corroborer [ kɔrɔbɔre ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1389; lat. corroborare, rac. robur « force »
♦ Donner appui, ajouter de la force à (une idée, une opinion). ⇒ appuyer, confirmer, renforcer. Cela vient corroborer mon opinion. Indices qui corroborent les soupçons. « Elle n'avait pas fait une action [...] qui ne corroborât ce jugement qu'il avait porté sur elle » (Bourget).
⊗ CONTR. Démentir, infirmer.
● corroborer verbe transitif (latin corroborare, donner force) Appuyer, renforcer, confirmer une opinion, une hypothèse : Le récit du témoin corrobore les déclarations de la victime. ● corroborer (synonymes) verbe transitif (latin corroborare, donner force) Appuyer, renforcer, confirmer une opinion, une hypothèse
Synonymes :
- affermir
- appuyer
- garantir
- ratifier
- soutenir
- vérifier
Contraires :
- démentir
- détruire
- ébranler
- infirmer
- miner
- ruiner
- saper
corroborer
v. tr. Appuyer, confirmer, ajouter du crédit à (une idée, une opinion). Déposition qui corrobore un témoignage.
⇒CORROBORER, verbe trans.
A.— Vx ou vieilli
1. MÉD. Rendre plus fort, donner de la vigueur, fortifier (l'état physique ou une partie du corps) par l'alimentation, par un remède, etc. Synon. tonifier; anton. affaiblir. Ces exercices (...) avaient développé sa force, corroboré ses muscles (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 224).
— Emploi pronom.
a) À valeur passive. Synon. se fortifier. Mon estomac se corrobore par la bonté de ces aliments (BESCH. 1845).
♦ P. métaph. Quand un homme a su la vie, à force d'en avoir éprouvé les douleurs, sa fibre se corrobore (BALZAC, Gobseck, 1830, p. 423).
b) Réfl., p. plaisant. Après s'être corroboré chacun d'une bouteille, ils sortirent plus contens (VIDAL, DELMART, Caserne, 1833, p. 148).
2. P. métaph. et/ou au fig. [Le compl. désigne le plus souvent un sentiment, un phénomène psychique ou un élément de situation qui doit être assuré; le suj. désigne, gén., une pers.] Ajouter de la force à, rendre plus ferme. Corroborer ses sentiments nobles; corroborer sa vie intellectuelle, son talent, l'esprit. Synon. affermir, renforcer. L'avoué fit adopter cette idée, en vue de corroborer ainsi sa double position vis-à-vis de Cointet et de Séchard (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 683). Demander à Dieu de corroborer ma volonté (DUPANLOUP, Journal, 1851, p. 140). Daignez corroborer mon espoir (PAILLERON, Étincelle, 1879, 2, p. 12).
— Être corroboré par/de. Ainsi son amitié, son dévouement pour du Tillet corroborés d'une reconnaissance irréfléchie (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 86).
— Emploi pronom. à valeur passive. Mes funestes pressentimens viennent encore de se corroborer. Comme elle a rougi à son seul nom! (BOREL, Champavert, 1833, p. 46).
B.— Usuel. [Le compl. désigne une idée, une opinion, une construction intellectuelle, une expression de la pensée, un fait, dont il apparaît nécessaire de prouver la vérité] Rendre probant, apporter une preuve de la vérité ou de l'exactitude de quelque chose. Synon. attester, confirmer, étayer, justifier, prouver; anton. contredire, démentir, infirmer.
— Spécialement
♦ Domaine de la vie intellectuelle, du travail sc. Diverses épidémies bien observées viennent corroborer la théorie contagionniste (Perrin ds Nouv. Traité Méd., fasc. 4, 1925, p. 391). L'Histoire corrobore une fois de plus la théorie (PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p. 94).
♦ Domaine de la pratique judiciaire. Le Procureur. — L'affaire est claire, monseigneur; il avoue (...) les témoins corroborent ses réponses (MÉRIMÉE, Jacquerie, 1828, p. 136). La déposition du maréchal des logis, qui figure au dossier, est corroborée par le témoignage du lieutenant roumain (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 82).
1. [Le suj. désigne gén. le même genre de réalités que le compl. ou, plus rarement un objet] Les exemples (...) qui corroborent cette hypothèse et justifient cette analogie (BOURGET, Essais psychol., 1883, p. 16) Une (...) sensation de chaleur et de fièvre, que ne corrobore point le thermomètre (DU BOS, Journal, 1927, p. 386). Et le sourire de Mercier corroborait ses paroles (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 477) :
• 1. Rien dans ce que nous allons dire ne dément et n'infirme, tout au contraire corrobore ce que nous venons de dire dans les pages qu'on a lues.
HUGO, Le Rhin, 1842, p. 483.
SYNT. Un fait, une observation, une citation, une interprétation, des inductions, une hypothèse, des paroles, un témoignage, des découvertes, des exemples des arguments corrobore(nt) une idée, un axiome, un système, une opinion, des arguments a priori, des renseignements, un témoignage, un raisonnement, des théories, une thèse.
♦ Être corroboré par ou, beaucoup plus rarement, de. Par votre témoignage corroboré de celui d'Antoine (BALZAC, P. Giraud, 1843, II, 6, p. 352). L'accusation de trahison se trouve corroborée par des lettres ignobles (CLEMENCEAU, Iniquité, 1899, p. 380).
— Emploi pronom.
♦ à valeur passive. Cette hypothèse se corrobore de cent faits nouveaux (Lar. 19e).
♦ réciproque. Ces deux mensonges, au lieu de se couper, se corroboraient (FLAUB., Éduc. sentim., t. 2, 1869, p. 144).
2. [Le suj. désigne, plus rarement, une pers.] Corroborer qqc. Demander à Mme Mathieu et au père Jacques de corroborer ce récit (G. LEROUX, Mystère ch. jaune, 1907, p. 130) :
• 2. ... que l'on puisse citer un seul témoignage qui démente cette affirmation. Mais je pourrais, pour la corroborer, énumérer des preuves innombrables et directes.
DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1954, p. 567.
♦ Corroborer qqc. par ou, beaucoup plus rarement, de. Je n'aurais pu corroborer mon système par la vue des monuments (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p. 151). Rolland, qui corroborait parfois le récit de Rébecca d'un fait que cette dernière ignorait (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 5, Les Exploits de Rocambole, 1859, p. 388).
♦ Être corroboré par qqn. Cette opinion serait corroborée par Aristote (MONTHERLANT, Olymp., 1924, p. 263).
Rem. 1. Dans qq. textes mod., corroborer semble avoir un sens peu précis, intermédiaire entre le sens A2 et le sens B, parfois même plus proche du sens A2 que du sens B. L'impulsion administrative venait corroborer les initiatives privées (L'Hist. et ses méthodes, 1961, p. 435). Corroborant et exploitant la méfiance de l'opinion à l'égard des classes dirigeantes (CHAZELLE, Diplom., 1962, p. 31). Cette indication corrobore les avantages financiers de la construction en hauteur (Les Gds ensembles d'habitation, 1963, p. 31). 2. La docum. fournit un ex. où corroborer (le suj. désigne une pers.) signifie « donner son assentiment à, marquer son accord à propos de ». J'aimerais qualifier l'état ainsi (sans être encore tout à fait certain que Valéry corroborerait ma phrase) (DU BOS, Journal, 1923, p. 233).
— Emploi abs. ou en constr. abs.
♦ [Le suj. désigne une pers.] Donner son approbation à une suggestion, acquiescer. La môme, de son coin à droite, corroborant. — Oui!... oui! (FEYDEAU, Dame Maxim's, 1914, II, 2, p. 38).
♦ Fam. [Le suj. désigne une chose abstr. (cf. supra B 1, avec ell. du compl.)] M. de Charlus, c'est vous!... Tout! Tout! Vous aimez la force, — comme lui. Vous faites de longues marches, — comme lui. Vous ne portez pas de bagues, — comme lui. Tous les indices corroborent, tout est contre vous (MONTHERLANT, Pitié femmes, 1936, p. 1186).
Prononc. et Orth. :[(R)R], (je) corrobore [()]. [RR] double ou [] simple ds BARBEAU-RODHE 1930 et ds WARN. 1968. [RR] double ds LAND. 1834, FÉL. 1851, LITTRÉ et DG; cf aussi ds FÉR. Crit. t. 1 1787, GATTEL 1841 qui indiquent r forte. [] simple ds PASSY 1914, DUB., Pt ROB., Pt Lar. 1968 et Lar. Lang. fr.; cf. aussi ds FÉR. 1768 et NOD. 1844. Ds Ac. depuis 1694. Étymol. et Hist. 1. 1389 « confirmer (cont. jur.) » (Cart. de l'abb. S.-Médard, Rouge liv., f° 259 r°, A. Tournai ds GDF. Compl.); 1860 corroborant part. prés. subst. « ce qui confirme » (C. BERNARD, Notes, p. 61); 1866 adj. preuve corroborante (Lar. 19e); 2. 1530 « augmenter la force, les ressources physiques du corps » pronom. (PALSGR., p. 630 : Vous auez mestier de manger de bonnes viandes pour vous corroborer); 1545 remedes corroborans (PARÉ, Œuvres, éd. Malgaigne, IX, chap. 5), sens qualifié de ,,vieilli`` par DG. Empr. au lat. class. corroborare « donner force à, confirmer » au propre (domaine phys.) et au figuré. Fréq. abs. littér. :95.
corroborer [kɔʀɔbɔʀe] v. tr.
ÉTYM. 1389; lat. corroborare « donner force à, confirmer », de co- (cum), et roborare « renforcer », de robor (ou robur), -oris « force » (→ Robuste).
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1 Ces exercices (…) avaient développé sa force, corroboré ses muscles (…)
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, t. I, p. 304.
♦ Pron. Se fortifier.
2 Mod. (Sujet n. de chose). Donner appui, ajouter de la force à (une idée, une opinion). ⇒ Affermir, appuyer, confirmer, étayer, renforcer. || Cela vient corroborer mon opinion. || Cette nouvelle corrobore ce qu'il a dit, corrobore ses assertions. || Corroborer une hypothèse.
2 Cet événement vint à l'appui des préjugés qui existent à Besançon contre les étrangers et qui, deux ans auparavant, s'étaient corroborés à propos de l'affaire du journal républicain.
Balzac, Albert Savarus, Pl., t. I, p. 845.
3 (…) elle n'avait pas fait une action, pas prononcé une parole, pas ébauché un geste qui ne corroborât ce jugement qu'il avait porté sur elle, d'instinct.
Paul Bourget, Un divorce, III, p. 110.
♦ Être corroboré par : être confirmé, renforcé par. — Rare en épithète. || « Un témoignage corroboré de celui de (X) » (Balzac).
♦ Rare. (Sujet n. de personne). || Corroborer quelque chose : confirmer, renforcer (par des arguments). || Corroborer ses vues, son système…
4 Je fais cette observation et je corrobore toutes celles qui précèdent.
E. Delacroix, Journal, 12 oct. 1853.
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CONTR. Affaiblir, atténuer, démentir, détruire, infirmer, invalider, ruiner.
DÉR. Corroborant. V. Corroboratif, corroboration.
Encyclopédie Universelle. 2012.