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cet

1. ce [ sə ] ( cet devant voyelle ou h muet au masc.) , cette [ sɛt ], ces [ se ] adj. dém.
cest, ceste 842; lat. pop. ecce istum, de iste « celui-ci »
Devant un nom, pour montrer (cf. Déictique) la chose ou la personne désignée dans la réalité, dans la pensée ou par ce qu'on vient de dire (cf. Anaphore). Regardez cet arbre. Cette femme vécut au XVI e siècle. Ces remarques sont justes. Spécialt Ce jour, ce soir, cet après-midi : le jour, etc., où l'on est, aujourd'hui. — (Avec une détermination, en concurrence avec le, un). 1. le, un. « Dans ce moment où les autres meurent, il commence à vivre » (La Bruyère)(cf. Au moment). Fam. Dans une exclamation marquant la surprise, l'indignation. quel. Il veut que je vienne, cette idée ! Renforcé par les particules adverbiales -ci et -là, après le nom. Ce livre-ci. Cet homme-là. Ce jour-là. Ces jours-ci. ⊗ HOM. Se; sept, set; 1. C, ses (1. son).

cet
adj. dém. m. Sing. V. ce.
————————
ce, cet (devant une voyelle, un h muet)
adj. dém. m. Sing., cette f. Sing., ces m. pl. et f. pl.
rI./r Forme simple.
d1./d Indique une personne ou une chose que l'on montre ou que l'on a déjà citée. Cette montagne. Ce conseil est excellent.
d2./d Avec une expression de temps, désigne un moment rapproché. Ce matin, il a plu. Cette année, j'irai souvent chez vous.
|| Un de ces jours: un jour prochain.
d3./d Dans une phrase exclamative, implique une valeur emphatique ou péjorative. Ah! ce coucher de soleil! Ce nigaud!
rII./r En construction avec les adv. -ci et -là, marque respectivement la proximité et l'éloignement, ou insiste sur le signe démonstratif. Je préfère ce livre-ci à celui-là. Ce visage-là m'est inconnu.

⇒CE2, CET, CETTE, CES, adj. dém.
[Ce devant un subst. (ou un pron.) masc. sing. commençant par une consonne ou un h aspiré, cet devant un subst. masc. commençant par une voyelle ou un h muet, cette devant un subst. fém. sing., ces devant un subst. plur.] Sert à désigner, montrer un être, un objet, une idée que le locuteur a présente sous les yeux ou dans sa pensée, la désignation pouvant dans le premier cas être accompagnée éventuellement d'un geste d'indication :
1. Cet avion a sa place exacte dans ce hangar, comme dans cinq minutes dans ce ciel.
SAINT-EXUPÉRY, Courrier Sud, 1928, p. 5.
A.— [Pour présenter qqn, qqc., une idée, une action]
1. Présence spatiale
a) Présence réelle (pour indiquer le lieu où l'on est). Cet homme à demi couché sur la banquette, en face de moi, là (SARTRE, La Nausée, 1938, p. 161) :
2. CHRISTOPHE COLOMB I. — J'ai épousé la volonté de Dieu.
LE MAJORDOME. — Et où donc est le gage de ces saintes épousailles?
CHRISTOPHE COLOMB I, montrant son anneau à son doigt. — Cet anneau qu'une colombe m'a apporté.
CLAUDEL, Le Livre de Christophe Colomb, 1929, 1re part., p. 1154.
Rem. Pop., prononc. défectueuse : c'te. Cette. — Qué qui faisaient dans c'té cahute? (MAUPASSANT, Une Vie, 1883, p. 197).
[Pour indiquer avec plus de force la proximité d'un être, d'un obj. dans l'espace p. rapp. au locuteur] Ce ...-ci. Ce ... que voici :
3. Josille ramena la conversation sur les tables anciennes. Mes souvenirs réveillaient les siens.
— C'est comme cette table-ci, monsieur... Jolie certainement, de bon bois, du châtaignier long veiné.
PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1932, p. 11.
[Pour indiquer avec plus de force l'éloignement d'un être, d'un obj. dans l'espace p. rapp. au locuteur] Ce ...-là. Ce ... que voilà. Sur les indications du petit prince, j'ai dessiné cette planète-là (SAINT-EXUPÉRY, Le Petit prince, 1943, p. 426).
[En corrélation, pour distinguer simplement deux êtres, deux obj., deux faits, sans idée de proximité ou d'éloignement]
Ce ...-ci, ce ...-là :
4. Les Hollandais, oh non, ils sont beaucoup moins modernes! Ils ont le temps, regardez-les. Que font-ils? Eh bien, ces messieurs-ci vivent du travail de ces dames-là.
CAMUS, La Chute, 1956, p. 1477.
(Celui-ci) ..., cet autre. Synon. celui-là :
5. ANTOINE, trépignant, passe la main sur son front. — D'où viennent-ils? Pourquoi! À cause? ... Ils passent... Je n'ai pas le temps... Quel est celui-ci? ... Cet autre?
LE DIABLE. — Celui que tu vois là, c'est Attis de Phrygie, ...
FLAUBERT, La Tentation de st Antoine, 1849, III, p. 471.
Vx. Ce + adj. poss. Ce mien cousin :
6. LE PAPE. — Il n'est rien que ces miens frères ne puissent ni ne doivent entendre de vous en ce moment.
MONTHERLANT, Malatesta, 1946, II, 4, p. 468.
b) Présence fictive
Ce ...-ci. L'être, l'objet dont on parle, dont il est question :
7. « Hélas! disait tout bas Candide à Martin, j'ai bien peur que cet homme-ci [Milton] n'ait un souverain mépris pour nos poètes allemands! »
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 332.
8. Moi, le roi, me contredire, c'est contredire Dieu. Mais me contredire en cette affaire-ci, c'est le contredire deux fois.
MONTHERLANT, La Reine morte, 1942, I, 1er tabl., 3, p. 146.
Ce ...-là. L'être, l'objet, l'idée que le locuteur veut présenter avec plus de force :
9. AUGUSTE. — Je ne pouvais plus croire que vous étiez cette femme-là.
ISABELLE. — Quelle femme?
AUGUSTE. — Celle que je dis! celle que je dis... cette femme-là.
ACHARD, Voulez-vous jouer avec moâ?, 1924, II, 2, p. 133.
10. César fait le tour du bar, dans un grand silence, et sort de nouveau.
M. BRUN. — Cet homme- va certainement mourir de chagrin.
PAGNOL, Fanny, 1932, I, 1er tabl., 2, p. 13.
2. Présence temporelle
a) [Dans l'espace de temps actuellement vécu par le locuteur et précisé par le subst.] Ce matin, cet après-midi, ce soir, cette année; en ce moment; à compter de ce jour :
11. « Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m'échappe et fuit;
Je dis à cette nuit : Sois plus lente; et l'aurore
Va dissiper la nuit.
LAMARTINE, Méditations, Le Lac de B, 1820, p. 137.
12. Avant que cette année finisse, bon Alfred, je veux lui dérober un moment pour vous, et de force ou de gré je vous écrirai enfin aujourd'hui.
HUGO, Correspondance, 1824, p. 396.
Arch. [Dans le style épistolaire] Ce dimanche, ce 15 août :
13. À Mme Necker.
Ce samedi soir fin 1776 — début 1778.
Ma chère maman, ...
Mme DE STAËL, Lettres de jeunesse, 1778, p. 6.
[Dans la lang. de la correspondance comm.] Ce jour.
[Dans la lang. parlée] Ce ...-ci. Ces jours-ci, ce mois-ci, à cette heure-ci :
14. La marche reprise, M. Baslèvre commença pour dire quelque chose :
— Beaucoup de grippes, ces temps-ci?
— Pas outre mesure.
ESTAUNIÉ, L'Ascension de M. Baslèvre, 1919, p. 23.
b) [Pour indiquer un temps rapproché du temps présent]
[Dans le passé : passé récent, voire immédiat]
Ce, cet, cette, ces. Ces derniers temps, cette semaine, ce matin, ces jours derniers. Tu es sorti cet après-midi? (GIRAUDOUX, Judith, 1931, I, 1, p. 17); — Une jeune fille est morte cette nuit, à la clinique... (SIMENON, Les Vacances de Maigret, 1948, p. 23).
Ce ...-ci. Ces temps-ci, ce mois-ci. Ces jours-ci ont paru dans les journaux des photographies de Paris (GREEN, Journal, 1940, p. 15).
[Dans l'avenir : futur proche, futur immédiat]
Ce, cet, cette, ces. Cet après-midi, ce soir, cette nuit, cette semaine, ces vacances, cette année. « Que ferai-je cet hiver? » se demanda-t-elle (DANIEL-ROPS, Mort, où est ta victoire?, 1934, p. 40).
Ce ...-ci. Ces jours-ci. Il faudra voir les choses à leur place dans l'ensemble du volume que je recevrai ces jours-ci (DU BOS, Journal, 1924, p. 10).
Loc. fam.
♦ [Passé ou futur proche] Ce midi. Nous l'[Gertrude] attendons pour ce midi (GIDE, La Symphonie pastorale, 1919, p. 925). Ce tantôt. Si vous aviez été là ce tantôt (MONTHERLANT, Les Célibataires, 1934, p. 739).
Rem. Ces 2 loc. sont contestées par les puristes.
♦ [Futur proche]
Un de ces jours. Un des jours à venir :
15. Il est très probable qu'un de ces jours j'adhérerai officiellement au parti. Je serai un bon militant parce que j'en aurai décidé ainsi.
VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 175.
Un de ces matins :
16. Trarieux se leva brusquement et il foudroya Henri du regard : « Un de ces matins, l'Espoir fera faillite. Ça sera la récompense de votre entêtement! »
S. DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, p. 460.
Un de ces quatre matins (pop.).
c) [Pour indiquer le passé révolu]
[Dans le style hist., pour évoquer comme présent un fait passé] :
17. Gardons-nous d'ailleurs de faire du jeune poète revenu à Paris un monstre d'insensibilité : En cette année 1663, il se montre fort affecté par la mort de sa grand'mère, Marie Desmoulins.
MAURIAC, La Vie de Jean Racine, 1928, p. 52.
[Pour indiquer avec netteté un temps éloigné] Ce ...-là. En ce temps-là, à ce moment-là, ce jour-là, ce soir-là :
18. De l'état d'âme qui, cette lointaine année-, n'avait été pour moi qu'une longue torture, rien ne subsistait.
PROUST, Le Temps retrouvé, 1922, p. 695.
Rem. La lang. littér. omet souvent la particule renforçative -là. À ce moment, à cet instant, ce soir, cette année.
B.— [Dans la conversation ou dans le récit, pour évoquer qqn, qqc., un fait déjà connu ou à faire connaître avec plus de précision]
1. [P. réf. au passé proche ou éloigné]
a) [Pour rappeler qqn, qqc., un fait déjà nommé, mentionné ou suggéré dans le discours] Toutes les voitures, cette nuit, allaient à quatre-vingts à l'heure (MALRAUX, L'Espoir, 1937, p. 443) :
19. En cet an de grâce 1922, où j'étouffais les vipères, nous étions, Frédie et moi, confiés à la garde de notre grand'mère.
H. BAZIN, Vipère au poing, 1948, p. 21.
[En partic. une chose évoquée par un mot antécédent] :
20. Verdun : ces deux syllabes que l'histoire avait déjà marquées sonnent aujourd'hui comme les notes cuivrées d'un clairon. En France, nul ne les entend sans frissonner d'orgueil.
BORDEAUX, Les Derniers jours du fort de Vaux, 1916, p. 1.
21. Jacques sanglotait. M. Thibault vit dans ces larmes une preuve de ses remords, de ses bonnes résolutions; ...
R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, Le Pénitencier, 1922, p. 760.
b) [Pour évoquer un être, une chose présents à l'esprit de tous] :
22. Les Espagnols n'étaient pas moins impatiens de battre ce César, cet ami des Gaulois, qui croyait avoir déjà soumis l'Espagne en un hiver.
MICHELET, Hist. romaine, t. 2, 1857, p. 277.
23. — Cette palombe dont vous parlez, mademoiselle, c'est cet oiseau que nous avons mangé aujourd'hui à la crapaudine?
MÉRIMÉE, Colomba, 1840, p. 40.
Souvent. [Dans le style de la conversation, dans une prop. interr. ell., pour s'informer de qqc. dont on a déjà parlé et qu'il suffit de désigner p. allus.] Eh bien?... Cet appartement (MEILHAC, HALÉVY, La Boule, 1875, II, 8, p. 61).
♦ [Notamment pour s'informer de l'état de santé de qqn] :
24. ... [il] (...) lui tendit la main cordialement et lui dit avec un bon sourire : — Cette santé? ...
A. FRANCE, L'Anneau d'améthyste, 1899, p. 270.
Ce ...-là. [Pour donner plus de relief à l'être, à l'obj., à l'action ou l'idée qu'on rappelle] :
25. ... il y a seulement six mois que le notaire a commencé de se fâcher. Et quand il se fâche, cet homme-! Tu ne le connais pas : une encolure de taureau, positivement.
G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Notaire du Havre, 1933, p. 47.
c) Avec valeur emphatique. [Pour renvoyer à qqn, qqc., un fait, une idée déjà connue par l'histoire, la légende, etc.] :
26. Nous sommes comme ces jeunes Perses, dont parle Hérodote et qui, jusqu'à l'âge de vingt ans, n'apprenaient que trois sciences : monter à cheval, tirer à l'arc et ne pas mentir.
MAUROIS, Les Silences du colonel Bramble, 1918, p. 14.
2. [P. réf. à l'avenir]
a) [Pour annoncer qqn, qqc., un fait dont il n'a pas encore été question et qu'on va développer, une explication qui va suivre] :
27. Je me pose ces questions : Qu'est-ce que j'aime? Qu'est-ce que je suis? Qu'est-ce que je veux?
J'y répondrai avec sincérité, car je veux avant tout m'éclairer moi-même.
RENARD, Journal, 1897, p. 377.
[Pour attirer l'attention sur le mot qui va être déterminé, sur ce qui va être expliqué, énoncé] Ce ...-ci. Ce ... que voici :
28. Ce paysage-ci par exemple, que cite Sainte-Beuve : « Sept heures du soir. Le ciel est bleu pâle, d'un bleu presque vert, comme si une émeraude y était fondue; ... »
DU BOS, Journal, 1921, p. 8.
b) Avec valeur souvent emphatique. [Dans la lang. écrite, en concurrence avec l'art. déf., pour présenter avec plus de force un fait, une idée, des paroles qui vont être développées]
[Par un inf.] :
29. Sa physionomie étoit douce et gaie, ses yeux vifs et spirituels; son visage, son sourire, sa maniere d'être, annonçoient cette paix de l'ame, cette habitude d'être heureux par soi qui se communique aux autres.
FLORIAN, Fables, De la fable, 1792, p. 5.
[Par une prop. rel., ou complétive, ou consécutive] À ce point que, en ce sens que, cet avantage que, avec cette différence que; il faut lui rendre cette justice que. Une de ces filles des champs qui sont comme des fleurs simples, avec du bleuet dans l'œil (GIONO, Regain, 1930, p. 11) :
30. Tends-nous aujourd'hui' comme jou'e
Cette rose où l'aube se joue.
MALLARMÉ, Vers de circonstance, Dédicaces, autographes, divers, 1898, p. 166.
31. ... on nous rendra au moins cette justice que si chaotique, impénétrable et rébarbatif que soit notre Manifeste il n'esquive pas la véritable question; ...
A. ARTAUD, Le Théâtre et son double, 1939, p. 138.
C.— Valeurs affectives
1. Fam. [Dans une exclam. souvent ell., pour marquer l'étonnement, l'admiration, etc.]
[Étonnement, indignation] Synon. quel! :
32. LE PRINCE PAUL, avec colère. — Fritz! ... Encore! ... Ah! Cet homme! Cet homme! ...
MEILHAC, HALÉVY, La Grande-duchesse de Gérolstein, 1867, II, 3, p. 239.
[Mépris] Cette vieille bête de don Christoval (MONTHERLANT, La Reine morte, 1942, I, 1er tabl., 3, p. 143).
[Admiration, emphase] :
33. Ah! Cet Ulianow! Mon père dit toujours : « C'est notre Bismarck. » Il en a le génie au service de cette universelle destruction du capitalisme que nous rêvons.
P. BOURGET, Nos actes nous suivent, 1926, p. 100.
[Respect, politesse, en s'adressant à plusieurs à la 3e pers. du plur.] Ces messieurs, ces dames, ces messieurs-dames :
34. LA BONNE. — Madame a dit, si ces messieurs veulent bien attendre, parce que le cabinet de toilette n'est pas en état.
T. BERNARD, Monsieur Codomat, 1907, I, 4, p. 143.
[Tendresse, pitié] Regardez-moi cette mine de paille mâchée! (DRUON, Les Grandes familles, t. 1, 1948, p. 12).
2. Ce ...-là
[Avec une nuance d'admiration ou de sympathie] :
35. Monsieur de Restaud a beaucoup de talent, il est instruit... Je ne doute pas qu'il ne devienne un homme très-remarquable. Ce garçon- trouvera tout autant de fortune qu'il en voudra, le jour où il sera parvenu au pouvoir.
BALZAC, Gobseck, 1830, p. 382.
[Avec une nuance péj.] « Comment s'appelle-t-il, cet ostrogoth-là! me demanda Albertine » (PROUST, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, p. 880).
Prononc. et Orth. :[s()], fém. [], plur. []. Le timbre du est, en principe, celui d'une voyelle centrale (ni d'avant, ni d'arrière, ni ouverte, ni fermée); en réalité, il s'agit souvent, avec des différences selon les personnes et les contextes d'une voyelle antérieure arrondie moyenne ouverte ou moyenne fermée. Cette voyelle ne se confond pas pour autant avec les voyelles [ø] et [œ], lesquelles ne sont pas sujettes à élision. À noter toutefois que dans une prononc. [] pour déjeûner [] se substitue, en tant que voyelle élidable, à [ø]. Devant voyelle ou h initial non aspiré (ce hêtre, mais cet honneur) le masc. a la forme [] cet. Le plur. ces hésite, quant à la voyelle, entre [] et [e] ([e] est admis par LITTRÉ, PASSY 1914 (var.), Pt ROB., WARN. 1968 (var.), Lar. Lang. fr.). ,,L'[] ou l'[e] non accentué s'amuït parfois dans la prononciation rapide et négligée; c'est en particulier le cas pour les monosyllabes (...) cet, cette (...) : cet homme [], cette année [stane]`` (NYROP Phonét. 1951, p. 71). Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. ADJ. A. Sert à indiquer la proximité (p. oppos. à cil v. celui, qui indique l'éloignement) 1. valeur dém. a) désigne ce dont on parle : la proximité est — soit locale 842 cist cas régime second, masc. sing., forme isolée, renforce un adj. poss. (Serments de Strasbourg ds HENRY Chrestomathie 1, 4); début XIIIe s. ce vostre (Aymeri de Narbonne, 243 ds T.-L.), encore au XVIIIe s. : Voltaire cité par LITTRÉ, v. aussi GUÉRIN 1892; proximité indiquée par un nom de lieu 2e moitié Xe s. cest cas régime masc. sing. (Passion, éd. D'A. S. Avalle, 310); ca 1130 cest désigne celui qui parle (Gormont et Isembard, éd. A. Bayot, 654), encore employé dans la lang. class. 1643 (CORNEILLE, Polyeucte, 169); — soit d'intérêt 1re moitié Xe s. cest le lecteur est concerné par les paroles de l'auteur (Jonas, 31 ds Altfranzösisches Übungsbuch, éd. W. Foerster et E. Koschwitz, p. 58); ca 1100 ceste cas sujet fém. sing., en rapport avec l'auteur du récit, réflexion de l'auteur (Roland, éd. J. Bédier, 3489); 1165-74 ceste cas régime fém. sing. concerne l'œuvre elle-même (WACE, Chron. ascendante, éd. H. Andresen, 17); — soit temporelle 842 ist cas régime masc. sing. (Serments de Strasbourg, loc. cit., 1, 2); 1re moitié Xe s. cist cas régime masc. plur., forme isolée (Jonas, 30, loc. cit., p. 54); d'où les loc. en cest di 2e moitié Xe s. (Passion, 299); un de ces jors cas régime masc. plur. 1re moitié XIIIe s. (Aucassin et Nicolette, éd. M. Roques, 2, 32); indique une situation, des circonstances présentes 1re moitié Xe s. ceste (Jonas, 22, loc. cit., p. 57); b) désigne ce dont on a parlé 2e moitié Xe s. ces (Passion, 349); c) annonce ce dont on va parler ca 1170 cest (Livre des Rois, éd. E. Curtius, IV, XXII, 15); 2. employé avec cil peut indiquer l'opposition proximité/éloignement ca 1040 cesta cas régime fém. sing. (Alexis, éd. Chr. Storey, 612); 3. employé avec les particules : a) ci indique la proximité 1165-70 cist ... ci cas suj. masc. sing. (CHR. DE TROYES, Erec et Enide, éd. M. Roques, 5334), v. aussi cil-ci, celui-ci; b) la indique l'éloignement 1260-1311 ce ... la (Auberon, éd. J. Subrenat, 450); XIVe s. cest ... la indique une insistance (FROISS., Chr., XI, 32 ds MATHEWS, Cist and cil, Baltimore, 1907, p. 24), la forme démonstrative résidant dans la particule. B. Peut être déterminé 1. par une relative 1re moitié Xe s. cest (Jonas, 32, loc. cit., p. 58); 2. par de + subst. 2e moitié XIIe s. ces (Dialogue Gregoire, éd. W. Foerster, p. 56, 22); 3. par un adj. 1249 (J. SARRAZIN, Lettre à Nicolas Arrode, XIX, éd. L. Foulet, p. 9, ligne 12); 4. quand il est évident, le déterminant peut être omis 1268-69 (RUTEBEUF, Disputaison du croisé et du décroisé, 123-124, éd. E. Faral et J. Bastin, p. 474). C. 1. Ca 1100 peut prendre la valeur de l'article défini cez cas régime masc. et fém. plur. (Roland, 2632); 2. 1670 peut remplacer l'article pour insister davantage (MOLIÈRE, Bourgeois gentilhomme, II, 4); 3. 1672 sert à marquer l'ironie, le mépris (ID., Femmes savantes, II, 8, 631); 4. 1867 indique la surprise avec le sens « quel » (MEILHAC, HALÉVY, supra ex. 32). PRON. A. Valeur démonstrative 1. indique la proximité spatiale, temporelle ou d'intérêt a) ce dont on parle ca 1040 cestui cas régime masc. sing. « celui-ci » (Alexis, 504), v. aussi HUG., répertorié par les dict., jusqu'à Lar. 20e, qui indiquent que son emploi est limité au style marotique; ca 1160 cest pron. dém. neutre (Eneas, éd. J. Salverda de Grave, 6721); b) ce dont on a parlé ca 1100 cist cas sujet masc. plur. (Roland, 1100); c) ce dont on va parler début XIIe s. cez (Lois G. le Conquérant, éd. J. E. Matzke, ligne 1); d) employé avec cil peut indiquer une opposition proximité/éloignement ca 1170 cil ... cist (Livre des rois, II, XVIII, 26-27); 2. valeur indéfinie 1160-74 cist ... cist (WACE, Rou, éd. H. Andresen, 801); 3. employé avec les particules a) ca 1220 cestui-ci (Huon de Bordeaux ds BARTSCH Chrestomathie 37, 342); b) XVe s. cestuy la cas sujet masc. sing. (Chansons du XVe s., éd. G. Paris, XCIX, 24), ces particules, le plus souvent employées avec cestui et ceste (MATHEWS, op. cit., pp. 22-25) forment des pron. composés répertoriés par les dict. jusqu'à Lar. 19e, mais qui ne sont plus utilisés que dans le style burlesque (Trév. Suppl. 1752). B. Emploi anaphorique 1. ca 1100 chest + rel. (ALBERIC DE PISANÇON, Alexandre ds BARTSCH Chrestomathie, 7, 24); 2. ca 1130 cist de (Gormont et Isembard, éd. A. Bayot, 78). Au système du lat. class. comprenant trois démonstratifs hic (désignant l'objet présent ou celui qui concerne le locuteur), iste (l'objet intéressant l'allocuteur), ille (l'objet éloigné) auquel s'ajoutaient is pron. anaphorique ou de renvoi, idem pron. d'identité, ipse pron. adversatif, se trouve substitué vers le VIe s. un système simplifié (iste, ipse, ille), dû à la disparition de is (en raison de sa brièveté) que remplace hic auquel se substitue à son tour iste (JUVÉNAL, 4, 67 : iste dies « ce jour [aujourd'hui] »), seul le neutre hoc subsistant, v. ce, pron. neutre; ipse qui perd sa valeur de pron. adversatif sert alors de dém. anaphorique en concurrence avec iste et ille (VÄÄN., p. 128). L'a. fr., peut-être sous l'infl. du frq. (WARTB. Évol., p. 66), ne retient de ce système que deux dém. marquant l'opposition entre rapprochement (à la fois du locuteur et de l'allocuteur) : cest (< ecc(e) istum) et éloignement (ce qui concerne la personne non présente, la 3e pers.) : cel (< ecc(e) illum, v. celui). À côté de cist (cas suj. sing. masc. cist < eccísti; cas régime sing. masc. et neutre cest < eccístum; cas suj. et cas régime fém. ceste < eccísta; cas régime second masc. cestui < eccistúi; cas régime second fém. cesti < ), on relève la forme ist (non appuyée sur écce) et la forme icist qui semble provenir de l'adv. i < hic p. ext. anal. à partir de l'adv. ici < híc ecce (G. MOIGNET, Gramm. de l'a. fr., Paris, Klincksieck, 1973, p. 43). Les formes fléchies de cist sont susceptibles d'être employées comme adj. et pron.; leur spécialisation à l'emploi adj. semble postérieure au XVIe s. L'évolution qui mène au système moderne de l'adj. dém. (sing. masc. ce/cet, fém. cette; plur. ces) est complexe. D'apr. A. DEES, Étude sur l'évolution des dém. en a. et m. fr., Groningue, 1971, le point de départ est la rencontre des deux adj. ces, issu de cez (cas régime masc. sing. de cist) et ces issu de cels (cas régime masc. plur. de cil) qui introduit un nouveau type d'adj. dém. ne reposant pas sur la distinction proximité/éloignement, et qui s'étend p. anal. au fém. (d'où le système des adj. dém. : — masc. sing. cas suj. cist/cil, cas régime cest/cel; plur. cas suj. cist/cil, cas régime ces, — fém. sing. cas suj., cas régime ceste/cele; plur. cas suj. cas régime ces). L'apparition fin XIIe s.-début XIIIe s. en position préconsonantique d'une forme analogique ce entraîne dans la 1re moitié du XIVe s. la disparition des adj. cest et cel dans cette même position. À la suite de la substitution des formes du cas régime à celles du cas suj. à partir du dernier quart du XIIIe s., cist et cil disparaissent. Enfin, entre le milieu du XIVe s. et la fin du XVe s., étant donné la fréquence des formes indifférenciées ces et ce, le fr. renonce à la distinction entre adj. exprimant la proximité et adj. exprimant l'éloignement et abandonne de ce fait les adj. cel et cele, aboutissant au système mod. À partir de cette date, l'emploi des adv. -ci et -là devient plus courant pour exprimer les notions de proximité et d'éloignement que ne pouvaient plus par eux-mêmes exprimer les adj. Pour l'évolution de cist pron. et l'aboutissement au système mod. des pron. dém. v. celui.
STAT. — Ce (mot grammatical). Fréq. abs. littér. : 306 914. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 343 323, b) 425 878; XXe s. : a) 487 629, b) 490 873. Ce (adj.). Fréq. abs. littér. : 514 143. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 718 506, b) 706 957; XXe s. : a) 730 048, b) 755 650. Cet. Fréq. abs. littér. :53 499. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 91 200, b) 71 708; XXe s. : a) 67 153, b) 70 894. Cette. Fréq. abs. littér. :230 997. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 349 403, b) 306 260; XXe s. : a) 320 782, b) 327 239. Ces. Fréq. abs. littér. :171 479. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 293 844, b) 229 320; XXe s. : a) 227 830, b) 218 642.
BBG. — BAARSLAG (A. F.). Le suj. neutre il, ce, cela. R. des Lang. vivantes. 1964, t. 30, pp. 3-14. — COHEN 1946, pp. 53-54. — DEES (A.). Ét. sur l'évolution des dém. en a. fr. et en m. fr. Groningen, 1971, 164 p. — GOUGENHEIM (G.). Les Pron. dém. celui et ce aux points de vue syntaxique et fonctionnel. B. Soc. Ling. 1965, t. 60, pp. 88-96. — GOUG. Mots t. 2 1966, p. 110. — GUIRAUD (P.). L'Assiette du n. ds la Chanson de Roland. Romania. 1967, t. 88, pp. 59-83. — MELANDER (J.). Le Tour fr. cet homme je le connais. St. neophilol. 1943/44, t. 16, pp. 195-200. — PISCOLLA (V.). L'Evoluzione del dimostrativo neutro ce dalle origini della lingua. Campobasso, 1965, pp. 7-29. — PRICE (G.). Quel est le rôle de l'oppos. cist/cil en a. fr.? Romania. 1968, t. 89, pp. 240-253; La Transformation du syst. fr. des dém. Z. rom. Philol. 1969, t. 85, pp. 489-505. — YVON (H.). Cil et cist, art. dém. Romania. 1951, t. 72, pp. 145-181.

C. E. T. [seøte] n. m.
ÉTYM. D. i.; sigle.
Collège d'enseignement technique. || « Installé dans un vieux bâtiment du XIe arrondissement, (ce) C. e. t. est unique en France » (l'Express, 12 févr. 1973).

Encyclopédie Universelle. 2012.