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RADIODIFFUSION
RADIODIFFUSION

On appelle «radiodiffusion» l’ensemble des radiocommunications dont les émissions sont destinées à être reçues directement par le public et qui peuvent comprendre des émissions sonores, des émissions de télévision, ou d’autres signaux (horaires ou météorologiques, par exemple). On traitera ici seulement de la radiodiffusion sonore , dont on place généralement les débuts entre 1920 et 1922.

Dans les premiers récepteurs à galène , sans amplification, l’énergie acoustique provenait uniquement de l’onde à radiofréquence; les puissances d’émission étaient faibles (de 50 W à 1 kW), et la portée réduite à 1 ou 2 kilomètres. Beaucoup pensaient qu’il s’agissait d’un amusement technique, sans grand avenir. Apparurent ensuite les postes à lampes , avec amplification, alimentés par des batteries ou des piles (1925), puis fonctionnant sur secteur. Les émetteurs se sont rapidement multipliés, en même temps que commençaient les premiers «journaux parlés», tout au moins dans les pays à niveau de vie élevé. Dès 1934, il fallut mettre en place, en France, un plan dit Ferrié pour répartir les fréquences et limiter les puissances.

À la veille de la Seconde Guerre mondiale, il existait déjà vingt-sept émetteurs en France. Les puissances d’émission atteignaient 100 kilowatts en ondes hectométriques et 1 000 kilowatts en ondes kilométriques. Les émissions en ondes décamétriques débutaient.

L’équipement en récepteurs était suffisant pour que l’importance politique de la radiodiffusion fût manifeste et jouât un rôle considérable dans le déroulement des hostilités.

L’influence de la radiodiffusion sonore, tant sur le plan des informations (avec l’incidence politique) que sur celui de la culture, n’a fait que s’amplifier. Les ondes traversent les frontières, et on peut connaître tous les événements importants qui se passent dans le monde, cela presque instantanément. La radiodiffusion sonore a contribué très largement à la diffusion des idées mais, en contrepartie, à la disparition de la plupart des dialectes et patois.

Depuis la Seconde Guerre mondiale, la radiodiffusion sonore est fortement concurrencée par la télévision, mais il semble qu’aucun téléspectateur n’ait abandonné son récepteur radio, et tous les pays augmentent le nombre et la puissance de leurs émetteurs, ce qui entraîne des brouillages importants, et finalement une diminution des zones desservies.

La radiodiffusion sonore en modulation de fréquence et en ondes métriques (bande des 100 MHz) se développe de plus en plus, en même temps que débutent des émissions à partir de satellites.

La radiodiffusion sonore demeure le seul moyen d’écoute individuel d’émetteurs situés à très grande distance. Le prix des récepteurs courants est devenu très modique, bien que certains modèles multibandes puissent valoir sensiblement plus cher que des téléviseurs de grande diffusion.

Les appellations officielles des gammes d’ondes et leurs abréviations sont: ondes kilométriques (O.km), pour grandes ondes (G.O.); ondes hectométriques (O.hm), pour petites ondes (P.O.) ou ondes moyennes (O.M.); ondes décamétriques (O.dam), pour ondes courtes (O.C.); ondes métriques (O.m), etc.

1. Principe des émissions

Le principe de la chaîne allant du studio au récepteur est simple. Au départ, les signaux électriques produits par un microphone ou par un lecteur de disque ou de bande magnétique sont amplifiés, puis transmis à un émetteur, où ils modulent une onde porteuse (cf. MODULATION ET DÉMODULA- TION). Cette dernière, rayonnée par l’antenne d’émission, est ensuite captée par une antenne de réception, suivie du récepteur proprement dit, qui extrait de cette porteuse le signal utile et l’applique au(x) haut-parleur(s).

Les studios

Un «studio» comprend le studio proprement dit, où s’effectue la «prise de son», et un local spécial, appelé «cabine technique». Un studio doit répondre à certaines conditions acoustiques.

Il s’agit, d’abord, de le soustraire aux bruits extérieurs. On utilise, à cet effet, tous les procédés d’isolement acoustique: murs solides à revêtements divers, doubles vitres et sas avec portes à joints élastiques, etc. Le studio étant ainsi isolé du milieu extérieur, il faut l’éclairer et le climatiser avec des appareils n’engendrant ni bruits ni parasites radioélectriques.

Il faut, en outre, obtenir une prise de son de qualité. Suivant l’effet à produire, il y a des studios «sourds», d’autres un peu réverbérants. L’emplacement des microphones doit être étudié avec soin.

Dans la «cabine technique», d’où l’on a vue sur le studio, on effectue les opérations suivantes:

– ordres d’enchaînement, généralement par gestes, à l’intention des personnes enfermées dans le studio;

– réglages et équilibrages des niveaux et des divers effets sonores;

– exploitation des machines de lecture;

– commutation des diverses sources (microphones, machines de lecture, arrivées extérieures).

Les signaux issus des studios sont soit enregistrés sur place pour être diffusés ultérieurement, soit envoyés par ligne à une cabine de programme ou à un centre de commutation.

Les cabines de programmes

C’est dans des cabines spéciales que s’élabore le programme qui doit être diffusé par les émetteurs en enchaînant les productions des différentes sources de programme auxquelles elles sont reliées. Ces sources comprennent des studios proches ou éloignés (parfois à l’étranger) et des sources occasionnelles (reportage à l’extérieur, théâtres ou salles publiques, terrains de sport, par exemple).

Chaque cabine de programmes est voisine d’un petit studio où se font les annonces diverses nécessaires à la continuité de l’émission, et qui comprend des appareils de lecture des programmes enregistrés.

Pour éviter les aléas du direct, on tend de plus en plus à enregistrer tous les programmes, sauf les séquences pour lesquelles l’instantanéité est l’élément essentiel (informations, reportages sportifs, etc.).

Distribution aux émetteurs

Entre les studios, les cabines de programmes et les centres d’émission, il y a de nombreuses liaisons. Elles se font par des circuits du type ligne téléphonique à large bande et, de plus en plus souvent, par liaisons numériques. Pour les grandes distances, on utilise des circuits spéciaux dans les faisceaux hertziens ou des liaisons par satellites.

2. Bandes de fréquences et systèmes de transmission

De très nombreux organismes utilisent les liaisons par «radio». Aussi existe-t-il un accord international (dit Règlement des radiocommunications) qui attribue à chaque service une certaine bande. Les bandes réservées à la radiodiffusion, quelque peu variables suivant les régions, sont à peu près les suivantes:

– la bande kilométrique, de 148,5 à 283,5 kilohertz (en «zone européenne» seulement);

– la bande hectométrique, de 526,5 à 1 606,5 kilohertz;

– un certain nombre de bandes décamétriques de 100 à 300 kilohertz de largeur, situées au voisinage de 6, 7, 9, 11, 13, 15, 17, 21 et 26 mégahertz;

– la bande métrique, de 87,5 à 108 mégahertz.

Les bandes décamétriques sont presque exclusivement employées pour les émissions à très grande distance (de 500 à 20 000 km), à cause de leurs propriétés particulières de propagation dans certaines conditions. C’est dans ces bandes que l’on peut capter en Europe les émissions venant d’Amérique ou d’Australie.

Les bandes en ondes kilométriques et hectométriques ont été les premières utilisées pour la radiodiffusion. Mais, très vite, l’augmentation du nombre des émetteurs a causé des brouillages importants qui réduisaient la portée de chaque émetteur. En même temps, tous les pays voulaient diffuser plusieurs programmes sur l’ensemble de leur territoire. L’encombrement dans ces bandes est devenu considérable. Et c’est essentiellement pour cette raison que l’on a été conduit, dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, à se servir des bandes métriques.

En ondes kilométriques, hectométriques et décamétriques, on emploie la modulation d’amplitude (M.A.) classique (une porteuse complète et deux bandes latérales) pour deux raisons: d’abord, c’était le seul système bien connu au début de la radiodiffusion, et, ensuite, une simple diode redresseuse permet la démodulation. C’est encore le seul système utilisé, car, pour l’encombrement hertzien de l’onde émise, le récepteur est le plus simple. Il faut remarquer qu’en radiodiffusion il y a des centaines de milliers de récepteurs pour un seul émetteur, et le prix du récepteur est l’élément fondamental du choix d’un système.

Des tentatives ont été faites pour des émissions à bande latérale unique (B.L.U.) ou à bandes latérales indépendantes (B.L.I.), moins encombrantes du point de vue hertzien, et réduisant la consommation d’énergie de l’émetteur, surtout si la porteuse est atténuée ou supprimée. Les bandes latérales indépendantes permettent de transmettre deux programmes indépendants, et un système voisin est utilisé dans certains pays pour des émissions stéréophoniques en ondes hectométriques. Si les voies gauche (A) et droite (B) sont, par exemple, portées respectivement par les bandes latérales inférieure et supérieure, le résultat global est équivalent à une modulation mixte d’amplitude et de phase où c’est (A + B) qui module en amplitude et (A – B) qui module en phase. Ainsi le récepteur normal en modulation d’amplitude reçoit le signal compatible (A + B) tandis que les récepteurs spéciaux peuvent séparer A et B. Mais la difficulté est, d’une part, de fabriquer un récepteur à prix raisonnable, d’autre part, de passer d’un système à l’autre, compte tenu du nombre considérable de récepteurs existants.

En ondes métriques, on a choisi la modulation de fréquence (M.F.), qui permet une meilleure protection contre les parasites et une meilleure qualité globale. L’accroissement des parasites est essentiellement la conséquence de la prolifération des appareils électriques et des véhicules automobiles.

3. Les émetteurs

L’émetteur sert à moduler une porteuse avec les signaux à transmettre, et à l’amplifier de façon que l’antenne rayonne une énergie suffisante.

Il y a en radiodiffusion sonore classique deux types principaux d’émetteurs: ils sont soit en modulation d’amplitude, soit en modulation de fréquence.

Émetteurs en modulation d’amplitude

Les premiers utilisés, les émetteurs en modulation d’amplitude sont généralement situés en plaine. Ils rayonnent dans les bandes kilométriques, hectométriques et décamétriques. Leur puissance va de 50 à 500 kilowatts, et jusqu’à 2 000 kilowatts en ondes kilométriques. On parvient à transistoriser intégralement des émetteurs en ondes hectométriques de 300 kilowatts.

Les antennes sont constituées par des pylônes rayonnants dont la longueur est voisine de/2 en ondes hectométriques, ou plus courte (jusqu’à/4 ou moins), pour les faibles puissances et en ondes kilométriques. Les deux pylônes de l’émetteur français d’ondes kilométriques (162 kHz, près de Bourges) ont 350 mètres de hauteur. Dans certains cas, on utilise des antennes directives à deux ou trois pylônes.

On a intérêt à placer les centres émetteurs en modulation d’amplitude dans une région où le sol a la meilleure conductivité (sol argileux et humide), pour assurer une portée aussi grande que possible de l’émetteur. En outre, on enterre un réseau conducteur au pied du pylône.

En ondes décamétriques, on emploie le plus souvent des antennes très directives, par exemple des rideaux de doublets horizontaux ( /2) avec réflecteur [cf. ANTENNES]. On obtient ainsi une onde à polarisation horizontale qui se réfléchit mieux sur l’ionosphère et se propage très loin. Il faut en principe une antenne par direction à desservir, et par bande de fréquences.

Émetteurs en modulation de fréquence

Les émetteurs en modulation de fréquence ont des puissances de 50 watts à 20 kilowatts, bien inférieures aux émetteurs précédents. Sur le plan technique, ils comprennent essentiellement un oscillateur-modulateur, suivi d’amplificateurs de puissance. Le système de modulation le plus moderne utilise une capacité du type «varicap».

On branche généralement jusqu’à quatre émetteurs sur la même antenne, à l’aide de multiplexeurs évitant les interactions entre émetteurs.

Les ondes métriques contournant très mal les obstacles, on place ces émetteurs sur des points hauts naturels (collines, montagnes), de façon que l’antenne soit en vue directe de la zone à desservir. En plaine, on place les antennes sur des pylônes élevés (certains ont plus de 300 m de hauteur). Ces antennes sont constituées (comme en télévision) par des «panneaux», c’est-à-dire par un ensemble rigide formant un réflecteur, avec des éléments rayonnants (doublets ou autres). Une antenne comprend en général, sur chacune des quatre faces d’un pylône, plusieurs étages de panneaux destinés à concentrer l’énergie autour du plan horizontal. L’encombrement vertical peut atteindre de 8 à 12 longueurs d’onde. En outre, on ajuste le diagramme horizontal suivant la zone à desservir. On place ces antennes sur les mêmes supports que ceux qu’on utilise pour les antennes de télévision.

La liaison entre émetteur et antenne se fait par câbles coaxiaux, certains ayant 120 millimètres de diamètre.

Portée des émetteurs et propagation

La portée des émetteurs est directement liée à la propagation des ondes.

En ondes kilométriques et hectométriques, de jour , on utilise la propagation directe, sur le sol, de l’onde en polarisation verticale. La portée est d’autant meilleure que le sol est bon conducteur et que la fréquence est plus basse. Ainsi, en ondes kilométriques, un émetteur de 1 000 kilowatts peut être capté à 400 ou 500 kilomètres (champ de 2 à 5 mV/m). En ondes hectométriques, la portée d’un émetteur de 100 kilowatts varie de 50 à 150 kilomètres. Plus la fréquence est basse, plus l’onde contourne facilement les obstacles (notamment les montagnes). Sur mer, la propagation, peu dépendante de la fréquence, dépasse 500 kilomètres pour un émetteur de 100 kilowatts en ondes hectométriques.

De nuit , en ondes kilométriques et surtout en ondes hectométriques, intervient la propagation indirecte, due à une réflexion des ondes dans l’ionosphère. Les portées peuvent être de 1 000 à 2 000 kilomètres pour 100 kilowatts, s’il n’y a pas de brouillage . Toutefois, l’onde indirecte subit des fluctuations en fonction des variations de l’ionosphère ou de l’interférence entre divers trajets: il y a alors des évanouissements, qui peuvent être en partie corrigés par la commande automatique de gain des récepteurs, ainsi qu’une distorsion importante. Ces phénomènes sont particulièrement sensibles dans la zone où le champ de l’onde de sol est de l’ordre de grandeur de celui de l’onde indirecte (soit à 60 ou à 120 km d’un émetteur en ondes hectométriques). Cela limite la portée directe nocturne des gros émetteurs. On réduit un peu à l’émission ce phénomène à l’aide d’antennes antiévanouissement. En pratique, la portée des émetteurs est surtout limitée par les brouillages dus à l’onde ionosphérique des autres émetteurs (de 20 à 50 km pour 100 kW en ondes hectométriques).

En ondes décamétriques, on utilise la polarisation horizontale et la propagation ionosphérique. Pour chaque zone à desservir, on choisit la fréquence favorable dans les bandes de 6 à 26 mégahertz. Mais cette fréquence varie très rapidement suivant l’heure, la saison et l’activité solaire. Certaines zones ne peuvent être atteintes à un moment donné. Dans les cas favorables, la portée atteint 20 000 kilomètres, c’est-à-dire que la Terre entière peut être desservie. En ondes décamétriques comme en ondes hectométriques, l’onde subit des fluctuations, d’où évanouissement et distorsion à la réception, phénomènes très variables dans le temps, surtout pour les longs trajets (supérieurs à 2 000 km).

Cette propagation irrégulière des ondes décamétriques pose de gros problèmes à la radiodiffusion: les émissions devraient être faites à heure fixe, ce qui n’est pas toujours possible, et les changements de fréquence gênent l’auditeur. Aussi utilise-t-on de très fortes puissances à l’émission, des antennes à grand gain, et on effectue, dans une même direction, plusieurs émissions sur diverses fréquences.

En ondes métriques, la propagation est voisine de celle des ondes lumineuses: la portée est d’autant meilleure que le trajet émetteur-récepteur est plus loin du sol, notamment dans les 10 ou 20 premiers kilomètres à partir de l’émetteur. Comme ordre de grandeur, un émetteur de 10 kilowatts peut atteindre 100 kilomètres s’il est à 500 mètres environ d’altitude au-dessus de la zone à desservir. La portée augmente lorsque cette altitude croît; la propagation est pratiquement arrêtée par les montagnes et la courbure de la Terre.

4. Les récepteurs

Le nombre de récepteurs de radiodiffusion sonore est considérable: en France, en 1995, on l’estimait à 80 millions environ (dont plus de 20 millions d’autoradios). Mais leur répartition est inégale: deux par habitant aux États-Unis, un pour vingt-cinq au Bangladesh. L’apparition des transistors, vers 1955, a révolutionné la technique: sans doute ont-ils permis la fabrication de récepteurs portatifs, mais, surtout, ils ont rendu possible l’«invasion» de la radio dans les régions n’ayant pas de réseaux électriques.

Presque tous les récepteurs captent maintenant la modulation de fréquence et une ou deux bandes en modulation d’amplitude. Les récepteurs en modulation de fréquence de haut de gamme reçoivent les émissions stéréophoniques. La stéréophonie [cf. ÉLECTRO-ACOUSTIQUE] a besoin de deux voies, mais la situation est compliquée par l’exigence de compatibilité entre récepteurs monophoniques et récepteurs stéréophoniques. Pour parvenir à cette compatibilité, on forme, à partir des signaux A et B correspondant aux voies gauche et droite, des signaux M = (A + B) et S = (A – B). M est le signal monophonique compatible qui est transmis normalement et reçu par tout le monde, tandis que S est transmis par l’intermédiaire d’une sous-porteuse à 38 kilohertz modulée en amplitude, et captée seulement par les récepteurs stéréophoniques, qui restituent A et B; le signal comprenant M et les deux bandes latérales de S est le signal multiplex (figure). Il contient: le signal monophonique compatible M dans sa bande de base (de 30 à 15 000 Hz); un signal pilote à 19 kilohertz destiné à reconstituer dans les récepteurs la sous-porteuse (supprimée) à 38 kilohertz; les deux bandes latérales résultant de la modulation d’amplitude par le signal S de la sous-porteuse à 38 kilohertz; éventuellement, le signal R.D.S. (cf. 5 Radiodiffusion de données et radiodiffusion numérique ) autour de 57 kilohertz.

Ce signal multiplex module en fréquence la porteuse d’un émetteur classique en modulation de fréquence dans la bande des 100 mégahertz (avec une déviation de 梁 75 kHz).

Un récepteur classique (monophonique) ne laisse passer que la bande de 0 à 15 kilohertz, donc le signal M qui est jugé suffisamment «compatible».

Le récepteur stéréophonique isole les deux voies M et S par filtrage, démodule la voie S (à l’aide du signal pilote), et reconstitue les signaux A et B par les opérations A = (1/2) (M + S) et B = (1/2) (M – S).

Une des difficultés de la stéréophonie vient du fait que, tout au long de la chaîne, les signaux partiels A et B (ou M et S) doivent être transmis dans les mêmes conditions, pour conserver les phases et les amplitudes relatives.

5. Radiodiffusion de données et radiodiffusion numérique

Dans les modulations analogiques, les caractéristiques amplitude, fréquence ou phase suivent linéairement l’évolution temporelle des signaux analogiques à transmettre. Notons que deux types de modulation (amplitude et fréquence par exemple) peuvent coexister sur une même porteuse et véhiculer deux signaux différents. On peut également moduler une porteuse par des signaux numériques, autrement dit par «tout ou rien», par exemple présence ou absence de porteuse, fréquence f 1 ou f 2, sauts de phase, etc., de façon à marquer la présence des «0» ou «1» du signal numérique.

C’est ainsi que l’émetteur bien connu d’Allouis (2 000 kW en ondes kilométriques sur 162 kHz), en plus de son programme normal de France Inter transmis classiquement en modulation d’amplitude, subit des variations de fréquences de 梁 6 hertz totalement imperceptibles par les récepteurs à modulation d’amplitude, mais parfaitement détectées par des décodeurs spéciaux, ce qui permet de diffuser un signal numérique à faible débit (environ 25 bit/s), mais plus que suffisant pour transmettre des signaux horaires et permettre ainsi de synchroniser des dispositifs éloignés et sans liaison entre eux. Si la réception du programme audio exige un confort d’écoute qui limite pratiquement la portée de cet émetteur à 500 kilomètres environ, le décodage des signaux numériques est beaucoup moins exigeant, et possible même en milieu fortement perturbé.

Un autre exemple de radiodiffusion de données numériques est le système dit R.D.S. (Radio Data System), qui consiste à compléter le programme stéréophonique en ondes métriques et modulation de fréquence par des informations auxiliaires. Pour cela, le multiplex stéréophonique reçoit une sous-porteuse supplémentaire à 57 kilohertz (3 fois 19) de très faible niveau, et qui transmet un signal numérique dont le débit est de l’ordre de 1 000 bits par seconde, ce qui suffit largement à transmettre au décodeur spécialisé du récepteur R.D.S. le nom de la station, les autres fréquences donnant le même programme et des informations variées sur le programme en cours de diffusion, les autres programmes du même réseau, des informations météorologiques, les conditions de circulation, etc. Ces informations peuvent non seulement s’afficher sur un petit écran du récepteur, mais aussi commander une commutation automatique sur un autre émetteur mieux reçu pour le même programme, ou apportant une information spécifique.

Nous venons de voir des exemples où les données numériques sont des compléments d’un programme transmis sous forme analogique. On peut aussi transmettre la totalité du programme sous forme numérique, comme c’est le cas pour la radiodiffusion sonore par satellite. On entrevoit un système de radiodiffusion sonore entièrement numérique, baptisé D.A.B. (Digital Audio Broadcasting), qui diffusera plusieurs programmes (5 programmes stéréophoniques à large bande, et davantage, moyennant quelques concessions) avec une fiabilité presque parfaite, même dans de mauvaises conditions de réception, comme c’est souvent le cas en automobile. Pour arriver à ce résultat, on peut dire très schématiquement que chaque programme numérisé est découpé en trames de 24 millisecondes. Après un traitement visant surtout à réduire le débit binaire, des trames des différents programmes sont regroupées et diffusées plusieurs fois à des instants différents et sur de nombreuses sous-porteuses. Chaque émetteur dispose d’environ 1 500 sous-porteuses espacées de 1 kilohertz (soit 1,5 Mhz d’encombrement spectral), modulées en phase, pour un débit binaire total de 1 500 kilobits par seconde. Ainsi, chaque trame de chaque programme (un élément d’un vaste puzzle sonore) a de fortes chances d’être reçue au moins une fois correctement. Le décodage consiste à trier les pièces du puzzle (elles sont numérotées) et à les assembler. Il va sans dire que le récepteur est fort complexe.

Quand on parle des systèmes numériques, on insiste souvent sur la qualité en oubliant que l’intérêt principal réside dans la constance des caractéristiques, définie par un certain débit binaire avec un taux d’erreurs minimal, et dans une propriété appelée la «transparence» des voies numériques, qui est leur aptitude à pouvoir véhiculer séparément ou conjointement toutes sortes de signaux: audio, vidéo, ou données quelconques. Un signal numérique se prête en outre à de nombreux types de codages permettant d’assurer non seulement sa sécurité de transmission mais aussi sa confidentialité, ce qui permet de réaliser facilement des systèmes à accès sélectif et éventuellement à péage, car il ne faut pas oublier que la diffusion hertzienne (sans fil) est par nature accessible sans contrôle par tout le monde.

radiodiffusion [ radjodifyzjɔ̃ ] n. f.
• 1925; de radio- et diffusion
Émission et transmission, par procédé radioélectrique (ondes hertziennes), de programmes variés; organisation qui prépare et effectue cette transmission. diffusion, émission; 2. radio, radiophonie, T. S. F. Programmes, chaînes de radiodiffusion.

radiodiffusion nom féminin Radiocommunication dont les émissions sont destinées à être reçues directement par le public et qui comportent des programmes sonores ou des programmes de télévision. (→ télévision.) Radiodiffusion de programmes uniquement sonores. (Abréviation : radio.) Organisme spécialisé dans cette activité.

radiodiffusion
(Union européenne de) (U.E.R.) organisation internationale siégeant à Genève depuis sa création (1950). Elle s'occupe des relations (techniques et juridiques), en ce qui concerne la radiodiffusion et la télévision, entre les pays d'Europe de l'Ouest et d'Afrique du Nord, et entre ceux-ci et le reste du monde.
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radiodiffusion
n. f. Transmission de programmes sonores au moyen d'ondes électromagnétiques.
Ensemble des procédés utilisés à cet effet. (V. encycl. radioélectricité.)
|| Poste de radiodiffusion ou poste (de) radio ou, n. f., radio: récepteur.

⇒RADIODIFFUSION, subst. fém.
A. — RADIOTECHN. Action de radiodiffuser, de transmettre par la radio; émission et diffusion du son au moyen des ondes hertziennes. Radiodiffusion de concerts, de conférences, de pièces de théâtre; équipement, poste (émetteur, récepteur), studio de radiodiffusion; chaîne (nationale, régionale), station de radiodiffusion. Le service public de l'émission et de la réception de toute communication radiodiffusée est (...) [un] service chargé d'assurer les radiodiffusions de toute nature ainsi que leur protection (RÉAU-ROND. 1951). Le ministre de la propagande allemand vient d'allouer un million de marks pour l'amélioration des programmes radio et pour aider les artistes utilisés à la radiodiffusion (Vocab. radioph., [1933-1952]). Des bandes de fréquences déterminées sont accordées à la radiodiffusion (Électron. 1960).
En partic. Technique (de radiocommunication) qui en permet la réalisation et qui est perçue comme un mass media. Développement (rapide) de la radiodiffusion. La radiodiffusion, qui permet la diffusion des valeurs culturelles à travers le monde, est un facteur politique et social de la plus grande importance (QUILLET 1965). En 1912, grâce à l'invention du microphone, la télégraphie sans fil (T.S.F.) donne naissance à la radiodiffusion qui prend son essor dans les années 1920 (Encyclop. gén. Hachette, t. 10, 1976, p. 3738).
B. — P. méton. Organisme (privé ou public) chargé de diffuser régulièrement des programmes sonores variés destinés à toute personne possédant un appareil récepteur. Statut légal, dépenses et recettes de la radiodiffusion (et télévision) française; recherche des récepteurs non signalés par les agents départementaux de la radiodiffusion (française). Au siège des services administratifs de la Radiodiffusion française s'est tenue hier après-midi la première réunion de la commission interministérielle pour l'étude des problèmes intéressant les émissions radiophoniques vers l'étranger (Combat, 19-20 janv. 1952, p. 5, col. 5):
... la lettre d'un supporter [à propos de la musique concrète en Suisse] réclame un concert complet et demande si on peut trouver des disques dans le commerce. La radiodiffusion suisse donne, bien entendu, raison au grincheux, et déplace l'heure d'émission.
SCHAEFFER, Rech. mus. concr., 1952, p. 112.
Prononc.:[]. Étymol. et Hist. 1925 radio-diffusion (Tribune de Genève, 29 Aug., 3c2 ds Fonds BARBIER). Formé de l'élém. radio-2 et de diffusion.

radiodiffusion [ʀadjodifyzjɔ̃] n. f.
ÉTYM. 1925; de 2. radio, et diffusion.
Émission et transmission, par procédé radioélectrique (ondes hertziennes), de programmes variés; organisation qui prépare et effectue cette transmission. Diffusion, émission (cit. 4; et supra), onde(s) [absolt], radio, radiophonie, T. S. F. || Centre de production, studio de radiodiffusion ( aussi Microphone, prise [de son], régie,…). || Enregistrements pour les émissions différées de radio-diffusion. || Programmes, chaînes de radiodiffusion. || Station de radiodiffusion : poste émetteur.
Anciennt. || Office de radiodiffusion-télévision française (O. R. T. F. [oɛʀteɛf]).
0 Avec cette modulation des ondes entretenues « porteuses » devenait possible ce que nous appelons aujourd'hui la Radiodiffusion, c'est-à-dire la diffusion des nouvelles, des reportages, des émissions artistiques, etc. L'audition des émissions de radiodiffusion est devenue pour nous depuis vingt ans quelque chose de si naturel que nous en oublions toute la longue suite de progrès scientifiques et techniques successifs qu'il a fallu accomplir pour la rendre possible. Non seulement il a fallu découvrir l'existence des ondes hertziennes, en étudier les propriétés essentielles, savoir les émettre et les recevoir facilement, mais il a fallu aussi s'affranchir de l'amortissement que présentaient toujours à l'origine les ondes émises, il a fallu obtenir des émetteurs non amortis d'ondes entretenues et parvenir à moduler au rythme de la voix humaine ou de la musique l'amplitude des ondes qu'ils émettaient; et ceci n'a été réalisable qu'après la découverte et l'étude très délicate des propriétés des lampes triodes basées elles-mêmes sur la connaissance des électrons.
L. de Broglie, Physique et Microphysique, p. 327.
DÉR. Radiodiffuser.

Encyclopédie Universelle. 2012.