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déloger

déloger [ delɔʒe ] v. <conjug. : 3>
XIIIe; deslogier fin XIIe; de dé- et loger
1 V. intr. Vieilli Quitter brusquement son logement, sa place, pour aller s'établir ailleurs. déguerpir, déménager, 1. partir (cf. Plier bagage). Déloger de chez soi. Délogez de là ! décamper, filer.
Région. (Belgique) Découcher.
2 V. tr. (1657) Faire sortir (qqn) du lieu qu'il occupe. chasser, expulser, fam. vider. Déloger un locataire. Par ext. On délogea l'ennemi de ses positions. Déloger un lièvre de son terrier. débusquer. Déloger qqch., faire quitter, extraire. Brosse à dents qui déloge les débris d'aliments.
⊗ CONTR. Installer.

déloger verbe intransitif Sortir du lieu où on est installé ; décamper. En Belgique, découcher. ● déloger (difficultés) verbe intransitif Conjugaison Le g devient -ge- devant a et o : je déloge, nous délogeons ; il délogea. ● déloger (synonymes) verbe intransitif Sortir du lieu où on est installé ; décamper.
Synonymes :
- décamper (familier)
- déguerpir
- filer (familier)
- se sauver
déloger verbe transitif Faire quitter son logement, sa place : Déloger un locataire. Faire sortir, extraire un objet de sa place : On a eu du mal à déloger la balle qu'il a reçue dans le bras. Faire évacuer de force une position à l'ennemi. ● déloger (synonymes) verbe transitif Faire quitter son logement, sa place
Synonymes :
- expulser
Contraires :
- abriter
- héberger
Faire évacuer de force une position à l'ennemi.
Synonymes :
- chasser
- débusquer

déloger
v.
rI./r v. intr.
d1./d Abandonner son logement, l'endroit où l'on se trouve. Il finira bien par déloger tôt ou tard.
d2./d (Belgique) Découcher.
rII./r v. tr.
d1./d Faire quitter (à qqn) le logement qu'il occupe. Syn. expulser.
d2./d Chasser d'une position. Déloger l'ennemi.

⇒DÉLOGER, verbe.
A.— Emploi intrans.
1. Quitter le logement que l'on occupe (pour s'installer ailleurs). Tout de suite il [J.-J. Rousseau] décida de déloger, et dès le 4 novembre trouva à Montmorency un logement (GUÉHENNO. Jean-Jacques, 1950, p. 236).
2. P. ext. Sortir du lieu où l'on est installé.
a) [Le suj. désigne une pers.] Nous étions assis dans un creux; mais il fallut déloger; le vent froid coulait comme de l'eau, le long des pentes (ALAIN, Propos, 1909, p. 50).
Spécialement
♦ [En parlant de troupes] Il faut déloger demain avant le matin, reprit Valois... et courir sus aux Flamands pour les culbuter avant le soir (DRUON, Poisons couronne, 1956, p. 72).
Fam. Synon. de décamper. Donne-moi ta place, et déloge lestement (DUMAS père, Mohicans, 1854-55, I, 4, p. 38).
Déloger sans trompette, sans tambour ni trompette. S'enfuir discrètement, sans attirer l'attention.
b) P. métaph. [Le suj. désigne une manifestation de l'esprit humain] Adieu les caprices; (...) ils ont délogé, laissant la place à un esprit de constance et de recueillement (M. DE GUÉRIN, Corresp., 1838, p. 342) :
1. ... pouvait-il se retenir de dire : « Où la vertu va-t-elle se nicher? » s'étonnant bien moins au fond de ce que cette vertu se nichait sous les haillons du pauvre, que de ce qu'elle n'avait point délogé de dessous la guenille humaine.
SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 210.
B.— Emploi trans. [Le compl. désigne une pers. ou un animal] Déloger qqn. Lui ôter son logement, le lui faire quitter. Ce n'est pas facile de déloger un renard de son terrier (A. FRANCE, Lys rouge, 1894, p. 63) :
2. ... si l'imprudent restaurait son appartement, le petit Molineux pensait nuit et jour à la manière de le déloger pour réoccuper l'appartement fraîchement décoré; il le guettait, l'attendait et entamait la série de ses mauvais procédés.
BALZAC, César Birotteau, 1837, p. 109.
3. Nous gagnons le village afin de nous assurer d'un abri pour nos hommes. On va de case en case; on déloge quelques vieilles femmes qu'on dédommage.
GIDE, Le Retour du Tchad, 1928, p. 916.
P. ext.
1. [Le compl. désigne une pers.] Chasser quelqu'un d'un lieu qu'il occupait. Une centaine d'hommes essayèrent de résister (...) quelques obus les délogèrent en un instant (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 340).
a) P. métaph. La nature ne saurait où mettre le bien et la joie, si auparavant elle ne délogeait pas la douleur (P. LEROUX, Humanité, t. 1, 1840, p. 73) :
4. Toutes les positions que j'occupe depuis quarante-cinq ans et dont tu n'as pu me déloger, tomberaient une à une si je faisais une seule concession.
MAURIAC, Le Nœud de vipères, 1932, p. 57.
b) Spécialement
Lang. milit. Déloger l'ennemi. Le forcer à abandonner ses positions. Pour (...) déloger l'ennemi du Chemin-Des-Dames, (...) la 10e armée avait reçu l'ordre de « préparer une action de son aile droite... » (FOCH, Mém., t. 2, 1929, p. 213).
[Avec une nuance de rivalité] Évincer quelqu'un (d'un poste...). Tous n'avaient qu'une idée fixe, déloger le camarade au-dessus de soi pour monter d'un échelon (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 542).
2. [Le compl. désigne une chose] JEUX. Déloger la boule, la bille, la dame (d'un adversaire). Lui faire quitter la place qu'elle occupait :
5. La jeune femme, devant la longue table recouverte d'un drap vert, lança son premier palet, qu'elle plaça près du but, figuré par un point blanc. Mais l'empereur, montrant plus d'adresse encore, le délogea et prit la place.
ZOLA, Son Excellence E. Rougon, 1876, p. 168.
Rem. On rencontre chez Du Bos (Journal, 1924, p. 184) l'adj. délogeable au sens de « qui peut être délogé ». Il y a dans la position du « fragmentiste » quelque chose de très fort, d'où il n'est guère délogeable.
Prononc. et Orth. :[], (je) déloge []. Prend e devant a et o dans la conjug. : délogeai(s), délogeons. Admis ds Ac. 1694 et 1718, s.v. desloger; ds Ac. 1740-1932 sous la forme mod. Étymol. et Hist. 1. 1180-85 intrans. « partir, quitter le lieu où l'on est logé, décamper » (Raoul de Cambrai, éd. P. Meyer et A. Longnon, 2095); 2. ca 1230 trans. « faire partir » (G. DE COINCI, Mir. Vierge, éd. V. F. Kœnig, 1 Mir 32, 111). Dér. de loger; préf. dé-. Fréq. abs. littér. :111.
DÉR. Délogement, subst. masc. Action de déloger. Et cependant le château n'était pas achevé de meubler que le signal du délogement fut donné (CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 57). []. Ds Ac. 1694 et 1718 s.v. deslogement; ds Ac. 1740-1932 sous la forme mod. 1re attest. dernier quart XIVe s. (J. FROISSART, Chron., V, 232, 17 ds T.-L.); de déloger, suff. -(e)ment1. Fréq. abs. littér. : 1.
BBG. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 319. — PIRON (M.). Les Belgicismes lex. In : [Mél. Imbs (P.)]. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1973, t. 11, n° 1, p. 299.

déloger [delɔʒe] v. [CONJUG. loger. → Bouger.]
ÉTYM. 1230; deslogier, fin XIIe; de 1. dé-, et loger.
———
I V. intr.
1 Vx. Sortir de son logement.
1 Mon père, si matin qui vous fait déloger ?
Racine, les Plaideurs, I, 4.
2 Vieilli. Quitter brusquement son logement, sa place, pour aller s'établir ailleurs. Abandonner (un lieu), déguerpir, déménager, partir, sortir; bagage (plier bagage). || Il lui faudra déloger à la fin du mois, de son bail. || Délogez de là ! Décamper.
2 Rien n'est si simple et si nécessaire, madame, que de déloger de votre maison, quand vous n'approuvez pas que j'y reste.
Rousseau, les Confessions, IX.
3 — (…) Délogez à l'instant.
— Délogez ! Ah ! fi ! que c'est mal parler !
Beaumarchais, le Barbier de Séville, II, 13.
3 Régional (Belgique). Découcher.
4 Fig. Partir; aller (s'en aller). || Mal qui ne veut pas déloger.
4 (…) elle sent chaque jour
Déloger quelques ris, quelques jeux, puis l'amour.
La Fontaine, Fables, VII, 5.
5 Il attendit (…) que son âme délogeât de son corps pour passer dans un autre.
Diderot, Opinions des anciens philosophes, Sarrasins (→ Attendre, cit. 53).
6 (…) les jugements se forment en moi et, une fois établis, après deux ou trois secousses ou épreuves, ils sont affermis et ne délogent plus.
Sainte-Beuve, Correspondance, I, p. 353.
Fig. et fam. Déloger sans trompette (→ Bagage, cit. 10), sans tambour ni trompette : se retirer secrètement, sans faire de bruit. Esquiver (s').
7 Ô là, Madame la belette,
Que l'on déloge sans trompette,
Ou je vais avertir tous les rats du pays.
La Fontaine, Fables, VII, 16.
———
II V. tr. (1657).
1 Mod. Faire sortir (qqn) du lieu qu'il occupe. Chasser, expulser, vider (fam.). || Déloger quelqu'un de chez lui. || Déloger un locataire.
8 La veille de son arrivée, on me déloge de la chambre de faveur que j'occupais, contiguë à celle de Mme d'Épinay; on la prépare pour M. Grimm (…)
Rousseau, les Confessions, IX.
8.1 Il avait fait des pieds et des mains pour obtenir une bonne chambre et je le trouvai en train de donner de l'argent à un camarade qu'il délogeait.
Drieu La Rochelle, la Comédie de Charleroi, p. 137.
2 Faire sortir par la force. Chasser. || Déloger l'ennemi de ses positions. || Déloger un lièvre de son terrier. Débusquer.Figuré :
9 C'est qu'ils se placent dans la discussion sur un autre terrain, plus exactement sur un autre plan, aucune argumentation ne les en délogera.
Siegfried, l'Âme des peuples, IV, II, p. 92.
3 T. de jeu. Déplacer. || Déloger une boule, une bille…
CONTR. Loger, établir, installer. — Demeurer, rester, séjourner.
DÉR. Délogement.

Encyclopédie Universelle. 2012.