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saoule

soûl, soûle ou, vieilli, saoul, saoule
adj.
d1./d Ivre.
|| Fig. Soûl de: grisé par. Soûl de paroles.
d2./d Loc. adv. Tout son (mon, ton, notre, votre, leur) soûl: autant qu'on veut.

soûl, soûle ou (vx) saoul, saoule [su, sul] adj. et n. m.
ÉTYM. XIIIe, saoul; saul, v. 1112; lat. satullus, de satur « rassasié ». REM. En poésie, on a employé l'orthographe sou (→ Lare, cit. 2).
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I
1 Vx. Qui a mangé et bu à satiété. Rassasié, repu (Cf. Molière, le Médecin malgré lui, I, 1).
2 Fig., littér. || Soûl de… : rassasié, saturé de (qqch.) au point d'en être dégoûté (→ Note, cit. 23; pleurnicherie, cit. 1).
1 Mais Vitalis, saoul de plaisir lui aussi, las d'une même présence, obsédé de reproches, demeurait de glace devant ces fureurs nouvelles et plus tendres.
P.-J. Toulet, la Jeune Fille verte, VI.
3 N. m. a (1646). Vx. || Tout le soûl (Cf. Molière, les Femmes savantes, III, 6).
b (XVe). Mod. (précédé d'un possessif). Tout mon,… tout son,… tout leur soûl : autant qu'on veut, à satiété. Content (son), suffisance (sa). || Boire, manger, dormir tout son soûl. || Rire, fumer tout son soûl (→ 2. Bien, cit. 5; fumerie, cit. 2). || Se plaindre tout son soûl (→ Endurer, cit. 8).Vieilli (sans tout). || Mon, son soûl (→ Gras, cit. 44).
2 Ma femme est morte, je suis libre !
Je puis donc boire tout mon soûl.
Lorsque je rentrais sans un sou,
Ses cris me déchiraient la fibre.
Baudelaire, les Fleurs du mal, Le vin, CVI.
3 (…) seule, et la porte close, elle pourrait sangloter tout son saoul.
Martin du Gard, les Thibault, t. VIII, p. 25.
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II Fam.
1 (1534). Ivre. Plein (→ Paraître, cit. 56). — ☑ Loc. Soûl comme un âne, un bourrin, une bourrique, un cachalot, un cochon.Soûl comme une grive (cit. 2 et 3).Soûl comme un Polonais.Un peu soûl (→ Bourreau, cit. 5). Gris. || Fin soûl : complètement soûl. || Femmes bêtement soûles (→ Fêtard, cit. 1).Loc. Des raisonnements de femme soûle, absurdes.
4 (…) je n'ai pas la permission de m'enivrer, fût-ce un jour par hasard. Ma vie doit être respectable. Songez donc : un de mes élèves me rencontrerait saoul dans la rue (…)
Gide, les Caves du Vatican, III, 15.
2 Fig. Enivré, grisé. || Soûls de paroles (→ Galéjer, cit. 1). || Soûl de mouvement, de grand air.
5 Enfin ! Nous nous sentions Hommes ! Nous étions pâles,
Sire, nous étions soûls de terribles espoirs (…)
Rimbaud, Poésies, IV.
CONTR. Jeun (à).
DÉR. Soûlard, soûlaud, soûler.
COMP. Dessouler. — Soûlographe, soûlographie.
HOM. Sou, soue, sous. — (Du fém.) Soul.

Encyclopédie Universelle. 2012.