bride [ brid ] n. f.
• XIIIe; moy. haut all. brîdel « rêne »
1 ♦ Pièce du harnais fixée à la tête du cheval pour le diriger, le conduire. ⇒ bridon. Parties de la bride : frontail, montant, mors, œillère, sous-gorge, têtière.
♢ Loc. Tenir son cheval en bride, le maintenir à l'aide de la bride. Loc. Fig. Tenir en bride ses instincts, les contenir. — Tenir qqn en bride. — Tenir la bride haute, courte à un cheval, la tirer à soi, la maintenir ferme pour freiner son allure. Loc. Fig. Tenir la bride haute à qqn, ne pas lui laisser la liberté d'action, ne rien lui céder. — Rendre, lâcher la bride à son cheval, le laisser libre de ses mouvements. Loc. Fig. « La populace, toujours barbare quand on lui lâche la bride » (Voltaire). Lâcher la bride à ses passions. — Cheval auquel on met, on laisse la bride sur le cou, qu'on laisse aller librement. Loc. Fig. Avoir la bride sur le cou : être libre, sans contrainte. « En Angleterre, l'adolescence a la bride sur le cou » (Hugo). — Aller, courir à bride abattue; à toute bride, en abandonnant toute la bride au cheval. Fig. À bride abattue : sans retenue. « suivre à bride abattue le vol rapide de son imagination » (Vigny) ⇒ rapidement, vite. — Tourner bride : rebrousser chemin. Fig. Changer d'avis, de conduite.
2 ♦ Lien servant à retenir. Mélanie « nouait devant la glace les brides de son bonnet » (France). — Cout. Arceau de fils, de ganse servant à retenir un bouton, une agrafe, ou servant de point d'arrêt; fils rejoignant les motifs d'une dentelle. — Techn. Collier qu'on serre sur un objet pour retenir les pièces qui le composent; pièce d'assemblage de deux tuyaux. — Pathol. Bandelette de tissu conjonctif fibreux de la peau (cicatrisation anormale d'une plaie, d'une brûlure) ou entre deux surfaces séreuses (du péritoine, de la plèvre), à la suite d'une inflammation. — Anat. Repli cutané ou travée fibreuse reliant deux parties anatomiques. Bride mongolique. ⇒ bridé (2o) .
● bride nom féminin (moyen haut allemand brîdel, rêne) Pièce de harnais qui prend place sur la tête du cheval et qui comprend deux mors, les montants, la têtière, la sous-gorge, le frontal, la muserolle et les quatre rênes. Chapellerie Lien qui retient certaines coiffures en s'attachant sous le menton. Couture Petit arceau de fil de ganse ou de biais rouleauté, destiné à recevoir une agrafe ou un bouton. Série de points de feston exécutés sur des fils tendus à l'endroit du tissu, à la base d'une fente ou d'une fermeture à glissière. Mécanique Pièce métallique fermée ou en forme d'U, permettant de brider une pièce. Militaire Bande cousue sur la tunique ou la veste d'uniforme pour maintenir l'épaulette. Pathologie Bande de tissu conjonctif fibreux réunissant anormalement deux organes ou développée au niveau d'une cavité séreuse. Technique Lien métallique en forme de demi-collier ou de collier, serré sur un objet quelconque, pour le consolider ou maintenir en place les pièces qui le composent. ● bride (expressions) nom féminin (moyen haut allemand brîdel, rêne) À bride abattue, à toute bride, en abandonnant toute la bride au cheval, en le lançant au galop ; avec une grande vitesse, une grande énergie. La bride sur le cou, sans frein, librement. Lâcher la bride, donner toute liberté d'action à quelqu'un. Tenir en bride, contenir quelqu'un ; réfréner un sentiment. Tenir la bride (haute) à quelqu'un, le serrer de près, ne pas lui laisser la liberté de ses actions. Littéraire. Tourner bride, revenir sur ses pas, en parlant d'un cavalier ; changer d'avis, d'opinion. ● bride (synonymes) nom féminin (moyen haut allemand brîdel, rêne) Pièce de harnais qui prend place sur la tête du...
Synonymes :
- guide
- licol
- longe
Technique. Lien métallique en forme de demi-collier ou de collier, serré...
Synonymes :
bride
n. f.
d1./d Harnais de tête du cheval servant à le conduire.
d2./d Les rênes seules. Rendre, lâcher la bride à un cheval. Mener par la bride: tenir les rênes sans monter.
|| Fig. Tenir en bride: refréner, modérer. Tenir la bride haute, courte à qqn, lui accorder peu de liberté. Laisser la bride sur le cou: laisser libre d'agir.
|| Loc. à bride abattue: très vite.
d3./d Par anal. Pièce servant à attacher, à retenir. Les brides d'un chapeau.
|| COUT Petit arceau, de fil ou de ganse, servant à retenir un bouton ou une agrafe, ou utilisé comme point arrêt.
— Fils unissant les motifs d'une dentelle.
d4./d CHIR Petite bande de tissu fibreux qui se forme dans une plaie ou entre deux organes.
d5./d TECH Pièce d'assemblage des éléments d'une canalisation.
⇒BRIDE, subst. fém.
A.— ÉQUITATION
1. Partie du harnais d'un cheval, composée de courroies (mors, têtière, rênes), que l'on passe autour de la tête et du cou de l'animal pour le diriger et le guider. Mettre, ôter la bride à un cheval :
• 1. Il [le cheval] n'écoute pas la bride, il est indifférent à la cravache, et les coups de talon les plus énergiques sont des raisons qui ne le persuadent pas.
ABOUT, La Grèce contemporaine, 1854, p. 25.
— Spéc. et très fréq. Les rênes fixées de part et d'autre du mors, qui permettent au cavalier de maîtriser et de faire obéir le cheval. Attacher, mener, tenir le cheval par la bride; donner un coup de bride. Lord Nelvil (...) examina la bride et le mors avec une aimable anxiété (Mme DE STAËL, Corinne, t. 3, 1807, p. 224).
— Arg. Terme d'injure. Bride ou vieille bride. Imbécile. Une bride de son espèce se permettait de mauvaises manières à l'égard d'un camarade (ZOLA, L'Assommoir, 1877, p. 623).
— Au fig. Tout ce qui permet de maîtriser, contrôler des mouvements instinctifs, ou tout ce qui dirige, gouverne. Les brides de la destinée, des passions :
• 2. [Mehlen à Angèle]
... je n'ai jamais connu qu'une vie, sans les freins ou les brides que sont l'éducation, la religion, les traditions ou les habitudes.
P. VIALAR, La Chasse aux hommes, Les Faux-fuyants, 1953, p. 170.
2. Expr. du lang. de l'équit. et applications fig. dans la lang. cour. ou littér.
a) Tenir en bride. Freiner le cheval. Anton. éperonner.
— Au fig. [En parlant d'une pers., d'un sentiment] Refréner, contenir :
• 3. Tenez en équilibre vos goûts et en bride vos appétits. Qui aime trop les chevaux et les chiens fâche les femmes; qui aime trop les femmes fâche Dieu.
HUGO, Le Rhin, 1842, p. 187.
b) Tenir la bride haute, courte. Limiter la vitesse, les initiatives de l'animal en ne laissant qu'une courte longueur de rênes :
• 4. Le navire alors, comme un cheval contenu par une main vigoureuse et dont on tient la bride courte, semble piaffer sur l'écume du golfe; ...
LAMARTINE, Voyage en Orient, t. 1, 1835, p. 59.
— Au fig. Tenir la bride haute à qqn. Le surveiller étroitement et avec dureté.
c) Aller bride en main. Aller lentement, avec prudence.
— Au fig., fam., vieilli, plutôt class. Aller bride en main. Agir avec prudence, circonspection :
• 5. 28 juillet. Joué comme un fou. Il faut aller bride en main. Que de sottises!
CONSTANT, Journaux intimes, 1811, p. 365.
d) Aller à bride abattue, avalée, à toute(s) bride(s). Sans freiner le cheval à l'aide de la bride pour lui laisser toute sa puissance. Synon. à très grande vitesse, très rapidement. Dans la voiture légère qu'il menait lui-même à toute bride (A. DAUDET, La Petite paroisse, 1895, p. 115).
— Au fig. Courir à bride abattue à sa perte, à sa ruine, après les plaisirs (GUÉRIN 1892). Travailler à bride abattue (S. DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, p. 287). Synon. sans retenue, avec frénésie.
Rem. On rencontre une bride-abattue empl. comme subst. chez Ch. du Bos. Une fougue, une impétuosité, une bride-abattue (Journal, 1928, p. 186).
e) Lâcher la bride, laisser la bride sur le cou. Laisser le cheval aller librement, selon sa fantaisie. Ils lâchèrent la bride aux excellens chevaux (BALZAC, Annette et le criminel, t. 4, 1824, p. 113).
— Au fig. Lâcher la bride à qqn, laisser la bride (sur le cou) à qqn, à qqc. (inanimé abstr.). Rendre libre de ses actes, laisser libre cours au développement d'un phénomène intellectuel ou moral :
• 6. À la base, l'inflation et la perversion du sens de la personnalité résulte, semble-t-il, d'un arrêt des processus de socialisation, qui lâche la bride à l'égocentrisme primitif.
MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 549.
♦ Avoir la bride sur le cou. Être libre de ses actes.
f) Tourner bride. Rebrousser chemin, revenir en arrière en tournant la bride du cheval. Tournant aussitôt la bride de son cheval, (...) il fuit d'une course rapide (Mme COTTIN, Mathilde, t. 2, 1805, p. 6).
— Au fig. Changer d'avis, de conduite, se rétracter.
3. Proverbe Il a plus besoin de bride que d'éperon. Cette personne a plus besoin de modération que d'excitation (cf. LECONTE DE LISLE, Poèmes barbares, La Tête du comte, 1878, p. 284). Tous ses fils ont besoin d'éperon, non de bride.
— À cheval donné on ne regarde pas la bride. On ne doit pas critiquer une chose donnée.
B.— [P. anal. de forme et p. réf. à l'idée de lien]
1. ANAT. Adhérences vicieuses se formant à l'intérieur d'un abcès, d'une plaie, ou se développant entre les séreuses après inflammation de ces membranes. Brides d'une plaie, d'un abcès; bride pleurale, pulmonaire.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. généraux.
2. CHAUSSURE. Fine lanière de cuir fixée au soulier et conçue pour passer sur le dessus du pied ou derrière le talon en maintenant la chaussure au pied. Il remet une bride à son sabot (RENARD, Journal, 1905, p. 970).
Rem. Attesté à partir de GUÉRIN 1892.
3. COUT. Points de chaînette ou de feston cousus perpendiculairement aux deux extrémités de l'ouverture d'une boutonnière, pour empêcher qu'elle ne s'agrandisse ou ne se déchire. Bride de boutonnière.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. généraux.
— P. ext. [Toujours emploi abs.] Ganse confectionnée au point de chaînette, cousue par ses deux extrémités au bord d'un vêtement de façon à constituer une boutonnière.
4. ART CULIN. Ficelle qui sert à assujettir les membres d'une volaille pour la mettre à rôtir.
Rem. Attesté dans Lar. de Lar. 19e à Lar. Lang. fr.
5. HABILL. Brides d'un bonnet, d'un chapeau, d'une coiffe. Longs rubans cousus de part et d'autre de la coiffure et destinés à être noués sous le menton pour maintenir le chapeau sur la tête. Une petite capote de feutre et de plumes moirées, à brides de taffetas (GIDE, Isabelle, 1911, 654).
6. MAR. Grande pièce de fer recourbée reliant la quille à l'étambot.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. généraux.
7. TECHNOL. Lien métallique, le plus souvent en forme de collier ou de demi-collier avec lequel on consolide ou unit deux pièces. Des brides de fer boulonnées assujettissent celui-ci (le joug) à l'essieu (PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1928, p. 53).
PRONONC. :[].
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. [Ca 1200, FEW t. 15, 1, s.v. brîdel, p. 279b]; ca 1223 « courroie placée de chaque côté du mors à la bouche d'un cheval et qui sert à le conduire » (G. DE COINCY, Miracles Ste Vierge, éd. V.F. Kœnig, Genève, 1955, t. 1, p. 88, vers 622-23); av. 1592 fig. (MONT. I, 63 dans LITTRÉ); d'où diverses expr. a) 1532 à bride avallée « très vite, à toute vitesse » (RABELAIS, Pantagruel, éd. Marty-Laveaux, chap. XLIII); 1538 a bride abattue (EST.); 1559 à toute bride (AMYOT, Alex., 9 dans LITTRÉ); b) 1468 tourner bride « tourner son cheval » (G. CHASTELLAIN, Chroniques, III, 253 d'apr. K. HEILEMANN, Der Wortschatz von G. Chastellain..., Leipzig, 1937, p. 254); 1re moitié XVe s. tourner la bride « revenir sur ses pas » (MONSTREL., liv. I, ch. 274. Complainte des laboureurs de France dans LITTRÉ); c) 1468 tirer sur la bride « rester dans l'expectative » (G. CHASTELLAIN, Chroniques IV, 115, 5 d'apr. K. HEILEMANN, op. cit. p. 137); tenir qqn sur bride (ID., op. cit. III, 187, 20, ibid., p. 210); 1466 tenir la bride roide (à qqn) (J. DE BUEIL, Le Jouvencel, p. 470); d'où 1538 tenir qqn. (qqch.) en bride (EST.); d) 1538 Lâcher la bride à (un sentiment) « donner libre carrière à (un sentiment) » (Ibid.); d'où 1549 la bride sur le col [cou] « sans gêne en toute liberté » (EST.); 2. p. anal. 1606 « lien servant à retenir » (NICOT, Une bride de chapeau) d'où empl. techn. 1659 cout. (DUEZ, Dittionario italiano e francese : Bride au habits); 1811 technol. « lien de fer serré autour d'un objet quelconque dans le but de le consolider ou d'unir les pièces qui le composent » (MOZIN); 1792 chir. (Encyclop. méthod. Méd.).
Terme d'orig. germanique. Étant donnée son aire géogr. primitive limitée à la France du Nord (l'ital., l'esp., le port. sont empr. au fr., REW3, n° 1313; de même que, prob. l'a. prov. 1410 dans RAYN.) et son entrée relativement tardive en fr., l'hyp. la plus probable est celle d'un empr. au m. h. all. brîdel « rêne », LEXER (BL.-W.5; DAUZAT 1968; FEW, loc. cit.); ce m. h. all. correspond à l'a. h. all. brittil « rêne », v. bretelle.
L'étymon a. h. all. brittil (DIEZ5, p. 63) ne convient pas du point de vue phon.; l'étymon m. angl. bridel (REW3, loc. cit.) est moins probable étant donné l'aire géogr. du mot et la rareté relative des empr. à cette langue; une orig. frq. (GAM. Rom2 t. 1, p. 308; EWFS2) est incompatible avec l'apparition relativement tardive du mot français.
STAT. — Fréq. abs. littér. :787. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 041, b) 1 682; XXe s. : a) 1 088, b) 901.
BBG. — SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 122. — SAIN. Sources t. 1 1972 [1925], p. 205; t. 2 1972 [1925], p. 347. — WALT. 1885, p. 76.
bride [bʀid] n. f.
ÉTYM. V. 1223; moy. haut all. brîdel « rêne » (cf. aussi l'anc. haut all. brittil. → Bretelle).
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1 Pièce du harnais fixée à la tête du cheval pour le diriger, le conduire. ⇒ Bridon; frontail, gourmette, montant, mors, muserolle, œillère, rêne, sous-gorge, têtière. || Mettre une bride à un cheval. || Le bouton de la bride.
♦ Rênes. || Tenir un cheval par la bride.
1 (…) en tenant la bride du cheval pendant que Germain plaçait son fils sur le devant du large bât (…)
G. Sand, la Mare au diable, VI, p. 56.
♦ ☑ Loc. Tenir son cheval en bride, le maintenir à l'aide de la bride. Fig. || Tenir en bride ses instincts, les contenir. — Tenir qqn en bride. — La prévision (cit. 1) est tenue en bride par la nécessité. || Tenir la bride haute, courte à un cheval, la tirer à soi, la maintenir ferme pour freiner son allure. ☑ Fig. Tenir la bride haute à qqn, ne pas lui laisser la liberté d'action, ne rien lui céder. — ☑ Vx. Aller bride en main : marcher doucement, avec prudence; fig., avec circonspection. ⇒ Retenue.
2 Une des raisons qui m'a fait aller bride en main.
Racine, Lettres.
3 Il est bon de lui tenir un peu la bride haute.
Molière, l'Avare, I, 5.
4 Retiens un peu la bride à tes bouillants désirs.
Corneille, Clitandre, V, 3, variante.
5 À l'attrait de la coquetterie la femme sans argent, et même dénuée, ajoute celui de la liberté d'allures, du franc-parler sans grossièreté, du mépris des conventions bêtes, des brides et du licol.
Léon Daudet, la Femme et l'Amour, I.
♦ ☑ Loc. fam., vx. Avoir plus besoin de bride que d'éperon, d'être freiné que d'être excité.
6 Notre esprit assez souvent n'a pas moins besoin de bride que d'éperon (…)
Boileau, le Longin, Traité du sublime, II.
♦ Rendre la bride à son cheval, le laisser libre de ses mouvements. — ☑ Fig. Lâcher, (vx) rendre la bride à qqn. || « La populace, toujours barbare quand on lui lâche la bride » (Voltaire). — Lâcher la bride à ses passions.
♦ Cheval auquel on met, on laisse la bride sur le cou, qu'on laisse aller librement.
7 La première chose que je fis fut de laisser ma mule aller à discrétion, c'est-à-dire au pas. Je lui mis la bride sur le cou (…)
A. R. Lesage, Gil Blas, I, II, p. 5.
♦ ☑ Fig. et cour. Avoir la bride sur le cou : être libre, sans contrainte.
8 (…) je ne veux point le fâcher : après lui avoir dit ces raisons, je lui mets la bride sur le cou.
Mme de Sévigné, 269, 27 avr. 1672.
9 (…) en Angleterre les enfants vont seuls, les filles sont leurs maîtresses, l'adolescence a la bride sur le cou.
Hugo, les Travailleurs de la mer, I, III, 13.
♦ ☑ (1532, à bride avallée). Aller, courir à bride avalée (vx), à bride abattue (1538); à toute bride (1559), en abandonnant toute la bride au cheval.
9.1 On n'apercevait pas la mer qui était encore à deux lieues, mais à tous moments on rencontrait des flocons d'écume filant sur les terres avec une vitesse incroyable, comme ces fuyards ou ces officiers en reconnaissance qui, passant à bride abattue, indiquent qu'on est bien sur le chemin de la grande bataille qu'on ne voit pas encore.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 374.
♦ ☑ Fig. À bride abattue : rapidement; sans retenue.
10 Nous entendîmes, après dîner, le sermon du Bourdaloue, qui frappe toujours comme un sourd, disant des vérités à bride abattue (…)
Mme de Sévigné, 794, 29 mars 1680.
11 (…) je me suis laissée aller à la tentation de parler de moi à bride abattue, sans retenue et sans mesure.
Mme de Sévigné, 1047, 13 nov. 1687.
12 (…) je fus libre de suivre à bride abattue le vol rapide de son imagination insatiable.
A. de Vigny, Journal d'un poète, p. 237.
♦ ☑ À toute bride : très rapidement.
13 (…) la réception de ces lettres était toujours suivie soit d'un abattement qui ne durait jamais plus de quelques heures, soit d'un redoublement de verve qui l'entraînait à toute bride pendant plusieurs semaines.
E. Fromentin, Dominique, III.
♦ ☑ Fig. et vieilli. Prendre la bride (de…) : prendre la direction, le gouvernement. || Prendre les brides du pouvoir. ⇒ Commandement; barre, gouvernail.
♦ ☑ Cour. Tourner bride : rebrousser chemin, revenir sur ses pas; fig., changer d'avis, de conduite.
14 Alors les cavaliers tournaient bride et hâtaient leur galop pour revenir.
Loti, les Désenchantées, I, I, 33.
15 N'est-ce pas là déjà ce qui, dans ce pèlerinage que je fis à la Grande-Chartreuse, à vingt ans, m'en écarta au dernier moment (…) de sorte que, sur le point d'atteindre mon but, je tournai bride et repartis (…)
Gide, Journal, 22 oct. 1928.
♦ ☑ Prov. (vx). À cheval donné, on ne regarde pas à la bride : quand on reçoit un cadeau, on ne doit pas regarder au détail.
2 Lien servant à retenir. || La bride d'une coiffure. ⇒ Jugulaire, sous-mentonnière. || La bride d'une combinaison. ⇒ Bretelle. || La bride d'une chaussure.
16 (…) la vieille Mélanie (…) nouait devant sa glace les brides de son bonnet blanc à bavolet de dentelle (…)
France, le Petit Pierre, XIV.
17 Elle remonta, sous sa blouse, la bride de la combinaison, qui avait glissé.
H. Troyat, la Tête sur les épaules, p. 16.
♦ Couture. Arceau de fils, de ganse servant à retenir un bouton, une agrafe, ou servant de point d'arrêt; fils rejoignant les motifs d'une dentelle (⇒ Barrette). || Les brides d'un point de France, de Venise.
♦ Mar. || Bride d'un navire : étrier métallique servant à lier fortement la quille à l'étambot.
♦ Techn. Collier qu'on serre sur un objet pour retenir les pièces qui le composent; pièce d'assemblage de deux tuyaux. || Bride à emboîtement. || Bride en saillie.
♦ Pathol. Bande de tissu conjonctif fibreux de la peau (cicatrisation anormale d'une plaie, d'une brûlure) ou entre deux surfaces séreuses (du péritoine, de la plèvre), à la suite d'une inflammation.
♦ Anat. Repli cutané ou travée fibreuse reliant deux parties anatomiques. || Bride mongolique. ⇒ Brider (p. p., 3.).
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DÉR. Brider, bridon.
Encyclopédie Universelle. 2012.