étude [ etyd ] n. f.
• estuide, estudieXIIe; lat. studium « ardeur, étude »
I ♦ Application méthodique de l'esprit cherchant à apprendre et à comprendre. Aimer l'étude (⇒ studieux) . Son ardeur à l'étude. « L'étude a été pour moi le souverain remède contre les dégoûts de la vie » (Montesquieu).
1 ♦ Spécialt Effort intellectuel pour acquérir des connaissances. Se consacrer à l'étude du grec, du droit. « je pense que l'étude des langues anciennes pourrait être abrégée considérablement » (Diderot). Abandonner l'étude du piano.
♢ Au plur. LES ÉTUDES : série ordonnée de travaux et d'exercices nécessaires à l'instruction. Faire des études, ses études : parcourir successivement les divers degrés de l'enseignement scolaire. Pendant ses études. Faire de bonnes, de longues études. Commencer, poursuivre, achever, interrompre, reprendre ses études. Le cours, le cycle, la durée des études. ⇒ cursus. « Je n'ai pas eu la chance d'avoir des parents riches pour me payer mes études » (Sartre). Bourse d'études. Études obligatoires. ⇒ scolarité. Études primaires, secondaires, supérieures, universitaires. ⇒ école, enseignement. Examens, diplômes de fin d'études. ⇒ brevet, certificat. École des hautes études commerciales (H. E. C.). Institut des Hautes Études. Études d'anglais, de théologie, de droit, de médecine (⇒ étudiant) . — Loc. Ses chères études : ses activités antérieures et privées. Renvoyer un homme politique à ses chères études.
2 ♦ Effort intellectuel orienté vers l'observation et l'intelligence des êtres, des choses, des faits. ⇒ science; -logie, -nomie. L'étude de la nature. L'étude des lois physiques, sociales, économiques. L'étude des textes, d'un texte littéraire. ⇒ explication. « on a donné trop d'importance et d'espace à l'étude des mots, il faut lui substituer aujourd'hui l'étude des choses » (Diderot). ⇒ analyse. — L'étude du cœur humain.
♢ Examen. Étude d'une question, d'un projet, d'un contrat, d'un devis. Mettre un projet de loi à l'étude. Bureau, commission, comité d'études. Voyage, mission d'études. ⇒ prospection. « quelques voyages d'études dans le Bas-Congo, pour fixer l'emplacement des usines » (Maurois). Étude de cas, étude sur dossier, sur le terrain (en sciences humaines).— Comm. Étude de marché.
II ♦ Ouvrage résultant de cette application d'esprit. ⇒ essai, 1. travail.
1 ♦ Ouvrage littéraire étudiant un sujet. Publier une étude sur Balzac.
2 ♦ Représentation plastique constituant un essai ou un exercice. Peintre, sculpteur qui fait des études de main. ⇒ esquisse. Il « fit de bonnes études à l'huile du colonel Parker et du major Knight » ( Maurois).
3 ♦ Composition musicale écrite pour servir (en principe) à exercer l'habileté de l'exécutant. Études pour piano. Études de Chopin.
III ♦ (Lieu)
1 ♦ Salle où les élèves travaillent en dehors des heures de cours; par ext. Temps passé à ce travail. ⇒ permanence. Aller en étude. Faire ses devoirs, apprendre ses leçons à l'étude. Vieilli Maître d'étude, surveillant les élèves, particulièrement durant l'étude. ⇒ répétiteur; 1. pion, surveillant. Les élèves « dormaient dans l'atmosphère empuantie de l'étude » (Rimbaud).
2 ♦ Local où travaille un officier ministériel. Panonceau signalant une étude de notaire. Passez à mon étude. « L'Étude était une grande pièce ornée du poêle classique qui garnit tous les antres de la chicane » (Balzac).
♢ Par méton. La charge avec sa clientèle. Céder son étude à son premier clerc.
● étude nom féminin (latin studium, zèle) Travail de l'esprit qui s'applique à connaître, à approfondir quelque chose : Se consacrer à l'étude des langues. Effort intellectuel tourné vers l'acquisition de connaissances, vers l'apprentissage de quelque chose : Aimer l'étude. Effort intellectuel orienté vers l'observation et la compréhension des êtres, des choses, des événements, etc. : L'étude du milieu, de la nature. Travail préparatoire de mise au point ou de recherche : L'étude d'un projet. Examen approfondi de quelque chose ; analyse : L'étude détaillée d'un texte. Ouvrage résultant d'un travail intellectuel de recherche, d'observation, etc. : Publier une étude sur l'économie américaine. Vieux. Cabinet de travail. Dessin, peinture ou modelage exécutés d'après nature, afin de saisir la réalité sur le vif. (L'étude peut être exécutée pour elle-même, ou comme préparation d'une œuvre plus élaborée.) Charge d'un officier ministériel (notaire, avoué, huissier, commissaire priseur, etc.) ; locaux, bureaux où ils exercent leur activité. Plage horaire, à la fin de la journée scolaire, permettant aux élèves qui le désirent de faire leurs devoirs et d'apprendre leurs leçons sous la surveillance d'un enseignant. Salle où les élèves travaillent en dehors des heures de cours. Morceau de musique, composé dans un dessein didactique. ● étude (citations) nom féminin (latin studium, zèle) Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 […] Ces choses-là sont rudes. Il faut pour les comprendre avoir fait ses études. La Légende des siècles, les Pauvres Gens Michel Eyquem de Montaigne château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1533-château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1592 Le gain de notre étude, c'est en être devenu meilleur et plus sage. Essais, I, 26 Charles de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu château de La Brède, près de Bordeaux, 1689-Paris 1755 L'étude a été pour moi le souverain remède contre les dégoûts de la vie, n'ayant jamais eu de chagrin qu'une heure de lecture ne m'ait ôté. Mes pensées Talmud Tout contentement est bon ; le contentement dans l'étude est mauvais. Talmud, Berakhot, IX, 8 Poul Martin Møller Uldum, près de Vejle, 1794-Copenhague1838 C'est souvent la pauvreté de l'esprit qui rend les gens studieux. Pensées détachées Alexander Pope Londres 1688-Twickenham 1744 L'étude propre de l'homme est l'homme. The proper study of mankind is man. Essai sur l'homme, I, 1 ● étude (difficultés) nom féminin (latin studium, zèle) Orthographe 1. Salle d'étude, maître d'étude (= salle où les élèves travaillent en dehors des heures de cours, étude surveillée), sans s à étude. 2. Bourse d'études (= accordée pour mener des études), avec un s à étude. Bureau d'études, centre d'études (= où l'on mène des études, des projets), avec un s à étude. 3. Voyage d'étude ou d'études (= destiné à mener à bien une étude, une enquête, ou à poursuivre des études), peut être écrit, en fonction de la situation ou du contexte, avec ou sans s à étude. ● étude (expressions) nom féminin (latin studium, zèle) À l'étude, qui est l'objet d'un examen, d'une recherche : Question à l'étude. Bureau d'études, service d'une entreprise ou entreprise spécialisée chargés de la conception technique des produits (définition du cahier des charges et construction d'un prototype). D'étude, destiné à l'apprentissage : Piano d'étude.
étude
n. f.
rI./r Activité intellectuelle par laquelle on s'applique à apprendre, à connaître. Une vie consacrée à l'étude.
d1./d Cette activité en tant qu'effort particulier d'observation, d'analyse, de compréhension. étude des moeurs.
— Voyage d'études.
|| Ensemble des tâches de conception et de préparation préalables à la réalisation d'un ouvrage, d'une installation, etc. étude préliminaire. Bureau d'études.
— Le projet est à l'étude, est examiné.
d2./d Effort intellectuel appliqué à l'acquisition ou à l'approfondissement de telles ou telles connaissances. L'étude du solfège, des mathématiques.
|| Plur. Les études: les degrés successifs de l'enseignement scolaire, universitaire. Faire des études.
rII./r
d1./d Ouvrage littéraire ou scientifique sur un sujet que l'on a étudié. Publier une étude sur tel sujet.
d2./d Dessin, peinture, sculpture préparatoires, ou exécutés en manière d'exercice. études de visage.
d3./d MUS Exercice de difficulté graduée, pour la formation des élèves.
rIII/r
d1./d Salle d'étude ou, ellipt., étude, où les élèves travaillent en dehors des heures de cours.
— Temps réservé au travail en salle d'étude. Avoir deux heures d'étude.
d2./d Lieu de travail d'un officier ministériel ou public. étude de notaire, d'huissier.
— Charge de cet officier, à quoi s'attachent les dossiers, la clientèle. Vendre son étude.
⇒ÉTUDE, subst. fém.
I.— Application méthodique de l'esprit, cherchant à comprendre et à apprendre. Les deux seuls biens que je demande, l'étude et le repos (CONSTANT, Journaux, 1804, p. 159). Toutes les qualités d'études et de savante application de mes anciens maîtres (RENAN, Souv. enf., 1883, p. 370). Normalien, agrégé d'histoire, homme d'étude et de réflexion (BORDEAUX, Fort de Vaux, 1916, p. 142).
A.— [Correspond à étudier II A]
1. Au sing. Effort d'application orienté vers l'acquisition ou l'approfondissement de connaissances. Ardeur, goût de l'étude. J'aime ces grandes salles [des bibliothèques] où règne l'étude (GREEN, Journal, 1941, p. 144).
a) [L'obj. étudié est une discipline d'enseignement] Étude de l'anatomie, de l'histoire, des langues; étude approfondie, patiente, sérieuse. L'étude de la grammaire exige la même suite et la même force d'attention que les mathématiques (STAËL, Allemagne, t. 1, 1810, p. 256). Il se livra avec un zèle et un plaisir extrêmes à l'étude des mathématiques (VALÉRY, Variété V, 1944, p. 212).
— En partic. Effort de mémoire pour apprendre par cœur. Étude d'une leçon. Ce calme si nécessaire pour l'étude des verbes irréguliers (GIRAUDOUX, Siegfried, 1928, II, 2, p. 77).
b) [L'obj. étudié est un art] Une heure de lecture ou d'étude de piano m'est plus agréable que le plus fastueux dîner du monde (GIDE, Journal, 1921, p. 694).
— Loc. à valeur adj. D'étude. Qui est utilisé pour les exercices. Un piano d'étude, le clavecin préféré, des livres, des partitions (DUHAMEL, Cécile, 1938, p. 47).
2. Au plur.
a) Ensemble progressif de travaux et d'exercices nécessaires à l'acquisition ou au développement de connaissances générales ou particulières. Première, deuxième année d'études; poursuivre ses études; bonnes, brillantes études. Ils avaient fait ensemble leurs premières études à l'école Saint-Thomas (MARTIN DU G., Devenir, 1909, p. 10).
b) P. méton. Temps durant lequel s'effectuent ces travaux. Le jeune homme à peine sorti de ses études, et dont la carrière n'est pas commencée (BOURGET, Sens mort, 1915, p. 217). J'y ai travaillé [à l'Hôtel-Dieu], jadis, au début de mes études (DUHAMEL, Combat ombres, 1939, p. 78).
SYNT. Bourse, centre d'études; certificat, cycle, diplôme d'études; certificat, classe, examen de fin d'études; organisation, poursuite, programme, régime, sanction des études; études primaires, secondaires, supérieures; études classiques, littéraires, médicales, théologiques; camarade, compagnon d'études; préfet des études; abandonner, achever, continuer, faire des/ses études.
B.— [Correspond à étudier II B] Effort d'observation et de pénétration, orienté vers l'intelligence des êtres, des choses, des faits. Étude d'ensemble, d'un fait, du milieu, du passé; méthode, objet, résultat d'une étude. Mon grand-père gémissait de se voir enlevé à ses chères études (STENDHAL, Brulard, t. 1, 1836, p. 197). Une conversation, farcie de portraits, d'études de caractères, d'analyses de sentiments (MARTIN DU G., Souv. autobiogr., 1955, p. LXXI). Après de longues études sur soi-même, j'ai mis au jour la duplicité profonde de la créature (CAMUS, Chute, 1956, p. 1516) :
• 1. Si vous appliquez ces principes d'observation aux étrangers, à plus forte raison soumettrez-vous votre femme aux mêmes formalités. Un homme doit avoir fait une étude profonde du visage de sa femme : cette étude est facile, elle est même involontaire et de tous les moments.
BALZAC, Physiol. mar., 1826, p. 155.
• 2. Le grand obstacle qui arrête les progrès des études philologiques me semble être cette dispersion du travail et cet isolement des recherches spéciales, qui fait que les travaux du philologue n'existent guère que pour lui seul et pour un petit nombre d'amis qui s'occupent du même sujet.
RENAN, Avenir sc., 1890, p. 248.
— En partic. [L'obj. étudié est un auteur, un ouvrage littér.] Aborder, commencer, entreprendre l'étude de. Ayant consacré sa vie à l'étude de François de Sales (BARRÈS, Cahiers, t. 13, 1920-22, p. 239).
SYNT. Étude d'un cas, du comportement, de l'évolution, de l'influence de, des questions, des réactions, des rapports, des variations; étude analytique, comparative, critique, descriptive, expérimentale, méthodique, rationnelle, statistique, systématique.
C.— [Correspond à étudier II C] Travail de recherche, de mise au point d'une question, d'un projet. Faire, procéder à une étude; étude(s) poussée(s), préalable(s), en cours; série d'études; bureau d'études :
• 3. ... le pré qu'on appelait « le Rouleux », que ma mère (...) sema de quelques massifs d'arbres, et à travers lequel, après une longue étude, elle traça deux allées qui montaient, en serpentant selon des courbes savantes, jusqu'à la petite barrière par où l'on entrait dans le bois.
GIDE, Si le grain, 1924, p. 395.
1. Domaine admin. ou comm.
a) Être à l'étude. Faire l'objet d'un examen attentif. Un projet était à l'étude pour amener l'électricité dans toutes les boutiques du passage! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 341).
b) Étude de marché(s). ,,Analyse du comportement humain vis-à-vis de l'offre ou de la publicité d'un produit quelconque sur le marché en vue d'établir les possibilités de diffusion de ce produit`` (BARR. 1974). L'étude des marchés et la prévision de la conjoncture occupent une place de plus en plus grande dans les préoccupations du service (JOCARD, Tour. et action État, 1966, p. 228).
2. THÉÂTRE
a) Travail d'un acteur pour se préparer à son rôle. La première étude pour le comédien, est de lire plusieurs fois la pièce, d'en étudier tous les rôles, et ensuite d'analyser particulièrement le sien (BUSSY, Art dram., 1866, p. 336).
b) Mettre une pièce à l'étude. ,,En distribuer les rôles`` (Ac. 1878-1932).
D.— [Correspond à étudier II D] Vieilli. Application, soin attentif apporté à un objet. Avoir une juste portion d'embonpoint, ni trop ni peu, est pour les femmes l'étude de toute leur vie (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 217). Les petits gâteaux qu'il avait choisis avec étude, zèle et soins, dans la boutique de madame Magloire (FRANCE, Mannequin, 1897, p. 148).
♦ Se faire une étude de, mettre son étude à. Mettre tout son soin à. Il se fit une étude de supprimer tous les dehors de ce qu'il regardait comme une faiblesse déshonorante [sa sensibilité] (MÉRIMÉE, Mosaïque, 1833, p. 144). Ce peuple qui sur un chantier met toute son étude à ne pas en fiche un coup (PÉGUY, Argent, 1913, p. 1104).
II.— Travail de recherche qui constitue souvent une préparation ou une ébauche d'une œuvre plus importante.
A.— Ouvrage, article qui contient les résultats d'une recherche. Importante, remarquable étude; consacrer une étude à. Synon. essai. Une étude sur un tableau de Claude, exposé chez le père Malgras, venait de soulever un scandale énorme (ZOLA, Œuvre, 1886, p. 71). Un ouvrage où M. Pierre Lasserre a réuni trois études sur Claudel, Jammes et Péguy (THIBAUDET, Réflex. litt., 1936, p. 129).
B.— Domaine artistique
1. PEINT. et SCULPT.
a) Travail de détail exécuté en marge et en vue d'une composition d'ensemble, mais pouvant parfois constituer une œuvre en soi. (Quasi-)synon. croquis, ébauche, esquisse. Aussi a-t-il fait pour ce tableau nombre d'études de chevaux blancs dans le soleil (GONCOURT, Journal, 1895, p. 794). Trente toiles, autant d'esquisses et d'études et deux cents dessins environ (RAMUZ, A. Pache, 1911, p. 170). Elstir avait fait plusieurs études de ces mains. Et dans l'une où on voyait Andrée les chauffer devant le feu, elles avaient sous l'éclairage la diaphanéité dorée de deux feuilles d'automne (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 919).
b) Tête d'étude. ,,Dessin d'une tête, propre à servir de modèle et fait ordinairement d'après quelque tableau d'un grand maître`` (Ac. 1835-1932).
2. MUS. Morceau écrit en principe pour développer la technique d'exécution. Les fugues et les études théoriques en double contrepoint (ROLLAND, Beeth., 1937, p. 112). Cette étude pour piano et orchestre est encore un compromis. Le dialogue entre les éléments concrets et le piano de J.-J. Grunenwald est bancal (SCHAEFFER, Rech. mus. concr., 1952, p. 24).
III.— Lieu où s'exerce une activité studieuse, un effort de l'esprit.
A.— Salle de travail où les élèves font leurs devoirs ou apprennent leurs leçons en dehors des heures de classe. Étude surveillée. Un garçon de tempérament modéré, qui jouait aux récréations, travaillait à l'étude, écoutant en classe, dormant bien au dortoir, mangeant bien au réfectoire (FLAUB., Mme Bovary, t. 1, 1857, p. 7). Il était toujours à part, dans la cour pendant l'étude, en étude pendant la récréation (MONTHERL., Songe, 1922, p. 150).
— P. méton.
1. Temps passé dans cette salle. Après les trois heures d'étude du matin et de l'après-midi (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 12). Au collège, durant les longues études du soir (MAURIAC, Journal 2, 1937, p. 166) :
• 4. Je n'allais plus à Saint-Benoist que pour y faire la classe, partant le matin de bonne heure, déjeunant à midi d'un repas préparé au domaine, que je faisais chauffer sur le poêle, et rentrant le soir aussitôt après l'étude.
ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 327.
2. Ensemble des élèves qui travaillent dans cette salle. Surveiller une étude. L'étude s'était tue un instant, étonnée d'entendre donner, pour la première fois, une mauvaise note au meilleur élève (LARBAUD, F. Marquez, 1911, p. 73).
♦ Vieilli. Maître d'étude, usuel surveillant d'étude. Personne qui surveille les élèves d'une étude. Synon. (arg. scol.) pion. Monsieur, dit Poil de Carotte, le maître d'étude, il m'en veut! (RENARD, Poil Carotte, 1894, p. 139). V. banal ex. 8.
B.— Locaux où travaille un officier public ou ministériel, avec ses clercs. C'est dans l'étude d'un avoué qu'il faut apprendre la véritable langue de notre barreau (JOUY, Hermite, t. 1, 1811, p. 97) :
• 5. Quand ils entrèrent dans l'étude de Maître Lamaneur, un petit mouvement se fit parmi les employés, et quand M. Serbois eut jugé bon de se nommer, bien qu'on le connût parfaitement, le premier clerc se leva avec un empressement marqué, tandis que le second souriait.
MAUPASSANT, Contes et nouv., t. 1, Legs, 1884, p. 963.
— P. méton.
1. Charge de cet officier. Maurice acquit à Chantilly une étude de notaire après s'être défait de son titre d'agent de change, qu'il avait acheté au lieu d'une étude d'avoué, comme il en avait eu d'abord le projet (GOZLAN, Notaire, 1836, p. 26).
2. Personnel travaillant avec cet officier. La fameuse étude d'avoué où il y avait à prendre une place d'expéditionnaire (DUHAMEL, Confess. min., 1920, p. 92). Il conseilla à son fils de faire du droit, et lui trouva une place dans une étude d'avoué à York (MAUROIS, Ariel, 1923, p. 54). V. cléricature ex. 4.
Prononc. et Orth. :[etyd]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) 1re moitié XIIe s. estudie « application, soin, zèle » (Psautier Oxford, éd. Fr. Michel, XIII, 2); ca 1150 « id. » par estuide (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 4955); fin XIIe s. estude (Sermons St Bernard, éd. W. Foerster, p. 114); en partic. 1174 « application intellectuelle pour apprendre » (G. DE PONT-STE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, 3197); b) 1580 « observation, examen de quelque chose » (MONTAIGNE, Essais, éd. A. Thibaudet, livre II, chap. 6, p. 415); en partic. 1802 « travail préparatoire de recherche » (BAUDRY DES LOZ., Voy. Louisiane, p. 273 : connaissances qui, au fond, ne consistent que dans un simple arpentage, d'après l'étude qu'ils ont dû faire des terrains); c) 1645, 15 oct. B.-A. (POUSSIN, Lett. à M. de Chantelou, p. 320 ds BRUNOT t. 6, p. 728, note 4); 1784 « ouvrage qui contient les résultats d'une recherche intellectuelle » (BERN. DE ST-P., Étude de la nature); 1833 mus. (Fr. CHOPIN, Études, op. 10 ds Hist. de la mus., Encyclop. de la Pléiade, t. 2, p. 1657); 2. a) 1216 « endroit, pièce où l'on étudie » (ANGER, Trad. Vie St Grégoire, I, 1914 ds T.-L.); 1832 salle d'étude (BALZAC, Lambert, p. 51); b) 1660 Estude de Notaire (OUDIN Esp.-Fr.); 1690 « la charge elle-même » (FUR.). Empr. au lat. studium « application, zèle; application à l'étude, étude »; estudie est directement empr. au plur. lat. studia, interprété comme un fém. sing.; de là par métathèse estuide, d'où estude. Fréq. abs. littér. : 8 358. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 11 955, b) 11 820; XXe s. : a) 11 937, b) 11 831.
étude [etyd] n. f.
ÉTYM. 1174; estudie, déb. XIIe; anc. franç. estuide, n. m. ou f. jusqu'au XVIIe; du lat. studium « ardeur, goût, étude », de studere « rechercher, s'appliquer ».
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1 Application méthodique de l'esprit cherchant à apprendre et à comprendre. || Aimer l'étude. || Son ardeur (cit. 46) à l'étude (→ Assiduité, cit. 1). || Trouver une consolation dans l'étude (→ Commerce, cit. 15). || S'attacher, se plaire à l'étude (→ Assister, cit. 1). || Une nature rebelle à l'étude. || Des années de veilles et d'étude. || Les bienfaits, les fruits de l'étude (→ Don, cit. 8). || Homme d'étude. || Qui a du goût pour l'étude. ⇒ Studieux.
1 Je ne veux que longtemps à l'étude il pâlisse, Je ne veux que, rêveur, sur le livre il vieillisse (…)
Du Bellay, le Poète courtisan.
2 (…) à un fainéant l'étude sert de tourment (…)
Montaigne, Essais, I, XIV.
3 Le gain de notre étude, c'est en être devenu meilleur et plus sage.
Montaigne, Essais, I, XXVI.
4 J'estimais fort l'éloquence et j'étais amoureux de la poésie, mais je pensais que l'une et l'autre étaient des dons de l'esprit plutôt que des fruits de l'étude.
Descartes, Discours de la méthode, I.
5 L'étude a été pour moi le souverain remède contre les dégoûts de la vie, n'ayant jamais eu de chagrin qu'une heure de lecture ne m'ait ôté.
Montesquieu, Cahiers, p. 3.
6 Rien n'était plus horrible que cette mansarde aux murs jaunes et sales (…) Je vécus dans ce sépulcre aérien, pendant près de trois ans, travaillant nuit et jour sans relâche, avec tant de plaisir que l'étude me semblait être le plus beau thème, la plus heureuse solution de la vie humaine. Le calme et le silence nécessaires au savant ont je ne sais quoi de doux, d'enivrant comme l'amour. L'exercice de la pensée, la recherche des idées, les contemplations tranquilles de la Science nous prodiguent d'ineffables délices (…)
Balzac, la Peau de chagrin, Pl., t. IX, p. 91.
7 L'étude ne rendait Huet ni mélancolique, ni rêveur; sa santé ne se ressentit jamais de son application. L'étude était si naturellement son fait et sa vocation, sa passion à la fois et son jeu, que, loin de le fatiguer, elle le laissait toujours plus libre, plus allègre et plus dispos après qu'auparavant.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 3 juin 1850, t. II, p. 171.
♦ ☑ Loc. (vx). Avoir de l'étude, des connaissances élaborées. — ☑ Mettre qqch. à l'étude : étudier ou faire étudier systématiquement.
2 Effort intellectuel pour acquérir des connaissances (science et art). a Étude de… || L'étude des langues, des lettres, des sciences (→ Amollir, cit. 3). || S'adonner, se livrer, s'appliquer, se consacrer à l'étude du grec, du latin, de l'histoire ancienne. || Savant qui se spécialise dans l'étude d'une langue. ⇒ suff. -isant (celtisant, hispanisant, germanisant…). || Erreurs à éviter dans l'étude d'une science (→ Botanique, cit. 3). || L'étude du droit (→ cit. 57), de la médecine (→ Droguer, cit. 1).
8 (…) dès mon enfance j'ai toujours estimé l'étude des bonnes lettres, l'heureuse félicité de la vie, et sans laquelle on doit désespérer ne pouvoir jamais atteindre au comble du parfait contentement.
Ronsard, Préface des Odes de 1550.
9 (…) sitôt que l'âge me permit de sortir de la sujétion de mes précepteurs, je quittai entièrement l'étude des lettres, et me résolvant de ne chercher plus d'autre science que celle qui se pourrait trouver en moi-même, ou bien dans le grand livre du monde (…)
Descartes, Discours de la méthode, I.
10 Nous ne nous arrêterons pas à parler de l'étude de la grammaire. Notre principal soin a été de lui faire connaître premièrement la propriété, et ensuite l'élégance de la langue latine et de la française. Pour adoucir l'ennui de cette étude, nous lui en faisions voir l'utilité; et autant que son âge le permettait, nous joignions à l'étude des mots la connaissance des choses.
Bossuet, Lettre au pape sur l'éducation du Dauphin.
11 C'est peu de chose d'apprendre les langues pour elles-mêmes (…) mais l'étude des langues mène à celle de la grammaire générale. Il faut apprendre le latin pour bien savoir le français; il faut étudier et comparer l'un et l'autre pour entendre les règles de l'art de parler.
Rousseau, Émile, IV.
12 Soit raison, soit préjugé, je croirai difficilement qu'on puisse se passer de la connaissance des Anciens (…) Mais je pense que l'étude des langues anciennes pourrait être abrégée considérablement et mêlée de beaucoup de connaissances utiles.
Diderot, Essai sur les études en Russie.
♦ Étude d'un art, destinée à en acquérir la technique, à en apprendre les secrets. || Se mettre à l'étude du dessin, du solfège, de l'harmonie, de l'architecture. || Abandonner l'étude du piano. — L'étude des échecs, de l'escrime, de la versification.
13 L'étude de l'écorché a sans doute ses avantages; mais n'est-il pas à craindre que cet écorché ne reste perpétuellement dans l'imagination; que l'artiste n'en devienne entêté de la vanité de se montrer savant (…)
Diderot, Essai sur la peinture, I.
14 Excellente étude du piano. Ah ! si seulement j'avais été mieux conseillé, guidé, soutenu, forcé, dans ma jeunesse ! Le plaisir que je prends à cette étude, s'il pouvait être moins égoïste !
Gide, Journal, 18 nov. 1929.
♦ (Avec l'idée d'apprendre surtout par cœur). || Étude d'une leçon, faite par un élève. || Étude d'un rôle, faite par un acteur.
15 Je m'en rendais plus nonchalant à l'étude de mes autres leçons prescrites.
Montaigne, Essais, I, XXVI.
16 (…) embrasser toute l'étendue d'un grand rôle (…) c'est l'ouvrage d'une tête froide, d'un profond jugement, d'un goût exquis, d'une étude pénible, d'une longue expérience et d'une ténacité de mémoire peu commune (…)
Diderot, Paradoxe sur le comédien.
b Au plur. || Les études : série ordonnée de travaux et d'exercices nécessaires à l'instruction. || Faire ses études : parcourir successivement les divers degrés de l'enseignement scolaire. || Faire de bonnes, de mauvaises études. Fam. || Être (ou n'être pas) doué pour les études. || Commencer, poursuivre, achever ses études (→ Demander, cit. 23; distribuer, cit. 11). || Interrompre, reprendre ses études. || Le cours, le cycle, la durée des études. ⇒ Cursus. || Le « Traité des études » de Rollin a défini le programme des études au XVIIIe siècle. || Faire ses études. || Il a fait ses études à Paris, en province, à l'étranger, dans un lycée, un collège, à l'Université, chez les jésuites. || Camarade d'études. ⇒ Condisciple. || Études obligatoires. ⇒ Scolarité. — Études primaires, secondaires, supérieures. ⇒ École, enseignement. || Études classiques (→ Dose, cit. 5). || Examens, diplômes de fin d'études, sanctionnant certaines études (→ Drôle, cit. 9). ⇒ Brevet, certificat. — Faire des études de droit, de médecine, de sciences. ⇒ Étudiant. || Faire ses études de droit. ⇒ Faire (son droit). || Bourse d'études. || École des hautes études commerciales (H. E. C.). || Institut d'études hispaniques, des hautes études chinoises, marocaines, musulmanes, internationales. || Faire des études à l'École des beaux-arts, au Conservatoire. || Des études de piano, de chant, d'art dramatique. || Études commerciales, agronomiques, industrielles. || Faire des études personnelles en vue d'enrichir sa culture. || Études spéculatives, théoriques et études pratiques.
17 Tout le monde est plein de gens savans, de précepteurs très doctes, de librairies très amples, et m'est advis que, ny au temps de Platon, ny de Cicéron, ny de Papinian, n'estoit telle commodité d'estude qu'on y veoit maintenant (…) Par quoy, mon filz, je te admoneste que employe ta jeunesse à bien profiter en estudes et en vertus. Tu es à Paris, tu as ton précepteur Épistémon, dont l'un par vives et vocales instructions, l'aultre par louables exemples, te peut endoctriner.
Rabelais, Pantagruel, VIII.
18 (…) j'enfilai tout d'un train Virgile en l'Énéide, et puis Térence, et puis Plaute, et des comédies italiennes, leurré toujours par la douceur du sujet. Faisant semblant de n'en rien voir, il (mon précepteur) aiguisait ma faim, ne me laissant que à la dérobée gourmander (dévorer) ces livres, et me tenant doucement en office pour les autres études de la règle.
Montaigne, Essais, I, XXVI.
19 (…) toutes mes études n'ont été que jusqu'en sixième.
Molière, le Médecin malgré lui, III, 1.
20 (…) il ne faudrait pas que les enfants fussent distraits, comme aujourd'hui, par des fêtes et des congés perpétuels, qui interrompent à chaque instant les exercices et les études (…)
Encyclopédie (Diderot), art. Étude.
21 Je venais de finir à vingt-deux ans mes études à l'Université de Gottingue.
B. Constant, Adolphe, I.
22 Comme l'industrie photographique était le refuge de tous les peintres manqués, trop mal doués ou trop paresseux pour achever leurs études (…)
Baudelaire, Curiosités esthétiques, Salon de 1859, II.
23 Les études, jadis, conduisaient assez régulièrement à des carrières où la plupart arrivaient à s'établir. Entreprendre ses études, c'était, en quelque sorte, prendre un train qui menait quelque part (sauf accidents). On faisait ses classes; on passait, quitte à s'y reprendre, ses examens ou ses concours. On devenait notaire, médecin, artilleur, avocat ou fonctionnaire (…) Les diplômes, en ce temps-là, représentaient une manière de valeur-or.
Valéry, Variété IV, p. 196.
24 Sa médecine ! Le salaud. J'ai quitté le lycée à treize ans, moi, il fallait que je gagne ma vie. Je n'ai pas eu la chance d'avoir des parents riches pour me payer mes études.
Sartre, Morts sans sépulture, II, 4.
♦ ☑ Loc. (avec quelques v.). Les chères études (de qqn), ses activités antérieures et privées. || Abandonner (renoncer à) ses chères études. ☑ Renvoyer qqn (un candidat, un homme politique) à ses chères études.
24.1 Alors, sans hésiter, à notre demande, il (le Captain Cap) a tont quitté, son bord et ses chères études (…)
Alphonse Allais, le Captain Cap…, I, p. 15 (1902).
3 (1580). Effort intellectuel orienté vers l'observation et l'intelligence des êtres, des choses, des faits. ⇒ Examen.
♦ L'étude de la nature (→ Contemplation, cit. 2). || Étude des phénomènes naturels, des animaux (→ Anatomie, cit. 2), des plantes, du corps humain, des astres. ⇒ Science, et suff. -logie, -nomie. || Une étude géologique du terrain. || L'étude des lois physiques, sociales, économiques. || L'étude des textes. || L'étude des inscriptions, de l'écriture. || L'étude du langage. — L'étude du cœur humain (→ Condition, cit. 8; contemplatif, cit. 1), des opérations de l'esprit (⇒ Analyse). || L'étude de soi-même (→ Approfondir, cit. 11), du moi. || L'étude d'un auteur, d'un texte littéraire. ⇒ Explication. || Peintre qui fait une longue étude de son modèle (→ Copier, cit. 3).
25 (…) chacun est à soi-même une très bonne discipline, pourvu qu'il ait la suffisance (la capacité) de s'épier de près. Ce n'est pas (i)ci ma doctrine, c'est mon étude, et (ce) n'est pas la leçon d'autrui, c'est la mienne.
Montaigne, Essais, II, VI.
26 Je songe à me connaître, et me cherche en moi-même :
C'est là l'unique étude où je veux m'attacher.
Boileau, Épîtres, V.
27 Locke veut qu'on commence par l'étude des esprits, et qu'on passe ensuite à celle des corps. Cette méthode est celle de la superstition, des préjugés, de l'erreur (…)
Rousseau, Émile, IV.
28 Pour parvenir à connaître l'homme, que de choses il faut connaître avant lui ! L'homme est la dernière étude du sage, et vous prétendez en faire la première d'un enfant !
Rousseau, Émile, III.
29 En général, dans l'établissement des écoles, on a donné trop d'importance et d'espace à l'étude des mots, il faut lui substituer aujourd'hui l'étude des choses.
Diderot, Essai sur les études en Russie.
30 La longue et patiente étude que je viens de faire de cette Société donne des conclusions tristes, où le doute domine.
Balzac, Louis Lambert, Pl., t. X, p. 410.
31 (…) l'étude de l'être vivant dans la fermentation s'imposait à lui.
Henri Mondor, Pasteur, p. 67.
♦ Examen. || L'étude des documents, des pièces justificatives. || Étude minutieuse d'un dossier, des clauses d'un contrat, d'un devis. || Étude d'une question, d'un projet. || Études préparatoires. || Étude préliminaire (d'un projet). || Procéder à des études en vue de la mise au point d'une machine, d'un système (→ Civilisation, cit. 7). || Maquettes facilitant l'étude d'un mécanisme. || Étude des indices, d'une piste. ⇒ Enquête. || Étude des pièces prescrite par le tribunal. ⇒ Expertise. || Étude sur dossier, sur le terrain (en sciences humaines).
32 Il devait leur faire part des impressions de sa visite, et poursuivre avec eux l'étude de la combinaison projetée.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XII, p. 85.
♦ ☑ Loc. Mettre à l'étude : examiner, étudier. || Mettre une question à l'étude. || Ce projet est à l'étude.
♦ D'études. || Commission, comité d'études. || Bureau d'études. || Voyage, mission d'études.
33 Le petit capital souscrit jusqu'à ce jour a surtout servi à rétribuer quelques voyages d'études dans le Bas-Congo, pour fixer l'emplacement des usines.
A. Maurois, Bernard Quesnay, XXIV.
4 Vx. Effort de l'esprit s'appliquant à l'action. ⇒ Soin.
♦ (En parlant d'une œuvre d'art). || L'art et l'étude ne remplacent pas les dons naturels. || Exécution qui marque plus d'étude que de facilité.
34 — Tout ce que je fais me vient naturellement, c'est sans étude. — La nature vous a traité en vraie mère passionnée, et vous en êtes l'enfant gâté.
Molière, les Précieuses ridicules, 9.
35 Ma main donne au papier, sans travail, sans étude, Des vers fils de l'amour et de la solitude.
André Chénier, Élégies, XV.
♦ Effort en vue d'une fin. || Mettre toute son étude à bien vivre. || Il en fait son étude, son unique étude.
36 Le bonheur de vous plaire est ma suprême étude (…)
Molière, Tartuffe, IV, 5.
37 Cependant mon amour pour notre nation
A rempli ce palais de filles de Sion (…)
Je mets à les former mon étude et mes soins (…)
Racine, Esther, I, 1.
38 (…) Ta fière ingratitude
Se fait de m'offenser une farouche étude.
Voltaire, la Mort de César, II, 5.
♦ Péj. Préméditation, affectation. ⇒ Apprêt, attitude, dissimulation.
39 Il faut pourtant paraître ferme au premier choc (…) Là, tâchez de vous composer par étude.
Molière, les Fourberies de Scapin, I, 3.
40 (…) mais votre cruauté,
Tranquille en me frappant, barbare avec étude,
Insulte avec plus d'art, et porte un coup plus rude.
Voltaire, Irène, IV, 3.
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II Ouvrage résultant de cette application d'esprit. ⇒ Essai, travail.
1 (1784). Ouvrage littéraire étudiant un sujet. || Faire, composer une étude sur un sujet, sur un auteur. || Lire une savante étude, une étude complète. || Une étude abstraite, brillante… || Beaucoup d'ouvrages portent le titre de étude ou études : Études de la nature, de Bernardin de Saint-Pierre; Études de mœurs, Études philosophiques, Études analytiques, subdivisions de la Comédie humaine de Balzac; Études historiques, de Chateaubriand; Études critiques, de Brunetière; Études sur les vins, sur la bière, de Pasteur.
41 Prenons donc Bonstetten dès le début, en profitant de l'excellente et complète étude que M. Steinlen vient de lui consacrer (…)
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 27 août 1860, t. XIV, p. 421.
42 C'est surtout dans les écrits d'Eugène Delacroix qu'apparaît cette dualité de nature (…) les études sur Poussin, Prud'hon, Charlet, et autres morceaux publiés soit dans l'Artiste (…) soit dans la Revue des Deux Mondes (…)
Baudelaire, Curiosités esthétiques, E. Delacroix, IV.
2 (1645). Représentation graphique (dessin, peinture) constituant un essai ou un exercice. ⇒ Dessin. || Peintre qui fait des études de main, de rocher, de feuillage. || Atelier de sculpteur où sont rangées des études de draperie, de torse. || Étude exécutée d'après un modèle classique. || Des études et des esquisses préparatoires. || Études de Raphaël, de Delacroix. — Par anal. || Étude de femme, Autre étude de femme, titres de deux nouvelles de Balzac.
43 Les études de ces artistes montrent combien ils ont encore besoin d'en faire.
44 Ces études, qui sont des véritables tableaux, et que nous nommons ainsi parce qu'elles ont été peintes sur place et devant les objets qu'elles représentent, se divisent en deux séries parfaitement distinctes (…)
Th. Gautier, Souvenirs de théâtre…, Benjamin de Francesco.
45 Il faut supposer qu'il s'occupe davantage de la nature dans les sujets qui font sa spécialité; car ses études de chiens courants sont plus réelles et plus solides.
Baudelaire, Curiosités esthétiques, Salon de 1846, H. Vernet.
46 La semaine suivante, Beltara, qui s'était procuré des couleurs, fit de bonnes études à l'huile du colonel Parker et du major Knight.
A. Maurois, les Discours du Dr O'Grady, XVI.
3 (1833). Composition musicale écrite pour servir (en principe) à exercer l'habileté de l'exécutant. || Études pour le piano, le violon, la flûte (→ Brio, cit. 3). || Études de Kreutzer, pour le violon. || Études pour piano de Liszt. || Études de Chopin.
47 Repris, ces derniers jours, quelques Études de Chopin délaissées depuis longtemps (…) Beaucoup travaillé également, pour la mener à bien, celle en fa majeur (…) si exquise dans sa mystérieuse simplicité, et si importante pour obtenir cette souplesse particulière et délicatesse du poignet, exigée par la technique de Chopin (…)
Gide, Journal, 9 juin 1930.
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III Lieu où s'exerce cet effort de l'esprit, cette studieuse activité.
1 (1216). Vx. Cabinet de travail. || Étude d'architecte. ⇒ Cabinet.
48 Mon fils, si tu savais ce qu'on dira de toi,
Tu ne voudrais jamais déloger de chez moi,
Enclos en mon étude (…)
Ronsard, Amours, II, « Élégie à son livre ».
49 Considérez donc, monsieur, en même temps les avantages d'un homme qui n'apprend point par cœur (…) la chaleur même qui l'anime lui fait trouver des expressions et des figures qu'il n'aurait pu préparer dans son étude. — Pourquoi ? Un homme s'anime dans son cabinet, et peut y composer des discours très vifs.
Fénelon, Dialogues sur l'éloquence, p. 47.
2 (1832). Mod. Salle où les élèves travaillent en dehors des heures de classe. || Faire ses devoirs, apprendre ses leçons à l'étude. || Entrer en étude (→ Arracher, cit. 41). || Cet élève, cet interne a sa place fixée dans l'étude. || Vaste étude aux murs tapissés de casiers.
50 Oh ! je déteste maintenant le temps où les élèves étaient comme de grosses brebis suant dans leurs habits sales, et dormaient dans l'atmosphère empuantie de l'étude, sous la lumière du gaz, dans la chaleur fade du poêle !…
Rimbaud, Un cœur sous une soutane.
♦ (1865). Par métonymie. Temps passé dans l'étude. || Les internes travaillent pendant l'étude du matin. || L'étude de cinq heures, l'étude du soir. — Maître d'étude, surveillant les élèves particulièrement durant l'étude. ⇒ Répétiteur; pion, surveillant (→ Bâcler, cit. 3). — L'ensemble des élèves constituant une étude. || L'étude des petits est plus bruyante que celle des grands.
50.1 L'après-midi, après la classe, et en attendant l'étude surveillée qui ne nous libérait guère que vers sept heures du soir, nous jouions aussi, mais cette fois dans la cour de l'école et sous le préau (…)
Raymond Abellio, Ma dernière mémoire, t. I, p. 113.
3 (1660). Local où travaille un notaire, un avoué, un huissier, un commissaire-priseur, ainsi que ses clercs. || Étude encombrée de paperasses, de dossiers, de classeurs. || Panonceau signalant une étude, une étude de notaire. || L'étude est au fond de la cour.
51 Il n'y a si vil praticien, qui au fond de son étude sombre et enfumée, et l'esprit occupé d'une plus noire chicane, ne se préfère au laboureur (…)
La Bruyère, les Caractères, VII, 21.
52 L'Étude était une grande pièce ornée du poêle classique qui garnit tous les antres de la chicane (…) Près de la fenêtre se trouvait le secrétaire à cylindre du Principal, et auquel était adossée la petite table destinée au second clerc (…) L'Étude avait pour tout ornement ces grandes affiches jaunes qui annoncent des saisies immobilières, des ventes, des licitations entre majeurs et mineurs, des adjudications définitives ou préparatoires, la gloire des Études ! Derrière le Maître-clerc était un énorme casier qui garnissait le mur du haut en bas (…) Les rangs inférieurs du casier étaient pleins de cartons jaunis par l'usage, bordés de papier bleu, et sur lesquels se lisaient les noms des gros clients dont les affaires juteuses se cuisinaient en ce moment(…) ni l'avoué, ni les plaideurs, ni les clercs ne tiennent à l'élégance d'un endroit qui pour les uns est une classe, pour les autres un passage, pour le maître un laboratoire.
Balzac, le Colonel Chabert, Pl., t. II, p. 1088-89.
♦ (1690). Par métonymie. Charge du notaire, de l'avoué avec son personnel, sa clientèle. || Une étude importante. || Une des plus grosses études de Paris. || Acheter une étude de notaire. || Étude qui se transmet de père en fils. || Céder son étude à son premier clerc.
53 (…) mon patron, homme de plaisir et fort dépensier, se trouva dans une gêne considérable, et fut obligé de vendre sa charge. Quoique en ce moment les Études n'eussent pas acquis la valeur exorbitante à laquelle elles sont montées aujourd'hui, mon patron donnait la sienne, en n'en demandant que cent cinquante mille francs.
Balzac, Gobseck, Pl., t. II, p. 638.
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CONTR. Oisiveté. — Don, facilité, inspiration.
DÉR. Étudier. — (Sur le rad. latin) Studieux.
Encyclopédie Universelle. 2012.