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troupeau

troupeau [ trupo ] n. m.
• 1530; tropel fin XIIIe; « troupe » mil. XIIe; du frq. °thorp trop
1Réunion d'animaux domestiques qu'on élève, nourrit ensemble. Troupeau de cent têtes de bétail. Troupeau de taureaux, de chevaux ( manade) . « Un énorme troupeau de moutons et de chèvres noires » (Fromentin). Troupeau d'oies. Garder les troupeaux ( berger, cow-boy, gaucho, vacher) . Migrations de troupeaux. transhumance.
Spécialt Troupeau de moutons. « un troupeau traversait les guérets [...] Deux chiens le flanquaient. Le berger marchait en avant » (Bosco ).
2(1530) Troupe (de bêtes sauvages). Troupeau de buffles, d'éléphants.
3Péj. Troupe nombreuse et passive de personnes. « Je hais tout ce qui porte l'homme à se mettre en troupeau » (Musset) ( grégaire) . « Ils appartenaient au grand troupeau des hommes. Les résignés » (R. Rolland). « Le soir, à la gare d'Orsay, perdue dans le troupeau que parquait une barrière » ( F. Mauriac). foule, multitude.
4(1541; de la parabole du bon pasteur) Relig. Le troupeau du Seigneur : les fidèles, l'Église.

troupeau nom masculin (ancien français tropel, du francique throp, village) Ensemble d'animaux d'une même espèce domestique ou de ruminants sauvages vivant ensemble. Ensemble d'animaux d'une espèce domestique présent sur une exploitation agricole. Ensemble d'animaux d'une espèce domestique dont la garde est confiée à une ou à plusieurs personnes. Littéraire. Ensemble de personnes placées sous la direction d'un pasteur spirituel. Multitude, foule, considérée dans son comportement collectif, impersonnel, passif. ● troupeau (citations) nom masculin (ancien français tropel, du francique throp, village) Suétone, en latin Caius Suetonius Tranquillus vers 69-vers 126 Des gouverneurs lui conseillant d'augmenter l'impôt des provinces, il leur écrivit que le devoir d'un bon berger était de tondre le troupeau, non de l'écorcher. Praesidibus onerandas tributo provincias suadentibus rescripsit, boni pastoris esse tondere pecus, non deglubere. Vies des douze Césars, Tibère, XXXII Tibère Frédéric Mistral Maillane, Bouches-du-Rhône, 1830-Maillane, Bouches-du-Rhône, 1914 Troupeau qui mène son gardien est broyé tôt ou tard dans la gueule du loup. Troupèu que meno soun gardaire Crussis à tèms o tard dins la gorgo dóu loup. Mireille, VII

troupeau
n. m.
d1./d Troupe d'animaux domestiques de même espèce, élevés et nourris ensemble. Un troupeau de vaches.
|| Spécial. (S. comp.) Troupeau de moutons et de brebis. Le berger et son troupeau.
|| Groupe d'animaux vivant ensemble. Un troupeau de girafes.
d2./d Péjor. Groupe de personnes qui suit passivement qqn, qqch. Escorté de son troupeau d'admirateurs.
d3./d RELIG Ensemble des fidèles. Le pasteur et son troupeau.

⇒TROUPEAU, subst. masc.
A. — [À propos d'animaux]
1. Ensemble d'animaux domestiques (brebis, moutons, vaches) nourris pour l'élevage ou la pâture, faisant partie d'une exploitation agricole et/ou confiés à la garde d'un berger ou d'un vacher. Troupeau d'ânes, de chevaux, de chèvres, d'oies, de vaches; troupeau de cent têtes de bétail; berger du troupeau; chien de troupeau; garder, faire paître les troupeaux; transhumance des troupeaux. Des troupeaux de moutons qu'un berger conduisoit comme une armée dans des plaines jaunes et incultes (CHATEAUBR., Avent. dern. Abenc., 1826, p. 205). L'ouverture du monde aux Européens depuis le XVIe siècle s'est accompagnée de progrès spectaculaires dans la dispersion des animaux domestiques: certains ont fait leur lieu d'élection de terres où leur introduction est récente à l'échelle de l'histoire (troupeaux ovin et bovin d'Australie) (WOLKOWITSCH, Élev., 1966, p. 14).
P. métaph. [P. réf. aux moutons de Panurge dans le Quart Livre de Rabelais] J'envisage ici, naturellement, les hommes dignes de ce nom. Je néglige les moutons du troupeau, nombreux et de peu de signifiance (ARNOUX, Visite Mathus., 1961, p. 241).
DR. FÉOD. Droit de troupeau à part. ,,Droit exclusif du seigneur de faire garder ses troupeaux isolément et sans les mêler à d'autres`` (GUÉRIN 1892). Le droit de troupeau à part permettait aux seigneurs féodaux de garder leurs troupeaux séparés de ceux de la communauté religieuse (FÉN. 1970).
2. Troupe de bêtes sauvages. Troupeau de bisons, de bouquetins, de buffles, d'éléphants, d'oies sauvages. J'aime à chasser des daims et des cerfs par troupeaux (HUGO, Cromwell, 1827, p. 382). Parmi les ruminants, les antilopes continuent à former de grands troupeaux (BOULE, Conf. géol., 1907, p. 161).
Rem. ,,Les chasseurs en montagne disent un « troupeau » de chamois ou de bouquetins, plus souvent qu'une harde`` (DUCHARTRE 1973).
P. anal. Toi qui, forte comme un troupeau De démons, vins, folle et parée, De mon esprit humilié Faire ton lit et ton domaine (...)Maudite, maudite sois-tu! (BAUDEL., Fl. du Mal, 1861, p. 53).
B. — P. anal. ou au fig.
1. P. anal.
a) Péj. [À propos de pers.] Troupe nombreuse de personnes rassemblées sans ordre. Troupeau d'admirateurs, d'adorateurs, de bien-pensants, d'émigrants, d'enfants, d'esclaves, de collégiens, d'imbéciles, de locataires, de misérables. Empêcher les intelligences loyales, les cœurs honnêtes que certaines difficultés de la vie sociale et politique excitent et passionnent, de grossir le troupeau que veulent mener des sophistes et des démagogues sans vergogne (GAMBETTA, Discours, 1881 ds Fondateurs 3e Républ., p. 130). Jamais elle ne risquait ses petits pieds sur le sol raboteux des halles, et jamais elle ne s'intéressait au troupeau humain, défilant devant sa porte, sous l'écrasement du travail maudit (ZOLA, Travail, t. 2, 1901, p. 17).
Loc. En troupeau. En grand nombre, sans discipline. La juste horreur que nous inspire le Robert Greslou de Bourget n'empêche point que quelques-unes des précieuses qualités de nos jeunes gens viennent, comme leurs graves défauts, de ce qu'ils sont des êtres qui ne s'agrègent point naturellement en troupeau (BARRÈS, Homme libre, 1889, p. XIII).
b) Littér. [À propos de choses] Ensemble de choses réunies en grand nombre en un lieu et dont l'aspect évoque un troupeau d'animaux. Troupeau de collines, d'étoiles, de maisons, de nuages. De moment en moment des troupeaux de vagues blondes (...) débouchaient sous le vent (...) et accouraient éperdument vers nous (HUGO, Fr. et Belg., 1885, p. 70). Quand solitaire au sourire de pâtre, Je pais longtemps, moutons mystérieux, Le blanc troupeau de mes tranquilles tombes, Éloignes-en les prudentes colombes, Les songes vains, les anges curieux! (VALÉRY, Charmes, 1922, p. 149). V. bercail ex. 2.
Loc. En troupeau. Vieilles, grises, tassées sous leurs lourds toits de tuiles, elles [les maisons] (...) semblaient se grouper, se serrer en troupeau autour de la petite église (GENEVOIX, Marcheloup, 1934, p. 12).
2. Au fig. Grand nombre. Troupeau de contradictions, de pensées, de secrets. Et de nouveau elle enlaçait, amenait par ruse à la lumière le troupeau de sentiments obscurs, apprivoisait les confidences (COCTEAU, Enfants, 1929, p. 146). Il faut remarquer (...) que le travail de base à exercer sur le langage est de nature synthétique, alors qu'il était analytique au siècle de Voltaire: il faut élargir, approfondir, ouvrir les portes et laisser entrer, en les contrôlant au passage, le troupeau des idées neuves (SARTRE, Sit. II, 1948, p. 302).
RELIG. Ensemble de personnes réunies sous une même direction spirituelle; communauté de fidèles sous la responsabilité d'un pasteur. Synon. bercail, fidèles, ouailles. Cet ecclésiastique (...) était curé de Nemours depuis le rétablissement du culte catholique. Par attachement pour son troupeau, il avait refusé le vicariat du diocèse (BALZAC, U. Mirouët, 1841, p. 30). Jahvé est le créateur et le dieu d'Israël, qui est son peuple et son troupeau, trop longtemps infidèle (Théol. cath. t. 4, 1 1920, p. 1007).
REM. 1. Troupaille, subst. fém., hapax, fam. Petit troupeau. Derrière trois chèvres qui balançaient trois clochettes, il est arrivé une petite fille (...) elle faisait paître sa troupaille tout alentour de moi (GIONO, Baumugnes, 1929, p. 220). 2. Troupelet, subst. masc. Ensemble de choses réunies en grand nombre dont l'aspect évoque un petit troupeau. Versez goutte à gouttelette Votre mousse en ces puits, puis Que ces puits Passent au four, et, blondines, Sortant en gais troupelets, Ce sont les Tartelettes amandines! (ROSTAND, Cyrano, 1898, II, 4, p. 73).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1150 « ensemble de choses réunies en grand nombre, dont l'aspect peut évoquer un troupeau d'animaux » (Floire et Blancheflor, éd. J.-L. Leclanche, 2217); 2. a) 1160-74 par tropeals « en groupe » (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, III, 6056); b) 1174 « réunion d'un certain nombre de personnes, foule » (GUERNES DE PONT-SAINTE-MAXENCE, St Thomas, 1006 ds T.-L.); 3. a) fin du XIIIe s. « groupe important d'animaux domestiques réunis pour l'élevage ou la pâture » (Gl. sur GAUTIER DE CHATILLON, Alexandreis, éd. R. De Cesare, p. 112); b) 1530 « groupe important d'animaux sauvages » (PALSGR., p. 230b); c) 1538 « ensemble des fidèles » (ap. RICHARD Kirchenterminologie, p. 125); d) 1643 péj. « groupe d'êtres humains rassemblés passivement, sans ordre » (CORNEILLE, Polyeucte, I, 3 ds Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 3, p. 498); e) 1832 en troupeau(x) (MUSSET, Un spectacle dans un fauteuil, Dédicace ds Œuvres compl., t. 1, Premières poésies, p. 257). Dér. d'une forme non att. trop « grand nombre de personnes, foule », issue de l'a. b. frq. thorp, throp, v. trop. Fréq. abs. littér.:2 802. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 4 101, b) 4 413; XXe s.: a) 4 071, b) 3 603. Bbg. STORM (J.). Trop, troupe, troupeau. Romania. 1872, t. 1, pp. 490-491.

troupeau [tʀupo] n. m.
ÉTYM. 1530; tropel, fin XIIIe; « troupe », mil. XIIe; du francique throp. → Trop, troupe.
1 Réunion d'animaux domestiques qu'on élève, qu'on nourrit ensemble (se dit surtout des mammifères). || Troupeau de cent têtes de bétail. || Troupeaux de vaches, de taureaux ( Manade), de chevaux (→ Sonnaille, cit. 2), d'ânes (→ Convoi, cit. 2). || Un troupeau de rennes. || Troupeau de moutons et de chèvres (→ Caravane, cit. 2).Troupeau d'oies (cit. 1).Grelots (cit. 2), sonnailles des troupeaux. || Mener paître, pacager les troupeaux. || Les troupeaux sont au pâturage, à l'étable. || Migrations de troupeaux des nomades pasteurs (→ Nomadisme, cit. 1). Transhumance. || Les troupeaux montent à l'alpage. || Chien qui surveille les troupeaux. || Le croît (accroissement) d'un troupeau.
1 (…) les trépignements d'un troupeau de bœufs s'entendirent à quelque distance, apportés par le vent. Il s'avançait comme une locomotive, harcelé par le bâton d'un pâtre et les mâchoires d'un chien.
Lautréamont, les Chants de Maldoror, V.
1.1 Le troupeau des chèvres bises et des moutons marchait devant les enfants. Les bêtes aussi allaient sans savoir où, posant leurs sabots sur des traces anciennes.
J.-M. G. Le Clézio, Désert, p. 9.
Par compar. || Piétinement de troupeau d'une foule (cit. 6). || Obéir comme un troupeau (→ Suffrage, cit. 1; et ci-dessous, 3.).
Spécialt. Troupeau de moutons. || Les bergers (cit. 1) et leurs troupeaux. Berger, pasteur (cit. 1), pâtre (cit. 2). || « Jeanne la Lorraine, ses petits pieds dans ses sabots, Enfant de la plaine, filait en gardant ses troupeaux » (Marche lorraine). || Troupeaux bêlants (→ Gardien, cit. 1). || Chaque brebis du troupeau (→ Brouter, cit. 2). || Montagnes couvertes de troupeaux (→ Laine, cit. 1). || Troupeaux épars… remis en leurs parcs (cit. 1). Bercail, bergerie. — ☑ Loc. La brebis galeuse (cit. 6) d'un troupeau. || Parabole du bon berger et de son troupeau, dans l'Évangile (→ Berger, cit. 1; et ci-dessous, 4.).
2 Chaque vendredi soir, à la tombée de la nuit, un troupeau traversait les guérets entre La Commanderie et La Geneste. Deux chiens le flanquaient. Le berger marchait en avant.
H. Bosco, Hyacinthe, p. 15.
Fig., poét. || « Le blanc troupeau de mes tranquilles tombes » (→ Éloigner, cit. 2, Valéry).
3 Bergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin.
Apollinaire, Alcools, « Zone ».
2 (1530, Palsgrave). Troupe de bêtes sauvages (cit. 2). || Troupeau de buffles (→ Savane, cit.), d'éléphants sauvages (→ Jungle, cit. 1), de cerfs (→ Enfonçure, cit. 2), d'isards (cit.), de bouquetins.
Par anal. Troupe. || Un troupeau de démons (cit. 15). || Troupeau de djinns (→ Livide, cit. 3).
3 (1642, Corneille). Péj. Troupe nombreuse (de personnes, assimilées par leur nombre et leur passivité à des animaux). || Le troupeau humain (→ Delà, cit. 15; immerger, cit.). Foule, multitude, peuple. || Des troupeaux d'affamés (cit. 4). || Un grand troupeau d'émigrants (→ Embarquer, cit. 1). || Mener à la boucherie d'immenses troupeaux résignés (→ Guerre, cit. 39). || Un troupeau de soupireurs (cit.). Essaim. || « … je hais (cit. 25)… Tout ce qui porte l'homme à se mettre en troupeau » (Musset). Grégaire (instinct grégaire).Le Grand Troupeau, roman de Giono.
4 Livré à lui-même et ramené subitement à l'état de nature, le troupeau humain ne saura que s'agiter, s'entre-choquer, jusqu'à ce qu'enfin la force pure prenne le dessus comme aux temps barbares, et que, parmi la poussière et les cris, surgisse un conducteur militaire, lequel d'ordinaire est un boucher. En fait d'histoire, il vaut mieux continuer que recommencer.
Taine, les Origines de la France contemporaine, I, t. I, p. 41.
5 Ils appartenaient au grand troupeau des hommes. Les résignés.
R. Rolland, le Voyage intérieur, « L'arbre ».
6 Le soir, à la gare d'Orsay, perdue dans le troupeau que parquait une barrière, Fanny interrogeait les figures sales des voyageurs qui surgissaient du sous-sol.
F. Mauriac, le Mal, VIII.
4 (XVIe). Relig. (de la parabole du bon pasteur). Le troupeau du Seigneur : les fidèles, l'Église.Vieilli. Les gens d'un diocèse, d'une paroisse, pour l'évêque ou le curé (→ Houlette, cit. 3). || « Et le Salut ayant béni l'humble (cit. 19) troupeau ». || « Il a ramené au troupeau la brebis égarée » (Furetière)
7 Mais que dirait Saint Paul, s'il revenait ici,
De nos jeunes Prélats qui n'ont point de souci
De leur pauvre troupeau, dont ils prennent la laine,
Et quelquefois le cuir (…)
Ronsard, Disc. des misères de ce temps, « À G. Des-Autels ».
8 C'est un prélat fort pieux qui s'occupe sans cesse à édifier le peuple, à le porter à la vertu par des sermons pleins d'une morale excellente, qu'il compose lui-même. Il a depuis vingt années quitté la cour pour s'abandonner entièrement au zèle qu'il a pour son troupeau.
A. R. Lesage, Gil Blas, VII, II.
Vx (dans le langage politique de l'Ancien Régime). Le berger et le troupeau : le prince et ses sujets (→ Berger, cit. 14 et 15; 1. or, cit. 13).

Encyclopédie Universelle. 2012.