veille [ vɛj ] n. f.
• XIIe; lat. vigilia « veille, insomnie »
I ♦
1 ♦ Action de veiller (I, 1o); moment sans sommeil, généralement consacré à quelque occupation pendant le temps normalement destiné à dormir. « Après avoir consacré de longues veilles à l'étude du derme et de l'épiderme » (Balzac).
2 ♦ (1596) Garde de nuit. « Tandis que les premiers guetteurs [...] prenaient la veille » (Dorgelès). — Mar. Homme, poste de veille. — Radar de veille, de surveillance.
♢ Veille technologique : recherche et traitement de l'information scientifique ou technologique.
II ♦ (XVIe; « fait de veiller dans la nuit qui précède une fête religieuse » XIIe) Jour qui en précède un autre, qui précède celui dont il est question. « la veille de sa mort, Danton disait [...] » (Stendhal). La veille d'aujourd'hui. ⇒ hier. La veille et l'avant-veille. La veille au soir. « Un pouvoir appelé Ministère qui ne sait pas la veille s'il existera le lendemain » (Balzac). — Fam. Ce n'est pas demain la veille.
♢ À LA VEILLE DE (un événement) :dans la période qui le précède immédiatement, juste avant. À la veille de la Révolution française. « Il fallait du personnel, et l'on était toujours à la veille d'en manquer » (Camus), près d'en manquer.
III ♦ (1636) État d'une personne qui ne dort pas (opposé à sommeil). « mes impressions de la veille et du sommeil se sont quelquefois confondues » (Nodier). « La conscience du moi dans l'état de veille » (Maine de Biran). ⇒ vigilance.
⊗ CONTR. Lendemain. — Sommeil.
● veille nom féminin (latin vigilia) Action de monter la garde, en particulier de nuit : Tour de veille. Action, fait de ne pas dormir aux heures généralement consacrées au sommeil : De longues heures de veille réservées à l'étude. État de quelqu'un qui est éveillé : Être entre la veille et le sommeil. Journée qui précède celle dont on parle ou un événement particulier : Nous sommes arrivés la veille au soir. ● veille (difficultés) nom féminin (latin vigilia) Emploi On dit, on écrit la veille du jour où, la veille de : la veille du jour où nous nous sommes rencontrés ; la veille de mon arrivée. Recommandation Éviter : la veille que (la veille que nous nous sommes rencontrés), la veille du jour de (la veille du jour de mon arrivée). ● veille (expressions) nom féminin (latin vigilia) Veille technologique, dans une entreprise, un organisme, etc., activité consistant à se tenir informé des innovations dans le secteur les concernant. À la veille de, dans la période qui précède juste, juste avant : La France à la veille de la Révolution ; sur le point de : Être à la veille de se marier. Veille aérienne, mission de surveillance radar et électronique, confiée à des avions dotés de matériel spécifique. Mode veille, situation d'un ordinateur en inactivité dont l'alimentation de chauffage de l'écran est suspendue pour réduire sa consommation.
veille
n. f.
rI./r
d1./d Action de veiller; absence de sommeil. Longue veille. L'état de veille et l'état de sommeil.
d2./d Surveillance, garde effectuée pendant la nuit. Prendre la veille.
— Poste de veille, sur un navire.
rII./r Jour qui en précède un autre. La veille de la Tabaski.
— Loc. à la veille de: peu avant (tel événement). à la veille des indépendances.
⇒VEILLE, subst. fém.
I. A. — Synon. rare de veillée (v. ce mot A). Les morts (...) dont nous racontons Dans les veilles d'hiver l'histoire épouvantable (GLATIGNY, Fer rouge, 1870, p. 36). Les garçons (...) fréquentent de préférence les veilles où se rendent les filles à marier (MENON, LECOTTÉ, Vill. Fr., 2, 1954, p. 19).
B. — État d'une personne qui ne dort pas. Anton. sommeil. État de veille. La lumière agit presque constamment sur cet organe [l'œil], pendant tout le tems de la veille: elle excite fortement son attention par des impressions vives et variées (CABANIS, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. 192). Le sommeil intègre la veille qui l'a précédé, de telle sorte que « l'âme mène sans cesse une double existence, à la fois consciente et inconsciente » (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 138).
C. — Souvent au plur. Fait de ne pas dormir, moment où l'on ne dort pas, pendant le temps consacré normalement au sommeil. Être épuisé par les veilles. Ce soir j'ai la tête cassée par ma veille. Rentré à 2 heures du matin (GIDE, Journal, 1904, p. 139). Quoi! (...) vous êtes déjà levée! Nous étions pourtant bien sûrs qu'une comédienne, accoutumée aux longues veilles, ne sortait pas de sa chambre avant midi (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 115).
— En partic., vieilli, littér. Fait de se priver de sommeil pour se consacrer à un travail, à une occupation importante. Veilles studieuses; le fruit de ses veilles. V. honneur I D 1 ex. de FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 16.
♦ Veille d'armes. Synon. rare de veillée d'armes. Gens qui ne se saoulaient que de récits de montagne, de leurs débats de veille d'armes ou de lendemains de victoire au Matterhorn (PEYRÉ, Matterhorn, 1939, p. 100). Un silence de veille d'armes (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 39).
D. — Garde de nuit. Poste de veille; prendre la veille. Madame Chardon avait recommencé sans murmurer les fatigantess veilles de son état de garde-malade (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 612).
♦ Être de veille. Ceux qui n'étaient pas de veille s'accroupirent, le dos voûté sous la toile de tente, et (...) essayèrent de dormir (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 271).
— AVIAT. Radar de veille. ,,Dispositif fonctionnant 24 heures sur 24, et surveillant l'espace territorial aérien d'un pays`` (Électron. 1960).
— CH. DE FER. Veille automatique. ,,Appareillage qui réagit, par émission d'un signal sonore dans le compartiment de conduite, lorsque le conducteur ne manifeste plus sa présence par l'action de ses mains sur les appareils de bord, et qui provoque le freinage et l'arrêt du train`` (Industries 1986).
— MAR. Quart de nuit. Homme, matelot, service de veille. Il s'accouda au bordage. Ce fut là que, quelques minutes plus tard, conduit sur la passerelle par sa veille incessante, Haynes le trouva (PEISSON, Parti Liverpool, 1932, p. 130).
E. — Veille technologique. Surveillance de l'environnement industriel et commercial de l'entreprise permettant son adaptation simultanée aux changements de ce dernier. L'un des atouts des Japonais est sans conteste le sérieux avec lequel ils mènent leur « veille technologique » commerciale et concurrentielle (Sc. et Technol., 7 août 1990, p. 52).
II. A. — [Dans le temps relatif] Jour précédant celui dont il est question. (À) la veille d'une bataille, du départ, de la mort de qqn; la veille de Noël, de Pâques; la veille du jour où...; la veille au soir; la soirée de la veille; depuis la veille; pain de la veille; être arrivé (de) la veille. L'angoisse qui accabla Jésus à la veille de son sacrifice, dans la nuit tragique, sous les ténébreux oliviers (COPPÉE, Bonne souffr., 1898, p. 75). À la fin d'ma perme, la veille de rentrer (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 113).
♦ Ce n'est pas demain la veille que. V. demain I B 1 a ex. de Le Breton.
B. — Époque immédiatement antérieure. Ennemis de la veille. Les parvenus de la veille cherchaient à blasonner leurs sacs et à décrasser leurs écus au frottement des vieux parchemins (SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p. 38). Elle est bien fine. Elle n'en a pas moins vendu ses vignes juste la veille de l'année où elles allaient rapporter le plus (RENARD, Journal, 1901, p. 666).
— Loc. À la veille de
♦ + subst. Juste avant. À la veille de la guerre, de la Révolution. Nous sommes à la veille d'une période aussi riche et aussi neuve que le fut l'ère romantique (ARAGON, Crève-cœur, 1941, p. 76).
♦ + inf. Sur le point de. Toulon est à la veille d'avoir un grand faubourg du côté de La Vallette (STENDHAL, Mém. touriste, t. 3, 1838, p. 251). La peinture abstraite était (...) à la veille de connaître un grand développement à Paris, quand celui-ci fut contrecarré et ralenti par l'affirmation du cubisme (DORIVAL, Peintres XXe s., 1957, p. 117).
Prononc. et Orth.:[]. Voy. longue ou demi-longue, ds PASSY 1914, BARBEAU-RODHE 1930 et ds MARTINET-WALTER 1973 (3/17). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. 1145 « fait de ne pas dormir la nuit, de rester éveillé volontairement ou non aux heures normales du sommeil », ici « fait de passer la nuit en prières » fist ses oreisons E veilles e aflictions (WACE, Conception ND, éd. W. R. Ashford, 316); 2. a) 1373 velle « action de guetter, de surveiller » (JEAN FROISSART, Le Joli buisson de jonece, éd. A. Fourrier, 5080); b) 1596 « action de monter la garde, en particulier, la nuit » (HULSIUS); 3. 1553 « chacune des divisions de la nuit, selon les Romains » (La Bible, s. l., impr. J. Gérard, Marc 6, 48); 4. a) 1553 au plur. « grande et longue application qu'on donne à l'étude en prenant sur son temps de sommeil » (d'apr. FEW t. 14, 438b); b) 1690 « temps pris sur le sommeil et consacré à une occupation importante » surtout au plur. (FUR.: Les Sçavants nous font voir du fruit de leurs veilles); c) 1732 veille des armes (RICH.). II. 1. a) Ca 1170 voille « jour qui précède une fête religieuse » la voille de Natevité (CHRÉTIEN DE TROYES, Erec et Enide, éd. M. Roques, 6525); 1174-76 veille (GUERNES DE PONT-STE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, 1019); b) 1690 « nuit qui précédait une fête religieuse et que l'on passait en prières pour se préparer à la célébrer dignement » l'office de la veille (FUR.); 2. a) 1537 la veille « jour qui précède celui dont il est question » la veille des nopces (BONAVENTURE DES PÉRIERS, Cymbalum Mundi, dialogue III ds Œuvres fr., éd. L. Lacour, t. 1, p. 349); b) 1599 à la veille de + subst. ou inf. (Ph. DE MORNAY, let., in Mme DE MORNAY, Mém., II, 232 [Renouard] ds QUEM. DDL t. 19). III. 1636 « état d'une personne qui est éveillée, qui ne dort pas (par opposition à sommeil) » Et an veille & au sommeil (MONET). Du lat. class. vigilia « insomnie; garde de nuit; faction de nuit » dér. de vigil « éveillé, vigilant, attentif » comme subst. « garde de nuit, veilleur »; le sens II du lat. médiév. de l'Église vigilia (NIERM.). Fréq. abs. littér.:6 032. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 8 212, b) 9 216; XXe s.: a) 9 633, b) 7 913. Bbg. BELLENGER (Y.). Le Vocab. de la journée et des moments ds la poésie du 16e s. In: B. (Y.). Dix ét. sur le 16e et le 17e s. Paris, 1982, p. 48. — GALET (Y.). Les Corrélations verbo-adverbiales au niveau de la phrase complexe. Fr. mod. 1975, t. 43, p. 339. — MÖHREN Landw. Texte 1986, p. 268. — RINGENSON (K.). La Veille, à la veille de, au lendemain de. St. neophilol. 1938/39, t. 11, pp. 215-236.
veille [vɛj] n. f.
ÉTYM. V. 1155; du lat. vigilia « veille, insomnie ».
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1 Action de veiller (1. Veiller, I., 1.); moment sans sommeil, généralement consacré à une occupation pendant le temps normalement destiné à dormir. || Veilles et insomnies. — (Surtout au plur.). || Disperser ses forces (cit. 11) en veilles. || Brisé (→ Somnolence, cit. 2), amaigri (cit. 4), usé par les veilles. || Consacrer de longues veilles à l'étude de… (→ Élégant, cit. 7). — (Au sing.). || Une phrase (cit. 9) seule occupait toute une veille (de Balzac). — (1732). || Veille des armes. ⇒ 2. Veillée.
2 (1553). Vx. Grande et longue application qu'on donne à l'étude (Académie); travaux ainsi faits (⇒ Élucubration). || Dans tes fécondes veilles (→ Expression, cit. 25). || De doctes, de savantes veilles (Furetière).
3 (1596). Dans quelques expr. Garde de nuit. || Nos guetteurs (cit. 3) prenaient la veille. || Les opérateurs de veille (→ 3. Poste, cit. 2). — Mar. || Homme de veille. ⇒ Quart. || Poste, chambre de veille. — Radar de veille, de surveillance.
♦ Veille automatique : système de sécurité assurant le freinage et l'arrêt automatique des trains, en cas de défaillance du conducteur. — Veille météorologique mondiale (V. M. M.).
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II
1 (XIIe; du lat. ecclés.). Vx. Jour précédant une fête religieuse, employé en veilles (I., 1.) et en prières.
2 (XVIe). Mod. Jour qui en précède un autre, qui précède celui dont il est question. || La veille du 14 Juillet (→ Illumination, cit. 11). || La veille d'aujourd'hui (⇒ Hier). || La veille de l'offensive (→ Liaison, cit. 15), de sa mort (→ Guillotiner, cit. 1). || La veille au soir (→ Faneur, cit. 1; joue, cit. 3; 2. maille, cit. 4; stupeur, cit. 1). || Le jour d'avant la veille. ⇒ Avant-veille, surveille. || Depuis la veille (→ Planter, cit. 12). || Un Ministère qui ne sait pas la veille s'il existera le lendemain (→ Employé, cit. 2). || Une soupe (→ Ordre, cit. 17), du pain de la veille.
1 (…) heureuses encore, si (…) vous vous contentez d'un abandon humiliant, et ne faites pas de l'idole de la veille la victime du lendemain !
Laclos, les Liaisons dangereuses, LXXXI.
♦ ☑ Loc. fam. Ce n'est pas demain la veille : ce n'est pas pour bientôt, c'est encore loin ou cela ne se fera jamais.
3 ☑ (1599, in D. D. L.). À la veille de (un événement) : dans la période qui le précède immédiatement, juste avant. || Je suis à la veille du plus grand malheur (→ Jamais, cit. 7). || Religion à la veille d'une destruction universelle (→ Relever, cit. 2). || À la veille de la découverte de l'Amérique (→ Dépréciation, cit. 1). — (Avec un inf.). ⇒ Point (1. Point, I., 4. : sur le point de). || Il fallait du personnel et l'on était toujours à la veille d'en manquer (→ Improviser, cit. 10).
2 — Saad, as-tu remarqué comme ton cheval ressemble à ces chevaux qui sont à la veille de boiter ?
J.-R. Bloch, la Nuit kurde, p. 26.
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III (1636). État d'une personne qui ne dort pas (opposé à sommeil). || État de veille (→ Frange, cit. 8). ⇒ Vigile. || Passer du sommeil à la veille : s'éveiller, se réveiller. || Conscience du moi et activité libre dans l'état de veille (→ Sommeil, cit. 1). || État de veille et hypnose (cit. 2). || Ne sachant qui vous trompe, de la veille ou du sommeil (→ Frotter, cit. 11). || États entre la veille et le sommeil. ⇒ Hypnagogique (cit. 2). — Neurophysiologie. || Centre (réticulaire) de la veille.
3 (…) pour dire la vérité, monsieur, mes impressions de la veille et du sommeil se sont quelquefois confondues, et je ne me suis jamais fort inquiété de les démêler, parce que je ne saurais décider au juste quelles sont les plus raisonnables et les meilleures.
Ch. Nodier, Contes, « Fée aux miettes », XIV.
4 Quand je rêve — je rêve peu — je me délecte assez souvent de ce dont ma veille sagement se prive.
Colette, l'Étoile Vesper, p. 160.
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CONTR. (De II.) Lendemain. — (De III.) Sommeil.
DÉR. 1. Veillée, 2. veiller.
COMP. Avant-veille, surveille. — V. Éveiller.
HOM. Formes du v. veiller.
Encyclopédie Universelle. 2012.