dépeupler [ depɶple ] v. tr. <conjug. : 1>
1 ♦ Dégarnir d'habitants (une région, une agglomération). La famine, les épidémies ont dépeuplé le pays. — Pronom. « dans toute contrée qui se dépeuple on doit tôt ou tard mourir de faim » (Rousseau). ⇒aussi se désertifier.
2 ♦ Par anal. Dégarnir (un lieu) d'animaux qui y vivent naturellement. Dépeupler un étang, une chasse. — Pronom. Garenne qui se dépeuple. — Dégarnir de plants. Dépeupler une forêt. ⇒ éclaircir.
3 ♦ Par ext. Vider provisoirement (un endroit) de ses occupants. L'entrée des troupes d'occupation avait dépeuplé les rues. Pronom. « L'entresol s'était entièrement dépeuplé [...] : les joueurs avaient été dîner » (Martin du Gard).
⊗ CONTR. Peupler, repeupler.
● dépeupler verbe transitif (latin depopulari, ravager, avec l'influence de peuple) Faire partir, totalement ou en partie, les habitants d'un pays, d'une région ; dégarnir : L'industrialisation a dépeuplé les campagnes. Faire disparaître les animaux qui vivent dans un lieu naturel ou en diminuer le nombre : La pollution a dépeuplé les rivières. Dégarnir une forêt de ses arbres. ● dépeupler (citations) verbe transitif (latin depopulari, ravager, avec l'influence de peuple) Alphonse de Prât de Lamartine Mâcon 1790-Paris 1869 Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé ! Premières Méditations poétiques, l'Isolement ● dépeupler (synonymes) verbe transitif (latin depopulari, ravager, avec l'influence de peuple) Faire partir, totalement ou en partie, les habitants d'un pays...
Synonymes :
- vider
Contraires :
- peupler
Dégarnir une forêt de ses arbres.
Synonymes :
- déboiser
- éclaircir
Contraires :
- boiser
dépeupler
v.
d1./d v. tr. Dégarnir, vider de ses habitants. Les vacances ont dépeuplé la capitale.
— Par ext. Dépeupler une forêt (de ses animaux, de ses arbres).
d2./d v. Pron. Perdre son peuplement. Régions qui se dépeuplent.
⇒DÉPEUPLER, verbe trans.
Faire perdre à un ensemble la plus grande partie ou la totalité de ses éléments.
1. [Le compl. d'obj. désigne une ville, une région, un pays] Faire perdre la plus grande partie ou la totalité de sa population. La traite dépeupla en partie l'Afrique noire pour prêter aux plantations du nouveau monde les bras qui manquaient (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 269). On ne peut souhaiter la mort de tout le monde ni, à la limite, dépeupler la planète pour jouir d'une liberté inimaginable autrement (CAMUS, Chute, 1956, p. 1508) :
• 1. Ce gouvernement invoquerait les intérêts du commerce, comme si c'était servir le commerce que de dépeupler un pays de sa jeunesse la plus florissante, arracher les bras les plus nécessaires à l'agriculture, aux manufactures, à l'industrie.
CONSTANT, De l'Esprit de conquête et de l'usurpation, 1813, p. 157.
♦ Emploi pronom. passif. Les villes encombrées se dépeuplent au profit des champs et leur envoient de joyeux bataillons de travailleurs (CLAUDEL, Pain dur; 1918, I, 1, p. 412). La ville se dépeupla d'enfants. On les envoya à Paris, à Nantes, à Rennes, où le pain était mieux assuré (GUÉHENNO, Journal homme 40 ans, 1934, p. 117).
— P. plaisant. :
• 2. Le monde féminin s'émut fort de l'apparition de ces deux beaux petits saints [don José et Luca Dolci]. On inventa contre eux des jeux de prunelle à dépeupler le paradis...
FEUILLET, Onesta, 1848, p. 211.
— P. exagér. Ici, dans cette chambre, que de fois j'ai fui un monde que ton absence dépeuplait pour moi (DUMAS père, Henri III, 1829, V, 2, p. 195).
2. P. ext.
a) Rare. [Le compl. d'obj. désigne une famille] Faire perdre la plus grande partie ou la totalité de ses membres. La mortalité qui dépeuple les familles (ABOUT, Grèce, 1854, p. 213).
♦ Emploi pronom. passif. À mesure que l'on vieillit et que le foyer se dépeuple, on se reporte vers les jours anciens, vers le temps de la jeunesse (FLAUB., Corresp., 1864, p. 137).
b) [Le compl. d'obj. désigne gén. un lieu public] Faire partir temporairement les personnes qui s'y trouvent :
• 3. La matinée s'écoulait, l'instant arriva où la végétation de juillet sous un soleil enfin chaud prend toute son ampleur et pendant quelques heures trouve des puissances qui dépeuplent la campagne.
BARRÈS, L'Appel au soldat, 1897, p. 297.
♦ Emploi pronom. passif. Les rues se dépeuplèrent. À la foule succédèrent les rondes des yakounines (VERNE, Tour monde, 1873, p. 127). Le square se dépeuplait. De gros rats, à demi rassurés par la solitude, trottinaient d'une plate-bande à l'autre (MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 840).
B.— [Le compl. d'obj. second. (prép. de) explicité ou non, désigne des animaux, le compl. d'obj. le lieu où ils vivent] Faire perdre la plus grande partie ou la totalité de ses animaux. Le brochet glouton, qui dépeuple les eaux (DELILLE, Hommes des champs, 1900, p. 44). Il tirait partout, tirait au hasard, ayant juré de dépeupler le domaine de tous les lapins et de tous les oiseaux (BOYLESVE, Leçon d'amour, 1902, p. 251).
♦ Emploi pronom. passif. Cette garenne commence à se dépeupler (Ac.).
C.— [Le compl. d'obj. second. (prép. de) explicité ou non, désigne des végétaux, le compl. d'obj. le lieu où ils poussent]. Dégarnir en grande partie ou en totalité. Dépeupler une forêt, une pépinière (Ac.). Les vignes dépeuplent d'arbres la campagne (MAURIAC, Du côté Proust, 1947, p. 57).
D.— Littér. [Le compl. d'obj. et le compl. d'obj. second. désignent des notions abstr.] Supprimer. Le monde, qu'ils ont dépeuplé de l'intelligence et de la bonté suprêmes (CONSTANT, Princ. pol., 1815, p. 134). À mesure qu'on lève les voiles de l'inconnu, on dépeuple l'imagination des hommes (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Peur, 1884 p. 958). Le malheur dépeuple l'âme, la vide (MARCEL, Journal, 1919, p. 202).
Rem. On rencontre ds la docum. l'adj. dépeupleur, euse. Qui dépeuple. La bande à Louchard, six ou sept terribles vauriens dépeupleurs de forêts, passent en chantant (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 272).
Prononc. et Orth. :[depœple], (il) dépeuple []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1343 « ravager (des terres, des plantations) » (Pièces relat. au règ. de Ch. VI, II, 67 Douët d'Arcq ds GDF.); 2. 1431 despopuler « dégarnir de ses habitants une région » (Assembl. faite en l'ostel de ville de Senlis, Mém. Soc. hist. Paris, t. V, 1878, p. 283 ds GDF. Compl.); 1580-92 se dépeupler (d'une région) (MONTAIGNE, Essais, Livre I, chap. 31, éd. Thibaudet, p. 242). Empr. au lat. class. depopulari « ravager » avec réfection d'apr. peuple; v. aussi dépopulation. Fréq. abs. littér. :74.
dépeupler [depœple] v. tr.
ÉTYM. 1343; lat. class. depopulari « ravager », de de-, et populus « peuple », avec réfect. d'après peuple, peupler.
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1 (1431). Dégarnir d'habitants (une région, une agglomération). || La famine, les épidémies ont dépeuplé le pays. || La grande industrie dépeuple les campagnes.
1 Elle (la guerre) ravage et dépeuple tout un pays.
Fénelon, Examen de la conscience d'un roi.
2 La découverte du nouveau monde qui a dépeuplé l'Europe (…)
3 (…) Quoi ! ces tyrans cruels,
Qui dépeuplent la terre (…)
Voltaire, Alzire, II, 2.
♦ Par plaisanterie :
4 (…) ce chat exterminateur,
Vrai Cerbère, était craint une lieue à la ronde;
Il voulait de souris dépeupler tout le monde.
La Fontaine, Fables, III, 18 (cf. aussi VII, 8).
5 Les seigneurs de Carthage voyant que leur pays se dépeuplait peu à peu (…)
Montaigne, Essais, I, 233.
6 (…) moins un pays produit d'hommes, moins il produit de denrées; c'est le défaut d'habitants qui l'empêche de nourrir le peu qu'il en a, et dans toute contrée qui se dépeuple on doit tôt ou tard mourir de faim.
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, IV, X.
7 En beaucoup de régions qui se dépeuplent, on voit se multiplier le nombre des petites communes : ainsi dans les Alpes, le Jura, la Lorraine, la Picardie.
Demangeon, Géographie économique et humaine de la France, t. I, II, p. 36.
7.1 On apprend que la morne ville se dépeuple lamentablement. Fièvre récurrente et émigration. Les indigènes, qu'on ne laisse plus libres (…) s'embêtent et fichent le camp.
Gide, Voyage au Congo, in Souvenirs, Pl., p. 824.
2 Par anal. Dégarnir (un lieu) d'animaux qui y vivent naturellement. || Dépeupler un étang, une chasse. — Pron. || Garenne qui se dépeuple. Dégarnir de plants. || Dépeupler une forêt. ⇒ Éclaircir.
♦ Vx. Dégarnir (un lieu) d'objets.
8 Tous (…) lisent ces sortes d'ouvrages (…) ils en dépeuplent les boutiques (…)
La Bruyère, Disc. à l'Académie, Préface.
3 Par ext. Vider provisoirement un endroit de ses occupants. ⇒ Vider. || L'entrée des troupes d'occupation dans la ville avait dépeuplé les rues. — Pron. || Les rues se sont dépeuplées.
9 L'entresol s'était entièrement dépeuplé pendant qu'il lisait : les joueurs avaient été dîner, l'orchestre s'était tu.
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 35.
4 Littér. (avec un compl. abstrait). Vider.
9.1 À mesure qu'on lève les voiles de l'inconnu, on dépeuple l'imagination des hommes.
Maupassant, Contes et Nouvelles, t. II, « La peur », 1884, p. 958, in T. L. F.
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dépeuplé, ée p. p. adj.
♦ Qui a perdu ses habitants. || Endroit, village dépeuplé. ⇒ Abandonné, désert, solitaire, vide.
10 (…) l'empire énervé et dépeuplé n'eut plus assez d'hommes ni d'énergie pour repousser les Barbares.
Taine, Philosophie de l'art, t. I, I, II, VI, p. 77.
♦ Figuré :
11 Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé !
Lamartine, Premières méditations, « L'isolement ».
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DÉR. Dépeuplement.
Encyclopédie Universelle. 2012.