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bruire

bruire [ brɥir ] v. intr. <conjug. : 2; défectif (inf., 3e pers., p. prés.) >
XIIe ; lat. pop. °brugere, crois. du class. rugire « rugir » et du pop. °bragere braire
1Vx Retentir.
2Mod. Produire un bruit léger, confus. bruisser, chuchoter, frémir, murmurer. Le taffetas se froisse en bruissant. « les feuilles des hêtres bruissaient en un frisson rapide » (Flaubert). « les mouvements agiles de l'eau qui bruit et ruisselle » (Taine). REM. Après s'être conjugué comme fuir (cf. bruyant) ce verbe se conjugue comme finir (p. prés. bruissant).

bruire verbe intransitif (latin populaire brugere, braire, croisé avec rugire, rugir) Littéraire Retentir de bruits, de cris : Le jardin bruissait de cris d'animaux. Faire entendre un bruit prolongé fait de multiples petits bruits : Le vent bruit dans la forêt.bruire (difficultés) verbe intransitif (latin populaire brugere, braire, croisé avec rugire, rugir) Littéraire Conjugaison Bruire n'a que les formes de l'indicatif présent, imparfait (je bruyais, tu bruyais, etc.), futur et les formes du conditionnel. Recommandation Les formes inexistantes de bruire (passé simple, passé composé, subjonctif, participe présent, etc.), sont remplacées par les formes correspondantes de bruisser, verbe régulier du 1er groupe. Remarque Bruisser a été créé au XIXe s. sur bruissant. Longtemps dénoncé comme un barbarisme, il est aujourd'hui admis. (On le rencontre notamment chez P. Loti, A. Gide, A. de Saint-Exupéry, H. Bazin.) ● bruire (synonymes) verbe intransitif (latin populaire brugere, braire, croisé avec rugire, rugir) Littéraire Faire entendre un bruit prolongé fait de multiples petits bruits
Synonymes :
- chuchoter
- frémir
- frissonner
- murmurer
- susurrer

bruire
v. intr. (défect.) Produire un bruissement. Les vagues bruissaient.

⇒BRUIRE, verbe intrans.
A.— [Le suj. désigne un animé, un inanimé ou une collectivité] Faire un bruit léger; plus rarement émettre des sons d'une certaine intensité. Bruire aux oreilles de qqn; faire bruire; le vent bruit dans la forêt. Une biche effrayée bruissait dans les feuilles (LAMARTINE, Raphaël, 1849, p. 289).
SYNT. 1. Bruire + adj. Bruire frais (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 274). 2. Bruire + prép. Bruire à. Des tremolo (...) bruissent (...) aux violons (WILLY, La Mouche des croches, par l'ouvreuse du Cirque d'été, 1894, p. 74). Bruire de. La campagne brûlante bruissait de cris d'insectes (R. ROLLAND, Jean-Christophe, Le Matin, 1904, p. 168).
P. métaph. et au fig. :
1. Sa voix infiniment tendre, cette appellation de ma toute petite enfance rouvrent en moi de jeunes fontaines; j'écoute bruire, goutte à goutte, de clairs et fugaces souvenirs...
COLETTE, Claudine en ménage, 1902, p. 268.
P. méton. S'agiter, remuer en faisant du bruit. Je me suis arrêtée pour voir l'eau sombre bruire à l'angle des arches (A. DUMAS Père, Le Chevalier de Maison-Rouge, 1847, III, 8e tabl., 5, p. 123).
Spéc. [Le suj. désigne une partie du corps ou le sang] S'agiter, être agité d'un frémissement, d'un mouvement intérieur, perçu par le sujet. Ma tête bruissait (GRACQ, Un Beau ténébreux, 1945, p. 23).
B.— [Le suj. désigne un inanimé concernant un événement] Se répandre :
2. Dans la même soirée j'ai reçu la confirmation d'une nouvelle qui bruissait autour de nous depuis quelques jours : la défaite d'un grand homme qui a rendu sa plume comme les braves rendent leur épée, ...
M. DE GUÉRIN, Journal intime, 1834, p. 193.
C.— [Le suj. désigne un inanimé ou un inanimé] Faire un éclat, avoir du retentissement en bien ou en mal. Notre livre remue, bruit, scandalise (E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1865, p. 135).
Rem. On rencontre dans la docum. le néol. bruisseur, subst. masc. (G. SAMUEL, Panorama de l'art musical contemp., 1962, p. 608).
PRONONC. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[], (je) bruis []. Synérèse dans FÉR. 1768, FÉL. 1851 et dans les dict. mod.; diérèse dans LAND. 1834, LITTRÉ (avec la rem. : ,,Autrefois dans bruire, brui était monosyllabe; aujourd'hui, il est dissyllabe``) et DG (bru-ir; au XVIIe s. bruir). À ce sujet cf. MART. Comment prononce 1913, p. 197 : ,,Deux consonnes différentes quelconques suffisent généralement ici pour empêcher la synérèse, par exemple dans argu-er, sanctu-aire ou respectu-eux, et presque tous les mots en -ueux, aussi bien que dans obstru-er, conclu-ant, conclu-ons, flu-ide, bru-ine et dru-ide, où figurent les groupes connus, cl, br, etc. [...] Toutefois la diphtongue étymologique s'est maintenue, même en vers, malgré les mêmes consonnes, dans autrui, dans pluie et truie, dans bruit, fruit et truite, dans détruire, instruire et construire; elle s'est diérésée seulement dans bru-ire, bru-issant, bru-issement, qui sont plutôt des mots poétiques et même dans ébru-iter.`` 2. Forme graph. — Ce verbe qui se répartit suivant l'alternance bruy-/bruiss- (2e rad. formé p. anal. avec le subst. bruissement) est considéré comme verbe défectif par Ac. (1798-1932) et par la majorité des dict. gén. Certains dict. tels que Lar. 19e, Nouv. Lar. ill. ou BESCH. 1845 expriment leur regret de voir la conjug. de ce verbe réduite alors que les aut. l'utilisent plus largement (cf. les nombreux ex. d'aut. cités dans ces dict.). Relevé des formes admises dans les dict. gén. et attest. de formes partic. rencontrées dans la docum. a) Inf. bruire, cf. Ac. 1798-1932 et l'ensemble des dict. P. anal. des verbes en -er : ,,un usage fréquent qui cherche à s'établir a formé l'infinitif bruisser`` (GREV. 1964, § 701). Cette forme est un barbarisme pour QUILLET 1965 et Lar. Lang. fr. Cf. aussi BESCH. Conjug. 1961 : ,,Le verbe bruisser se soutient difficilement.`` b) Ind. — Présent 3e pers. du sing. il bruit, cf. Ac. 1835-1932 ainsi que l'ensemble des dict. gén.; 3e pers. du plur. ils bruissent, cf. Lar. encyclop., QUILLET 1965 et Lar. Lang. fr.; 1re et 2e pers. du sing. je bruis, tu bruis, cf. LITTRÉ et Lar. encyclop. dans la docum. tu bruis p. ex. dans G. SAND, Lélia, 1839, p. 539; 1re et 2e pers. du plur., uniquement dans la docum. nous bruissons dans NERVAL, Le Second Faust, 1840, p. 267; vous bruissez dans A. ARNOUX, Abisag, 1919, p. 274. Imp. 3e pers. du sing. cf. Ac. 1798-1932 et l'ensemble des dict. gén.; 3e pers. du plur. cf. Ac. 1835-1932 ainsi que BESCH. 1845, LITTRÉ, GUÉRIN 1892, DG, Lar. encyclop., QUILLET 1965 et Lar. Lang. fr.; 1re et 2e pers. du sing. cf. LITTRÉ et Lar. encyclop. Imp. traditionnel bruy- (ex. bruyait) enregistré seul dans Ac. 1798 et 1835. Imp. bruiss- (ex. bruissait) enregistré seul dans Ac. 1878 et 1932. Pour le reste des dict. la forme en y se trouve dans BESCH. 1845, Lar. 19e, LITTRÉ, GUÉRIN 1892, Nouv. Lar. ill., DG, ROB. et Lar. encyclop. Ces dict. signalent cependant l'apparition de la forme en -ss- et son progrès sur celle en -y-. Lar. 19e juge la forme en -ss-préférable. GUÉRIN 1892 et ROB. considèrent la forme en -y-comme arch. Elle ne se trouve plus dans Lar. 20e, QUILLET 1965 et Lar. Lang. fr. De la même façon que l'imp., on explique le part. prés. bruissant p. rapp. à bruyant devenu adj. On trouve bruyant en tant que part. avec la rem. qu'il tend à être remplacé par bruissant dans Ac. 1798 ainsi que dans BESCH. 1845, Lar. 19e, GUÉRIN 1892, DG et Lar. encyclop. De même que l'imp. et le part. prés. on explique le subj. prés. que je bruisse enregistré dans Lar. 20e et Lar. Lang. fr. Fut. je bruirai cf. LITTRÉ et Lar. encyclop. Passé simple : considéré comme un barbarisme dans Lar. Lang. fr., on le relève dans la docum. À titre d'ex. cf. bruissa dans J. RENARD, La Lanterne sourde, 1893, p. 67. Passé composé il a bruit cf. LITTRÉ et ROB. Pour notre docum. cf. p. ex. R. ROLLAND, Beethoven, t. 1, 1928, p. 71. Cond. je bruirais cf. LITTRÉ et Lar. encyclop.; cf. en outre p. ex. A. DUMAS Père, Christine, 1830, III, 6, p. 854. Part. passé bruit cf. Lar. encyclop.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1100-50 « faire du bruit » (Voy. de Charl. à Jérusalem, 379, Koschwitz dans R. Hist. litt. Fr., t. 5, p. 304); Trév. 1704 ,,n'est gueres en usages qu'à l'infinitif`` emploi auquel s'ajoute dep. Ac. 1740 la 3e pers. de l'imp. de l'indicatif; ,,vieilli`` dans DG; 2. 1606 « murmurer, frémir » (NICOT).
Issu du croisement entre le lat. « rugir » (Ier s. apr. J.-C. [en parlant d'un âne] Suétone dans FORC.; IVe s. [d'un lion] Spartianus, ibid.) et (braire), d'où lat. vulg. attesté à la 3e pers. du sing. de l'ind. prés. : brugit « il brame (d'un cerf) », VIIe s. (Leges Alamannorum Pactus dans Monumenta Germaniae Historica, Legum sectio, I, 5, p. 28, 5); bruire est bien attesté au sens de « mugir (d'un lion, d'un taureau) » en a. fr. (début XIIIe s. dans T.-L.) [contrairement à l'indication du FEW t. 10, p. 546b, reproduite par Lar. Lang. fr., bruire ne semble pas attesté dans le ms. d'Oxford de Roland, v. le gloss. dans le Commentaire de Bédier, et J. J. DUGGAN, A Concordance of the Chanson de Roland, 1969].
STAT. — Fréq. abs. littér. :190.
BBG. — DARM. Vie 1932, p. 167, 194. — DUCH. 1967, § 34. — GOUG. Mots t. 1 1962, p. 291. — RIVIÈRE (C.). Bruire. Vie Lang. 1970, pp. 145-149.

bruire [bʀɥiʀ] v. intr.
CONJUG. défectif; il bruit, ils bruissent; il bruissait; bruissant.
ÉTYM. 1100-1150, Voyage de Charlemagne; du lat. pop. brugere, croisement du lat. class. rugire « rugir » et du lat. pop. bragere « bramer ». → Braire.
1 Vx. Retentir.Faire du bruit, résonner. Bruisser.
1 L'usage a préféré (…) « faire du bruit » à « bruire » (…)
La Bruyère, les Caractères, XIV, 73.
2 Pareille à ces coups de tonnerre
Qui ne font que bruire et passer.
Racine, Poésies diverses, 9.
Fig. Résonner.
3 Puisse tout l'univers bruire de votre estime !
Corneille, l'Illusion comique, III, 9.
2 (1606). Littér. Produire un bruit, le plus souvent léger, formé de plusieurs sons indistincts. Chuchoter, frémir, murmurer. || Le vent bruit dans les arbres. || Les feuilles frissonnent et bruissent.
4 Les joncs sifflaient à ras de terre et les feuilles des hêtres bruissaient en un frisson rapide, tandis que les cimes, se balançant toujours continuaient leur grand murmure.
Flaubert, Mme Bovary, I, VII.
5 (…) les mouvements agiles de l'eau qui bruit et ruisselle.
Taine, Philosophie de l'art, t. II, p. 231.
6 À force d'écouter, ils entendent bruire leurs propres oreilles, battre leurs propres artères.
Loti, Ramuntcho, II, 9, p. 269.
7 Le souffle frais qui faisait bruire les feuillages de l'avenue sembla venir attaquer l'air vicié de la chambre (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. I, p. 59.
Bruire de… :
8 (…) l'unique platane bruissait de cris d'oiseaux (…)
F. Mauriac, l'Enfant chargé de chaînes, p. 78.
3 Littér. et vieilli. Se répandre (nouvelle, « bruit »); avoir un certain retentissement.
——————
bruissant, ante p. prés. adj.
Littér. || Un jardin bruissant d'oiseaux. || Une conque bruissante (→ Buccin, cit., Malraux). || J'avais la tête bruissante (Flaubert, in T. L. F.).
9 (…) les lames de la mer qui apportent et remportent les coquillages bruissants (…)
Lamartine, cité par Dochez, Dict.
CONTR. Taire (se).
DÉR. Bruissement, bruisser, bruit, bruyant.
HOM. Bruir; formes du v. bruisser.

Encyclopédie Universelle. 2012.