frondeur, euse [ frɔ̃dɶr, øz ] n.
• 1290; de 2. fronde
1 ♦ Anciennt Soldat armé de la fronde.
2 ♦ Hist. Personne qui appartenait au parti de la Fronde. « les Frondeurs avaient voulu soulever le peuple » (Retz).
3 ♦ Littér. Personne qui critique, sans retenue ni déférence, le gouvernement, l'autorité, les règlements, etc. « le nom de frondeurs qu'on donne aux censeurs du gouvernement » (Voltaire). — Adj. Peuple frondeur. Propos frondeurs. — Par ext. Qui est porté à la contradiction, à l'opposition. « frondeuse comme une lycéenne, irrévérencieuse envers les vieillards » (Colette). Cour. Esprit frondeur, enclin à l'impertinence. ⇒ moqueur, railleur.
⊗ CONTR. Respectueux.
● frondeur nom masculin (de fronde) Soldat qui se servait de la fronde. ● frondeur, frondeuse nom (de la Fronde, nom propre) Au XVIIe s., membre du parti de la Fronde. ● frondeur, frondeuse adjectif Qui est enclin à l'opposition, à l'insubordination : Une jeunesse frondeuse. ● frondeur, frondeuse (citations) adjectif Joseph Joubert Montignac, Corrèze, 1754-Villeneuve-sur-Yonne 1824 En politique, il faut toujours laisser un os à ronger aux frondeurs. Carnets ● frondeur, frondeuse (synonymes) adjectif Qui est enclin à l'opposition, à l'insubordination
Synonymes :
- critique
- railleur
frondeur, euse
n. et adj. Personne qui a tendance à critiquer l'autorité, quelle qu'elle soit.
|| adj. Humeur frondeuse.
I.
⇒FRONDEUR1, subst. masc.
Celui qui lance un projectile avec une fronde. Le lendemain, une balle de plomb, lancée par le frondeur, apporta au prisonnier [Fabrice] l'annonce du plus grand péril possible : la personne qui se chargeait de faire entrer les cordes, lui disait-on, lui sauvait positivement et exactement la vie (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 342).
— Spéc. [Dans l'Antiquité] Soldat armé d'une fronde. Frondeurs assyriens. L'adresse du frondeur baléare (MICHELET, Hist. romaine, t. 1, 1831, p. 189). La quatrième et la cinquième [classes de l'armée romaine], légèrement armées, composèrent les corps de vélites et de frondeurs (FUSTEL DE COUL., Cité antique, 1864, p. 372).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Cf. frondeur2.
II.
⇒FRONDEUR2, EUSE, subst.
HIST. Celui, celle qui participait à la Fronde (cf. fronde3 et fronder2) :
• 1. Avant de prendre la fuite, Mazarin avait ouvert les portes de la prison de Condé, avec l'idée que cet orgueilleux ne s'entendrait pas longtemps avec les autres frondeurs.
BAINVILLE, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 221.
— P. ext. Celui, celle qui critique le pouvoir (politique en particulier), les institutions et p. ext. les préjugés, les modes, etc. Tout gai frondeur, semant le ridicule (BÉRANGER, Chans., t. 3, 1829, p. 180) :
• 2. Tous les familiers de Beethoven sont des opposants au régime existant. Tous sont d'enragés frondeurs. Tous sont anticléricaux, anticagots. Presque tous manifestent un antisémitisme mordant, qui est motivé par la collusion de l'argent des banques juives avec la réaction, de Rothschild avec Metternich.
ROLLAND, Beethoven, 1937, p. 592.
— Empl. adj. Esprit frondeur; bourgeoisie, noblesse frondeuse. Renée s'étonnait de cet accès de piété; car Mme Jacquemart se montrait volontiers frondeuse à l'égard de la religion (ARLAND, Ordre, 1929, p. 453) :
• 3. La France, — pays de citoyens frondeurs, individualistes, jaloux de leurs libertés, pays de petits rentiers où le révolutionnaire moyen conserve encore, à son insu, les habitudes, les goûts, d'un petit propriétaire...
MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 159.
♦ [En parlant d'une pers.] Qui a un comportement d'opposition. Synon. contestataire. La jeunesse frondeuse; une nature frondeuse. À dix-huit ans B... était sceptique et frondeur, ne croyant ni à Dieu ni à diable (GOURMONT, Esthét. lang. fr., 1899, p. 283). Jean se revoyait au collège, élève tour à tour taciturne et frondeur (ROY, Bonheur occas., 1945, p. 248).
♦ Impertinent. Un ton frondeur. Des nécessités désagréables analogues à la pluie, et que Mme de Guermantes acceptait en exerçant sur elles sa verve frondeuse (PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 440).
Prononc. et Orth. :[]., fém. [-ø:z]. Ds Ac. 1694-1835 : frondeur; ds Ac. 1878-1932 : frondeur, euse. Étymol. et Hist. 1. 1648 « soldat armé d'une fronde » (ABLANCOURT, Ret. [raite des X mille de Xénophon], 1. 3 ds RICH.); 2. [1648 hist. (VOI[TURE], Les Balades de Marigni pour la fronde ds RICH.)]; 1654 (SCARRON, Œuvres, 145 ds RICHARDSON, s.v. fronde). Dér. de fronder; suff. -eur2 avec même développement sém. que le verbe; au sens 1 la forme fondaour, fondeur est attestée du XIIIe au XVe s. ds GDF.
STAT. — Frondeur1 et 2. Fréq. abs. littér. :120.
frondeur, euse [fʀɔ̃dœʀ, øz] n.
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1 À la droite et à la gauche des éléphants, voltigeaient les frondeurs, une fronde autour des reins, une seconde sur la tête, une troisième à la main droite.
Flaubert, Salammbô, VIII.
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II (1662, La Rochefoucauld). Hist. Personne qui appartenait au parti de la Fronde. ⇒ 3. Fronde; fronder, II. — Adj. (V. 1673). || « La jeunesse frondeuse » (Retz).
2 L'on affecta de publier, au Palais-Royal, que les Frondeurs avaient voulu soulever le peuple et qu'ils avaient manqué leur coup.
Retz, Mémoires, II, Pl., p. 311.
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III
1 (1690, Furetière; de fronder, III.). Personne qui critique, sans retenue ni déférence, le gouvernement, les hommes au pouvoir, l'autorité établie, les règlements, etc. ⇒ Critique; fort (esprit fort, forte tête). || Les Français, frondeurs impénitents.
3 (…) le nom de frondeurs qu'on donne aux censeurs du gouvernement.
Voltaire, le Siècle de Louis XIV, IV.
3.1 Ennemi déclaré de nos plus saints mystères, frondeur opiniâtre de la pureté de nos dogmes, antagoniste outré de l'existence d'un être suprême, Monsieur de Bressac, au lieu de se laisser convertir par moi chercha bien plutôt à me corrompre.
Sade, Justine…, t. I, p. 77.
4 (…) soit que certains membres de la famille impériale eussent donné l'exemple, ainsi que le prétendaient les frondeurs du faubourg Saint-Germain, il est certain que, hommes et femmes, tous se précipitaient dans le plaisir (…)
Balzac, la Paix du ménage, Pl., t. I, p. 992
5 (…) l'ouvrier français est né malin, c'est un frondeur, une forte tête, en moins de deux il les aurait dessalés les Fritz, et tu peux être sûr qu'Hitler y a pensé.
Sartre, la Mort dans l'âme, p. 275.
2 Adj. (Déb. XIXe, Mme de Staël). Porté à la critique, à l'opposition. || Peuple frondeur. || Gavroche, gamin frondeur. || Esprit frondeur. || Nature frondeuse. ⇒ Contestataire. || Propos frondeurs.
6 Son sang breton le rendait d'ailleurs frondeur en politique, grand opposant des taxes et violent ennemi de la cour.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. I, p. 154.
7 C'est qu'il avait pris tous les jours une attitude plus frondeuse et, formulant, sur tous les actes du Premier Consul, les propos les plus aigres (…)
Louis Madelin, Avènement de l'Empire, III.
8 Sous la République, le mime était souvent frondeur, et Cicéron attendait de ses allusions un commencement de revanche sur le despotisme de César.
J. Carcopino, la Vie quotidienne à Rome, III, 4.
8.1 Martial ne savait pas très bien s'il était pour la subversion, ou contre. Tout un côté de lui-même, frondeur, anarchiste, socialisant aussi, admettait fort bien que l'Ordre établi fût renversé (…)
Jean-Louis Curtis, le Roseau Pensant, p. 178
9 As-tu vu le puissant Voltaire,
Ce grand frondeur des préjugés (…)
A. de Musset, Poésies nouvelles, Sur trois marches de marbre rose.
10 (…) je visite, là, une Hélène intolérante, frondeuse comme une lycéenne, irrévérencieuse envers les vieillards, fussent-ils décoratifs, les anciens magistrats même imposants, les lieutenants-colonels encore verts (…)
Colette, l'Étoile Vesper, p. 117.
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CONTR. Apologétique, courtisan, flagorneur, flatteur.
Encyclopédie Universelle. 2012.