wallon, onne [ walɔ̃, ɔn ] n. et adj.
• XVIe ; lat. médiév. wallo, du frq. °walha « les Romains, les peuples romanisés »
♦ Belge du sud de la Belgique, de langue et de civilisation romanes. Les Flamands et les Wallons. — N. m. Dialecte roman français parlé dans cette région. Le mot français houille est emprunté au wallon.
♢ Adj. La littérature wallonne.
● wallon nom masculin Dialecte de langue d'oïl parlé en Belgique romane et, en France, dans la région de Givet. (Le wallon conserve des traits proches du latin et a fait de nombreux emprunts à l'allemand et au néerlandais.) ● wallon, wallonne adjectif et nom (latin médiéval wallo, -onis, du francique walha, les Romains) De la Wallonie. ● wallon, wallonne (difficultés) adjectif et nom (latin médiéval wallo, -onis, du francique walha, les Romains) Prononciation [&ph107;&ph85;&ph96;̃], en prononçant la première syllabe comme celle de ouate. La prononciation [&ph106;&ph85;&ph96;̃], comme vallon, est aujourd'hui moins fréquente.
wallon, onne
adj. et n.
d1./d adj. De Wallonie (partie méridionale de la Belgique). La culture wallonne.
d2./d n. m. Le wallon: le parler roman utilisé notam. en Wallonie.
Encycl. Sur le territoire de la Wallonie subsistent aujourd'hui encore des parlers dérivés du latin vulgaire, souvent regroupés sous l'appellation générique "wallon". Parmi eux, il convient de distinguer le wallon proprement dit, dans le centre et l'est de la Wallonie, le picard, à proximité de la Picardie française, le lorrain - appelé gaumais en Belgique - à la frontière de la Lorraine française, ainsi que quelques îlots où survit le champenois, en bordure de la Champagne française. Face à ces parlers romans endogènes, le français s'est implanté à une époque très ancienne (la charte-loi de Chièvres, dans la province de Hainaut, remonte à 1194) et s'est progressivement imposé comme langue écrite, en conquérant auprès des couches cultivées les positions qu'occupait le latin. En milieu urbain, il semble que l'usage du français ait été relativement précoce, sans doute dès la Renaissance. Le bilinguisme sera plus tardif, mais les témoignages ne manquent pas pour établir que le français concurrençait le wallon dans les communautés formelles dès le XVIIe s. En milieu rural, par contre, on peut estimer que les parlers endogènes qui ont succédé au latin vulgaire ont régné sans partage jusqu'à la fin du XIXe s. Au XXe s., cette situation a connu une rapide mutation: en moins d'un siècle, les sociétés urbaines, puis les entités rurales sont passées d'une majorité d'unilingues wallons à une majorité d'unilingues francophones. En effet, l'instruction primaire, obligatoire à partir de 1918, a assuré la prédominance du français en éradiquant les parlers régionaux. Après 1945, l'industrialisation accélérée, le brassage accru des populations, le développement des communications et des médias ont bouleversé les communautés rurales, autrefois repliées sur elles-mêmes, et qui prirent conscience de l'inaptitude des dialectes locaux à la communication moderne. L'étiolement des parlers régionaux ne se manifeste pas de façon uniforme dans l'ensemble de la Wallonie. Les milieux ruraux ont offert plus de résistance que les centres urbains. La pratique des dialectes est évidemment plus vivace chez les locuteurs âgés, généralement les moins touchés par la scolarisation. à égalité de statut socioprofessionnel et de scolarisation, on constate que les femmes ont abandonné plus rapidement que les hommes la pratique de l'idiome ancestral. D'importantes variations sont également constatées suivant les aires dialectales: schématiquement, le wallon paraît se maintenir plus fermement que le picard, alors que le lorrain (gaumais) semble le plus déliquescent. La pratique du champenois, quant à elle, s'est quasiment éteinte en Wallonie.
⇒WALLON, -ONNE, adj. et subst.
A. — (Celui, celle) qui est originaire de la Wallonie, Belgique du Sud de langue et de civilisation romanes. Comme ils arrivaient tous trois à l'estaminet Piquette, un bruit de bataille, sur la porte, les arrêta. Zacharie menaçait du poing un cloutier wallon, trapu et flegmatique (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1265). Une ligue de l'Enseignement avait été créée à Bruxelles dès le 26 décembre 1864 sous l'initiative d'un Wallon, Charles Buls (CACÉRÈS, Hist. éduc. pop., 1964, p. 39).
— HIST. De la partie romane des anciens Pays-Bas. Les colons de cette partie de l'île Longue descendent des premières familles wallonnes et hollandaises, qui fondèrent la ville de New-York en 1614 (CRÈVECŒUR, Voyage, t. 2, 1801, p. 316).
♦ Gardes wallonnes, infanterie wallonne. Milices de volontaires recrutés dans les Pays-Bas espagnols et maintenues sous les Habsbourg. Après l'infanterie espagnole venait, par ordre d'excellence, l'infanterie wallonne, et l'infanterie wallonne était aussi au roi d'Espagne (HUGO, Rhin, 1842, p. 430).
B. — [En parlant d'un inanimé]
1. Qui est propre à la Wallonie, à ses habitants. Coutume wallonne. Pourquoi ici la maison flamande, là le village alsacien font-ils brusquement place aux fermes wallonnes ou aux villages lorrains? (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 171).
2. LINGUISTIQUE
a) Subst. masc. sing. Dialecte gallo-roman d'une partie de la Wallonie; p. méton., l'une des variétés de ce dialecte. Parler wallon. L'aire du wallon proprement dit se subdivise en quatre variétés: l'est wallon (avec Liège comme ville principale), l'ouest wallon (Charleroi-Nivelles), le centre wallon (Namur) et le sud wallon (...) (Neufchâteau) (PIRON Belgique 1978, p. 153).
b) Empl. adj. Accent wallon; syntaxe, littérature wallonne. La première syllabe s'est dénasalisée, comme cela arrive souvent dans les dialectes wallons (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 715).
REM. Wallingant, -ante, adj. et subst., région. (Belgique). [Dans le lang. de ses adversaires] (Wallon) qui soutient les revendications linguistiques et politiques des Wallons, les plus radicales. Ce n'est pas à la douceur de vivre, mais aux débats de la vie communautaire que nous devons la famille des flamingant, wallingant (...) fransquillon, rattachiste, reflets d'un siècle de querelles linguistiques (PIRON Belgique 1978, p. 28).
Prononc. et Orth.:[], fém. [-]. LITTRÉ, BARBEAU-RHODE 1930 [va-]; Lar. Lang. fr., ROB. 1985 [wa-]; MARTINET-WALTER 1973 [va-], [wa-] et WARN. 1987 [wa-] parfois [va-]. Comparer avec wagon où [va-] l'a emporté. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1466-77 Vallon « habitant de la région romane des Pays-Bas » (JEAN DE HAYNIN, Mémoires ap. A. HENRY, Esquisse d'une histoire des mots wallon et Wallonie, Mont-sur-Marchienne, 1990, p. 32); b) 1481 adj. (J. MOLINET, La Ressource du petit peuple ds Les Faictz et dictz, éd. N. Dupire, t. 1, p. 156); 2. a) fin XVe s. langue walonne (ID., Chroniques, éd. G. Doutrepont et O. Jodogne, t. 1, p. 194); b) 1511 subst. ling. (J. LEMAIRE DE BELGES, Les Illustrations de Gaule, livre I ds Œuvres, éd. J. Stecher, t. 1, p. 104). Issu, par subst. du suff. -on, fréq. dans les ethniques, du plus anc. wallec « langue d'oïl parlée dans les Pays-Bas » (doc., 1332 ap. A. HENRY, op. cit., p. 23), walesch, walesc « id. » (ca 1350, GILLES LE MUISIT, Poésies, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 1, p. 222, cf. A. HENRY, op. cit., p. 23) [déjà walesquier « parler un langage incompréhensible » (ca 1270, Cassidorus, éd. J. Palermo, t. 1, p. 179)], qui est prob. empr. au néerl. walesch, walec, issu de l'a. b. frq. walhisk (A. HENRY, op. cit., pp. 25-26). Celui-ci appartient à la famille du germ. Walhoz « Celtes », empr. au lat. Volcae, nom d'une peuplade celte voisine des Germains (A. HENRY, op. cit., pp. 20-21). V. aussi velche. Wallon, né dans un milieu bourguignon en terroir picard, a d'abord désigné les habitants des Pays-Bas parlant une lang. d'oïl, ainsi que cette lang. Une connotation dial. n'est apparue qu'au XVIIIe s. (peut-être une 1re fois dès 1564), v. A. HENRY, op. cit., p. 53. Fréq. abs. littér.:36.
DÉR. 1. Wallonisme, subst. masc., ling. Trait caractéristique du wallon emprunté par le français de Belgique. Taiseux doit en effet prendre place parmi les wallonismes bien que je ne le voie signalé par aucun de nos auteurs de « Ne dites pas..., mais dites... » (A. GOOSSE, Façons de parler, 1971, p. 203). — []. Supra prononc. — 1res attest. 1565 walonisme (H. ESTIENNE, Traicté de la conformité du lang. fr. avec le gr., 51 ds Mél. Baldinger (K.) t. 2, p. 564, note 8), attest. isolée, de nouv. 1806 (Flandricismes, wallonismes et expr. impropres de la langue fr. [titre], Bruxelles, ibid.); de wallon, suff. -isme. 2. Walloniste, subst. Linguiste spécialisé dans l'étude des dialectes wallons. Cette dernière forme [gaumais, habitant de la Gaume] a, aujourd'hui, la préférence des wallonistes (J. HAUST ds Les Dialectes belgo-romans, 1937, n° 1, p. 158). — []. Supra prononc. — 1re attest. ca 1858 (ap. A. HENRY, op. cit., p. 63); de wallon, suff. -iste.
BBG. — HENRY (A.). Esquisse d'une hist. des mots wallon et Wallonie. Paris, 1990, 152 p.; J. Wauquelin et l'hist. du mot wallon. In: H[enry].(A.). Automne. Paris, 1977, pp. 109-117. — HERBILLON (J.). Notes sur le mot wallon. La Vie wallonne. 1972; t. 46, pp. 163-164. — LEGROS (É.). Sur wallon et Wallonie. La Vie wallonne. 1965, t. 39, pp. 118-126, 185-196, 253, 271; 1966, t. 40, pp. 50-53. — QUEM. DDL t. 14 (s.v. wallonisme). — STENGERS (J.). Depuis quand les Liégeois sont-ils des Wallons? Mél. Arnould (M.-A.) et Ruelle (P.). Bruxelles, 1981, pp. 431-447.
wallon, onne [walɔ̃, ɔn] n. et adj.
ÉTYM. XVIe; wallin, 1385; lat. médiéval wallo, wallonis, du francique walha « les Romains, les peuples romanisés ».
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♦ Belge de la Belgique du sud, de langue et de civilisation romanes. || Les Wallons et les Flamands.
♦ Adj. || Le pays wallon. || L'économie wallonne.
♦ N. m. (XVIe). Ensemble des parlers gallo-romans de Wallonie. || Le normand, le picard, le wallon (→ Français, cit. 14). || Parler wallon, le wallon. || Mots empruntés par le français au wallon (ex. : estaminet, grisou, houille). — Adj. || Les dialectes wallons reculent en Wallonie devant le français. || Bilinguisme wallon-français. || Anthologie wallonne, de textes wallons. || La Société de langue et de littérature wallonnes.
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DÉR. Wallonisme, walloniste.
Encyclopédie Universelle. 2012.