1. alternative [ altɛrnativ ] n. f.
• 1401; de alternatif
1 ♦ Vx (au sing.) Alternance.
♢ Mod. (au plur.) Phénomènes ou états opposés se succédant régulièrement. « Des alternatives [...] d'exaltation et d'abattement » (Flaubert ).
2 ♦ (XVIIe) Obligation alternative; situation dans laquelle il n'est que deux partis possibles. « La conversation de Valéry me met dans cette affreuse alternative : ou bien trouver absurde ce qu'il dit, ou bien trouver absurde ce que je fais » (A. Gide).
♢ Log. Système de deux propositions dont l'une est vraie, l'autre fausse, nécessairement. — Opérateur d'une proposition complexe, par lequel la proposition n'est vraie que si une seule proposition élémentaire est vraie (symb. W).
3 ♦ (d'apr. l'angl. alternative) Emploi critiqué Solution de remplacement. « Les deux alternatives de ce dilemme » (Bréal).
alternative 2. alternative [ altɛrnativ ] n. f.
• 1899; esp. alternativa, même o. que 1. alternative
♦ Taurom. Cérémonie donnant au jeune novillero le droit d'alterner dans les courses avec les toreros.
● alternative nom féminin (de alternatif) Succession d'états opposés qui reviennent plus ou moins régulièrement : Des alternatives de colère et d'abattement. Obligation de choisir entre deux possibilités ; dilemme : L'alternative est embarrassante : parler ou se taire. Possibilité de faire alterner, de faire succéder deux états, deux partis opposés : L'alternative démocratique. Logique Système de deux propositions telles que la vérité de l'une entraîne la fausseté de l'autre, et réciproquement. (Exemple : Le monde a été créé, ou il existe de toute éternité. Entre les deux propositions d'une alternative, il est pas de milieu. L'alternative est à la base du jugement disjonctif.) Sports En tauromachie, investiture officielle donnée à un torero, lui permettant d'exercer au milieu de matadors confirmés. ● alternative (difficultés) nom féminin (de alternatif) Sens et emploi 1. Choix entre deux possibilités : fuir ou se rendre, telle était l'alternative dans ce combat inégal. Recommandation Ne pas dire, en donnant à alternative le sens de « solution, possibilité » (calque de l'anglais alternative) : je ne vois qu'une seule alternative : partir, ou : il y a deux alternatives possibles : rester ou partir (deux alternatives offrent le choix entre quatre possibilités), ou encore : je n'ai pas d'autre alternative que de partir. Dire : je ne vois qu'une seule possibilité, partir ; il y a deux choix (ou : deux solutions, etc.) possibles : rester ou partir ; je n'ai pas d'autre possibilité que partir. 2. Succession de deux états, de deux choses qui reviennent tour à tour : il connaissait des alternatives de joie et de découragement. Sens vieilli. Recommandation Préférer alternance dans ce sens : des alternances de joie et de découragement. ● alternative (expressions) nom féminin (de alternatif) Alternative généralisée, expérience qui peut avoir r résultats différents (r \> 2). Alternative simple, expérience qui ne peut avoir que deux résultats. ● alternative (synonymes) nom féminin (de alternatif) Succession d'états opposés qui reviennent plus ou moins régulièrement
Synonymes :
Obligation de choisir entre deux possibilités ; dilemme
Synonymes :
- dilemme
● alternatif, alternative
adjectif
(radical latin alternatum, alterné)
Qui se répète ou se reproduit à des intervalles plus ou moins réguliers : Mouvement alternatif.
Qui présente ou propose une alternative, un choix entre deux solutions : Un modèle alternatif de croissance économique.
Agriculture
Se dit de certaines variétés de plantes annuelles cultivées, tel le blé, n'ayant pas absolument besoin d'une période de froid pour produire des fleurs.
Hydrologie
Se dit d'un courant marin de trajectoire constante, mais dont le sens s'inverse périodiquement (comme certains courants de marée).
Mécanique
Se dit d'un mouvement dont le sens change régulièrement, d'une machine comportant un tel mouvement.
Physique
Se dit d'une grandeur périodique de valeur moyenne nulle.
● alternatif, alternative (difficultés)
adjectif
(radical latin alternatum, alterné)
Sens et emploi
1. Qui se produit selon une alternance : présidence alternative, courant alternatif.
2. Qui propose une alternative, un choix entre deux possibilités. Une obligation alternative.
3. Qui constitue une solution de remplacement, de rechange par rapport à des conceptions traditionnelles : les médecines alternatives, l'école alternative, les mouvements politiques alternatifs.
Remarque Cet emploi est critiqué malgré sa fréquence.
● alternatif, alternative (expressions)
adjectif
(radical latin alternatum, alterné)
Rock alternatif, mouvement apparu en France à partir de 1980, qui, dans la lignée libertaire de mai 1968 et du punk, refuse la « récupération » des majors du disque et fédère groupes (Les Béruriers Noirs), labels (Boucherie Production) et structures associatives (Paris-Barrock). (Victime du rap et de la techno, il ne survit pas à la décennie suivante.)
Mouvement alternatif, ensemble de communautés qui entendent montrer que sont possibles des genres de vie et des modes de production différents de ceux qu'imposent les sociétés industrielles contemporaines.
● alternatif, alternative (synonymes)
adjectif
(radical latin alternatum, alterné)
Qui se répète ou se reproduit à des intervalles plus...
Synonymes :
- périodique
Contraires :
- continu
- simultané
alternative
n. f.
d1./d (Plur.) Succession d'états qui se répètent. Passer par des alternatives de richesse et de pauvreté.
d2./d Situation dans laquelle on ne peut choisir qu'entre deux solutions possibles. Il se trouve devant une cruelle alternative. (Improprement: l'une de ces solutions.)
|| LOG Système de deux propositions dont une seule est vraie.
⇒ALTERNATIVE, subst. fém.
A.— Vieilli. Succession de deux choses, de deux états, de deux propositions le plus souvent opposés et qui reviennent tour à tour. Synon. plus usuel alternance :
• 1. L'alternative de jour et de nuit qui se fait sentir sur toute la terre avec certaines variétés, mais cependant de manière qu'en résultat de compte l'un et l'autre se compensent, a indiqué assez naturellement le temps de l'activité comme celui du repos...
J.-A. BRILLAT-SAVARIN, Physiologie du goût, 1825, p. 198.
• 2. Dans ma vie il y a des alternatives, des contradictions, des allées et des venues, des chocs entre la pensée et l'action qui vont parfois l'une contre l'autre au lieu de procéder de concert et en bonne harmonie.
M. DE GUÉRIN, Correspondance, 1835, p. 190.
• 3. Hermione, avec ses retours de respect à l'égard de Pyrrhus, ses alternatives de tutoiement passionné et de formules protocolaires, nous montre la limite où la princesse royale s'efface devant la femme abandonnée.
F. MAURIAC, Journal 2, 1937, pp. 157-158.
— Spéc., AGRIC. Alternative (des cultures). Synon. plus usuel alternance.
Rem. Le dr. anc. et le dr. canon connaissent un certain nombre d'emplois spéc. où l'alternative consiste dans le droit d'opter entre deux solutions d'un problème jur. ou deux formes d'une obligation. Cf. les dict. encyclop. et les dict. spéciaux.
B.— LOG. Énoncé de deux propositions telles que si l'une est vraie l'autre est nécessairement fausse, et inversement. Synon. dilemme.
— P. ext., usuel. Permission ou obligation, le plus souvent inéluctable, de choisir entre deux propositions, deux situations, deux décisions. Laisser à qqn l'alternative de faire ceci ou cela; n'avoir qu'une seule alternative :
• 4. Sur le divorce, le Premier Consul est pour l'adoption du principe, et parle longuement sur la cause de l'incompatibilité qu'on cherchait à repousser; il dit : « On prétend qu'elle est contraire à l'intérêt des femmes, des enfants, et à l'esprit des familles; mais rien n'est plus contraire à l'intérêt des époux, lorsque leur humeur est incompatible, que de les réduire à l'alternative ou de vivre ensemble ou de se séparer avec éclat. (...) »
E.-D. DE LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, 1823, p. 594.
• 5. Il n'effraie ni ne consterne en recommandant l'amour, au rebours des Jansénistes, qui le commandent avec terreur. En parlant d'éternité, il ne met pas comme eux le marché à la main; il ne présente pas toujours dans la même phrase cette redoutable alternative : Amour ou damnation. On a dit de la devise de certains révolutionnaires qu'elle revenait à ceci : Sois mon frère, ou je te tue.
Ch.-A. SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 244.
• 6. L'alternative, c'est le nom de notre destin et la signature de notre finitude, la fatalité dialectique qui pèse sur une conscience astreinte à osciller entre les extrêmes.
V. JANKÉLÉVITCH, L'Alternative, Paris, Alcan, 1938, p. 1.
— Usuel, dans la lang. relâchée. Chacune des deux options d'une alternative. Choisir entre deux alternatives la moins mauvaise :
• 7. Placées entre ces deux alternatives extrêmes de lâcheté et de courage, au delà desquelles il n'y a plus rien, leur parti est pris; leur choix est arrêté.
L. GOZLAN, Le Notaire de Chantilly, 1836, p. 195.
• 8. Il y a ainsi certains états moraux, et notamment l'inquiétude, qui, ne nous présentant que deux alternatives, ont quelque chose d'aussi atrocement limité qu'une simple souffrance physique. Je refaisais perpétuellement le raisonnement qui donnait raison à mon inquiétude et celui qui lui donnait tort et me rassurait...
M. PROUST, À la recherche du temps perdu, La Prisonnière, 1922, p. 401.
Rem. ,,On dit quelquefois choisir entre deux alternatives, prendre la première, la seconde alternative; cela est mauvais. Il n'y a jamais qu'une alternative composée de deux éléments entre lesquels il faut se décider. Poussés à bout, attaqués dans nos derniers retranchements, s'il ne reste qu'un parti à prendre, il n'y a pas d'alternative. Menacés de perdre l'honneur ou la vie, ou bien n'ayant que deux voies de salut toutes deux périlleuses, nous sommes dans une cruelle alternative. On propose une alternative à quelqu'un. On choisit dans une alternative; mais on ne se décide pas pour une alternative, puisque l'alternative elle-même est l'option entre deux issues, deux moyens.`` (LITTRÉ). Ce glissement de l'usage, condamné par la plupart des grammairiens et lexicographes, est dû à l'absence d'un mot désignant un parti qui s'offre au choix dans une situation où il n'y a que deux solutions possibles. Le bon usage emploie, à défaut, parti(s) (vieilli), option(s), solution(s), etc.
C.— TAUROMACHIE. Investiture solennelle conférée au cours d'une corrida à un jeune novillero, lui permettant ainsi d'alterner dans les courses avec les matadors :
• 9. Après cette manifestation officielle (naguère le gouverneur civil de Madrid devait approuver les alternatives) aucune autorité ne viendra plus établir un classement de valeur.
J. TESTAS, La Tauromachie, Paris, P.U.F. 1963.
Rem. Attesté ds Lar. 20e, ROB., Lar. encyclop., QUILLET 1965, Pt ROB.
Prononc. :[].
Étymol. ET HIST. — 1. 1401 par alternatifve « alternativement » (Mém. et not. d'A le Prévost, II, 457 b ds GDF. Compl. : Semblablement le ban de vendre vin en la dicte ville [...] par alternatifve); 1562 alternative « succession à tour de rôle » (DU PINET, Pline, XV, 17, ibid. : Pour garder les raisins, les Grecs prennent feuilles de plane, ou de figue [...], et d'icelles enveloppent leurs raisins, les enfoncent lictee par lictee, mettans tous jours entre deux lictees de raisin, une lictee de marc de raisin, et continuent ceste alternative jusques a ce que la caque soit pleine), attest. isolées; repris au XVIIIe s. : av. 1757 (FONTENELLE, Éloge de Dodart ds Dict. hist. Ac. fr. t. 3 1888, p. 26a : On ne pourroit comparer sans beaucoup d'erreur ou d'incertitude les transpirations de différentes temps ... Une alternative irrégulière d'intempérance et de sobriété brouilleroit tout); 2. a) 1680 (RICH. t. 1 : Alternative. Choix de l'un ou de l'autre); b) 1690 spéc. dr. (FUR. : Alternative. Se dit de deux choses dont on propose le choix en justice); 3. 1776 agric. « procédé consistant à faire succéder des cultures différentes sur un même champ » (Encyclop. Suppl. : Alterner [...] L'alternative des mêmes terres, de champs en prés et de prés en champs).
Substantivation de l'adj. alternatif prob. avec ell. de subst. fém. comme proposition (pour 2 a), culture (pour 3), etc.
STAT. — Fréq. abs. litt. :606. Fréq. rel. litt. :XIXe s. : a) 1 031, b) 555; XXe s. : a) 586, b) 1 046.
BBG. — BAR 1960. — BARR. 1967. — BÉL. 1957. — BÉNAC 1956. — CAMUS (P.). Les Travaux de l'Académie française. Déf. Lang. fr. 1965, n° 26, p. 3. — Canada 1930. — CANDÉ 1961. — Consultation (La) permanente de l'O.V.F. Vie Lang. 1965, n° 154, p. 60. — DAIRE 1759. — Date (Une). Vie Lang. 1964, n° 153, p. 682. — FOULQ.-ST-JEAN 1962. — Français (Le) à la dérive. Déf. Lang. fr. 1969, n° 50, p. 34. — GIRAUD (J.), PAMART (P.), RIVERAIN (J.). Mots dans le vent. Vie Lang. 1970, n° 215, p. 94. — GOBLOT 1920. — HANSE 1949. — JANKELEVITCH (V.). L'Alternative. Paris, 1938. — JULIA 1964. — LACR. 1963. — LAL. 1968. — MIQ. 1967. — PIÉRON 1963. — PRÉV. 1755. — SPR. 1967. — SPRINGH. 1962. — THOMAS 1956.
1. alternative [altɛʀnativ] n. f.
ÉTYM. 1401, par alternatifve; de alternatif.
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b Mod. (au plur.). Phénomènes ou états opposés se succédant régulièrement. || Des alternatives de chaud et de froid. || Passer par des alternatives de prospérité et de misère, de plaisir et de peine. ⇒ Changement, variation, vicissitude; flux, reflux (flux et reflux); haut, bas (haut et bas). || Des alternatives de vents d'est et d'ouest. ⇒ Intercurrence.
1 (…) on ne peut connaître son caractère et surtout l'influence qu'on a sur lui, qu'autant qu'on a passé par beaucoup d'alternatives de joie et de malheur.
Stendhal, Souvenirs d'égotisme, p. 198.
2 Puis ce furent des insomnies, des alternatives de colère et d'espoir, d'exaltation et d'abattement.
Flaubert, Bouvard et Pécuchet, I.
3 Nous traverserons encore bien des alternatives d'anarchie et de despotisme avant de trouver le repos en ce juste milieu (…)
Renan, Souvenirs d'enfance…, Préface, p. 18 (la Démocratie).
2 (1680). Obligation alternative; situation dans laquelle il n'est que deux partis possibles. || Se soumettre ou se démettre, telle fut l'alternative offerte à Mac-Mahon par Gambetta. ⇒ Choix, dilemme, option. || Donner, laisser, offrir, proposer une alternative à qqn, deux solutions au choix. || Placer qqn devant une alternative. || Se trouver dans une fâcheuse alternative (→ Être entre l'enclume et le marteau). || Être embarrassé sur l'alternative. || Il n'y a pas d'alternative : un seul parti est possible.
4 Vous jugez bien que dans l'alternative qu'elle me proposait je n'avais qu'un parti à prendre (…)
5 Tout peuple qui n'a, par sa position, que l'alternative entre le commerce ou la guerre, est faible en lui-même.
Rousseau, Du contrat social, II, X.
6 J'allais être dans l'alternative d'écrire des niaiseries ou de faire d'immortelles découvertes.
Balzac, Théorie de la démarche, p. 20.
7 La conversation de Valéry me met dans cette affreuse alternative : ou bien trouver absurde ce qu'il dit, ou bien trouver absurde ce que je fais.
Gide, Journal, 9 févr. 1907.
8 (…) nous demanderons à l'histoire de la science qu'elle nous mette en garde contre le péril des fallacieuses alternatives. Chaque fois que nous entendrons dire : de deux choses l'une, empressons-nous de penser que, de deux choses, c'est vraisemblablement une troisième.
Jean Rostand, Esquisse d'une histoire de la biologie, p. 239.
9 Entre les actes d'une volonté consciente, réfléchie, et le pur phénomène instinctif, il y a une distance qui laisse place à bien des états intermédiaires, et nos linguistes auraient bien mal profité des leçons de la philosophie contemporaine s'ils continuaient à nous imposer le choix entre les deux alternatives de ce dilemme.
Michel Bréal, Essai de sémantique, p. 6.
♦ Emploi critiqué. Solution de remplacement. || Il n'y a pas d'alternative (compris comme : il n'y a pas d'autre solution). || Les alternatives écologiques au nucléaire (⇒ Alternatif, II., 3.).
4 Log. Système de deux propositions dont l'une est vraie et l'autre fausse, nécessairement.
♦ (Log.). Opérateur (connectif binaire) d'une proposition complexe correspondant à « ou » au sens de « l'un ou l'autre exclusivement » (symb. W), par lequel la proposition complexe n'est vraie que si une seule proposition élémentaire est vraie. || L'alternative est une non-équivalence.
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2. alternative [altɛʀnativ] n. f.
ÉTYM. 1899, in Petiot; esp. alternativa, même orig. que le franç. (→ 1. Alternative; alternatif).
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♦ Taurom. Cérémonie donnant au jeune novillero le droit d'alterner dans les courses avec les matadors. || Recevoir l'alternative.
0 Plus qu'un taureau à tuer, et sa journée était finie. C'était l'avantage d'être le premier à combattre, le plus ancien à avoir reçu l'alternative.
Joseph Peyré, Sang et Lumières, éd. L. de Poche, p. 384.
Encyclopédie Universelle. 2012.