croûte [ krut ] n. f. I ♦
1 ♦ Partie extérieure du pain, durcie par la cuisson. Manger la croûte et laisser la mie. Croûte de pain râpée. ⇒ chapelure, panure. — Par ext. (1740) Des croûtes de pain : des restes de pain, souvent secs et durcis. ⇒ croûton. « un homme qui trempait des croûtes de pain dans une fontaine » (Lesage).
♢ Loc. fam. (1878) Casser la croûte, une croûte : manger. ⇒ croûter; casse-croûte (cf. fam. Casser la graine). Gagner sa croûte, sa nourriture, sa vie (cf. Gagner son pain, son bifteck).
2 ♦ (1611) Pâte cuite qui entoure (un pâté, un vol-au-vent) (⇒ croustade). Pâté en croûte. Croûte de bouchée à la reine.
3 ♦ Cuis. Plat qui comporte des croûtes de pain, des tranches de pâte cuite, etc. Croûte au fromage, aux champignons.
4 ♦ Partie superficielle du fromage (qui généralement ne se mange pas). ⇒région. couenne. Fromage à croûte naturelle, lavée (sans moisissures), fleurie (avec moisissures). Retirer la croûte du gruyère. ⇒ écroûter.
II ♦ Par ext. (1314 méd.)
1 ♦ Partie superficielle durcie. ⇒ dépôt. Croûte calcaire dans une bouilloire.
♢ Couche de terre durcie qui se forme à la surface du sol, en période de sécheresse. — Géol. Croûte terrestre : partie superficielle du globe. ⇒ écorce; lithosphère. Croûte océanique, continentale.
2 ♦ Lamelle irrégulière formée sur une lésion de la peau par dessèchement de sang, pus ou sérosité. ⇒ 1. escarre, squame. N'arrache pas la croûte, tu vas saigner.
3 ♦ Fig. et rare Ce qui recouvre superficiellement qqch. ⇒ couche. Une croûte de culture. ⇒ vernis. « Une croûte d'ignorance et d'avarice » (Mirabeau).
4 ♦ (1730 « tableau faux », puis « tableau noirci, encroûté ») Fam. Mauvais tableau. Ce peintre ne fait que des croûtes.
5 ♦ Côté chair d'un cuir coupé dans le sens de l'épaisseur (opposé à fleur). Ceinture en croûte de cuir.
6 ♦ (1844) Fig. et fam. Personne bornée, encroûtée dans la routine. C'est une vieille croûte. ⇒ croûton. Quelle croûte ! ⇒ imbécile.
● croûte nom féminin (latin crusta) Partie extérieure du pain colorée et durcie lors de la cuisson : Manger la mie et laisser la croûte. Couche extérieure durcie qui se forme à la surface d'un corps ou d'un sol : Une croûte de rouille sur un vieux tuyau. Morceau ou tranche de pain rassis ; croûton. Partie externe des fromages, plus ou moins durcie par déshydratation. Plaque plus ou moins dure qui se forme sur la peau, à la suite d'une blessure ou par la dessiccation d'un liquide sécrété à la surface. Populaire. Repas : Apporter sa croûte. Familier. Personne stupide, bornée ou encroûtée dans la routine. Familier. Mauvais tableau : Peintre qui expose ses dernières croûtes. Boucherie Couche de graisse de couverture très épaisse. Cuisine Tranche de pain dorée au beurre servant de support à diverses garnitures (au fromage). Appareil de pâte feuilletée garni intérieurement (pâté en croûte). En Suisse, pain grillé et nappé de fromage, de champignons. Cuirs et peaux Couche côté chair d'une peau sciée dans son épaisseur ; cuir tanné qui en provient. Pédologie Concrétionnement formé par l'évaporation d'eaux chargées de sels minéraux à la limite supérieure de la nappe phréatique. ● croûte (difficultés) nom féminin (latin crusta) Orthographe Avec un accent circonflexe sur le u, pour rappeler le s originel de crouste, que l'on retrouve dans croustade, croustillant, croustiller. ● croûte (expressions) nom féminin (latin crusta) Familier. Casser la croûte, une croûte, manger. Familier. Gagner sa croûte, gagner sa vie. Croûte dorée, pain grillé aux œufs et au beurre saupoudré de cannelle et de sucre. Croûte terrestre, partie superficielle de la Terre, limitée vers l'intérieur par le moho. (On y distingue la croûte continentale, épaisse de 30 à 40 km, située sous les continents et composée de sédiments et de roches plutoniques acides et métamorphiques, et la croûte océanique, épaisse de 8 à 10 km, constituée de roches basiques disposées en couches.) Croûtes de lait, plaques séborrhéiques qui couvrent souvent la tête des enfants pendant la période d'allaitement. ● croûte (synonymes) nom féminin (latin crusta) Géologie. CroÛte terrestre
Synonymes :
- écorce terrestre
croûte
n. f.
rI./r
d1./d Partie extérieure du pain, que la cuisson a durcie. La croûte et la mie du pain.
— Par ext. Reste de pain durci.
|| Loc. fig., Fam. Casser la croûte: manger.
— Gagner sa croûte: gagner de quoi manger; gagner sa vie.
d2./d Pâte cuite renfermant un pâté. Pâté en croûte.
d3./d Partie superficielle du fromage.
rII./r Par anal.
d1./d Tout ce qui se forme et durcit sur qqch. Une croûte de tartre.
|| MED Plaque non vascularisée qui se forme à la surface des téguments lors de la cicatrisation d'une plaie, de certaines affections dermatologiques.
d2./d (Québec) Couche durcie ou glacée à la surface de la neige. Croûte assez épaisse pour porter un homme.
d3./d GEOL Croûte terrestre: partie la plus superficielle du globe terrestre. (Elle se compose de la croûte continentale granitique, constituant le sol des continents, et de la croûte océanique basaltique, continue sur tout le globe, qui constitue le sous-sol des continents et le sol des fonds océaniques. (V. plaque.) Syn. écorce terrestre.
d4./d Fam. Mauvais tableau.
d5./d TECH Partie du cuir obtenue par sciage, côté chair.
— (En appos.) Cuir croûte.
⇒CROÛTE, subst. fém.
A.— Domaine de l'alimentation
1. Partie extérieure d'un pain, durcie à la cuisson. Croûte brûlée, épaisse. Anton. mie :
• 1. Le pain est très-blanc, très-serré, avec une croûte lisse et légèrement dorée; il est salé d'une manière sensible aux palais parisiens.
GAUTIER, Tra los montes, Voyage en Espagne, 1843, p. 23.
— P. méton., fam. Repas sommaire. Sa femme apportait la croûte de quatre heures (HAMP, Champagne, 1909, p. 112).
♦ Loc. verbales. Casser la/une croûte avec qqn. ,,Manger amicalement et sans façon avec lui`` (Ac. 1798-1932). Casser la/une croûte. ,,Manger légèrement et rapidement`` (Ac. 1932). Le temps de casser une croûte et de boire un verre de vin (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 279). Cf. aussi casser I A 2. Gagner sa croûte. Gagner sa vie. Dormir pour retrouver assez de forces pour gagner ma croûte le lendemain (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 251).
♦ À mes croûtes. À mes frais. J'ai fait un film tout seul à mes croûtes (...) j'ai tout payé (VIALAR, Tournez, 1956, p. 80).
— P. ext. Morceau ou tranche de pain (rassis). Synon. croûton. Une rognure de jambon entre deux croûtes de pain de mie (HAMP, Champagne, 1909, p. 215). Une croûte frottée d'ail (MAURIAC, Th. Desqueyroux, 1927, p. 215) :
• 2. Avec l'âge, son avarice devint entière, absolue. Les croûtes, il les gardait longtemps avant d'y mettre la dent, parce que quand elles sont dures et quasi moisies on en mange moins.
POURRAT, Gaspard des Montagnes, Le Pavillon des amourettes, 1930, p. 175.
♦ Loc., arg., vieilli. S'embêter comme une croûte de pain derrière une malle. ,,S'ennuyer profondément`` (FRANCE 1907).
2. P. méton. Mets (ou entremets) dans la préparation duquel entrent des croûtes ou tranches de pain (ou de brioche) ou des petits pains. Croûte au fromage. Une croûte de cèpes aux foies de volaille (MARTIN DU G., Devenir, 1909, p. 192).
— Croûte au pot. Potage dans la composition duquel entrent des morceaux de pain où il y a plus de croûte que de mie, ou des morceaux de pain grillé. La bonne odeur d'une croûte au pot, à la moelle, s'éleva jusqu'au plafond (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 173).
3. P. anal. Pâte cuite au four entourant certaines préparations culinaires; p. méton. cette préparation elle-même. Croûte d'un pâté; croûte feuilletée, fine; pâté en croûte. Crèmes parfumées de plusieurs sortes dans des croûtes de massepain (SAND, Beaux MM. Bois-Doré, t. 1, 1858, p. 70). Cf. crème ex. 3 et dessert ex. 2.
4. P. ext. Partie non comestible d'un aliment. Des coques vides et des croûtes de fromage (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, p. 235).
Rem. On rencontre le terme employé comme négation (cf. mie) par fantaisie d'auteur. Qui croit voir, il ne voit croûte (AUDIBERTI, Ampélour, 1937, p. 107).
B.— P. ext.
1. Couche durcie et consistante qui se forme ou s'attache à la surface d'un corps. Croûte de glace, de sel, de tartre; croûte extérieure; former une croûte. La route n'est qu'une croûte de bitume posé à chaud sur le sable (MORAND, Route Indes, 1936, p. 123). Un pas rapide sonna sur la croûte de neige dure (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p. 184) :
• 3. ... ces marais si dangereux qu'on ne peut les passer de nuit que derrière un chien des Flandres, expert à flairer sous la croûte durcie la boue gluante qui en dix minutes, pouce après pouce, aspire un homme.
BERNANOS, Nouvelle Histoire de Mouchette, 1937, p. 1278.
— P. anal. Carapace de certains animaux (notamment des Crustacés). La croûte calcaire, qui leur tient lieu [aux écrevisses] en même temps de peau et de squelette (CUVIER, Anat. comp., t. 1, 1805, p. 118).
— Au fig. et p. métaph., péj. Ce qui recouvre superficiellement quelque chose ou quelqu'un. Synon. couche. Barrès, sa moelle sous une croûte de pédantisme (RENARD, Journal, 1905, p. 1018). Son inimitié couvait tout doucettement, n'aurait peut-être jamais crevé la surface, la croûte, épaissie par les années, de l'indifférence (ARNOUX, Crimes innoc., 1952, p. 158) :
• 4. Il faut plonger sous la croûte superficielle de la réalité, du sens commun, de la raison raisonnante pour toucher au fond de l'âme et réveiller les puissances immémoriales du désir.
SARTRE, Situations III, 1949, p. 255.
2. Emplois spéc.
a) Domaines sc.
— GÉOL. Croûte terrestre. Partie superficielle du globe terrestre. Synon. écorce terrestre; anton. magma. Cette pâte encore souple que vous venez de voir est issue des plus anciennes roches cristallines, les premières qui ont paru sur la croûte terrestre, celles que l'on nomme les roches ignées (CHARDONNE, Dest. sent., 1936, p. 260).
— MÉD. Plaque qui se forme à la surface de la peau par dessication de sérosités, de sang ou de pus. Il a des croûtes rougeâtres sur le visage et le poil jaune et rare (CAMUS, Étranger, 1942, p. 1142).
♦ Croûte(s) de lait. Affection cutanée chez le nourrisson, apparaissant sous forme de plaques essentiellement sur le cuir chevelu. Karelina passa la main sur le crâne, la fragile enveloppe aux cheveux fins, déprimée à la place de la fontanelle, sous laquelle palpitait la cervelle. Quelque chose comme une mince croûte desséchée racla le bout de ses doigts. La « croûte de lait » (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p. 216).
Rem. On rencontre ds la docum. a) Croûtelette, croutelle, subst. fém. Petite croûte sur la peau. Aux 6e, 7e jours, l'élément en régression, se dessèche, se recouvre de croûtelettes (TEISSIER, TANON ds Nouv. Traité Méd., fasc. 2, 1928, p. 344). Le grattage (...) achève la chute des croûtelles (TEISSIER, ibid., p. 262). b) Croûtelevé, croûte-levé, ée, adj. et subst. (Celui) qui a la peau soulevée du fait de croûtes, galeux. Tout ce bazar clinique d'aveugles, de paralytiques, de convulsionnaires et de croûtelevés (CLAUDEL, Poète regarde Croix, 1938, p. 243). Comme terme d'injure. Ce sont les teigneux, les gourmeux (...) rouges, couverts de boutons, tous ces petits « croûte-levés » ont poussé leur concert robuste (A. DAUDET, Nabab, 1877, p. 158).
b) Domaines techn.
— CÉRAM. Les assiettes et les plats sont moulés à la croûte. La croûte est une lame de terre bien égale d'épaisseur, qu'on applique sur le moule à l'aide du tour (WURTZ, Dict. chim., t. 2, 2e vol., 1876, p. 1152).
— MENUIS. Première ou dernière planche sciée dans une grume et dont la face non équarrie conserve l'écorce. Synon. dosse. On étendait les croûtes des troncs sciés en long (...) et posées le côté de l'écorce en haut (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 136).
— PEAUSS. Couche inférieure (côté chair) d'un cuir scié dans son épaisseur. Anton. fleur. Brodequins. Série avantageuse en croûte naturelle (Catal. Redoute, Automne-hiver 1951-52, p. 47).
C.— P. anal., fam., péj.
1. [P. réf. à une vieille croûte inutilisable considérée comme un déchet] Personne à l'esprit borné et imbécile :
• 5. Il [le notaire Lupin] se prononçait sur toute chose par un seul mot à trois modificatifs, le mot artistique croûte.
Un homme, un meuble, une femme pouvaient être croûte; puis, dans un degré supérieur de malfaçon, croûton; enfin, pour dernier terme, croûte-au-pot! Croûte-au-pot, c'était le : ça n'existe pas des artistes, l'omnium du mépris. Croûte, on pouvait se désencroûter; croûton était sans ressources; mais croûte-au-pot! oh! mieux valait n'être jamais sorti du néant.
BALZAC, Les Paysans, 1850, p. 275.
— En constr. attributive avec valeur adj. Une heure de retard (...). Qu'il est croûte, le vieux! (FALLET, Banl. s.-e., 1947, p. 50).
2. [P. réf. à une couche superficielle grossièrement appliquée] B.-A. Tableau de peinture de mauvaise facture. Je passe sous silence deux petites salles où s'étagent les croûtes des Cals, Rouart, Vidal et autres peinturlureurs des plus officiels (HUYSMANS, Art mod., 1883, p. 277).
Rem. On rencontre le dér. croûtier, subst. masc., vieilli, dans la plupart des dict. gén. du XIXe et du XXe s., notamment ds Ac. 1798-1835 : ,,Mauvais peintre qui ne peint que des croûtes``.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694 et 1718 sous l'anc. forme crouste; ds Ac. 1740-1932 sous la forme moderne. Étymol. et Hist. A. 1. a) XIe s. croste (de sang) (RASCHI Blondh. p. 1929); 1314 méd. (H. DE MONDEVILLE, Chirurgie, éd. A. BOS, 1566); b) 1690 « couche extérieure solide qui s'attache à quelque chose » (FUR.); c) 1855 croûte terrestre (NERVAL, Aurélia, pp. 295-296); 2. 1er tiers XIIIe s. fig. « partie superficielle de quelque chose » (G. DE COINCI, éd. F. Kœnig, 1 Mir. 11, 224); 3. 1757 « mauvaise peinture » (A.-J. PERNETY, Dict. portatif de peint., sculpt. et grav., s.v. barbouillage); 4. 1723 cuir en croûte « non apprêté » (J. SAVARY DES BRUSLONS, Dict. universel de comm.); 5. 1844 fig., pop. vieille croûte! « sot, homme encroûté dans la routine » (VIDOCQ, Vrais myst. Paris, t. 7, p. 241). B. 1. a) ca 1165 crouste « pâte enveloppant un pâté » (GAUTIER D'ARRAS, Eracle, éd. E. Söseth, 4424); 1890 « repas » arg. des voyous (d'apr. ESN.); 1900 pop. gagner sa croûte (d'apr. ESN.); b) fin XIIe s. « partie extérieure du pain » (Moniage Guillaume, I, 203 ds T.-L., s.v. mie). Du lat. class. crusta « ce qui enveloppe ou recouvre; notamment en parlant du pain, d'une plaie ». Fréq. abs. littér. :545. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 294, b) 785; XXe s. : a) 1 095, b) 987.
DÉR. Croûteler, verbe (notamment chez Genevoix). a) Emploi trans. Former une croûte. ) [Corresp. à croûte B 1] Les ornières étaient dures, croûtelées de glace blanche (GENEVOIX, Marcheloup, 1934, p. 36). ) [Corresp. à croûte B 2] Le poil terne et croûtelé de sang (GENEVOIX, Dern. harde, 1938, p. 77). b) Emploi intrans. Craquer comme une croûte. Il soufflait un faible vent du nord-est, qui coulait sans mordre la peau (...) le sol croûtelait légèrement sous les pas (GENEVOIX, Marcheloup, 1934, p. 262). — 1res attest. a) 1611 croustellé « (d'un malade) couvert de croûtes » (LARIVEY, Tromperies, IV, 2 ds HUG.), isolé, en face du plus anc. crostelevé (XIIIe-XVIe s. ds T.-L. et HUG.), repris comme terme région., cf. supra; b) 1934 « craquer » (GENEVOIX, op. cit., p. 262); a) dér. de l'a. fr. crostele au sens « plaque dure à la surface de la peau » (ca 1220, G. DE COINCI, éd. V. F. Kœnig, II Dout. 34, 648); suff. -é; b) altération de croustiller (cf. FEW, p. 1373 b) d'apr. croûte.
BBG. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 185. — STRAKA (G.). En relisant Ménaud, maître-draveur. In : [Mél. Imbs (P.)]. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1973, t. 11, n° 1, p. 271.
croûte [kʀut] n. f.
ÉTYM. XIe, croste; du lat. crusta « ce qui enveloppe ».
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1 Partie extérieure (du pain) durcie par la cuisson (opposé à mie). || La croûte et la mie du pain. || Croûte de pain. || Croûte dure, épaisse, croustillante; dorée, brûlée, noire. || Pain tout en croûte : pain très cuit et qui a très peu de mie. || Manger toute la croûte et laisser la mie. — (Une, des croûtes de pain). Morceau de croûte. || Croûtes de pain râpées. ⇒ Chapelure. || Croûte de pain frottée d'ail. ⇒ Chapon. || Croûte frite. ⇒ Croustade.
1 C'était un potage, et la moitié d'une poule rôtie sur une croûte de pain.
Saint-Simon, Mémoires, 225, 54.
♦ (1740). || Des croûtes de pain : des restes de pain, souvent secs et durcis. ⇒ Croûton.
2 Nous y rencontrâmes un homme (…) qui trempait des croûtes de pain dans une fontaine.
A. R. Lesage, Gil Blas, II, 8.
♦ ☑ Loc. (vieilli). Ne manger que des croûtes : faire maigre chère. ☑ Ne laisser à qqn que la croûte, les restes. — ☑ Frotter la croûte contre la mie : se contenter de pain pour son repas.
2 ☑ Loc. fam. (1878). Casser la croûte : manger. ⇒ Croûter. Syn. : casser la graine. ☑ Casser une croûte, une petite croûte : manger légèrement, faire une rapide collation. ⇒ Casse-croûte. || Casser la croûte avec qqn, manger avec lui, simplement, sans façon.
3 (…) et attend le matin pour casser une croûte.
J. Vallès, Jacques Vingtras, L'enfant, p. 232.
4 C'est bien le diable si je ne trouve pas dans ce village un bistrot où je pourrai casser la croûte.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, X, p. 77.
♦ (De casser la croûte, ou déverbal de croûter). || La croûte : la nourriture, le repas. || C'est l'heure de la croûte. ⇒ Bouffe, croustance, soupe. || À la croûte ! : à table !
4.1 À quoi que l'caporal pense de nous faire claquer du bec ? Le v'là. J'vais l'agrafer. Eh ! caporal, à quoi qu'tu penses d'pas nous faire croûter ?
— Oui, oui, la croûte ! répète le lot des éternels affamés.
H. Barbusse, le Feu, t. II, II, XX, p. 23.
4.2 Je vous invite chez moi après la croûte, vous le verrez (…)
René Fallet, le Triporteur, p. 224.
♦ ☑ Loc. (1900). Gagner sa croûte, sa nourriture, sa vie (→ Gagner son bifteck). || Il gagne bien sa croûte. — ☑ Travailler pour la croûte, pour gagner sa vie.
4.3 (…) il était temps qu'il se démerde pour gagner sa croûte car il ne lui restait pas grands fonds en poche (…)
R. Queneau, Pierrot mon ami, éd. L. de Poche, p. 123.
♦ ☑ Pop. Faire qqch. à ses croûtes, à ses frais.
3 (1611; v. 1165, crouste « pâte qui enveloppe un pâté »). Pâte cuite qui entoure (une préparation culinaire). || La croûte d'un pâté (⇒ Croustade). || Croûte fine, feuilletée. || Lever la croûte d'un pâté. — ☑ Prov. (vx). Croûte de pâté vaut bien pain : le meilleur est assez bon pour moi.
♦ En croûte : préparé avec une croûte. || Pâté en croûte (cour., mais en contradiction avec le sens original de pâté, voir ce mot). || Terrine en croûte. || Bœuf en croûte.
5 Elle enfonça une cuillère dans la terrine de veau en croûte (…)
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, II, IV, p. 287 (→ 1. Croquer, cit. 3).
♦ Cuis. Préparation comportant des croûtes de pain, des tranches de pâte cuite, une croûte (ci-dessus, 3.). || Croûte au fromage. || Croûte aux champignons. — Vx. || Croûte au pot : gros morceau de pain, croûtons mitonnés avec un bouillon (⇒ Chapon). Par métaphore et adj. (vx). → ci-dessous, cit. 10. — Pâte feuilletée destinée à recevoir un plat chaud. || Acheter des croûtes pour faire des bouchées à la reine.
4 Partie superficielle du fromage (qui ne se mange pas, en général). || Enlever la croûte. — Par métonymie. || Croûte rouge (régional) : fromage de Hollande.
———
II (1314, méd.). Par ext.
1 Partie superficielle durcie. || Croûte de tartre formée autour d'un tonneau. ⇒ Dépôt. || Croûte minérale (⇒ Incrustant). || Croûte calcaire déposée sur les faces intérieures d'une chaudière. ⇒ Calcin. || Croûtes de sel qui se déposent sur la peau après un bain de mer. — Par ext. Couche de matières durcies.
6 D'un peu partout, des odeurs de débris, de balayures, de serpillières gorgées, de petits tas humides dans des recoins, de minces croûtes de crasse vivante collant à du carrelage (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XV, p. 156.
♦ Spécialt. Couche de terre durcie et asséchée à la surface du sol. ⇒ Croûtage. — Techn. Couche solide à la surface d'une cuve d'électrolyse d'alumine, formée d'alumine et de cryolithe.
2 (1855). Géol. || La croûte terrestre : la partie superficielle du globe terrestre, formée par refroidissement. ⇒ Écorce (terrestre). ⇒ Lithosphère. || La croûte terrestre repose sur l'asthénosphère. — Loc. (vx en sc.). || Croûte continentale, d'une épaisseur de 30 km. || Croûte océanique, occupant le fond des océans.
7 Cette pâte encore souple que vous venez de voir est issue des plus anciennes roches cristallines, les premières qui ont paru sur la croûte terrestre, celles que l'on nomme les roches ignées (…)
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, III, VII, p. 495.
3 Mar. Surface irrégulière (d'une pièce de bois). — Menuis. Première ou dernière planche sciée, dont une face conserve l'écorce.
4 Méd. Lamelle irrégulière formée sur une lésion de la peau par dessèchement du sang, du pus ou d'une sérosité. ⇒ Écaille, escarre, squame. || Faire tomber la croûte d'une plaie. ⇒ Écroûter. || Croûtes dartreuses (⇒ Dartre). || Croûtes vaccinales. || Son corps est couvert de croûtes (⇒ Croûteux).
♦ Croûtes de lait, qui se forment parfois sur le corps des nourrissons, notamment sur leur cuir chevelu.
5 Fig. et rare. Ce qui recouvre superficiellement; couche superficielle. || Une croûte de culture. ⇒ Vernis. — REM. Cet emploi est vieilli, le mot étant, au figuré, surtout péjoratif.
8 La croûte germanique étendue sur la nation est mince, ou se trouve percée de bonne heure par la renaissance de la civilisation latine.
Taine, Philosophie de l'art, t. I, II, III, p. 126.
♦ Péj. et cour. || Une croûte d'ignorance, d'indifférence.
8.1 Une croûte d'ignorance et d'avarice a tellement recouvert les principes invariables de la doctrine monétaire (…)
Mirabeau, Collection, t. V, p. 63.
b Céramique. Première ébauche d'un travail de porcelaine lorsque la pâte a été travaillée sur le tour.
———
III Fig. et péj.
1 (1730, « tableau faux », puis « tableau noirci, encroûté »). Fam. Mauvais tableau. || Ce peintre ne fait que des croûtes.
8.2 Cet homme, lorsqu'il était nouvellement revenu d'Italie, faisait de très belles choses; il avait une couleur forte et vraie; sa composition était sage, quoique pleine de chaleur; son faire large et grand. Je connais quelques-uns de ses premiers morceaux qu'il appelle aujourd'hui des croûtes et qu'il rachèterait volontiers pour les brûler.
9 Êtes-vous seulement connaisseur ? Je vous demande cela dans votre intérêt, parce que vous devez vous faire repasser des croûtes par les marchands (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. I, p. 28.
2 (1844). Personne bornée, encroûtée dans la routine. || C'est une vieille croûte. ⇒ Croûton. || Quelle croûte ! ⇒ Imbécile.
♦ Adj. (d'abord dans les milieux artistes, → cit. 10). (XIXe). Fam. et vx. Médiocre, « bourgeois » (→ Tarte, II., 2.). || Il est un peu croûte. ⇒ Croûton (plus cour.).
10 Il se prononçait sur toute chose par un seul mot à trois modificatifs, le mot croûte.
Un homme, un meuble, une femme pouvaient être croûte; puis, dans un degré supérieur de malfaçon, croûton; enfin, pour dernier terme, croûte-au-pot ! Croûte-au-pot, c'était le : ça n'existe pas des artistes, l'omnium du mépris. Croûte, on pouvait se désencroûter; croûton était sans ressources; mais croûte-au-pot ! Oh ! mieux valait n'être jamais sorti du néant.
Balzac, les Paysans, II, I, Pl., t. VIII, p. 227.
REM. Le locuteur dont il est question est un notaire bourguignon qui se donne des airs parisiens.
♦ On trouve aussi, dans ce sens, le dér. croûtard, arde, au XIXe s.
11 (…) rugissons contre M. Thiers. Peut-on voir un plus triomphant imbécile, un croûtard plus abject, un plus étroniforme bourgeois.
Flaubert, Correspondance, Lettre à George Sand, 5e série, 337 (1887), in D. D. L., II, 4.
❖
CONTR. Mie.
DÉR. Croûtée, croûtelette, croûter, croûteux, croûton. V. Croûtage.
COMP. Casse-croûte. Écroûter, encroûter.
Encyclopédie Universelle. 2012.