censurer [ sɑ̃syre ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1518; de censure
1 ♦ Vieilli Reprendre, critiquer les paroles, les actions de (qqn). ⇒ blâmer, critiquer. « Au lieu de me censurer comme elle aurait dû faire, elle rit beaucoup de mes sarcasmes » (Rousseau).
2 ♦ (1656) Relig. Condamner (une opinion, un texte).
3 ♦ Interdire (en totalité ou en partie) une publication, un spectacle. Censurer un journal, une pièce de théâtre. ⇒ caviarder. — P. p. adj. Scène censurée. Film censuré.
4 ♦ Dans certains corps constitués, Réprimander publiquement. ⇒ blâmer. Censurer un avocat.
⊗ CONTR. Approuver, flatter, 1. louer, vanter.
● censurer verbe transitif Littéraire. Critiquer vivement quelqu'un, ses actions, ses ouvrages, etc. : Censurer toute innovation. Interdire tout ou partie d'une communication destinée au public : Censurer un article de journal. Voter à la majorité une motion de censure contre le gouvernement. Refouler un désir, un affect. ● censurer (synonymes) verbe transitif Littéraire. Critiquer vivement quelqu'un, ses actions, ses ouvrages, etc.
Synonymes :
- désapprouver
- flétrir
- réprouver
Contraires :
- appuyer
- encenser
- exalter
- flatter
- louer
- prôner
- soutenir
- vanter
censurer
v. tr.
d1./d Interdire ou expurger, en parlant de la censure officielle. Certains passages de ce film ont été censurés.
d2./d Le Parlement a censuré le gouvernement, a voté une motion de censure.
d3./d RELIG CATHOL Infliger la peine de la censure à.
⇒CENSURER, verbe trans.
A.— Blâmer, critiquer sévèrement une personne, ses actions, ses ouvrages. On a fort censuré la conduite de qqn (Ac.). Ils [les courtisans] censurèrent hautement ses démarches, et décrièrent à l'envi ses mœurs et son caractère (Mme DE GENLIS, Les Chevaliers du cygne, t. 3, 1795, p. 11) :
• 1. C'est contre le scepticisme que Descartes invoque la véracité divine, et Reid, après avoir tant critiqué Descartes, en est réduit à faire comme lui. Ce n'était pas la peine de le censurer avec tant de hauteur.
COUSIN, Cours d'hist. de la philos. mod., t. 4, 1847, p. 516.
— En emploi abs. Le droit de censurer, de régenter, juger, condamner (P. BOURGET, Physiol. de l'amour mod., 1890, p. 34).
— Rare. Censurer qqn de qqc. Une amitié dévouée m'a de nouveau relancé sur le chapitre matrimonial et censuré de mes délais et de mes inquiétudes budgétaires (AMIEL, Journal intime, 1866, p. 92).
B.— Exercer une activité officielle de censure.
1. [En parlant de la censure officielle, l'obj. étant une publ., un spectacle ou leurs aut.] :
• 2. Les examinateurs dramatiques, (...) ne doivent pas même savoir quelle est la couleur littéraire de l'ouvrage qu'ils censurent. Hors de l'affaire ministérielle, ils n'ont rien à voir.
HUGO, Correspondance, 1830, p. 463.
— P. ext., absol. :
• 3. Imaginez un peintre de portraits à qui son modèle dirait : « Avant d'exposer au Salon mon portrait, je veux que vous me le soumettiez. » Le peintre envoie, le modèle censure. Il caviarde un œil, une oreille...
BARRÈS, Mes cahiers, t. 2, 1914-18, p. 216.
— Pop. Ménager quelqu'un par la censure de l'information. Censurer le bon cœur de qqn. ,,C'est empêcher que la vérité ne perce jusqu'à son trop bon cœur`` (ESN. 1966); cf. aussi D. POULOT, Le Sublime, 1872, p. 210.
2. Prononcer un jugement en vertu du droit de censure.
a) [En parlant de l'autorité ecclésiastique] Blâmer, condamner une personne, ses doctrines ou sa conduite. Les parties furent mises dos à dos avec défense de se censurer mutuellement (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 262). Les provinciales sont censurées, mises à l'index à Rome, brûlées à Paris (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 148) :
• 4. ... ancien professeur [l'abbé Corneille] d'exégèse dans un grand séminaire, et récemment censuré par Rome, pour son esprit moderniste. Il avait accepté le blâme, sans se soumettre au fond, ...
R. ROLLAND, Jean-Christophe, Dans la maison, 1909, p. 964.
b) [Dans certains corps constitués ou assemblées parlementaires] Prononcer un blâme public, une sanction disciplinaire contre un de ses membres :
• 5. Tout instituteur privé pourra, sur la plainte de l'inspecteur d'académie, être traduit pour faute grave dans l'exercice de ses fonctions, pour inconduite ou immoralité, devant le conseil départemental et être censuré ou privé de l'exercice de sa profession, soit dans la commune où il exerce, soit dans le département, selon la gravité de la faute commise.
Encyclop. pratique de l'éduc. en France, 1960, p. 70.
— Spéc. Censurer le gouvernement. Adopter contre lui une motion de censure. Le [pouvoir] délibératif (...) selon la nature du bicaméralisme adopté (égalitaire ou inégalitaire) peut, ou non, censurer le gouvernement (G. BELORGEY, Le Gouvernement et l'admin. de la France, 1967, p. 19).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) 1518 « soumettre à une réprimande publique de l'Église » (Faicts et Gestes des Saincts Peres, trad. de Platine, 128 v° d'apr. Delboulle ds QUEM.); b) 1656 relig. « condamner (une doctrine) » (PASCAL, Provinciales, 13 ds DG) d'où 1677 censuré « condamné, soumis à un contrôle » (G. MIÈGE, A new dictionary french and english, with another english and french, Londres); 2. 1585 « blâmer, critiquer » (N. DU FAIL, Contes d'Eutrapel, Œuvres Facétieuses, éd. J. Assézat, Paris, 1874, t. 1, p. 206); 3. 1835 « condamner publiquement au blâme un membre d'un corps constitué ou d'une assemblée » (Ac.). Dér. de censure; dés. -er. Fréq. abs. littér. :107.
DÉR. Censurable, adj. Qui peut être censuré, qui mérite censure. Proposition censurable, conduite, action censurable (Ac. 1835-1932). — []. Ds Ac. 1718-1932. — 1re attest. 1656 (PASCAL, Provinciales, III, p. 217-218 ds IGLF); de censurer, suff. -able.
censurer [sɑ̃syʀe] v. tr.
ÉTYM. 1518; de censure.
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1 Vieilli. Reprendre, critiquer (les paroles, les actions des autres). ⇒ Blâmer, critiquer. || Censurer la conduite de qqn. || Censurer les actions d'autrui (cit. 3). Rare. || Censurer qqn de qqch., le critiquer à propos de qqch.
1 Socrate un jour faisant bâtir,
Chacun censurait son ouvrage.
L'un trouvait les dedans, pour ne lui point mentir,
Indignes d'un tel personnage;
L'autre blâmait la face, et tous étaient d'avis
Que les appartements en étaient trop petits.
La Fontaine, Fables, IV, 17.
2 (…) La sévérité de ces femmes de bien
Censure toute chose, et ne pardonne à rien (…)
Molière, Tartuffe, I, 1.
3 Je montrai ce barbouillage à Mme de Merveilleux, qui, au lieu de me censurer comme elle aurait dû faire, rit beaucoup de mes sarcasmes (…)
Rousseau, les Confessions, IV, p. 218.
2 (1656, relig.) Mod. Interdire la publication intégrale de (un livre, un périodique), ou une représentation théâtrale ou cinématographique, une émission de radio, de télévision (le sujet désigne l'autorité administrative chargée de la censure). || Censurer un journal, une pièce de théâtre. (⇒ Caviarder, taillader). — Par ext. Exercer un contrôle sur (un écrit, une œuvre soumise au public). || Les autorités ont prétendu censurer son discours. || Le journal ne prendra votre article qu'en censurant, que si vous censurez ce passage. — Pron. || Il a refusé de se censurer (→ Autocensure).
♦ (Le sujet désigne l'autorité ecclésiastique). Condamner une personne, une doctrine. ⇒ Défendre, interdire. || Censurer un livre, une proposition.
3 (1835). Dans certains corps constitués, Réprimander publiquement. ⇒ Blâmer. || Censurer un avocat, un député. || La Cour a censuré deux de ses membres (Académie).
♦ Censurer le gouvernement : voter une motion de censure (⇒ Censure, 4.).
♦ Psychan. Refouler par la censure (5.).
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censuré, ée p. p. adj.
♦ Vx. || Conduite sévèrement censurée. Mod. || Journal, pièce, film, émission censuré(e), interdit(e) ou modifié(e), coupé(e) par la censure. || Censuré : mot remplaçant, dans certains cas, le passage supprimé par la censure.
♦ Par ext. || Auteurs censurés.
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CONTR. Aduler, approuver, encenser, exalter, flatter, louanger, louer, préconiser, prôner, vanter.
DÉR. Censurable.
COMP. Autocensurer.
Encyclopédie Universelle. 2012.