1. caler [ kale ] v. <conjug. : 1>
• 1165; lat. chalare « suspendre », puis « baisser (une voile) »; gr. khalan « détendre »
1 ♦ V. tr. Mar. Baisser, faire descendre. Caler un mât, une voile. — Absolt Caler bas; caler à mi-mât.
2 ♦ V. intr. S'enfoncer dans l'eau (navire). ⇒ calaison. Ce navire cale trop. Trans. Ce bateau cale six mètres, s'enfonce de six mètres dans l'eau.
3 ♦ Fig. et fam. Céder, reculer. Il a calé devant l'adversaire. ⇒ 3. caler.
caler 2. caler [ kale ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1676; de 2. cale
1 ♦ Mettre d'aplomb au moyen d'une cale. ⇒ fixer. Caler le pied d'une chaise bancale. Caler un meuble.
♢ Par ext. Rendre stable. ⇒ stabiliser. Caler sa tête sur un oreiller. ⇒ appuyer. Caler une pile de linge contre un mur. — Pronom. Il se cala dans le fauteuil. — Loc. fam. Se caler les joues, l'estomac : bien manger. — Je suis calé : j'ai l'estomac plein.
♢ absolt, Fam. Aliment qui cale, qui remplit l'estomac.
2 ♦ (1867) Mécan. Rendre fixe ou immobile (une pièce). ⇒ assujettir, fixer. Caler une clavette. Caler les balais d'une dynamo. Caler un allumage (⇒ 1. calage) .
♢ Radio, télév. Caler (une émission, un programme) : mettre au point, préparer dans les moindres détails.
caler 3. caler [ kale ] v. intr. <conjug. : 1>
• caller 1905; de 1. et 2. caler
1 ♦ S'arrêter, s'immobiliser. Moteur, voiture qui cale. Trans. Caler son moteur par une fausse manœuvre. Par ext. J'ai calé.
2 ♦ Fig. S'arrêter, être bloqué. C'est trop fort pour moi, je cale. — Fam. Ne plus pouvoir continuer à manger. Il a calé sur le cassoulet.
● caler verbe transitif (de cale, morceau de bois) Mettre d'aplomb ou de niveau par des cales : Caler une armoire. Immobiliser quelque chose en l'appuyant contre quelque chose : Caler un buffet contre le mur. Régler la commande de l'allumeur ou de la soupape pour qu'ils fonctionnent au moment où le piston occupe une position déterminée. Mettre en place la forme imprimante sur une presse. ● caler (expressions) verbe transitif (de cale, morceau de bois) Familier. Ça cale (l'estomac), ça le bourre. ● caler (homonymes) verbe transitif (de cale, morceau de bois) ● caler verbe transitif (ancien provençal calar, abaisser, du grec khalân, abaisser le mât) Arrêter brusquement un moteur, en lui demandant un effort trop grand. Faire descendre un mât le long du mât inférieur. Tendre une ligne ou des filets de pêche. ● caler verbe intransitif Pour un navire, présenter un certain tirant d'eau maximum. En parlant d'un moteur, s'arrêter brusquement. Familier. Céder, renoncer à ses prétentions devant une difficulté : Caler sur un problème. Familier. Ne plus pouvoir manger de quelque chose : Ne pas caler au moment du fromage. ● caler (homonymes) verbe transitif (ancien provençal calar, abaisser, du grec khalân, abaisser le mât) ● caler (homonymes) verbe intransitif ● caler (synonymes) verbe intransitif Familier. Céder, renoncer à ses prétentions devant une difficulté
Synonymes :
- reculer
- renoncer
Contraires :
- résister
- tenir
caler
v. intr.
d1./d S'enfoncer dans l'eau. Navire qui ne cale pas assez de l'arrière.
|| v. tr. Ce navire cale six mètres.
d2./d Fig. Reculer, céder. Il a calé devant la menace.
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caler
v.
rI./r v. tr.
d1./d Mettre (un objet) de niveau ou d'aplomb, ou l'immobiliser à l'aide d'une cale. Caler une table bancale avec un morceau de carton.
d2./d Immobiliser, rendre stable. Caler une pile de livres avec un dictionnaire.
|| v. Pron. (Personnes) Se caler dans un bon fauteuil: s'installer confortablement dans un fauteuil.
d3./d TECH Fixer, immobiliser (une pièce). Caler un volant sur un arbre à l'aide d'une clavette.
|| Par ext. Régler (un organe, un système, etc.) pour en obtenir le rendement optimal. Caler l'avance à l'allumage.
rII./r v. intr. S'arrêter brusquement (machines). Moteur qui cale.
|| v. tr. Caler le moteur d'une voiture en embrayant trop vite.
I.
⇒CALER1, verbe.
I.— Faire descendre dans l'eau.
A.— Emploi intrans., MAR. [Le suj. désigne un navire] Enfoncer dans l'eau. [Le navire], il calait sept pieds, et, chargé, quatorze (HUGO, Les Travailleurs de la mer, 1866, p. 102).
— Absol. Ce navire cale trop, ne cale pas assez (Ac. 1835-1932).
B.— Emploi trans., PÊCHE. Caler une ligne, un filet. L'enfoncer dans l'eau après l'avoir lesté(e).
II.— P. ext. Faire descendre, faire cesser le fonctionnement.
A.— MARINE
1. Emploi trans. Abaisser les basses vergues, les mâts de hune ou de perroquet le long du mât qui les porte. Caler une voile, une vergue, un mât (Ac. 1835-1932) :
• 1. Le frémissement des mers, là où ses vaisseaux [de Napoléon] caleront la voile, nous indiquera le lieu de sa disparition : ...
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 2, 1848, p. 654.
— Absol. Caler à mi-mât, caler tout bas (Ac. 1835-1932).
2. P. métaph. ou au fig., vieilli.
— Caler la voile. Se radoucir, rabattre de ses prétentions.
♦ Absol., usuel, [P. ell. du compl. d'obj.] fam. Céder, reculer :
• 2. Il [Petit] affectait d'en rire. Mais la misère plaquait ses joues, et ses tempes étroites dénotaient un entêtement de bélier, un intraitable orgueil. Jamais il ne calerait.
FLAUBERT, Bouvard et Pécuchet, t. 2, 1880, p. 40.
B.— P. anal.
1. Emploi trans., MÉCAN. Arrêter le fonctionnement d'un moteur par une fausse manœuvre :
• 3. ... rien n'empêche de démarrer en 2e, 3e ou 4e; on ne risque que deux choses : faire patiner l'embrayage afin de pouvoir « décoller » le véhicule (...), ou bien, tout simplement, de caler le moteur.
Ch. CHAPELAIN, Cours mod. de techn. automob., 1956, p. 80.
2. Emploi intrans. [Le suj. désigne un moteur] Cesser brusquement de fonctionner. Il y avait à cet endroit une côte fort raide, où le moteur calait souvent, ce qui provoquait immanquablement les jurons du chauffeur (AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, p. 368).
♦ Arg. des typographes. Fainéanter ou manquer d'ouvrage (d'apr. ESN. 1966). Si le compositeur n'est pas en train de jaser, il rêve. Sa plus grande jouissance est de caler, c'est-à-dire de ne rien faire (FRANCE 1907).
Rem. On rencontre ds la docum. a) Le part. prés. adj. calant. Qui cale. Des vis calantes (A. LEDIEU, E. CADIAT, Le Nouv. matériel naval, t. 1, 1890, p. 389). b) Le subst. masc. caleur. Garçon de café qui travaille en extra. Veut-on de l'Allemand? Voici le caleur, le garçon, Kellner (HUGO, Les Misérables, t. 2, 1862, p. 197).
Prononc. et Orth. :[kale], (je) cale [kal]. Ds Ac. 1694-1932. Homon. cal et cale. Étymol. et Hist. 1. Ca 1165 « laisser aller, baisser la voile d'une embarcation » (CHR. DE TROYES, G. d'Angleterre, 2324 ds T.-L.); d'où a) 1524, 24 févr. fig. « céder, reculer » (cité ds BRUNOT t. 3, p. 187, note 2), proscrit en ce sens par Malherbe (ibid.), considéré comme burlesque au XVIIe s. (ibid. et FEW t. 2, 1, s.v. calare, p. 58b), devenu pop.; b) 1808 arg. des typographes « faire le paresseux quand on a de l'ouvrage » (D'HAUTEL, Dict. du bas lang.); d'où 1928 le moteur cale (P. GORGEU, Machines-outils, p. 75); 2. ca 1288 mar. « s'enfoncer, couler » (JACQUEMARD GIELÉE, Renart le Nouvel, 3382 ds T.-L.); début XVIIe s. caller à fond « couler à fond (d'un bateau) » (AUBIGNÉ, Hist. Univ., IV, 8 ds HUG.). Empr. à l'a. prov. calar « abaisser » (1re moitié XIIIe s., Prise de Damiette ds K. STICHEL, Beiträge zur Lexikographie des altprovenzalischen Verbums, Marburg, 1890, p. 24; Pt LEVY), « tendre les filets » mar. (1430 ds PANSIER t. 5) du gr. « détendre, laisser aller » en partic. « abaisser le mât »; ce sens, non attesté en lat., est sans doute en a. prov. une survivance du gr. — L'hyp. d'un empr. à l'ital. calare « abaisser les voiles » (REW3, DG, BRUNOT t. 1, p. 287), XIIIe s. (DEI) ou à l'esp. calar « id. » (BRUNOT, loc. cit.), fin XIVe s. (COR.) est à écarter du point de vue chronologique.
II.
⇒CALER2, verbe trans.
A.— Mettre d'aplomb au moyen d'une cale. Caler un meuble :
• 1. En conséquence, Thomas Pollock Nageoire plante le paquet de dollars sur la table et l'affirme au moyen de la brique qui servait à caler celle-ci.
CLAUDEL, L'Échange, 2e version, 1954, I, p. 749.
B.— P. ext.
1. [Le compl. d'obj. désigne une chose] Immobiliser, fixer :
• 2. ... las enfin, Eucher tomba dans le sommeil, le front posé sur l'extrémité du filet qui gardait le cadavre : on aurait pris ce front jaunâtre et dépouillé pour une des pierres polies dont les pêcheurs se servent afin de caler leurs engins quand ils les sèchent au soleil; ...
MAURRAS, Le Chemin de Paradis, 1894, p. 133.
— JEUX. Caler une bille. Lancer une bille en la plaçant d'aplomb contre les doigts qui font ressort.
Rem. Attesté ds Lar. 19e, GUÉRIN 1892, ROB.
♦ Absolument :
• 3. Un petit sac de filet contenait les plus belles billes, (...); une autre, translucide, en cornaline, couleur d'écaille claire, dont je me servais pour caler.
GIDE, Si le grain ne meurt, 1924, p. 351.
2. [Le compl. d'obj. désigne une pers.] Immobiliser, installer dans une position confortable. Il me prêtera bien la main pour porter le pauvre monsieur sur le lit. En attendant nous allons le caler avec les oreillers (BERNANOS, Monsieur Ouine, 1943, p. 1541) :
• 4. ... le cantonnier avait pris le vieux pauvre par le bras et le calait tant bien que mal sur ses jambes flageolantes, ...
A. DAUDET, La Petite paroisse, 1895, p. 121.
— Emploi pronom. Se caler. Les jambes écartées, le coude appuyé sur le genou, il se cala bien en face d'elle (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 149) :
• 5. Alvear, qui venait de se caler dans le fauteuil le plus proche comme un vieux rapace puissant, sympathiquement crochu comme son fils, mais déplumé, leva les yeux sur Scali : ...
MALRAUX, L'Espoir, 1937, p. 699.
3. Pop. Se caler les joues. (Bien) manger. Il s'en fut au café, où il se cala les joues avec des croissants (ARAGON, Les Beaux-quartiers, 1936, p. 376).
— P. ell. :
• 6. ... ils seront condamnés « à bouffer de leur tambouille au lieu de se les caler avec des frites, parce que comme ça ils mettront un peu plus de goût à préparer la cuistance des poilus ».
DORGELÈS, Les Croix de bois, 1919, p. 77.
Rem. On rencontre en outre caler les joues, sans compl. indir. Ah! ça, c'est cuisiné! ça, ça calera les joues! (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 56).
Prononc. et Orth. :[kale], (je) cale [kal]. Ds Ac. 1762-1932. Homon. cal et cale. Étymol. et Hist. 1676 « mettre d'aplomb, de niveau à l'aide de cales » (A. FÉLIBIEN, Des Principes de l'archit., Paris, p. 508); d'où a) 1782 fig. calé part. passé adj. « qui est dans une bonne position, riche » (d'apr. ESN.); 1884 arg. des écoliers « savant, instruit » (ibid.); b) p. ext. 1825 « bien installé quelque part » (BRILLAT-SAVARIN, Physiol. du goût, p. 326); 1878 arg. se caler les joues « manger bien et beaucoup » (L. RIGAUD, Dict. du jargon parisien, p. 63); d'où 1896 se caler (G. DELESALLE, Dict. arg.-fr. et fr.-arg., p. 54); c) 1867 mécan. et ch. de fer caler les soupapes d'une machine à vapeur (Lar. 19e). Dér. de cale2 « ce que l'on place sous un objet pour lui donner de l'aplomb »; dés. -er; cette hyp. semble préférable à celle d'un empr. au néerl. [ou à l'all.] keilen « enfoncer comme un coin, ficher » (REW3, n° 4686a); l'hyp. de EWFS2 qui identifie caler « mettre d'aplomb » avec caler1, mar. (reposant sur la notion de « abaisser, faire descendre ») par le biais de sens tels que « faire descendre des tonneaux pour les mettre en place à l'aide de cales » (cale2 devenant alors un dér. régr. de caler2) fait difficulté des points de vue chronol. et sémantique.
STAT. — Caler1 et 2. Fréq. abs. littér. :110.
BBG. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 186.
1. caler [kale] v.
ÉTYM. V. 1165; anc. provençal calar « abaisser », du lat. c(h)alare, grec khalan « détendre, laisser aller ». → Déchaler.
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1 V. tr. Mar. Baisser, abaisser (un mât, une vergue). || Caler une vergue, une voile. || Caler un mât de hune. — Absolt. || Caler bas; caler à mi-mât.
♦ ☑ Loc. fam. (Vx). Caler la voile : se radoucir, rabattre de ses prétentions, de ses exigences. ⇒ Filer (doux).
2 (1524). Absolt (ou intrans.). Cour. Céder (devant qqn); renoncer. ⇒ Céder, reculer. || Il fut obligé de caler (Académie). || Il a calé devant l'adversaire, devant la difficulté. || Il a fini par caler (par céder; et aussi, par s'arrêter; → 2. Caler, 3.). — REM. On trouve chez G. Sand la var. caller.
1 Puis elle lui dit, sans caller aucunement : « Vous ne ferez point votre perte en écoutant votre mauvaise tête ».
G. Sand, François le Champi, IX, p. 80.
2 Ses tempes étroites dénotaient un entêtement de bélier, un intraitable orgueil. Jamais il ne calerait.
Flaubert, Bouvard et Pécuchet, in T. L. F.
♦ Fam. Ne plus pouvoir continuer (à manger, etc.). || Il a calé sur le cassoulet. || Ça suffit, je cale !
3 Caler une ligne de pêche, un filet, les enfoncer dans l'eau.
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II V. intr.
1 Mar. (En parlant d'un navire). S'enfoncer dans l'eau. ⇒ Calaison. || Ce navire cale trop de l'arrière. — (Avec un compl. interne). || Ce bateau cale six pieds.
2 Régional (Québec). S'enfoncer (le sujet désigne un être animé, le verbe a une valeur progressive).
3 Alexis, lui, n'avait écouté que son cœur. Il s'était précipité dans le remous au bord duquel avait calé Joson.
Et là, il se mit à tâtonner à travers les longues écorces qui tournaient comme des varechs, à lutter de désespoir contre les tourbillons de l'eau, à battre de ses bras fraternels, à l'aveuglette, vers des semblances vagues de forme humaine.
Félix-Antoine Savard, Menaud, Maître-Draveur, 1964, IV, in Littératures de langue franç. hors de France, p. 449.
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DÉR. 1. Calage, calaison, 1. cale. — Caleter. — 1. Caleur. — V. 2. Cale.
HOM. 2. Caler.
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2. caler [kale] v.
ÉTYM. 1676; de 3. cale.
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A Trans.
1 Mettre d'aplomb au moyen d'une cale. ⇒ Assujettir, étayer, fixer. || Caler le pied d'une chaise. || Caler un meuble bancal. || Caler la roue d'une automobile.
1 Calez-moi ça de chaque côté avec ces pierres que vous voyez-là !
G. Sand, la Mare au diable, VIII, p. 66.
1.1 Le jour où j'adoptai cette remise j'y trouvai un canot, la quille en l'air. Je le retournai, le calai avec des pierres et des morceaux de bois, enlevai les bancs et en fis mon lit.
S. Beckett, Nouvelles, p. 105.
♦ Rendre stable. ⇒ Stabiliser. || Caler le buste d'un malade dans un fauteuil. || Caler sa tête sur un oreiller. ⇒ Appuyer. || Caler une pile de linge contre un mur.
2 Il entra donc, pliant sous le poids des dossiers (…) dont il se hâta de caler, à la molesquine d'une chaise, la pile énorme et vacillante.
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, II, III.
3 Antoine (…) soutenait son père de ses deux bras, tandis que sœur Céline calait le buste avec des coussins (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 171.
♦ Se caler : s'installer dans une position confortable. ⇒ Carrer (se). || Il s'est bien calé dans son fauteuil.
♦ Remplir (en parlant d'un aliment). || Caler l'estomac. — Absolt. || Un aliment qui cale.
♦ ☑ (1878). Fig. et fam. Se caler les joues : bien manger.
3.1 La fille était belle. Je venais de me caler les joues. Les drinks se succédaient. J'avais les poches pleines. Les petits oiseaux mécaniques chantaient toujours. Le bar rutilait et, vraiment, j'avais par trop bourlingué à bord de ce sacré baleinier de malheur.
B. Cendrars, Moravagine, in Œ. compl., t. IV, p. 202.
♦ (1903). Ellipt. || Se les caler.
3.2 Hé ! père Viron, vite une chopotte, du saucisson, une côtelette de brie; ce que vous aurez, quoi ! — Briffe ! Cale-toi les !
J. Lorrain et D. Fabrice, Clair de lune, 1903, I, VI, in D. D. L., II, 2.
♦ Être calé : avoir l'estomac plein.
2 Caler une bille, la lancer en faisant ressort avec les doigts. — Absolument :
4 (…) une autre (bille), translucide, en cornaline, couleur d'écaille claire, dont je me servais pour caler.
Gide, Si le grain ne meurt, I, 1, p. 12.
3 (1867). Mécan. Rendre fixe ou immobile (une pièce). ⇒ Assujettir, fixer. || Caler une clavette. || Caler une valve. || Caler une frette à la presse, à chaud. || Caler les balais d'une dynamo.
♦ Caler le moteur, le faire s'arrêter par une fausse manœuvre. ⇒ Bloquer.
4.1 Une motocyclette conduite par un petit homme sec (…) m'avait doublé et s'était installée devant moi, au feu rouge. En stoppant, le petit homme avait calé son moteur et s'évertuait en vain à lui redonner souffle.
Camus, la Chute, 1956, p. 61.
♦ Absolt. Caler le moteur de son véhicule.
4.2 (Armande) prend le sens interdit (…) au ras d'un groupe de Noirs. Hurlement haineux. Si elle cale… Elle n'a pas calé.
Claude Courchay, La vie finira bien par commencer, 1972, p. 162.
4 Fig. Fixer dans le temps. || Caler les étapes d'un programme. || Caler plusieurs rendez-vous. — Spécialt. Radio, télév. || Caler (une émission, un programme) : mettre au point, préparer dans le détail.
B Intrans.
1 (Choses). S'immobiliser. || Le moteur, la voiture a calé.
2 (Personnes). Être bloqué, s'arrêter par suite d'une défaillance. || Le coureur, épuisé, a calé. || Il voulait manger tout le plat, mais il a calé avant de finir.
——————
calé, ée p. p. adj.
1 Muni d'une cale. || Roue calée. — Fixé, assujetti.
5 (…) il se sentait les mains creuses (…) il lui manquait quelque chose dans les mains, le poids d'une boule cloutée, bien calée dans sa paume (…)
Sartre, le Sursis, p. 158.
5.1 Rassis maintenant à l'arrière, les jambes allongées et le dos bien calé contre le sac rembourré d'herbe qui me servait de coussin, j'avalai mon calmant.
S. Beckett, Nouvelles, p. 112.
2 (1782). Fig. et fam. Vx. Bien établi, riche.
5.2 On n'a pas servi, pendant quarante ans, dans de bonnes maisons, sans faire quelques petites économies… Pas vrai ?… — Oui, mais combien ?… Alors, d'une voix basse, chuchotée : — Peut-être quinze mille francs… Peut-être plus… — Mazette !… Vous êtes calé, vous !
O. Mirbeau, le Journal d'une femme de chambre, 1900, p. 198.
3 (1819). Fam., mod. Savant, instruit. || Il est rudement calé en physique. ⇒ Fort.
5.3 Veux-tu mieux, sans déroger à ta dignité de jeune fille charmante, lis Plutarque, et quelque deux ou trois volumes de cette force, et tu seras calée pour toute ta vie.
Balzac, Correspondance, 1819, in D. D. L., II, 2.
6 (…) une foule de trucs inédits, et plus calés les uns que les autres, pour dépouiller le pauvre monde.
Léon Daudet, la Femme et l'Amour, IV, p. 94.
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DÉR. 2. Calage, 2. caleur.
COMP. Cale-pied, décaler.
Encyclopédie Universelle. 2012.