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troubadour

troubadour [ trubadur ] n. m.
• 1575; a. provenç. trobador « trouveur », de trobar « trouver, composer »
1Poète lyrique courtois de langue d'oc aux XIIe et XIIIe s. ⇒ jongleur, ménestrel. Trouvères et troubadours. « cette divinisation de la femme, d'où procède l'inspiration des troubadours » (A. Berry ).
2En appos.; Hist. littér., art Genre, style troubadour : genre littéraire (imitation de la poésie chevaleresque et courtoise), style artistique (néogothique) du XIX e s.

troubadour nom masculin (ancien provençal trobador, de trobar, faire des vers) Poète lyrique des XIIe et XIIIe s., qui composait des œuvres dans une des langues d'oc. En apposition, indique une mode caractérisée par le goût du Moyen Âge romanesque et par une imitation superficielle des formes gothiques, qui s'est amorcée, en France, dans la 2e moitié du XVIIIe s. et s'est épanouie à l'époque romantique. (En peinture, Brenet, Durameau, Pierre Révoil [1776-1842], Fleury-Richard [1777-1852], etc.)

troubadour
n. m. Poète courtois des pays de langue d'oc, qui, aux XIIe et XIIIe s., composait des oeuvres lyriques. (V. trouvère.)

⇒TROUBADOUR, subst. masc.
A. — HIST. LITTÉR. Poète qui, aux XIIe et XIIIe s., dans le Midi de la France, composait en langue d'oc des poèmes, satires, ballades, etc., avec leur accompagnement musical, et qui allait de château en château, propageant les valeurs de la société courtoise. L'émir nous envoya (...) ses chanteurs, qui improvisèrent des vers arabes en notre honneur (...). Ils sont exactement ce qu'étaient les troubadours dans les châteaux du moyen âge (LAMART., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 251). Guillaume de Poitiers, le premier des troubadours connus, célébrait, au XIIe siècle, les « lois » de l'amour; un autre, qu'on appelle le dernier troubadour, Guiraut Riquier, énumérait les « degrés » du vrai amour (Jeux et sports, 1967, p. 813). V. esthète ex. 1.
P. métaph. La nature a ses temps de solennité, pour lesquels elle convoque des musiciens de toutes les régions du globe. On voit accourir de savans artistes avec des sonates merveilleuses, de vagabonds troubadours qui ne savent chanter que des petites ballades à refrain, des pèlerins qui répètent mille et mille fois les couplets de leurs longs cantiques. Le loriot siffle (CHATEAUBR., Génie, t. 1, 1803, p. 170). Le Rhin est un burgrave, et c'est un troubadour Que le Lignon (VERLAINE, Poèmes saturn., 1866, p. 84).
B. — P. anal., parfois iron.
1. Poète, chanteur appartenant à une autre époque que le Moyen Âge. Synon. trouvère (v. ce mot B). Celui qui chantera les jours évanouis, (...) cueillera l'injure. La foule passera, disant: Va, troubadour, Chante-nous des chansons et des sonnets d'amour (QUINET, Napoléon, 1836, p. 321). Nous menacer, par les parleurs de la langue d'oc, de ce troubadour en retard, le nommé Mistral, comme remplaçant d'Hugo (GONCOURT, Journal, 1894, p. 626).
En appos. avec valeur d'adj. Qui rappelle les troubadours du Moyen Âge par son aspect ou son esprit poétique suranné. Romans (...) à style douceâtre, fabriqués par des séminaristes troubadours ou des bas bleus repenties (FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 56). Quelle pose troubadour, cet écrivain sur son rocher, la plume aux doigts et les yeux sur les nuages! (ZOLA, Doc. littér., Chateaubr., 1881, p. 11).
2. Vieilli. Amoureux platonique, soupirant. Il y eut un jeune troubadour qui tournait à l'entour de Mlle Laure (...). Aujourd'hui, (...) point de troubadours; car je ne compterai pas pour prétendants les hommes (...) qui ont traversé le village (BALZAC, Corresp., 1821, p. 94). Au temps où me faisant sa cour, Alceste à mes genoux rugissait son amour, Ce troubadour transi (...) Sut (...) l'heur de ne me pas déplaire (COURTELINE, Conv. Alceste, 1905, V, p. 45).
En appos. avec valeur d'adj. Synon. fleur bleue, romanesque, sentimental. De votre temps, on était chevaleresque et troubadour (...) on roucoulait sous les balcons (...) sans parapluie (LABICHE, Prem. pas, 1862, 5, p. 253). Le chevalier Ali me semble un peu troubadour. Croyez-vous qu'un musulman puisse être aussi romanesque! (FLAUB., Corresp., 1869, p. 34).
3. Arg. milit., vx. [P. plaisant. sur le fait que le fantassin ,,joue de la « clarinette » [fusil] en guise de rebec`` (ESN. 1966) et aussi prob. sur le fait qu'il se déplace à pied] Fantassin. Synon. troubade. Le premier est un vieux troupier (...) le second récemment éclos à la vie militaire, s'expose à ce qu'un troubadour lui réplique: « Mon lieutenant, c'est pas avec un sou par jour qu'on peut acheter des parfums » (E. DE LA BÉDOLLIÈRE, Français peints par eux-mêmes, L'Armée, t. 5, 1842, p. 29).
C. — HISTOIRE
1. En appos. avec valeur d'adj. Genre, style, etc. troubadour. Genre, style, mode en vogue pendant le premier tiers du XIXe s., alors que le Moyen Âge était remis au goût du jour.
a) LITT. [En cherchant à rappeler les œuvres littér. médiév.] On peut lui imputer [à la Romantique] tout le courant qui de 1814 à 1830 traverse la Restauration sous le nom de style troubadour. Dès 1813 paraît la Gaule poétique (...), romancement du moyen âge (THIBAUDET, Hist. litt. fr., 1936, p. 64). Le « genre troubadour », mis à la mode par le comte de Tressan, vulgarisé par la romance et la gravure, annonçait l'engouement des romantiques pour un Moyen Âge de convention (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p. 595).
b) BEAUX-ARTS. [En imitant l'art moyenâgeux, notamment gothique] Par des illustrations (...) destinées à des ouvrages littéraires, Horace Vernet (...) fait concurrence à Achille Devéria: (...) illustrations de Mathilde et Malek-Adel, genre troubadour (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 5, 1863, p. 51). Au sacre de Charles X en 1824, Reims s'était paré de tentures « ogivales ». Désormais (...), le style troubadour gagne du terrain (...). Le meuble (...) est envahi par un décor flamboyant plaqué sur des structures usuelles (VIAUX, Meuble, 1962, p. 155). V. moyenâgisme rem. 3 s.v. moyenâgeux ex.
Empl. subst. Une souriante note de naturalisme est apportée par des tiges de lis (...) sur un fond imperceptiblement guilloché (...). Combien nous sommes loin, ici, des saillies du troubadour ou du rococo (GRANDJEAN, Orfèvr. XIXe s., 1962, p. 70).
P. méton. [En parlant d'un sujet ou d'une œuvre artist.] Qui appartient au style troubadour. Véritable composition type [Cochem], gentil jouet de la Basse-Moselle, un peu troubadour, marqué à la fois du style Restauration et de civilisation rhénane (BARRÈS, Scènes et doctr., t. 2, 1902, p. 142). On voit même apparaîtreet non pas seulement sur les dessus de penduleles sujets troubadours, qui se multiplient dans la peinture. P.-L. Deseine (...) expose (...) un groupe d'Héloïse et Abélard (HAUTECŒUR, Art sous Révol. et Empire, 1954, p. 63).
2. Subst. [P. réf. iron. au troubadour-abricot, troubadour-pendule ,,genre (...) à la mode vers 1820 (...). Les troubadours étaient représentés au théâtre armés de lyres et vêtus de tuniques à crevés couleur abricot. L'horlogerie même s'était emparée pour ses pendules du sujet à la mode`` (LARCH. 1880)] Personne qui, par son aspect ou son art, rappelle les représentations conventionnelles du troubadour médiéval. Y pensez-vous [Flaubert] quelquefois au « vieux troubadour de pendule d'auberge, qui toujours chante et chantera le parfait amour »? (SAND, Corresp., t. 5, 1865, p. 100). Jeanne (...) chantait quelque romance (...) datant des anciens troubadours-abricot (COPPÉE, Poés., t. 3, 1887, p. 69).
Empl. adj. Nous rencontrons (...) Walter Scott, à qui mon jeune dédaigneux trouve un air rococo, troubadour et « dessus de pendule ». (...)Mais, dis-je (...), tout le passé vit dans ses admirables romans (...)!C'est de la friperie (A. FRANCE, Bonnard, 1881, p. 499).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. 1575 subst. masc. « poète lyrique courtois de langue d'oc aux XIIe et XIIIe s. » (J. DE NOSTRE DAME, Vies des anc. poet. provenç., p. 14 ds GDF. Compl.); 2. 1843 adj. ou appos., iron. « qui est à l'image des troubadours, qui cultive les mêmes valeurs » (GAUTIER, Tra los montes, p. 65); 1851 style troubadour « style artistique né dans le premier tiers du XIXe s. alors que le Moyen Âge était remis en honneur » (FEUILLET, Scènes et prov., p. 3). Empr. à l'a. prov. trobador « poète, compositeur », trobadors XIIe s., PEIRE D'ALVERNHE ds BARTSCH Chrestomathie, 85, 25, Bertran de Born, 125, 3, cas régime de trobaires XIIIe s.,RAIMON D'AVINHO, 229, 24, ibid. (v. également LEVY Prov.) formes corresp. à l'a. fr. trovere/trovëor, v. trouvère. Fréq. abs. littér.:204. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 418, b) 595; XXe s.: a) 183, b) 80.
DÉR. 1. Troubadouresque, adj. a) Relatif aux troubadours du Moyen Âge. Genre troubadouresque (GUÉRIN Suppl. 1895). b) P. anal. [Corresp. à supra A] Qui évoque les troubadours, leur style poétique. L'Anglais n'a pas le vocabulaire d'amour. Et quand il le rencontre (...), sa sévère éducation, et l'habitude de son mâle verbe, lui en font trouver (...) les grâces, quelque chose d'émasculé, d'enfantin, de troubadouresque (E. DE GONCOURT, Faustin, 1882, p. 242). Je dîne chez Daudet avec Mistral. (...) quelque chose de bon, de souriant, de calme, fait par une vie de plein air méridional, du bon vin et l'enfantement doux de chants et de poésies troubadouresques: c'est là le portrait du poète provençal (GONCOURT, Journal, 1884, p. 330). c) [Corresp. à supra C 1 b] Qui appartient au style troubadour. Vieilles gravures représentant Napoléon Ier en costume troubadouresque (GONCOURT, Journal, 1874, p. 1019). []. 1res attest. a) 1846 « qui est propre aux troubadours » (E. VAN BEMMEL, De la langue et de la poésie provençales, p. 4, p. 73 et 213 ds QUEM. DDL t. 7), b) 1875 « qui rappelle les troubadours » (FLAUB., Corresp., p. 235); c) 1874 costume troubadouresque « dans le style troubadour du XIXe s. » (GONCOURT, Journal, p. 1019), d) 1882 péj. « qui est mièvre, fade » (E. DE GONCOURT, loc. cit.); de troubadour, suff. -esque. 2. Troubadourisme, subst. masc. a) Art poétique et lyrique des troubadours (supra A). Un poète provençal [Aubanel] qui n'est plus, comme Mistral, le continuateur du pur troubadourisme (GONCOURT, Journal, 1885, p. 486). b) P. anal., péj. ) Art poétique évoquant celui des anciens troubadours par une sentimentalité excessive. Le Lac de Lamartine (...), une romance! Mysticisme et troubadourisme; la prose poétique de Chateaubriand mise en strophes! Où placez-vous l'accent de vérité dans ce morceau? (Le Temps, 20 févr. 1877, p. 3, col. 2). ) Caractère de ce qui rappelle les anciens troubadours par son naturel fantaisiste, son comportement vagabond. On commence par visiter Paul Niquet, (...) on finit par se faire arrêter à Crespy pour cause de vagabondage et de troubadourisme exagéré (NERVAL, Bohême gal., 1855, p. 178). c) Péj. Caractère du style troubadour (supra C 1 b), de ce qui évoque les représentations conventionnelles du troubadour au XIXe s. Les balancements de couples amoureux, (...) il caricaturait tout cela (...) dans des poses de dessus de pendule et de troubadourisme (...), moquant (...) toute la tendre sentimentalité de l'homme (GONCOURT, Man. Salomon, 1867, p. 232). []. 1res attest. a) 1846 « style troubadour du XIXe s. » (T. GAUTIER, Hist. art dram., IV, p. 227 ds QUEM. DDL t. 2), b) 1885 « manière, style lyrique des troubadours » (GONCOURT, Journal, p. 486); de troubadour, suff. -isme.

troubadour [tʀubaduʀ] n. m.
ÉTYM. 1575; de l'anc. provençal trobador « trouveur », de trobar « trouver, inventer, composer ». → Trouver, trouvère.
1 Poète lyrique courtois de langue d'oc aux XIIe et XIIIe siècle. (→ Chevalier, cit. 4; romantique, cit. 5). Jongleur, ménestrel, musicien. || En voyage, le troubadour était souvent accompagné de son jongleur. || Recueils poétiques des troubadours. Chansonnier. || Troubadours d'Aquitaine (Guillaume IX de Poitiers, Jaufré Rudel, Marcabrun…), du Limousin et du Périgord (Bertran de Born, Bernard de Ventadour, Arnaut Daniel), de Provence (Raimbaut d'Orange, Raimbaut de Vaqueiras…), du Languedoc (Peire Vidal…). || Poèmes des troubadours. Chanson, pastourelle, sextine, sirvente, tenson.
1 L'origine de leur poésie est des plus incertaines. D'aucuns en voient les sources dans une vieille lyrique populaire lentement polie (…) D'autres ont voulu voir dans la poésie troubadouresque un héritage des Arabes (…) Quoi qu'il en soit, cette divinisation de la femme, d'où procède l'inspiration des troubadours, est chez eux, telle qu'ils la conçoivent, un fait neuf — fait d'esprits délicats, non de vilains, de chrétiens, non de maures. C'est le fruit naturel de la société féodale, qui, en même temps qu'elle verrouillait la vierge et l'épouse, exaltait, jusqu'à la confondre avec la créature de beauté, la Mère de Dieu.
André Berry, Littér. d'oc, in Encycl. Pl., Hist. des littératures, t. III, p. 1462.
2 (1872, Littré). En appos. (Littér. et art). || Genre, style troubadour : genre littéraire (imitation de la poésie chevaleresque et courtoise), style artistique (pseudo-gothique), né dans le premier tiers du XIXe siècle, alors que le moyen âge était remis en honneur. || Les Ballades de Hugo appartiennent au genre troubadour.
2 (…) la Chapelle de Saint-Louis (à Carthage), rotonde de style troubadour, barbouillée à l'intérieur d'un affreux badigeon, ne se défend du grotesque que par la mémoire héroïque qu'elle perpétue.
Louis Bertrand, le Livre de la Méditerranée, « Carthage ».
(V. 1940). Anciennt. || Swing troubadour : style « swing » d'esprit romantique et tendre, mis à la mode par Charles Trenet.
DÉR. Troubadouresque, troubadourisme.

Encyclopédie Universelle. 2012.