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tremper

tremper [ trɑ̃pe ] v. <conjug. : 1>
• déb. XIIIe; au p. p. 1170; altér. de temprer « mélanger » fin XIe; lat. temperare tempérer
I V. tr.
1Vx Modérer par un mélange. Mod. Tremper son vin, le mélanger avec de l'eau. ⇒ couper.
2(v. 1300; temprer XIIIe) Techn. Imbiber d'un liquide. imprégner, mouiller. Tremper des couleurs. 1. détremper.
Cour. Imbiber, mouiller. Sueur qui trempe la chemise. « une averse, la veille, avait trempé le parquet » (Martin du Gard). Tremper son mouchoir de larmes. « L'herbe, trempée de rosée, est tendre à couper » (Zola).
3(1530; temprer 1216) Cour. Faire entrer (un solide) dans un liquide pour imbiber, enduire. plonger. Tremper une compresse dans l'eau. Tremper dans l'eau bouillante (ébouillanter, échauder). Tremper sa plume dans l'encre, dans l'encrier. « un gaillard, en blouse, trempe de grosses tranches de pain dans sa soupe, comme un roulier » (Romains). Tremper une soupe (1o).
Baigner, immerger. « trempez-le dans la mare, pour le baptiser, votre enfant » (Zola). Se tremper la tête dans l'eau. Tremper ses lèvres dans une boisson, commencer à la boire, y goûter. — Pronom. SE TREMPER : se mettre dans l'eau, un liquide; spécialt prendre un bain rapide ( trempette) .
4Techn. Plonger (l'acier porté à une haute température) dans un bain froid ( trempe, 1o ).
Fig. et littér. Douer d'une qualité morale ( trempe, 2o ). aguerrir, endurcir, fortifier. « L'humilité trempe les forts » (Bernanos). L'expérience l'a trempé.
II V. intr. (1549; tempreir XIIIe)
1Rester plongé dans un liquide. Fleurs qui trempent dans l'eau d'un vase, par ext. dans un vase. Région. « J'irai cueillir des fleurs, je les mettrai tremper pour empêcher qu'elles se fanent » (Ramuz). Faire tremper du linge, mettre du linge à tremper, le laisser longtemps dans l'eau ou la lessive avant de le laver. Faire tremper des pruneaux. aussi macérer, mariner.
2(v. 1600) Fig. Tremper dans (une affaire malhonnête),y participer, en être complice. « il serait fort étrange que ma fille eût trempé dans ce crime » (Molière). « N'avait-il pas trempé dans une affaire de drogues ? » (Aragon).

tremper verbe transitif (altération de l'ancien français temprer, du latin temperare, tempérer) Plonger quelque chose dans un liquide : Tremper sa tartine dans son café. Asperger, recouvrir, imbiber quelqu'un, quelque chose d'un liquide : Regarde, tu as trempé la nappe en renversant la bouteille. Imbiber, mouiller quelque chose, quelqu'un abondamment en parlant d'un liquide : La pluie a trempé ses vêtements. Littéraire. Aguerrir, endurcir quelqu'un, lui donner un caractère fort. Imbiber un gâteau d'un alcool, d'un sirop, etc. Faire séjourner du linge ou de la vaisselle sale avant lavage dans de l'eau additionnée d'un produit détersif. Pratiquer l'opération de trempe d'un métal ou d'un verre. ● tremper (expressions) verbe transitif (altération de l'ancien français temprer, du latin temperare, tempérer) Tremper ses lèvres dans une boisson, y goûter. Vieux. Tremper la soupe, verser le bouillon sur le pain. ● tremper (homonymes) verbe transitif (altération de l'ancien français temprer, du latin temperare, tempérer)tremper (synonymes) verbe transitif (altération de l'ancien français temprer, du latin temperare, tempérer) Littéraire. Aguerrir, endurcir quelqu'un, lui donner un caractère fort.
Synonymes :
tremper verbe intransitif Être plongé dans un liquide un certain temps : Faire tremper les haricots secs. Participer à une affaire louche, malhonnête : Avoir trempé dans une affaire de drogue. Effectuer la trempe d'une reliure. ● tremper (homonymes) verbe intransitif

tremper
v.
rI./r v. tr.
d1./d Imbiber d'un liquide, mouiller complètement. Se faire tremper (par une averse).
d2./d Plonger (dans un liquide). Tremper son pain dans son café au lait.
|| Tremper les lèvres dans une tasse de thé, commencer à boire.
|| v. Pron. Se baigner rapidement. L'eau était froide, on s'est à peine trempés.
d3./d CHIM, METALL Faire subir la trempe. Tremper du verre, de l'acier.
Par anal., fig. Endurcir, fortifier. Les épreuves ont trempé son caractère.
rII./r v. intr.
d1./d Demeurer dans un liquide. Mettre du linge à tremper.
d2./d Fig., péjor. Prendre part à (une action répréhensible). Tremper dans un crime.

⇒TREMPER, verbe
I. — Empl. trans. [Le compl. dir. (qqc.1) désigne une chose, le compl. circ. (qqc.2) désigne un liquide]
A. — 1. Qqn trempe qqc.1 (de qqc.2)
a) Vieilli. Mélanger un liquide, une boisson avec de l'eau ou un autre liquide. Synon. couper. [Le malade] n'usera que d'alimens légers et faciles à digérer, et il trempera beaucoup son vin (GEOFFROY, Méd. prat., 1800, p. 478).
Au part. passé. Vin trempé d'eau. Victoire s'accoudait à son tour, en achevant un verre de cassis trempé d'eau-de-vie (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 267). Soupe à l'oignon trempée de lait (BUTOR, Passage Milan, 1954, p. 39).
b) Mouiller de, imbiber quelque chose avec un liquide que l'on verse ou que l'on répand. Tremper ses vêtements de sueur.
Littér. Tremper (qqc.) de larmes. Verser abondamment des larmes sur (quelque chose). Tremper de larmes son mouchoir. Vous étiez venu cacher votre tête dans mes genoux, et tremper de larmes ma robe de bal (TOULET, Tendres mén., 1904, p. 122). À présent se joignait à l'atrocité de l'urticaire la gêne d'un col de chemise trempé; qu'il trempait aussi de ses larmes (GIDE, Caves, 1914, p. 776). Au fig. Tremper de larmes son pain. Vivre difficilement. Une pauvre dame (...) qui trempe aujourd'hui de larmes le pain que son travail et celui de sa fille peuvent à peine leur procurer (JOUY, Hermite, t. 4, 1813, p. 194).
PAPET. Tremper le papier. Humecter le papier avant l'impression. Marion était une grosse fille de campagne indispensable à l'exploitation de l'imprimerie: elle trempait le papier et le rognait (BALZAC, Illus. perdues, 1837, p. 19).
2. Qqn trempe qqc.1 (dans qqc.2). Plonger dans un liquide
a) Plonger dans un liquide pour imbiber. Tremper un biscuit dans du vin, un morceau de sucre dans de l'alcool; tremper une éponge dans l'eau; tremper le linge. Vois la trace des doigts sur la joue. Trempe dans le baquet une serviette, un torchon, ton mouchoir, n'importe quoi (BERNANOS, Joie, 1929, p. 657). Long silence. Le mari trempe de la mie de pain dans sa sauce (SARTRE, Nausée, 1938, p. 71).
♦ [Début d'une chanson pop.] Marie trempe ton pain. Au lieu de lui répondre, le dominical la prit par les reins et la jeta dans la mare de caillots.« Marie, trempe ton pain dans la sauce! » cria-t-il (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p. 308).
Au part. passé. Pain trempé dans du lait. Le goût d'une petite madeleine trempée un jour dans une tasse de thé rappelle à Proust (...) une autre petite madeleine trempée dans une autre tasse de thé chez sa tante Léonie quand il était enfant (BENDA, Fr. byz., 1945, p. 193).
Empl. pronom. Tous ces croûtons se trempent dans du beurre fondu (CHAMPFL., Souffr. profess. Delteil, 1853, p. 84).
Arg. [Le suj. désigne l'homme] Tremper son biscuit. Forniquer. À moi l'honneur (...) de tremper mon biscuit le premier. Elle est troussée, elle se serre encore les cuisses pour retenir sa culotte... dans ces cas-là, on tire un peu et on l'écarte. Voilà, je m'enfonce... je n'ai plus qu'à limer comme il faut (A. BOUDARD, Le Corbillard de Jules, 1979, p. 85).
b) Plonger dans un liquide pour enrober. Tremper une brosse dans la peinture, la plume dans l'encre, un rameau dans l'eau bénite. Versez alors un peu de vernis dans un vase, trempez-y un large pinceau de poils gris (NOSBAN, Manuel menuisier, t. 2, 1857, p. 188). On peut encore les tremper [les filets de carpe] dans des œufs battus et les paner (Gdes heures cuis. fr., Grimod de La Reynière, 1838, p. 158).
Au fig. Tremper sa plume dans du poison, dans du fiel. Avoir un style acerbe, mordant, calomnieux. L'on déshonore sa plume En la trempant dans du poison (FLORIAN, Fables, 1792, p. 198).
Au part. passé. Aliment trempé dans la pâte à frire. Le pinceau trempé d'encre de Chine (FAURE, Hist. art, 1912, p. 182).
c) Plonger dans un liquide pour obtenir une réaction, un résultat. Lorsque je vais au loin prendre une épreuve, je trempe la feuille de doublure dans un mucilage épais de gomme arabique (LE GRAY, Phot. sur papier et verre, 1850, p. 9).
TECHNOL. [Sans compl. prép.] Donner la trempe à. Tremper l'acier. La manière de tirer le fer des mines, de le fondre, de le tremper, de le battre, de le travailler (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 208).
Au fig., littér. Qqn/qqc. trempe qqn. Durcir, aguerrir, affermir, fortifier le caractère, les qualités morales de quelqu'un. Tremper les âmes. La discipline consentie trempe les forces et les volontés (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 261). Le malheur trempe les êtres dignes de ce nom, mais il les trempe surtout contre eux-mêmes, et il tue en eux ce qui est la vie même (GIRAUDOUX, Sodome, 1943, II, 7, p. 139).
Tremper le caractère. Si vous vous hâtez d'envoyer votre fils interne au collège, dès ses huit ans, « pour lui tremper le caractère » (...) vous avez pour vous, comme on dit, quinte et quatorze en main au noble jeu du Ménélas (BOURGET, Physiol. amour mod., 1890, p. 45).
Au part. passé. Personne trempée par l'épreuve. Pour remplir cette tâche ingrate et nécessaire, il eût fallu des hommes d'une énergie trempée par l'expérience (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 149).
Empl. pronom. réfl. L'enfant n'est jamais pacifiste avant treize ou quatorze ans: il doit d'abord se tremper et s'armer pour la vie (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 560).
3. Qqn trempe qqn (dans qqc.2)
a) [L'obj. désigne une partie du corps, un attribut du suj.] Tremper ses doigts dans la sauce; tremper ses pieds dans l'eau. Il aspire l'air à pleins poumons, et trempe avec délices ses pieds dans la rosée des champs et des guérets (SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p. 200). Le visage près de la glace, elle trempait son doigt dans un pot, elle appliquait le rouge sous les yeux (ZOLA, Nana, 1880, p. 1213).
Tremper ses lèvres. Boire en très petite quantité, goûter. Il trempa ses lèvres dans le whisky qu'on venait d'apporter (MARTIN DU G., Thib., Consult., 1928, p. 1128).
Au fig. Tremper ses mains dans le sang. Être responsable ou complice d'un meurtre. Mon fils, si vous avez trempé vos mains dans le sang du roi martyr, confiez-vous à moi (BALZAC, Épis. Terr., 1830, p. 442).
b) Empl. pronom. réfl. Se plonger dans l'eau; prendre un bain rapide. Tous les après-midi, Georges devra prendre un bain de mer, ou plutôt, il devra se tremper une seconde dans la mer (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 131).
P. exagér. Se tremper de qqc. S'asperger abondamment de. Elle se montrait d'une coquetterie dépensière, se trempait de parfums (ZOLA, Terre, 1887, p. 95).
Empl. pronom. réfl. indir. Se tremper les mains, les pieds. Attendez une seconde que je me trempe la tête dans l'eau (DUHAMEL, Terre promise, 1934, p. 47).
c) Se faire tremper. Être complètement mouillé. Des averses tombaient sans relâche, tout Bonneville se faisait tremper pour voir enfoncer les pieux à l'aide d'un pilon (ZOLA, Joie de vivre, 1884, p. 908). La pluie tombait avec plus de force. « Pourvu qu'elle ne tarde pas: elle se ferait tremper en venant ici. » (ARLAND, Ordre, 1929, p. 73).
B. — Qqc.2 trempe qqn/qqc.1
1. [L'obj. désigne un animé, la pers., un attribut de la pers., p. méton. ses vêtements] Rendre humide par contact ou projection avec un liquide, imprégner les vêtements d'humidité. La vague, la pluie, la sueur trempe qqn, les cheveux, le visage. Nous fûmes rafraîchis par le vent, chauffés par le soleil, la pluie nous trempa jusqu'au dernier fil, la sueur jusqu'au dernier poil (FLAUB., Champs et grèves, 1848, p. 304). La pesante masse (...) s'immergea lentement, expulsant hors de la baignoire l'équivalent de son volume d'eau, qui jaillit de tous les côtés, trempant les porteurs, inondant le sol jusqu'au couloir (MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p. 1283).
Au part. passé. Chevaux trempés de sueur; yeux trempés de larmes. Je les ai vu ramer [les galériens] tout nus, brûlés par le soleil, trempés par la vague (AYMÉ, Vogue, 1944, p. 78).
2. Qqc.2 trempe qqc.1 Humidifier, mouiller abondamment. Le chemin était trempé par la pluie (MUSSET, Mouche, 1854, p. 289).
P. métaph. Le soleil, héros de toutes les fêtes de la ruche, pénètre à petits pas craintifs et trempe d'ombre et d'azur les murailles de cire et les rideaux de miel (MAETERL., Vie abeilles, 1901, p. 228).
Au part. passé. Chemin, jardin trempé de pluie; linge trempé de sang:
La Seine, lourde, coulait, triste et boueuse des pluies dernières, entre ses berges rongées par les crues de l'hiver; et toute la campagne trempée d'eau, semblant sortir d'un bain, exhalait une saveur d'humidité douce sous la tiédeur des premiers jours de soleil.
MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Hérit., 1884, p. 519.
P. métaph. Campagne trempée d'aurore. Comment renoncer à tant de lumière? (MAURIAC, Th. Desqueyroux, 1927, p. 255).
Empl. pronom. à sens passif. Le banc, mal aplani, se trempait d'une humidité si gluante, qu'ils devaient se tenir fortement pour ne pas glisser (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1573).
II. — Empl. intrans.
A. — Qqc.1 trempe dans qqc.2 Être plongé dans l'eau, dans un liquide, en totalité ou en partie et pour un certain temps. La Flandre, la moitié de la France, sont plongées dans les brouillards; Venise elle-même trempe dans les lagunes (BAUDEL., Salon, 1846, p. 104). Elles sont là [les bougies], l'une à droite, l'autre à gauche d'une soucoupe où une branchette verte trempe dans de l'eau (RAMUZ, Gde peur mont., 1926, p. 209).
— [P. méton.] Être plongé dans un contenant. Tremper dans un vase. Les fleurs coupées trempent à la cave dans des seaux d'eau fraîche (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 279).
Faire tremper, mettre (à) tremper qqc. Plonger dans l'eau pour rafraîchir, assouplir, attendrir, etc. Faire tremper du contre-plaqué. Avant de les employer [les tiges], on les met tremper dans l'eau, si elles ne sont plus vertes (NOSBAN, Manuel menuisier, t. 2, 1857, p. 229). P. ell. Nous allâmes nous installer derrière le Vert-Galant, sur la berge de la Seine (...).Tu as de la ficelle? me demanda Modigliani.Non, pourquoi faire?Ben, pour aller tremper les bouteilles au frais, il fait chaud (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 200).
Faire tremper, mettre à tremper (du linge). Plonger dans l'eau, dans la lessive pour décoller les impuretés. Essanger le linge, c'est le mettre à tremper longuement, avant lessivage, dans un bain d'eau alcaline ou savonneuse (Lar. mén. 1926, p. 193).
Faire tremper (les légumes, les fruits secs). Réhydrater avant la cuisson. Les pois chiches doivent tremper longtemps dans l'eau froide avant d'être préparés comme les haricots (Ac. Gastr. 1962, s.v. pois chiche).
P. anal. Baigner dans une source de lumière, de couleurs. Des lignes d'arbres, à la verdure jaune et chaude encore de soleil, trempent et baignent dans la chaleur et la poussière des tons du soir (DU BOS, Journal, 1921, p. 8).
B. — Au fig. [Le suj. désigne une pers.] Tremper dans
1. Baigner, être plongé dans un milieu déterminé. Oui, notre génération a trempé jusqu'au ventre dans le romantisme, et nous en sommes restés imprégnés quand même (ZOLA, L'Œuvre, 1886, p. 391). J'ai trempé dans l'humanité vulgaire; j'en ai souffert (BARRÈS, Homme libre, 1889, p. 226).
2. [Le compl. prép. désigne gén. un acte à valeur nég.] Participer à, être impliqué, compromis dans, être mêlé à. Synon. arg. être mouillé dans, se mouiller. Tremper dans un assassinat, dans un complot, dans une conjuration, dans une conspiration, dans un crime. N'avait-il pas trempé dans une affaire de drogues, de suicide, l'autre année? (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 220).
REM. 1. Trempabilité, subst. fém., technol. ,,Propriété que possèdent une grande partie des métaux ferreux, et particulièrement les aciers. On dit qu'ils prennent la trempe`` (BOISSIER 1975). 2. Trempant, -ante, part. prés. en empl. adj., métall. (Acier) trempant. (Acier) apte à subir le traitement de la trempe. L'acier le plus généralement employé [pour les matrices] est l'acier trempant, au carbone (CHAMPLY, Nouv. encyclop. prat., t. 15, 1927, p. 198). Si le métal s'est rompu, c'est qu'il a pris la trempe et que, par conséquent, on a affaire à un acier dur; si, au contraire, l'éprouvette s'est repliée sur elle-même, c'est que l'acier est de nuance douce non trempante (BARNERIAS, Aciéries, 1934, p. 154). 3. Trempoter, verbe trans., rare. Tremper légèrement à plusieurs reprises. Les invités, tout en mangeant des gâteaux secs qu'ils avaient d'ailleurs la faculté de trempoter dans de l'orangeade, parlèrent avec bruyance de leurs petites affaires (GALIPEAUX, Souv., 1931, p. 175).
Prononc. et Orth.:[], (il) trempe []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) 3e quart XIVe s. verbe trans. « plonger dans un liquide » (TAILLEVENT, Viandier, p. 9); b) 1568 tremper son épée dans le sang de qqn (GARNIER, Porcie, éd. W. Foerster, I, p. 57); 1637 tremper ses mains dans le sang (de qqn) (CORNEILLE, Le Cid, V, 1); c) 1870 tremper ses lèvres dans (ARÈNE, J. des Figues, p. 95); 2. a) 1306 « diluer le vin en y versant de l'eau » (JOINVILLE, St Louis, éd. N. de Wailly,23, p. 12); b) 3e quart XIVe s. « imbiber d'un liquide » (TAILLEVENT, op. cit., p. 221); 1547 tremper la soupe (N. DU FAIL, Propos rustiques, éd. J. Assézat, p. 93); c) 1723 impr. tremper le papier (M. FERTEL, La Sc. prat. de l'impr., p. 251); d) 1924 part. passé subst. peinture au trempé (COFFIGNIER, Coul. et peint., p. 603); 3. 1508 « soumettre un métal à l'opération de la trempe » (Comptes de dépenses de la construction du château de Gaillon, éd. A. Deville, p. 130); 1872 tremper à blanc (LITTRÉ); 4. 1613 esprit trempé (M. RÉGNIER, Satyre, XV ds Œuvres, éd. G. Raibaud, p. 202); B. Verbe intrans. 1. a) 3e quart XIVe s. « rester plongé dans un liquide » (TAILLEVENT, op. cit., p. 37); b) 1616 tremper en « être mêlé à quelque chose » (D'AUBIGNÉ, Hist., I, 234 ds LITTRÉ); 1640 tremper dans « id. » (ABLANCOURT, Annales de Tacite, l. 6 ds RICH. 1680); 1677 tremper dans le sang « être responsable d'un meurtre » (RACINE, Phèdre, I, 3); 2. 1876 techn. « enduire de colle, de pâte les parties à coller d'un livre » (Lar. 19e). C. Verbe pronom. 1. 1637 « s'imbiber, se mouiller » (CORNEILLE, Le Cid, III, 6); 2. 1876 « se plonger, prendre un bain de courte durée » (Lar. 19e). Issu par métathèse du r, de temprer, tenprer, formes usitées en a. et m. fr., ca 1155 « adoucir l'eau d'un bain » (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 8072), « mélanger, modérer, soumettre un métal à l'opération de la trempe », « plonger dans un liquide » (XIIe-XIVe s. ds GDF., T.-L.), v. FEW t. 13, 1, p. 168a-175a, du lat. temperare (v. tempérer). Fréq. abs. littér.:925. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1 006, b) 1 460; XXe s.: a) 1 929, b) 1 127.
DÉR. 1. Tremperie, subst. fém., impr. Local d'une imprimerie où l'on trempe le papier. Le Compositeur doit aller chercher les paquets à distribuer dans les armoires, ou les formes qui sont encore dans la tremperie (BERTRAND-QUINQUET, Impr., 1799, p. 60). []. Att. ds Ac. dep. 1835. 1res attest. 1667 « endroit où l'on prépare l'indigo dans une indigoterie » (G. DU TERTRE, Hist. génér. des Antilles, II, p. 109 ds ARV., p. 481); 1769 « endroit d'une imprimerie où l'on trempe le papier » (Encyclop., Planches, t. 7, p. 7); de tremper, suff. -erie. 2. Trempeur, subst. masc. a) Rare. Celui qui trempe quelque chose. [À MmeEdmond Rostand:] On ne savait plus. On barbotait. L'invasion du socialisme au théâtre déroutait les plus artistes. L'artiste devrait-il donc s'occuper désormais de ce qui ne le regarde pas (...) Aurions-nous des Musset économistes, des Marivaux apôtres et trempeurs de soupes populaires? (RENARD, Corresp., 1897, p. 184). b) Technol. Ouvrier qui exécute le traitement de la trempe en métallurgie, imprimerie, etc. Trempeur en pièces mécaniques; trempeur-apprêteur de fleurs artificielles (Mét. 1955). []. 1re attest. 1611 (COTGR.); de tremper, suff. -eur2.
BBG. — BOGACKI (Kr.). Les Prédicats locatifs stat. en français... Warszawa, 1977, p. 71. — GOHIN 1903, p. 371. — NIGRA (C.). Metatesi. Z. rom. Philol. 1904, t. 28, p. 3.

tremper [tʀɑ̃pe] v.
ÉTYM. Déb. XIIIe; altér. de temprer « mélanger », fin XIe; du lat. temperare. → Tempérer.
———
I V. tr.
1 Vx. Modérer par un mélange.Mod. || Tremper son vin, le mélanger avec de l'eau. Couper.
2 Imbiber d'un liquide. Imprégner, mouiller. || Tremper la soupe : verser le bouillon sur le pain.Techn. || Tremper des couleurs. Détremper. || Tremper le papier avant l'impression. Trempage. — ☑ Littér. Tremper son mouchoir (de ses larmes), pleurer.
Cour. Imbiber, mouiller (le sujet désigne un liquide). || La vague écumait (cit. 1) et nous trempait de ses jaillissements. Arroser, doucher. || La pluie trempe la terre. Détremper. || L'eau trempe le bois d'orme (cit. 2). Pénétrer. || Sueur qui trempe la chemise. Humecter (→ Perler, cit. 4).
1 Sans doute avait-elle oublié, en partant, de fermer la fenêtre : une averse, la veille, avait trempé le parquet (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 78.
3 (1530; temprer, 1216). Cour. Faire entrer (un solide dans un liquide). Plonger. — (Pour imbiber). || Tremper une compresse dans l'eau. || Tremper dans l'eau bouillante (ébouillanter, échauder). || Tremper du pain dans du vin. Trempette (et aussi mouillette). || « Marie trempe ton pain, Marie trempe ton pain dans ta soupe (…) » (chanson). — (Pour enduire). || Tremper un pinceau dans des couleurs (→ Coloris, cit. 1). || Tremper sa plume dans l'encre, et, par ext., dans l'encrier (→ Table, cit. 12). — ☑ Fig. Tremper sa plume (cit. 17) dans le poison, le fiel.Au p. p. || Flèche trempée dans le curare (→ Convulsif, cit. 3).
2 La femme avait trempé le coin de son tablier dans du vinaigre et m'en frottait le nez et les tempes.
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 509.
3 Çà et là, seul à une table, un gaillard, en blouse, trempe de grosses tranches de pain dans sa soupe, comme un roulier.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XIX, p. 258.
Baigner, immerger (sujet n. de personne, compl. désignant une partie du corps ou un attribut du sujet). || Tremper ses pieds dans l'eau (→ Enivrer, cit. 28; prendre, cit. 72). || Tremper ses lèvres dans une boisson (→ Effluve, cit. 4), commencer à la boire, y goûter, la boire du bout des lèvres.Se tremper la tête dans l'eau (→ Gras, cit. 29). — ☑ Fig. Tremper ses mains dans le sang : tuer, commettre un meurtre. || Tremper son nom dans la boue (→ Infect, cit. 2).
4 Ô Télémaque, craignez de tomber dans les cruelles mains de Pygmalion, notre roi : il les a trempées, ces mains cruelles, dans le sang de Sichée, mari de Didon, sa sœur.
Fénelon, Télémaque, III.
5 Adieu ! et trempez-le dans la mare, pour le baptiser, votre enfant de sauvages !
Zola, la Terre, III, VI.
6 (…) le bon frère, assis dans la cendre, se trempa la barbe en silence dans le bouillon aromatique.
France, la Rôtisserie de la Reine Pédauque, V, Œ., t. VIII, p. 38.
7 (…) elle trempait son front, son buste, dans le clair de lune glacé.
F. Mauriac, le Nœud de vipères, XX.
4 (XIIe, tenprer). Techn. Plonger (l'acier porté à une haute température) dans un bain froid pour le rendre plus dur et plus élastique. Trempe. || Acier qui s'envoile quand on le trempe.
(Avant 1613, au p. p.). Fig., littér. Douer de fortes qualités morales ( Trempe, I., 2.). Affermir, aguerrir, durcir, endurcir, façonner, fortifier. || L'humilité trempe les forts (→ Circonvenir, cit. 3). || L'expérience l'a trempé.
———
II V. intr.
A (1549; tempreir, XIIIe).
1 Rester plongé (dans un liquide). || Les fleurs trempent dans l'eau d'un vase, par ext., dans un vase (→ Égueulé, cit. 1). Baigner. || Cuir qui trempe dans la saumure (→ Férule, cit. 1). || Faire tremper du linge, mettre du linge à tremper, le laisser longtemps dans l'eau ou la lessive avant de le frotter. Trempage.Faire tremper des aliments. Macérer, mariner. || Faire tremper des légumes secs, des aliments déshydratés, pour qu'ils reprennent leur eau, de la morue, pour la dessaler.
8 — J'irai cueillir des fleurs, je les mettrai tremper pour empêcher qu'elles se fanent (…)
C.-F. Ramuz, la Grande Peur…, IV.
Par anal. || Tremper dans une atmosphère de futilité (cit. 2). Baigner.
2 (Fin XVIe, tremper en). Fig. || Tremper dans… (une affaire malhonnête, un crime…) : être impliqué dans…, participer à…, être complice de… || Tremper dans une conspiration (cit. 1), une affaire suspecte (→ Périlleux, cit. 1). Fricoter. || Quelques casuistes (cit. 1) ont trempé dans ces corruptions. || Il ne veut pas tremper là-dedans. Mouiller (se).Tremper dans le bain.
9 (…) il serait fort étrange que ma fille eût trempé dans ce crime.
Molière, l'Avare, V, 3.
10 (…) Houten avait aussi quelque chose à faire avec la Deutsche Bank, l'Allemagne (…) N'avait-il pas trempé dans une affaire de drogues, de suicide, l'autre année ?
Aragon, les Beaux Quartiers, II, VI.
B (1876). Techn. Enduire de pâte, de colle, les parties à coller d'un livre. || Tremper gras, maigre, encoller largement, légèrement.
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se tremper. v. pron.
1 S'imbiber, se mouiller. || Tout se trempait dans l'averse (→ Gonfler, cit. 34).
2 Se plonger. || Se tremper dans un bain acidulé (cit. 2).Prendre un bain de très courte durée. Trempette (faire).
11 (…) chacun de nous, chaque dimanche, allait se rouler sur l'herbe ou se tremper dans l'eau dans les campagnes environnantes.
Maupassant, Toine, Le père Mongilet.
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trempé, ée p. p. adj.
1 (1673). Vieilli. Coupé d'eau. || Vin trempé.
2 (1559). Imbibé. || Pain trempé de cidre (→ Picorer, cit. 3).Par métaphore et vx. || Un style acerbe, trempé dans le fiel.Très mouillé. || Herbes (cit. 14) trempées de rosée. || Visage trempé de larmes, de pleurs, de sueur (→ Essuyer, cit. 4). Dégouttant; inondé, ruisselant. (1669). Très mouillé par la pluie. || Être trempé (→ 3. Mal. cit. 21), trempé des pieds à la tête (→ Ouragan, cit. 1), jusqu'aux os (→ Cérémonie, cit. 5). Percer. — ☑ Fam. Trempé comme une soupe.Par extension :
12 Les feuillages étaient comme trempés de lumière. Toute la nature avait la joie profonde du matin.
Hugo, Quatre-vingt-treize, I, IV, V.
13 (…) presque chaque jour la pluie me surprenait dans le jardin; trempé, je rentrais me sécher devant le feu de la cuisine !
Gide, Isabelle, V.
3 (XIIe, tenpré). Durci par la trempe. || Acier trempé, verre trempé. || Une épée (cit. 5) bien trempée. (Av. 1613). Fig., littér. Aguerri, énergique, fort. || Caractère bien trempé.
14 (…) les hommes trempés comme Tartarin ne se laissent pas facilement abattre.
Alphonse Daudet, Tartarin de Tarascon, II, VII.
CONTR. Éponger, essuyer, sécher.
DÉR. Trempabilité, trempage, trempant, trempe, trempé, trempée, trempette, trempeur, trempis, trempoir.
COMP. Attremper, détremper, retremper.

Encyclopédie Universelle. 2012.