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bouleverser

bouleverser [ bulvɛrse ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1557 « renverser »; de bouler et verser
1Mettre en grand désordre, par une action violente. chambouler, déranger, renverser (cf. Mettre sens dessus dessous). Chercher un objet, fouiller en bouleversant tout.
2Fig. Apporter des changements brutaux dans. Cet événement a bouleversé sa vie. « rien n'est plus à sa place, [...] les rapports des hommes entre eux sont bouleversés » (Siegfried).
3Causer une émotion violente et pénible, un grand trouble à (qqn). ébranler, émouvoir, perturber, retourner, secouer, troubler; fam. tournebouler. Il en est tout bouleversé. « cette idée de la mort qui l'avait profondément bouleversé » (Proust). Visage bouleversé de douleur, par l'angoisse. P. p. adj. Parler d'une voix bouleversée.
⊗ CONTR. 1. Ranger; apaiser, calmer.

bouleverser verbe transitif (de bouler et verser) Mettre en complet désordre un lieu, des choses : Les cambrioleurs ont bouleversé l'appartement. Modifier totalement quelque chose, en faire disparaître l'organisation : Cet incident a bouleversé mes plans. Troubler profondément quelqu'un, lui causer une émotion violente : La nouvelle de cette mort l'a bouleversé.bouleverser (difficultés) verbe transitif (de bouler et verser) Orthographe et prononciation Ne pas omettre à l'écrit le e intérieur, qui ne se prononce pas. De même pour bouleversant, bouleversement. ● bouleverser (synonymes) verbe transitif (de bouler et verser) Mettre en complet désordre un lieu, des choses
Synonymes :
- chambarder (familier)
- chambouler (familier)
- déranger
- mettre sens dessus
Contraires :
- arranger
- ordonner
- ranger
Modifier totalement quelque chose, en faire disparaître l'organisation
Synonymes :
- agiter
- désorganiser
- perturber
- révolutionner
- secouer
- troubler
Troubler profondément quelqu'un, lui causer une émotion violente
Synonymes :
- ébranler
- émouvoir
- empoigner
- frapper
- retourner
- saisir
Contraires :
- apaiser
- calmer

bouleverser
v. tr.
d1./d Mettre dans une confusion extrême, déranger. Bouleverser un tiroir.
d2./d Modifier totalement. Cet événement bouleversa ses plans.
d3./d Fig. émouvoir vivement (qqn). Ce récit m'a bouleversé.

⇒BOULEVERSER, verbe trans.
A.— [L'obj. désigne une chose concr. ou abstr.] Retourner, mettre sens dessus-dessous. Qui, dans sa vie, n'a pas, une fois au moins, bouleversé son chez-soi, ses papiers, sa maison (BALZAC, La Duchesse de Langeais, 1834, p. 200) :
1. L'eau contenue dans la machine brisa la fonte, produisit un jet d'une puissance incommensurable, et se dirigea heureusement sur une vieille forge qu'elle renversa, bouleversa, tordit comme une trombe entortille une maison et l'emporte avec elle.
BALZAC, La Peau de chagrin, 1831, p. 243.
SYNT. Bouleverser une armoire, un jardin, les montagnes; bouleverser des dossiers, les plans de qqn.
Emploi pronom. :
2. [Le curé :] — ... tout d'un coup j'ai senti sur ma tête que le ciel se bouleversait sous quelques énormes nageoires de feutre (...) rien ne se produisant, sinon toujours cette même nage de feutre, je relevais les yeux et je vis la plus belle escadre d'oies sauvages que j'ai jamais vue de ma vie.
GIONO, L'Eau vive, 1943, p. 282.
B.— Au fig. Agiter, troubler, émouvoir profondément.
1. Péj. Là, tout vous remue à la fois. On est ébloui, étourdi, bouleversé, terrifié, charmé (HUGO, Le Rhin, 1842, p. 398) :
3. Tandis que cet ouragan de désespoir bouleversait, brisait, arrachait, courbait, déracinait tout dans son âme, il regarda la nature autour de lui.
HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, p. 408.
Emploi pronom. :
4. ... mon ami (...) ne sait pas encore ce que c'est que lui pour moi. Je ne puis, je le sens tous les jours davantage, exister en son absence; tout mon sang se bouleverse pour un courrier manqué, ...
Mme DE STAËL, Lettres inédites à Louis de Narbonne, 1792, p. 25.
5. Un crime! Oh! ma tête s'égare et se bouleverse!
HUGO, Lucrèce Borgia, 1833, III, 3, p. 175.
Rem. Rare, fam. se ronger les sangs :
6. — Ton mari n'ira pas loin! S'il continue à se bouleverser de cette façon-là... Il maigrit chaque jour un peu plus...
CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 241.
2. Plutôt laudatif. Cet art divin, [la musique] cet art qui bouleverse l'âme, l'emporte, la grise, l'affole (MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 2, Un Fou? 1884, p. 972) :
7. Elle me ravageait le cœur. C'est une chose effroyable et délicieuse que de subir ainsi la domination d'une femme (...). (...), toutes les plus petites lignes de son visage, les moindres mouvements de ses traits, me ravissaient, me bouleversaient, m'affolaient.
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, Adieu, 1884 , p. 946.
SYNT. Bouleverser une existence, les idées, les projets de qqn; bouleverser le cœur, l'âme, la vie de qqn; bouleverser un pays, la république, l'univers, le monde.
Absolument :
8. Avez-vous entendu ce travail du rossignol? Il peine. Il hésite. Il râcle. Il s'étrangle. Il s'élance et il retombe. Et soudain il trouve. Il vocalise. Il bouleverse.
COCTEAU, Le Foyer des artistes, 1957, p. 190.
Rem. On relève dans la docum. le néol. bouleverseur, adj. Un esprit incertain, inquiet, bouleverseur du travail de la veille (E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1888, p. 756); et aussi à la forme subst. Berlioz (...) un excentrique, un « bouleverseur » de la musique (J. G. Prod'homme dans H. BERLIOZ, Souvenirs de voyages, éd. 1932, Préface, p. 5).
Prononc. :[], (je) bouleverse []. Enq. : // (il) bouleverse.
Étymol. ET HIST. — a) 1557 boulverser (les fondemens) (BELLEAU, Petites Inventions, Priere à Dieu — I, 173 — dans HUG.), graphie isolée; 1564 bouleverser (J. THIERRY, Dict. fr.-lat., Paris) — 1611, COTGR.; b) 1622 fig. pol. « mettre sens dessus dessous (un royaume) » (Caquets de l'Accouchée, 2e journée, 85 dans IGLF Litt.); c) 1656-57 bouleverser (les consciences) « jeter le trouble (d'un point de vue moral) » (PASCAL, Provinciales, 5, IV p. 310 dans IGLF Litt.).
Composé tautologique, formé de bouler pris au sens de « renverser, abattre » et de verser (GUIR. Étymol., pp. 11-12).
STAT. — Fréq. abs. littér. :934. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 931, b) 1 039; XXe s. : a) 1 752, b) 1 565.
BBG. — HAGNAUER 1968, p. 150. — ORR (J.). Qq. mises au point étymol. In : [Mél. Dauzat (A.)]. Paris, 1951, p. 247.

bouleverser [bulvɛʀse] v. tr.
ÉTYM. 1557; composé tautologique, de 1. bouler, et verser.
1 Mettre en grand désordre, par une action violente. Déranger, perturber, renverser, subvertir (vx); cf. Mettre sens dessus dessous. || La tempête, l'orage a tout bouleversé. Abattre, détruire, ravager, ruiner, saccager. || Le terrain a été bouleversé par un séisme. || Bouleverser tout dans une chambre. Changer, modifier. || Chercher, fouiller en bouleversant tout. Farfouiller.
1 Elle-même, tonnant du milieu des nuages,
Bouleversa les mers, déchaîna les orages.
Delille, l'Énéide, I.
2 il (…) s'était terré là (…) passant ses journées à bouleverser ses plates-bandes (…)
R. Rolland, Jean-Christophe, p. 376.
2 (1622). Modifier de façon brutale, mettre dans la confusion. || Les guerres bouleversent le monde. || La révolution a bouleversé le pays. || Cet événement a bouleversé sa vie. || Cette découverte a bouleversé la science.
3 L'amour (…) ouragan des cieux qui tombe sur la vie, la bouleverse, arrache les volontés (…)
Flaubert, Mme Bovary, II, 4.
4 Quelle âme hésiterait à bouleverser l'univers pour être un peu plus elle-même ?
Valéry, Eupalinos, p. 207.
5 Deux guerres, et quelles guerres, ont, en trente ans, changé la face et l'équilibre du monde (…) rien n'est plus à sa place, la valeur des choses n'est plus la même, les rapports des hommes entre eux sont bouleversés (…)
André Siegfried, l'Âme des peuples, I, 6.
3 (1656). Jeter dans le trouble en causant une émotion intense. Émouvoir, retourner, secouer, troubler. || Bouleverser qqn. || Cette nouvelle l'a bouleversé (→ pop., lui a tourné les sangs). || Bouleverser l'esprit, l'imagination, les idées.
6 Cette funeste idée bouleversa dans un instant toutes les miennes, et troubla le repos dont je commençais à jouir.
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, IV, 15.
7 L'orage qui bouleversait le cœur de Wilfrid fut soudain calmé par ces paroles (…)
Balzac, Séraphîta, Pl., t. X, p. 480.
8 Cette histoire m'a tellement bouleversé l'esprit, a jeté en moi un trouble si profond, si mystérieux, si épouvantable, que je ne l'ai même jamais racontée.
Maupassant, Clair de lune, p. 194.
9 (…) cette idée de la mort qui l'avait profondément bouleversé.
Proust, les Plaisirs et les Jours, p. 23.
9.1 Je ne crois pas qu'il suffise du souvenir d'un meurtre pour te bouleverser ainsi.
Malraux, la Condition humaine, I, in Romans, Pl., p. 222.
4 Absolt (aux sens 2 et 3).
10 Non, messieurs, on ne veut pas sincèrement l'ordre et la justice; on ne veut que brouiller et bouleverser.
Mirabeau, Collection, t. IV, p. 338.
——————
bouleversé, ée p. p. adj.
|| Terrain, village, pays bouleversé.
10.1 Le premier de ces dessins la montre à demi étendue sur le bord du lit aux draps défraîchis et bouleversés (…)
A. Robbe-Grillet, la Maison de rendez-vous, p. 78.
Figure, traits bouleversés par l'émotion, la passion. Altéré.
10.2 Puis-je dire, y a-t-il des mots pour exprimer les effroyables pensées, — filles des possibilités funèbres, après tout, — qui me paralysaient des pieds à la tête, pendant ces phrases infernales ? J'étais bouleversé. Les sentiments qui s'agitaient dans mon être étaient innommables.
Villiers de L'Isle-Adam, Tribulat Bonhomet, p. 165 (1887).
11 (…) elle était si bouleversée qu'elle n'avait pas eu la force de feindre le calme.
Martin du Gard, les Thibault, t. II, p. 222.
12 Racontez encore, dit-il d'une voix bouleversée, vous parlez fort bien.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, VIII, 5.
CONTR. Apaiser, calmer.
DÉR. Bouleversant, bouleversement.

Encyclopédie Universelle. 2012.