stade [ stad ] n. m.
• 1530; estade 1265; n. f. jusqu'au XVIIe; lat. stadium, gr. stadion
1 ♦ Didact. Mesure de longueur de la Grèce ancienne (environ 180 m).
♢ (1549) Piste de cette longueur où l'on disputait les courses; enceintes comprenant cette piste et des emplacements aménagés pour d'autres exercices. Les jeux du stade.
♢ (1896) Grande enceinte, terrain aménagé pour la pratique des sports, et le plus souvent entouré de gradins, de tribunes. Stade olympique, municipal. Un stade de dix mille places. « C'est un petit stade tout intime avec sa piste de deux cent cinquante mètres aux doux virages » (Montherlant). — Par ext. Le stade : le sport, en général. Les dieux du stade : les grands athlètes.
2 ♦ (1806; angl. stadium [1669, en ce sens]) Méd. Chacune des périodes distinctes d'une maladie. Stade éruptif d'une maladie infectieuse.
♢ (1878) Cour. Chacune des étapes distinctes d'une évolution, d'un phénomène; chaque forme que prend une réalité en devenir. ⇒ degré, période, phase. Les différents stades du développement de l'embryon. Psychan. Stades oral, anal, phallique, génital : stades successifs du développement psychique de l'enfant, caractérisés par des modes d'organisation spécifiques. — Passé un certain stade. ⇒ 1. point. Cette entreprise en est encore au stade artisanal. À quel stade en est-il dans ses études ?
● stade nom masculin (latin stadium, du grec stadion) Terrain pourvu des installations nécessaires à la pratique des sports d'équipe, du tennis, des épreuves d'athlétisme, etc., et généralement à l'accueil des spectateurs (gradins, tribune). Période, degré dans un développement quelconque : La crise est arrivée à un stade décisif. Dans l'Antiquité, carrière, de la longueur d'un stade, où avaient lieu les courses à pied ou divers exercices. Unité de longueur des anciens Grecs, équivalant à 600 pieds et dont la longueur variait selon les régions. (Le stade attique valait 177 mètres, le stade olympique 192 mètres.) Phase du développement psychosexuel d'un individu. ● stade (synonymes) nom masculin (latin stadium, du grec stadion) Période, degré dans un développement quelconque
Synonymes :
- échelon
- étape
- niveau
- palier
- partie
- phase
- point
stade
n. m.
rI./r Terrain spécialement aménagé pour la pratique des sports, comportant parfois un terrain de jeu entouré de gradins.
rII./r
d1./d MED Phase dans l'évolution d'une maladie, d'un processus biologique.
|| PSYCHAN Phase dans l'évolution de la libido de l'enfant. Stade oral, sadique-anal (ou anal), phallique, génital.
d2./d Par ext. Période, phase d'une évolution. Les stades d'une carrière.
I.
⇒STADE1, subst. masc.
A. — ANTIQ. GR.
1. MÉTROL. Ancienne mesure de longueur, variant selon les lieux, de 600 pieds grecs en moyenne, soit environ 185 mètres. Dans un voyage de nuit, il s'endormit en marchant, parcourut environ l'espace d'un stade, plongé dans le plus profond sommeil, et ne s'éveilla qu'en heurtant contre un caillou (CABANIS, Rapp. phys. et mor., t. 2, 1808, p. 379):
• Entre la côte orientale de l'île de Salamine et le rivage occidental de l'Attique, se forme un détroit en spirale, d'environ 40 stades de long, et de 8 de large.
CHATEAUBR., Essai Révol., t. 2, 1797, p. 31.
2. SPORTS. Espace long et étroit, de la longueur d'un stade à l'origine, puis construit en arc de cercle entouré parfois de gradins, où se disputaient d'abord la course à pied, puis diverses épreuves sportives telles que l'athlétisme et le pentathlon. Synon. amphithéâtre, cirque (v. ce mot I). Stade d'Épidaure, d'Olympie. La vie est d'un jour sous le ciel antique; C'est un char qui roule au stade olympique (LECONTE DE LISLE, Poèmes ant., 1874, p. 165). J'ai dormi dans le sable des dunes, dans le foin des granges, sur la mousse, sur des aiguilles de pin, sous des tentes, dans le stade de Delphes et dans le théâtre d'Épidaure avec le ciel pour toit (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 577).
— P. méton. Ensemble des sports pratiqués dans un stade antique. Ainsi, par le truchement des demi-dieux du stade, un jeu d'enfant devint un jeu de dieux (Jeux et sports, 1967, p. 1279).
B. — SPORTS, mod.
1. Terrain aménagé pour la pratique de certains sports, notamment l'athlétisme (course, gymnastique, lancer, saut) et les grands jeux de ballon, entouré généralement de gradins et de tribunes destinés aux spectateurs. Stade couvert, municipal; stade de banlieue, de compétition; un stade de 10 000 places. Elle, la fille forte, avec ses épaules droites, le casque de sa chevelure, ses mains héroïques qui lançaient le javelot dans le stade (MONTHERL., Songe, 1922, p. 15). Cette éducation sanitaire se doublait d'une éducation sportive. Au stade, on apprenait à former des hommes sains (CACÉRÈS, Hist. éduc. pop., 1964, p. 158).
— En partic.
♦ Terrain où se joue un sport particulier. Stade de football, de tennis. Maintenant encore, les matches du dimanche, dans un stade plein à craquer, et le théâtre, que j'ai aimé avec une passion sans égale, sont les seuls endroits du monde où je me sente innocent (CAMUS, Peste, 1947, p. 1518). En 1958, au stade Roland Garros, lors des championnats internationaux de France, le Français Robert Haillet bat l'Américain Patty (Jeux et sports, 1967, p. 1377).
♦ Stade olympique. Stade répondant aux conditions définies par le règlement des Jeux Olympiques. Le stade olympique et la maison de la culture et de la jeunesse conçus par Le Corbusier s'emparent du site et complètent l'ensemble (Gds ensembles habit., 1963, p. 34).
♦ Stade de ski. Pente naturelle d'une montagne aménagée pour permettre des sauts grâce à des tremplins, munie d'une piste de slalom et d'une piste de descente. Construction d'un stade de ski (La R. du ski, n° 8, nov. 1937, XXIX ds QUEM. DDL t. 36).
♦ En compos. Stade-vélodrome. Stade dont la piste pédestre se double d'une piste cycliste. Humiliation suprême, pour le dernier match de la saison l'O-M [l'Olympique de Marseille], avant-dernier, reçoit le dernier, Brest au stade-vélodrome (Le Nouvel Observateur, 28 avr. 1981, p. 60, col. 1).
2. P. méton.
a) Ensemble des sports qui se pratiquent dans un stade. Les rois du stade. Dieu du stade. V. dieu 1re Section III A.
b) Ensemble des spectateurs présents dans le stade. Le stade entier faisait ah! le souffle coupé (GRACQ, Beau tén., 1945, p. 41).
Prononc. et Orth.: [stad]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1284 estade subst. fém. « mesure de longueur valant à peu près 180 mètres, chez les Grecs » (JEAN DE MEUN, L'Art de chevalerie, éd. L. Löfstedt, livre I, chap. 9, p. 77); 1370-72 estade subst. fém. (ORESME, Ethiques, éd. A. D. Menut, p. 160); fin XIVe s. estade (Aalma, 11745 ds ROQUES t. 2, p. 393); 1530 stade (KUNZE, p. 125); b) 1509 estade « carrière, enceinte de la longueur d'un stade et où les Grecs s'exerçaient à la course » (LEMAIRE DE BELGES, Illustrations, I, 37 ds HUG.); 1545 stade subst. fém. (J. BOUCHET, Épîtres morales et familières, 65, ibid.); 1547 stade subst. masc. (J. MARTIN, trad. de VITRUVE, Architecture, 83 v° ds Cah. Lexicol. t. 19, p. 105); c) 1896 « terrain aménagé pour la pratique des sports athlétiques » (J.O. du 8 avr., p. 1962, col. 2 et 3); 2. a) 1806 « chaque période ou degré d'une maladie intermittente » (CAPURON, Nouv. dict. de méd.); b) 1878 « chaque degré d'un développement » (Lar. 19e Suppl.). Empr. au lat. stadium, gr. . Cf. au sens 1 a, les var. estage (ca 1268, BRUNET LATIN, Trésor, éd. F. J. Carmody, I, 123, 9 et 17), estat (XIIIe s. ds GDF.). Le mot est fém. jusqu'au XVIIe s. (cf. FUR. 1690). Cf. au sens 2, l'angl. stadium att. dès 1669 (NED). Bbg. Archit. 1972, p. 152.
II.
⇒STADE2, subst. masc.
I. — [Dans un phénomène évolutif]
A. — 1. Chacune des phases d'une évolution, qui se succèdent selon un ordre généralement connu et immuable et qui sont caractérisées par des phénomènes notoires. Stade évolutif, final, initial, intermédiaire, préliminaire, terminal, ultime; stades successifs. [Carus] insiste (et sa psychologie en tirera un grand parti) sur le fait que tout stade supérieur, au lieu d'exclure les précédents, les intègre en soi-même (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 130).
2. Spéc. Chaque étape du développement d'une espèce (animale, humaine, minérale, végétale) ou de l'évolution d'une maladie, possédant ses caractères propres.
a) BIOL., EMBRYOL. Chacune des étapes de la division cellulaire et du développement fœtal. Stade de 2, 4, 8, 16 cellules; stade embryonnaire; stade blastula, morula. L'ovule joue le rôle principal dans les premiers stades du développement en fournissant à l'embryon les matériaux nutritifs qu'il réclame (J. ROSTAND, La Vie et ses probl., 1939, p. 28). Les chromosomes-fils se séparent mais restent proches l'un de l'autre car il n'y a pas de migration des chromosomes, c'est le stade des chromosomes « en paire de skis » (HUSSON, GRAF, Biol. gén., 1965, p. 103).
b) BOT. Étape du cycle de développement d'un végétal. Stade de floraison, de germination. La maturité de floraison (ou stade adulte qui succède au stade juvénile) étant supposée atteinte, l'initiation florale (...) est soumise à l'influence de deux groupes de facteurs (BOULAY, Arboric. et prod. fruit., 1961, p. 65).
c) GÉOLOGIE
) Chacun des états successifs d'un sol ou d'une roche. Un véritable plan de clivage ne doit pas être confondu avec les plans de séparation de position définie que peut déterminer parfois l'existence de matières interposées, par exemple de poussières déposées sur les faces à certains stades de la cristallisation, ou de produits d'altération (FRIEDEL, Cristallogr., 1926, p. 413). Le stade actuel de l'érosion permettra donc d'assigner à l'état présent de la topographie un rang très net dans la série nécessaire des états successifs (BRUNHES, Géogr. hum., 1942, p. 4).
) Stade glaciaire. ,,Moment principal de stationnement du front glaciaire durant la phase de retrait (...). Les principaux stades de retrait du domaine alpin sont ceux de Bühl et de Gschnitz`` (GEORGE 1984).
d) MÉD., PATHOL.
) Chaque phase ou période d'une fièvre intermittente. Stade amphibole. V. ce mot A.
) Période donnée au cours de l'évolution d'une maladie et caractérisée par l'apparition de symptômes et de signes cliniques précis; degré de gravité d'un mal. Stade d'éruption, d'incubation; stade initial, avancé; premier, dernier stade de la maladie. Par cette méthode, de nombreux cancers de l'estomac ont déjà été diagnostiqués à un stade si précoce qu'ils étaient encore strictement localisés à la muqueuse (Ce que la Fr. a apporté à la méd., 1946 [1943], p. 157):
• 1. Au début de la peste, ils se souvenaient très bien de l'être qu'ils avaient perdu et ils le regrettaient (...). En somme, à ce moment-là ils avaient de la mémoire, mais une imagination insuffisante. Au deuxième stade de la peste, ils perdirent aussi la mémoire. Non qu'ils eussent oublié ce visage, mais ce qui revient au même, il avait perdu sa chair, ils ne l'apercevaient plus à l'intérieur d'eux-mêmes.
CAMUS, Peste, 1947, p. 1364.
♦ Stade O. Stade initial définissant le début d'un cancer, lorsque les cellules malades n'ont pas encore essaimé. (Ds Lar. Méd. t. 3 1972).
e) PSYCHOL., PSYCHANAL. Stade du développement de l'enfant. Chacune des périodes plus ou moins longues dans le développement de l'enfant où celui-ci acquiert des structures propres et des connaissances nouvelles, chaque structure intégrant une partie des structures antérieures.
) [Chez Piaget] Chacune des trois périodes du développement intellectuel de l'enfant: le stade de l'intelligence sensori-motrice (0 à 2 ans), le stade des opérations concrètes (2 à 7-8 ans) et le stade des opérations formelles (11-12 ans). Chaque stade de développement est beaucoup moins caractérisé par un contenu fixe de pensée que par un certain pouvoir, une certaine activité potentielle, susceptible d'aboutir à tel ou tel résultat suivant le milieu dans lequel vit l'enfant (PIAGET, Psychol. et pédag., Paris, Denoël-Gonthier, 1969, p. 251):
• 2. ... [Piaget] distingue trois paliers de l'évolution intellectuelle, celui où dominent les fonctions sensori-motrices, celui où domine la pensée représentative, celui enfin où dominent les opérations mentales (...); enfin, le stade intermédiaire, qu'il appelle « égocentrique » est celui de la fonction symbolique, oscillant entre le symbole individuel et le symbole collectif...
Traité sociol., 1967, p. 74.
) [Chez Freud] Chacune des phases de l'évolution libidinale de l'enfant vers la maturité sexuelle se divisant en plusieurs étapes selon des tranches d'âge bien définies.
— Stade prégénital. Une partie de la libido du stade pré-génital peut persister dans la vie de l'adulte et le résultat est alors un plaisir infantile à tout ce qui concerne les fèces et les sensations anales (DELAY, Psychol. méd., 1953, p. 157). Stade oral (jusqu'à un an). V. oral B 3. Stade de la succion. Étape du stade oral. Abraham a opposé deux sortes de caractère oral, l'un réceptif, résultat d'une sublimation du stade de la succion (...), l'autre agressif, résultat de la sublimation du stade de la destruction (DELAY, Psychol. méd., 1953, p. 158). Stade anal ou sadique-anal (de 1 à 3 ans). V. anal I C 1.
— Stade génital. V. ce mot B 2 a. Stade phallique (de 4 à 6 ans). V. phallique B. Stade de latence. ,,Période qui va de cinq ou six ans à la puberté et qui correspondait à un arrêt dans le développement de la sexualité`` (CARR.-DESS. Psych. 1976). Synon. période de latence. Stade de la puberté et de l'organisation génitale (de 11 ans à l'âge adulte). Dans un dernier stade, la sexualité infantile trouve son objet normal et devient hétérosexuelle (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 145).
) Stade du miroir. V. ce mot A 2.
f) ZOOL. Phase particulière dans le développement animal, par exemple la mue des insectes. Stade de l'œuf, de la chenille; stade d'une mue. Chez les grenouilles, il existe également un stade larvaire, de type pisciforme (têtard), et, là encore, la métamorphose (...) dépend de l'action des hormones (J. ROSTAND, La Vie et ses probl., 1939, p. 47). En observant les plus proches [esquifs], je vis que la surface inférieure de chaque disque était tapissée de fins tentacules, semblables à ceux des étoiles de mer. Je doutais si ce n'était là qu'un stade de zoophyte; mais crois plutôt avoir affaire à un animal adulte (GIDE, Journal, 1941, p. 75).
B. — Étape distincte d'une évolution (collective ou personnelle, sociale ou économique) dont le caractère n'est ni obligatoire ni immuable dans l'ordre de son déroulement.
1. Étape d'une évolution collective dans une organisation sociale, économique, philosophique, politique, etc. Stade actuel, artisanal, commercial, empirique, expérimental, industriel, préliminaire; stade de la conception, de la construction, de l'exploitation, de l'élaboration, de (la) fabrication, de production; au cours des stades (de). Les travaux des usines de produits alimentaires peuvent se classer en trois groupes: les travaux du stade préparatoire, les travaux du stade principal et les travaux du stade final (BRUNERIE, Industr. alim., 1949, p. 174). Tous les peuples qui ont dépassé le stade primitif de la collecte, c'est-à-dire non seulement des civilisations avancées comme celles de l'ancien Pérou ou de l'ancien Mexique, mais aussi notre néolithique, dérivent suivant cette théorie du premier âge des métaux en Égypte (Hist. sc., 1957, p. 1508).
2. Étape d'une évolution personnelle. Ceux qui suivent ma pensée ont le droit de me demander compte des stades par où elle est passée (BARRÈS, Cahiers, t. 2, 1899, p. 146). Tu parles comme un anarcho. Au fond, tu en es encore au stade de la révolte individuelle (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 182).
3. Phase particulière d'un travail, d'une recherche. Comme je n'en étais encore qu'au stade préparatoire et qu'aucune partie de mon livre n'était écrite, je n'eus pas de réel sacrifice à faire en détruisant mes notes et les feuillets, encore peu nombreux (MARTIN DU G., Devenir, 1909, p. LV). À ce stade de notre enquête, nous n'invoquerons la variété que lorsqu'elle ne sera point excessive (Gds cour. pensée math., 1948, p. 441).
II. — P. ext. [L'idée d'évolution n'est pas dominante]
A. — Moment, point précis localisé dans le temps. La douleur, à ce stade, ne paraît acceptable qu'à la condition qu'elle soit sans remède (CAMUS, Homme rév., 1951, p. 71). Arrivé à ce stade, le vieil homme incline à se détourner d'un monde où tout n'est plus que confusion, que violence aveugle (MAURIAC, Nouv. Bloc-Notes, 1960, p. 375).
— Cour. Au stade où (nous en sommes); en être au même stade. Au stade où nous en sommes, l'homme ignore que ce donné est Dieu lui-même (Théol. cath. t. 4, 1 1920, p. 906).
B. — Degré, niveau atteint dans quelque chose. Arriver, être, parvenir au stade (de); dépasser le stade (de). Grasset (...) a sans doute raison de dire que l'Allemagne en est à un stade de vie depuis longtemps dépassé par la France (GIDE, Journal, 1931, p. 1024). C'est le stade atteint par tous les élèves qui mettent au service de leur art une application persévérante (BOURGAT, Techn. danse, 1959, p. 80).
Prononc. et Orth.: [stad]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. V. stade1.
STAT. — Stade1 et 2. Fréq. abs. littér.: 434. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 74, b) 95; XXe s.: a) 169, b) 1 629.
stade [stad] n. m.
ÉTYM. 1530; estade, 1265; fém. jusqu'au XVIIe; lat. stadium, grec stadion.
❖
1 Didact. Mesure de longueur de la Grèce ancienne (environ 190 m).
2 a (1549). Piste de cette longueur où l'on disputait les courses; enceinte comprenant cette piste et des emplacements aménagés pour d'autres exercices (→ Athlète, cit. 3; ôter, cit. 4). || Les jeux du stade.
b (1896). Mod. Grande enceinte, terrain aménagé pour la pratique des sports (jeux de ballon et athlétisme) et le plus souvent entouré de gradins, de tribunes. || Stade olympique. || Pistes, sautoirs, pelouse, terrains (de basket, de hand-ball…) d'un stade. || Terrains d'entraînement, de concours, vestiaires d'un stade. || Gradins, tribunes d'un stade. || Stade de dix mille places. || Un stade de cent mille places. || Stade de football : terrain de football entouré de gradins.
♦ Stade-vélodrome, dont la piste pédestre est doublée d'une piste cycliste.
1 (…) que les sports s'y exercent, non dans des terrains exigus, enclos de palissades et surveillés par des maisons sordides, mais dans des stades entourés de piscines et d'ombrages, dont l'ovale sera pour le sportif la meilleure leçon d'intégrité et de pureté.
Giraudoux, De pleins pouvoirs à sans pouvoirs, III, p. 58.
♦ Par ext. || Le stade : les sports pratiqués dans les stades. ⇒ Sport. || Les dieux du stade : les grands athlètes.
1.1 Pour moi qui n'ai de ma vie, sauf à Bordeaux dans mon extrême jeunesse, assisté à un match de football, la révélation de ces énormes foules creusées, soulevées par les vagues d'une joie ou d'une furie presque toujours chauvines, me donne une vue que je n'avais pas sur les conséquences politiques du sport. Le stade évidemment détourne et fixe des passions au détriment des idéologies.
F. Mauriac, le Nouveau Bloc-notes 1958-1960, p. 177.
3 (1810; angl. stadium, 1669, en ce sens). Chacune des périodes distinctes (d'une maladie intermittente, d'une fièvre). || Stade éruptif d'une maladie infectieuse. — (1878). Chacune des étapes distinctes (d'une évolution); chaque forme que prend une réalité en devenir. ⇒ Degré, échelon, niveau, palier; partie, phase, période. || Stade ultime (⇒ Terme), intermédiaire (→ Lutte, cit. 8). || Premier, deuxième stade. || Les différents stades du développement de l'embryon (cit. 3). || Stade larvaire des alevins.
1.2 Bien plus, il existe, verrons-nous, une connexion étroite entre les stades de l'imitation et les six stades que nous avons distingués jadis dans le développement de l'intelligence sensori-motrice (…)
J. Piaget, la Formation du symbole chez l'enfant, p. 11.
♦ Psychan. et cour. || Stades libidinaux, selon Freud : stades prégénitaux (stade oral incluant un stade narcissique primaire et un stade anaclitique; stade anal; stade phallique); stade génital (caractérisé par l'Œdipe). || Karl Abraham distinguait dans le stade oral un stade primitif et un stade tardif (stade sadique oral) et dans le stade anal un stade sadique-anal et un stade rétentionnel. — Le stade du miroir (Lacan).
1.3 Il y a donc là un bel exemple de l'explication par identification : les stades oral, anal, narcissique primaire, objectal, œdipien, etc. ne sont que les manifestations successives de la même libido, qui déplace ses « charges » énergétiques d'un objet à un autre en partant du corps pour aboutir aux personnes extérieures à lui et finalement à des sublimations variées (…)
J. Piaget, Épistémologie des sciences de l'homme, p. 183.
♦ Géol. || Stades d'un cycle d'érosion, de glaciation.
♦ (1878). Cour. (souvent qualifié par un adj. ou un compl.). || Atteindre, dépasser tel stade. || Passé un certain stade. ⇒ Point. || « Sa curiosité (…) est demeurée à l'état embryonnaire, au stade de l'indiscrétion » (→ Dévoyer, cit. 5). — À quel stade en est-il dans ses études ? ⇒ Niveau, degré.
2 — Tu n'es donc plus pieuse, ma petite fille (…) — Georges m'a aidée à dépasser ce stade (…) Ça vous fait rire, maman ? Thérèse se forçait à rire; toute la vulgarité d'un être tient dans un mot (…) elle souffrait de ce que Marie avait dit : ce stade.
F. Mauriac, la Fin de la nuit, II.
❖
DÉR. Stadial.
Encyclopédie Universelle. 2012.