voyelle [ vwajɛl ] n. f.
1 ♦ Son émis par la voix sans bruit d'air, phonème caractérisé par une résonance de la cavité buccale plus ou moins ouverte (voyelle orale), parfois en communication avec la cavité nasale (voyelle nasale).⇒aussi diphtongue, triphtongue; vocalique. Voyelles antérieures, postérieures; ouvertes, fermées. « L'accent jurassien aux voyelles largement ouvertes » (Aymé). « Les voyelles françaises sont nombreuses et très nuancées » (Valéry). ⇒ vocalisme. Le français comprend seize voyelles. Voyelle longue, brève. — Syllabe faite d'une voyelle, d'une voyelle et d'une semi-voyelle. I voyelle [ i ] et i consonne [ j ] (ex. pie [ pi ], pied [ pje ]). ⇒ semi-consonne . Rencontre de voyelles. ⇒ hiatus. Élision d'une voyelle.
2 ♦ Lettre qui sert à noter ce son, employée seule (a; e; i; o; u; y), munie d'un signe (ex. é, ô), en combinaison avec d'autres (ex. eau, ou, ei) ou avec une consonne (ex. an, ain, on). « J'inventai la couleur des voyelles » (Rimbaud).
● voyelle nom féminin (ancien français voieul, du latin vocalis, qui rend un son) Son du langage dont l'articulation est caractérisée par le libre écoulement du flux d'air expiré à travers le conduit vocal qui ne comporte aucun obstacle susceptible d'engendrer la formation d'un bruit audible. Lettre utilisée pour noter ce genre de son. ● voyelle (citations) nom féminin (ancien français voieul, du latin vocalis, qui rend un son) Arthur Rimbaud Charleville 1854-Marseille 1891 A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles, Je dirai quelque jour vos naissances latentes. Poésies, Voyelles
voyelle
n. f. Son du langage, phonème produit par la voix qui résonne dans les cavités supérieures du chenal expiratoire (essentiellement la cavité buccale); lettre qui note un tel son.
— Voyelles nasales, dans la prononciation desquelles les fosses nasales jouent le rôle d'un résonateur:,,, (par oppos. à voyelles orales).
⇒VOYELLE, subst. fém.
Son musical du langage dû aux vibrations du larynx répercutées librement dans les cavités supérieures du chenal expiratoire et modifié par le volume et la forme de la cavité buccale, la position de la langue et des lèvres, le degré d'ouverture de la bouche.
A. — LING., PHONÉT. Phonème constituant à lui seul un son et n'ayant pas de trait consonantique. Synon. vx voix (v. ce mot I A 1). Système des voyelles françaises. On compte généralement en français seize voyelles (PHÉL. Ling. 1976). Nous proposons un système phonique minimum, constitué comme suit: — Voyelles: 7 voyelles orales ([a], [e], [i], [o], [y], [ø], [u]) avec 3 variantes de position ([], [], [œ]) et le [] caduc; 4 voyelles nasales ([], [], [õ], []) (N. CATACH, L'Orth. fr., 1980, p. 37).
♦ Triangle des voyelles. (Ds MAR. Lex. 1951, s.v. triangle). Synon. de triangle vocalique.
♦ I voyelle/I consonne. V. I prononc.
♦ En compos. Semi-voyelle.
1. [Dans des syntagmes présentant des oppos. et classant le phonème en fonction de son timbre, de son mode d'articulation, de sa durée]
♦ Voyelle antérieure, palatale/voyelle postérieure, vélaire. Voyelle dont le point d'articulation est situé dans la partie avant de la cavité buccale (palais dur) par opposition à celle dont l'articulation est située dans la région du voile du palais. On appelle les voyelles de la série a-è-é-i voyelles palatales ou voyelles antérieures, parce que, durant leur réalisation, la langue articule dans la direction du palais dur (B. MALMBERG, La Phonét., 1968, p. 38). La voyelle vélaire qui est articulée le plus en avant est ò ouvert, puis vient u et enfin ó qui est la voyelle la plus postérieure (C. BRICHLER-LABAEYE, Les Voy. fr., 1970, p. 66).
♦ Voyelle ouverte/voyelle fermée. Voyelle dont la prononciation demande l'ouverture ou la fermeture du canal vocal. Notons que ce sont les voyelles ouvertes: a, è, ê (o bref aussi, mais moins bien) qui sonnent le mieux dans ce registre (POTIRON, Mus. église, 1945, p. 44). On peut donc dire que [i] est une voyelle fermée, antérieure et rétractée et que [u] (fr. ou) est une voyelle fermée, postérieure et arrondie. La voyelle [a] peut être dite ouverte (MARTINET 1967, p. 42).
♦ Voyelle arrondie, labiale, labialisée/voyelle non arrondie. Voyelle dont la prononciation demande ou non des lèvres arrondies. Les voyelles vélaires s'articulent avec projection labiale et réduction, par arrondissement, de l'ouverture buccale (...). Toutes les voyelles ainsi affectées sont dites labialisées ou arrondies (G. ZINK, Phonét. hist. du fr., 1986, p. 22).
♦ Voyelle moyenne, neutre, centralisée/voyelle franche. ,,On appelle neutre (...) une voyelle de timbre mal défini, qui comporte pour les organes vocaux une position moyenne et de quasi-inertie, à laquelle peut aboutir dans des conditions déterminées une voyelle dite franche`` (MAR. Lex. 1951, s.v. neutre). Une voyelle est dite neutre lorsqu'elle n'est ni très fermée, ni très ouverte, ni franchement antérieure ou postérieure, ni rétractée, ni arrondie. La voyelle neutre se note [] (...). Une voyelle dont l'articulation tend vers celle de la voyelle neutre est dite centralisée (MARTINET 1967, p. 43).
♦ Voyelle tendue/lâche, relâchée. ,,Une voyelle est dite tendue et comporte une netteté particulière de prononciation lorsqu'une certaine tension des muscles de la langue donne à cet organe une forme convexe, relâchée si, cette tension faisant défaut, la langue s'aplatit, ce qui détermine un timbre plus indistinct`` (MAR. Lex. 1951).
— [Dans des syntagmes qui permettent de classer le phonème selon sa place dans la syllabe, le mot] Voyelle initiale, finale.
♦ Voyelle tonique. ,,Voyelle de la syllabe accentuée d'un mot`` (PHÉL. Ling. 1976). Voyelle atone.
♦ Voyelle accentuée. Voyelle qui porte l'accent, est prononcée plus fortement. L'élévation de la voix a porté sur la voyelle accentuée au détriment des autres syllabes du mot latin. Tandis que la voyelle accentuée persiste toujours en français (...), il n'en est pas de même des syllabes atones voisines, qui, dans certaines conditions, se sont effacées (BOURC.-BOURC. 1967, p. 32). Voyelle inaccentuée.
♦ Voyelle libre/voyelle entravée.
♦ Voyelle thématique.
♦ Voyelle d'appui. V. appui I B 4.
2. LITT., POÉSIE. Phonème considéré en raison de son timbre, pour sa valeur expressive. Voyelle aiguë, claire, sombre, sonore. La voyelle a est la voyelle de l'immensité (...). Dans le mot vaste, la voyelle a conserve toutes ses vertus de vocalité agrandissante (BACHELARD, Poét. espace, 1957, p. 180). Nous pouvons donc distinguer des voyelles étouffées (la vélaire [u]), les nasales [, , ] et mieux encore [], des voyelles éclatantes (celles des grandes apertures, et des voyelles que nous appelons percutantes [i, y, e]) (MORIER 1975).
B. — Signe graphique, lettre consacrée par l'usage à la notation de ces sons. Voyelle simple, double. Nous n'avons que cinq voyelles; mais il est bien notoire que nous avons plus de cinq voix (DESTTUT DE TR., Idéol. 2, 1803, p. 369). J'inventai la couleur des voyelles! — A noir, E blanc, I rouge, O bleu, U vert (RIMBAUD, Saison enfer, 1873, p. 228). V. bleu ex. 1, lettre e ex. 1.
— [Empl. dans l'écriture avec un signe diacritique ou en combinaison avec d'autres lettres pour noter un son simple] Les seules rimes masculines sont désormais celles que donnent les mots terminés par une voyelle nasalisée:ent, in, on, ant, oin (GOURMONT, Esthét. lang. fr., 1899, p. 224). V. supra A ex. de N. Catach.
— En compos. Point-voyelle. V. point1 I B 2 b.
Prononc. et Orth.:[]. LITTRÉ: ,,vo-iè-l'; quelques-uns disent voi-iè-l'``. V. aboyer. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Av. 1483 [éd. 1501] voielle (L'Instructif de la seconde rhétorique ds Le Jardin de plaisance, éd. E. Droz et A. Piaget, t. 1, f° a iiii r° a). Réfection, d'apr. le genre de consonne, de l'anc. subst. voieul « voyelle » (1310 [date du ms.] voioele fém., BRUNET LATIN, Trésor, éd. P. Chabaille, p. 481, var. du ms. S; ca 1320 voieul masc., Ovide moralisé, éd. C. de Boer, III, 263), également adj. « vocal » (1284, JEAN DE MEUN, Art de chevalerie, éd. U. Robert, p. 83), qui est issu, sous l'infl. du plur. voieus, de voiel « vocal », du lat. vocalis « qui fait entendre un son; voyelle », v. vocal. Fréq. abs. littér.:132. Bbg. CATACH (N.). L'Orth. fr. Paris, 1980, 334 p. — DELOFFRE (F.). Élém. de ling. fr. Paris, 1980, 104 p. — DONCHUE-GAUDET (M.-L.). Le Vocalisme et le consonantisme fr. Paris, 1969, 232 p. — LOMBARD (A.). Le Rôle des semi-voyelles et leur concurrence avec les voyelles correspondantes dans la prononc. parisienne. Lund, 1964, 45 p. — LONCHAMP (Fr.). Analyse acoustique des voyelles nasales fr. Verbum. 1979, t. 2, pp. 9-54. — MALMBERG (B.). Observations sur le syst. vocalique du fr. Arch. ling. 1940-41, t. 2, pp. 232-246. — MARTINET (A.). Les Voyelles nasales du fr. Linguistique. Paris. 1965, t. 2, pp. 117-122. — MRAYATI (M.). Et. des voyelles nasales fr. B. de l'Inst. de phonét. de Grenoble. 1975, t. 4, pp. 1-26. — PEYTARD (J.), GENOUVRIER (É.). Ling. et enseign. du fr. Paris, 1970, pp. 39-40. — QUEM. DDL t. 39 (s.v. voyelle-tampon). — ROSSI (M.). L'Intensité spécifique des voyelles. Phonetica. 1971, t. 24, pp. 129-161. — STRAKA (G.). Rem. sur les voyelles nasales... R. Ling. rom. 1955, t. 19, pp. 245-274; Syst. des voyelles du fr. mod. B. de la Fac. des Lettres de Strasbourg, 1950, t. 28, pp. 1-41, 220-233; Voyelle et consonne. B. Ling. Bucarest. 1941, t. 9, pp. 29-39. — ZINK (G.). Phonét. hist. du fr. Paris, 1986, pp. 20-24, 69-74; 203-205.
voyelle [vwajɛl] n. f.
ÉTYM. 1530, Palsgrave; voyel, XVe, attestation isolée; voieul, 1265; subst. de l'adj. voieul « vocal », XIIIe; lat. vocalis.
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1 Son émis par la voix sans bruit d'air, phonème caractérisé par une résonance de la cavité buccale plus ou moins ouverte (voyelle orale), parfois en communication avec la cavité nasale (voyelle nasale). → Vocoïde. — Le timbre (cit. 4) d'une voyelle (⇒ aussi Inflexion). || Voyelle fermée, ouverte. || Mode d'articulation d'une voyelle : voyelles palatales, vélaires, labiales, ou, plus cour., voyelles antérieures, postérieures, arrondies, écartées. || Les voyelles françaises sont nombreuses et très nuancées (→ Timbre, cit. 3). ⇒ Vocalique (système). || Voyelles accentuées; appuyer (cit. 22) sur certaines voyelles. || Quantité, durée des voyelles en prosodie grecque et latine, voyelle longue, brève. — Syllabe faite d'une voyelle; d'une consonne sonnant avec une voyelle dite d'appui (→ Articulation, cit. 5); de trois voyelles (⇒ Triphtongue); d'une voyelle et d'une semi-voyelle (⇒ Diphtongue). || Voyelle libre, entravée. || Contraction, diérèse de deux voyelles. || Voyelle qui en heurte (cit. 10) une autre. ⇒ Hiatus. || Élision d'une voyelle. — I voyelle [i] et i consonne [j] (ex. : pie [pi], pied [pje]); u voyelle [y] et u consonne [ɥ] (ex. : lu [ly], lui [lɥi]); ou voyelle [u] et ou consonne [w] (ex. : loup [lu], louer [lwe]); → ces lettres. || Lettre qui est voyelle ou consonne. ⇒ Semi-consonne, semi-voyelle.
1 (…) chaque mot, pris en lui-même, est comme un petit orchestre dans lequel la voyelle est la voix, vox, et la consonne l'instrument, l'accompagnement, sonat cum.
Hugo, Post-scriptum de ma vie, « Tas de pierres », III.
2 Elle parlait d'une voix jeune et sonore, enrichie par l'accent jurassien aux voyelles largement ouvertes, claires comme un pain blanc où les consonnes mordent avec décision.
M. Aymé, la Vouivre, II.
2 Lettre (cit. 9) qui sert à noter ce son, employée seule (a; e; i; o; u; y), munie d'un signe (ex. : é, ô), en combinaison avec d'autres (ex. : eau, ou, ei) ou avec une consonne (ex. : an, ain, on). || Voyelles et consonnes. || Langue à écriture sans voyelles (→ Consonne, cit. 5). — Hist. littér. || Le sonnet des voyelles, de Rimbaud. || « J'inventai la couleur des voyelles » (→ Consonne, cit. 3).
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Encyclopédie Universelle. 2012.