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décevoir

décevoir [ des(ə)vwar ] v. tr. <conjug. : 28>
XIIe; lat. decipere « tromper »
1Vx Tromper, séduire par une apparence engageante, par qqch. de spécieux. abuser, attraper, leurrer.
2(XVIe) Mod. Littér. Ne pas répondre à (une attente). frustrer. Décevoir la confiance, l'attente, les espérances de qqn. tromper.
(XIXe) Cour. Tromper (qqn) dans ses espoirs; donner une impression moins agréable que l'impression attendue. désappointer. Cet élève m'a déçu. J'ai été très déçu par ce voyage. « Venise avait déçu Jacques comme un décor gondolé à force de servir » (Cocteau). « Les objets ne déçoivent pas; ils donnent toujours exactement le plaisir que l'on attend d'eux » (Maurois). trahir.
⊗ CONTR. Contenter, enchanter, satisfaire. Répondre (à l'attente).

décevoir verbe transitif (latin decipere, tromper) Ne pas répondre aux espoirs, à l'attente de quelqu'un ; désappointer, dépiter : Tu me déçois, je ne te croyais pas si menteur.décevoir (difficultés) verbe transitif (latin decipere, tromper) Conjugaison Comme recevoir. ● décevoir (expressions) verbe transitif (latin decipere, tromper) Décevoir l'espoir, l'attente, etc., de quelqu'un, ne pas y répondre ; tromper. ● décevoir (synonymes) verbe transitif (latin decipere, tromper) Ne pas répondre aux espoirs, à l'attente de quelqu'un ; désappointer...
Synonymes :
- dépiter
- désappointer
- désenchanter
- désillusionner
Contraires :
- charmer
- combler
- contenter
- enchanter
- ravir
- réjouir
- satisfaire
- transporter

décevoir
v. tr.
d1./d Tromper (qqn) dans ses espérances. Ce voyage m'a beaucoup déçu.
d2./d Litt. Décevoir la confiance de: ne pas répondre à l'attente de.

⇒DÉCEVOIR, verbe.
A.— Vieilli. Tromper, séduire par une apparence qui promet plus qu'elle ne donne. Synon. abuser, duper, leurrer. Il est contre les habitants de Paris. Il veut nous décevoir et nous trahir comme frère Richard, qui en ce moment chevauche avec nos ennemis (A. FRANCE, Contes Tournebroche, 1908, p. 80).
Rare. Décevoir à. Je me suis laissé un peu trop décevoir peut-être à sa pure grâce de causeur et d'écrivain (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 257).
Rem. On rencontre ds la docum. le subst. fém. décevance. Action de tromper. Synon. vieilli de déception A. D'âpres décevances (HUYSMANS, Ste Lydwine, 1901, p. 97).
B.— Causer à quelqu'un une déconvenue, un désappointement en ne répondant pas à son attente, à ses espoirs, ou à ses illusions. Décevoir l'attente, le désir de quelqu'un; décevoir un rêve. Cette évidence c'est l'absurde. C'est ce divorce entre l'esprit qui désire et le monde qui déçoit (CAMUS, Sisyphe, 1942, p. 71) :
1. Enfin, tout de même, y a un chapitre où il m'a jamais truqué, jamais déçu, jamais bluffé, jamais trahi (...) pourvu que je l'écoutasse, il était constamment heureux, ravi, comblé, satisfait...
CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 424.
2. « Moi, Joseph Pasquier, je n'ai confiance en personne. Et, comme ça, je ne suis jamais déçu... »
DUHAMEL, Chronique des Pasquier, La Nuit de la Saint-Jean, 1935, p. 135.
Emploi pronom. Ah! Ah! Monsieur Ouine, il y a des jours où, quoi qu'il arrive, on est sûr de ne pas se décevoir soi-même, il y a des jours visités par les dieux! (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p. 1373).
Rem. On rencontre ds la docum. l'adj. décevable. Sujet à n'être pas suivi d'effet. Une prognose dissymétrique et toujours décevable (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 217). ,,Peu usité`` ds Ac. 1835, 1878.
Prononc. et Orth. :[], [], (je) déçois [deswa]. L'élision s'accompagne d'une tendance à l'ouverture de la voyelle de 1re syll. Tel est sans doute le sens de la rem. de LITTRÉ (rejetée avec indignation ds DUPRÉ 1972 : ,,surprenante remarque de Littré!``) : ,,Dans décevoir et les autres mots de cette famille, la prononciation met plutôt un accent grave qu'un aigu``. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1121-35 « tromper » (PH. DE THAON, Bestiaire, éd. E. Walberg., 181); 2. ca 1360-1400 part. passé « qui éprouve une déconvenue » (FROISSART, Chroniques, éd. S. Luce, I, 30, p. 57). Du lat. vulg. , class. (v. VÄÄN. § 314) « attraper; tromper; causer une déconvenue (Pline) »; le traitement du -c- comme à l'initiale, par suite de la persistance du sentiment de la composition, en relation avec recipere, concipere. Fréq. abs. littér. :235. Fréq. abs. littér. : XIXe s. : a) 44, b) néant; XXe s. : a) 282, b) 791. Bbg. GUIRAUD (P.). Le Ch. morpho-sém. du mot tromper. B. Soc. Ling. 1968, t. 63, p. 101. — LEW. 1960, p. 59, 126, 128 (s.v. décevance).

décevoir [des(ə)vwaʀ] v. tr. [CONJUG. recevoir.]
ÉTYM. V. 1121; lat. decipere « tromper ».
1 Vx. Tromper, séduire par une apparence engageante, par qqch. de spécieux. Abuser, amuser, attraper, duper, leurrer, surprendre, tromper. || Décevoir un naïf par des promesses. || L'apparence (cit. 13) déçoit.
2 (XVIe). Mod. Littér. Ne pas répondre à (une attente). Désappointer, frustrer; déception. || Décevoir la confiance, l'attente, les espérances de qqn.
1 Il (votre mérite) n'a point déçu
Le généreux espoir que j'en avais conçu.
Corneille, Polyeucte, II, 2.
(XXe). Cour. Tromper (qqn) dans ses espoirs; donner une impression moins agréable que l'impression attendue. Trahir; voler (être volé).Absolt. || Cet élève déçoit.Au p. p. || Il est, il a été déçu par… (→ ci-dessous, Déçu).
2 Madame, je vois bien que vous êtes déçue (…)
Racine, Bérénice, III, 3.
3 De quoi est fait cet amour qui, né du désir, lui survit ? De confiance, d'habitude et d'admiration. Presque tous les êtres humains nous déçoivent.
A. Maurois, Un art de vivre, II, VI, p. 85.
4 Les objets ne déçoivent pas; ils donnent toujours exactement le plaisir que l'on attend d'eux. Les objets ne trahissent pas (…)
A. Maurois, Terre promise, XLVI, p. 320.
5 Venise avait déçu Jacques comme un décor gondolé à force de servir.
Cocteau, le Grand Écart, p. 21.
——————
déçu, ue p. p. adj.
ÉTYM. (XIVe).
À l'attente de qui on n'a pas répondu; qui a été trompé dans ses espoirs ( Attrapé, dépité). || Spectateur déçu.(Choses). || Espérances déçues.
6 (…) quelles espérances en lui placées se trouvèrent par lui déçues.
G. Duhamel, le Temps de la recherche, XVI, p. 227.
7 Elle fait des yeux tristes. Elle incline la tête, avec une légère crispation, comme une femme déçue qui va pleurer.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XV, p. 158.
Par métonymie. || Air déçu, moue déçue, qui exprime la déception.
N. (surtout au plur.). || Les déçus d'une politique, d'un parti…
CONTR. Contenter, enchanter, satisfaire. — Répondre (à l'attente); combler, remplir (l'attente).

Encyclopédie Universelle. 2012.