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difficile

difficile [ difisil ] adj.
• 1330; lat. difficilis
1Qui n'est pas facile; qui ne se fait qu'avec effort, avec peine. ardu, dur, laborieux, malaisé, pénible, et par exagér. impossible, infaisable. Affaire, entreprise, opération, travail difficile. Manœuvre longue et difficile. Ce n'est pas si difficile (cf. Ce n'est pas la mer à boire). « Que tout me paraît difficile ! J'avance pas à pas, peinant » (A. Gide). « Le proverbe dit que toutes les belles choses sont difficiles » (Alain). Difficile à (et inf.). Cela est difficile à faire, à réussir. Quel âge peut-il avoir ? — C'est difficile à dire. Impers. Il est difficile, il m'est difficile d'en parler. Subst. masc. « Le difficile dans la vie, c'est de prendre au sérieux longtemps de suite la même chose » (A. Gide).
2Qui demande un effort intellectuel, des capacités (pour être compris, résolu). Passage, texte difficile. abscons , compliqué, confus, embrouillé, ésotérique, impénétrable, inextricable, mystérieux, obscur. Problème difficile. fam. calé, coton, trapu. Le russe est plus difficile que l'espagnol, pour un francophone. Auteur difficile, dont les écrits sont difficiles à comprendre. Morceau de musique difficile (à exécuter). Un rôle difficile (à jouer). « La critique est aisée, et l'art est difficile » (Destouches). « La langue française est difficile. Elle répugne à certaines douceurs » (Cocteau).
3Qui présente un danger, une incommodité (accès, passage). Lieu d'accès difficile. Chemin, route, voie difficile. escarpé, impraticable, inaccessible; dangereux, périlleux.
4Qui donne du tourment. douloureux, pénible, triste. Position, situation difficile. délicat, embarrassant. Il y eut un moment difficile dans sa vie (cf. Un mauvais moment). Avoir des débuts difficiles.
Qui connaît des difficultés d'ordre public, sociales. Un quartier difficile. sensible.
5(Personnes) Qui n'est pas aisé, agréable à fréquenter. acariâtre, contrariant, exigeant, intraitable, irascible; et aussi difficultueux. Enfant difficile (à élever). capricieux. Humeur, caractère difficile. dur, mauvais, ombrageux. « Votre fille n'est pas si difficile que cela » (Molière).
Difficile à vivre.
6(Personnes) Qui n'est pas facilement satisfait; qui a des goûts exigeants. exigeant; délicat, raffiné. Être, se montrer difficile sur la nourriture. « Il ne faut pas être difficile sur les repas, lorsqu'on est si près de Sparte » (Chateaubriand). Être difficile dans le choix de ses relations.
Subst. Faire le (la) difficile (cf. Faire la petite bouche; faire le dégoûté).
⊗ CONTR. Facile; agréable, aisé, 1. commode, simple. Accommodant, aimable, conciliant.

difficile adjectif (latin difficilis) Qui n'est pas facile à réaliser, qui exige des efforts importants ; ardu, malaisé : Un morceau de piano difficile à jouer. Qui constitue une épreuve ; pénible, dur : Une situation financière difficile. Qui place quelqu'un dans une situation embarrassante : Il m'est difficile de lui refuser ce service. Qu'on a peine à satisfaire, à supporter : Il est difficile à vivre. Qui se montre exigeant, qu'il n'est pas facile de contenter : Être difficile sur la nourriture. Qui connaît de graves problèmes, notamment sociaux : Des quartiers difficiles.difficile (citations) adjectif (latin difficilis) François de Salignac de La Mothe-Fénelon château de Fénelon, Périgord, 1651-Cambrai 1715 Ce n'est pas le difficile, c'est le beau que je cherche. Lettre à l'Académie Ferdinand Foch Tarbes 1851-Paris 1929 Académie française, 1918 Ne me dites pas que ce problème est difficile. S'il n'était pas difficile, ce ne serait pas un problème. Paul Valéry Sète 1871-Paris 1945 Ce qui m'est difficile m'est toujours nouveau. Moralités Gallimard Aristote Stagire 384-Chalcis 322 avant J.-C. Plus une chose est difficile, plus elle exige d'art et de vertu. Éthique à Nicomaque, II, 3, 10 (traduction J. Voilquin) Rainer Maria Rilke Prague 1875-sanatorium de Val-Mont, Montreux, 1926 Il est bon d'être seul, parce que la solitude est difficile. Qu'une chose soit difficile doit nous être une raison de plus pour l'entreprendre. Es ist gut, einsam zu sein, denn Einsamkeit ist schwer ; daß etwas schwer ist, muß uns ein Grund mehr sein, es zu tun. Lettres à un jeune poète, 14 mai 1904 difficile (synonymes) adjectif (latin difficilis) Qui n'est pas facile à réaliser, qui exige des efforts...
Synonymes :
- calé (familier)
- complexe
- compliqué
- confus
- énigmatique
- hermétique
- obscur
- subtil
Contraires :
- accessible
- aisé
- clair
- commode
- compréhensible
- facile
- intelligible
- limpide
- simple
Qui constitue une épreuve ; pénible, dur
Synonymes :
- ardu
- délicat
- dur
- épineux
- ingrat
- inquiétant
- laborieux
- malaisé
- pénible
- préoccupant
- rude
- scabreux
- tragique
Contraires :
- aisé
- commode
- facile
- sûr
Qui place quelqu'un dans une situation embarrassante
Contraires :
- agréable
Qu'on a peine à satisfaire, à supporter
Synonymes :
- acariâtre
- impossible (familier)
- insupportable
- intraitable
- invivable (familier)
- irascible
- ombrageux
- revêche
Contraires :
- accommodant
- affable
- aimable
- chic (familier)
- complaisant
- conciliant
- gentil
Qui se montre exigeant, qu'il n'est pas facile de contenter
Synonymes :
- délicat
difficile nom Faire le (la) difficile, ne se montrer satisfait de rien, être trop exigeant. ● difficile (expressions) nom Faire le (la) difficile, ne se montrer satisfait de rien, être trop exigeant.

difficile
adj. (et n.)
d1./d Qui donne de la peine, exige des efforts; qui cause des soucis. Un chemin difficile. Une situation difficile.
d2./d Exigeant, délicat. être très difficile pour la nourriture.
|| Subst. Faire le (la) difficile: se montrer exigeant.

⇒DIFFICILE, adj.
A.— [En parlant d'un inanimé] Qui n'est pas facile, se fait avec effort, peine.
1. Employé seul
a) [En parlant d'actes, de faits] Qui exige un effort, de l'habileté ou une autre qualité particulière. Entreprise, mission, tâche difficile. Synon. ardu, compliqué, délicat, malaisé; anton. simple. Exercices difficiles [au violon] (cf. acrobatique ex. 5). Réussir au billard un coup difficile (cf. ARLAND, Ordre, 1929, p. 484) :
1. ... je me suis promis, toute petite fille encore que j'accomplirais une chose grande et difficile, que je me consacrerais à une de ces entreprises qui demandent une vie entière, que je ferais le sacrifice de ma vie, oui, que je donnerais toute ma vie à une œuvre de charité.
DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Combat contre les ombres, 1939, p. 186.
2. ... le sujet doit répartir en deux parts, dont l'une est destinée à l'éventuel partenaire, un travail composé d'éléments plus ou moins difficiles. Le paresseux donne au partenaire toutes les pièces difficiles.
MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 18.
SYNT. Maniement, manœuvre, travail difficile.
Spéc. [En parlant d'actes naturels] Qui se fait avec peine. Accouchement difficile; digestion, grossesse difficile. Synon. laborieux, lent, pénible. Mon sommeil est difficile, interrompu (MAINE DE BIRAN, Journal, 1816, p. 249).
[En parlant d'un franchissement, d'un passage] Qui présente des obstacles, des dangers. Abord, accès, passage difficile. Synon. dangereux, périlleux. Périlleuse et difficile navigation sur les côtes d'Asie (Voy. La Pérouse, t. 4, 1797, p. 198).
Au fig. Le passage de l'amour à l'amitié est toujours difficile (STAËL, Lettres jeun., 1791, p. 442).
P. ext. Route difficile. Nous étions dans un chemin très difficile, fort étroit, à la file les uns des autres (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 327).
b) P. anal. ou au fig.
[En parlant d'époques, de circonstances] Qui donne de la peine, des tourments. Circonstance, conjoncture, position, situation difficile; âge difficile; temps difficiles; avoir des débuts difficiles. Synon. embarrassant, délicat, pénible, périlleux, sombre. Des moments difficiles, des moments durs, des moments de misère (GONCOURT, Journal, 1879, p. 48) :
3. Le mal est que, des deux côtés, nous avons eu, tous deux, bien des années difficiles. Nous avons eu à lutter, à nous défendre; les ongles nous ont poussé comme à deux lionceaux qui, mis ensemble, réunis en bonne amitié, s'aiment et se griffent pourtant.
MICHELET, Journal, 1849, p. 638.
[En parlant d'œuvres de l'esprit] Dont la compréhension, l'interprétation, la solution exige une tension d'esprit, des qualités intellectuelles. Étude, problème, texte difficile. Synon. complexe, épineux. La langue chinoise, l'une des plus difficiles du monde (CHATEAUBR., Génie, t. 2, 1703, p. 419) :
4. ... l'examen n'était pas bien difficile; son cousin l'avait passé sans peine : on exigeait croyait-il, un peu de calcul, la connaissance du français et une bonne écriture.
FRANCE, La Vie en fleur, 1922, p. 439.
SYNT. Ouvrage, question, science difficile; sujet vaste et difficile. P. méton. auteur difficile. Celui dont les œuvres sont difficiles à comprendre.
P. ext. [En parlant d'obligations morales] Qu'on a du mal à assumer. Devoirs, vertus difficiles; morale difficile. Joies difficiles de l'amour et de la maternité (DU CAMP, Mém. suic., 1853, p. 123).
2. Difficile + prép. ou que, conj.
a) [Dans des tournures impersonnelles]
Il est difficile (à qqn) de + inf. Il est difficile pour ne pas dire impossible de; il semble, il devient de plus en plus difficile de; il m'est difficile d'accepter. « Le bonheur, disait M. n'est pas chose aisée. Il est très difficile de le trouver en nous, et impossible de le trouver ailleurs » (CHAMFORT, Caract. et anecd., 1794, p. 158). La conversation tomba tellement bas qu'il était difficile de la ramasser (CHAMPFL., Souffr. profess. Delteil, 1855, p. 104) :
5. ... vous l'avez juré, vous vivrez pour moi. Y a-t-il rien de plus misérable, que de songer sans cesse à quitter la vie? Pour un homme de votre caractère, il est si aisé de mourir! croyez-en votre sœur, il est plus difficile de vivre.
CHATEAUBRIAND, Génie du Christianisme, t. 1, 1803, p. 442.
6. ... s'il est difficile de définir la vie, il ne l'est pas moins de définir la mort. Rien n'est plus embarrassant, pour le biologiste, que de déterminer avec précision le moment où la vie abandonne un organisme.
J. ROSTAND, La Vie et ses problèmes, 1939, p. 107.
C'est difficile de + inf. Comme c'est difficile, d'être bon! et j'espère bien ne jamais y arriver (RENARD, Journal, 1905, p. 970) :
7. « Vous plaisantez sans doute, monsieur, mais il est vrai que tous les hommes ont droit à notre admiration. C'est difficile, monsieur, très difficile d'être un homme. »
SARTRE, La Nausée, 1938, p. 154.
P. ell. [Dans la conversation] C'est difficile; pas difficile! Raconte, ça ne sera pas difficile. Mais ce n'est pas tout de l'avoir [l'argent]. Il reste à le garder. Ça, c'est le plus difficile. C'est énormément difficile (DUHAMEL, Terre promise, 1934, p. 27).
C'est difficile à + inf. en emploi abs. C'est, ce n'est pas difficile à dire; cela est difficile à faire, à réussir, à savoir. C'est difficile à faire comprendre (SOULIÉ, Mém. diable, t. 1, 1837, p. 119). Rien n'est plus difficile à connaître que la constitution d'un individu donné (CARREL, L'Homme, 1935, p. 293).
Il est difficile que + verbe au subj. (rare). Il est bien difficile que vous vous trompiez (TOCQUEVILLE, Corresp. [avec Gobineau], 1858, p. 295).
SYNT. (pour l'ensemble des constr.) Difficile à/de comprendre, concevoir, croire, dire, expliquer, imaginer, penser, reconnaître, résister, trouver, etc.
b) Difficile à + inf. d'un verbe trans. (gén. sans expr. de l'agent). [Qualifiant un mot fonctionnant à la manière d'un compl. d'obj. dir. de cet inf.]
[Se rapporte à un subst. concr.] Métal difficile à travailler, à manier; mot difficile à prononcer (Ac. 1798-1878). Pilule difficile à avaler; chemin, route difficile à suivre. Appétit plus difficile à apaiser qu'à satisfaire (JOUY, L'Hermite, t. 2, 1812, p. 59). Revues difficiles à se procurer (DU BOS, Journal, 1924, p. 137).
[Se rapporte à un subst. abstr.] La chose est difficile à croire; sujet délicat difficile à traiter; terminologie difficile à comprendre. Texte difficile à expliquer (Ac. 1878-1932) Cf. abstrus ex. 9. La vérité d'abord est fort difficile à connaître, et il y a très peu d'hommes qui veuillent l'entendre (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 308) :
8. La civilisation, messieurs, est un de ces faits-là; fait général, caché, complexe, très difficile, j'en conviens, à décrire, à raconter, mais qui n'en existe pas moins, qui n'en a pas moins droit à être décrit et raconté.
GUIZOT, Hist. gén. de la civilisation en Europe, 1re leçon, 1828, p. 7.
P. ell. du verbe à l'inf. Demander l'orthographe des mots difficiles.
Proverbial et fig. Jeunesse est difficile à passer. ,,Dans la jeunesse, on a bien de la peine à modérer ses passions`` (Ac. 1835, 1878).
3. Emploi subst. masc. sing. avec valeur de neutre. Le difficile. Ce qui est difficile. Voilà le difficile à savoir; le difficile est de (cf. agacer ex. 9). Le difficile c'est de bouger d'ici; le plus difficile est fait, reste à faire :
9. En sortant du bureau du télégraphe, Leuwen eut l'idée de retourner chez M. l'abbé Disjonval. Le difficile était de retrouver la rue. Il se perdit en effet dans les rues de Caen et finit par entrer dans une église.
STENDHAL, Lucien Leuwen, t. 3, 1836, p. 159.
B.— [En parlant d'une pers., d'un animé]
1. Qu'on a peine à contenter. Critique, public difficile; se montrer difficile; n'avoir pas le droit d'être difficile. Eh bien! c'est fini [la guerre] Les chefs sont contents, nous n'avons pas besoin d'être plus difficiles qu'eux (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 131) :
10. ... il rioit des remarques que je faisois sur leur caractère, m'accusoit d'être trop difficile, et me prédisoit gaîment que je finirois comme la fille dont parle le bon La Fontaine.
FIÉVÉE, La Dot de Suzette, 1798, p. 25.
11. Après cela, j'ai été voir M. Fourcy. L'école polytechnique, les rhumatismes, et l'ode à un savant ont employé toute la visite. Ce qui m'a semblé plaisant, c'est que sa bégueule de femme n'était que médiocrement contente de certains vers et m'avouait qu'elle était fort difficile.
MICHELET, Journal, 1820, p. 121.
Difficile + prép. sur, dans (marquant l'obj. du contentement impossible) + subst. Être difficile sur le choix des mots (Ac. 1835-1932), dans le choix de ses relations.
Être difficile sur la nourriture. Souvent p. ell. gens difficiles; vous êtes difficiles! :
12. Emma devenait difficile, capricieuse. Elle se commandait des plats pour elle, n'y touchait point, un jour ne buvait que du lait, pur, et, le lendemain, des tasses de thé à la douzaine.
FLAUBERT, Mme Bovary, t. 1, 1857, p. 75.
[Avec l'art. déf.] Emploi subst. Faire le/la difficile. Se montrer dégoûté, délicat, dédaigneux. Mariez-vous. Ne faites pas la difficile (BALZAC, Mais. Nucingen, 1838, p. 630).
Spéc. [Sur la nourriture] Quoi? vous faites les difficiles? cette soupe est excellente (BAZIN, Vipère, 1948, p. 182).
2. Qui, par tempérament est peu agréable à ou pour son entourage. Quel ami quinteux et difficile! il a toujours quelque murmure sous la lèvre (M. DE GUÉRIN, Corresp., 1837, p. 297).
[P. méton. du subst.] Caractère, humeur, naturel difficile. C'était un homme simple et bienfaisant mais d'humeur changeante et difficile (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1950, p. 42).
Spécialement
Enfant difficile. Enfant qu'on n'élève pas facilement (cf. aussi LAFON 1963). Synon. indocile, insubordonné; anton. facile, obéissant :
13. Daniel se plaint que cet enfant soit difficile, désobéissant. Mais si ce petit a du caractère, comment s'en étonner? et puis, il faut qu'un garçon ait de l'énergie, de la volonté...
MARTIN DU GARD, Les Thibault, Épilogue, 1940, p. 856.
♦ [En parlant d'un animal, surtout d'un cheval] Dont les réactions sont imprévisibles, qui obéit mal. Cheval difficile. Taureau difficile (cf. MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 537). Si on pouvait me donner un animal un peu difficile, je serais enchanté (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, À cheval, 1883, p. 399).
3. Difficile à + inf. (gén. sans expr. de l'agent). Personne difficile à contenter, malade difficile à soigner; cheval difficile à ferrer, à monter. Je suis si difficile à connaître que je ne me connais même pas moi-même (FLAUB., Souv., 1841, p. 100).
Loc. [Avec l'inf. d'un verbe intrans.] Personne difficile à vivre. Personne peu sociable, peu disposée aux arrangements :
14. ... elle est difficile à vivre (...); elle ne se payera pas de cela. — Eh bien! mon cher, qu'elle nous fasse un procès! voilà qui arrangera tout le monde! un procès, deux procès, vingt procès! que les tribunaux retentissent de ses plaintes!
REYBAUD, Jérôme Paturot, 1842, p. 261.
15. Le Français a passé par bien des choses, par la révolution, par la guerre. Un tel homme à coup sûr est difficile à conduire, difficile à associer. Pourquoi? Précisément parce que, comme individu, il a beaucoup de valeur.
MICHELET, Le Peuple, 1846, p. 302.
En partic. Femme difficile à conquérir. [P. ell. de l'inf.] :
16. C'est pour cela que les femmes un peu difficiles, qu'on ne possède pas tout de suite, dont on ne sait même pas tout de suite qu'on pourra jamais les posséder, sont les seules intéressantes.
PROUST, Le Côté de Guermantes 1, 1920, p. 362.
Prononc. et Orth. :[difisil]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Av. 1380 « qui n'est pas facile » (BERSUIRE, Tite Live, ms. St Geneviève, f° 333 v° ds GDF. Compl.); p. ext. id. « difficile d'accès » (ID., ibid., f° 331a, ibid. : Lieus estroiz et difficilz); 2. 1587 « exigent, qui n'est pas aisé à contenter, à fréquenter » (LANOUE, Discours politiques et militaires ds LITTRÉ : Ceste superbe nation ferait la difficile à entrer en alliance avec les chrestiens); 1661 « qui donne de la peine » (CORNEILLE, Sertorius, 817 : De si hautes leçons, Seigneur, sont difficiles). Empr. au lat. class. difficilis « malaisé, pénible »; « chagrin, morose ». Fréq. abs. littér. :9 250. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 12 358, b) 11 296; XXe s. : a) 9 838, b) 16 825.

difficile [difisil] adj.
ÉTYM. 1330; lat. difficilis, de dis-, et facilis. → Facile.
1 Qui n'est pas facile; qui ne se fait qu'avec effort, avec peine. Ardu, délicat, dur, laborieux, malaisé, pénible, terrible, et, par exagér. impossible, infaisable; (fam.) coton, duraille, vache; → C'est le diable, la mer à boire. || Affaire, entreprise, opération, travail difficile. || Manœuvre longue et difficile.Difficile à… (et inf.). || Cela est difficile à faire, à exécuter, à réussir. || Ce n'est pas si difficile. → Il ne faut pas s'en faire une montagne. || Un temps difficile à passer (Académie). || Quel âge peut-il avoir ? C'est difficile à dire.Vieilli. || Difficile à qqn, difficile pour lui. → ci-dessous cit. 1. || C'est plus difficile à telle catégorie de personnes.Mod. (avec un pronom). || Il lui est, il m'est, il nous est difficile de… || Cela te sera difficile. || Il m'est difficile d'accepter. || Il m'est difficile de ne pas y aller, j'y suis obligé, contraint, forcé.
1 Rien ne pèse tant qu'un secret;
Le porter loin est difficile aux dames (…)
La Fontaine, Fables, VIII, 6.
2 Les fautes des sots sont quelquefois si lourdes et si difficiles à prévoir, qu'elles mettent les sages en défaut (…)
La Bruyère, les Caractères, XI, 62.
3 Sans être belle, elle avait une figure difficile à oublier, et que je me rappelle encore, souvent beaucoup trop pour un vieux fou.
Rousseau, les Confessions, I.
4 (…) il est aussi difficile et aussi rare de bien observer que de bien penser et de bien écrire.
Gide, Corydon, p. 132.
5 Que tout me paraît difficile ! J'avance pas à pas, peinant, à court de souffle, de joie, de ferveur.
Gide, Journal, 13 août 1927.
6 Il n'est pas difficile d'être malheureux ! ce qui est difficile c'est d'être heureux; ce n'est pas une raison pour ne pas essayer; au contraire; le proverbe dit que toutes les belles choses sont difficiles.
Alain, Propos sur le bonheur, p. 162.
7 Il mesure donc son cœur aux tâches les plus difficiles; et sa grandeur d'âme ne les estimait peut-être qu'en raison de la difficulté.
André Suarès, Trois hommes, « Pascal », II, p. 33.
8 Ce monde à lui tout seul tel qu'il est, c'est difficile de nous persuader qu'il est complet et suffisant.
Claudel, Feuilles de saints, p. 169.
Par ext. Délicat. || Il est difficile d'en parler devant les enfants. Épineux, scabreux.
2 Qui demande un effort intellectuel, des capacités (pour être compris, résolu). || Passage, texte difficile. Compliqué, confus, embrouillé, ésotérique, impénétrable, inextricable, mystérieux, obscur. || Le russe est plus difficile que l'espagnol, pour un Français. || Auteur difficile, dont les écrits sont difficiles à comprendre. || Morceau de musique difficile, difficile à exécuter. || Rôle difficile, difficile à jouer. || Problème difficile. fam. Coton, trapu.
9 (La femme est) Un certain animal difficile à connaître (…)
Molière, le Dépit amoureux, IV, 2.
10 La critique est aisée, et l'art est difficile.
Ph. Destouches, le Glorieux, II, 5 (→ Auteur, cit. 38).
11 (…) ce qui n'est que difficile ne plaît point à la longue.
Voltaire, Candide, XXV.
12 Il est des hommes pour qui une méditation profonde est un besoin; tout ce qui est difficile leur paraît grand.
Condorcet, Duhamel.
13 (…) rien n'est plus difficile dans cette grave histoire que de garder respect à l'ordre chronologique.
Stendhal, Souvenirs d'égotisme, p. 15.
14 (…) la solution du grand problème d'un amoureux parfait, problème un peu plus difficile à résoudre que celui de la pierre philosophale.
Th. Gautier, Mlle de Maupin, X, p. 210.
15 La langue française est difficile. Elle répugne à certaines douceurs (…)
Cocteau, la Difficulté d'être, p. 201.
16 Les revues difficiles paraissent sur papier de luxe; ce qui se lit sur papier chandelle est toujours sage et très clair.
J. Paulhan, les Fleurs de Tarbes, p. 18.
3 Qui présente un danger, une incommodité (accès, passage). || Lieu d'abord, d'accès difficile. || Chemin, route, voie difficile. Escarpé, impraticable, inabordable, inaccessible, raide; casse-cou, dangereux, périlleux. || Prendre à la corde (cit. 7) un tournant difficile.
17 Ainsi vous élargirez un peu les voies du ciel et rétablirez le chemin que sa hauteur et son âpreté rendront toujours assez difficile.
Bossuet, Oraison funèbre d'Henriette-Anne d'Angleterre.
18 Le Pérou est un pays très difficile, où il faut continuellement gravir des montagnes, marcher sans cesse dans des gorges et des défilés.
G. T. Raynal, Hist. philosophique, VII, 5, in Littré.
4 N. m. || Le difficile : les choses difficiles (au sens 1 ou 2). || Le difficile, c'est de…
19 (…) dans tous les temps, l'homme ne désire vivement que le difficile.
Michelet, la Femme, p. 245.
20 Pour tous les hommes le bien est difficile, pour les héros de Corneille, c'est le difficile qui est le bien.
Émile Faguet, Études littéraires, XVIIe s., Corneille, III, p. 157.
21 Le difficile dans la vie, c'est de prendre au sérieux longtemps de suite la même chose.
Gide, les Faux-monnayeurs, I, VI, p. 76.
5 Qui donne du tourment. Douloureux, pénible, triste. || Position, situation difficile. Délicat, embarrassant. || Circonstances, temps difficiles : temps de calamités, de troubles. || Ce fut une époque, une période difficile pour tous. || Il y eut un moment difficile dans sa vie. → Un mauvais moment. || Mener une vie difficile. Âpre, rude. || Avoir des débuts difficiles.
22 (…) j'ai lieu de soupçonner qu'elle est dans une situation difficile (…)
Marivaux, Marianne, XI.
Vx. || Personne d'une fréquentation, d'un commerce difficile (→ ci-dessous 6.).
Qui connaît des difficultés d'ordre social. || Un quartier, une banlieue difficile. Sensible.
6 (Personnes). Qui n'est pas aisé, agréable à fréquenter. || Personne difficile. Acariâtre, contrariant, difficultueux, exigeant, intraitable, irascible, querelleur, rude; → Mauvais coucheur; colère, cit. 19. || Enfant difficile (à élever).Humeur, caractère difficile. Coriace (fig.), dur, mauvais, ombrageux.Difficile à vivre.
23 (…) votre fille n'est pas si difficile que cela, et elle s'est apprivoisée depuis qu'elle est chez moi.
Molière, George Dandin, I, 4.
24 Il fut quelque temps après obligé de répudier Azora, qui était devenue trop difficile à vivre (…)
Voltaire, Zadig, III.
25 Elle n'est point de ces maîtresses emportées et difficiles qui trouvent à redire à tout, qui crient sans cesse, tourmentent leurs domestiques, et dont le service, en un mot, est un enfer.
A. R. Lesage, Gil Blas, IV, VII.
(Animaux). || Cheval difficile. Ombrageux, rétif.
7 (Personnes). Qui n'est pas facilement satisfait; de goûts exigeants. Exigeant; délicat, raffiné. || Il ne faut pas être trop difficile. || Critique difficile. Sévère.Goût difficile.(Avec un compl.). || Être difficile, plus ou moins difficile sur qqch. (→ ci-dessous, cit. 29 et 31).
26 Rien ne touche son goût, tant il est difficile (…)
Molière, le Misanthrope, II, 4.
27 Ne soyons pas si difficiles :
Les plus accommodants, ce sont les plus habiles (…)
La Fontaine, Fables, VII, 5.
28 Le roi est content de vous; mais cela ne suffit pas; il faut que Dieu le soit aussi, et il n'est pas plus difficile que les hommes (…)
Mme de Maintenon, Lettre à d'Aubigné, 10 oct. 1685, in Littré.
29 (…) en amour, le cœur n'est pas difficile sur les productions de l'esprit (…)
Beaumarchais, le Barbier de Séville, I, 6.
30 N'ayez pas l'esprit plus difficile que le goût, et le jugement plus sévère que la conscience.
Joseph Joubert, Pensées, V, LXXII.
31 Il ne faut pas être difficile sur les repas, lorsqu'on est si près de Sparte (…)
Chateaubriand, Itinéraire de Paris à Jérusalem, 30.
Spécialt. || Femme difficile, difficile à séduire, exigeante dans le choix de ses prétendants.
32 (…) les femmes un peu difficiles, qu'on ne possède pas tout de suite, dont on ne sait même pas tout de suite qu'on pourra jamais les posséder, sont les seules intéressantes.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. VII, p. 230.
N. || Faire le difficile, la difficile. → Faire la petite bouche; faire le dégoûté, le renchéri; faire comme le héron de la fable, faire sa Sophie.
33 Une dame plaît plus qui fait un peu de la difficile et résiste, que quand elle se laisse sitôt porter par terre.
Brantôme, Vie des dames galantes, Disc. I, p. 24.
34 (…) les Luthériens font encore ici les difficiles et ne veulent pas se laisser persuader aux sentiments de Calixte (…)
Bossuet, Hist. des variations, XV, 169.
CONTR. Facile; agréable, aisé, commode, réalisable, simple. — Accommodant, aimable, conciliant.
DÉR. Difficilement.

Encyclopédie Universelle. 2012.