cesse [ sɛs ] n. f.
• 1155; de cesser
1 ♦ (Sans art. et en loc. négatives) Il n'a ni repos ni cesse. Sans cesse ni repos. Sans fin ni cesse. — Péj. Ça n'a pas (ou plus) de cesse : ça n'arrête pas. N'avoir (point) de cesse que : ne pas s'arrêter avant que. Il n'aura pas de cesse qu'il n'obtienne, qu'il n'ait obtenu ce qu'il veut.
2 ♦ SANS CESSE : sans discontinuer, sans arrêt (plutôt péj.). ⇒ continuellement, toujours. Il me tourmente sans cesse. « Après avoir souffert, il faut souffrir encore; il faut aimer sans cesse, après avoir aimé » (Musset).
● cesse nom féminin N'avoir (pas, point) de cesse que, ne pas prendre de repos, ne pas arrêter avant que. Sans cesse, sans discontinuer ; sans arrêt : Il pleut sans cesse. ● cesse (difficultés) nom féminin Sens N'avoir de cesse ou n'avoir pas (point) de cesse signifie « ne pas trouver de repos » (d'où n'avoir de cesse que = ne pas s'arrêter avant que). Construction N'avoir de cesse de (+ infinitif), n'avoir de cesse que (+ subjonctif). Les deux constructions sont correctes. La proposition au subjonctif se construit avec ne explétif (→ ne) : il n'aura de cesse de clamer son innocence ; il n'aura de cesse qu'il n'obtienne satisfaction. Remarque On trouve également avec que : n'avoir de cesse que de (moins courant). ● cesse (expressions) nom féminin N'avoir (pas, point) de cesse que, ne pas prendre de repos, ne pas arrêter avant que. Sans cesse, sans discontinuer ; sans arrêt : Il pleut sans cesse. ● cesse (synonymes) nom féminin Sans cesse
Synonymes :
- arrêt
- relâche
- repos
cesse
n. f. (En loc. nég. seulement.)
d2./d Sans cesse: continuellement.
⇒CESSE, subst. fém.
S'emploie sans art. Fait de cesser; répit, arrêt. Nous n'avons pas une minute de cesse (A. ARNOUX, Calendrier de Flore, 1946, p. 130) :
• 1. À force vint l'aube, puis, dix heures du matin qui était notre heure de cesse, et on s'arrêta pour aller dormir.
GIONO, Un de Baumugnes, 1929, p. 46.
♦ N'avoir (pas ou point) de cesse que + subj. + (ne). Ne pas avoir de repos avant que. Il n'eut point de cesse qu'il ne l'eût institué (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 2, 1842, p. 327) :
• 2. Hé bien! Nous n'avons de cesse que nous puissions expérimenter si la fière jeune fille au bord de la mer, si la vendeuse à cheval sur le qu'en-dira-t-on, si la distraite marchande de fruits ne sont pas susceptibles, à la suite de manèges adroits de notre part, de laisser fléchir leur attitude rectiligne, ...
PROUST, La Prisonnière, 1922, p. 142.
• 3. Mais l'État voyait cela d'un mauvais œil et ne connut de cesse qu'il n'eût tiré d'où? un affreux bonhomme...
VERLAINE, Souvenirs et fantaisies, 1896, p. 255.
— Loc. adv. Sans cesse. Sans arrêt, sans discontinuer :
• 4. ... voilà donc les sangsues de l'État, qui le couvrent de leur égide, dévorant sans cesse la substance des peuples : ...
MARAT, Les Pamphlets, Dénonciation contre Necker, 1790, p. 98.
♦ Rare, vieilli. Avec intercalation d'un déterminant :
• 5. ... ce saint-sacrement dont (...) il [M. de Saci] disait que la source de la vie était là, qu'il y fallait tendre et s'y préparer sans aucune cesse comme à l'unique bien!
SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 2, 1842, p. 349.
Prononc. et Orth. :[]. Pour ROUSS.-LACL. 1927, p. 121, la voyelle est ,,moyenne``. Cependant ,,Certaines personnes disent plutôt [...] cesse avec un è ouvert`` (ibid., p. 122). Ds Ac. 1694-1798. Étymol. et Hist. 1155 « fin » ne prendre cesse (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 12007); ca 1199 n'avoir ni fin ni cesse (AMBROISE, Guerre sainte, 6222 ds T.-L.); ca 1450 sans [nulle] cesse « sans arrêt » (Myst. du Viel Testament, éd. J. de Rothschild, t. 1, p. 14). Déverbal de cesser. Fréq. abs. littér. :7 150. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 12 368, b) 7 136; XXe s. : a) 9 082, b) 10 559.
cesse [sɛs] n. f.
ÉTYM. 1155; de cesser.
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1 Le fait de cesser. ⇒ Cessation. (S'emploie sans article et seulement dans quelques locutions). ☑ Il n'a ni repos ni cesse. ☑ Sans cesse ni repos.
1 Ô cruauté du sort qui n'a jamais de cesse.
H. de Racan, les Bergeries…, II, 2, « Lisimandre ».
2 Point de cesse, point de relâche.
La Fontaine, Fables, V, 6.
♦ ☑ N'avoir point, n'avoir pas de cesse que… : ne pas cesser, ne pas interrompre ses efforts avant que…, jusqu'à ce que…
3 L'esprit (…) n'a point de cesse
Qu'il n'ait mis le fil sous la presse,
Tâché de l'aplatir à grands coups de marteau.
La Fontaine, Contes, IV, 14.
3.1 Tu n'as pas écrit à Sainte-Croix. Quand j'étais à Bicêtre, tu semblais ne pas avoir de cesse que tu n'aies mon manuscrit. On semblait vouloir le publier, malgré moi.
Germain Nouveau, Lettre à sa sœur, 22 févr. 1892, Pl., p. 896.
2 ☑ (Fin XVe). Sans cesse; (vx) sans fin ni cesse : sans discontinuer. ⇒ Continuellement, moment (à tout moment), toujours. || Il ne tarit point sur ce sujet, il en parle sans cesse.
4 Peut-on haïr sans cesse ? et punit-on toujours ?
Racine, Andromaque, I, 4.
5 Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage :
Polissez-le sans cesse et le repolissez (…)
Boileau, l'Art poétique, 1.
6 (…) Et je veux raconter et répéter sans cesse
Qu'après avoir juré de vivre sans maîtresse,
J'ai fait serment de vivre et de mourir d'amour.
A. de Musset, la Nuit d'août.
7 Après avoir souffert, il faut souffrir encore;
Il faut aimer sans cesse, après avoir aimé.
A. de Musset, la Nuit d'août.
8 J'ai dit à mon cœur, à mon faible cœur :
N'est-ce point assez d'aimer sa maîtresse ?
Et ne vois-tu pas que changer sans cesse,
C'est perdre en désirs le temps du bonheur ?
A. de Musset, Premières Poésies, « Chanson ».
3 (En emploi positif). Vx ou régional. || Avoir cesse : cesser. || Faire cesse : s'arrêter, s'interrompre — || « Dix heures du matin, qui était notre heure de cesse » (Giono, Un de Baumugnes).
Encyclopédie Universelle. 2012.