1. mie [ mi ] adv. et n. f. I ♦ Adv. (XIIe) Vx Particule de négation. Ne... mie. ⇒ 2. pas. « de nouvelles peines auxquelles ils ne s'attendaient mie » (Sand). II ♦ N. f. (1209) Partie molle à l'intérieur du pain. Manger la mie et laisser la croûte. « ils se mettaient à pomper la sauce à pleine mie » (Giono). Pain de mie : pain à mie blanche et dense, à croûte fine et molle, utilisé pour les sandwichs, les toasts, les croque-monsieur. — Loc. fam. (1886) À la mie de pain : sans valeur. « Cher monsieur Vous êtes un mec à la mie de pain » (Apollinaire)(cf. À la gomme, à la flan, à la manque, à la noix). ⊗ HOM. Mi, mis, mye. mie 2. mie [ mi ] n. f. ♦ Vx ou littér. Amie, femme aimée. « J'aime mieux ma mie au gué » (chanson ancienne).
● mie nom féminin (latin mica, parcelle) Partie interne du pain, de structure alvéolaire et de couleur plus claire que la croûte, qui reste molle après cuisson. ● mie (expressions) nom féminin (latin mica, parcelle) Familier. À la mie de pain, sans valeur, à la gomme : Un argument à la mie de pain. ● mie (homonymes) nom féminin (latin mica, parcelle) mi nom masculin invariable mi- préfixe mis verbe mit verbe mît verbe m'y pronom personnel mye nom féminin ● mie nom féminin (fausse coupe de m'amie, mon amie) Littéraire. Amie, amante, femme aimée : Aller voir sa mie. ● mie (homonymes) nom féminin (fausse coupe de m'amie, mon amie) mi nom masculin invariable mi- préfixe mis verbe mit verbe mît verbe m'y pronom personnel mye nom féminin
mie
n. f. Partie intérieure du pain, qui est molle. La mie et la croûte.
————————
mie
n. f. Vx ou litt. Femme aimée.
I.
⇒MIE1, subst. fém.
A. —Vieilli. [Le plus souvent au plur.] Synon. de miette. Dans une rangée de tiroirs numérotés, s'alignaient les chapelures, la fine et la grosse, les mies de pain pour paner, les épices (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p.682).
B. —[Le plus souvent au sing.] Partie molle du pain, constituée par la pâte levée située à l'intérieur de la croûte. Boulette(s) de mie de pain. Un clerc (...) mordait en ce moment de fort bon appétit dans un morceau de pain; il en arracha un peu de mie pour faire une boulette et la lança railleusement par le vasistas d'une fenêtre (BALZAC, Chabert, 1832, p.6). Pain de collège: trop de croûte, mie pas cuite (RENARD, Journal, 1904, p.907). V. boulette ex. 1:
• 1. Verscleven (...) prit ses clefs sur la table, enfonça celle qui ouvrait la porte du chemin de ronde dans un morceau de mie de pain, coupa cette mie en deux suivant l'axe de la clé, et en obtint ainsi l'empreinte...
VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p.292.
♦Pain de mie. Pain, rond ou carré, cuit au moule, sans croûte et servant à la confection de sandwichs et de toasts. M. Ouine (...) ouvre un pot de marmelade. Le pain est justement ce pain de mie dont Philippe raffole (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p.1370).
— Au fig. et pop.
♦En mie de pain. Qui a peu de consistance; de peu de valeur. Ces Fourchambault ne sont pas si intéressants (...) Un bonhomme en mie-de-pain que sa femme, coquette, méchante et sotte, roule et pétrit comme elle le veut (A. DAUDET, Crit. dram., 1897, p.94). Il était nu sous ces regards, un grand type nu, en mie de pain. Un maladroit (...) Brunet semblait dur et noueux (SARTRE, Âge de raison, 1945, p.48).
♦À la mie (de pain). Sans valeur; sans solidité ou fondement. Et si vous n'êtes pas un éditeur à la mie de pain (...) vous allez reconnaître illico et récompenser mon activité (VERLAINE, Corresp., t.2, 1888, p.133). Décarcassez-vous, oui, tâchez (...) de sortir enfin, des pantomimes à la mie (COLETTE, Music-hall, 1913, p.209):
• 2. — J'en ai marre! gueulait l'ivrogne. Marre! Moi qui ai fait la traversée de l'Atlantique en pilotant le prince de Monaco, moi un vieux légionnaire: Tas de salauds, bande de vaches, révolutionnaires à la mie de pain!
MALRAUX, Espoir, 1937, p.665.
Prononc. et Orth.: [mi]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1121-34 «miette de pain» (PHILIPPE DE THAON, Bestiaire, éd. E.Walberg, 1035) — 1660, OUDIN Fr.-Esp.; 2. ca 1160 «partie molle du pain» (Moniage Guillaume, I, 203 ds T.-L.). Du lat. mica «parcelle, miette».
II.
⇒MIE2, adv.
Vieilli
A. —[En corrélation avec la négation] Ne ... mie.
1. Synon. vieilli de pas, point. Monseigneur, revenez tôt. Ah! je n'aurai mie sommeil sans vous (QUINET, Ahasvérus, 1833, 1re journ., p.102). Je te prie de ne compter mie sur moi, dimanche (...) (MALLARMÉ, Corresp., 1862, p.30). [Eudes] — Vous n'y voyez pas d'empêchement? [Philippe de Valois] — Je n'en vois mie (DRUON, Lis et lion, 1960, p.36).
2. Synon. de (ne) plus, rien. De fort agréables candidates au dîner comme moi ne me disaient mie (CÉLINE, Voyage, 1932, p.257):
• —. J'ai perdu le coeur de ma mie,
Le tiers dimanche de l'Avent;
Désormais je n'aimerai mie.
COPPÉE, Guerre de cent ans, 1895, p.206.
B. —[Sans corrélation avec la négation] Synon. de quelque chose, quoi que ce soit. L'anathème (...) défend de toucher mie à la chose, même en l'absence du propriétaire (PROUDHON, Propriété, 1840, p.245). S'il ne veut rien vous dire, à vous, je pense bien qu'il n'y aurait personne pour en tirer mie (LA VARENDE, Manants du Roi, 1938, p.132).
REM. Ne ... miette, adv., synon. vieilli (supra A). Elle s'en revint à la maison, dit-il, où de la nuit elle ne dormit miette (SAND, F. le Champi, 1848, p.89).
Prononc. et Orth.: [mi]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. Ca 1100 ne ... mie + verbe, dans une phrase négative (Roland, éd. J. Bédier, 2034), qualifié de ,,vieux mot`` ds POMEY 1671, vivant dans de nombreux parlers (v. FEW t.6, 2, p.73a). Même mot que mie1 employé comme auxil. de la négation pour signifier littéralement «ne... pas une miette, pas une parcelle», cf. goutte, pas, point. Bbg. MARTIN (R.). Le Mot rien et ses concurrents en fr. Paris, 1966, pp.179-180. — MEDER (F.). Pas, mie, point im Altfranzösischen. Thèse, Marbourg, 1891. — PRICE (G.). The negative particles pas, mie and point in Fr. Archivum linguisticum. 1962, t.14, pp.14-34; Point nie bien plus fortement que pas. Mél. Baldinger (K.). Tübingen, 1979, t.1, p.249. — TILANDER (G.). De sa fame ne voit mie. St. neophilol. 1951/52, t.24, pp.1-39. — YVON (H.). Pas et point ds les prop. négatives. Fr. mod. 1948, t.16, pp.22-34.
III.
⇒MIE3, subst. fém.
A. —Vieilli. [Abrév. de amie] Synon. de femme aimée, très chère. Je ne sortis point, je restai près de ma chère mie (MICHELET, Journal, 1849, p.35). V. mie2 ex.:
• ♦ Un oiseau chante au bois:
Mais j'aime mieux la voix
De ma mie.
La rosée à la fleur
Défleurie
Sait rendre sa couleur:
Mais j'aime mieux un pleur
De ma mie.
BANVILLE, Stalactites, 1846, p.165.
— [Comme terme d'adresse] Isabeau, ma mie, je ne serai content de Jupiter que lorsqu'il aura changé vos deux tétins blancs en deux noires bouteilles, où je téterai du vin de Beaune jour et nuit (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p.412).
B. —Vx. [Appellation donnée autrefois par les enfants à leur gouvernante ou à leur bonne (v. mamie2)] La mie [bonne] des enfants adultérins est marquise de Maintenon depuis un an (LA VARENDE, Saint-Simon, 1955, p.9).
C. —Vieilli, fam. [Forme d'interpellation d'une femme considérée comme étant de condition inférieure] Votre mère eut raison, ma mie: Les noix ont fort bon goût, mais il faut les ouvrir (FLORIAN, Fables, La Guenon, le singe et la noix, 1792, p.161). Taisez-vous, ma mie Bonbec. Je ne parle pas religion avec les gens de votre espèce (SAND, Beaux MM. Bois-Doré, t.2, 1857, p.121).
Prononc. et Orth. V. mie2. Étymol. et Hist. a) 1567 «maîtresse» (Le Mystère de Saint Sebastien, édité par F. Rabut ds Memoires et doc. publiés par la Société savoisienne, t.13, 1872, p.348); b) 1690 (FUR.: Les enfans appellent encore leur Gouvernante, leur Mie). Issu, par mécoupure, de m'amie «mon amie», s'amie «son amie» etc. l'initiale ayant été prise pour l'adj. poss. ma, sa.
STAT. —Mie 1, 2 et 3. Fréq. abs. littér.: 658. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 333, b) 3492; XXe s.: a) 353, b) 429.
1. mie [mi] n. f.
ÉTYM. V. 1119; « parcelle », spécialt « parcelle de pain » jusqu'au XVIIe, alors remplacé par miette; du lat. mica « parcelle ».
❖
———
1 Vx. Miette (de pain).
2 Adv. Vx ou archaïque. Particule servant à renforcer la négation ne (même formation que ne… pas…, ne… point, ne… goutte). ⇒ Pas. || N'approche mie de ces lieux (→ Lépreux, cit. 1).
1 Mie (du lat. mica, miette) a été, jusqu'au XVIe siècle, le principal concurrent de pas comme auxiliaire de ne (…) Dès le XVIIe siècle, son emploi était pure fantaisie d'archaïsme : « N'écoutez mie » (La Fontaine, Fables, IV, 16).
G. et R. Le Bidois, la Syntaxe du franç. moderne, §1776.
2 Ce jour-là (…) amena pour eux de nouvelles peines auxquelles ils ne s'attendaient mie.
G. Sand, la Petite Fadette, XI.
———
II (1209).
1 Partie molle qui est à l'intérieur du pain (opposé à croûte). || Manger la mie et laisser la croûte. || Talon de pain vidé de sa mie (→ Gelée, cit. 7). || Couche de mie de pain sur un mets. ⇒ Panure. || Hachis, farce à la mie de pain, où il entre de la mie. || Boulette de mie de pain. — Par anal. || Gomme mie de pain : gomme très molle pour le fusain, le crayon gras, etc.
3 Prends le pain le plus cuit (…) Ne mange pas tant de mie fraîche (…)
Colette, Chéri, p. 63.
4 (…) ils se mettaient à pomper la sauce à pleine mie.
J. Giono, Jean le Bleu, VI.
4.1 Ce lâche et froid sous-sol que l'on nomme la mie a son tissu pareil à celui des éponges : feuilles ou fleurs y sont comme des sœurs siamoises soudées par tous les coudes à la fois. Lorsque le pain rassit ces fleurs fanent et se rétrécissent : elles se détachent alors les unes des autres, et la masse en devient friable (…)
Francis Ponge, le Parti pris des choses, p. 46.
♦ Pain de mie : pain à croûte molle utilisé dans la confection des sandwiches, des toasts…
2 ☑ (1886). Fig., pop. À la mie de pain, à la mie, de peu de consistance, sans valeur. || Argument, raisonnement à la mie de pain, faible, faux. || Un héros à la mie de pain (cf. À la gomme, à la flan, à la manque…).
5 Cher monsieur
Vous êtes un mec à la mie de pain.
Apollinaire, Calligrammes, p. 32.
❖
CONTR. Croûte.
DÉR. Miette, mioche.
COMP. (Du sens I) Émier.
HOM. Mi, 2. mie; forme du v. mettre.
————————
2. mie [mi] n. f.
❖
♦ Vx ou littér. Amie, femme aimée. ⇒ Ami. || Avec ma mie (→ Épine, cit. 6), sa mie (→ Grand, cit. 75). || Avoir pour mie (→ Lutin, cit. 3). || Le regard, le cœur de ma mie… (→ Étoile, cit. 6). || « J'aime mieux ma mie au gué » (2. Gué, cit.).
1 (…) l'amour en fait un héros (…) Pour gagner le cœur de sa mie, — la belle Estérelle, — il entreprend des choses miraculeuses (…)
Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, « Mistral ».
2 Mon cœur ma mie mon âme.
Mon ciel mon feu ma flamme.
Mon corps ma chair mon bien
Voilà que tu reviens.
Jacques Brel, Litanies pour un retour.
❖
HOM. Mi, 1. mie; forme du v. mettre.
Encyclopédie Universelle. 2012.