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bûcher

1. bûcher [ byʃe ] n. m.
• fin XIIIe buchier; de 1. bûche
1Local où l'on range le bois à brûler.
2 Amas de bois disposé pour la crémation. « des bûchers s'allument pour brûler les morts » (Artaud).
Amas de bois sur lequel on brûlait les condamnés au supplice du feu, les livres interdits. Jeanne d'Arc fut condamnée au bûcher.
bûcher 2. bûcher [ byʃe ] v. tr. <conjug. : 1>
XVIe; « frapper, heurter » XIIIe, et dial.; de 1. bûche
ITechn. Dégrossir (une pièce de bois) à coups de hache. Par anal. Bûcher une pierre, en enlever les saillies. II(1852) Fam. Étudier, travailler avec acharnement. « bûchant sa procédure » (Flaubert). Absolt Il a bûché ferme. 2. bosser, piocher; région. bloquer.

bûcher nom masculin (de bûche) Lieu où l'on empile le bois à brûler. Amas de bois sur lequel on incinère les morts. Amas de bois sur lequel on brûlait les condamnés au supplice du feu ; le supplice lui-même. ● bûcher (citations) nom masculin (de bûche) Albert Camus Mondovi, aujourd'hui Deraan, Algérie, 1913-Villeblevin, Yonne, 1960 L'homme est du bois dont on fait les bûchers. L'État de siège Gallimard Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Oh ! quel farouche bruit font dans le crépuscule Les chênes qu'on abat pour le bûcher d'Hercule ! Toute la lyre, À Théophile Gautier Commentaire Le début du second vers est le titre d'un ouvrage qu'André Malraux a consacré à ses derniers entretiens avec le général de Gaulle : Les Chênes qu'on abat. ● bûcher (homonymes) nom masculin (de bûche) bûcher verbebûcher verbe transitif (de bûche) Abattre les saillies d'une maçonnerie, les reliefs d'un bloc sculpté. Au Canada, abattre des arbres. Enlever du bois sur une pièce. Familier. Étudier avec énergie une discipline, une matière ; travailler sans relâche : Bûcher les mathématiques. Fouiller sur le fond à l'aide de la tête, en parlant des poissons. ● bûcher (homonymes) verbe transitif (de bûche) bûcher nom masculin

bûcher
n. m.
d1./d Lieu où l'on range le bois à brûler.
d2./d Amas de bois sur lequel les Anciens brûlaient les morts (ainsi que les fidèles de certaines religions le font auj.).
|| Amas de bois sur lequel on brûlait les condamnés au supplice du feu.
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bûcher
v.
rI./r v. tr.
d1./d TECH Dégrossir une pièce de bois.
Par anal. Bûcher une pierre, en enlever les saillies.
d2./d Fam. Travailler avec ardeur. Bûcher les mathématiques. Syn. (Afr. subsah., Belgique) bloquer.
|| (S. comp.) Il bûche.
rII./r v. intr. (Québec) Abattre des arbres, couper du bois avec une hache.

I.
⇒BÛCHER1, subst. masc.
A.— Rare. Amas de bois destiné à être brûlé dans une cheminée, dans une galerie de mine, etc. Des vases où fumaient des bûchers d'aloès / Pour embaumer la nuit la brise des palais (LAMARTINE, La Chute d'un ange, 1838, p. 977) :
1. ... le bûcher qui flambait clair et la cheminée, l'ample chancelière où plongeaient, accotés, les pieds de M. de La Hurmerie, trahissaient les goûts de bien-être, toute la douilletterie frileuse du personnage.
COURTELINE, Messieurs-les-Ronds-de-cuir, 1893, 1er tabl., 2, p. 32.
2. ... dans les mines profondes du Hartz, on employait (...) pour le travail régulier par le feu, des bûchers dressés le long de la paroi.
J.-N. HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Cours d'exploitation des mines, 1905, p. 303.
P. méton., usuel. Dépendance, réduit où l'on entrepose la provision de bois de chauffage. Aller chercher du bois au bûcher (Ac. 1835-1932) :
3. L'hiver au pauvre fut rigide,
Il en a compté les longs jours,
En mesurant son bûcher vide
Quand la neige tombait toujours.
MURGER, Les Nuits d'hiver, Printanière, 1861, p. 88.
Région., rare. Hangar-bûcher. Votre maison, avec votre écurie et votre grand hangar-bûcher (R. MARTIN DU GARD, Le Testament du Père Leleu, 1920, p. 1143).
B.— Amas de bois sur lequel sont brûlés des êtres ou des objets.
1. [Le bûcher a une signif. princ. relig., rituelle]
a) [Pour offrir un holocauste, dans certains rites anc.] ... sur ce bûcher, on offrit les bœufs en sacrifice. Ils furent consumés en holocauste à Jéhovah (RENAN, Drames philos., L'Eau de jouvence, 1881, p. 491).
P. compar. :
4. Que Paris s'effondrât, qu'il brûlât comme un immense bûcher d'holocauste, plutôt que d'être rendu à ses vices et à ses misères, à cette vieille société gâtée d'abominable injustice!
ZOLA, La Débâcle, 1892, p. 590.
b) [Pour incinérer les morts, chez les Anciens et dans certaines sociétés primitives] Dresser un bûcher (Ac. 1798-1932); bûcher funèbre. Le bûcher était haut d'un mètre environ; on disposa dessus le corps (MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 2, Le Bûcher, 1884, p. 1304) :
5. ... ces bûchers dont parle Lucrèce et que les Athéniens frappés par la maladie élevaient devant la mer. On y portait les morts durant la nuit, ...
CAMUS, La Peste, 1947, p. 1247.
2. [Le bûcher comme instrument de répression, de supplice, servant à brûler des pers. ou des obj. condamnés au feu, dans l'Antiquité, ou au temps de l'Inquisition] Le bûcher des martyrs, des hérétiques; monter sur le bûcher :
6. Quant à nous, les Chrétiens, nous irons nous agenouiller devant la croix que la pieuse victime baisait avec tant d'ardeur sur son bûcher, ...
COPPÉE, La Bonne souffrance, 1898, p. 151.
7. Nous usons comme de dons gratuits, de mille choses qui ont été payées par des vies humaines, de perles dont le pêcheur a vomi le sang, de livres échappés au bûcher...
VALÉRY, Littérature, 1930, p. 90.
P. métaph. :
8. Un esprit ne peut supporter un autre esprit, son égal, son semblable, qui ne pense pas comme lui. Ce travers, où il y a de l'estime, et même de l'amour trompé, a fait les bûchers d'autrefois, et les grands bûchers d'aujourd'hui, qui sont les guerres.
ALAIN, Propos, 1931, p. 993.
P. méton. Le supplice lui-même. Condamner au bûcher, être passible du bûcher. Vouer son assassin à l'estrapade, à la roue et au bûcher (FARRÈRE, L'Homme qui assassina, 1907, p. 280).
PRONONC. ET ORTH. :[]. FÉR. 1768 indique : ,,1re brève`` et propose en conséquence d'écrire bucher. ,,L'Acad. met l'accent quoique la syllabe soit brève. C'est une inattention``.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. Fin XIIe s. buscier « bosquet » (Naiss. du Chev. au Cygne, 1380 dans GDF. Compl.), attest. isolée; 2. 2e moitié XIIIe s. buchier « tas de bois » (Fabliaux, II, 149 dans T.-L.); av. 1630 « pile de bois sur laquelle on fait brûler les cadavres ou les condamnés au supplice du feu » (D'Aubigné d'apr. FEW t. 15, 2, p. 26b); av. 1650 « pile de bois où l'on faisait brûler les morts » (VAU[GELAS], Quin. 1. x. dans RICH.); 1674 (RAC., Iphig., V, 2 dans LITTRÉ); 3. [XIIIe s. dans FEW]. av. 1544 « lieu où l'on garde le bois à brûler » (DESPER., Contes, XXXI dans GDF. Compl.).
Dér. de bûche1 « morceau de bois »; suff. -er (-ier).
STAT. — Fréq. abs. littér. :626. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 956, b) 881; XXe s. : a) 1 173, b) 667.
II.
⇒BÛCHER2, verbe trans.
I.— TECHNOLOGIE
A.— Emploi abs. Abattre des arbres, couper des branches et les débiter en bûches :
1. Esdras et Légaré prirent leur hache et bûchèrent pendant trois jours; ...
HÉMON, Maria Chapdelaine, 1916, p. 112.
B.— P. ext., BÂT., CHARPENT. DE NAVIRE
1. Détruire une poutre qui doit être remplacée.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. du XIXe s. ainsi que dans Ac. 1932 et QUILLET 1965.
2. Dégrossir une pièce de menuiserie ou de charpente.
P. anal.
a) Dégrossir, tailler toute pièce de bois. ... il bûchait son fauteuil avec son canif pour faire croire qu'il travaillait (BALZAC, Les Employés, 1837, p. 279).
b) MAÇONN. Enlever les parties saillantes d'un bloc de pierre.
Rem. Attesté dans Lar. 19e, GUÉRIN 1892, Nouv. Lar. ill., ainsi que dans la plupart des dict. du XXe siècle.
II.— Au fig.
A.— [P. réf. à l'action de frapper] Pop., région. Battre, frapper quelqu'un. Synon. fam. rosser. ... le chasseur s'emporta, menaça de bûcher l'autre (POURRAT, Gaspard des Montagnes, Le Pavillon des amourettes, 1930, p. 231).
Emploi abs. :
2. FÉLIX. — Le général n'a qu'un défaut (...) il est jaloux. (...) Dès qu'il a un soupçon, il bûche. Et ça lui a fait tuer deux hommes, là, roide sur le coup...
BALZAC, La Marâtre, 1848, II, 1, p. 38.
Emploi pronom. réciproque. Se bûcher. Se battre. Synon. fam. se bagarrer :
3. Oh! mes enfants, ce qu'on s'est bûché là, ce qu'il y a eu de ventres ouverts et de cervelles écrabouillées, c'est à ne pas croire! ...
ZOLA, La Débâcle, 1892, p. 63.
B.— [P. réf. à l'idée d'effort]
1. Fam. [En parlant d'une activité intellectuelle en vue d'un examen, d'une production, etc.] Travailler d'une manière acharnée. Synon. pop. potasser. Bûcher ferme, dur. ... je vais à la bibliothèque Sainte-Geneviève bûcher mon droit et mon arithmétique (VERLAINE, Correspondance, t. 3, 1869-96, p. 270).
2. P. ext., emploi abs., fam. [En parlant de toute activité] Travailler avec ardeur, sans répit. Synon. pop. trimer. Bûcher comme un furieux, bûcher comme un ours. Tout l'atelier, maintenant, n'ayant plus de distraction bûchait ferme, tapait dur (ZOLA, L'Assommoir, 1877, p. 515).
Rem. La plupart des dict. gén. du XIXe s. et Lar. 20e, Lar. encyclop., QUILLET 1965 enregistrent le sens (en fauconn.) « mettre l'oiseau sur la perche ».
PRONONC. :[], (je) bûche [].
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1200-06 buskier « frapper (à la porte) » (R. DE CLARY, Constantinople, 78 dans T.-L.); 2. 1360-70 buscher « travailler le bois à la hache » (Baudoin de Sebourc, II, 67 dans LITTRÉ); 1835 spéc. (Ac. : Bûcher. Détruire une pièce qu'on veut remplacer par une meilleure); 1866 constr. (Lar. 19e : Bûcher une pierre, En abattre les saillies); 3. p. ext. 1856 fam. « travailler beaucoup » (FLAUBERT, Correspondance, p. 108).
Dér. de bûche1 « morceau de bois »; dés. -er; v. aussi buquer.
STAT. — Fréq. abs. littér. :40.
DÉR. Bûchement, subst. masc. a) Action de dégrossir une pièce de charpente (cf. bûché, ée, ex.). b) Action d'enlever les parties saillantes des pierres sur un mur. c) Action de mettre le bois en bûches. Seule transcr. dans LITTRÉ : bu-che-man. 1re attest. 1863 constr. (LITTRÉ); dér. de bûcher2, suff. -ment1.
BBG. — DUCH. 1967, § 8. — RICHTER (E). Etymologisches. Boche. Z. fr. Spr. Lit. 1919, t. 45, p. 129. — SAIN. Lang. par 1920, p. 367, 445.

1. bûcher [byʃe] n. m.
ÉTYM. Fin XIIIe, buchier; buscier « bosquet », fin XIIe; de 1. bûche.
1 Rare. Tas de bois. || Le bûcher brûle dans la cheminée.
Lieu où l'on range le bois à brûler. || Aller chercher du bois au bûcher.
0.1 Venait ensuite, s'ouvrant immédiatement sur la cour, où se trouvait l'écurie, une grande pièce délabrée qui avait un four, et qui servait maintenant de bûcher, de cellier, de garde-magasin, pleine de vieilles ferrailles, de tonneaux vides, d'instruments de culture hors de service, avec quantité d'autres choses poussiéreuses dont il était impossible de deviner l'usage.
Flaubert, Mme Bovary, I, V.
0.2 (…) il dormait (…) dans le bûcher où se trouvait sa couverture.
Francis Carco, l'Homme traqué, p. 122.
2 Amas de bois sur lequel on met les cadavres pour les brûler, les incinérer.
1 Romains, priverez-vous des honneurs du bûcher
Ce père, cet ami qui vous était si cher ?
Voltaire, la Mort de César, III, 8.
1.1 La peste établie dans une cité, les cadres réguliers s'effondrent, il n'y a plus de voirie, d'armée, de police, de municipalité; des bûchers s'allument pour brûler les morts, au hasard des bras disponibles.
A. Artaud, le Théâtre et son double, Le théâtre et la peste, Idées/Gallimard, p. 31.
3 Amas de bois sur lequel on brûlait les condamnés au supplice du feu, les livres interdits… ( Autodafé).Supplice consistant à être brûlé vif. || Condamner qqn au bûcher. || Le supplice du bûcher (→ Apâlir, cit.). || Dresser le bûcher. || Monter sur le bûcher. || Jeanne au bûcher, oratorio de Claudel et Honegger.
2 D'Iphigénie immolée
Je vois le bûcher fumant.
J.-B. L. Gresset, Ode, VI.
3 Ces exemples de piété consistaient à suspendre les patients à une haute potence dont on les faisait tomber à plusieurs reprises sur le bûcher.
Voltaire, Essai sur les mœurs, 125.
4 Vous n'avez eu que des bûchers et des injures pour réfuter mes raisonnements (…)
Rousseau, Lettre à M. de Beaumont, p. 497.
Par métaphore :
4.1 Pour que l'enfer se ferme et que le ciel se rouvre
Que faut-il ? Le bûcher. Cautériser l'enfer (…)
La terre incendiée éteindra l'enfer sombre.
L'enfer d'une heure annule un bûcher éternel
Le péché brûle avec le vil haillon charnel,
Et l'âme sort, splendide et pure, de la flamme.
Hugo, Torquemada, Prologue.
Figuré :
5 Elle avait dressé de ses propres mains le bûcher où elle devait consommer son sacrifice.
Fléchier, Oraison funèbre de Marie-Thérèse d'Autriche.
HOM. 2. Bûcher.
————————
2. bûcher [byʃe] v. tr.
ÉTYM. 1200, buskier; de 1. bûche.
———
I Vx, régional ou techn.
1 Vx. Frapper, heurter.Régional. Frapper, battre (qqn). Rosser.
V. pron. || Se bûcher : se battre.
1 (…) alors ils se sont éloignés en conscience. Quand on montait l'escalier, on les entendait se bûcher (…) et comme Adèle trouvait ça infect, ils se sont jeté la bouteille d'huile à la figure (…)
Zola, l'Assommoir, t. I, p. 237.
Absolt et intrans. Cogner, taper (Balzac, in T. L. F.).
2 (1360). Techn. Dégrossir (une pièce de bois) à coups de hache. || Bûcher une poutre, un rondin.
Bûcher une pierre, en enlever les saillies.
Absolt. || Les outils à bûcher (hache, herminette, etc.), par oppos. aux outils à planer (varlope, riflard, rabot, etc.) et aux outils à refendre (scies).
Intrans. Régional. Faire le travail du bûcheron.
———
II (1852). Fam. Travailler, étudier avec acharnement. || Bûcher son examen.Absolt. || Il bûche toute la journée (Académie). Bûcheur. || Bûcher comme un sourd.
2 (…) il le découvrit dans une pension bourgeoise de la rue Saint-Jacques, bûchant sa procédure, devant un feu de charbon de terre.
Flaubert, l'Éducation sentimentale, I, III.
3 Auguste n'avait pas eu d'enfance. Il bûchait sans fin ni trêve, tout le long du jour; le soir, il allait à l'école. Le dimanche, il s'occupait à la maison avec sa mère et Angèle, quand Angèle était là.
Louise Michel, la Misère, t. I, p. 13.
REM. Le mot, dans ce sens, tend à vieillir (→ plus cour. Bosser, gratter).
CONTR. Caresser, dorloter. — Paresser.
DÉR. Bûchage, 2. bûche, bûcheur.
HOM. 1. Bûcher.

Encyclopédie Universelle. 2012.