assoupir [ asupir ] v. tr. <conjug. : 2> I ♦ V. tr.
1 ♦ Porter à un demi-sommeil. ⇒ endormir. Le bercement du train assoupit les voyageurs.
2 ♦ Fig. Affaiblir ou suspendre momentanément. ⇒ apaiser, atténuer, calmer, engourdir, éteindre, étouffer. Assoupir une douleur, un remords. « cette saoulerie continue ne faisait qu'assoupir son épouvante » (Maupassant).
II ♦ S'ASSOUPIR v. pron.
1 ♦ Se laisser aller doucement au sommeil, s'endormir à demi. ⇒ somnoler. « D'autres s'assoupissaient sous l'effort de la digestion » (Duhamel ). Métaph. « sa pensée s'assoupit, devint incertaine, flottante » (Maupassant).
2 ♦ Fig. ⇒ s'apaiser, s'atténuer, se calmer, s'estomper. Sa douleur s'est assoupie. Les haines peu à peu s'assoupissent. ⇒ s'oublier.
⊗ CONTR. Éveiller, réveiller; ranimer. Exalter, exciter.
● assoupir verbe transitif (du bas latin assopire, rassasier) Plonger quelqu'un dans un sommeil peu profond : Le roulement régulier du train l'avait assoupi. Rendre moins vif ou faire disparaître momentanément un état corporel ou affectif : Le calmant avait assoupi sa douleur. ● assoupir (synonymes) verbe transitif (du bas latin assopire, rassasier) Plonger quelqu'un dans un sommeil peu profond
Synonymes :
- endormir
Contraires :
- éveiller
- réveiller
Rendre moins vif ou faire disparaître momentanément un état corporel...
Synonymes :
- adoucir
- amortir
- apaiser
- éteindre
- étouffer
Contraires :
- allumer
- attiser
- exalter
- exciter
- ranimer
- raviver
- stimuler
assoupir
v.
d1./d v. tr. Provoquer l'engourdissement qui précède le sommeil. Les vapeurs du vin l'assoupissent.
|| Fig. Calmer, apaiser, atténuer. Assoupir la douleur.
d2./d v. Pron. Commencer à s'endormir. S'assoupir dans un fauteuil.
|| Fig. Se calmer, s'affaiblir.
⇒ASSOUPIR, verbe trans.
I.— Emploi trans.
A.— [L'obj. désigne une pers. ou une partie du corps] Endormir à moitié, amener à un sommeil léger :
• 1. Je regardais en liberté et en paix ces murs qui l'avaient enfermée, (...), cette fontaine qui bouillonnait sous le cloître et dont le murmure l'avait éveillée ou assoupie trois ans!
LAMARTINE, Nouvelles Confidences, 1851, p. 179.
— LITT. [L'obj. est personnifié] :
• 2. Pour les paysans, tout ce qui touche à la terre qui les nourrit, et aussi aux saisons qui tour à tour assoupissent et réveillent la terre, est si important qu'on peut en parler même à côté de la mort sans profanation.
HÉMON, Maria Chapdelaine, 1916, p. 231.
B.— P. ext. [L'obj. désigne un bruit, une lumière, un élément éclatant de la nature, etc.] Rendre plus faible, moins violent; atténuer :
• 3. Le brouillard fait le silence sur l'océan; il assoupit la vague et étouffe le vent.
HUGO, Les Travailleurs de la mer, 1866, p. 203.
C.— Au fig.
1. [L'obj. désigne un inanimé abstr.] Affaiblir, atténuer. Assoupir une douleur, un mal; une affaire, un malaise. Synon. expr. de endormir :
• 4. Ils /sir Ralph et madame Delmare/ s'étaient enfuis d'abord, disait-on, pour assoupir l'affaire...
G. SAND, Indiana, 1832, p. 325.
• 5. C'est de là qu'est venu dans notre vie économique un malaise que les préoccupations actuelles ont assoupi, mais qui n'est pas du tout dissipé.
J. WILBOIS, Comment fonctionne une entr., 1941, p. 55.
2. [L'obj. désigne une pers. ou un coll.] Rendre calme et même inactif, sans énergie :
• 6. Mécène semblait fait exprès pour calmer et assoupir l'Italie après tant d'agitations.
MICHELET, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 307.
II.— Emploi pronom.
A.— [Le suj. désigne un animé, un coll., une partie ou un mouvement du corps] S'endormir à moitié, se laisser aller doucement au sommeil, à la somnolence :
• 7. Les tiraillements nerveux de son estomac s'étaient assoupis; les ardeurs de sa soif s'étaient calmées; ...
A. DUMAS Père, Le Comte de Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 169.
• 8. Le jour naissait, lorsque Jacques parvint à s'assoupir, et d'une somnolence si légère, que le débat continuait confusément en lui, abominable.
ZOLA, La Bête humaine, 1890, p. 205.
— LITT. [Le suj. est personnifié] :
• 9. ... cependant les sentiers s'emplissaient d'ombre et la campagne s'assoupissait déjà dans ce beau silence des nuits d'été.
FLAUBERT, Par les champs et par les grèves, 1848, p. 326.
B.— P. ext. [Le suj. désigne un bruit, un élément vif de la nature, etc.] Devenir moins violent, moins fort :
• 10. Si le feu s'assoupit ou que le feu s'emporte, son caprice est désastre, la partie est perdue [arts du feu].
VALÉRY, Pièces sur l'art, 1931, p. 9.
C.— Au fig.
1. [Le suj. désigne un inanimé abstr.] S'affaiblir, diminuer :
• 11. La guerre s'est assoupie; il n'est pas excessif même de dire qu'elle semblait dormir tout à fait.
GRACQ, Le Rivage des Syrtes, 1951, p. 248.
2. [Le suj. désigne une pers.] Devenir inactif, sans énergie comme par somnolence; s'engourdir au point de vue moral, intellectuel :
• 12. Antoine Arnault ne pensa pas qu'il pût continuer à vivre oisivement, à s'assoupir ainsi qu'il le faisait, entre les tendres cheveux et les mousselines nuancées de son amie.
A. DE NOAILLES, La Domination, 1905, p. 54.
PRONONC. : (s') assoupir [], j'(e m') assoupi []. FÉR. 1768 souligne que le verbe ,,et ses dérivés s'écrivent avec deux ss mais [qu'] on n'en prononce qu'une``.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. XVe s. trans. « diminuer, atténuer les suites mauvaises de qqc. » (JUVEN. DES URSINS, Chron. an 1380 ds GDF. Compl. : Remerciant les dicts arbitres de ce que par leur bonne diligence les questions estoient assopies); d'où XVIe s. « calmer » (RONSARD, 744 ds LITTRÉ : Les vents sont assoupis, les bois dorment sans bruit); av. 1590 pronom. « diminuer, se calmer » (A. PARÉ, Œuvres, liv. I, c. 9 ds Dict. hist. Ac. fr.); 2. 1550 trans. « jeter dans le sommeil » (RONSARD, Od. IV, Œuvres, p. 400 ds GDF. Compl. : Le mesme jour que le dernier trespas M'assoupira d'un somme dur, a l'heure Sous le tombeau tout Ronsard n'ira pas, Restant de luy la part qui est meilleure); 1610-27 part. passé adj. (URFÉ, Astree, I, 12, ibid.); 1622 pronom. « s'endormir » (Caquets de l'accouchée, II ds Dict. hist. Ac. fr.).
Réfection de assouvir b. lat. assopire « satisfaire, rassasier » d'apr. le lat. sopire « assoupir, endormir » (CICÉRON, Div., 1, 115 ds GAFF.) d'où fig. « se calmer (d'un vent) » (PLINE, Hist. nat., 2, 129, ibid.), d'une chose « diminuer d'intensité » (CICÉRON, Cael 41, ibid.).
STAT. — Fréq. abs. littér. :391. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 543, b) 595; XXe s. : a) 692, b) 463.
BBG. — BRUANT 1901. — NYSTEN 1814-20. — TIMM. 1892.
assoupir [asupiʀ] v. tr.
ÉTYM. XVIe; assopi(es), 1380; réfection de assouvir, du bas lat. assopire « satisfaire, rassasier », d'après lat. sopire « assoupir, endormir ».
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1 Porter à un demi sommeil; endormir à demi. || La drogue ne l'avait pas endormi complètement, mais seulement assoupi. || Les fumées des vins assoupissaient les convives. || Un débit monotone assoupit l'auditeur.
2 Affaiblir, diminuer, suspendre momentanément (une fonction psychique, etc.). ⇒ Apaiser, atténuer, calmer, engourdir, éteindre, étouffer. (Le sujet est souvent un nom de chose abstraite). || Assoupir les sens, une douleur, une souffrance, une passion, un remords.
1 (…) pour moi, je ne me suis endormie qu'à quatre heures : la joie n'est point bonne pour assoupir les sens (…)
Mme de Sévigné, Lettres, 362, 24 déc. 1673.
2 Dieu jeune, viens aider sa jeunesse. Assoupis,
Assoupis dans son sein cette fièvre brûlante
Qui dévore la fleur de sa vie innocente.
André Chénier, Élégies antiques, « Le jeune malade ».
♦ Par métaphore du sens 1 (le compl. d'objet peut être un élément de la nature, bruit, lumière, un sentiment). Littér. Faire s'endormir, rendre faible ou inactif.
3 Le brouillard fait le silence sur l'océan; il assoupit la vague et étouffe le vent.
Hugo, les Travailleurs de la mer, I, III, 4.
4 (…) cette saoulerie continue ne faisait qu'assoupir son épouvante qui se réveilla plus furieuse dès qu'il lui fut impossible de la calmer.
Maupassant, l'Auberge, Pl., t. II, p. 794.
♦ Vieilli. || Assoupir une querelle, un différend, une affaire, en empêcher l'éclat, les suites fâcheuses. ⇒ Apaiser, étouffer. || Assoupir des discordes, une sédition, une guerre… ⇒ Arrêter.
5 Ne vaudrait-il pas mieux assoupir et accommoder cette affaire ?
Mme de Sévigné, Lettres, 891, 23 janv. 1682.
6 (…) il écrivit au pasteur dont la salope était paroissienne, et fit en sorte d'assoupir l'affaire (…)
Rousseau, les Confessions, t. III, L, XII.
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s'assoupir v. pron.
7 Le prélat resté seul calme un peu son dépit,
Et jusques au coucher se couche et s'assoupit.
Boileau, le Lutrin, I.
8 (…) elle s'assoupit doucement à la langueur mystique qui s'exhale des parfums de l'autel, de la fraîcheur des bénitiers et du rayonnement des cierges.
Flaubert, Mme Bovary, I, 6.
9 D'autres s'assoupissaient sous l'effort de la digestion.
G. Duhamel, le Voyage de Patrice Périot, IV.
2 (En parlant d'inanimés abstraits). ⇒ Apaiser (s'), calmer (se)… || Sa douleur s'assoupit. || Les haines peu à peu s'assoupissent. ⇒ Effacer (s'), estomper (s'), oublier (s'). || Son esprit, sa volonté s'est assoupi(e).
10 La raison agit avec lenteur (…) à toute heure elle s'assoupit ou s'égare (…)
Pascal, Pensées, IV, 252.
11 Comme un enfant bercé par un chant monotone,
Mon âme s'assoupit au murmure des eaux.
Lamartine, Méditations poétiques, « Le vallon ».
12 Son cœur, comme les gens qui ne peuvent endurer qu'une certaine dose de musique, s'assoupissait d'indifférence au vacarme d'un amour, dont il ne distinguait plus les délicatesses.
Flaubert, Mme Bovary, III, 6.
13 Mais peu à peu ses membres s'engourdirent, sa pensée s'assoupit, devint incertaine, flottante.
Maupassant, Contes de la Bécasse, « Un coq chanta ».
♦ (En parlant de personnes). S'engourdir, devenir sans énergie.
14 Et nous nous assoupissons volontiers dans de petites besognes médiocres.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, III, 8.
15 Vais-je m'assoupir dans la mollesse ?
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, VII, 3.
♦ Par métaphore du 1. (en parlant des bruits, des éléments de la nature…). Devenir plus faible. || Les vagues s'assoupissent.
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assoupi, ie p. p. adj. et n.
1 Endormi à demi. || Il semble assoupi.
♦ Par extension.
16 Il me semble bien à présent que ce n'est point avec des yeux endormis que je regarde ce papier, que cette tête que je branle n'est point assoupie (…)
Descartes, Méditations, I.
2 Fig. (en parlant d'un inanimé abstrait). Affaibli, diminué. ⇒ Apaisé, insensible (→ ci-dessous, cit. 18, 20, 21, 22, 23). — Par métaphore (en parlant des éléments de la nature). Devenu plus faible (→ ci-dessous, cit. 17, 26). — (En parlant de personnes). Qui est sans énergie, engourdi (→ ci-dessous, cit. 19, 24, 27). ⇒ Amolli, engourdi, somnolent (figuré).
17 Les vents sont assoupis, les bois dorment sans bruit.
18 De ces légions impies
Les fureurs sont assoupies (…)
Racan, Psaumes, 75.
19 Il était assoupi dans l'amour du plaisir.
20 Les haines publiques et particulières furent assoupies (…)
Fléchier, Oraison funèbre de M. de Turenne.
21 (…) le moindre incident pourrait rallumer des passions plutôt assoupies qu'éteintes.
P.-L. Courier, Lettre à M. Dedon, 29 juin 1807, Pl., p. 747.
22 (…) le monde assoupi palpite et vit encore (…)
Lamartine, Harmonies…, II, 4.
23 C'est la nuit, la nuit noire, assoupie et profonde.
Hugo, les Châtiments, I, 14.
24 Dans la brute assoupie un ange se réveille.
Baudelaire, les Fleurs du mal, « l'Aube spirituelle ».
25 (…) les affections s'aggravent, les douleurs assoupies se réveillent.
Huysmans (→ Aggraver, cit. 7).
26 Tranquille amour, vague assoupie qui venait mourir à quelques pas de mon rocher (…)
F. Mauriac, le Nœud de vipères, I, 7.
27 (…) pécheur, assoupi dans ses souillures (…)
F. Mauriac, Souffrances et Bonheur du chrétien, p. 63.
♦ N. Rare. || Un assoupi, une assoupie.
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CONTR. Éveiller, réveiller, ranimer. — Exciter, exalter… — Aggraver.
DÉR. Assoupissant, assoupissement.
Encyclopédie Universelle. 2012.