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tendu

tendu, ue [ tɑ̃dy ] adj.
nerfs tendus XIe-XIIe; de 1. tendre
1Rendu droit par traction. Corde tendue. Toile tendue sur un châssis. Muscles tendus. contracté. Jarret tendu.
Ressort tendu, remonté.
Tir tendu, dont la trajectoire, ou une partie, est proche d'une droite (opposé à courbe) .
2(XVIIe) Fig. Esprit tendu, volonté tendue, qui s'applique avec effort à un objet. — (Personnes) Dans un état de tension morale. contracté, stressé. « Il est tellement préoccupé, tendu, irritable » (Aymé). Vous êtes tout tendu, détendez-vous ! Visage, traits tendus. crispé, tiré.
3Qui menace de se dégrader, de rompre. difficile. Avoir des rapports tendus avec qqn. Situation politique tendue.
4Que l'on tend, que l'on avance. « le doigt tendu vers moi » (Camus). pointé. Loc. À bras tendus : à bout de bras. Poings tendus, levés. Politique de la main tendue.
5Phonol. Se dit d'un phonème dont l'articulation se caractérise par une déformation plus grande de l'appareil vocal (opposé à lâche) par rapport à sa position de repos.
⊗ CONTR. Ballant, 1. flasque, lâche. Décontracté, détendu, 1. serein.

tendu Participe passé de tendre.

tendu, ue
adj.
d1./d Qui subit une tension. Ressort tendu.
|| Fig. Avoir l'esprit tendu. être tendu nerveusement.
d2./d Fig. Rendu difficile par une mauvaise entente. Rapports tendus. Situation tendue.
d3./d LING Se dit de sons articulés avec une grande tension des organes. Consonne tendue.

⇒TENDU, -UE, part. passé, adj. et subst.
I. — Part. passé de tendre1.
II. — Adjectif
A. — 1. [En parlant d'une chose susceptible de déformation]
a) [En parlant d'un objet élastique, extensible] Qui a subi une traction l'éloignant de sa forme initiale, qui a pris une forme plus allongée ou rebondie. Synon. bandé, distendu, étiré; anton. détendu, flasque1, lâche, relâché. Arc, ressort tendu (à craquer). Haudouin évaluait avec tendresse les formes pleines et lourdes (...) la poitrine forte (...), le ventre qui bombait haut sous la culotte tendue aux hanches (AYMÉ, Jument, 1933, p. 301). Un même nœud, situé sur une poutre soumise à la flexion, se comportera de façon différente suivant qu'il est placé du côté tendu ou du côté comprimé (CAMPREDON, Bois, 1948, p. 44).
b) [En parlant (d'une partie) du corps] Qui a pris des formes plus pleines, bombées, un relief plus accusé.
— [Sous l'effet d'un effort partic., d'exercices réguliers, etc.] Synon. arc-bouté, arqué, contracté, courbé. Jarret tendu. [David] préféra les corps aux muscles saillants, tendus, aux formes « ressenties » (HOURTICQ, Hist. art, Fr., 1914, p. 315). Le buste tendu comme un arc, les reins cambrés, la jambe allongée et levée en arrière (BOURGAT, Techn. danse, 1959, p. 86).
— [Sous l'effet d'une cause physiol., pathol. ou de l'embonpoint] Synon. arrondi, enflé, œdémateux; anton. affaissé, pendant1. Mamelle tendue; ventre tendu. Les gens de maison prenaient vite de l'embonpoint. Les paysans (...) leur disaient: « Tu as la peau tendue, tu deviens luisant comme un sou » (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 177). Un sein de nourrice, lourd, gonflé, tendu, sensible et congestionné (QUILLET Méd. 1965, p. 502).
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Devant ce tendu, ce plein et ce délié (d'une jeune fille), cette provocation involontaire, je songeais aux dessins que Boucher fit de Louise O Marphy (COLETTE, Képi, 1943, p. 96).
P. méton.
PATHOL., vieilli. Pouls tendu. ,,Celui dans lequel l'artère paroît tirée par deux forces opposées. (...) aussi appelé pouls nerveux`` (NYSTEN 1814). Les pulsations doivent se suivre à un rythme régulier (...). Le pouls ne doit être ni trop fort, ni pas assez (...). Trop fort, il est dit tendu. Nous trouvons le pouls tendu dans le cas d'inflammations aiguës, risques de congestion (GARCIN, Guide vétér., 1944, p. 186).
PHONÉT. [En parlant d'un phonème] ,,Trait de sonorité caractérisant les phonèmes dont l'articulation nécessite une tension musculaire relativement longue. En français, le [] du mot tête est tendu`` (PHÉL. Ling. 1976). Anton. lâche, relâché. Articulation tendue. Une voyelle est dite tendue et comporte une netteté particulière de prononciation lorsqu'une certaine tension de muscles de la langue donne à cet organe une forme convexe (MAR. Lex. 1933, p. 194).
Domaine musical. Une voix de chanteur, élancée, grêle et tendue, une voix de tête, déchirante et tendre (GONCOURT, Sœur Philom., 1861, p. 54).
2. Au fig. [En parlant d'une pers., de son état d'esprit, d'une chose abstr.]
a) Qui concentre toutes les/ses facultés d'attention, de réflexion pour les appliquer intensément, obstinément à tel objet. Esprit, volonté tendu(e) (à se rompre). Il ne voulait pas se laisser distraire une seconde de cette lutte pressante qu'il menait contre la mort. (...) le cerveau tendu, tous les muscles prêts à la parade, il ne quittait pas son malade de l'œil (MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p. 1289):
[Le doute cartésien] apparaît avant tout comme un parti pris héroïque de la volonté pour s'élever du monde corporel au monde spirituel (...): le doute (...) est bien œuvre de volonté. C'est un exercice tendu.
LACROIX, Marxisme, existent., personn., 1949, p. 79.
P. méton.
[En parlant de l'aspect extérieur, du comportement] Qui exprime une attention aiguë, une volonté opiniâtre. Visage tendu. Le regard reste tendu, en garde, effrayant d'attention, car il attend le coup qu'il ne devine pas (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 116). Le geste court et sec de la main disait l'homme autoritaire. Le front tendu affirmait la volonté (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 311).
♦ [En parlant (d'un aspect) d'une œuvre artist.] Qui marque ou demande une attention soutenue, une volonté qui ne se relâche pas. C'est dans toutes ces parties [l'Enfer] qu'il faudrait absolument le charme des vers pour rafraîchir et égayer le récit: cette prose tendue ne laisse aucune trêve (SAINTE-BEUVE, Chateaubr., t. 2, 1860, p. 44). Le dialogue de théâtre (...) est plus ramassé, plus dense, plus tendu et survolté que le dialogue romanesque: il mobilise davantage toutes les forces du spectateur (SARRAUTE, Ère soupçon, 1956, p. 112).
b) Qui se trouve dans un état de grande tension nerveuse, qui est fortement préoccupé. Synon. angoissé, anxieux, énervé, soucieux; anton. calme2, décontracté, détendu, paisible, serein1. Ses nerfs tendus, vibrants sans cesse, la faisaient vivre en une agitation constante et intolérable (MAUPASS., Une Vie, 1883, p. 114). Pendant tout le temps qu'il prépare son réquisitoire, il est tellement préoccupé, tendu, irritable (AYMÉ, Tête autres, 1952, p. 22).
P. méton.
[En parlant de l'aspect extérieur, du comportement] Qui dénote la nervosité, l'inquiétude. Viviani (...) qui ne parle dans ses beaux discours d'une manière si tendue et si rapide que parce qu'il est contracté et désireux d'en finir (BARRÈS, Cahiers, t. 5, 1907, p. 111). [Les ouvriers] ont tous un air sombre et tendu, mais Pierre ne s'aperçoit pas tout de suite de leurs regards durs et méfiants (SARTRE, Jeux sont faits, 1947, p. 152).
♦ [En parlant (d'un aspect) d'une œuvre artist., d'une forme d'expr. verbale] Qui marque un tempérament tourmenté, un état d'énervement. Ghirlandajo est un décorateur. Son style est trop tendu pour raconter la paix des soirs (...). Il est inquiet, le drame rôde (FAURE, Hist. art, 1914, p. 381). Un rien éveille ses craintes ridicules... Les mots les plus innocents et les plus confiants sont suspectés. L'entretien est tout de suite tendu, épineux (CHARDONNE, Épithal., 1921, p. 274).
♦ [En parlant de la conjoncture, de rapports interindividuels ou sociaux] Qui est tiraillé entre des forces contradictoires jusqu'à menacer de se détériorer en un conflit ouvert. Synon. critique2, difficile. Atmosphère tendue; rapports tendus. Chaque jour, la situation entre les époux devenait plus tendue, plus insoutenable. Un éclat qui devait tout briser, était imminent (ZOLA, Th. Raquin, 1867, p. 208). L'armée sarde n'est plus sous les ordres du général autrichien, mais on est en bons termes avec le général Colli qui la commande. Les relations sont moins tendues (FOCH, Princ. guerre, 1911, p. 69).
P. anal. [En parlant de conditions atmosphériques] Qui laisse prévoir des intempéries, de l'orage. Synon. menaçant. Le temps est tendu, le vent aigre (MICHELET, Journal, 1858, p. 396).
c) Péj. Qui a un caractère forcé, contraint, trop rigide, manquant de souplesse, de naturel. Synon. affecté1, gourmé; anton. familier, gracieux, spontané. Il n'était pas (...) toujours hérissé, tendu, retranché derrière des principes auxquels on ne pouvait toucher sans blesser son infernal orgueil (MAUROIS, Ariel, 1923, p. 53). Grâce à la maladie, il avait découvert (...) un monde neuf; (...) il eut des jugements moins tendus, des idées plus abandonnées. Il semblait amusé par le mouvement de la vie (LACRETELLE, Am. nupt., 1929, p. 19).
— [P. méton.; en parlant (d'un aspect) d'une œuvre artist., d'une forme d'expr. verbale] Qui marque l'effort, une recherche excessive. Synon. appliqué, apprêté, emphatique, étudié, laborieux, recherché, solennel. Le principal mérite de madame de Staël est de bien peindre les hommes avec lesquels elle a dîné (...) mais combien son style tendu et visant à l'effet est au-dessous de sa charmante et entraînante conversation (STENDHAL, Corresp., t. 2, 1818, p. 84). Rien de tendu, rien de guindé [dans la Nuit du Corrège], point de fausse grandeur, partout la grâce la plus aimable (GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p. 238).
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Je lis les Burgraves. La lecture leur est plus favorable que la représentation: c'est exagéré, et à la scène les acteurs exagèrent encore (...). À la lecture, (...) le tendu accable moins (SAINTE-BEUVE, Corresp., t. 5, 1843, p. 87).
B. — 1. a) [En parlant d'une chose souple] Qui est étalé et fixé par ses deux extrémités, par son pourtour ou par toute sa surface, de façon à éviter les plis, les affaissements et à présenter une apparence plane. Synon. déplié, tiré; anton. ballant, flottant. Corde, toile tendue; linge tendu; tendu sur un cadre. On recouvre d'abord la table d'un épais molleton, bien tendu et attaché avec soin (...). La nappe, mise par-dessus, est tendue sans plis (Lar. mén. 1926, p. 1102). Un fil tendu nous donne l'image d'une ligne droite (ROUX, MIELLOU, Géom., 1946, p. 7).
b) P. méton.
— [En parlant de murs, d'une pièce, d'un meuble] Recouvert d'un papier, d'un tissu, etc. bien étalé, fixé à son pourtour ou par toute sa surface. Mur, salon tendu d'/en étoffe, de papier. Une chambre en mansarde tendue de ce papier jaune à bouquets de fleurs qui tapisse les guinguettes (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 75). Un pouf tendu « en blanc » et recouvert provisoirement d'un tapis de table (FEYDEAU, Dame Maxim's, 1914, I, 1, p. 4).
Empl. abs. Un petit boudoir en sous-sol fort coquettement tapissé et tendu (A. DAUDET, Rois en exil, 1879, p. 244).
— [En parlant de murs, d'une pièce] Garni de tapisseries, de voiles, etc. suspendus. Il règne ici dans un palais de légende (...). Le voilà dans sa grande salle toute tendue de prodigieuses vieilleries persanes (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p. 38).
— [En parlant de murs, de fenêtres, de portes, de la façade d'une maison, d'un édifice public ou d'un véhicule] Garni de tentures mobiles en signe d'apparat (fête ou deuil). Église tendue de/en noir. Ces enterremens faits à la lueur des flambeaux, (...) cette file prolongée de chars tendus de noir, (...) ces chevaux parés de plumes et de draperies funèbres (CHATEAUBR., Génie, t. 2, 1803, p. 323). Louis-Philippe (...) fut reçu sous un arc de triomphe (...). Toutes les maisons étaient tendues de draperies aux trois couleurs (MAUROIS, Sil. Bramble, 1918, p. 220).
Empl. abs. Minuit. La voûte est comme une église tendue (SAMAIN, Chariot, 1900, p. 137).
c) BALIST., DÉFENSE. Tir tendu; trajectoire tendue. Tir, trajectoire approchant de la ligne droite. — (...) les pièces de marine, mon général? (...)(...) elles ont une trajectoire beaucoup trop tendue; surtout pour un pays à fortes dénivellations comme celui de Verdun (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p. 82). L'armement comprenait (...) une DCA rapprochée (20 et 40 millimètres) à grand débit et à tir tendu, destinée à repousser les bombardiers attaquant en piqué (LE MASSON, Mar., 1951, p. 16).
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. À contrepente, difficile à atteindre parce qu'il faudrait raser au poil la crête et que la trajectoire du 105, (...) c'est du tendu (ARNOUX, Roy. ombres, 1954, p. 44).
P. anal., SPORTS. Si le contact s'effectue dans l'axe du ballon (...), la force étant orientée perpendiculairement à l'horizontale, la trajectoire de la balle est tendue (J. MERCIER, Footb., 1966, p. 44).
2. [En parlant d'une partie du corps] Qui est déployé au maximum, de façon à paraître tout à fait rectiligne, lisse. Synon. raide, raidi; anton. fléchi, plié, replié. Les cadavres ont les chairs raides et tendues (ARNOUX, Abisag, 1919, p. 196). On veut que les jambes soient bien tendues, comme l'exigent les positions fondamentales (...), les phalanges tendues, rigides, rapprochées; ainsi « pique-t-on » de la pointe (Arts et litt., 1935, p. 46-1).
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Cette netteté du teint et cette pureté de formes, j'entends cet arrêté, ce tendu de la peau qui n'appartient qu'à une vierge (DELACROIX, Journal, 1824, p. 44).
3. Au fig. Qui ne souffre aucun relâchement, qui est très serré. Pour avoir des horaires tendus, il faut que le démarrage se fasse avec le maximum d'accélération acceptable (BAILLEUL, Matér. roulant ch. de fer, 1951, p. 151).
C. — 1. [En parlant d'une chose concr.] Qui a été déployé, disposé pour servir à un certain usage. Synon. déroulé, éployé, établi. Ils nous priaient (...) de les suivre dans l'intérieur de la forêt, où leur camp était tendu (...). Ils s'emparent d'un bois (..) et s'y établissent (LAMART., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 86). Ils franchirent le pont tendu sur le fleuve (JOUVE, Scène capit., 1935, p. 107).
Vieilli. Inondation tendue. Inondation étendue sur tel territoire (généralement par des moyens artificiels, avec un objectif stratégique). Toutes les inondations étaient tendues, les routes couvertes (...); tout était gelé. J'arrivai (...) devant Naarden, l'une des places les plus fortes de l'Europe (...); mais les eaux, qui étaient sa principale défense, lui devenaient inutiles (Mal J.-A. MACDONALD, Souvenirs, 1892 [1840], p. 40).
2. [En parlant d'un piège] Qui a été disposé à tel endroit pour attraper le gibier. Les poissons stupides bâillent dans les filets tendus (FAURE, Hist. art, 1909, p. 49). P. compar. Parmi les vieux brillait le vainqueur de Waterloo, qui promenait sa gloire comme un piège à femmes tendu à travers les quadrilles (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 101).
Empl. subst. fém.
CHASSE, vieilli. Forme de chasse qui utilise des pièges (notamment pour attraper des oiseaux). Synon. tenderie (dér. 2 a s.v. tendre1). Septembre et les vacances avaient ramené un plaisir (...): la tendue aux petits oiseaux. (...) il n'est pas de propriétaire qui ne façonne (...) de reginglettes (...). À ces engins viennent se prendre à foison rouges-gorges, fauvettes (THEURIET, Mariage Gérard, 1875, p. 139).
P. méton. Ensemble des pièges utilisés pour cette chasse. Tendues d'hiver. On comprend sous cette dénomination tous les piéges que l'on tend pendant l'hiver, lorsque la faim oblige les oiseaux à se rapprocher des habitations (BAUDR. Chasses 1834). Lieu où l'on a tendu des pièges pour pratiquer cette chasse. Synon. tenderie (dér. 2 a p. méton. s.v. tendre1). Parcourir les tendues (Lar. 19e). Je suis entré dans la tendue et arrivé à un rejet où une mésange, les pattes brisées, se débattait (GONCOURT, Journal, 1893, p. 457).
PÊCHE. Ligne de fond disposée sur le sable à basse mer ou à partir d'un bateau. Tendue sur palots (...). Les palots ne doivent pas être trop espacés pour que le poids de la corde (...) qui les joint, lui fasse faire une courbe qui touche terre (...). La Tendue se place à la mer basse, l'eau en montant (...) fait flotter les appâts (H. DE LA BLANCHÈRE, La Pêche et les poissons, 1885, p. 775).
D. — 1. [En parlant (d'une partie) du corps] Qui est porté dans une direction donnée. Elle était (...) dressée sur la pointe de ses petits pieds, le menton jeté en arrière, sa gorge tendue, offerte (...), elle n'y jeta pas la lame, elle l'y appliqua férocement (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 214). La position particulière du membre raidi et tendu en arrière précisera le diagnostic. Pour décrocher la rotule, essayer de faire porter légèrement en avant (GARCIN, Guide vétér., 1944, p. 181).
Le bras tendu (pour offrir, prendre qqc., indiquer une direction), les bras tendus (pour accueillir qqn). D'un geste large, le bras tendu, avec une sorte d'air noble (...), il offrit à Mélanie le journal (MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 739). Courant vers toi, mes bras tendus pour les nouer aux tiens! (CAMUS, État de siège, 1948, 1re part., p. 213). Le premier général, qui a le bras droit tendu devant soi et qui indique du doigt un point dans le vague (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 119). Loc. adv. ou adj. À bras tendu.
Le cou tendu (en signe de vive curiosité). Tous les regards sont émérillonnés, tous les cous tendus vers Rose (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 67).
Le doigt tendu.
La/les main(s) tendue(s) (pour mendier, prendre qqc. ou pour saluer, donner son adhésion). Marmots de cinq ans (...) les mains tendues vers le goûter distribué par la ménagère (GOBINEAU, Pléiades, 1874, p. 31). Il se leva, l'aimable garçon, d'un bond, et vint à ma rencontre, la main tendue, le pantalon tombé! Voilà où mène la cordialité! (L. DAUDET, Brév. journ., 1936, p. 48). (Politique de la) main tendue.
L'oreille tendue (en signe d'attention soutenue). Nous entendîmes très nettement deux grands coups (...) nous restâmes tous debout, aux aguets, l'oreille tendue (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 127).
Le(s) poing(s) tendu(s) (en signe d'hostilité, de menace). Les poings tendus, les bras levés au ciel, on voulut les effrayer. Ils demeurèrent impassibles (VILLIERS DE L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 169).
2. [En parlant d'une chose concr.] Qui est présenté à bout de bras. Le bond fut si rapide que Pierre eut à peine le temps d'allonger le bras, de recevoir la masse qui s'abattait (...) sur l'arme tendue au bout de ce bras (VOGÜÉ, Morts, 1899, p. 380). Cette allée aux bords (...) hérissés de bras, de cannes levées, de chapeaux tendus pour saluer l'événement (R. BAZIN, Blé, 1907, p. 258).
Au fig. Perche tendue. Occasion propice, moyen de secours moral. — Ils veulent vendre leur terre? Beppo saisit énergiquement la perche tendue et sentit qu'il allait faire plaisir à Marino.Pour ça non, capitaine (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 122).
3. Au fig. [En parlant d'une pers., de son esprit, d'une chose abstr.] Qui oriente ses forces affectives, morales, intellectuelles dans telle direction.
a) Tendu vers. Âme tendue vers (le but, le salut, etc.). Qu'il s'agisse d'amour maintenant en haleine les cœurs ou d'impudente lascivité, (...) d'amour divin, partout (...) j'ai trouvé le désir tendu vers un être semblable (G. BATAILLE, Exp. int., 1943, p. 185). Je connais (...) ces ancêtres, (...) mon moi d'hier (...), comme irréductiblement autres que le moi présent tendu vers le futur. La connaissance historique implique donc (...) un premier mouvement centrifuge (MARROU, Connaiss. hist., 1954, p. 246).
b) Vieilli. Tendu à. Dans ce monde moderne tout entier tendu à l'argent, cette tension à l'argent contaminant le monde chrétien même lui fait sacrifier sa foi et ses mœurs au maintien de sa paix économique et sociale (PÉGUY, Notre jeun., 1910, p. 146).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694 (1694-1878, part. passé; 1935, part. passé et subst.). Fréq. abs. littér.:3 541. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 2 127, b) 5 255; XXe s.: a) 6 940, b) 6 253. Bbg. DARM. 1877, p. 57 — QUEM. DDL t. 39.

Encyclopédie Universelle. 2012.