tranchée [ trɑ̃ʃe ] n. f. I ♦
1 ♦ Excavation pratiquée en longueur dans le sol. ⇒ cavité, fossé, sillon. Creuser, faire, ouvrir une tranchée. Tranchées creusées pour enfouir des conduites, des câbles. Tranchées de drainage, d'écoulement (⇒ canal) . — Constr. Tranchées de fondation.
♢ Fouille en longueur, généralement aménagée (par des murs de soutènement, etc.) pour donner passage à une voie de communication (route, canal, voie ferrée). ⇒ encaissement. « Cette route était et est encore une tranchée dans la plus grande partie de son parcours; tranchée creuse quelquefois d'une douzaine de pieds » (Hugo).
2 ♦ (XIIe) Anciennt Fossé allongé creusé pour s'approcher à couvert d'une place, dans la guerre de siège. ⇒ circonvallation, fortification, retranchement, 2. sape. Parapet d'une tranchée.
♢ (1915) Mod. Dispositif allongé, creusé à proximité des lignes ennemies, et où la troupe demeure à couvert. Guerre de tranchées (opposé à guerre de mouvement) ,s'est dit spécialement de la guerre de 1914-1918, après la bataille de la Marne; fig. conflit où les adversaires s'observent, campent sur leurs positions. Abri de tranchée. ⇒ cagna. Réseau, ligne de tranchées. ⇒ boyau, parallèle. « Sur les vingt-cinq kilomètres de largeur qui forment le front de l'armée, il faut compter mille kilomètres de lignes creuses, tranchées, boyaux, sapes » (Barbusse). — Loc. Nettoyer la tranchée, une tranchée, la prendre, en tuant ou en chassant ses occupants.
3 ♦ (1872) Chemin ouvert dans une forêt, et formant comme un fossé entre les arbres. Tranchée pare-feu.
II ♦ (1538) Au plur. Tranchées utérines, ou absolt tranchées : contractions douloureuses de l'utérus après l'accouchement, faisant évacuer les lochies.
● tranchée nom féminin (de trancher) Excavation longitudinale pratiquée à ciel ouvert dans le sol. Fossé permettant au combat la circulation et le tir à couvert. (En cas de guerre de position, les tranchées sont équipées de postes d'observation et de commandement, d'abris et de boyaux les reliant à l'arrière ; elles deviennent alors de véritables positions fortifiées.) Chemin ouvert en ligne droite à travers une forêt et pouvant servir de pare-feu. Fouille faite en terre pour y établir les fondations d'un mur. ● tranchée (citations) nom féminin (de trancher) Jean Marc Bernard Valence 1881-tué près de Souchez 1915 Du plus profond de la tranchée, Nous élevons les mains vers vous, Seigneur ! ayez pitié de nous Et de notre âme desséchée ! De profundis Revue française de l'élite Commentaire Jean-Marc Bernard a été tué au front en 1915. ● tranchée (expressions) nom féminin (de trancher) Guerre de tranchées, guerre dans laquelle le front tenu par les deux adversaires est jalonné par une ligne de tranchées continues. Tranchée couverte, procédé utilisé pour réaliser des tunnels peu profonds à partir de la surface ; ouvrage définitif réalisé par cette méthode. ● tranchée (homonymes) nom féminin (de trancher) trancher verbe tranchet nom masculin
tranchée
n. f.
d1./d TRAV PUBL Ouverture, excavation pratiquée en longueur dans le sol, en vue d'asseoir des fondations, de placer des conduites, etc.
d2./d MILIT Fossé creusé et aménagé pour servir de couvert et de position de tir à l'infanterie.
d3./d Plur. MED Coliques violentes.
|| Tranchées utérines: contractions douloureuses de l'utérus, après l'accouchement.
⇒TRANCHÉE, subst. fém.
A. — 1. Excavation de longueur et de profondeur variables pratiquée dans le sol et destinée à divers usages (construction de fondations, pose de conduites ou de câbles, écoulement des eaux, plantation d'arbres...). Creuser, ouvrir une tranchée; combler, refermer une tranchée; tranchée couverte, maçonnée; tranchée de drainage. Les ouvriers coupaient la plaine par une longue tranchée profonde de huit pieds et aussi étroite que possible; on était occupé à rechercher, le long de l'ancienne voie romaine, les ruines d'un second temple (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 176). Il marchera jamais ton bazar! C'est pas Dieu possible! Ça va être encore une sottise!... Tu vas défoncer la maison avec tes tranchées! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 551).
— P. anal. Au nord, la sombre tranchée dans laquelle s'enfonce la Meuse et d'où montait une lumineuse vapeur bleue (HUGO, Rhin, 1842, p. 51). J'avançais, par l'étroite tranchée qui coupait les tiges sèches, dans un froissement d'osselets qui faisait vivre sinistrement ces solitudes (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 73).
2. Spécialement
a) BÂT. Tranchée de mur. Entaille étroite pratiquée dans une maçonnerie pour sceller une pièce importante. (Dict. XIXe et XXe s.).
b) TRAV. PUBL. Fouille en longueur, dont les parois sont généralement aménagées, exécutée pour permettre le passage d'une voie de communication. Tranchées de chemin de fer. Ils étaient arrivés à un endroit où la route cantonale est creusée à travers une faible élévation du terrain. Cette tranchée offre deux talus assez roides, comme on en voit tant sur les routes de France (BALZAC, Paysans, 1850, p. 320).
c) HORTIC. Ouverture longitudinale pratiquée dans le sol pour y mettre en jauge des végétaux (d'apr. BÉN.-VAESK. Jard. 1981).
d) SYLVIC. Voie rectiligne ouverte dans une forêt et pouvant servir de pare-feu (d'apr. Agric. 1977). Au point culminant du bois, une tranchée dévale brusquement en face de Rembercourt, et par cette éclaircie on peut, sans être vu, plonger comme à vol d'oiseau au-dessus des cours et des jardins (THEURIET, Mais. deux barbeaux, 1879, p. 99).
B. — DÉFENSE
1. Dans la guerre de siège, fossé profond creusé par les assaillants pour pouvoir s'approcher à couvert. Synon. boyau, sape2. Parapet d'une tranchée; tranchée double (à double parapet); tête de tranchée (partie de la tranchée la plus proche de la place assiégée). Les fièvres (...) ont déjà comblé de morts, dès 1834, les premières tranchées de la citadelle (MICHELET, Journal, 1838, p. 279). Le 19 août la tranchée fut ouverte devant le Trocadéro. Le 31, le Trocadéro est enlevé, ainsi que le fort Saint-Louis (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 213).
2. P. ext. Fossé, creusé à proximité des lignes ennemies, permettant la circulation des troupes et le tir à couvert. Lignes, réseau des tranchées; tranchée protégée par des sacs de terre; artillerie, périscope de tranchée. Ça, c'est l'ancienne tranchée boche, qu'ils ont fini par lâcher... Elle est par endroits bouchée; à d'autres, criblée de trous de marmite. Les sacs de terre ont été déchirés, éventrés (...), les boiseries d'étai ont éclaté (...) les abris sont remplis jusqu'au bord par de la terre (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 165). C'est d'ailleurs étonnant ce que l'argot des tranchées a pu réussir à exprimer d'idées sordides en images lugubres (BERNANOS, Journal curé camp., 1936, p. 1033).
♦ Guerre de tranchées. Guerre dans laquelle le front est jalonné par une ligne continue de tranchées que chacun des deux adversaires tente de percer. Synon. guerre de position; anton. guerre de mouvement. Il est également évident que dans la guerre de tranchées à l'ordre du jour, il faut pouvoir lancer des bombes, donc prévoir des mortiers (FOCH, Mém., t. 1, 1929, p. 249). Je fis remarquer au Président que la préparation à la guerre de tranchées était moins longue pour la troupe et surtout pour les officiers que la préparation à la guerre de mouvement (JOFFRE, Mém., t. 2, 1931, p. 457).
3. Locutions
a) Être de tranchée. Être de service dans une tranchée. (Dict. XXe s.).
b) Monter, descendre la tranchée. Prendre, quitter le service d'une tranchée. Hé, nez de bœuf, on dit que t'as la tremblote pour monter aux tranchées (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 69).
c) Nettoyer la/une tranchée. La prendre d'assaut, en chassant ou tuant ses occupants. (Dict. XIXe et XXe s.).
REM. 1. Tranchée-abri, subst. fém., défense. Tranchée aménagée et couverte pour servir d'abri. Sous le feu commençant des Prussiens, on creusait encore des tranchées-abris, on élevait des épaulements (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 239). Dans la tranchée-abri, près de la place Clichy, on a découvert le cadavre de M. Eugène Soulas (...) sans domicile connu (L'Œuvre, 19 janv. 1941). 2. Tranchecaille, subst. fém., arg. des poilus, synon. (supra B 2). On est arrivé en renfort ce matin, on nous fout aux tranchecailles ce soir, tu parles s'ils ne perdent pas de temps (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 272).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1160 « excavation, fossé creusé » ici, dans un but de défense (Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 3156: ont ovré A la tranchiee et al fossé, As bretesches et as paliz). Part. passé fém. subst. de trancher. Fréq. abs. littér.:939. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 418, b) 666; XXe s.: a) 2 056, b) 2 046. Bbg. QUEM. DDL t. 18 (s.v. tranchée-abri), 21.
tranchée [tʀɑ̃ʃe] n. f.
ÉTYM. XIIIe; tranchiée, v. 1130; dér. de trancher; a signifié au fig., en anc. franç., « décision » (par laquelle on tranche; → Trancher, II., 2.).
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1 Excavation pratiquée en longueur dans le sol. ⇒ Fossé, sillon. || Creuser, faire, ouvrir une tranchée (⇒ Terrassement). || Refermer, combler une tranchée. || Tranchée profonde, étroite. || Consolidation des parois d'une tranchée. ⇒ Coffrage, dosse, étrésillon, muraillement, perré. || Tranchée maçonnée. — Tranchées creusées pour enfouir des conduites, des tuyaux, des câbles. || Tranchée couverte formant conduit. — Tranchées de dessèchement, de drainage, d'écoulement (⇒ Canal). || Captage par tranchée. || Tranchées de fondation. || Tranchée creusée au pied d'un mur (pour le démolir). — Agric. || Tranchées de plantation (d'arbres). — Milit. || Tranchées des feuillées.
1 (…) il y avait des gars en bras de chemise, des durs de Gennevilliers qui creusaient une tranchée pour un câble électrique et c'était évident que la guerre allait éclater. Finalement, ça ne les changerait pas tant, les gars de Gennevilliers : ils seraient quelque part dans le Nord à creuser des tranchées, sous le soleil, menacés par les balles, les obus et les grenades comme aujourd'hui par les éboulis, les chutes et tous les accidents du travail (…)
Sartre, le Sursis, p. 15.
♦ Fouille en longueur, généralement aménagée (par des murs de soutènement, etc.) pour donner passage à une voie de communication (route, canal, voie ferrée…). || Tranchées de chemin de fer (→ Moutonnement, cit.).
2 Cette route était et est encore une tranchée dans la plus grande partie de son parcours; tranchée creuse quelquefois d'une douzaine de pieds et dont les talus trop escarpés s'écroulaient çà et là, surtout en hiver, sous les averses.
Hugo, les Misérables, II, I, VII.
2 a (1530). Fossé allongé, creusé pour s'approcher à couvert d'une place, dans la guerre de siège. ⇒ Circonvallation, fortification, retranchement, sape. || Banquette, berme sur le revers d'une tranchée. || Parapet, épaulement d'une tranchée. || Tranchée double (à double parapet). — ☑ Loc. (vx). Monter, descendre la tranchée : prendre, quitter le service d'une tranchée. — Tête de tranchée : partie la plus rapprochée de la place à assiéger. — Par ext. || À la tranchée : à la guerre (→ Camarade, cit. 2).
b (1915). Mod. Dispositif allongé, creusé à proximité des lignes ennemies, et où la troupe demeure à couvert. || Guerre de tranchées (ou guerre de position, par oppos. à guerre de mouvement), s'est dit spécialt de la guerre de 1914-18, après la bataille de la Marne. → Debout, cit. 13; gadoue, cit. 2; godillot, cit. 1; patrouille, cit. 5; salement, cit. 1. || Abri de tranchée (⇒ Cagna). || Tranchée protégée par des gabions, des sacs de terre; consolidée par des clayonnages. || Caillebotis servant de passage dans une tranchée. || Réseau de tranchées. ⇒ Boyau, parallèle. || Lignes de tranchées. — Périscope de tranchée. || Artillerie de tranchée.
3 Ma Lou je coucherai ce soir dans les tranchées
Qui près de nos canons ont été piochées.
C'est à douze kilomètres d'ici que sont
Ces trous où dans mon manteau couleur d'horizon
Je descendrai tandis qu'éclatent les marmites
Pour y vivre parmi nos soldats troglodytes.
Apollinaire, Ombre de mon amour, XXX.
4 Cocon explique à son voisin la disposition de l'enchevêtrement de nos tranchées. Il a vu un plan directeur et il a fait des calculs. Il y a dans le secteur du régiment quinze lignes de tranchées françaises, les unes abandonnées, envahies par l'herbe et quasi nivelées, les autres entretenues à vif et hérissées d'hommes. Ces parallèles sont réunies par des boyaux innombrables qui tournent et font des crochets comme de vieilles rues. Le réseau est plus compact encore que nous le croyons, nous qui vivons dedans. Sur les vingt-cinq kilomètres de largeur qui forment le front de l'armée, il faut compter mille kilomètres de lignes creuses, tranchées, boyaux, sapes.
H. Barbusse, le Feu, I, II.
♦ ☑ Loc. Nettoyer (cit. 13, Mme de Sévigné) la tranchée, une tranchée : la prendre, en tuant ou en chassant ses occupants. — REM. Dans ce sens, un dérivé argotique, tranchecaille, est attesté (Dorgelès, Tout est à vendre, p. 41).
3 (1872). Chemin ouvert dans une forêt et formant comme une tranchée entre les arbres.
5 Par anal. (ou par métaphore). || Une tranchée d'ombre (→ Creuser, cit. 18). ⇒ Fossé. — (Abstrait) :
5 (…) il avait manqué beaucoup de classes, et ses nombreuses maladies avaient creusé des tranchées profondes d'ignorance dans son savoir classique.
France, la Vie en fleur, VII.
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II (1538). Au plur. Colique aiguë, très douloureuse. ⇒ Douleur; tourmenteux. — Tranchées utérines : vives douleurs après l'accouchement, dues aux contractions de l'utérus pour expulser le placenta. — Méd. vétér. Violentes coliques. || Tranchées rouges du cheval (congestion des intestins).
6 (…) Valerio II, de l'écurie Corbreuse (…) n'était pas prêt, il avait eu des tranchées en avril (…)
Zola, Nana, XI.
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COMP. (Du sens I., 2., b) Tranchée-abri.
Encyclopédie Universelle. 2012.