GOUACHE
GOUACHE
Terme dérivé de l’italien guazzo (synonyme de «très mouillé»), qui désigne une variété de détrempe à base d’eau, de gomme arabique fondue à chaud et de glycérine. Il s’agit donc d’une pâte dense, opaque, qui, en séchant, devient mate. La technique de la gouache, contrairement à celle de l’aquarelle, n’utilise pas l’effet de transparence pour l’éclaircissement des tons, mais recourt presque uniquement à l’usage des blancs.
De tradition antique, la gouache est devenue par excellence la peinture des manuscrits, surtout à partir du XIIIe siècle, où l’on recherchait une beauté de matière en rapport avec la franchise du ton.
Comme la tempera — dont elle est très proche —, la gouache impose un certain nombre de règles d’exécution. Elle doit être traitée avec décision, mais il faut éviter de mêler les teintes encore humides et pour cela on laisse sécher la première couche dont l’intensité diminue aussitôt. Il est donc préférable de partir de tons clairs à cause de leur renforcement — ou de leur obscurcissement.
L’histoire de la gouache est liée à celle d’une peinture amovible par le biais du dessin. Au XVe siècle elle se développe comme un complément, elle apporte un «rehaut» de lumière aux innombrables dessins florentins de cette époque, particulièrement aux dessins sur papier teinté (ce qui assure ainsi une «demi-lumière»). Mais on l’utilisait également sur toile fine, la «toile de Reims» — tantôt dans les études d’atelier («drapés» de Léonard de Vinci ou de son cercle), tantôt dans de véritables peintures, mais surtout pour les cartons d’esquisse.
Très diluée elle est parfois traitée partiellement en aquarelle chez Dürer — mais bien souvent l’absence d’analyses chimiques ne nous permet pas de bien la distinguer de la tempera (San Lorenzo Giustiniani , de Gentile Bellini, à l’Académie de Venise et les Scènes bacchiques de Corrège, au Louvre). C’est au XVIIIe siècle qu’il appartenait de mettre la gouache en valeur: Boucher, Lépicié, Fragonard et Tiepolo en font une technique indépendante, liée au petit format; au XIXe siècle, elle devient, avec Papety, un genre précieux (Vie de sainte Marie l’Égyptienne du musée de Montpellier).
La gouache, qui reste un genre mineur, est souvent utilisée pour les études préparatoires, les notations d’études, les projets d’architectes et de cartonniers de tapisserie.
Depuis qu’il existe de nouvelles peintures de résines synthétiques, on a baptisé du nom de gouache des émulsions au vinyle dont l’effet de matité est effectivement très proche de celle-là.
gouache [ gwaʃ ] n. f.
• 1746; it. guazzo « détrempe », lat. aquatio « action de mouiller »
♦ Peinture à l'eau gommée, mêlée de liants et d'ingrédients qui la rendent pâteuse. Tube de gouache. Peindre à la gouache. Dessin rehaussé de gouache.
♢ Tableau peint à la gouache. Des aquarelles et des gouaches.
● gouache nom féminin (italien dialectal guazzo, du bas latin aquatio, lieu où l'on trouve de l'eau) Peinture de consistance pâteuse, opaque, faite de couleurs détrempées à l'eau mêlée de gomme. Œuvre, généralement sur papier, exécutée avec cette peinture.
gouache
n. f. Peinture préparée à l'aide de couleurs délayées dans de l'eau avec de la gomme et rendues pâteuses par du miel ou une autre substance.
|| OEuvre peinte à la gouache.
⇒GOUACHE, subst. fém.
Peinture dont les matières colorantes sont délayées avec de l'eau et rendues pâteuses et opaques par une addition de gomme et de miel. Peindre à la gouache. Le jour, elle dessinait des rochers à la mine de plomb, et le soir, dans sa chambre, elle les éclairait de quelques points de gouache (MARTIN DU G., Devenir, 1909, p. 99) :
• Ce qui distingue la gouache de l'aquarelle, c'est que dans celle-ci les couleurs demeurent transparentes, tandis que dans la gouache, elles deviennent opaques et peuvent, par conséquent, se superposer, ce qui fait qu'on peint à la gouache comme à l'huile. La gouache se recommande par ses tons vifs, frais et délicats (...). La gouache est aujourd'hui singulièrement abandonnée.
HAVARD 1888.
— P. méton. Tableau (ou plus rarement dessin mural) peint selon cette technique. Une belle gouache, une collection de gouaches. Elle demanda à voir les nouveaux tableaux d'Alexis, et on lui montra les gouaches (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 133).
Prononc. et Orth. : []. Ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. [1684 a Guazzo expr. ital. citée (R. DE PILES, Les premiers élémens de la peinture pratique ds BRUNOT t. 6, 1, p. 753)]; 1746 gouache (Dict. de Peint. et d'Archit. ds Trév. 1752). Empr. à l'ital. guazzo, attesté comme terme de peint. dep. la 1re moitié du XVIe s. (Sabba da Castiglione ds BATT. : a guazzo), proprement « terrain inondé; marécage; étang » (dep. 1300-13, Dante, ibid.), du lat. d'époque impériale aquatio « lieu où l'on trouve de l'eau », « action de faire provision d'eau » en lat. classique. Fréq. abs. littér. : 81. Bbg. HOPE 1971, p. 361. - MALKIEL (Y.). Italian guazzo and its hispanic and gallo-romance cognates. Rom. Philol. 1948/49, t. 2, p. 64. - QUEM. DDL t. 2.
gouache [gwaʃ] n. f.
ÉTYM. 1752; peinture à la guazzo « à la détrempe », 1685; ital. guazzo « détrempe », du lat. aquatio « action d'arroser, de mouiller », du rad. de aqua. → Eau.
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1 Préparation où les matières colorantes sont délayées dans de l'eau mêlée de gomme et de substances telles que le miel, qui les rendent pâteuses. || Peindre à la gouache. || À la différence de l'aquarelle (cit. 3) la gouache couvre les fonds. || Dessin rehaussé de gouache.
1 Le charme particulier de l'aquarelle, auprès de laquelle toute peinture à l'huile paraît toujours rousse et pisseuse, tient à cette transparence continuelle du papier; la preuve c'est qu'elle perd de cette qualité quand on gouache quelque peu; elle la perd entièrement dans une gouache.
E. Delacroix, Journal, 6 oct. 1847.
♦ À la gouache. || Enluminures (cit. 3) à la gouache.
2 Les deux panneaux en retour disparaissaient sous des dessins à la plume, des paysages à la gouache et des gravures d'Audran, souvenirs d'un temps meilleur et d'un luxe évanoui.
Flaubert, Trois contes, « Un cœur simple », I.
2 (1757). Une, des gouaches. Tableau peint à la gouache. || Une collection d'aquarelles et de gouaches.
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DÉR. Gouacher.
Encyclopédie Universelle. 2012.