tempérer [ tɑ̃pere ] v. tr. <conjug. : 6>
• 1155; lat. temperare « mélanger », fig. « adoucir, modérer » → tremper
1 ♦ (XVIe) Vx Modérer par un mélange la force de (un fluide). Tempérer une boisson. ⇒ couper.
♢ Fig. et pronom. Littér. Un mélange ethnique « dont les éléments se complètent et se tempèrent » (Valéry).
2 ♦ Adoucir l'intensité de (les conditions climatiques). Courant chaud qui tempère un climat. Les vents « tempèrent la rigueur des hivers » (Fénelon).
3 ♦ Fig. et littér. Adoucir, modérer. « Tempérer les douleurs de l'absence » (Rousseau). ⇒ atténuer. « Tempérer son ardeur combative » (R. Rolland). ⇒ assagir, calmer. — Allus. littér. « Le gouvernement de la France était une monarchie absolue, tempérée par des chansons » (Chamfort).
♢ Pronom. « un sourire où la colère se tempérait de pitié » (Romains).
⊗ CONTR. Exciter, renforcer.
● tempérer verbe transitif (latin temperare) Littéraire Adoucir, modérer une température atmosphérique excessive : Les arbres tempèrent l'ardeur du soleil. Atténuer quelque chose, en affaiblir la violence, l'intensité : Tempérez votre enthousiasme. ● tempérer (difficultés) verbe transitif (latin temperare) Littéraire Conjugaison Attention à l'accent, tantôt grave, tantôt aigu : je tempère, nous tempérons ; il tempérera. ● tempérer (synonymes) verbe transitif (latin temperare) Littéraire Atténuer quelque chose, en affaiblir la violence, l'intensité
Synonymes :
- attiédir
- calmer
- corriger
- modérer
- tamiser
tempérer
v. tr.
d1./d Adoucir. La brise tempère l'ardeur du soleil.
d2./d Fig. et litt. Modérer. Tempérer sa fougue.
⇒TEMPÉRER, verbe trans.
A. — Vieilli, rare. [Le compl. d'obj. désigne une boisson, un fluide] Tempérer qqc. Adoucir, diminuer par le mélange son intensité, sa force. On compose des encres d'un noir pur que l'on tempère légèrement avec du bistre ou de la terre de Sienne (M. LALANNE, Grav. eau-forte, 1866, p. 89).
— Tempérer qqc. de. Il s'installe, se verse un grand verre de grenadine qu'il tempère d'un peu d'eau (QUENEAU, Zazie, 1959, p. 32).
B. — Tempérer qqc. Atténuer l'intensité d'un excès thermique ou climatique; réchauffer, rafraîchir. Une porte battante garnie d'un grand carreau de verre ovale fermait ce couloir du côté de l'escalier afin de tempérer le froid qui s'y engouffrait (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 72). Les avenues et les ruelles de Bologne sont froides quand souffle la bise des Alpes. Rien ne l'arrête ou ne la tempère quand elle traverse les plaines de l'Émilie (GIONO, Voy. Ital., 1953, p. 201).
— MÉD., vx. Faire baisser la température; rafraîchir. Tempérer une ardeur d'entrailles par des tisanes rafraîchissantes (Ac.). Au fig. Tempérer sa bile. ,,Réprimer sa colère`` (Ac.).
C. — Au fig., littér.
1. Tempérer qqn. Modérer, adoucir les excès de quelqu'un. Anton. exciter, renforcer. La châtelaine des Belles-Eaux constata qu'il lui était impossible de tempérer Fanny Radieuse par une personne de qualité (L. DAUDET, Am. songe, 1920, p. 260).
— Empl. pronom. réfl. Se calmer, s'adoucir, s'assagir. [Robespierre] eût ménagé la transition lui-même; l'hypocrite se serait tempéré; il aurait parodié jusqu'au bout Octave (SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 1, 1834, p. 107).
♦ [P. méton.] S'atténuer, se modérer. Dès qu'elle est exprimée, poétiquement exprimée, la tristesse se tempère, la lourdeur s'allège (BACHELARD, Poét. espace, 1957, p. 183).
2. Tempérer qqc. Modérer le caractère excessif de quelque chose. Je comptais, pour me tirer d'affaire, sur des hasards amis, sur cet heureux désordre qui, régissant les choses humaines, y tempère les rigueurs de la justice (A. FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 320).
— Tempérer qqc. de. Un petit nombre de critiques, parmi lesquels se trouvaient deux des visiteurs habituels de l'atelier, tempéraient de quelques réserves la chaleur de leur compte rendu (CAMUS, Exil et Roy., 1957, p. 1638).
— Empl. pronom. passif. Qqc. se tempère de qqc. Se corriger en se mêlant avec autre chose. Il craignait les pillards et sa libéralité se tempérait de prudence et d'économie. Âpre au butin et à la rentrée des tributs, il ne les dilapidait pas (ARNOUX, Rêv. policier amat., 1945, p. 21).
— Empl. pronom. réciproque. L'âge d'une civilisation se doit mesurer par le nombre des contradictions qu'elle accumule, par le nombre des coutumes et des croyances incompatibles qui s'y rencontrent et s'y tempèrent l'une l'autre (VALÉRY, Variété IV, 1938, p. 35).
Prononc. et Orth.:[], (il) tempère [-]. Ac. 1694, 1718: temperer; dep. 1740: tempérer . Conjug. cf. abréger. Étymol. et Hist. 1. a) 1119 part. passé tempered « modéré, retenu, sage » (PHILIPPE DE THAON, Comput, éd. I. Short, 2379); ca 1380 temporeiz « id. » (JEAN D'OUTREMEUSE, Ly Myreur des histors, éd. A. Goosse, l. 65, p. 2), attest. isolées; repris au XVIe s. b) 1538 temps tempéré « où la température est moyenne » (EST.); 1636 zone tamperée (MONET, s.v. zone); c) 1742 mus. système tempéré(Hist. de l'Acad. des sc., p. 117 ds Trév. 1752); 2. a) 1540 temperer vos peines « modérer, atténuer » (NICOLAS HERBERAY DES ESSARS, Amadis de Gaule, éd. H. Vaganay, p. 176); b) 1545 que vostre vin soit d'eau bien temperé « modérer la force du vin en le coupant avec de l'eau » (J. BOUCHET, Ep. mor., X ds GDF. Compl.); 3. verbe pronom. a) 1662 « s'affaiblir, s'adoucir » (MOLIÈRE, École des femmes, II, 4: la bile se tempère); b) 1690 « se modérer, se calmer » (FUR.). Empr. au lat. temperare « combiner dans de justes proportions », « disposer convenablement les éléments d'un tout », « organiser, régler », « modérer, tempérer, équilibrer, régulariser »; l'a. fr. utilisait surtout en ces sens temprer, v. tremper; cf. aussi le prov. temperat (1250 ds PANSIER). Fréq. abs. littér.:276. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 627, b) 317; XXe s.: a) 233, b) 327.
tempérer [tɑ̃peʀe] v. tr. [CONJUG. céder.]
ÉTYM. V. 1155; du lat. temperare « mélanger », fig. « adoucir, modérer ». → Tremper; de tempus, oris au sens de « temps favorable ».
❖
1 (Mil. XVIe; temprer, v. 1360). Vx. Modérer par mélange la force de (un fluide). || Tempérer une boisson. ⇒ Couper (I., C.), mêler. || Du petit lait pour tempérer le sang (→ Adoucir, cit. 2).
2 Adoucir l'intensité, l'excès (du froid, de la chaleur) → ci-dessous Tempéré. || Les vents tempèrent la rigueur des hivers. ⇒ Attiédir (cit. 1), réchauffer. || Ardeur de l'été tempérée par des zéphirs rafraîchissants (cit.). ⇒ Rafraîchir. — Vx. Méd. Rafraîchir. || Tempérer les entrailles et le cerveau (→ Médecine, cit. 2). Fig. || Tempérer sa bile.
1 (…) sous les ardeurs du soleil que tempéraient les souffles frais des ombrages.
Zola, Thérèse Raquin, XI.
3 (Mil. XVIe, Rabelais; temprer, v. 1360). Fig. et littér. Adoucir, modérer. ⇒ Affaiblir. || Tempérer les douleurs de l'absence (→ Pathétique, cit. 5). ⇒ Atténuer; apaiser, lénifier. || Tempérer son ardeur combative (→ 2. Point, cit. 17). ⇒ Assagir, calmer. || Tempérer la fermeté par les grâces de l'indulgence (→ Apostolique, cit. 6). ⇒ Corriger. || Regret tempéré par le plaisir de… (→ Figure, cit. 16). ⇒ Diminuer, mitiger. || Tempérer la politique de qqn (→ Canaliser, cit. 3), la loi (→ Équité, cit. 7). — Allus. littér. || La France, monarchie absolue (cit. 4) tempérée par des chansons (→ aussi Gouvernement, cit. 41).
2 (…) les douceurs de l'amitié tempérèrent les emportements de l'amour, et j'imagine à peine quelque sorte d'attachement qui ne m'unisse pas à toi.
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, I, LV.
3 (…) cette joie ne devait, dans la suite, être tempérée, altérée par aucune déconvenue.
G. Duhamel, le Temps de la recherche, XIII.
——————
se tempérer v. pron.
1 (1690). Récipr. Se modérer, se corriger l'un l'autre, dans un mélange. || Éléments ethniques (cit. 3) qui se tempèrent.
2 (1662). Réfléchi et passif. S'adoucir, s'affaiblir.
4 Si donc je cesse brusquement et si je ne vous vois plus désormais, c'est que des amitiés comme celle qui était entre nous ne se tempèrent pas, elles vivent ou on les tue.
Sainte-Beuve, Correspondance, 152, 7 déc. 1830.
5 (…) un sourire où la colère se tempérait de pitié.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XVIII, p. 241.
——————
tempéré, ée p. p. et adj.
ÉTYM. (XIIIe; 1119, tempered).
1 Vx ou littér. Modéré. || Un esprit tempéré (→ Gaulois, cit. 8). || Moderniste bien tempéré (→ Main, cit. 72). — (V. 1375). Géogr. || Climat tempéré, où la température est moyenne, qui n'est ni très chaud ni très froid. ⇒ Doux. || Zone tempérée, où règne ce climat. || Les zones tempérées de l'hémisphère Nord, de l'hémisphère Sud (→ Cyclone, cit. 3; hiver, cit. 6). || Les régions (→ Gel, cit. 5), les pays tempérés (→ Résister, cit. 3).
♦ Polit. || Monarchie tempérée, monarchie constitutionnelle. — Rhét. || Style tempéré, entre le simple et le sublime.
6 (…) les climats tempérés sont plus propres à la société qu'à la poésie. Lorsque le climat n'est ni sévère ni beau, quand on vit sans avoir rien à craindre ni à espérer du ciel, on ne s'occupe guère que des intérêts positifs de l'existence. Ce sont les délices du Midi et les rigueurs du Nord, qui ébranlent fortement l'imagination.
Mme de Staël, De l'Allemagne, I, V.
2 (Av. 1745). Mus. || Gamme tempérée. ⇒ Tempérament. — Par ext. || Le clavecin bien tempéré, suite de préludes et fugues écrits selon le système du tempérament et dans toutes les tonalités, par J.-S. Bach.
❖
CONTR. Corser. — Exciter, renforcer, soutenir. — Effréné, excessif, extrême. — Accablant, chaud, froid.
DÉR. V. Tempérance.
Encyclopédie Universelle. 2012.