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souci

1. souci [ susi ] n. m.
soucy XIVe; soussi v. 1200; de soucier
1État de l'esprit qui est absorbé par un objet et que cette préoccupation inquiète ou trouble jusqu'à la souffrance morale. alarme, inquiétude, peine, tourment. « Tout lui était souci, chagrin, blessure » (Chateaubriand). « Cet argent qui vous semble une bagatelle, est pour moi un cuisant souci » (France). Loc. Se faire du souci (pour qqn, qqch.) : s'inquiéter (cf. Se faire de la bile, du mauvais sang; du mouron). Cela me donne bien du souci. Être sans souci ( insouciant, sans-souci) .
Être, chose qui trouble ou inquiète l'esprit. embarras, fam. embêtement, ennui, tracas. Cet enfant est un perpétuel souci pour ses parents. Avoir des soucis. Des soucis d'argent. Être accablé, rongé, dévoré de soucis. Oublier ses soucis. Cela vous épargnerait bien des soucis. « Une quantité de soucis, dont la plupart sont de petites craintes, de petites angoisses » (Romains).
2Attitude subjective d'une personne qui recherche un résultat; état d'esprit de qui forme un projet. préoccupation, soin; intérêt. « Les grands soucis de la vie des peuples » (Giraudoux). Avoir le souci de la perfection. Par souci d'honnêteté. Mon premier souci fut de..., ma préoccupation principale. — Littér. Avoir souci de : se préoccuper de. Avoir souci de plaire. « J'ai trop souci de la vérité » (A. Gide). C'est le cadet (le dernier, le moindre) de mes soucis.
⊗ CONTR. Agrément, joie, 1. plaisir. souci 2. souci [ susi ] n. m.
• 1538; sousicle 1334; soussie n. f. 1280; altér., d'apr. 1. souci, du bas lat. solsequia « tournesol »
Plante (ostéracées) commune dans les champs. Souci des jardins, cultivé pour ses fleurs jaunes ou orangées. — Les fleurs de cette plante.
Souci d'eau : renoncule des marais. ⇒ populage.

souci nom masculin (ancien français soussie, tournesol, du bas latin solsequia, qui suit le soleil) Composée annuelle ornementale des jardins, aux capitules d'un jaune vif, de type radié. ● souci nom masculin (de soucier) Préoccupation qui trouble, inquiète : Vivre sans souci. Se faire du souci. Objet des préoccupations, de l'inquiétude de quelqu'un : Son fils est son principal souci.souci (citations) nom masculin (de soucier) François de Malherbe Caen 1555-Paris 1628 Beauté mon beau souci, de qui l'âme incertaine A comme l'Océan son flux et son reflux : Pensez de vous résoudre à soulager ma peine, Ou je me vois résoudre à ne la souffrir plus. Stances Horace, en latin Quintus Horatius Flaccus Venusia, Apulie, 65-Rome ? 8 avant J.-C. Le noir souci monte en croupe derrière le cavalier. Post equitem sedet atra cura. Odes, III, I, 40souci (expressions) nom masculin (de soucier) Avoir le souci de quelque chose, y veiller attentivement, y attacher de l'importance : Il a le souci de sa réputation. C'est (là) le moindre, le cadet, le dernier de mes soucis, c'est quelque chose qui ne me tracasse pas du tout, qui passe après tout le reste. ● souci (synonymes) nom masculin (de soucier) Préoccupation qui trouble, inquiète
Synonymes :
- anxiété
- bile (familier)
- tracas
Objet des préoccupations, de l'inquiétude de quelqu'un
Synonymes :
- contrariété
- préoccupation
- problème
- tracas
Avoir le souci de quelque chose
Synonymes :
- obsession
- préoccupation
- soin

souci
n. m.
d1./d Préoccupation, contrariété. Vivre sans souci au jour le jour.
d2./d Ce qui contrarie, préoccupe.
|| Loc. C'est le cadet, le dernier, le moindre de mes soucis: cela me laisse indifférent, je ne m'en occupe pas.
————————
souci
n. m. Plante herbacée ornementale (Fam. composées) aux fleurs jaunes ou orange.

I.
⇒SOUCI1, subst. masc.
A. — État d'esprit plus ou moins douloureux, permanent ou répété, de quelqu'un qui s'inquiète à propos d'une personne ou d'une chose à laquelle il accorde de l'importance. Synon. inquiétude, préoccupation, tourment, tracas. Grand, petit souci; souci constant, dominant; épargner un, des souci(s) à qqn; oublier ses soucis. C'est un état assez heureux que celui qu'on goûte en voyageant à son aise: on est débarrassé des soucis, des soins et des devoirs ordinaires de la vie (MAINE DE BIRAN, Journal, 1816, p. 132). [Lucien] se rua, selon l'expression de La Fontaine, en cuisine, et noya ses soucis dans le vin (BALZAC, Illus. perdues, 1839, p. 489). J'ai un souci moi... Un souci métaphysique! Permanent! Irrécusable! Oui! Et qui ne me laisse pas tranquille! Jamais! Même comme ça quand j'en ai pas l'air! Quand je te cause de choses et d'autres! Je suis tracassé! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 437).
SYNT. Souci exclusif, dévorant, grave, lancinant, majeur, moral, permanent, personnel, rongeur, vital; cruel, grave, gros souci; noirs soucis; éviter un, des souci(s) à qqn; donner du, des souci(s); être débarrassé d'un souci.
1. Au sing.
a) [L'accent est mis sur la perte de la tranquillité d'esprit]
Avoir du souci. S'inquiéter. On a quelquefois bien du souci avec les enfants. Quand ils grandissent. Elle l'avait bien dit à Joseph. Ça finirait mal (PÉGUY, Myst. charité, 1910, p. 107).
Se faire du souci, bien du souci, tant de souci (à cause de, à propos de, pour, au sujet de qqn, qqc.). S'inquiéter. Synon. pop., fam. se faire de la bile, du mouron, du mauvais sang. Pourquoi me dévisagez-vous? Vous n'allez pas vous faire du souci? Ce serait trop bête! (MAURIAC, Mal Aimés, 1945, II, 8, p. 209).
Tenir (qqn) en souci (vx). Inquiéter (quelqu'un). Ton brusque départ me tenait en souci; Mais j'ai bien deviné que tu serais ici (PONSARD, Honn. et argent, 1853, III, 6, p. 80).
Être en souci (de) (vieilli). Être inquiet, préoccupé. Être en souci de la santé de qqn. Quand il était trop en souci d'un malade, il descendait au jardin et donnait une façon à quelque carreau de légumes (POURRAT, Gaspard, 1931, p. 109).
Loc. adj. ou adv. Sans souci. Sans inquiétude. Synon. insouciant. Être, vivre sans souci; enfants sans souci. J'étais, dans ma jeunesse, d'un caractère gai, folâtre, sans souci, sans réflexion (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p. 66).
Locution proverbiale, iron. et fam., vx. Vous vivrez peu, vous prenez trop de souci. Mêlez-vous de ce qui vous regarde. (Dict. XIXe et XXe s.).
b) [L'accent est mis sur le sentiment douloureux d'inquiétude et d'angoisse] Synon. chagrin. Donner du souci; endurer du souci. La jeune fille ainsi Se laisse choir aux pieds de Charlemagne, Le cœur brisé par un si grand souci (BANVILLE, Exilés, 1874, p. 110). Je crains bien que cette espèce de pressentiment noir dont je suis obsédée pendant mon service ne se rapporte à l'enseignement même. (...) Le souci naît, le soir, avec la fatigue, avec la diminution du vacarme scolaire (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p. 100).
2. P. méton.
a) [Avec l'art. indéf. ou au plur.] Cause, motif d'inquiétude. Synon. ennui; (fam.) embêtement, empoisonnement, emmerdement (vulg.). Souci domestique; soucis familiaux, ordinaires, professionnels, quotidiens; soucis du jour, du ménage, du moment; front lourd de soucis; avoir des soucis, n'avoir aucun souci; enlever (un gros) souci à qqn. Il s'y était plongé [dans le travail], englouti, et tout le reste en apparaissait plus lointain. Un souci chasse l'autre (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 479). Louise: (...) J'imaginais vos soucis, votre tourment... Clérambard: — Quels soucis? Quel tourment? Louise: — Hélas! Ils ne vous manquent pas. La maison, le travail, les créanciers, une situation qui va s'aggravant... (AYMÉ, Cléramb., 1950, II, 3, p. 80).
Souci matériel ou souci d'argent. Elle avait d'autres ennuis, des soucis matériels qui la préoccupaient davantage. Jean continuait à n'être pas raisonnable, il la harcelait toujours de demandes d'argent (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 538). Mère chargée de quatre enfants et de soucis d'argent (COLETTE, Mais. Cl., 1922, p. 195).
b) Personne, chose qui préoccupe, inquiète. Son fils est son principal souci. La nuit, si par malheur on a du souci, il vous saute dessus, se carre sur vos épaules; tant va la route (...). Moi, mon souci, c'était la Douloire (GIONO, Baumugnes, 1929, p. 195). Il était le souci, la crainte, la gêne de ses professeurs. Son regard immobile glaçait la réprimande sur leurs lèvres (GREEN, Autre sommeil, 1931, p. 13).
B. — Gén. au sing. État d'esprit de la personne qui s'intéresse particulièrement à quelqu'un, quelque chose, s'adonne à une activité, veut parvenir à un but. Synon. préoccupation. Un bon maître a ce souci constant: enseigner à se passer de lui (GIDE, Journal, 1922, p. 732):
— Et j'apprécie infiniment, (...) le souci du baron Schoudler de veiller à la conservation d'un patrimoine légitime de ses petits-enfants (...). Et je suis persuadé que le même souci anime la famille Leroy, en ce qui la concerne.
DRUON, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 199.
1. [Déterminé par un adj. ou un compl.]
Souci(s) + adj. [L'adj. exprime la nature de l'intérêt, de l'attention] Souci esthétique, moral, pédagogique. Il sentait déjà si lointains ses soucis humanitaires, sa sollicitude pour les ouvriers, les humbles! (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 469). Tout ce qui le peut est présenté [au marché] en guirlandes, en régimes nattés, en bouquets, avec ce souci décoratif propre aux races du Midi européen (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1933, p. 135).
Souci de
Souci de qqc. [Le compl. désigne l'objet de l'intérêt, de l'attention] Souci des affaires, de l'avenir, du bien public, du bonheur, du confort, de l'élégance, de la forme et du fond, de la perfection, de la propreté, de la vérité; un souci d'équité, d'objectivité, d'ordre. Le souci de la clarté et de la netteté est un souci moral (BLONDEL, Action, 1893, p. 238). Les amoureuses pleines du souci de leur gloire que seront Chimène et Émilie (BRASILLACH, Corneille, 1938, p. 85).
Souci de + inf. Souci d'éviter (qqc.), d'instruire, d'obtenir, de plaire; souci d'être clair, vrai. L'homme s'ingénie et le souci constant de rendre son existence meilleure le conduit à créer les sciences (GAULTIER, Bovarysme, 1902, p. 180). Mme de Guermantes montrait dans ses robes le même souci de suivre la mode que si, se croyant devenue une femme comme les autres, elle avait aspiré à cette élégance de la toilette dans laquelle des femmes quelconques pouvaient l'égaler, la surpasser peut-être (PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 29).
2. Loc. et expr.
Le dernier souci, le cadet, le dernier de mes (tes, ses) soucis. Ce qui passe après le reste. Le dernier de mes soucis est de savoir ce qu'ils ont pu penser! (VERNE, Île myst., 1874, p. 130). Morel (...) n'avait pas songé à ce que deviendrait le baron, lequel était le cadet de ses soucis (PROUST, Sodome, 1922, p. 1008). Petits possédants dont le dernier souci est certainement d'encourager les grèves (CAMUS, Homme rév., 1951, p. 263). C'est (là) le cadet, le dernier, le moindre de mes soucis. Cela ne m'intéresse pas du tout. J'entrevois bouger en tous sens mille poissons pour lesquels il me semble toujours que je n'aurai jamais assez de temps pour m'en occuper. Que d'autres poissons viennent du dehors les rejoindre [dans ma vie intérieure], c'est le cadet de mes soucis (DU BOS, Journal, 1923, p. 374).
Avoir souci de, n'avoir guère / jamais souci de (qqn, qqc.). (Ne... pas) s'occuper de (quelqu'un, quelque chose). Synon. (ne pas) se soucier de. Ce ne devrait pas être de la part d'un homme un tour de force impossible, bien que d'ordinaire les hommes n'en aient aucunement souci (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1939, p. 87).
N'avoir d'autre souci que + subst. Ne s'occuper que de. Le gouvernement ne saurait avoir d'autre souci que la vérité, ni d'autre intérêt que la justice impartiale pour tous (CLEMENCEAU, Iniquité, 1899, p. 13).
Avoir (grand) souci que + subj. (littér.). Attacher beaucoup d'importance à ce que. J'ai eu parfois grand souci qu'on m'admirât, ou du moins qu'on m'aimât (BERNANOS, Joie, 1929, p. 555).
N'avoir (ni) souci ni cure de + subst. (vieilli). Ne pas s'inquiéter de quelque chose. Suis-je d'un sang si vil, de race tant obscure, Roi, que du châtiment il n'ait souci ni cure? (LECONTE DE LISLE, Poèmes barb., 1878, p. 292).
Avoir d'autres soucis en tête. S'occuper d'autre chose. Marius au fond, tu as bien raison, et j'ai bien tort de m'en mêler. J'ai d'autres soucis en tête, heureusement (PAGNOL, Marius, 1931, I, 11, p. 89).
Vieilli
Prendre souci de (qqn, qqc.). S'occuper de (quelqu'un, quelque chose). L'emmanchure de ses blouses déchirée jusqu'aux hanches, car la femme de ménage n'en prenait guère de souci (FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 201). Vous seriez une grande dupe, Monsieur, me répondit ma gouvernante, si vous preniez souci de cette créature (FRANCE, Bonnard, 1881, p. 283). Prendre souci et soin de (qqn, qqc.). Il en prit souci et soin [de Jean] comme de quelque chose de très fragile et de très recommandé (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 174).
Tenir à souci de + inf. Se préoccuper de. Il tenait à souci de me marquer sa confiance, et la mienne envers lui est très grande (GIDE, Journal, 1928, p. 883).
Avec le/un souci de, dans le/un souci de, par souci de + subst. ou inf. Avec la préoccupation de. Informer nos concitoyens dans un souci de scrupuleuse objectivité (CAMUS, Peste, 1947, p. 1314).
Sans souci de + subst. ou inf. Vivre au jour le jour, sans souci du lendemain, sans préoccupations pour l'avenir (FLAUB., Corresp., 1839, p. 40).
Sans souci que + subj. Il jetait les idées comme un lanceur de graines, sans souci qu'on en tirât parti avant lui (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1948, p. 228).
3. P. méton. Personne qui est l'objet d'une attention constante, de soins attentifs. J'avais laissé non loin, sous l'aile maternelle, Ma fille, mon enfant, mon souci, mon trésor (LAMART., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 138).
Littér. [P. allus. à MALHERBE, Poésies, Paris, Droz, 1936 [1630], p. 148: Beauté mon beau souci] Ce qui est l'objet de soins agréables et constants. Est-ce moi qui pleurais ainsi — Ou des veaux qu'on empoigne — D'écouter ton pas qui s'éloigne, Beauté, mon cher souci? (TOULET, Contrerimes, 1920, p. 28).
REM. En compos. Sans-souci .
Prononc. et Orth.:[susi]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1217-22 « inquiétude, angoisse que causent les dangers, les difficultés » geter aucun de mout grant soussi (JEAN RENART, Roman de la Rose ou de Guillaume de Dole, éd. F. Lecoy, 5596); 1225-30 estre en souci (GUILLAUME DE LORRIS, Rose, éd. F. Lecoy, 2577); ca 1280 metre aucun en soussi (GIRART D'AMIENS, Escanor, 5477 ds T.-L.); 2. 1225-30 « fait de se préoccuper de quelque chose » n'avoir sousi de nule rien fors de... (GUILLAUME DE LORRIS, op. cit., 570); id. estre en mout grant sousi que + subj. (ID., op. cit., 3997); 3. a) fin XIVe s. « préoccupation, inquiétude amoureuse » (EUSTACHE DESCHAMPS, Virelai ds Œuvres, éd. Queux de St-Hilaire, t. 4, p. 175); 1re moit. XVe s. [ms.] estre en grant soussi de cuer (FROISSART, Chron., I, éd. S. Luce, § 168, leçon ms. d'Amiens, t. 2, p. 368); b) av. 1577 « objet de préoccupation amoureuse » (R. BELLEAU, Eglogues sacrées, I ds Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 2, p. 302: Avance toy, mon Cœur, et vien choisir ta place Pres de moy, mon souci); av. 1589 (A. DE BAÏF, Églogues, VII ds Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 3, p. 41: Muses, mon cher soucy); 4. 1549 « ce qui constitue un sujet d'inquiétude » le plus grand soulci que j'aye; diminuer les soulcis (EST.). Déverbal de soucier.
II.
⇒SOUCI2, subst. masc.
A. — BOT. Plante annuelle de la famille des Composées, à fleurs jaunes ou orangées réunies en capitules, à odeur forte, à feuilles opposées de texture épaisse et lancéolées, qui fleurit d'avril à octobre et que l'on cultive pour ses propriétés ornementales et pharmaceutiques (sous le nom de calendula); fleur de cette plante. Petit souci ou souci des champs; souci des jardins; bouquet de soucis. Le tournesol, géant de l'empire de Flore, Et le tendre souci qu'un or pâle colore (MICHAUD, Printemps proscrit, 1803, p. 85). Elle l'aimait [son homme] (...), ne l'ayant en moindre révérence que la fleur de souci le soleil, laquelle ouvre ses fleurons quand il reluit, vire pour le suivre en son cours et les ferme à la perte de sa présence (POURRAT, Gaspard, 1922, p. 28).
Vieilli et fam. Être jaune comme (un) souci. ,,Être très jaune, avoir le teint brouillé`` (Ac. 1835, 1878).
[P. réf. aux fleurs du souci]
Loc. adj. Couleur (ou jaune) de souci. Jaune vif ou orangé. Un palais couleur de souci (CLAUDEL, Gdes odes, 1910, p. 235).
Empl. adj. inv., en appos. Couleur (ou jaune) souci; p. ell., souci. Jaune vif ou orangé. La couleur souci, jaune ou racine de buis de la couverture du livre (STENDHAL, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 124). Le petit salon aux boiseries d'un bleu soutenu, panelées de soie souci (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 306).
B. — P. anal. (de couleur)
1. BOT. Souci d'eau. Plante à fleur jaune poussant au bord de l'eau. Synon. usuel populage, caltha, lysimaque. Les soucis d'eau et les bugles rampantes égayaient de jaune vif et de violet-rose les eaux mortes et les berges croulantes (ARNOUX, Zulma, 1960, p. 192). V. jaune III A 1 ex. de Pourrat, populage ex. de Guyot, Gibassier.
2. ENTOMOL. ,,Papillon encore appelé soufré orange (...) commun le long des routes`` (Animaux 1981).
Prononc. et Orth.:[susi]. Homon. souci1. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Mil. XIIIe s. sussie fém. (Gl. Glasgow, 157b ds T.-L.: hoc solsequium, sussie); 2. 1538 soulci masc. (EST., s.v. sol, solis [herba]). Le type soussie, fém. est empr. au b. lat. solsequia « tournesol, chicorée sauvage » (VIe-VIIe s., ISIDORE d'apr. ANDRÉ Bot.) avec adapt. de la finale d'apr. le suff. -ie, fréq. dans la terminol. bot. (cf. a. fr. celidonie déb. XIVe s., FEW t. 2, p. 634a, celidoine; agrimonie, ibid. t. 24, p. 270a, aigremoine; centorie, ibid., t. 2, p. 583a, centorée), la forme pop. devant être souciece. Le type masc. soussi est empr. au masc. solsequium (XIIIe s., Gl. Glasgow, loc. cit.; id. [ms. de Bruges] Dict. de Jean de Garlande, éd. A. Scheler, § 75 ds Jahrbuch rom. engl. Lit. t. 6 1865, p. 160; v. aussi FEW t. 12, p. 75a, note 27). Cf. d'autres formations sav., dont le genre est difficile à préciser: a. fr. soucicle (1334 Normandie ds GDF.); agn. solsecle (XIIIe, Recettes méd. en vers, éd. P. Meyer ds Romania t. 32 1903, p. 83; mil. XIIIe s., Gl., Brit. Mus. Harley 2742, 140b ds T.-L.; d'où l'ags. solicle ca 1290, GAUTIER DE BIBBESWORTH, Traité, éd. A. Owen, 641; 1310 solsecle, NED).
STAT. Souci1 et 2. Fréq. abs. littér.:3 743. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 2 262, b) 3 778; XXe s.: a) 6 106, b) 8 291.

1. souci [susi] n. m.
ÉTYM. XIVe, soucy « chagrin, peine »; soussi, v. 1200; le mot a connu un moment de défaveur et était considéré comme vieilli en 1700, cf. Brunot; de soucier.
1 (Un, des soucis). État de l'esprit absorbé par un objet ( Soin) et que cette préoccupation inquiète ou trouble, jusqu'à la souffrance morale. Peine; alarme; agitation, anxiété, cassement (de tête), contrariété, émoi, inquiétude, obsession, poids, tintouin (fam.), tourment, tracas. || Être accablé (cit. 11), rongé de soucis (→ Dévorer, cit. 25). || Se faire des soucis. || Souci dévorant, lancinant (→ Apaiser, cit. 14), rongeant (cit. 1). || De graves soucis. || Les noirs soucis.Oublier ses soucis (→ Brûler, cit. 12). || Être soulagé d'un souci. || Cela vous épargnerait bien des soucis.
1 Tout lui était souci, chagrin, blessure : une expression qu'elle cherchait, une chimère qu'elle s'était faite, la tourmentait des mois entiers.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. I, p. 118.
2 Une quantité de soucis, dont la plupart sont de petites craintes, de petites angoisses, de petites peurs d'être insuffisant ou d'être trahi, voire de petites humiliations (…)
J. Romains, cité par Bénac, Dict. des synonymes, art. Souci.
2.1 Les soucis dont le grignotement mutile, et le pire d'entre tous qui sans doute est l'idée de la mort, le merveilleux les tient en échec (…)
Michel Leiris, Frêle bruit, p. 363.
Le souci : l'inquiétude, l'angoisse que causent les dangers, les difficultés, les préoccupations… Chagrin.Vieilli. || Endurer un souci (→ Élargir, cit. 9). || « Et l'importun souci qui me suit pas à pas » (→ Regret, cit. 1, du Bellay). — ☑ Loc. mod. Se faire du souci : s'inquiéter (à propos de…). Bile; biler (se), faire (s'en faire); → Se mettre martel en tête; se faire de la bile, du mouron, de la mousse (fam.), du mauvais sang.Vx. || Être en souci de…, en peine de… (→ Endormir, cit. 15).
3 Dans l'état où je suis, triste et plein de souci,
Si j'espère beaucoup, je crains beaucoup aussi.
Corneille, Rodogune, I, 2.
4 Donc, pourquoi lui, Magnus, en prendrait-il souci ?
Leconte de Lisle, Poèmes tragiques, « Lévrier de Magnus », II.
Être sans souci, sans soucis. Insouciant, insoucieux, sans-souci; indifférent.
2 (XIIIe). || Le souci : attitude subjective d'une personne qui recherche un résultat; état d'esprit d'une personne qui forme un projet. Préoccupation, soin; → Préoccuper, cit. 7.Souci de… : recherche d'une personne qui se soucie, se préoccupe de… (→ Ailleurs, cit. 9; parure, cit. 7). || Dans le continuel souci du bonheur de tous (→ Épandre, cit. 8). || Le souci de la vérité m'oblige à mettre les choses au point (1. Point, cit. 17). || Le souci des convenances. || Le souci du lendemain.(Suivi de l'inf.). || Un perpétuel souci de plaire, de ne pas se laisser surprendre.Le souci que… (suivi du subj.). || Le souci qu'on ne fasse pas de mal à son fils, qu'on la laisse tranquille.Littér. || Avoir souci de… (→ Essuyer, cit. 16), être en souci de… (→ Manquer, cit. 37) : s'occuper avec intérêt de…(Vx). || N'avoir souci de… Cure. || « Avoir, tenir à souci de… » (Gide, Journal, 12 juin 1928). — ☑ Loc. cour. C'est le cadet, le dernier, le moindre (cit. 8) de mes soucis : cela ne m'intéresse pas du tout, cela m'est égal.
5 Vraiment à votre bien (fortune) on songe bien ici,
Et c'est là pour un sage un fort digne souci !
Molière, les Femmes savantes, V, 3.
6 Le premier soir qu'il vint ici
Mon âme fut à sa merci.
De fierté je n'eus plus souci.
Ch. Cros, Nocturne.
7 (…) j'étais hypnotisé par cet élargissement sans fin où je souhaitais l'entraîner à ma suite, sans souci qu'il fût plein de périls (…)
Gide, Si le grain ne meurt, II, II, p. 369.
8 Le monde n'a de raisons de s'intéresser à elle (la France) que si, justement, elle n'est pas neutre, comme le sont des immortels devant les grands soucis de la vie des peuples, que ce soit la faim, la santé, le travail ou la réjouissance.
Giraudoux, De pleins pouvoirs à sans pouvoirs, V, p. 101.
3 (1558). || Un, des soucis : ce qui s'empare de l'esprit pour le troubler ou l'inquiéter; ce qui est cause de souci (1. ou 2.). Affaire, aria, désagrément, difficulté, embarras, ennui; et fam. embêtement, emmerdement, empoisonnement. || Cet enfant est un souci perpétuel pour ses parents. || Soucis financiers (→ Hanter, cit. 16), matériels, quotidiens, familiaux, professionnels. || Elle a des soucis d'argent. || Enlever un gros souci à qqn (→ Tirer une épine du pied). || Avoir d'autres soucis, d'autres chats à fouetter.
9 (…) cet argent qui vous semble une bagatelle, est pour moi un cuisant souci, car j'ai éprouvé qu'il était malaisé d'en gagner en demeurant honnête homme, ou même différemment.
France, la Rôtisserie de la reine Pédauque, VI, Œ., t. VIII, p. 58.
Vx. Personne qui occupe l'esprit. || « Mon cher souci… » (Corneille).Littér. (D'une chose). || « Beauté, mon beau souci… », début d'un poème galant de Malherbe, titre d'une œuvre de V. Larbaud.
CONTR. Agrément, joie, plaisir. — Indifférence.
DÉR. Soucieux.
COMP. Sans-souci.
HOM. 2. Souci, 3. souci.
————————
2. souci [susi] n. m.
ÉTYM. 1538, soulci; altér. par croisement avec 1. souci, de soussie, n. f. (v. 1280); sousicle, 1334; du bas lat. solsequia « tournesol », qui suit (sequi) le soleil (sol).
Plante (Composacées) commune dans les champs (souci des champs, petit souci). || Souci des jardins, cultivé pour ses fleurs jaunes ou orangées.Par ext. Fleur du souci. || Vase garni (cit. 14) de soucis.
(1765). || Souci d'eau, des marais : le populage ou le lysimaque.
HOM. 1. Souci, 3. souci.
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3. souci [susi] n. m.
ÉTYM. 1791; par compar. du papillon avec la fleur de ce nom.
Rare. Papillon de jour dont les ailes bordées de noir sont de couleur orangée.
HOM. 1. Souci, 2. souci.

Encyclopédie Universelle. 2012.