persuader [ pɛrsɥade ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1370; lat. persuadere
I ♦
1 ♦ Persuader (qqn de qqch.) : amener (qqn) à croire, à penser, à vouloir, à faire (qqch.), par une adhésion complète (sentimentale autant qu'intellectuelle). ⇒ convaincre. « On peut convaincre les autres par ses propres raisons; mais on ne les persuade que par les leurs » (Joubert). Il m'a persuadé de la sincérité de ses intentions. (Avec l'inf.) Il fallut « palabrer un grand moment pour les persuader de nous suivre » (Tharaud). ⇒ décider, déterminer, entraîner. (Avec que) « il a fini par persuader beaucoup de gens qu'il était un homme impassible » (Henriot). — P. p. adj. J'en suis persuadé (⇒ convaincu; certain; cf. J'en mettrais ma main au feu) .
♢ Absolt « il parle avec un air de vérité qui persuade » (Stendhal).
2 ♦ Vx Persuader (qqch.) à qqn : faire admettre (qqch.) à qqn par la persuasion. « toutes les sottises qu'un [...] parleur insinuant pourrait persuader au peuple de Paris » (Rousseau). ⇒ insinuer, suggérer. — Vieilli ou littér. Persuader à qqn de (et inf.). « aucun argument ne pouvait lui persuader de manquer à cet engagement » (R. Rolland).
II ♦ SE PERSUADER v. pron.
1 ♦ (1546) (Réfl.) Se rendre certain. Se persuader d'une chose. — Cour. Se persuader que (et indic.) :se mettre dans la tête. « le marquis d'Aiglemont finit par se persuader à lui-même qu'il était un des hommes les plus remarquables de la cour » (Balzac). REM. L'accord du participe est facultatif : « Elle s'est persuadé que la gloire de la femme est de s'élever au-dessus des sens » (Faguet); « Jacques était en retard; [...] elle s'était persuadée qu'il lui était arrivé quelque chose » (Martin du Gard).
2 ♦ (Pass.) Vx « La religion se persuade et ne se commande point » (Fléchier).
3 ♦ (Récipr.) Ils se sont persuadés l'un l'autre.
⊗ CONTR. Dissuader.
● persuader verbe transitif (latin persuadere) Amener quelqu'un à être convaincu de quelque chose, à croire quelque chose : Il a persuadé les juges de sa bonne foi. Amener quelqu'un à faire, à vouloir faire quelque chose : Persuader un ami de renoncer à un projet dangereux. ● persuader (citations) verbe transitif (latin persuadere) Émile Chartier, dit Alain Mortagne-au-Perche 1868-Le Vésinet 1951 Est bourgeois tout ce qui vit de persuader. Les Idées et les Âges Gallimard Claude Adrien Helvétius Paris 1715-Paris 1771 Il y a des gens qu'il faut étourdir pour les persuader. Notes, maximes et pensées Isidore Ducasse, dit le comte de Lautréamont Montevideo 1846-Paris 1870 Le meilleur moyen de persuader consiste à ne pas persuader. Poésies, II Blaise Pascal Clermont, aujourd'hui Clermont-Ferrand, 1623-Paris 1662 L'art de persuader consiste autant en celui d'agréer qu'en celui de convaincre. De l'esprit géométrique Donatien Alphonse François, comte de Sade, dit le marquis de Sade Paris 1740-Charenton 1814 Adressez-vous plutôt aux passions qu'aux vertus quand vous voudrez persuader une femme. La Philosophie dans le boudoir Ménandre Athènes vers 342 avant J.-C.-Athènes vers 292 Ce qui persuade, c'est le caractère de celui qui parle, non son langage. Hymnis, fg. 472 K (traduction G. Guizot) ● persuader (difficultés) verbe transitif (latin persuadere) Construction 1. Persuader de / persuader à. Les constructions persuader qqn de qqch, persuader qqn de (+ infinitif) sont les plus courantes : j'ai fini par la persuader de ma bonne foi ; nous les avons persuadés de nous suivre. Persuader qqch à qqn. Cette construction est correcte, mais elle appartient au registre soutenu et ne se rencontre plus guère aujourd'hui qu'à l'écrit : l'approche de leur fin persuade souvent aux hommes la vanité de toute gloire. Recommandation Éviter dans tous les cas la tournure incorrecte persuader de ce que. Remarque Se persuader peut aussi se construire directement : « la passion se ment à elle-même et se persuade ses mensonges »(Bescherelle). Cet emploi grammaticalement correct mais devenu très rare passerait aujourd'hui pour affecté, surtout à l'oral. Accord Se persuader que, accord du participe passé. L'accord peut se faire ou non : ils se sont persuadé qu'ils en viendraient facilement à bout ou ils se sont persuadés qu'ils en viendraient facilement à bout. Remarque Dans le premier cas, se est considéré comme un complément indirect (persuader à soi), il n'y a pas d'accord. Dans le second, se est considéré comme un complément direct (persuader soi), l'accord se fait. L'usage penche plutôt aujourd'hui pour l'invariabilité (ils se sont persuadé..., sans s). ● persuader (synonymes) verbe transitif (latin persuadere) Amener quelqu'un à être convaincu de quelque chose, à croire quelque chose
Synonymes :
- gagner
Amener quelqu'un à faire, à vouloir faire quelque chose
Synonymes :
- décider
- déterminer
- entraîner
- inciter
- pousser
- presser
Contraires :
- arrêter
- empêcher
persuader
v.
d1./d v. tr. et v. tr. indir. Amener (qqn) à croire, à vouloir, à faire (qqch). Je l'ai persuadé de la nécessité d'agir.
|| (Au passif.) Nous en sommes persuadés, certains.
d2./d v. Pron. (Réfl.) Se faire croire à soi-même. Elle s'est persuadé(e) qu'on lui mentait.
⇒PERSUADER, verbe trans.
A. —Amener (quelqu'un) à être convaincu (de quelque chose) par une argumentation logique ou faisant appel aux sentiments. Synon. convaincre.
1. [Le suj. désigne une pers.]
a) Qqn persuade qqn de qqc./que + ind. ou subj. Papa l'avait persuadée que cela minerait sa situation dans les affaires (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1937, p.260):
• 1. J'étais certain d'aimer bientôt. Peut-être eût-il suffi dès ce moment d'une brusque décision pour me persuader de mon amour, orgueilleusement en souffrir, en mourir.
GIRAUDOUX, Simon, 1926, p.87.
— [P. ell. du compl. d'obj. dir.] Qqn persuade de qqc./que + ind. ou subj. M. de Voltaire (...) cherche à persuader qu'il y eut peu de martyrs dans l'église primitive (CHATEAUBR., Génie, t.2, 1803, p.369).
— Qqn persuade qqn. Il n'est pas toujours nécessaire de combattre et d'abattre par la force des adversaires déclarés: on peut les persuader d'abord (NIZAN, Chiens garde, 1932, p.179).
— Absol. Qqn persuade. Quel charmant apôtre, que celui qui fortifie et persuade par sa seule présence (AMIEL, Journal, 1866, p.174).
b) Vx ou littér. Qqn persuade à qqn qqc./que + ind. ou subj. Olivier lui persuada facilement qu'il devoit rester auprès de la duchesse (GENLIS, Chev. Cygne, t.3, 1795, p.355). Il ne suffit pas qu'une chose soit dite, il faut qu'elle soit publiée, prouvée, persuadée à tous, universellement reconnue (SENANCOUR, Obermann, t.2, 1840, p.171):
• 2. Je ne sais quelle amie intrigante était parvenue à persuader à cette âme naïve et si timide qu'il était de son devoir de partir pour Saint-Cloud, et d'aller se jeter aux genoux du roi Charles X.
STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p.505.
— [P. ell. du compl. d'obj. indir.] Qqn persuade qqc./que + ind. ou subj. Cherchez quel est son secret, par quels moyens il parvient à de tels effets, comment il persuade ses opinions (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t.1, 1821-24, p.31).
c) Empl. pronom.
— réfléchi
♦dir. C'est s'abuser soi-même que de se persuader qu'on comprend pareille chose (DESTUTT DE TR., Idéol. 1, 1801, p.172). Esther s'était mise à détester son fils parce que, se persuadait-elle, il avait eu la lâcheté de lui jeter sa folle résolution dans la figure (ARAGON, Beaux quart., 1936, p.242).
♦indir., vx ou littér. Je me persuade à moi-même toutes sortes d'erreurs (GOBINEAU, Pléiades, 1874, p.210). Il cherchait à se persuader le contraire (HUYSMANS, À rebours, 1884, p.104).
— réciproque. Ainsi ces deux excellents hommes (...) disputaient ensemble sans jamais se persuader l'un l'autre et sans s'apercevoir jamais de l'évidente inutilité de leurs paroles (A. FRANCE, Vie fleur, 1922, p.312).
d) Au part. passé. Synon. convaincu. Êtes-vous persuadée maintenant, madame, qu'il n'y a personne ici? (CAMUS, Cas intéress., 1955, 1er temps, 3e tabl., p.635).
— Empl. adj. du part. passé. J'ai laissé sur cela le comte très persuadé (STAËL, Lettres div., 1793, p.500). Je me sentis en ce moment si persuadé de son innocence (...) que j'étais pénétré de repentir (MUSSET, Confess. enf. s., 1836, p.235).
2. [Le suj. désigne une chose]
a) Qqc. persuade qqn de qqc./que + ind. ou subj. Tout, dans ses propos, son attitude, ses gestes, me persuade à nouveau de son indifférence et de sa froideur à mon égard (GIDE, Journal, 1914, p.493). Cette idée me persuadait que je devais avoir du plaisir auprès de Rachel (PROUST, Prisonn., 1922, p.166).
— [P. ell. du compl. d'obj. dir.] Qqc. persuade qqn. Ce discours persuada pleinement mon père (GENLIS, Chev. Cygne, t.2, 1795, p.65).
b) Vx ou littér. Qqc. persuade à qqn qqc./que + ind. ou subj. [La Malibran] était comme les jeunes gens qui ont du talent, mais dont l'âge plus bouillant et l'inexpérience leur persuadent toujours qu'ils n'en feront jamais assez (DELACROIX, Journal, 1824, p.171). Affranchi des vaines terreurs et détourné des cruautés que la religion persuade aux hommes ignorants (A. FRANCE, Île ping., 1908, p.165).
— [P. ell. du compl. d'obj. indir.] Qqc. persuade qqc. L'expérience même semble persuader le contraire (J. VUILLEMIN, Essai signif. mort, 1949, p.53).
B. —Amener (quelqu'un) à faire quelque chose.
1. [Le suj. désigne une pers.]
a) Qqn persuade qqn de faire qqc. J'ai fini par le persuader d'en prendre une [garde-malade] que j'ai été chercher (RAMUZ, A. Pache, 1911, p.305). Se soûler pour trouver le courage de te parler, pour te persuader de t'échapper de ce foutu train d'excursion (CAMUS, Requiem, 1956, 1re part., 3e tabl., p.856).
b) Vx ou littér. Qqn persuade à qqn de faire qqc. Le moindre cuistre eût pu l'émouvoir, l'irriter, le troubler et, au besoin, lui persuader d'agir ou de s'abstenir dans la sphère de ses goûts les plus purs et de ses habitudes les plus modestes (SAND, Hist. vie, t.4, 1855, p.362). Il (...) lui persuada d'écrire (GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p.12).
c) Empl. pronom. Les artistes se persuadent aisément de ne rien devoir à ceux qui les ont précédés (MAURIAC, Vie Racine, 1928, p.227).
— Vx ou littér. [Construit avec un inf. dir.] Se persuadant ne céder qu'à la cupidité seule (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p.150). Ils se persuadent aspirer pleinement à l'abolition de leur être, dans tous les cas (BLONDEL, Action, 1893, p.32).
2. [Le suj. désigne une chose] Qqc. persuade qqn/à qqn de faire qqc. Voici une raison, un intérêt, une occasion qui me détermine, en d'autre termes, qui me persuade d'agir (LACORD, Conf. N.-D., 1848, p.190).
REM. Persuadeur, -euse, adj., rare. Qui est susceptible de persuader. Parfums persuadeurs qui montent du lit creux! (CROS, Coffret santal, 1873, p.94). Cette existence avait fini par devenir d'un charme sombre et persuadeur (VILLIERS DE L'I.-A., Contes cruels, 1883, p.29).
Prononc. et Orth.:[], (il) persuade []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. a) 1370-72 absol. «conseiller, amener les gens à croire ou à vouloir quelque chose» (ORESME, Ethiques, éd. A. D. Menut, livre X, 20, fol. 220a, note 15, p.538); b) 1370-72 trans. (ID., ibid., livre III, 11, fol. 49c, p.197: nul ne s'efforce de persuader, admonester et enduire nous par painne, menace ou promesse); c) 1658-62 pronom. (PASCAL, Pensées, éd. L. Lafuma, 737, p.596); 2. a) ca 1460 «faire admettre quelque chose par la persuasion» persuader qqc. à qqn (G. CHASTELLAIN, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, IV, 489); b) 1460 persuader à qqn que (ID., ibid., 439); c) 1546 persuader à qqn de faire qqc. (La Bible..., impr. à Genève par Jehan Girard, 2 Mac., 4, fol. 71 r°); 3. 1546 pronom. «s'imaginer» (EST.); 1559 avec un inf. dir. (AMYOT, Calon, 29 ds LITTRÉ). Empr. au lat. class. persuadere «décider à faire quelque chose; convaincre», comp. de per- préf. à valeur intensive et de suadere «conseiller». Fréq. abs. littér.:3778. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 6029, b) 4103; XXes.: a) 4883, b) 5784. Bbg. GOHIN 1903, p.282. —LOVEDAY (L. C.). Persuader in Mod. Fr. Mod. Lang. 1961, t.42, pp.99-100.
persuader [pɛʀsɥade] v. tr.
ÉTYM. 1370; empr. lat. persuadere, de per-, et suadere « conseiller ».
❖
1 Persuader qqn de qqch. : amener quelqu'un à croire, à penser, à vouloir, à faire quelque chose par une adhésion complète (sentimentale autant qu'intellectuelle). ⇒ Convaincre; et aussi agir (sur qqn), amadouer, catéchiser, conduire (qqn à ses raisons), entendre (faire entendre raison à qqn), prêcher (fig.), séduire, toucher.
1 Convaincre (…) marque un acquiescement de l'esprit produit par des preuves qui forcent de convenir que celui qui parle a raison, et ne laissent rien à objecter. Persuader (…) exprime un acquiescement de la volonté, gagnée à ce qu'on lui propose, et comme tournée ou convertie.
Lafaye, Dict. des synonymes, Convaincre…
2 Persuader. C'est l'art d'éveiller dans les cœurs une complaisance secrète.
Claudel, Conversations sur J. Racine, p. 35.
♦ Persuader quelqu'un. || Goethe ne veut ni nous surprendre, ni nous en imposer, mais nous persuader doucement (→ Inculquer, cit. 8). || Persuader des hommes assemblés. ⇒ Gagner; → Cri, cit. 21. || Il sait choisir ses arguments pour persuader son auditoire. ⇒ Prendre (il sait prendre les gens). || Il est difficile à persuader. ⇒ Rétif. || Se laisser persuader. ⇒ Vaincre.
3 On peut convaincre les autres par ses propres raisons; mais on ne les persuade que par les leurs.
Joseph Joubert, Pensées, VIII, XLV.
♦ Persuader quelqu'un de…, suivi d'un nom de chose. || « Il m'a persuadé de la sincérité de ses intentions » (Académie). ⇒ Assurer. — Persuader quelqu'un de…, suivi de l'infinitif. ⇒ Décider, déterminer, entraîner, exciter, exhorter. || Il fallut palabrer (cit. 1) un grand moment pour les persuader de nous suivre. — Persuader quelqu'un que…, suivi d'un mode personnel. || Il finit par persuader beaucoup de gens qu'il était un homme impassible (→ Effaroucher, cit. 5). — REM. Cette tournure, blâmée par certains puristes, est néanmoins acceptable puisqu'on dit correctement à la forme pronominale : il a fini par se persuader lui-même que… ou, au passif, étant persuadé que… — Persuader que…, employé sans complément d'objet direct. || Nous n'avouons (cit. 25) de petits défauts que pour persuader que nous n'en avons point de grands.
4 (…) vous croirez lever le scandale que vous avez causé, et nous persuader de votre respect envers Lui (…)
Pascal, Proverbes, XIII.
5 Je n'eus pas trop grand-peine à la persuader que tout le bénéfice de cet air tonique était acquis (…)
Gide, l'Immoraliste, p. 222.
♦ (Passif et p. p.). || Être persuadé de…, que… || Nous sommes persuadés de sa bonne foi. → ci-dessous cit. 19 et supra.
♦ Absolt. || « L'art (cit. 3) de persuader ». ⇒ Éloquence, rhétorique. || L'homme le plus simple qui a de la passion persuade mieux que le plus éloquent (cit. 1) qui n'en a point. || Les passions sont les seuls orateurs (cit. 5) qui persuadent toujours. || J'avais tort de vouloir convaincre (cit. 4) par le raisonnement dans un genre où il ne faut que persuader par le sentiment (→ Parler au cœur).
6 L'art de persuader a un rapport nécessaire à la manière dont les hommes consentent à ce qu'on leur propose, et aux conditions des choses qu'on veut faire croire.
Pascal, Opuscules, III, XV.
7 (…) les anciens ont défini l'éloquence, le talent de persuader, et (…) ils ont distingué persuader de convaincre, le premier de ces mots ajoutant à l'autre l'idée d'un sentiment actif excité dans l'âme de l'auditeur et joint à la conviction.
d'Alembert, Mélanges littéraires, Élocution, Œ. compl., t. IV, p. 518.
♦ (Sujet n. de chose). || La vanité les persuade qu'un échec déshonore (cit. 6). — Absolument. :
8 (…) il parle avec un air de vérité qui persuade.
Stendhal, Journal, 28 juil. 1801.
2 Vx. Faire admettre (qqch.) par la persuasion. || Persuader qqch. (→ Autorité, cit. 38). || Cette vérité peut être facilement persuadée. — Vieilli. || Persuader quelque chose à quelqu'un. ⇒ Croire (faire croire), inculquer. → aussi Fourrer (fam.), mettre quelque chose dans la tête de quelqu'un. || Toutes les sottises qu'un parleur insinuant (cit. 1) pourrait persuader au peuple de Paris. ⇒ Insinuer, suggérer. || L'opinion que je lui ai persuadée. — Mod., littér. || Persuader à qqn de…, suivi de l'infinitif. ⇒ Dire (à quelqu'un de), inspirer. — Persuader à qqn que… (→ Boue, cit. 7; coquetterie, cit. 3). — Vx. || Persuader à qqn, suivi d'une proposition infinitive. || Des marchés de dupe, qu'ils lui persuadaient être des marchés d'escroc (→ Brocantage, cit. 1).
9 Si un homme veut persuader sa religion à des étrangers ou à ses compatriotes, ne doit-il pas s'y prendre avec la plus insinuante douceur, et la modération la plus engageante ?
Voltaire, Dict. philosophique, Religion, 7e question.
10 Il faut donc qu'une femme qui veut conserver plusieurs amants persuade à chacun d'eux qu'elle le préfère, et qu'elle le lui persuade sous les yeux de tous les autres, à qui elle en persuade autant sous les siens.
Rousseau, Émile, V.
11 Il n'y a rien que la crainte et l'espérance ne persuadent aux hommes.
Vauvenargues, Réflexions et maximes, 320.
12 Nous nous flattons sottement de persuader aux autres ce que nous ne pensons pas nous-mêmes.
Vauvenargues, Réflexions et maximes, 113.
13 On ne persuade aux hommes que ce qu'ils veulent.
Joseph Joubert, Pensées, XXIII, CXI.
14 (…) aucun argument ne pouvait lui persuader de manquer à cet engagement.
R. Rolland, Jean-Christophe, Le matin, I, p. 132.
15 (…) je lui persuadai que ce qu'il nous fallait, c'était gagner Biskra au plus vite.
Gide, l'Immoraliste, p. 239.
——————
se persuader v. pron.
1 (1546). Sens réfléchi. (Sujet n. de personne). Se rendre certain de. || Se persuader d'une chose. || Il faut ne s'entretenir (cit. 35, Pascal) que de Dieu, qu'on sait être la vérité; et ainsi on se la persuade à soi-même. || La vérité qu'il s'est persuadée. || Ils se sont persuadé notre bonne volonté. || Un orgueilleux se persuade aisément de sa supériorité.
♦ Cour. || Se persuader que…, suivi de l'indicatif. || Un homme du peuple, à force d'assurer (cit. 23) qu'il a vu un prodige, se persuade faussement qu'il a vu un prodige.
REM. Dans la forme pronominale ainsi employée devant que, on peut voir dans se soit un complément indirect, soit un complément direct, ce qui, aux temps composés, permet indifféremment de laisser le participe invariable ou de l'accorder. « Lorsque se persuader est suivi d'une subordonnée objet introduite par que, l'accord du participe est facultatif : Ils se sont persuadé(s) qu'on n'oserait les contredire (ils ont persuadé eux que…; ou bien : ils ont persuadé à eux que…). — Elle s'est persuadé que la gloire de la femme est de s'élever au-dessus des sens (Faguet, En lisant Molière, p. 227). — Jacques était en retard; (…) elle s'était persuadée qu'il lui était arrivé quelque chose (Martin du Gard, les Thibault, VII, 3, p. 116) », in Grevisse, le Bon usage, §796, a, Rem. 4. — Alors que Littré admet qu'on a le choix, l'Académie, depuis 1835, ne mentionne que le tour avec le participe invariable.
16 En entendant tout le monde rendre justice à ses talents postiches, le marquis d'Aiglemont finit par se persuader à lui-même qu'il était un des hommes les plus remarquables de la cour (…)
Balzac, la Femme de trente ans, Pl., t. II, p. 706.
17 Ayant décidé qu'ils étaient excellents et qu'ils devaient lui plaire, il s'efforçait, en Allemand qu'il était, de se persuader qu'ils lui plaisaient en effet. Mais il n'y réussissait point (…)
R. Rolland, Jean-Christophe, L'adolescent, I, p. 237.
18 Je me persuadais que chaque être, ou tout au moins : que chaque élu avait à jouer un rôle sur la terre, le sien précisément, et qui ne ressemblait à nul autre (…)
Gide, Si le grain ne meurt, I, X, p. 274.
♦ Se persuader de…, suivi d'un infinitif. || Ils se persuadent de ne rien devoir à ceux qui les ont précédés (→ Insatiabilité, cit.).
2 Vx. Sens passif. (Sujet n. de chose). Être inculqué par persuasion. || La religion se persuade et ne se commande (cit. 39) pas.
——————
persuadé, ée p. p. adj.
♦ ⇒ Certain, convaincu, croire. || J'en suis absolument persuadé (→ J'en mettrai ma main au feu). || Être persuadé que… ⇒ Croire, imaginer (s'); → Espionner, cit. 1. — Absolt. || S'il lui est permis, comme à tout homme persuadé, de traiter du haut (cit. 76) en bas les incrédules.
19 Enfin la marquise, après cette explication, se dit convaincue, mais non pas persuadée encore; elle n'est pas fâchée d'avoir à entendre une autre fois de nouvelles raisons (…)
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 7 avr. 1851.
❖
CONTR. Cabrer, dissuader.
DÉR. Persuasif, persuasivement.
Encyclopédie Universelle. 2012.