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desserrer

desserrer [ desere ] v. tr. <conjug. : 1>
XIIe; de des- et serrer
1Relâcher (ce qui était serré). défaire. Desserrer sa ceinture d'un cran. Desserrer une vis, un écrou ( dévisser) . Desserrer sa prise, son étreinte. Fig. Desserrer les cordons de sa bourse (pour payer, pour débourser).
Pronom. Devenir moins serré. L'écrou s'est desserré. Fig. L'étau se desserre : les contraintes diminuent.
2 (XIIIe, repris 1656) Desserrer les dents, les lèvres : ouvrir la bouche; parler. « Chaque fois qu'il desserre les dents, il a l'air de vous faire une grâce » (Loti). Ne pas desserrer les dents : ne rien dire. ⇒ se taire.
⊗ CONTR. Serrer. ⊗ HOM. Desserre :dessers (desservir).

desserrer verbe transitif Relâcher ce qui est serré : Desserrer sa cravate. Cesser d'étreindre, de saisir. Faire cesser les contraintes ; rendre la liberté à quelque chose : Desserrer le crédit.desserrer (expressions) verbe transitif Ne pas desserrer les dents, les lèvres, ne pas ouvrir la bouche, ne pas parler ; se taire. ● desserrer (homonymes) verbe transitifdesserrer (synonymes) verbe transitif Relâcher ce qui est serré
Synonymes :
- défaire
- délacer
- dénouer
- dévisser

desserrer
v. tr. Relâcher (ce qui est serré). Desserrer sa cravate. Desserrer un écrou.
|| Loc. Ne pas desserrer les dents: se taire obstinément.
v. Pron. Le noeud s'est desserré.

⇒DESSERRER, verbe trans.
A.— Relâcher, détendre ce qui est serré ou ce qui serre. Desserrer une cravate :
1. Elle [Wanda] se jette littéralement sur Isabelle et l'étreint nerveusement. Isabelle pousse un cri : « Aïe! » Wanda desserre son étreinte, sans lâcher son amie, et elle reste quelques secondes le visage enfoui contre l'épaule d'Isabelle.
MARTIN DU GARD, Un Taciturne, 1932, p. 1327.
En partic. Desserrer les dents à qqn. Lui ouvrir la bouche, lui écarter de force les mâchoires. Desserrer les dents avec une cuiller (ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec Rivière], 1911, p. 305).
Emploi pronom. à sens passif. Une vis du delco de ma 402 se desserre tout le temps (ABELLIO, Pacifiques, 1946, p. 289) :
2. La bouche s'ouvre, on voit les dents qui se desserrent. Un soupir. Les jambes, les bras se détendent. Un après l'autre, les doigts menus s'allongent, s'écartent, se plient dans la position habituelle de la main au repos.
GIONO, Colline, 1929, p. 134.
TYPOGR. Desserrer une forme. Chasser avec le marteau les coins hors de leur place (CARABELLI, [Lang. impr.]).
En périphrase factitive. Il [Aristide] fit desserrer la forme (ZOLA, Fortune Rougon, 1871, p. 105).
Rem. On rencontre desserrer, emploi pronom., région. (Canada, Centre, Ouest). Devenir moins serré, s'écarter. De loin, ils [des arbres] semblent impénétrables. Dès que j'approche, leurs troncs se desserrent (RENARD, Hist. nat., 1896, p. 287). La cohue se desserre un peu (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 300).
B.— Au fig. Merci pour la bonne nouvelle! Ça me desserre un peu le cœur (FLAUB., Corresp., 1878, p. 169). L'angoisse m'a pris au cœur et ne desserre pas son étreinte (GIDE, Souv. Cour d'ass., 1913, p. 663).
Locutions
♦ [Gén. dans un cont. négatif] Desserrer les dents, les lèvres, les mâchoires. Parler, dire quelque chose. Monte-Cristo, qui desserrait si rarement les lèvres, allait parler (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 514) :
3. Il [Musset] arrive à huit heures, me salue, s'assied, ne desserre pas les dents, part après le dîner sans que j'aie entendu le son de sa voix.
PROUST, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, p. 542.
Desserrer les cordons de la bourse, desserrer les bourses. (Faire) débourser. L'effort de la religion consistait à desserrer les bourses, à vider les poches (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Père Amable, 1886, p. 216).
Desserrer un coup de pied, un coup de fouet, un soufflet, etc. (Ac. 1798-1878). Le donner avec violence.
Rem. On rencontre ds la docum. desserré, ée, adj. Qui ne serre plus, défait. Le massif chignon noir un peu desserré (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 21). Sa cartouchière, desserrée, bringuebalait sur son ventre (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 68).
Prononc. et Orth. :[] ou, p. harmonis. vocalique, []; (je) desserre []. LAND. 1834 et LITTRÉ transcrivent [-] à l'initiale (cf. dé-). Le verbe est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) 1121-35 « relâcher » et plus spéc. « ouvrir » (PH. DE THAON, Bestiaire, 3041 ds T.-L.); XIIIe s. (ne pas) desserrer les dents (pour parler) (RUTEBEUF, Le Sacristain et la femme au chevalier, 260, éd. E. Faral et J. Bastin, t. 2, p. 221); b) 1174-76 « relâcher, laisser libre cours à » (G. DE PONT STE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg CFMA, 2573); 2. a) ca 1135 intrans. « s'élancer » (Couronnement Louis, 941 ds T.-L.); b) 1306 trans. « lancer sur, décocher, assener » (G. GUIART, Royaux Lignages, éd. J. Buchon, I, 465 et 6981). Dér. de serrer; préf. dé-. Fréq. abs. littér. :393. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 167, b) 602; XXe s. : a) 769, b) 738. Bbg. MAT. Louis-Philippe. 1951, p. 293.

desserrer [deseʀe] v. tr.
ÉTYM. XIIe; de dés- (→ 1. Dé-), et serrer.
1 Rendre moins serré. Relâcher; défaire, ouvrir. || Desserrer sa ceinture d'un cran. || Desserrer une vis, un écrou (en commençant à dévisser). || Desserrer un étau. || Desserrer un nœud coulant. || Desserrer sa prise, son étreinte. || Desserrer les rangs.
1 (…) l'infortuné n'avait pas eu le courage de desserrer sa ceinture algérienne, ni de se défubler de son arsenal.
Alphonse Daudet, Tartarin de Tarascon, II, I.
2 Alors, Jenny, desserrant son étreinte, s'enfuit, sans un mot (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. II, p. 285.
Typogr. || Desserrer une forme.
Par métaphore. || Desserrer un blocus. || L'angoisse desserra son étau. || Le soulagement desserra son cœur.
3 (…) la douleur physique et les pénibles soins du traitement étaient les seules diversions (…) à la vraie souffrance. Peu à peu, l'étau s'est desserré (…) Usure de la sensibilité (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. IX, p. 147.
2 (XIIIe; repris 1656). Loc. Desserrer les dents : ouvrir la bouche. || Desserrer les dents d'un homme sans connaissance pour lui faire boire de l'alcool. Écarter.
4 Car, lâchant le bâton en desserrant les dents,
Elle (la tortue) tombe, elle crève aux pieds des regardants.
La Fontaine, Fables, X, 2.
Fig. || Desserrer les dents de qqn, le faire parler.
5 (…) quel intérêt assez pressant (…) desserre les dents d'un tel homme ?
Beaumarchais, la Mère coupable, II, 7.
Ne pas desserrer les dents : ne rien dire. Taire (se).REM. Dans ce sens, l'expression a pu comporter d'autres compl. : desserrer la bouche, le gosier, les lèvres, les mâchoires.
6 (…) je le chanterai (un couplet) sur la Loire, si je puis desserrer mon gosier, qui n'est pas en état de chanter (…)
Mme de Sévigné, 805, 6 mai 1680.
7 Si quelqu'un desserre les dents,
C'est un sot. J'en conviens. Mais que faut-il donc faire ?
Parler de loin, ou bien se taire.
La Fontaine, Fables, X, 1.
8 Il (Henri II) ne desserra pas les dents; enveloppé d'obstination sauvage, lié de sa parole (…)
Michelet, Extraits historiques, p. 188.
9 Chaque fois qu'il desserre les dents, il a l'air de vous faire une grâce.
Loti, les Désenchantés, III, VIII, p. 82.
3 Fig. Desserrer les cordons de la bourse, (vieilli) desserrer les bourses : (faire) débourser.
4 Fig. et vieilli. || Desserrer un coup de pied, un soufflet, etc., le donner avec violence. Lâcher.
——————
se desserrer v. pron.
Devenir moins serré. || Étau, écrou qui se desserre.Fig. || Son cœur se desserre.
CONTR. Serrer.
DÉR. Desserrage, desserre, desserrement.
HOM. Formes du v. desservir.

Encyclopédie Universelle. 2012.