convaincre [ kɔ̃vɛ̃kr ] v. tr. <conjug. : 42>
• XIIe; lat. convincere → conviction
1 ♦ Amener (qqn) à reconnaître la vérité d'une proposition ou d'un fait. ⇒ persuader. Convaincre un sceptique, un incrédule. Se laisser convaincre. « moi, qui ai tant parlé, avec le désir insatiable de convaincre » (Valéry). Convaincre qqn de qqch. Il a convaincu son auditoire de la gravité de la situation. Convaincre qqn de (et inf.),l'amener à considérer comme nécessaire de. Nous l'avons convaincu de rester, qu'il devait rester. — Pronom. Se persuader. « parlant pour se convaincre soi-même autant que son fils » (F. Mauriac) .
2 ♦ Convaincre (qqn) de : donner des preuves de (sa faute, sa culpabilité); amener (qqn) à reconnaître qu'il est coupable (⇒ confondre) . Convaincre qqn d'imposture, de trahison. Il a été convaincu de mensonge.
⊗ HOM. Convaincs :convins (convenir).
● convaincre verbe transitif (latin convincere, d'après vaincre) Amener quelqu'un, par des raisons ou des preuves, à reconnaître quelque chose comme vrai ou nécessaire : Je l'ai convaincu de renoncer à son projet. Obliger quelqu'un à reconnaître ses torts, son erreur, apporter les preuves de sa culpabilité : Convaincre quelqu'un de mensonge. ● convaincre (citations) verbe transitif (latin convincere, d'après vaincre) Paul Claudel Villeneuve-sur-Fère, Aisne, 1868-Paris 1955 Il y a des gens qui ne sont point persuasifs mais contagieux. Journal Gallimard Sidonie Gabrielle Colette Saint-Sauveur-en-Puisaye, Yonne, 1873-Paris 1954 Qu'il s'agisse d'une bête ou d'un enfant, convaincre, c'est affaiblir. Le Pur et l'impur Calmann-Lévy Blaise Pascal Clermont, aujourd'hui Clermont-Ferrand, 1623-Paris 1662 L'art de persuader consiste autant en celui d'agréer qu'en celui de convaincre. De l'esprit géométrique ● convaincre (difficultés) verbe transitif (latin convincere, d'après vaincre) Conjugaison Attention à l'alternance -c -/-qu- et au -cs final à la première personne de l'indicatif présent : je convaincs, il convainc, mais nous convainquons. → convaincant ● convaincre (homonymes) verbe transitif (latin convincere, d'après vaincre) ● convaincre (synonymes) verbe transitif (latin convincere, d'après vaincre) Amener quelqu'un, par des raisons ou des preuves, à reconnaître...
Synonymes :
Obliger quelqu'un à reconnaître ses torts, son erreur, apporter les...
Synonymes :
- prouver
convaincre
v. tr.
d1./d Amener par des raisons, des preuves, à reconnaître la vérité d'un fait, d'une proposition; persuader. Il m'a convaincu de la réalité du danger. Il faut le convaincre d'agir sans tarder.
d2./d Convaincre qqn (d'une faute), donner des preuves certaines (de sa culpabilité). Convaincre qqn de trahison.
⇒CONVAINCRE, verbe trans.
A.— PROCÉDURE JUR. (ou situations analogues). Convaincre qqn de + inf. passé ou subst. le plus souvent indéterminé. Administrer à quelqu'un la preuve irréfutable de son crime, de son délit. Convaincre qqn d'avoir volé; convaincre qqn de trahison, de vol, d'adultère :
• 1. Il ne s'agit pas ici de plaider pour les coupables, mais de rappeler seulement que ces hommes, ces femmes sont des accusés, des prévenus, qu'aucun tribunal ne les a encore convaincus du délit ou du crime dont on les charge.
MAURIAC, Le Bâillon dénoué, 1945, p. 398.
B.— P. ext. Amener quelqu'un, par des preuves ou par un raisonnement irréfutable, à admettre quelque chose comme vrai ou comme nécessaire. Dans convaincre, disait Péguy, il y a vaincre, et dans la conduite de persuasion le goût de terrasser peut devenir plus puissant que la joie de communiquer (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 663).
1. Convaincre qqn. Convaincre les sceptiques. On peut convaincre les autres par ses propres raisons; mais on ne les persuade que par les leurs (JOUBERT, Pensées, t. 1, 1824, p. 242) :
• 2. Près de moi, je la sens enfantine encore, et toute l'habileté de mon discours, je ne la dois qu'à mon désir constant de l'instruire, de la convaincre, de la séduire.
GIDE, Les Faux-monnayeurs, 1925, p. 986.
a) Convaincre qqn de + inf. prés. ou subst. déterminé. Vous essayez de me convaincre de rester à Paris en inventant des mensonges (COCTEAU, Par. terr., 1938, III, 5, p. 287) :
• 3. L'avocat défenseur, extrêmement jeune et des plus sympathiques, plaidait pour la première fois. Il était parvenu à me convaincre de l'innocence de son client, de sorte que la condamnation à cinq ans de prison sans sursis m'a proprement bouleversé.
GIDE, Journal, 1930, p. 1017.
b) Convaincre qqn que. Plus je considère le P. de Condren, plus je suis convaincu que je n'étais pas capable d'écrire sa vie (BREMOND, Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 289). Aucun raisonnement ne saurait me convaincre que l'addition d'unités sordides puisse donner un total exquis (GIDE, Faux-monn., 1925, p. 1196).
2. Emploi pronom. à sens passif
a) Se convaincre. Ce n'est pas le tout de se dire « je suis malheureux ». Il faut encore se le prouver, se convaincre sans appel (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 312).
b) Se convaincre de :
• 4. Pour se convaincre de son erreur, il repassa lentement sa main sur l'oreiller. C'était bien une barbe, cette fois, et un homme! un homme couché avec sa femme!
FLAUBERT, Trois contes, La Légende de St Julien l'Hospitalier, 1877, p. 119.
c) Se convaincre que :
• 5. Un instant la raison austère parla en lui plus fort que l'amour, et il se convainquit par de beaux raisonnements appuyés de preuves que sa maîtresse ne l'aimait pas.
MURGER, Scènes de la vie de Bohème, 1851, p. 159.
3. Absol. Emporter l'adhésion intellectuelle d'un ou plusieurs interlocuteurs réels ou hypothétiques :
• 6. Ni l'engueulade, ni le commandement n'étaient son fort. Bon intellectuel, il ne voulait pas seulement expliquer, mais encore convaincre; il avait le dégoût physique du pugilat...
MALRAUX, L'Espoir, 1937, p. 682.
Rem. Convaincre/persuader. Convaincre qqn, lui apporter des preuves en soi irréfutables; persuader qqn, l'amener à adhérer à un énoncé par une décision personnelle.
Prononc. et Orth. :[], (je) convaincs []. Cf. vaincre. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1174 « amener quelqu'un à reconnaître qu'il est coupable de quelque chose » (GUERNES DE PONT-SAINTE-MAXENCE, La vie de Saint Thomas Becket, éd. E. Walberg, Paris, 1936, 3833); b) 1541 « dénoncer (une faute, un crime, un défaut) » (CALVIN, Institution de la religion chrétienne, 93 ds LITTRÉ); 2. 1657 « amener quelqu'un à reconnaître quelque chose comme vrai » (PASCAL, Opuscules, De l'art de persuader ds Œuvres complètes, éd. L. Lafuma, p. 356); 1633 part. prés. adj. « qui est propre à convaincre » (CORNEILLE, La Suivante, Ref. I, 325 ds IGLF); 1677 part. passé adj. (RACINE, Phèdre, I, 5); 1823 part. passé adj. « qui marque la conviction (de quelque chose) » (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, p. 875). Empr. au lat. class. convincere « prouver la culpabilité de; dénoncer (une faute, une erreur), démontrer, prouver que ». Fréq. abs. littér. :1 610. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 2 058, b) 1 405; XXe s. : a) 2 141, b) 3 050.
convaincre [kɔ̃vɛ̃kʀ] v. tr. [CONJUG. vaincre.]
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1 Amener (qqn) à reconnaître la vérité, la nécessité d'une proposition ou d'un fait. ⇒ Persuader (cit. 1 et 3). || Convaincre un sceptique, un incrédule. || Se laisser convaincre. || Parvenir, réussir à convaincre qqn. || Convaincre qqn par de bonnes raisons. — Absolt. (→ ci-dessous, cit. 4, 5 et 6). || L'art (cit. 3) de convaincre. ⇒ Rhétorique, sophistique. || Convaincre par des arguments affectifs. ⇒ Persuader, toucher. || Chercher à convaincre. ⇒ Prêcher. — Convaincre qqn de qqch., l'amener à reconnaître (qqch.) comme vrai. || Il a convaincu son auditoire de la gravité de la situation, de la valeur de son projet. || Cela m'a convaincu du contraire. — Au passif. || Je suis convaincu de sa sincérité. || J'en suis absolument convaincu. — Convaincre qqn que…, l'amener à reconnaître comme vrai que… (→ ci-dessous, cit. 3 et 7). || Il est convaincu que vous réussirez, il en est convaincu. — (Le compl. désigne une faculté humaine). || Convaincre l'esprit, l'entendement, la raison (de qqn).
1 (…) cela n'est pas capable ni de convaincre mon esprit, ni d'ébranler mon âme.
Molière, Dom Juan, V, 2.
2 (…) un de ces Chrétiens qui croient sans preuves n'aura peut-être pas de quoi convaincre un infidèle (…)
Pascal, Pensées, IV, 287.
3 Il est aisé de convaincre un enfant que ce qu'on lui veut enseigner est utile : mais ce n'est rien de le convaincre, si l'on ne sait le persuader. En vain la tranquille raison nous fait approuver ou blâmer; il n'y a que la passion qui nous fasse agir (…)
Rousseau, Émile, III.
4 Je ne tardais pas à sentir que j'avais tort de vouloir convaincre par le raisonnement dans un genre où il ne faut que persuader par le sentiment.
5 — Qu'à cela ne tienne, répondit Germain, qui mourait d'envie de se laisser convaincre.
G. Sand, la Mare au diable, VI, p. 54.
6 Et moi, qui ai tant parlé, avec le désir insatiable de convaincre, je me suis moi-même à la longue convaincu que les plus graves arguments et les démonstrations les mieux conduites avaient bien peu d'effet, sans le secours de ces détails insignifiants en apparence (…)
Valéry, Eupalinos, p. 20.
7 Aucun raisonnement ne saurait me convaincre que l'addition d'unités sordides puisse donner un total exquis.
Gide, les Faux-monnayeurs, III, XI, p. 417.
7.1 Non, l'avoir dit me convainc du contraire, je n'ai jamais vu le jour, pas plus que lui, voilà la beauté toute négative de la parole.
S. Beckett, Textes pour rien, p. 171.
♦ Convaincre qqn de (et inf.), l'amener à considérer comme nécessaire de. || Nous l'avons convaincu de rester. — Passif. || Il est convaincu de ne pas se tromper. || En êtes-vous vraiment convaincu ?
2 Convaincre (qqn) de (qqch.), donner des preuves de (sa faute, sa culpabilité); amener (qqn) à reconnaître qu'il est coupable. ⇒ Conviction (1). || Convaincre qqn d'imposture, de trahison. || Il a été convaincu de mensonge. || Convaincre un accusé de son crime.
8 C'est cet homme-là qu'il faut chercher, découvrir et confondre. C'est lui qu'il faut convaincre de son crime et punir.
G. Duhamel, Récits des temps de guerre, IV, p. 96.
♦ Vx. || Convaincre (qqch.) de (qqch.). || Convaincre un raisonnement d'erreur.
9 (…) vous ne sauriez inventer d'excuse qu'il ne me soit facile de convaincre de fausseté.
Molière, George Dandin, III, 6.
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se convaincre v. pron.
♦ Se persuader. || Se convaincre par l'expérience, par la réflexion. || Chercher à se convaincre. — Se convaincre de la véracité d'une affirmation. || Se convaincre que qqn a raison. || Il veut s'en convaincre lui-même.
9.1 Il fallut se payer de ces réponses, mais s'en convaincre était plus difficile.
Sade, Justine…, t. I, p. 123.
10 Elle allait et venait dans la pièce, parlant pour se convaincre soi-même autant que son fils (…)
F. Mauriac, Génitrix, X, p. 117.
11 Que (…) l'orgueil soit une passion plus forte que l'intérêt, on s'en convainc si l'on observe combien les hommes se font couramment tuer pour une blessure à leur orgueil, peu pour une atteinte à leurs intérêts.
Julien Benda, la Trahison des clercs, p. 106.
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convaincu, ue p. p. adj.
ÉTYM. (1677).
1 Qui possède, qui exprime la conviction de. || Des auditeurs convaincus, des partisans convaincus. ⇒ Certain, persuadé, sûr. || Convaincu d'avance (de qqch).
12 (…) avec le froid entêtement d'un homme convaincu.
Zola, Nana, I, p. 5.
13 (…) je refusais la direction de l'infirmerie, convaincu que ces pauvres bougres allaient claquer dans leur cave si on ne les évacuait pas sur-le-champ.
Martin du Gard, les Thibault, IX, p. 244.
♦ (Fin XIXe). Sûr de son opinion. || Un orateur très convaincu. — Air convaincu. || Parler d'un ton convaincu. ⇒ Assuré, éloquent, pénétré.
♦ N. || Les convaincus. || Prêcher un convaincu. || C'est vraiment une convaincue, elle !
14 (Mon père) c'est un convaincu professionnel. Un professeur de conviction. Il inculque la foi (…)
Gide, les Faux-monnayeurs, in Romans, Pl., p. 1230.
2 Convaincu de… Dont la culpabilité a été prouvée. — Dr. (Vieilli). || Atteint et convaincu d'un délit, d'un crime.
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CONTR. Douter. — Sceptique, incrédule (être) .
DÉR. Convaincant.
Encyclopédie Universelle. 2012.