FRONDE
La Fronde est une période de troubles et de guerre civile qui s’est étendue sur quatre années, de 1648 à 1652, pendant la minorité de Louis XIV. La diversité des événements et la complexité de cette crise en ont rendu l’interprétation difficile aux historiens. La Fronde: vision simplifiée. Il y a eu, en réalité, plusieurs Frondes. Comme l’a observé E. H. Kossmann, la Fronde n’a été ni une révolution parlementaire, ni une révolution féodale, ni une révolution populaire, mais de tout cela un peu. Du mouvement dirigé contre le ministériat, les intendants, les traitants, les contradictions du système, les charges consécutives à la guerre étrangère, est sortie, au terme d’une période de révoltes et de troubles, une guerre civile déclarée, qui a mis le comble aux malheurs. Mais comme aucun groupe politique ou social n’a pu affirmer un programme ou entreprendre une action coordonnée, capable de rallier la majorité du pays ou de la soumettre, la monarchie traditionnelle a retrouvé son prestige.
Louis XIV en tira la leçon: s’il laissa Mazarin poursuivre la guerre et les négociations de paix et rétablir les intendants, il prit la résolution de n’avoir jamais de Premier ministre, de contenir les parlements, d’écarter la noblesse de la vie politique et de faire de la monarchie absolue de principe une monarchie personnelle, où le roi, par son Conseil, administrerait directement le royaume et imposerait l’obéissance à ses sujets.
Les circonstances
Deux circonstances ont contribué à l’éclatement de la crise: la guerre avec la maison d’Autriche et la minorité du roi.
La guerre durait depuis 1635 et paraissait s’éterniser. Les négociations engagées avec l’empereur et les princes allemands allaient aboutir bientôt à la paix sur le Rhin, tandis que la lutte se poursuivait contre les armées espagnoles à la frontière du Nord, du reste à l’avantage des Français. Les hostilités obligeaient le gouvernement à des dépenses disproportionnées à ses ressources. Il fallait recourir à des emprunts et des augmentations d’impôts sous diverses formes: taxes, créations de nouveaux offices, car les charges publiques étaient vénales. Or, comme les impôts étaient affermés à des traitants, qui consentaient aussi des prêts au Trésor, les difficultés publiques enrichissaient un groupe privilégié d’hommes d’affaires, tandis qu’elles causaient l’appauvrissement, voire la ruine de toutes les autres classes de la population. La politique fiscale était si mal supportée que de fréquentes révoltes avaient éclaté en province, dans les milieux populaires, mais avec la complaisance ou la participation de nobles. Étaient-elles le prélude d’une guerre civile générale? Richelieu les avait réprimées sévèrement.
La minorité du roi créait une situation dangereuse. La France n’avait pas de constitution écrite; elle était régie par la coutume, faite de traditions aux limites imprécises et qui se contenaient les unes les autres dans un équilibre fragile. À la mort de Louis XIII (1643), la reine Anne d’Autriche avait obtenu du parlement de Paris qu’on lui confiât l’exercice de la régence. Elle gouvernait depuis cinq ans, avec son Premier ministre, le cardinal Mazarin, auquel on reprochait, à Paris, d’être italien et de favoriser des dépenses de cour qui semblaient un défi à la gêne du pays. La monarchie était absolue. Personne n’en contestait le principe; au début de 1648, devant les réclamations du parlement de Paris, la reine lui avait demandé de préciser sa compétence et il avait opposé un refus, répondant qu’il ne lui appartenait pas «de délibérer sur la question la plus importante et la plus difficile de la politique: connaître l’étendue et la capacité des puissances légitimes»; que ce serait «ouvrir les sceaux et les cachets de la royauté, pénétrer dans le secret de la majesté du mystère de l’Empire». L’absolutisme du roi était distingué de la tyrannie ou du despotisme: le roi, ne tenant son pouvoir que de Dieu, l’exerçait à la manière d’un juge et arbitre suprême et d’un père de famille, mais les édits royaux devaient être enregistrés par les parlements. L’administration (justice et finances) était assurée par des officiers, qui représentaient le roi, mais étaient titulaires de leurs charges et n’admettaient pas d’empiétement sur leurs attributions. Or, pour obtenir l’obéissance et la discipline, le gouvernement avait recours à des intendants, qui étaient des commissaires investis par le Conseil du roi de la mission de répartir et de lever les impôts ou de former des tribunaux exceptionnels. Les officiers, surtout les trésoriers de France et les élus, dénonçaient dans leur action un abus de pouvoir contre les usages traditionnels. Les parlements et les cours souveraines étaient en conflit de compétence avec le Premier ministre et le Conseil du roi. Enfin, la France étant alors une société d’ordres, la noblesse, depuis les princes du sang et la haute aristocratie jusqu’à leurs nombreuses ramifications de clientèle en province, sentait ses privilèges et son influence menacés par cette administration de commis.
Un roi adulte parvenait à dominer ces oppositions et à se faire obéir. La chose était plus malaisée lors d’une minorité, surtout pour une femme et un étranger.
C’était aussi le temps de la révolution d’Angleterre, d’une guerre civile entre le roi et le Parlement britannique. Anne d’Autriche et Mazarin en redoutaient la contagion; nul ne pouvait prévoir, en effet, si ces agitations larvées ne se transformeraient pas en une révolution générale qui mettrait en péril la monarchie.
Les barricades de 1648
Au printemps de 1648, la reine avait dû admettre qu’une commission des cours souveraines (la Chambre Saint-Louis) lui présentât un programme de réformes, dont les principaux points étaient la suppression des intendants, la promesse de ne retenir personne prisonnier plus de vingt-quatre heures sans jugement, des mesures contre les traitants et la garantie de ne lever aucun impôt sans l’enregistrement de l’édit par le parlement. La reine dut accepter ces propositions, qui ne constituaient pas, comme on l’a dit depuis, la transformation de la monarchie absolue en monarchie contrôlée. Elle y vit pourtant un tel outrage à son autorité qu’elle voulut affirmer celle-ci par un coup d’éclat. Le 26 août, profitant d’un Te Deum célébré à Notre-Dame pour la victoire que le prince de Condé venait de remporter sur les Espagnols à Lens, elle fit arrêter un conseiller du parlement, très estimé dans son quartier et l’un des plus ardents opposants: Pierre Broussel.
La population parisienne se souleva. Ce furent trois journées révolutionnaires, ardentes et confuses. Des barricades s’élevèrent. La milice bourgeoise fit tendre des chaînes, parce qu’elle craignait à la fois le pillage des maisons par la «canaille» et l’occupation de la ville par les troupes royales. Le coadjuteur de l’archevêque de Paris, Gondi de Retz, un ambitieux qui songeait à devenir Premier ministre, essaya de s’assurer une popularité, tandis que le premier président, Mathieu Molé, s’interposait, au péril de sa vie, entre le gouvernement qu’il engageait à faire des concessions et les insurgés qui exigeaient l’immédiate libération de Broussel. L’émeute ne s’apaisa qu’au retour du conseiller.
Mais la Fronde était commencée. L’affaire était plus grave que le jeu d’enfant qui servit à la désigner. La capitale allait, pendant quatre ans, être la ville frondeuse par excellence, jamais rassemblée derrière un seul chef, ni autour de revendications précises, mais divisée, frémissante et accessible aux influences les plus contradictoires. Une presse de pamphlets, imprimée librement, y entretenait le trouble et excitait la population contre Mazarin. Ces «mazarinades», tantôt sérieuses, souvent satiriques, parfois grossières et libertines, constituent un témoignage essentiel sur la mobilité et l’ardeur de l’opinion. Toutefois, si l’on y trouve des opinions hardies en matière de gouvernement, il ne s’en dégage point de véritable programme politique.
Fronde parlementaire et nouvelle Fronde
La reine dut, en octobre, confirmer la suppression des intendants. Elle paraissait réconciliée avec le parlement. Mais, quand la paix fut conclue avec l’Empereur et l’Empire (traité de Westphalie, 24 octobre 1648), Mazarin crut pouvoir utiliser les forces militaires pour contraindre le parlement à obéir. Le 5 janvier 1649, la cour quitta subrepticement Paris pour Saint-Germain et la reine donna l’ordre aux cours souveraines d’aller siéger en province. Mazarin pensait que ni la municipalité bourgeoise ni le menu peuple de la capitale ne soutiendraient les parlementaires. Or, parlement et bourgeois s’entendirent pour résister et levèrent des troupes dont ils donnèrent le commandement à des chefs nobles (Conti, Elbeuf, Beaufort). C’était, après les journées des Barricades, la Fronde parlementaire.
L’armée royale, commandée par le prince de Condé, fit le siège de Paris. Mais les parlementaires ne contrôlaient pas bien les soldats à leur service; ils s’alarmèrent bientôt des pourparlers des chefs avec les Espagnols, prêts à joindre leurs troupes à celles de la Fronde pour imposer au gouvernement la fin de la guerre étrangère. Mieux valait se réconcilier avec la reine. La paix fut faite à Rueil le 30 mars: une déclaration royale confirma les concessions de l’année précédente et accorda des pensions et des avantages aux chefs nobles. Mais le menu peuple (bourgeoisie et artisans), qui avait attendu la chute de Mazarin et la fin de la puissance des traitants, se sentait frustré dans ses espoirs.
En province, le désordre se manifestait par des conflits entre les gouverneurs et les parlements, chaque parti cherchant à regrouper derrière lui la population (Aix, Bordeaux). Ailleurs, il semble que la suppression des intendants ait permis aux trésoriers de France de retrouver une autorité, dont ils se servirent pour rétablir l’administration régulière et assurer une meilleure rentrée des impôts.
Mazarin, persuadé que Paris était pratiquement ingouvernable («le roi sera le maître partout, hors dans cette ville-là», disait-il), essayait de s’appuyer sur la province. Dans la capitale, il croyait habile de laisser se constituer des partis qu’il userait les uns par les autres (partis du parlement, de Gondi, du prince de Condé et du duc d’Orléans, oncle du roi). Mais ces partis trouvaient des appuis en province. S’employant à gagner les uns et les autres par des promesses de pensions (coûteuses au Trésor) et des influences personnelles (ainsi s’explique le rôle de grandes dames, dans un climat d’idéal romanesque, étranger à toute pensée politique constructive), Mazarin s’appuya d’abord sur Gondi contre Condé. Le 18 janvier 1650, il fit arrêter Condé, son frère et son beau-frère; mais le parlement, bien que peu favorable aux princes, fut scandalisé par cet acte arbitraire et Mazarin éluda les promesses qu’il avait faites au coadjuteur et à ses amis. Il essaya, d’autre part, de ranimer la guerre étrangère: l’armée royale, si elle n’obtint pas le succès espéré à Cambrai, remporta à Rethel (15 décembre) une victoire sur Turenne qui avait adhéré à la Fronde et demandé des secours à l’Espagne. Mazarin était certainement attaché au service du roi de France. Bon connaisseur de l’Europe, il ne se scandalisait pas trop de voir les grands seigneurs agir selon leur intérêt du moment et rechercher l’alliance des souverains étrangers, d’égal à égal. Le roi absolu n’était pas encore maître de ses grands vassaux. Mazarin comptait sur le succès de ses négociations, mais en faisant voyager la cour loin de Paris (en Guyenne et en Languedoc), il laissait à Paris se développer la nouvelle Fronde.
L’assemblée du clergé, convoquée pour en obtenir des subsides, se montrait récalcitrante. Le duc d’Orléans, nommé lieutenant général du royaume, favorisait des assemblées de la noblesse. Le parlement exigeait le renvoi de Mazarin et demandait à la reine de ne plus jamais admettre d’étranger au Conseil. Les «mazarinades» redoublaient de violence.
Mazarin quitta alors Paris. La reine échoua dans une tentative de fuite avec le jeune roi et elle dut se résigner à libérer les princes. Prévenant cette mesure gouvernementale et désirant s’en attribuer le mérite auprès des intéressés, Mazarin était allé ouvrir leur prison aux princes, avant de se réfugier lui-même à Brühl, en Rhénanie. De là, conseillait-il la reine? Ce n’est pas prouvé. Pendant l’année 1651, Anne d’Autriche gouverna malaisément, louvoyant entre le duc d’Orléans, Condé, Gondi et le parlement. Elle dut promettre la réunion des états généraux, mais fut assez habile pour la différer jusqu’à la date du 7 septembre, où le roi, atteignant 13 ans, devenait majeur. Sa régence cessait, mais elle continua de diriger les affaires, au nom d’un roi responsable.
La guerre civile
C’est alors que Condé se laissa entraîner à un geste qu’il n’avait jamais envisagé auparavant et dont les conséquences furent tragiques pour le pays. Il traita avec les Espagnols, leva des troupes dans le Midi, s’appuya sur Bordeaux, où un mouvement populaire, l’Ormée, opposé au parlement, dominait la ville. Pour combattre Condé, le roi et la reine quittèrent Paris: ils furent rejoints à Poitiers par Mazarin. Alors, dans la capitale, le lieutenant général et le parlement firent cause commune contre le ministre: ordre fut donné de lui courir sus, sa tête fut mise à prix pour la somme de 150 000 livres, que fournirait la vente de sa bibliothèque et de ses collections. Mais Mazarin put ramener au parti royal Turenne, qui, pendant la désastreuse année 1652, devint l’épée de la monarchie. Car cette guerre civile, menée contre le roi majeur, séparé de sa capitale pour reconquérir un royaume désormais partagé entre les royalistes fidèles et les condéens, accumula les ruines matérielles dans un pays qu’avaient jusque-là épargné les combats de la guerre étrangère. Les troupes pillaient les campagnes. Rentré à Paris après des échecs en Guyenne, Condé trouva le parlement réticent à son égard, la bourgeoisie hésitante, mais les couches populaires tellement excitées contre Mazarin qu’il lui fut aisé d’en attiser la fureur, quitte à assurer le parlement et les bourgeois qu’il était seul capable de les protéger contre les séditions. Les passions s’exaspéraient. Dans les pamphlets de 1652, parurent des revendications violentes: le roi était rendu responsable de la guerre autant que Mazarin, les parlements et les princes.
À Bordeaux, les éléments les plus hardis de l’Ormée proposaient en exemple les Anglais et la république de Cromwell. La Fronde allait-elle dégénérer en guerre sociale? Après les combats indécis de Bléneau (avril) et la marche de Turenne en direction de Paris (où Condé put se réfugier, grâce à l’intervention de la Grande Mademoiselle, fille de Gaston d’Orléans, qui fit tirer les canons de la Bastille sur l’armée royale), la démagogie parut triompher dans la capitale (la journée de Paille, 4 juillet). L’excès des malheurs détermina tout ce qui était raisonnable à Paris à se détacher de Condé et à souhaiter le retour du roi, s’il ne ramenait pas Mazarin. Le 21 octobre, le roi rentra dans sa capitale et il l’apaisa par une amnistie générale. Mais la lassitude était si grande, et si fort le désir de retrouver l’ordre quotidien, qu’il n’y eut aucun trouble lorsque Mazarin reparut à son tour, en février 1653. Durant l’été, le sacre de Louis XIV à Reims et la reconquête de Bordeaux scellèrent la fin de la Fronde.
1. fronde [ frɔ̃d ] n. f. ♦ Bot. Feuille des plantes acotylédones. Les frondes des fougères. — Thalle aplati en lame (de certaines algues). fronde 2. fronde [ frɔ̃d ] n. f.
• v. 1240; altér. de fonde, flondre; lat. pop. °fundula, class. funda
1 ♦ Arme de jet utilisant la force centrifuge, formée d'une poche de cuir suspendue par deux cordes et contenant un projectile (balle ou pierre). Faire tournoyer une fronde. Lancer une pierre avec une fronde.
2 ♦ Par anal. Jouet d'enfant composé d'une petite fourche et d'un caoutchouc. ⇒ lance-pierre.
fronde 3. fronde [ frɔ̃d ] n. f.
• 1649; de fronder
1 ♦ Nom donné à la sédition qui éclata contre Mazarin et la reine mère Régente Anne d'Autriche, sous la minorité de Louis XIV. Couplets satiriques chantés pendant la Fronde. ⇒ mazarinade. — Par ext. Le parti des insurgés.
2 ♦ Fig. Un esprit de fronde, un vent de fronde, de révolte.
● fronde nom féminin (latin frons, -ondis, feuillage) Feuille de fougère, porteuse de sporanges. ● fronde nom féminin (latin populaire fundula, du latin classique funda) Arme de jet consistant en une pièce souple, centrale, où est placé le projectile de forme sphérique, et attachée à deux lanières tenues à la main. (On fait tourner l'ensemble puis on lâche une des lanières, le projectile s'échappant alors.) Lance-pierres des enfants. Bandage destiné à fixer les pansements du nez et du menton. ● fronde nom féminin (de la Fronde, nom propre) Littéraire. Révolte de courte durée d'un groupe social contestant les institutions, la société : La fronde étudiante. Esprit de fronde.
Fronde
n. f.
d1./d Arme de jet utilisant la force centrifuge, constituée de deux liens réunis par un gousset contenant le projectile (pierre, balle d'argile, etc.).
d2./d Par anal. Jouet d'enfant utilisant la détente d'un élastique, destiné au même usage; lance-pierres. Syn. (Maghreb) tire-boulettes.
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Fronde
n. f. BOT Feuille fertile (portant les spores) des fougères.
|| Par ext. Partie foliacée, de grande taille, du thalle de certaines algues.
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Fronde
(la) troubles politiques qui agitèrent la France de 1648 à 1653, durant la régence d'Anne d'Autriche et le gouvernement de Mazarin. La Fronde parlementaire (1648-1649) fut parisienne. La Fronde des princes (1651-1653) vit le réveil de l'agitation parlementaire à l'instigation des nobles (Condé, Conti, etc.), qui étendirent la révolte aux provinces, traitèrent avec l'Espagne et affrontèrent les troupes royales de Turenne. Condé entra dans Paris grâce à l'aide de M lle de Montpensier (juil. 1652); le peuple, ruiné par cette guerre civile, l'en chassa et rappela le roi, qui rentra à Paris (oct. 1652), suivi de Mazarin (fév. 1653).
I.
⇒FRONDE1, subst. fém.
A.— Vx, lang. littér. Synon. de frondaison. Quelques frondes de houx béni (NODIER, Trilby, 1822, p. 122).
B.— BOTANIQUE
1. Feuilles des fougères portant les sporanges. Le fruit de la mousse équivaut à la fougère classique, avec ses frondes et ses sporanges (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 1, 1961, p. 538).
2. Thalle aplati, à l'aspect de feuille, de certaines algues. À la pleine mer lorsque les algues tendent au-dessus d'eux [divers crustacés et mollusques] la mouvante muraille de leurs frondes (J.-M. PÉRÈS, Vie océan, 1966, p. 75).
REM. 1. Frondant, ante, adj. [En parlant d'une végétation] Qui est abondante, luxuriante. Lacs sereins, frondants coteaux (MORÉAS, Pèlerin pass., 1891, p. 51). 2. Frondu, ue, adj. (Quasi-)synon. de frondant, ante. — Que dites-vous de marauder, joli trésor! Ah! vos haies étoient bien trop frondues, vos fossés trop profonds, et vos échaliers trop serrés pour cela! (NODIER, Trésor Fèves, 1833, p. 39).
Prononc. :[]. Étymol. et Hist. I. XVe s. « frondaison » (Pastoralet, éd. Kervyn de Lettenhove, p. 693, vers 3921). II. Av. 1831, bot. (DE CANDOLLE ds H. LECOQ et J. JUILLET, Dict. raisonné des termes de bot., p. 277). I empr. au lat. class. frons, frondis « feuillage ». II empr. au lat. sc. frons, frondis (XVIIIe s. LINNÉ d'apr. H. LECOQ et J. JUILLET, op. cit.), de même origine que I.
II.
⇒FRONDE2, subst. fém.
Arme utilisant la force centrifuge, composée d'une bande de cuir formant poche, prolongée à chaque extrémité par une lanière, et dans laquelle on place le projectile à lancer. Un coup de fronde; pierre de fronde. Les frondes ont été les premières armes des hommes (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 143). Autour du lac Victoria, l'explorateur Stanley fut attaqué à plusieurs reprises à coup de pierres de frondes (LOWIE, Anthropol. cult., 1936, p. 236).
— Lance-pierre des enfants :
• ... il n'est pas du tout assuré que les enfants préhistoriques ne jouaient pas déjà avec des arcs, des frondes et des sarbacanes de fortune, au moment où leurs pères s'en servaient « pour de bon » ou « pour de vrai », comme dit d'une façon très révélatrice le langage enfantin.
Jeux et sp., 1968, p. 9.
— Au fig. Elle [l'aube] a en elle le jet du jour irrésistible. Et qui empêchera cette fronde de jeter le soleil dans le ciel? (HUGO, Homme qui rit, t. 3, 1869, p. 155). La branche nue est une fronde qui lance un oiseau (RENARD, Journal, 1904, p. 892).
Rem. 1. Qq. dict. gén. et techn. enregistrent le sens p. anal. de forme de fronde en méd. : ,,Bande de toile rectangulaire à quatre chefs, ayant la forme d'une fronde, destinée à fixer les pansements du menton et du nez`` (Méd. Biol. t. 2, 1971). 2. Les dict. et la docum. enregistrent le sens p. anal. de forme en méd. dentaire : ,,Centrifugeuse destinée à la coulée des métaux et alliages`` (BAT. 1972). Fronde automatique, mécanique. Avec la fronde, le moufle est disposé sur le support. Le métal est fondu au chalumeau et lorsque sa fusion est complète le moufle est entraîné dans un mouvement de rotation par une action énergique et rapide du bras, ce qui a pour effet de précipiter le métal en fusion dans la loge centrale du revêtement (La Pratique stomatologique, t. 6, Paris, Masson, 1949, p. 280).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1240 fronde (St François, 4645 ds T.-L., s.v. fonde); 2e moitié XIIIe s. flondre (Doon de Mayence, 319 ds T.-L.). Prob. d'un lat. pop. fundula « petite fronde » (v. cependant REW3, 3577) dimin. du lat. class. funda « fronde » d'où la forme fonde attestée du début XIIe s. BENEDEIT, St Brandan, éd. E. G. R. Waters, 1156 au XVIIe s. 1700 Pomey. Bbg. JABERG (K.). Sprachwissenschaftliche Forschungen und Erlebnisse. Bern, 1965, p. 91, 95, 98, 101, 109.
III.
⇒FRONDE3, subst. fém.
HIST. Révolte qui a éclaté au début du règne de Louis XIV et qui était dirigée contre la régente Anne d'Autriche et contre Mazarin; le nom du parti qui en est à l'origine :
• 1. ... on a pris l'habitude de regarder la Fronde comme un épisode romanesque et même galant à cause des belles dames qui s'en mêlèrent. Ce fut, en réalité, la poussée révolutionnaire du dix-septième siècle.
BAINVILLE, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 216.
— P. ext. Mouvement d'opposition ou de révolte. Il existait des provinces (...) qui protestèrent toujours (...) sous la forme évidente des jacqueries, des ligues et des frondes (NERVAL, Illuminés, 1852, p. 32). Le boulangisme et l'affaire Dreyfus lui furent [à Barrès] d'incomparables Frondes (THIBAUDET, Princes lorr., 1924, p. 25).
♦ Esprit, vent de fronde (cf. frondeur2) :
• 2. Tout cela, outre les délices qu'il éprouvait à se mettre à part, donnait au baron l'agrément d'exaspérer sa famille, agrément où se satisfaisait cet esprit de fronde qui est un des traits de la noblesse bretonne.
MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 771.
REM. Fronderie, subst. fém. a) Troubles de la Fronde. b) P. ext. Troubles populaires. Attesté ds qq. dict. généraux.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1718-1932. Étymol. et Hist. [1648, v. frondeur]; 1651 (TH. CORN., Feint astrologue, V, 6 ds LITTRÉ). Déverbal de fronder terme hist.; cf. FEW t. 3, p. 862.
STAT. — Fronde1, 2 et 3. Fréq. abs. littér. :315. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 463, b) 571; XXe s. : a) 233, b) 502.
BBG. — CARRIER (H.). Le Mot Fronde : sens et implications. Cah. Lexicol. 1968, t. 13, pp. 15-31.
1. fronde [fʀɔ̃d] n. f.
ÉTYM. XVe; du lat. frons, frondis « feuillage ».
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♦ Botanique.
1 Feuille des plantes acotylédones. || Les frondes des fougères.
0 Un patio du Country Club (…) avec en son centre une pièce d'eau recouverte de nénuphars plus grands que des tourtières, de laitues veloutées flottant sous la coupole des figuiers nains et les frondes fourchues des fougères géantes.
Régis Debray, l'Indésirable, p. 18.
2 Thalle aplati en lame (de certaines algues). || Les frondes des fucacées.
3 Par ext. (vx). ⇒ Frondaison.
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DÉR. Frondaison.
COMP. Frondicole.
HOM. 2. Fronde, 3. fronde, formes du v. fronder.
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2. fronde [fʀɔ̃d] n. f.
ÉTYM. V. 1240, var. de flondre, XIIIe; fonde, XIIe-XVIIe; du lat. pop. fundula, du lat. class. funda, même sens.
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1 (XIIe). Arme (cit. 40) de jet utilisant la force centrifuge, formée d'une poche de cuir suspendue par deux cordes et contenant un projectile (balle ou pierre). → Cyclotron, cit. || Faire tournoyer une fronde. || Lancer une pierre avec une fronde. || David tua Goliath d'un coup de sa fronde. || Atteindre une biche d'un coup de fronde (→ Brûler, cit.14). || Portée d'une fronde (frondée, vx). || Guerriers armés de frondes (→ Frondeur, cit. 1). || Fronde à manche. ⇒ Fustibale.
1 Mais un fripon d'enfant (cet âge est sans pitié),
Prit la fronde, et du coup tua plus d'à moitié
La volatile malheureuse.
La Fontaine, Fables, IX, 2.
2 (…) elle (la police de Richelieu) avait interdit aux gamins de Paris de jouer à la fronde. Ces gamins — parce qu'ils étaient gamins de Paris, donc naturellement séditieux — s'étaient empressés de fabriquer deux fois plus de frondes (…)
Louis Madelin, la Fronde, I.
3 Mais la pierre vole déjà de la fronde, frappe l'énorme front; évanoui, Goliath tombe (…)
Daniel-Rops, le Peuple de la Bible, III, I.
2 (1678, La Fontaine). Jouet d'enfant composé d'une petite fourche et d'un caoutchouc. ⇒ Lance-pierre.
3 (1732, Trévoux). Par ext. Chir. « Bandage de toile rectangulaire, muni de quatre lacs, destiné à fixer les pansements du menton ou du nez » (Garnier), ainsi appelé parce que sa forme rappelle celle d'une fronde.
♦ Spécialt. « Appareil utilisé en prothèse dentaire pour la coulée des métaux sous pression » (Dict. odonto-stomatologique, no 20, 28 sept. 1967). || Frondes à main et frondes mécaniques.
➪ tableau Noms d'appareils.
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DÉR. Fronder, frondeur.
HOM. 1. Fronde, 3. fronde, formes du v. fronder.
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3. fronde [fʀɔ̃d] n. f.
ÉTYM. 1649, Retz; déverbal de fronder. REM. Au sens 1., le mot s'écrit avec une majuscule.
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1 Nom donné à la sédition qui éclata contre Mazarin et la reine mère Régente Anne d'Autriche, sous la minorité de Louis XIV. || La Vieille Fronde ou Fronde parlementaire, la Jeune Fronde ou Fronde des princes. || Barricades de la Fronde. || Aventures romanesques des héros et héroïnes de la Fronde. || Couplets satiriques chantés pendant la Fronde. ⇒ Mazarinade.
1 La Fronde est réputée, non sans cause, pour une des périodes les plus amusantes de l'histoire de France, les plus divertissantes, celle où brille d'un inexprimable comique la vivacité légère et spirituelle du caractère national.
Michelet, Hist. de France, t. XIV, XXIII.
2 Lorsqu'en 1649, on verra la population de Paris tenir en échec le gouvernement royal et le mettre en fuite, sans d'ailleurs penser un instant à le mettre bas, on dira : « Ils font comme leurs enfants; ils jouent à la fronde ». Et le mot fut adopté; consacré par l'histoire, il prit un autre sens : une fronde sera une opposition sans fondement (…) Une fronde n'aboutit pas nécessairement à une révolution, mais une révolution trouve presque toujours son origine et ses premiers auxiliaires chez les gens portés à « la fronde ».
Louis Madelin, la Fronde, I.
♦ (1651). Par ext. Le parti des insurgés. || Parti de la Fronde, et par abrév. La fronde.
3 Comme elle (la princesse de Guémené) haïssait la Fronde pour plus d'une raison, elle me dit un jour chez elle, en me raillant, que nous n'étions plus que quatorze de notre parti (…)
Retz, Mémoires, II, Pl., p. 307.
2 ☑ (1873, Daudet). Fig. Un esprit de fronde, un vent de fronde : un esprit, un vent de révolte.
4 Ce qu'on appelait jadis le vent de Fronde courait dans le Marais.
Alphonse Daudet, Contes du lundi, Pays. d'insurrect., « Au Marais ».
5 Un vent de fronde soufflait à Cauterets. Aurore s'était liée avec une jeune Bordelaise, Zoé Leroy, qui était devenue sa confidente, donc ennemie naturelle du mari.
A. Maurois, Lélia, II II.
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HOM. 1. Fronde, 2. fronde, formes du v. fronder.
Encyclopédie Universelle. 2012.