calembour [ kalɑ̃bur ] n. m. ♦ Jeu de mots fondé sur la différence de sens entre des mots qui se prononcent de manière identique ou approchée. ⇒ à-peu-près. Faire, dire des calembours. Un bon, un mauvais calembour. « Le calembour est la fiente de l'esprit qui vole » (Hugo).
● calembour nom masculin (de calembredaine et bourde) Jeu de mots fondé sur la différence de sens entre des mots qui se prononcent de la même manière (par exemple personne alitée et personnalité). ● calembour (citations) nom masculin (de calembredaine et bourde) Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Le calembour est la fiente de l'esprit qui vole. Les Misérables Henri Beyle, dit Stendhal Grenoble 1783-Paris 1842 Le calembour est incompatible avec l'assassinat. La Chartreuse de Parme ● calembour (difficultés) nom masculin (de calembredaine et bourde) Orthographe Attention, finale en r. Ne pas se laisser influencer par bourg.
calembour
n. m. Jeu de mots fondé sur une différence de sens entre des mots de prononciation similaire. "Et quand tu vois ce beau carrosse... Ne dis plus qu'il est amarante / Dis plutôt qu'il est de ma rente" est un calembour emprunté par Molière à l'abbé Cotin.
⇒CALEMBOUR, subst. masc.
Jeu d'esprit fondé soit sur des mots pris à double sens, soit sur une équivoque de mots, de phrases ou de membres de phrases se prononçant de manière identique ou approchée mais dont le sens est différent. Faire des calembours; parler par calembours; recueil de calembours :
• 1. L'art du faiseur de calembourgs ne consiste pas à jouer sur le double sens d'un mot, mais à forcer l'équivoque, soit par la décomposition d'un mot en plusieurs, soit par la réunion de plusieurs mots en un seul, sans plus respecter le bon sens que l'orthographe. Le calembourg joue plutôt sur le son que sur le sens. Peu lui importe de ne pas présenter une idée ingénieuse, pourvu qu'il détourne de l'idée raisonnable. (...) On peut pourtant faire des calembourgs avec de l'esprit, ou quoiqu'on ait de l'esprit : M. De Bièvre l'a prouvé; mais qu'en conclure, lorsque tant de sots y réussissent? Que le calembourg prouve quelque esprit dans une bête? Ne prouverait-il pas plutôt qu'il y a toujours un petit coin de bêtise dans un homme d'esprit?
JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 5, 1814, pp. 232-233.
— Péj. Mauvais jeu de mots. Le calembour est la fiente de l'esprit qui vole (HUGO, Les Misérables, t. 1, 1862, p. 171) :
• 2. Puis, viennent les rébus et les turlupinades,
Les quolibets, les pasquinades;
Le calembour, enfant gâté
Du mauvais goût et de l'oisiveté,
Qui va guettant, dans ses discours baroques,
De nos jargons nouveaux les termes équivoques.
J. DELILLE, La Conversation, 1812, p. 264.
— Spéc. Rime-calembour. Divertissement poétique consistant à terminer des vers par des rimes riches formant un calembour. Marionnettes / Les filles qu'on marie honnêtes (cf. LEMAITRE, Les Contemporains, 1885, p. 13). ... cette rime éblouissante, cette rime-calembour (THIBAUDET, Réflexions sur la litt., 1936, p. 235).
Rem. On rencontre ds la docum. a) Calembouresque, adj., néol. Qui contient un calembour (cf. J. RICHEPIN, Le Pavé, 1883, p. 201; ID., L'Aimé, 1893, p. 47). Attesté également ds Lar. encyclop. Suppl. 1968 et RHEIMS 1969. b) Calembourdiser, verbe trans., néol. Tourner en calembours. Ce farceur de Mistigris, qui retourne ou calembourdise tous les proverbes (BALZAC, La Rabouilleuse, 1842, p. 470).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1798-1932. Var. calembourg ds JOUY. (supra ex. 1). Pour cette var. Cf. aussi BESCH. 1845 qui la rejette : ,,Rien n'annonce dans ce mot le rappel à la pensée d'un bourg ou d'un village.`` Étymol. et Hist. 1768, 1er oct. calembour (Lettre de Diderot à S. Volland, III, 153 ds BRUNOT t. 6, 2, p. 1315); 1770 calembourg (John GRAND-CARTERET, Les Almanachs français, n° 423, cité ds PROSCHWITZ Beaumarchais, p. 72); 1775, 25 mars (Corr. litt. secr. [n° 14], ibid.). Soit dér. régr. de calembourdaine (EWFS2), calembredaine, soit directement formé d'un premier élément calem- (calembredaine) et de bourde, v. GUIR. Étymol., pp. 15-16. L'hyp. d'une composition tautologique caller + bourder (GUIR., loc. cit.) se heurte au fait que calem- peut difficilement se rattacher à ce verbe caller, v. calembredaine. Fréq. abs. littér. :261. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 373, b) 746; XXe s. : a) 254, b) 238.
DÉR. 1. Calembourdier, ière, subst. Celui, celle qui fait des calembours. Qui t'a rapporté ça? Un gausseur, un calembourdier (A. ARNOUX, Rhône, mon fleuve, 1944, p. 39). Attesté ds BESCH. 1845, Lar. 19e-Nouv. Lar. ill., Pt Lar. 1906, s.v. calembour. — Emploi adj. Cet être jouflu, calembourdier, rieur (BALZAC, Œuvres diverses, t. 3, 1850, p. 492). — 1res attest. 1776, mars, anthropon. (Corr. litt., phil. et crit. [XI, p. 213] ds PROSCHWITZ Beaumarchais, p. 74); 1782 id. (MERCIER, Tableau de Paris, III, pp. 63-64 [ch. CCXXII], ibid.); 1783, 24 sept. subst. (Corr. litt. secr., [n° 39], ibid. : les calembourdiers du Parterre); de calembour, suff. -ier, avec -d- d'apr. calembourdaine, bourde; v. calembredaine. 2. Calembouriste, subst. Faiseur de calembours. L'esprit du faux plaisant et du calembouriste (A. POMMIER, Quelques vers pour elle, 1877, p. 63). Attesté ds Ac. Compl. 1842, BESCH. 1845, Lar. 19e-20e, avec la mention pop., ROB., s.v. calembour, forme calembourdiste, QUILLET 1965. — Emploi adj. Restaurateur calembouriste (BALZAC, Œuvres diverses, t. 1, 1850, p. 155). — [] — 1re attest. 1783, 2 juin (BACHAUMONT [XXII, p. 363] ds PROSCHWITZ Beaumarchais, p. 75); de calembour, suff. -iste. À noter que dès 1777 (4 juill., Cour. de l'Europe [II, p. 74] ds PROSCHWITZ, loc. cit.) on trouve la forme calembourdiste, d'autre part que S. MERCIER, Néologie, 1801, enregistre la forme calembourgiste.
BBG. — ARV. 1963, pp. 124-134. — FEUGÈRE (F.). Diderot écrivain public. Déf. Lang. fr. 1970, n° 54, pp. 11-13. — GALL. 1955, p. 471, 472, 481, 502, 523. — GOHIN 1903, p. 244, s.v. calembourdier, p. 256. — KÖNIG 1939, pp. 45-46. — MIGL. 1968 [1927], p. 199. — SAIN. Sources t. 1 1972 [1925], p. 205. — TOURNEMILLE (J.). Au jardin des loc. fr. Vie Lang. 1965, pp. 407-409.
calembour [kalɑ̃buʀ] n. m.
ÉTYM. 1768; calambour, 1757; p.-ê. de l'élément calem- (→ Calembredaine), et bour(de) (→ Bourde); P. Guiraud y voit un composé tautologique formé de cale « coquille », et bourre « fétu; mensonge », avec un m expressif devant le b, ou une forme dialectale à rapprocher de calender « dire des balivernes » (Picardie) et calander « bavarder » (Lorraine).
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♦ Jeu de mots fondé soit sur une similitude de sons (homophonie) recouvrant une différence de sens (⇒ Équivoque), soit sur des mots pris à double sens. || Faire, dire des calembours. || Avoir la manie des calembours. || Un plat, un mauvais calembour. || Il adore les calembours, les contrepèteries et les jeux de mots. || Un calembour digne de l'almanach Vermot.
1 Le calembour est la fiente de l'esprit qui vole.
Hugo, les Misérables, I, III, 7.
2 Le calembour est la forme la plus basse du sentiment des sonorités verbales : voilà pourquoi il lui arrive de rapprocher les grands artistes et les grands imbéciles.
Gustave Lanson, l'Art de la prose, p. 32.
3 Dans le calembour, c'est bien la même phrase qui paraît présenter deux sens indépendants, mais ce n'est qu'une apparence, et il y a en réalité deux phrases différentes, composées de mots différents, qu'on affecte de confondre entre elles en profitant de ce qu'elles donnent le même son à l'oreille (…)
H. Bergson, le Rire, p. 92.
4 Les calembours naissent souvent de ce que le verbe prend avec chaque objet un sens différent : il savait l'art de toucher les cœurs et des bénéfices; il refaisait des vêtements et sa clientèle.
F. Brunot, la Pensée et la Langue, IX, II, XXIII, p. 357, note.
5 (…) il remplaçait communément, n'étant pas très spirituel, le trait par le calembour (…)
Gide, Si le grain ne meurt, p. 207.
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DÉR. Calembourdier ou calembouriste.
HOM. Calambour (V. Calambac).
Encyclopédie Universelle. 2012.