GROSSESSE
L’état de grossesse commence à l’instant de la fécondation et se termine neuf mois plus tard environ, au moment de l’accouchement. L’habitude a prévalu de compter sa durée en semaines à partir du premier jour des dernières règles, ce qui situe le terme dans la 41e semaine (entre le 281e et le 287e jour). Lorsque la naissance se produit avant le dernier jour de la 37e semaine, elle est dite «prématurée»; si, en revanche, la grossesse atteint le premier jour de la 43e semaine (295e jour), on admet qu’elle est «prolongée» (fig. 1).
Bien que la grossesse soit, sans doute, un phénomène naturel, elle expose à une grande variété d’incidents et d’accidents, en apparence inopinés, en réalité souvent prévisibles au prix d’une surveillance médicale attentive, et, dès lors, plus ou moins aisément évitables. Les principes et les normes légales de cette surveillance ont été précisés à l’article NAISSANCE.
1. Les quatre étapes de la grossesse
Le premier trimestre
Le diagnostic de grossesse se pose sur deux symptômes: le retard des règles et l’augmentation du volume de l’utérus, que reconnaît l’examen gynécologique. Dans 30 p. 100 des cas, cependant, soit que l’époque de la dernière menstruation s’avère imprécise, soit que la durée du retard ne concorde pas avec un utérus trop gros ou trop petit, l’existence, l’évolutivité ou la date du début de la grossesse ne peuvent être affirmées avec certitude. Les réactions biologiques ou immunologiques sont d’un faible secours, dans la mesure où elles deviennent positives plus ou moins tardivement et où elles le restent plusieurs jours même si l’embryon a cessé de vivre. L’échographie, au contraire, fournit tous les renseignements désirables (cf. tableau).
– À partir de la sixième semaine d’aménorrhée, elle permet de voir l’œuf et de mesurer son diamètre.
– De la septième à la quatorzième semaine, la longueur de l’embryon est en relation étroite avec son âge; ses mouvements et son activité cardiaque témoignent de sa vitalité.
– On peut, très tôt, repérer les grossesses gémellaires, mais il est prudent de n’en pas faire état avant d’avoir acquis la certitude que les deux œufs sont évolutifs (vers la dixième semaine).
– Enfin, les fibromes et kystes ovariens, qui rendent incertain le diagnostic clinique, seront identifiés sans aucune difficulté.
La seule complication de cette période, l’hémorragie, est de signification variable. L’échographie en précise l’origine et le pronostic:
– Si l’embryon est vivace, il y a neuf chances sur dix que la perte de sang n’ait aucune influence sur l’évolution; s’il est immobile ou déjà résorbé, l’expulsion de l’œuf mort est inévitable. Ces fausses couches du premier trimestre sont pour la plupart d’origine génétique; aucune précaution, aucun traitement ne peut les éviter. Un grand nombre, d’ailleurs, passent inaperçues parce que très précoces: on estime que deux œufs sur trois sont éliminés dans les quinze jours qui suivent la fécondation, donc avant tout retard des règles.
– Certaines images caractéristiques, en flocons, traduisent la présence de kystes multiples dans un placenta de volume excessif, qui se développe seul, sans embryon: c’est ce qu’on appelle une «môle hydatiforme». Les môles doivent être évacuées, et l’on doit imposer ensuite une surveillance biologique prolongée: une fois sur vingt, en effet, le tissu placentaire se greffe sur l’organisme maternel et donne naissance à des tumeurs malignes, productrices d’énormes quantités d’hormone placentaire (dite «chorionique»), que l’on peut doser dans le sang. Ces tumeurs, naguère redoutables, guérissent aujourd’hui par un traitement médical (chimiothérapie) bien codifié et parfaitement supporté.
– Si l’utérus est vide, il convient de penser à une grossesse extra-utérine, le plus souvent localisée dans une trompe. En réalité, l’hémorragie s’accompagne alors de manifestations douloureuses et de malaises, d’autant plus évocateurs qu’ils sont plus aigus. En cas de doute, la cœlioscopie, c’est-à-dire l’exploration de l’abdomen à l’aide d’un tube optique introduit à travers une petite incision au voisinage de l’ombilic, permet de voir la trompe responsable et d’opérer à coup sûr.
De petits troubles sans gravité mais fort désagréables perturbent souvent les premières semaines de grossesse. Ce sont surtout les nausées et vomissements, plus rarement des dérèglements du sommeil (insomnie ou hypersomnie), une irritabilité, des tendances syncopales en rapport avec la consommation plus rapide des sucres absorbés. Un traitement symptomatique et quelques conseils diététiques (prendre un plus grand nombre de repas plus légers mais riches en protéines) permettront de passer le cap de la quatorzième semaine.
Le second trimestre
C’est le plus confortable: les petits ennuis du début ont disparu, le volume abdominal est encore modéré, et les complications sont rares.
La croissance fœtale est grossièrement parallèle à la hauteur de l’utérus au-dessus du pubis (fig. 2), et l’insuffisance aussi bien que l’excès de volume utérin sont des indications de l’échographie. Le plus souvent, il s’agit d’une erreur de l’évaluation de l’âge de la grossesse (qu’aurait évitée une échographie précoce), parfois, au contraire, on découvre la raison de la discordance:
– Un fœtus trop petit ou trop gros témoigne, en règle générale, d’une pathologie surajoutée (voir plus loin «hypertension» et «diabète»). Si la mère est en bonne santé (il faut le vérifier), il s’agit probablement d’un caractère familial (il y a des familles de «petits» et des familles de «gros»)..., mais on recherchera très soigneusement si l’enfant n’est pas porteur d’une malformation, surtout si l’on a reconnu une insuffisance ou un excès de liquide amniotique.
– Les grossesses multiples imposent de prendre un certain nombre de précautions: un repos réel évite bon nombre d’accouchements prématurés et prévient certains accidents d’albuminurie et d’hypertension. L’échographie montre si les jumeaux sont dans la même poche ou dans deux poches différentes et permet d’explorer très soigneusement les deux enfants.
Les examens du deuxième trimestre doivent vérifier que le col de l’utérus demeure long et fermé. Toute altération de sa forme (raccourcissement, ouverture) fait craindre qu’il soit incapable de jouer un rôle de «verrou» jusqu’à terme et que se produise une fausse couche tardive (ou un accouchement très prématuré). Ces insuffisances, presque toujours dues à des lésions traumatiques, doivent être corrigées par le faufilage d’un lien que l’on serre à la base du col (cerclage), ce qui permet, huit fois sur dix, de gagner le temps nécessaire pour que l’enfant naisse largement viable. Entre deux grossesses, il est possible de réparer chirurgicalement le col.
Le troisième trimestre
La croissance de l’utérus, au rythme de 4 cm par mois, un peu moins pendant le dernier (2 cm), se fait aux dépens de la portion supérieure du col, qui se distend pour former le segment inférieur de l’utérus, plus mince et moins riche en fibres musculaires que le corps utérin. Les modifications du col pendant le troisième trimestre doivent être bien connues, car il faut savoir distinguer, selon la date, les aspects évolutifs normaux des anomalies qui annoncent un accouchement prématuré.
Le fœtus, qui pèse environ 1 000 g à la fin du sixième mois, grossit de 500 g pendant le septième, 800 g pendant le huitième, et 1 000 g pendant le dernier mois. Le diamètre de son ventre dépasse celui de sa tête à la fin du septième mois, et ses fesses deviennent plus volumineuses que sa tête dans le huitième mois (fig. 3). C’est à cette nouvelle répartition des volumes que l’on attribue la «culbute» qui, en fin de grossesse, oriente la tête vers le bas, dans le segment inférieur, plus étroit que le fond où se logent les fesses et les membres inférieurs (fig. 4). Il est donc normal que le fœtus se présente par le siège jusqu’à cinq ou six semaines du terme.
La vitalité fœtale se manifeste par les mouvements perçus par la mère et par les bruits du cœur auscultés à l’oreille. En cas d’incertitude, c’est encore l’échographie qui appréciera l’amplitude des mouvements et la régularité des battements cardiaques. L’enregistrement électronique est parfois utile pour l’exploration fine des variations du rythme.
Les dimensions du bassin se mesurent en fin de grossesse par toucher vaginal. Si l’on a quelque raison de craindre une disproportion entre le bassin osseux et la tête fœtale, on comparera les diamètres du premier (radiographie métrique) aux dimensions de la seconde obtenues par échographie.
Les hémorragies de fin de grossesse sont habituellement dues à une localisation basse du placenta. Elles peuvent revêtir inopinément une abondance inquiétante et ne sont sensibles à aucun traitement médical. C’est pourquoi l’hospitalisation est indispensable.
La rupture prématurée des membranes fut longtemps considérée comme un incident mineur. Il n’en est plus de même aujourd’hui: plus de la moitié sont secondaires à la contamination de l’œuf par des germes virulents, souvent résistants aux antibiotiques, venus de la cavité vaginale. L’hospitalisation est, là encore, nécessaire.
L’accouchement prématuré est souvent la conséquence d’une rupture des membranes, d’anomalies anatomiques du col, d’infections urinaires, d’une grossesse gémellaire, mais survient aussi sans que l’on puisse en déterminer la cause. La statistique apprend que des «conditions socio-économiques difficiles» paraissent favoriser les naissances prématurées: le repos et, éventuellement, l’administration de substances capables d’empêcher les contractions utérines peuvent alors retarder quelque peu l’échéance. En tout état de cause, les progrès de la pédiatrie permettent d’assurer la survie des prématurés dans des conditions satisfaisantes; mais, pour les plus petits, la séparation prolongée d’avec leur mère n’est pas sans inconvénients.
La grossesse prolongée
La plupart des dépassements de terme sont simplement dus à une erreur de calcul, mais les vraies grossesses prolongées méritent une étroite surveillance: la vie de l’enfant peut être menacée par le vieillissement du placenta. On s’en apercevra par trois symptômes: la résorption du liquide amniotique (le fœtus paraît «serré» dans l’utérus), la coloration verdâtre du liquide observé par amnioscopie [cf. OBSTÉTRIQUE] et les altérations du frottis vaginal qui traduisent l’insuffisance placentaire. L’extraction de l’enfant devient alors indispensable, et le tracé d’enregistrement des bruits du cœur en indiquera le degré d’urgence.
2. Les complications de la grossesse
Les complications les plus rares ou les plus faciles à éviter sont les plus redoutées du public, alors que les plus fréquentes et les plus graves sont généralement méconnues. Ces complications apparaissent le plus souvent chez des sujets qui appartiennent à des «populations exposées» (à telle ou telle pathologie). Tout le travail du médecin consiste, par l’interrogatoire et quelques examens de routine, à déterminer, pour chaque femme enceinte, si elle fait partie d’une telle population. Si elle en fait partie, une surveillance précisément orientée vers le risque encouru permet, sinon toujours de l’éviter, tout au moins d’en limiter les conséquences.
Les maladies infectieuses
La terreur de la rubéole est peu justifiée en France, car la population des femmes réceptives est de 1 à 4 p. 100, et le risque de malformation rubéolique de 85 p. 100 entre 5 et 8 semaines. La prévention consiste en l’injection de gammaglobulines chez la femme supposée contaminée et en la vaccination faite aux jeunes filles avant la puberté. En revanche, VIH (virus du sida) et cytomégalovirus posent des problèmes bien plus difficiles.
La population sensible à la toxoplasmose est au moins dix fois plus nombreuse. Il n’existe pas de vaccin, mais la prophylaxie est très facile: le parasite qui se trouve dans les muscles des herbivores (bœuf et mouton) ne résiste pas à la température de 70 degrés: il faut donc cuire les viandes de façon suffisante, pendant la grossesse, lorsque les examens de sang démontrent que la future mère n’a jamais été contaminée par le toxoplasme (sérologie négative). Si la contamination a lieu, le virage des réactions permet d’instituer un traitement efficace et toujours bien supporté.
La syphilis se rencontre encore chez des sujets très jeunes.
La listériose , maladie assez rare mais grave, se présente comme une grippe, souvent récidivante, en dehors de périodes épidémiques. Elle est dangereuse pour le fœtus à n’importe quelle période de la grossesse. Le diagnostic n’en est pas toujours facile, le traitement par les antibiotiques est efficace.
La contamination urinaire est douze fois plus fréquente que toutes les infections précédentes réunies: 6 p. 100 des femmes enceintes en sont atteintes sans qu’aucun symptôme la fasse soupçonner. La présence de germes dans les urines favorise, dans l’immédiat, l’accouchement prématuré et l’infection aiguë du rein (pyélonéphrite). À long terme, elle peut donner lieu à des lésions rénales définitives. Son dépistage est possible en consultation à l’aide de bandelettes réactives, et l’on identifiera par culture le bacille responsable, afin de prescrire un traitement adapté.
Incompatibilités et anémies
L’incompatibilité de groupes sanguins [cf. SANG] est constante si l’on envisage la multitude des groupes connus, mais les accidents d’incompatibilité sont absolument exceptionnels, sauf dans le groupe Rh. 13 p. 100 de la population est théoriquement exposée puisque 13 p. 100 des couples sont constitués d’une femme Rh- et d’un homme Rh+. Néanmoins, l’immunisation anti-Rh + de la mère ne s’observe qu’une fois sur vingt (0,6 p. 100 de la population féminine), et jamais lors de la première grossesse (risque général naturel: 2 sur 1 000 naissances). La protection des femmes Rh- après l’accouchement réduit le risque à 1 pour 1 000 femmes Rh-, de telle sorte que les accidents d’immunisation sont aujourd’hui très rares (un sur 25 000 naissances).
L’anémie de grossesse , au contraire, est tout à fait banale. Elle atteint les femmes qui ont des règles abondantes, celles qui ont saigné lors d’accouchements ou de fausses couches précédents, et celles qui ont présenté de gros troubles digestifs pendant le premier trimestre. Le traitement consiste en l’administration de sels de fer pendant trois semaines, dans le courant du septième mois.
Deux grands fléaux
Le diabète touche 2 p. 100 de la population, mais se révèle au cours de la grossesse chez 2 à 3 p. 100 des femmes en apparence «normales». Il est responsable d’accidents graves, et en particulier de mort subite du fœtus pendant le dernier mois. Les femmes exposées au diabète de la grossesse font partie d’une «population» que l’on identifie en deux étapes:
– d’abord par l’interrogatoire, qui retrouve des antécédents familiaux de diabète, d’obésité ou d’hypertension, et des antécédents personnels de la série diabétique (obésité, fausses couches répétées, enfants mort-nés, très gros enfants);
– ensuite par des épreuves de consommation de sucre, suivies de dosages du sucre dans le sang de demi-heure en demi-heure.
Un simple régime suffit habituellement à mettre la mère et son bébé à l’abri de tout accident. Plus rarement, on fera appel à de faibles doses d’insuline.
L’hypertension atteint 6 p. 100 des femmes enceintes; elle apparaît brutalement dans la seconde moitié de la grossesse et expose à des complications dramatiques: convulsions éclamptiques et décollement aigu du placenta. Elle est, en outre, responsable d’arrêts de la croissance fœtale, qui peuvent aboutir à la mort in utero . L’hypertension, qui s’étend dans les pays dits «développés», semble en relation avec une alimentation riche, qui substitue les protéines et les graisses animales aux céréales traditionnelles. Elle est également favorisée par la consommation de grandes quantités de sel. On pense que la grossesse agit par l’intermédiaire de l’inondation hormonale qui l’accompagne pour déclencher l’hypertension chez les sujets génétiquement les plus sensibles. La population exposée se repère, ici encore, en deux temps:
– l’interrogatoire, qui retrouve des antécédents familiaux d’hypertension, mais aussi de diabète et d’obésité, et des antécédents personnels d’obésité, d’hypertension fugace à des grossesses précédentes, et d’enfants de faible poids;
– des dosages de cholestérol et d’acide urique, ainsi que des épreuves de consommation des sucres.
Les moyens d’empêcher l’hypertension d’apparaître sont peu efficaces: le repos est le seul connu. Aucun régime n’est vraiment préventif, mais on a intérêt à éviter une surcharge de sel (sans jamais descendre au-dessous de 8 g par jour) et à limiter l’obésité en réduisant la consommation des sucres et des graisses.
Une fois l’hypertension déclarée, le repos est obligatoire, et les antihypertenseurs (à manier avec prudence) ont quelque influence sur le pronostic maternel. Le pronostic fœtal dépend plus du taux d’acide urique sanguin et de la présence d’albumine dans les urines que du niveau de la pression artérielle: c’est sur ces éléments que l’on décidera l’extraction prématurée d’un bébé, souvent très petit mais en général vivace, si l’on a pu attendre jusqu’à la 34e semaine.
3. La surveillance de la grossesse
La surveillance de la grossesse comporte donc deux volets: l’interrogatoire et les explorations prévues par le législateur (cf. NAISSANCE), qui indiquent dans quelle population doit être rangée la consultante; les examens spéciaux qui sont ensuite orientés selon le risque éventuellement reconnu, et dont les résultats mesurent la probabilité individuelle. Il est évident que la surveillance doit être d’autant plus serrée que la probabilité pour que surviennent des phénomènes pathologiques est plus grande, mais on ne doit pas perdre de vue que 85 à 90 p. 100 des grossesses parviennent à terme sans le moindre incident.
Persuader une population «jeune et (qui se croit) bien portante» qu’elle doit être attentivement surveillée ne peut s’obtenir qu’en l’informant de risques qu’elle ne soupçonne en aucune manière: c’est nécessairement l’inquiétude qui draine les foules informées vers les cabinets et les dispensaires. L’acte médical tend à renforcer l’inquiétude, puisqu’il la justifie par des prescriptions (exploratoires ou thérapeutiques), et l’inquiétude, devenue anxiété, crée de nouveaux symptômes qui sont l’occasion de nouvelles prescriptions. Le médecin lui-même se trouve entraîné dans ce cercle vicieux par la crainte de laisser passer quelque complication véritable.
Si la tâche proprement «technique» de celui qui surveille une grossesse est d’une grande simplicité, son rôle de conseiller est autrement difficile: il ne se conçoit que dans la confiance amicale du «colloque singulier». Il exige du praticien qu’il ne mesure ni son temps ni sa patience pour expliquer et rassurer; qu’il sache choisir ses mots, ses mimiques, ses attitudes; qu’il soit capable de reconnaître celles que la technique rassure de celles qu’elle jette dans l’angoisse; qu’il accepte d’expliciter clairement les résultats des laboratoires et les comptes rendus des échographistes; enfin, qu’il ait acquis l’art difficile de persuader les femmes normales qu’elles le sont.
Si le repos et quelques rares médicaments sont indispensables aux grossesses pathologiques, la grossesse normale ne justifie aucun régime ni aucune thérapeutique. Le simple bon sens suggère d’éviter les efforts exagérés, d’allonger les périodes de repos à mesure que l’on approche du terme, de limiter la consommation de boissons alcoolisées ou excitantes, de réduire au-dessous de dix le nombre de cigarettes quotidien. On se gardera de multiplier les interdits afin de ne pas transformer une femme jeune et active en une infirme anxieuse, dépendante d’une famille éplorée.
Dans ces conditions, il sera facile de faire comprendre les raisons de précautions inhabituelles ou de traitements particuliers: les unes et les autres seront reçus sans inquiétudes excessives, car c’est lorsque l’on n’abuse pas de contraintes qu’elles sont volontiers acceptées dès lors qu’elles deviennent nécessaires.
grossesse [ grosɛs ] n. f. ♦ État d'une femme enceinte, de la fécondation à l'accouchement. ⇒ gestation, gravidité, maternité; 2. enceinte. Les neuf mois de la grossesse. Être au sixième mois de sa grossesse. Mener sa grossesse à terme. ⇒ accouchement, délivrance. « après une grossesse non pas très pénible, mais assez troublée, [elle] avait mis au monde un fils, trois ou quatre semaines avant terme » (Romains). Grossesse gémellaire (⇒ jumeau) , trigémellaire (⇒ triplé) , multiple. Grossesse extra-utérine, ectopique. Test de grossesse, permettant un diagnostic précoce. Malaises, troubles de la grossesse. Masque de grossesse. ⇒ chloasma. Grossesse interrompue avant le 180e jour. ⇒ avortement, fausse couche.
♢ Loc. Interruption volontaire de grossesse (I. V. G.) : avortement provoqué et précoce avant douze semaines d'aménorrhée, et tel qu'il est autorisé par la loi (1975). — Grossesse nerveuse ou fausse grossesse : ensemble de signes évoquant la grossesse (aménorrhée, nausées, tension mammaire, gonflement abdominal...) en l'absence d'embryon. Faire une grossesse nerveuse. — Grossesse à risque, où des complications sont prévisibles (malformation, maladie, anomalie chromosomique de l'enfant; ou lorsque la femme est âgée de plus de 40 ans, etc.).
● grossesse nom féminin (de gros) État de la femme entre la fécondation et l'accouchement. Ensemble des phénomènes se déroulant entre la fécondation et l'accouchement, durant lesquels l'embryon, puis le fœtus, se développe dans l'utérus maternel. ● grossesse (expressions) nom féminin (de gros) Déclaration de grossesse, déclaration que toute femme enceinte est tenue de faire dans les 3 premiers mois de sa grossesse à sa caisse de Sécurité sociale, pour pouvoir bénéficier de prestations attachées à son état. Grossesse extra-utérine, grossesse se développant en dehors de la cavité utérine. Grossesse multiple, développement simultané de plusieurs fœtus dans l'utérus. Grossesse nerveuse, trouble psychologique au cours duquel une femme ressent certains des signes de la grossesse (gonflement des seins, nausées, etc.). Interruption volontaire de grossesse, avortement provoqué au tout début de la grossesse pour des raisons non exclusivement médicales. ● grossesse (synonymes) nom féminin (de gros) État de la femme entre la fécondation et l'accouchement.
Synonymes :
- gravidité
grossesse
n. f. état de la femme enceinte, qui dure neuf mois, de la conception à l'accouchement.
|| Grossesse gémellaire: présence de deux foetus dans l'utérus. Grossesse extra-utérine: développement anormal de l'ovule hors de la cavité utérine. Grossesse nerveuse: état morbide présentant des signes de grossesse en l'absence de fécondation.
|| Interruption volontaire de grossesse: avortement provoqué.
— (Afr. subsah.) être en (état de) grossesse. Mettre, tomber en grossesse.
⇒GROSSESSE, subst. fém.
État d'une femme enceinte et durée de cet état. Avant que les signes accoutumés de la grossesse fussent venus m'avertir de mon état, je ne sais quelle intuition de mes entrailles me cria que je n'avais plus le droit de mourir (SOULIÉ, Mém. diable, t. 1, 1837, p. 339). Dès qu'il fut devenu impossible de dissimuler cette grossesse aux voisins, ils s'étaient décidés à quitter leur quartier de Paris pour éviter tous commentaires (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 337) :
• Sa belle-mère disait : « (...). Ses malaises, c'est le moins qu'on puisse avoir dans son état. Mais elle a beau dire : elle fume trop. » Et la dame rappelait des souvenirs de grossesse : « Je me rappelle que quand je t'attendais, je devais respirer une balle de caoutchouc : il n'y avait que ça pour me remettre l'estomac en place. »
MAURIAC, T. Desqueyroux, 1927, p. 211.
SYNT. Grossesse avancée, difficile, normale; diagnostic d'une grossesse; début, terme d'une grossesse; malaises, troubles de la grossesse.
♦ Grossesse extra-utérine. Grossesse qui se développe en dehors de l'utérus. Toute grossesse extra-utérine diagnostiquée exige une intervention chirurgicale (BERTR.-LAPIE 1970).
♦ Grossesse gémellaire. V. gémeau rem. 1.
♦ Grossesse nerveuse. ,,Ensemble des signes physiques faisant penser à une grossesse, mais dus en réalité à des troubles mentaux, parfois endocriniens`` (CARR.-DESS. 1976).
Prononc. et Orth. : []. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin XIIe s. « épaisseur, grosseur, dimension » (Brut de Munich, 3946 ds T.-L.); 2. 1283 « état d'une femme enceinte, gestation » (PH. DE BEAUMANOIR, Coutumes Beauvaisis, éd. Am. Salmon, chap. III, § 116). Dér. de gros1, grosse adj.; suff. -esse. Fréq. abs. littér. : 253. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 289, b) 309; XXe s. : a) 530, b) 344. Bbg. VAGANAY (H.). Qq. mots peu connus. In : [Mél. Chabaneau (C.).]. Rom. Forsch. 1907, t. 23, p. 227.
grossesse [gʀosɛs] n. f.
❖
♦ État d'une femme enceinte de la conception à l'accouchement. ⇒ Gestation; gros (I., B., 3.); → Enfanter, cit. 2; fécondité, cit. 4. || La durée normale de la grossesse est de 260 à 290 jours, soit environ 9 mois. || Grossesse avancée. || Être au sixième mois de sa grossesse. || Grossesse normale. || Grossesse pénible, difficile. || Mener sa grossesse à terme. ⇒ Accouchement, délivrance. || Grossesse interrompue avant le 180e jour. ⇒ Avortement; → Avorter, cit. 1. || Interruption de grossesse (voir ci-dessous). || Femme épuisée par de nombreuses grossesses. ⇒ Maternité. — Signes de la grossesse : suppression des règles, gonflement et sensibilité des seins, pigmentation du visage (⇒ Masque)… || Diagnostic précoce de la grossesse par le test de Zondek (injection d'urine à des souriceaux mâles impubères). || Grossesse topique ou utérine, cas normal où l'ovule se fixe dans l'utérus. || Grossesse ectopique ou extra-utérine, par fixation de l'œuf hors de l'utérus, soit dans une trompe (grossesse tubaire), soit dans l'ovaire (grossesse ovarienne), soit dans la cavité péritonéale (grossesse abdominale). || Grossesse gémellaire (⇒ Jumeau). || Grossesse gémellaire biovulaire, par fécondation d'ovules différents. ⇒ Superfécondation, superfétation. || Grossesse gémellaire uniovulaire, par fractionnement de l'œuf. || Grossesse trigémellaire, multiple. || Malaises, troubles, maladies de la grossesse : albuminurie gravidique, éclampsie, ictère, varices, vomissements incoercibles; envies (cit. 36). — Ceinture de grossesse. || Robe de grossesse. — Dr. || Présomptions légales, fondées sur une durée de grossesse de 300 jours au plus et 180 jours au moins (filiation légitime, action en désaveu). → Désavouer, cit. 4.
1 L'enfant, né avant le cent quatre-vingtième jour du mariage, ne pourra être désavoué par le mari, dans les cas suivants : 1o s'il a eu connaissance de la grossesse avant le mariage (…)
Code civil, art. 314.
2 (…) sa femme lui annonça un jour que, par divers signes irrécusables, elle avait reconnu être enceinte et qu'elle espérait même ne pas demeurer primipare si cette grossesse avait une heureuse issue.
Apollinaire, l'Hérésiarque…, p. 89.
3 (…) après une grossesse non pas très pénible, mais assez troublée, (elle) avait mis au monde un fils, trois ou quatre semaines avant terme (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XX, p. 156.
4 Lorsqu'à la suite de faits pathologiques, l'œuf ne peut atteindre l'utérus, il s'implante dans la trompe même : c'est la grossesse tubaire ou extra-utérine, qui évolue presque toujours vers de graves accidents hémorragiques.
Robert Merger, la Naissance, p. 19.
♦ ☑ Loc. Interruption volontaire de grossesse (I. V. G.) : avortement provoqué et précoce, tel qu'il est autorisé par la loi (1975).
♦ Grossesse nerveuse ou fausse (cit. 19) grossesse : état morbide présentant quelques-uns des signes de la grossesse, sans qu'il y ait développement d'un produit de la conception (Garnier).
♦ ☑ Loc. En franç. d'Afrique. En grossesse. || Être en grossesse, femme en grossesse. || Mettre une femme en grossesse. ⇒ Enceinter.
Encyclopédie Universelle. 2012.