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IDENTIFICATION
IDENTIFICATION

Dans l’acception psychologique de la notion, la forme d’identité la plus directement accessible est celle qu’a dégagée, en rupture avec la tradition cartésienne, la critique de la substantialité du moi. «Le soi (Self ), écrit Locke, est cette chose pensante consciente (de quelle substance elle est formée, spirituelle ou matérielle, simple ou composée, il n’importe) qui est sensible au plaisir et à la peine ou en est consciente, capable de bonheur ou de malheur, et qui ainsi est intéressée (concerned ) pour soi-même... Ce à quoi la consciosité (Leibniz, dans les Nouveaux Essais , traduit ainsi consciousness ) de cette chose consciente peut se joindre forme une même personne et un même soi avec elle, et avec aucune autre, et ainsi s’attribue à elle-même et possède toutes les actions de cette chose comme siennes, autant que cette consciosité s’étend, et pas plus loin» (Essai sur l’entendement humain , II, XXVII, 17).

Une expérience immédiate de notre identité nous est donc donnée sous les espèces d’un domaine d’appartenance spécifié par la qualité de nos affections, et se différenciant, à ce titre, du champ de l’extériorité. Épreuve immédiate, non pas évidence réflexive, comme l’était le cogito ; déployée d’emblée dans l’extension d’un domaine contrasté, et non plus réduite à l’inscription dans l’existence d’une énonciation; caractérisée comme souci singulier, et non posée comme vérité; délimitée dans sa portée par rapport à une extériorité indifférente, et non pas assumée dans la suffisance de sa clarté.

S’il existe, néanmoins, un problème de l’identification, c’est que l’identité peut être considérée non plus en tant que forme, mais dans sa genèse. De ce point de vue, le domaine d’appartenance décrit par Locke se présente comme la résultante d’une élaboration complexe, dont la tradition philosophique issue de Plotin et de saint Augustin a restitué le noyau dans l’image spéculaire, avant que celle-ci reçoive son statut dans la théorie psychanalytique: «L’assomption jubilatoire de son image spéculaire par l’être encore plongé dans l’impuissance motrice et la dépendance du nourrissage qu’est le petit homme à ce stade infans – pour reprendre les termes de Jacques Lacan dans l’un de ses premiers textes (1949) – nous paraîtra dès lors manifester en une situation exemplaire la matrice symbolique où le je se précipite en une forme primordiale, avant qu’il ne s’objective dans la dialectique de l’identification à l’autre et que le langage ne lui restitue dans l’universel sa fonction de sujet.»

Ainsi, tandis que la «consciosité» de Locke traçait les limites du domaine d’appartenance auquel était censée se réduire l’identité, c’est à partir d’une tension originaire de l’«intérieur» à l’«extérieur», dans la brisure de l’immédiateté de la conscience affective, que l’aliénation spéculaire est destinée à transmettre son modèle aux puissances successives de l’identification.

De l’identification imaginaire à l’identification symbolique

Aussi bien l’alternative ouverte au stade spéculaire se répétera-t-elle au niveau des premiers investissements d’objet, le concern de Locke y trouvant son équivalent dans le «souci» (cura ) de saint Augustin. «La force de l’amour est telle, nous dit un passage célèbre du De Trinitate , que les objets en lesquels l’âme s’est longtemps complu par la pensée et auxquels elle est devenue inhérente par la glu du souci (eisque curae glutino inhaeserit ), elle les traîne encore avec elle-même (attrahat secum etiam ) lorsqu’elle rentre en soi en quelque façon pour se penser; ces corps, elle les a aimés à l’extérieur d’elle-même par l’intermédiaire des sens, elle s’est mêlée à eux par une sorte de longue familiarité; mais comme elle ne peut les emporter à l’intérieur d’elle-même, en ce qui est comme le domaine de la nature spirituelle, elle roule en elle leurs images et entraîne ces images faites d’elle-même en elle-même... En elle subsiste le pouvoir de juger qui lui fait distinguer le corps, qui lui reste extérieur, de l’image qu’elle porte en elle: à moins que ces images ne s’extériorisent au point d’être prises pour la sensation de corps étrangers, non pour des modes intérieurs de pensée, ce qui arrive couramment dans le sommeil, dans la folie, ou dans quelque transport (in aliqua ecstasi ).»

La proximité où ces lignes paraissent être, au premier abord, du style d’interprétation freudien aidera en fait à préciser la spécificité de l’apport psychanalytique. Il s’agit, pour Freud, de montrer non plus comment l’investissement libidinal vient à se perpétuer dans l’identification – l’âme «pense être, disait saint Augustin, ce sans quoi elle ne peut se penser» –, mais comment, au contraire, celle-ci s’en dissocie: en un mot, l’identification est bien assimilation à un objet, mais en tant que cet objet est un objet perdu, assimilation à sa trace en tant qu’il est perdu. Il est vrai que le «souci» augustinien n’est pas sans analogie avec le moment répétitif caractéristique de l’investissement libidinal chez Freud, de même que l’analyse donnée par saint Augustin de la mise en forme de l’objet peut être en parallèle avec la conception freudienne du trait spécifique de l’objet. «De même que la volonté, pour informer le sens, le mettait en contact avec l’objet extérieur et, une fois informé, l’y tenait uni, de même, écrit saint Augustin, elle tourne vers la mémoire le regard de l’âme, qui évoque le souvenir, afin que l’image conservée dans la mémoire informe ce regard intérieur et produise dans la pensée une vision semblable.» Pour saint Augustin, comme pour Freud, la constitution de l’objet libidinal et aussi bien sa fixation se soutiennent donc de la conjugaison de l’image avec sa caractéristique. L’objet d’amour n’est attiré et retenu dans l’âme qu’autant que celle-ci s’assimile cette marque. Encore faudra-t-il montrer que le thème que se propose l’investigation de la psychanalyse n’est pas celui de l’absence, mais celui de l’absence sous une loi – l’exclusion.

Une première indication nous est donnée par L’Interprétation des rêves , à propos de l’analogie entre l’identification hystérique et l’identification onirique. Ni l’une ni l’autre n’est réductible à l’imitation. Elles se caractérisent, au même titre, comme appropriations sur le fondement d’une imputation commune. Ainsi, dans le «rêve du saumon fumé», la patiente de Freud joue l’insatisfaction – conforme à son propre vœu – du désir qu’a son amie de se rendre aimable en engraissant. Elle occupera donc en rêve, dans l’esprit de son mari, amateur de rondeurs, la position qu’est supposée occuper sa rivale. Et c’est grâce à la production d’un symptôme – renoncement au désir de donner un dîner – que le rêve aura effectué l’identification souhaitée.

L’appropriation onirique a donc consisté en un déplacement intéressant non pas l’objet libidinal en tant que tel, mais l’une des caractéristiques de l’objet concerné par une situation de désir. On remarquera, en outre, que la caractéristique proposée en exemple et qui a donné matière au symptôme identificatoire – renoncement au désir – portait la marque de la négation. Or la remarque a une portée générale.

À la lumière des écrits freudiens postérieurs à 1920, l’identification apparaît, en effet, justiciable de trois niveaux d’expérience: la genèse de l’organisation œdipienne, le symptôme névrotique, la structure perverse ou psychotique; et de l’un à l’autre s’affirmera comme essentielle à l’identification la recollection, sous les espèces du trait identificatoire, d’une expérience de dépossession.

Plaçons-nous d’un point de vue génétique, dans la perspective de l’organisation œdipienne. Le caractère négatif de l’identification s’y marque d’un double point de vue: d’une part, «l’identification avec le père prend une teinte hostile et finit par se confondre avec le désir de remplacer le père»; d’autre part, «l’identification est ambivalente depuis le début [...] elle se présente comme un rejeton de l’organisation orale de la libido», qui ne s’assimile l’objet qu’en l’anéantissant. Autrement dit, l’enfant, en l’occurrence, ne tend pas à «avoir» l’objet au titre d’objet libidinal, mais, au titre de l’identification, à l’«être». Et une note posthume de Freud permettra de préciser: dans le premier temps du développement, le sein est une partie de l’enfant, l’enfant est le sein; en un deuxième temps, il a le sein, au titre d’objet, c’est-à-dire qu’il ne l’est pas; en un troisième temps, l’objet, perdu, fait retour à l’être, c’est le moment de l’identification.

Cette caractéristique négative se retrouve à un second niveau, celui du symptôme, où le «trait» identificatoire témoigne sous diverses formes du retrait pris par le sujet vis-à-vis de l’objet libidinal. Le moi copie alors tantôt la personne non aimée, tantôt la personne aimée. Dans les deux cas, l’identification n’est que partielle, tout à fait limitée; le moi se borne à emprunter à l’objet un seul de ses traits. Le Freud de Psychologie collective et analyse du moi prolonge donc le Freud de L’Interprétation des rêves : l’identification n’est pas sans analogie avec le symptôme, en ce sens que le moi prend sur lui, par déplacement, l’un des traits de l’objet dont il est dépossédé.

Ces divers exemples ne visent pourtant qu’à nous préparer à l’abord des deux types d’expérience les plus significatifs de la genèse de l’identification – l’homosexualité et la mélancolie. Dans l’homosexualité masculine, il est arrivé le plus souvent que le jeune homme, au lieu de renoncer à sa mère, se soit identifié à elle et qu’il recherche des objets qu’il puisse aimer comme il a été aimé de sa mère. Dans la mélancolie interfèrent deux processus: l’introjection de l’objet réellement ou affectivement perdu; la constitution du surmoi aux lieu et place des parents de la configuration œdipienne; mais ce surmoi, ainsi que le précisera Freud en 1932, «peut être considéré comme un cas d’identification réussie avec l’instance parentale». En effet, «l’enfant s’étant vu contraint de renoncer à d’intenses investissements libidinaux», c’est en compensation de cette perte que les anciennes identifications avec ses parents se trouvent renforcées dans son moi.

Les variantes «pathologiques» de l’identification nous offrent donc un grossissement du processus «normal». En principe, ainsi que l’explique Freud dans L’Éclipse du complexe d’Œdipe , «les investissements d’objet sont abandonnés et remplacés par une identification. L’autorité du père ou des parents, introjectée dans le moi, y forme le noyau du surmoi, lequel emprunte au père la rigueur, perpétue l’interdit de l’inceste, et ainsi assure le moi contre le retour de l’investissement libidinal de l’objet». Mais nous saisissons alors et l’inflexion régressive du processus dans l’homosexualité et la mélancolie, et la condition de son progrès: dans les deux premiers cas, prévaut la fixation narcissique; dans le développement «normal», la solution intervient sur la voie ouverte par la seconde topique dans l’interprétation de la castration.

D’une part, en effet, c’est sur la menace de la castration que s’est opéré le renoncement à l’objet libidinal, dont l’identification représente la trace. «Si la satisfaction amoureuse, sur le terrain du complexe d’Œdipe, doit coûter le pénis, alors on en vient nécessairement au conflit entre l’intérêt narcissique pour cette partie du corps et l’investissement libidinal des objets parentaux.» Les tendances libidinales «sont en partie désexualisées et sublimées – ce qui vraisemblablement arrive lors de toute transformation en identification – et en partie inhibées quant au but et changées en motion de tendresse». Pouvons-nous donc qualifier de refoulement, se demande alors Freud, le fait que le moi se détourne du complexe d’Œdipe? Il équivaut plutôt à une mise en pièces et à une suppression (Zerstörung und Aufhebung ). «L’observation analytique, poursuit Freud, permet de connaître ou de deviner de telles connexions entre organisation phallique, complexe d’Œdipe, menace de castration, formation du surmoi et période de latence. Elles justifient la thèse selon laquelle le complexe d’Œdipe subit une éclipse du fait de la menace de castration.»

Angoisse et identification

Mais voici que s’ouvre, inopinément, un nouveau champ de recherches. Car «le problème, ajoute Freud, n’est pas réglé pour autant; il y a encore place pour une spéculation théorique qui renverse le résultat acquis ou le place sous un nouveau jour».

On évoquera ici la métapsychologie d’Inhibition, Symptôme, Angoisse (1926), et de façon générale, la nouvelle conception de l’angoisse introduite par la seconde topique. De ce point de vue, en effet, le signal d’angoisse anticipe sur l’éventualité d’une rupture de la «barrière de défense» destinée à maîtriser un surplus d’excitation en assurant sa liaison. Sans doute suffirait-il donc d’appliquer à l’angoisse de castration cette grille théorique pour interpréter l’allusion, à cette date encore énigmatique, de Freud. Dans la liaison qui prévient la submersion, on reconnaîtra le modèle de l’inscription du trait identificatoire où se conserve la trace de la mise hors jeu de l’objet libidinal. Il est vrai qu’ici la dépossession a été déjà subie, tandis que dans l’angoisse de castration est anticipée et écartée la situation dont la mutilation narcissique (castration) eût été la sanction. Remarquons seulement que, si la dépossession de l’objet libidinal s’opère dans le renoncement à la jouissance, sa maîtrise dans la forme du trait identificatoire pourrait être considérée comme relevant, au même titre que l’angoisse de castration, d’une visée prospective. Dans cette vue, auraient à être évoquées la position respective, à l’endroit de la castration, de la fille et du garçon, ainsi que la relation du deuil à l’identification.

Mais peut-être alors discernera-t-on quelle était en 1923, dans la pensée de Freud, cette «spéculation théorique» destinée à nouer entre eux organisation phallique, complexe d’Œdipe, menace de castration, formation du surmoi, et à fonder le trait identificatoire en son statut métapsychologique – cette «spéculation» pour laquelle l’article de 1937, Analyse finie et analyse infinie , avait de bonnes raisons d’admettre le concours de l’imagination (Fantasieren ).

Dès 1912, c’est en effet dans la forme d’un mythe, le mythe de Totem et Tabou , que la prémisse majeure en était posée. Dans l’organisation du surmoi, en contrepoids du narcissisme collectif du langage naissant, se trouve liée l’angoisse issue de la destitution de la toute-puissance signifiante, tandis que de la marque de l’omnipotent dessaisi se constitue, sous les espèces du Totem, l’inscription génératrice de l’identification collective. Ainsi promue au niveau sociologique et rendue solidaire de l’accession au langage sous la sanction de la culpabilité, cette identification au Mort commandera, en raison même de sa constitution négative, le déploiement des formes idéales de la sublimation.

Le mythe phylogénétique assigne donc au dessaisissement ontogénétique son modèle. Il est vrai que le mythe fonde l’identité collective sur un acte – acte de destruction de l’omnipotent, tandis que l’analyse ontogénétique présente simplement le trait identificatoire comme le substitut d’un attribut de l’objet perdu. Revenons pourtant à l’éclipse de l’organisation œdipienne. Freud insiste sur le fait qu’elle n’est pas assimilable à un refoulement, mais à une destruction (Zerstörung ) ou à une suppression (Aufhebung ). Ainsi sommes-nous amenés à penser que la substitution ontogénétique du trait identificatoire à l’investissement libidinal n’est pas sans analogie avec la mise hors circuit de l’omnipotent, en d’autres termes, qu’elle est elle-même, à quelque égard, l’équivalent d’un acte de destruction. De fait, à lire Moïse et le monothéisme , tout se passe comme si l’identification – s’agissant du garçon – s’ordonnait originairement à la volonté de l’omnipotent en tant que puissance d’interdiction ou d’exclusion, en sorte que le sujet soit appelé à se constituer lui-même, en son identité symbolique, comme sujet d’interdit, sous l’égide, comme le note Freud, du nom du père dessaisi.

Le problème topologique de la seconde topique

Inaugurée avec le rêve sur l’analyse du symptôme, l’analyse de l’identification trouve donc au niveau de l’angoisse son principe. Mais de là résulte que la première topique, élaborée en vue de l’analyse du refoulement, doit se trouver elle-même subordonnée, dans la représentation du processus d’identification, aux formes de construction de la seconde topique. Plus précisément, les rapports d’ordre assignés par le septième chapitre de L’Interprétation des rêves entre les instances psychiques dont relèvent les premières interprétations de l’identification hystérique ont à être affinés pour répondre aux exigences de la théorie de l’angoisse et de la liaison identificatoire qui en est solidaire.

Envisagé de ce point de vue, l’apport de Jacques Lacan s’est développé en trois directions: l’élaboration de la théorie du signifiant; la mise en évidence des catégories propres à soutenir la construction de la seconde topique; l’esquisse d’une représentation topologique des rapports d’ordre qui y sont impliqués. Dans le premier de ces registres, le «trait» identificatoire trouve son statut en tant que «trait unaire», marque originaire de différenciation et matrice du comptage répétitif; dans le deuxième, intervient la «catégorisation» des moments d’exclusion constituants du sujet; dans le dernier, s’est développée la contribution de la topologie des surfaces à la représentation du sujet psychanalytique. Une telle tentative s’inscrit donc dans le droit fil de la pensée freudienne, en ce sens que la représentation «spatiale» de l’appareil psychique inaugurée par la première topique exigeait d’être remaniée en réponse aux exigences de la seconde topique et notamment à l’exigence d’une construction des moments d’exclusion que celle-ci comporte. Ainsi, de même que la figuration spatiale de L’Interprétation des rêves consacrait la critique de la représentation euclidienne dans son application aux instances impliquées par le refoulement hystérique – objet propre, nous dit Freud, de ce premier temps d’élaboration de la psychanalyse –, de même la topologie des surfaces consacre-t-elle la critique de cette figuration dans une construction généralisée, propre à recouvrir la problématique issue de l’analyse des psychoses et les incidences, dans la théorie de l’identification, de la scission subjective.

identification [ idɑ̃tifikasjɔ̃ ] n. f.
• 1610; de identifier
1Action d'identifier; résultat de cette action. L'identification d'un cadavre. L'identification d'une chose à une autre.
2Le fait de s'identifier, de se confondre avec qqn ou qqch. empathie. L'identification d'un acteur avec son personnage. Psychol. Processus par lequel un individu se constitue sur le modèle de l'autre. Identification au père, à la mère.

identification nom féminin (latin scolastique identificatio, -onis) Action d'identifier, d'établir l'identité de quelqu'un : L'identification d'un tableau. Action de s'identifier à quelqu'un, à quelque chose. Processus par lequel le sujet constitue son identité, sa personnalité depuis l'enfance jusqu'à l'âge adulte. Militaire Opération consistant à déterminer la nature d'un élément détecté. Psychanalyse Processus par lequel un sujet emprunte un représentant à l'existence expressive d'un autre sujet (qualifié pour cela d'objet). [Ce représentant est le plus souvent un trait unique, isolé, particulier à l'autre personne : vêtement, attitude, geste, pli de personnalité.] Psychologie Activité d'un sujet qui rapproche une information actuelle avec une information précédente, déjà élaborée sous forme de schème, de schéma ou de percept. (L'identification est à la base de la perception.) ● identification (expressions) nom féminin (latin scolastique identificatio, -onis) Identification projective, mécanisme psychique caractéristique du très jeune enfant et selon lequel il est possible de cliver des parties de la personnalité, de les projeter et de les introduire dans un objet externe. ● identification (synonymes) nom féminin (latin scolastique identificatio, -onis) Action de s' identifier à quelqu'un, à quelque chose.
Synonymes :
- projection
- transfert

identification
n. f.
d1./d Action d'identifier, de s'identifier; résultat de cette action.
PSYCHAN Processus psychique par lequel un sujet prend pour modèle une autre personne et s'identifie à elle.
d2./d TECH Mesure des différents paramètres définissant l'état d'un système cybernétique.

⇒IDENTIFICATION, subst. fém.
A. — Action d'identifier, d'assimiler une personne ou une chose à une autre; résultat de cette action. Synon. assimilation. Identification de qqn/qqc. à, avec, et de qqn/qqc. La révélation chrétienne exerça une influence décisive sur le développement de la métaphysique, en y introduisant l'identification de Dieu et de l'être (GILSON, Espr. philos. médiév., 1931, p. 67) :
1. Le travail efficace de la philosophie révolutionnaire n'est possible que par une liaison, par une union intime, par une identification du philosophe et de la classe qui porte la Révolution.
NIZAN, Chiens garde, 1932, p. 238.
B. — Action de s'identifier, de se confondre avec quelqu'un, quelque chose. Identification de qqn avec qqn/qqc. Il n'existe pas de roman digne de ce nom s'il n'y a complicité entre le romancier et ses créatures, et bien plus qu'une complicité : une identification absolue (GREEN, Journal, 1948, p. 166).
PSYCHOL. ,,Processus psychologique par lequel un individu A transporte sur un autre B, d'une manière continue plus ou moins durable, les sentiments qu'on éprouve ordinairement pour soi, au point de confondre ce qui arrive à B avec ce qui lui arrive à lui-même`` (LALANDE 1968). Synon. projection, transfert. La psychanalyse voit dans l'« identification » la première manifestation d'un attachement affectif à une autre personne. Cette identification joue un rôle important dans l'Œdipe-complexe, aux premières phases de sa formation. Le petit garçon manifeste un grand intérêt pour son père : il voudrait devenir et être ce qu'il est, le remplacer à tous égards (FREUD, Psychol. collective et Analyse du moi trad. par S. Jankélévitch, Paris, Payot, 1924, p. 57). L'enfant se plaît au jeu de l'identification, mimant des semaines entières un animal ou une fleur (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 377). Les conduites parentales de nature répressive sont adoptées par l'inconscient en vertu d'un processus d'identification (RICŒUR, Philos. volonté, 1949, p. 377).
C. — [Correspond à identifier B] Action d'établir l'identité de quelqu'un, de reconnaître une chose comme étant de telle origine, comme appartenant à telle espèce. Où l'avait-il vue? Nulle part sans doute. Et cependant, cette minceur, ces cheveux blond tendre... Toute identification semblait bien hasardeuse (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 282). De la botanique, j'étudiai, lorsque je me trouvais à la campagne, les parties les plus formelles; l'identification des plantes, la nomenclature (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 18) :
2. En dehors d'un système de référence instrumental, et de l'identification des fréquences et des rythmes simples, les meilleurs musiciens sont incompétents.
SCHAEFFER, Rech. mus. concr., 1952, p. 53.
Spécialement
DR. Action d'établir l'identité d'un individu au regard de l'état-civil, ou de reconnaître un élément de signalement comme appartenant à un individu. Sitôt après les constatations policières, le cadavre a été transporté à Naples pour permettre son identification (GIDE, Caves Vatican, 1914, p. 840).
♦ Domaine militaire. Détection (notamment en matière de défense aérienne) de la qualité d'ami ou d'ennemi. Renseigné par les reconnaissances aériennes et par les identifications du combat, je sentis toutes les possibilités d'action que cette situation nouvelle m'ouvrait (JOFFRE, Mém., 1931, p. 411).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1. 1610 « action d'assimiler une chose ou une personne à une autre » (P. COTON, Institution catholique, I, 237 ds R. Philol. fr., t. 43, p. 128 : L'union beatifique ne se fait pas par identification d'essence avec Dieu); 2. 1847 « action de se confondre avec quelqu'un ou quelque chose » (MICHELET, Journal, p. 667 : votre droit est donc le salut du peuple? Votre identification avec le peuple est donc un mariage); 3. 1883 « action d'établir l'identité d'une personne, de reconnaître une chose comme étant telle » (RENAN, Souv. enf., p. IV). Empr. au lat. scolast. identificatio « action d'identifier » ca 1380 ds le domaine angl. (LATHAM), lui-même dér. du lat. scolast. identificare, v. identifier. Fréq. abs. littér. : 143. Bbg. GOHIN 1903, p. 266.

identification [idɑ̃tifikɑsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. 1610; lat. scolast. identificatio, du lat. scolast. identificare. → Identifier.
1 (1610). Action d'identifier; résultat de cette action.(Au sens 1 de identifier). || L'identification de Dieu et de l'univers dans la doctrine panthéiste. || L'identification, par Halley, de la comète de 1759 avec celle de 1607 décrite par Kepler.(1883, Renan). Au sens 2 de identifier. || Identification de vestiges de l'Antiquité.L'identification d'un criminel, d'un cadavre par la police judiciaire.
1 J'ai donc changé plusieurs noms propres. D'autres fois, au moyen d'interversions légères de temps et de lieu, j'ai dépisté toutes les identifications qu'on pourrait être tenté d'établir.
Renan, Souvenirs d'enfance…, Préface, p. 40.
2 (Les) divers modes de la déduction mathématique ou logique (…) se ramènent tous au fond, comme Leibniz l'avait bien aperçu, à des substitutions d'équivalents, c'est-à-dire à des identifications (…)
J. Laporte, l'Idée de nécessité, p. 137.
2 (1847, Michelet). Le fait de s'identifier. || L'étonnante identification d'un acteur avec son personnage.Spécialt (psychol., psychan.). « Processus psychologique par lequel un individu A transporte sur un autre B, d'une manière continue, et plus ou moins durable, les sentiments qu'on éprouve ordinairement pour soi… » (Lalande). Transfert. || L'identification au père (cit. 12), à la mère (ou identification œdipienne). || Identification et projection. || Système de défense psychologique par « identification à l'agresseur » (Anna Freud). || Identification introjective, projective (M. Klein).
3 La psychanalyse est familière avec ces processus d'identification dont la pensée artistique offre de nombreux exemples : le malade, qui, pour s'évader, a besoin de la clé de l'asile, arrive à croire qu'il est lui-même cette clé.
Sartre, Situations II, p. 169.
COMP. Photo-identification.

Encyclopédie Universelle. 2012.