ville où sévit la peste. ⇒ Empester (cit. 6). || Traitement préventif et curatif de la peste, par sérum et vaccin antipesteux. — Épidémies (cit. 1) de peste. — Une peste : une épidémie de cette maladie. || Les grandes pestes meurtrières : la peste des croisades (dont mourut Saint Louis), la peste noire de 1347, la peste de Londres (1655), de Marseille (1720), de Messine (1747; → Lazaret, cit. 1), de Saint-Jean-d'Acre (1799), de Chine (1844), de Manchourie (1910-1911). — Littér. || La Peste, roman de Camus (1947).
3 (…) ce curé faisait la quarantaine pour avoir enterré, depuis trois semaines, son dernier paroissien qui était effectivement le dernier de douze mille personnes mortes de la peste dans sa paroisse.
Retz, Mémoires, II, p. 806.
4 Une mauvaise nouvelle m'attendait à mon réveil; le drapeau jaune de la peste était arboré sur Mansourah, et nous attendait encore à Damiette (…)
Nerval, Voyage en Orient, Femmes du Caire, V, VI.
5 (…) le mot (…) résonnait encore dans la pièce : la peste. Le mot ne contenait pas seulement ce que la science voulait bien y mettre, mais une longue suite d'images extraordinaires (…) les vieilles images du fléau, Athènes empestée et désertée par les oiseaux, les villes chinoises remplies d'agonisants silencieux, les bagnards de Marseille empilant dans des trous les corps dégoulinants, la construction en Provence du grand mur qui devait arrêter le vent furieux de la peste, Jaffa et ses hideux mendiants, les lits humides et pourris collés à la terre battue de l'hôpital de Constantinople, les malades tirés avec des crochets, le carnaval des médecins masqués pendant la Peste noire, les accouplements des vivants dans les cimetières de Milan, les charrettes de morts dans Londres épouvanté, et les nuits et les jours remplis partout et toujours du cri interminable des hommes.
Camus, la Peste, p. 52.
5.1 La peste de 1720 à Marseille nous a valu les seules descriptions dites cliniques que nous possédions du fléau.
Mais on peut se demander si la peste décrite par les médecins de Marseille était bien la même que celle de 1347, à Florence, d'où est sorti le Décaméron. L'histoire, les livres sacrés, dont la Bible, certains vieux traités médicaux, décrivent de l'extérieur toutes sortes de pestes dont ils semblent avoir retenu beaucoup moins les traits morbides que l'impression démoralisante et fabuleuse qu'elles laissèrent dans les esprits. C'est probablement eux qui avaient raison. Car la médecine aurait bien de la peine à établir une différence de fond entre le virus dont mourut Périclès devant Syracuse (…) et celui qui manifeste sa présence dans la peste décrite par Hippocrate, que des traités médicaux récents nous donnent comme une sorte de fausse peste.
A. Artaud, le Théâtre et son double, le Théâtre et la peste, in Œ. compl., t. IV, p. 22-23.
➪ tableau Principales maladies et affections.
3 ☑ Loc. compar. Fuir (qqn) comme la peste, se garder (cit. 80) de qqch. comme de la peste. — ☑ Craindre, redouter, haïr qqn, qqch. comme la peste, extrêmement, au plus haut point.
6 (…) telles gens se devraient fuir comme peste, n'ayant autre Dieu que le gain et le profit.
Ronsard, Œuvres en prose, Épître au lecteur.
7 Il n'hésitait jamais, à la place des autres. C'était un très gentil garçon, duquel il se fallait méfier comme de la peste.
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, IIe tableau, II.
4 Art vétér. || Peste bovine : maladie infectieuse épizootique, qui attaque les ruminants. — Peste aviaire, porcine : maladies infectieuses et contagieuses frappant les poules, les porcs.
REM. Les pestes animales, affections virales, sont étiologiquement bien distinctes de la peste humaine, dont l'agent est une bactérie.
b ☑ Vx. (Dans des formules d'imprécation, de malédiction où peste a le sens 1). La peste te crève, t'étouffe (cit. 6), t'étrangle ! — « La peste soit de l'avarice et des avaricieux ! » (→ Morveux, cit. 1, Molière; et aussi bœuf, cit. 11). Ellipt. || La peste du bourreau ! (→ Note, cit. 15). — Peste soit le coquin ! (→ Infamie, cit. 6).
8 La peste soit de tout l'univers !
A. de Musset, les Caprices de Marianne, II, 7.
9 La peste soit de ces gens devant lesquels on ne peut pas renifler sans qu'aussitôt ils vous demandent : « — Vous êtes enrhumé ? »
Gide, Journal, 2 oct. 1926.
c Vieilli. Interjection courante marquant un étonnement ironique ou admiratif. || Peste ! c'est du chambertin ! (cit.). → aussi Chanson, cit. 1; gentillesse, cit. 3.
10 On te rappellera bientôt. Peste ! Un homme comme toi ne se remplace pas aisément.
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 703.
➪ tableau Principales interjections.
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II (V. 1500) (Une, des pestes). Personne ou chose nuisible, funeste, pernicieuse. ⇒ Choléra (→ Honnête, cit. 2). — Spécialt. Femme ou fille très méchante, odieuse. ⇒ Choléra, gale (cit. 3). → Parricide, cit. 2. || Quelle peste ! || C'est une vraie peste.
11 Je me glissais furtivement lorsque Alice, une peste femelle que ma tante avait à son service, surgit de derrière la porte du vestibule, où apparemment elle était embusquée (…)
Gide, Si le grain ne meurt, I, V, p. 125.
♦ Enfant insupportable. Fillette espiègle, impertinente, insupportable. || C'est une vraie petite peste. — Adj. (Vieilli). || Est-elle peste, cette gamine !
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Encyclopédie Universelle. 2012.