terreux, euse [ terø, øz ] adj.
• XIIIe; tiereux « recouvert de terre » v. 1180; bas lat. terrosus
1 ♦ Qui appartient à la terre, qui est de la nature de la terre (I, 2o). Substance terreuse. Goût terreux. Odeur terreuse.
2 ♦ (1412) Mêlé, souillé de terre. Sable terreux. Mains, chaussures terreuses. ⇒ 1. boueux. Salade terreuse.
3 ♦ (1690) D'une couleur grisâtre, jaunâtre ou brunâtre sans éclat ni fraîcheur. « L'uniformité terreuse du vaste ciel » (Zola). — Spécialt Teint terreux. ⇒ blafard, cireux. « Les malades aux physionomies terreuses et verdâtres » (Gautier).
● terreux, terreuse adjectif (latin terrosus) Qui est propre à la terre, à sa nature : Goût terreux. Qui contient de la terre, qui est souillé de terre : Chaussures terreuses. Se dit d'une couleur terne, gris-brun jaunâtre : Teint terreux. ● terreux, terreuse (synonymes) adjectif (latin terrosus) Se dit d'une couleur terne, gris-brun jaunâtre
Synonymes :
- blafard
- blême
- cireux
- livide
- pâle
terreux, euse
adj. Mêlé de terre; de la nature, de la couleur de la terre.
⇒TERREUX, -EUSE, adj. et subst. masc.
[Corresp. à terre III]
I. — Adjectif
A. — Qui a rapport à la terre.
1. [En parlant d'une substance] Qui est de la nature de la terre, qui a l'aspect, la consistance de la terre. La variété [de cuprite] de Sibérie, en petits cristaux octaédriques groupés et en masses terreuses, avec mélange de limonite, est généralement d'un rouge de brique (LAPPARENT, Minér., 1899, p. 602). Les argiles sont des roches tendres, terreuses, douces au toucher (BOULE, Conf. géol., 1907, p. 35).
— P. méton. [En parlant de la texture d'une substance] Roches argileuses. Roches à texture terreuse, rayées par l'ongle, faisant pâte avec l'eau (A. PÉRÈS, Pierres et roches, 1896, p. 12).
2. Qui est formé de terre. Chemin terreux. Au-dessus de la ville [Tanger] s'étend cette vaste esplanade, terreuse et pierreuse, sans cesse encombrée d'une couche compacte de chameaux agenouillés (LOTI, Maroc, 1889, p. 13). L'ombre l'eut bientôt englouti, avec les haies, les bordures d'herbe, et même la chaussée terreuse de la route (R. BAZIN, Blé, 1907, p. 247).
3. Qui contient de la terre; qui est couvert, souillé de terre. Synon. boueux. Mains, chaussures terreuses; ongles, vêtements terreux; carottes terreuses. J'ai connu le délice de se désaltérer à l'eau un peu terreuse qui coule dans la séguia, lorsque (...) le soleil brûlant dès l'aurore met un goût de fièvre à la bouche (THARAUD, Fête arabe, 1912, p. 154). Le fossoyeur achève sa besogne avec placidité. Quand il a fini, il s'assied sur une tombe voisine et roule une cigarette entre ses doigts terreux (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1933, p. 128).
4. Dans le domaine des sensations. Qui rappelle la terre.
a) [En parlant d'une odeur, d'une saveur] Si tout est mort, s'il ne reste en définitive, que ce goût terreux et âcre dans la bouche! Pouah! Quelle infection par moments que tout cela, que tout cet ici-bas! (ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec Rivière], 1907, p. 248):
• Et je respire sans effroi
Un languide et terreux arome!
Odeur du sol, le dernier baume
Autour des corps muets et froids!
NOAILLES, Forces étern., 1920, p. 284.
b) [En parlant de certaines couleurs jaunâtres ou brunâtres, sombres et sans éclat] Brun, gris terreux. Le teint un peu basané, non de cette teinte sombre, terreuse, résultat certain d'une origine métisse; il était chaudement basané comme un fruit mûri au soleil (GOBINEAU, Nouv. asiat., 1876, p. 241). Des teintes tristes partout; les passants enveloppés de laine, les chameaux, les ânons, tout ce qui fait le va-et-vient entre les deux villes par ce même et unique sentier a des couleurs terreuses, brunâtres ou grises (LOTI, Maroc, 1889, p. 291).
— PEINT. [En parlant d'un tableau, de la manière d'un peintre] Terne, sans transparence. Si surtout on le place [un tableau de David] à côté d'un tableau coloré comme ceux des Titien et des Rubens, il paraît ce qu'il est effectivement: terreux, morne et sans vie (DELACROIX, Journal, 1857, p. 148). Aucune de ces couleurs [des fresques de Saint-Savin] n'a de transparence. Toutes ont un aspect terreux et terne (MÉRIMÉE, Ét. arts Moy. Âge, 1870, p. 158).
— [P. méton.; en parlant d'inanimés concr.] Il y a un trou carré qui laisse passer le jour, si l'on peut appeler jour la lueur blafarde et terreuse qui s'accroche çà et là aux angles de la voûte (HUGO, Rhin, 1842, p. 407). Un mégot couché sur le bord d'une assiette lançait sa fumée droite vers un plafond terreux (QUENEAU, Loin Rueil, 1944, p. 93).
En partic. [En parlant (de la couleur) du teint, du visage, de la peau] Qui n'a aucun éclat, qui a perdu sa fraîcheur. Synon. blafard, livide, cireux. Couleur terreuse d'agonie; pâleur terreuse; mine, figure terreuse; visage terreux. Par moments, la tête de Coppée, dans un tiraillement nerveux, se cerne autour des yeux, du nez, de la bouche, de la teinte terreuse que la mort met dans le creux des traits des agonisants (GONCOURT, Journal, 1875, p. 1052). Sa chevelure d'un rouge acajou (...) faisait paraître plus terreuse encore sa face jaune de syphilitique (LORRAIN, Phocas, 1901, p. 148).
c) [En parlant d'un son] Sourd, lourd, qui semble provenir de la terre. Chanté en faux-bourdon, ce psaume [le De profondis] est terreux et suffoquant. Il sort du fond même des sépulcres, tandis que le Dies iræ ne jaillit que du seuil des tombes (HUYSMANS, En route, t. 1, 1895, p. 19). Oui. Quelle importance ça a les diplômes, répéta Chambernac d'une voix terreuse (QUENEAU, Enf. du limon, 1938, p. 14).
B. — Au fig. Qui tient de la terre, des choses matérielles. Nous avons entendu des gens qui soutenaient que ce qui lui manquait [à M. Cousin] pour cela, ce n'était pas la particule ignée, car il l'avait, mais que c'était plutôt la base terreuse, le je ne sais quoi qui sert de lest et qui retient (SAINTE-BEUVE, Corresp., t. 5, 1843, p. 344). Achevé La Débâcle de Zola. En somme, livre puissant (...) mais (...) terreux et charnel, malgré le soin visible qu'il a pris, cette fois, d'écarter le boyau d'égout (BLOY, Journal, 1892, p. 39).
— En partic. Qui a un aspect grossier, lourd. Craignant, avec raison, qu'ils n'eussent ensemble des enfants épais comme eux, terreux et lourds, il leur avait interdit (...) de s'approcher l'un de l'autre (A. FRANCE, Rôtisserie, 1893, p. 147).
II. — Subst. masc., fam., péj. Paysan. Synon. bouseux (fam.), cul-terreux. On vit s'en venir les gars des champs (...), tous les jeunes hommes des fermes à dix lieues à la ronde. Ils marchaient pesamment, et ils sentaient l'étable (...). C'étaient les « terreux », une toute autre race que les gens de petite ville (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 8). Ah! on voit bien qu'il est nouveau! Qu'il est puceau dans la région! Un provincial! Je te le dis! Un terreux sans aucun doute! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 477).
REM. Alcalino-terreux, -euse, adj. et subst. masc. a) (Métal) alcalino-terreux. Métal appartenant à un sous-groupe de la classification périodique de Mendeleiev comprenant le calcium, le strontium, le baryum et le radium, dont les oxydes sont très stables et qui réduisent l'eau à froid comme les métaux alcalins. Le radium est un métal alcalino-terreux dont les propriétés chimiques sont exactement celles qu'on peut attendre de l'homologue supérieur du baryum dans la famille des métaux alcalino-terreux (Mme P. CURIE, Isotopie, 1924, p. 28). Béryllium et magnésium se distinguent des alcalino-terreux par une plus grande dureté (R. QUELET, Précis de chim., t. 2, 1964, p. 58). b) Qui provient d'un métal alcalino-terreux. Carbonates alcalino-terreux. Les oxydes alcalino-terreux sont les meilleurs émetteurs thermo-toniques (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 267).
Prononc. et Orth.:[], [te-], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1160 faire terrous « désarçonner, jeter à terre » (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 8344); ca 1165 terras « couvert, souillé de terre » (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, éd. L. Constans, 6464); 1269-78 terreus « qui est de la nature de la terre » (JEAN DE MEUN, Rose, éd. F. Lecoy, 10121); 1640 (OUDIN Curiositez: avoir le cul Terreux .i. estre riche en fonds de terre .vulg.); 1808 (HAUTEL: C'est un cul terreux. On appelle ainsi par mépris, la fille d'un fermier, ou une fille de campagne, qui dans un état plus élevé, oublie sa première condition), v. aussi cul-terreux; 1690 fig. « qui a la couleur de la terre » (FUR.). Du lat. terrosus « riche en terre », dér. de terra « terre »; cf. en a. fr. terreus « terrestre » fin XIIIe s. ds GDF. — XVIe s. ds HUG. Fréq. abs. littér.:260. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 134, b) 428; XXe s.: a) 678, b) 353.
terreux, euse [tɛʀø, øz] adj.
ÉTYM. XIIIe; tierreux « recouvert de terre », v. 1180; lat. terrosus, de terra. → Terre.
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1 (1265). Qui appartient à la terre, qui est de la nature de la terre (I., 2.). || Matière, substance terreuse. || Goût terreux. || Odeur terreuse.
2 (1412). Mêlé, souillé de terre (I., 2.). || Métal, sable terreux. || Mains, chaussures terreuses. ⇒ Sale. || Salade terreuse, mal lavée.
0 Ses mains terreuses ramenées derrière son dos, crainte de tacher la belle robe, il baisa l'une après l'autre les joues que lui tendait son amie (…)
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, IVe tableau, II.
♦ ☑ Fig., fam. (vx). Avoir le cul terreux, se disait d'une fille à marier héritière d'une grande fortune foncière, mais de basse naissance. — Mod. (fam.). || Un cul-terreux : un paysan. ⇒ Bouseux, glaiseux.
3 (1690). Qui est d'une couleur (grisâtre, jaunâtre ou brunâtre) dépourvue d'éclat et de fraîcheur. || L'uniformité terreuse du ciel (→ Horizon, cit. 3). — Couleurs terreuses (→ Gris, cit. 19, Delacroix). — Spécialt. || Physionomies terreuses et verdâtres (→ Enlaidir, cit. 5). || Figures terreuses (→ Ronger, cit. 6). || Visage terreux. ⇒ Blafard. || Un Barbaresque au teint terreux. ⇒ aussi Brun.
➪ tableau Désignations de couleurs.
Encyclopédie Universelle. 2012.