amollir [ amɔlir ] v. tr. <conjug. : 2>
• XIIe; de mol, mou
1 ♦ Rendre mou, moins ferme. L'asphalte était amolli par la chaleur. ⇒ ramollir. « La peur et la honte amollissaient ses muscles » (Genet).
2 ♦ Fig. Vieilli Diminuer dans son énergie, dans sa résistance. ⇒ affaiblir, alanguir, débiliter. « Voulez-vous gouverner [...] les hommes, amollissez-les par la volupté » (Lamennais). — Pronom. S'amollir. ⇒ faiblir, fléchir, mollir. « En est-il entre vous dont le courage s'amollisse ? » (Madelin).
⊗ CONTR. Affermir, durcir, endurcir.
● amollir verbe transitif (ancien français mol, mou) Rendre mou quelqu'un, quelque chose (on dit plutôt ramollir) : La chaleur amollit le bitume. ● amollir (difficultés) verbe transitif (ancien français mol, mou) Orthographe Avec deux l. Construction Ramollir, à la différence d'amollir, peut s'employer sans complément au sens de « devenir mou » : le beurre a ramolli. Emploi 1. Au sens propre (« rendre mou »), ramollir est plus fréquent qu'amollir, légèrement vieilli : faire ramollir de la cire. 2. Au sens figuré, amollir appartient à une langue recherchée ou littéraire alors que ramollir est familier : « [...] le plaisir [...] amollit le cœur »(Baudelaire) ; les vacances l'ont ramolli. ● amollir (synonymes) verbe transitif (ancien français mol, mou) Rendre mou quelqu'un, quelque chose (on dit plutôt ramollir )
Synonymes :
- avachir
- ramollir
Contraires :
- affermir
- durcir
amollir
v. tr.
d1./d Rendre mou. La chaleur amollit le beurre.
d2./d Fig. Rendre plus faible, enlever de la force. De nombreuses pressions amollirent ses résolutions. Syn. affaiblir, alanguir. Ant. affermir, endurcir.
|| v. Pron. Son ardeur s'amollissait.
⇒AMOLLIR, verbe trans.
I.— Emploi trans.
A.— [Le compl. d'obj. désigne une chose concr.] Rendre moins dur, plus malléable :
• 1. ... Ainsi une tendre colombe amollit d'abord dans son bec le froment qu'elle présente à ses petits.
F.-R. DE CHATEAUBRIAND, Génie du christianisme, t. 2, 1803, p. 319.
• 2. — C'est ici notre grande averse de septembre qui balaye la moisson et qui amollit la terre pour le labourage.
P. CLAUDEL, L'Otage, 1911, I, 2, p. 239.
B.— Au fig. [Le compl. d'obj. désigne une pers. ou une faculté humaine]
1. Rendre moins ferme, plus vulnérable :
• 3. Voulez-vous gouverner aisément les hommes, amollissez-les par la volupté. La vertu ne vous vaut rien, elle nourrit la force : épuisons-la plutôt par la corruption.
F.-R. DE LAMENNAIS, Les Paroles d'un croyant, 1834, p. 140.
— Emploi abs. :
• 4. « Soyons durs », proclamait Nietzsche. La femme amollit, la faiblesse est une tare. « Non, elle est une vertu. La force m'émeut quand elle se laisse vaincre par l'amour et la grâce ... »
M. BARRÈS, Mes Cahiers, t. 14, févr.-juill. 1922, p. 62.
2. Vieilli. Affaiblir, faire fléchir :
• 5. « Les français nous ont fait bien du tort par leur air engageant, par toutes leurs recherches en tout ce qui peut flatter les sens, et par l'art qu'ils ont naturellement d'amolir notre courage pour mieux exercer leur tyrannie ... »
L.-N. BAUDRY DES LOZIÈRES, Voyage à la Louisiane, 1802, p. 40.
• 6. Sois confiante en lui, il t'a donné son amour, il t'est resté fidèle, sur Dieu et sa parole, il est à toi pour la vie. Ne sois ni soupçonneuse, ni jalouse, et c'est à tes pieds qu'il viendra déposer cet or ... Pleure, pleure, n'espère pas m'amollir. Adieu! ...
P. BOREL, Champavert, Three Fingered Jack, l'obi, 1833, p. 92.
II.— Emploi pronom.
A.— [Le suj. désigne une chose concr.] Devenir mou, moins ferme :
• 7. Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d'un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j'avais laissé s'amollir un morceau de madeleine.
M. PROUST, À la recherche du temps perdu, Du côté de chez Swann, 1913, p. 45.
— En partic.
1. MÉTÉOR. [En parlant du temps, du vent...] Vieilli (resté vivant au Canada : cf. Canada 1930). Devenir moins dur, s'adoucir, se calmer :
• 8. Enfin, au déclin du soleil, le vent s'amollit...
A. DE LAMARTINE, Voyage en Orient, t. 1, 1835, p. 124.
• 9. Voilà enfin le temps qui semble s'amollir; je voudrais bien, cher ami, qu'il s'adoucît tout à fait, un peu pour moi, beaucoup pour vous.
J.-J. AMPÈRE, Correspondance, Lettre de J.-J. A. à A. de T., 1855, p. 257.
2. PEINT. ou GRAV. [En parlant des contours d'une figure] Devenir moins net, s'estomper :
• 10. Passée la feuille du premier plan et la brique du mur, les tons commencent à s'embrumer, les contours à s'amollir...
A. LHOTE, La Peinture, le cœur et l'esprit, 1950, p. 223.
B.— Au fig. Devenir moins ferme, s'affaiblir :
• 11. Quand son pied toucha le sol, sa démarche s'amollit tout à coup et se fit si lente qu'elle mit trois minutes à descendre en scène, à pas menus d'une indolence scandée, avec des moues de tout le corps.
J. PÉLADAN, Le Vice suprême, 1884, p. 212.
• 12. Tout est paradoxal chez l'homme, on le sait bien. On assure le pain de celui-là pour lui permettre de créer et il s'endort, le conquérant victorieux s'amollit, le généreux, si on l'enrichit, devient ladre. Que nous importent les doctrines politiques qui prétendent épanouir les hommes, si nous ne connaissons d'abord quel type d'homme elles épanouiront.
A. DE SAINT-EXUPÉRY, Terre des hommes, 1939, p. 244.
— P. ext. Fléchir, s'attendrir :
• 13. L'aînée de ces tantes s'appelait Mlle de Lamartine. C'était une nature angélique plus que féminine, elle avait été la favorite de sa mère, la reine de la maison sous ma grand'mère, qui ne s'amollissait que pour elle, la tutrice de ses sœurs plus jeunes, la médiatrice de ses frères; tout le monde l'adorait.
A. DE LAMARTINE, Nouvelles Confidences, 1851, p. 67.
Prononc. ET ORTH. :[], j'amollis []. On trouve anciennement la graph. amolir avec un seul l (cf. ex. 5).
Étymol. ET HIST. — 1. Ca 1170 trans. fig. « rendre moins ferme, affaiblir, efféminer » (Job ds Rois, p. 452 ds DG : Ke la chars ... ne l'amolisset a luxure); 2. fin XIIIe s. intrans. au propre « devenir mou, moins résistant (notamment en parlant de l'action de l'eau sur la pierre) » (Sone de Nansay, éd. M. Goldschmidt, 4616 ds T.-L. : li dure piere amoli).
BBG. — BAILLY (R.) 1969 [1946]. — BAR 1960. — BÉL. 1957. — BÉNAC 1956. — BOISS.8. — Canada 1930. — DUP. 1961. — FÉR. 1768. — GUIZOT 1864. — HANSE 1949. — LAF. 1878. — LAF. Suppl. 1878. — LAV. Diffic. 1846. — NOTER-LÉC. 1912. — SARDOU 1877. — SOMMER 1882.
amollir [amɔliʀ] v. tr.
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1 Rendre mou, moins ferme. || L'asphalte était amolli par la chaleur. ⇒ Ramollir. || La chaleur amollit la cire. || Faire passer une étoffe à la vapeur pour l'amollir. ⇒ Bruir.
1 Un petit clystère (…) pour amollir, humecter, et rafraîchir les entrailles de Monsieur.
Molière, le Malade imaginaire, I, 1.
1.1 Les femmes tapent avec un bâton sur les fruits du palmier doum afin d'amollir la pulpe ligneuse que l'on chique comme du bétel.
Gide, Voyage au Congo, in Souvenirs, Pl., p. 827.
1.2 J'étais le plus fort moralement, mais physiquement aussi, car la peur et la honte amollissaient ses muscles.
Jean Genet, Miracle de la rose, p. 374.
♦ Par ext. Donner une sensation d'amollissement, de faiblesse dans (les membres, le corps).
2 L'émotion amollit ses jambes.
Martin du Gard, les Thibault, I, 1.
2 Fig. (Vieilli). Diminuer dans son énergie, dans sa résistance. ⇒ Affaiblir, alanguir, efféminer, énerver (vx). || Amollir le courage, la volonté, les nerfs. || La chaleur amollit hommes et bêtes.
3 (…) l'étude des sciences est bien plus propre à amollir et efféminer les courages qu'à les affermir et les animer.
Rousseau, Disc. sur les sciences et les arts.
4 Voulez-vous gouverner aisément les hommes (dit un tyran), amollissez-les par la volupté.
F. de Lamennais, Paroles d'un croyant, XIII.
♦ Absolt. || La paresse amollit.
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s'amollir v. pron.
1 Devenir mou, plus mou.
4.1 Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d'un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j'avais laissé s'amollir un morceau de madeleine.
Proust, Du côté de chez Swann, Pl., t. I, p. 45.
4.2 Mais au moment qu'en pensée je vais le pénétrer, ma verge s'amollit, mon corps débande, mon esprit flotte.
Jean Genet, Miracle de la rose, p. 103.
2 Vx ou régional (Canada). Devenir plus clément, plus faible (en parlant du temps, des éléments). || Le temps s'amollit. || Le vent s'amollit. ⇒ Faiblir, mollir.
5 (…) s'amollir dans les délices et dans l'oisiveté.
Fénelon, Télémaque, III.
6 Un grand sommeil m'engourdit depuis mon lever jusqu'au soir (…) lentement je perds l'habitude de l'effort (…) tout s'amollit dans cette facilité de l'existence.
Gide, Journal, 1er sep. 1905.
♦ Vieilli ou littér. Perdre de sa fermeté, de son courage. ⇒ Faiblir, fléchir.
7 — Courage ! ils s'amollissent.
Corneille, Horace, II, 6.
8 En est-il entre vous dont le courage s'amollisse ?
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, t. II, 5.
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amolli, ie p. p. adj.
♦ Devenu mou. || Terre amollie. — (Personnes) :
9 (Dans ce climat) l'homme n'est pas accablé ou amolli par la chaleur excessive, ni raidi et figé par la rigueur du froid.
Taine, Philosophie de l'art, II, IV, 1.
10 (…) ces gens amollis par des mœurs avocassières.
M. Barrès, Leurs figures, p. 108.
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CONTR. Affermir, durcir, endurcir, fortifier, raffermir, raidir.
DÉR. Amollie, amollissant, amollissement.
Encyclopédie Universelle. 2012.