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détraquer

détraquer [ detrake ] v. tr. <conjug. : 1>
XVI e; « détourner de la piste » 1464; moy. fr. trac « trace, piste » → traquer
1Vx Déranger dans sa marche. Mod. Déranger dans son mécanisme, dans son fonctionnement. abîmer, dérégler, détériorer; fam. déglinguer. Détraquer un moteur. Pronom. Ma montre se détraque.
2Par anal. Fam. Se détraquer l'estomac. Se détraquer les nerfs, la santé, en abusant des tranquillisants. Fig. et fam. Cela lui a détraqué le cerveau. brouiller, troubler. Pronom. Le temps se détraque, se gâte.
⊗ CONTR. Arranger, réparer.

détraquer verbe transitif (du moyen français trac, chemin) Abîmer quelque chose, faire qu'il ne fonctionne plus correctement : Détraquer une montre. Familier. Déranger quelqu'un, nuire à son organisme : Cet aliment détraque l'estomac. Familier. Perturber profondément quelqu'un, ses facultés mentales : Cette vie agitée l'a complètement détraqué.détraquer (homonymes) verbe transitif (du moyen français trac, chemin)détraquer (synonymes) verbe transitif (du moyen français trac, chemin) Abîmer quelque chose, faire qu'il ne fonctionne plus correctement
Synonymes :
- abîmer
- déglinguer (familier)
- dérégler
- détériorer
- esquinter (familier)
- fausser
- forcer
Contraires :
- dépanner
- réparer

détraquer
v. tr.
d1./d Déranger (un mécanisme). Détraquer une serrure, une horloge.
|| v. Pron. Montre, système qui se détraque.
d2./d Fig., Fam. Troubler le fonctionnement de. Médicaments qui détraquent le foie.
|| v. Pron. Le temps se détraque.

⇒DÉTRAQUER, verbe trans.
A.— Vx. Déranger dans sa marche, son mécanisme.
Spécialement
1. CHASSE. ,,Détraquer un piège, le détendre`` (BAUDR. Chasses 1834).
2. MAN. ,,Faire perdre (à un cheval) ses bonnes allures, son allure ordinaire`` (Ac. 1835-1932).
B.— Usuel
1. Déranger (quelque chose) dans son fonctionnement. Détraquer une machine, une montre, un moteur. (Quasi-) synon. déglinguer (fam.), déranger, dérégler.
P. métaph. Aujourd'hui, c'est dimanche, un jour qui détraque la semaine (COLETTE, Ingénue libert., 1909, p. 201).
Emploi pronom. à sens passif. La machine, la mécanique, la pendule, le système se détraque. Le soleil était arrêté (...). Et c'est pourquoi tout se détraquait (CENDRARS, Lotiss. ciel, 1949, p. 72) :
C'était la vieille machine gouvernementale qui continuait à marcher d'elle-même, par la force acquise, avec des grincements et des heurts, et qui se détraquerait, qui tomberait en poudre, dès que naîtrait la société nouvelle.
ZOLA, Travail, t. 1, 1901, p. 108.
2. P. anal.
a) Un aliment détraque l'estomac.
Emploi pronom. réfl. indir. Se détraquer l'estomac, les nerfs. Pop. Se détraquer le trognon. Devenir fou (d'apr. FRANCE 1907).
b) Au fig. et fam. Détraquer le cerveau, l'esprit. Rendre fou. Comme il faut peu de chose pour détraquer une tête humaine! (MÉRIMÉE, Lettres Ctesse de Montijo, t. 1, 1870, p. 282). Un souffle d'alcool (...) émasculait les hommes, détraquait les femmes, empoisonnait l'enfant dans l'œuf (ZOLA, Fécondité, 1899, p. 74).
Emploi pronom. à sens passif. Pourtant cette machine [la formule classique] si bien réglée s'est détraquée un jour (ZOLA, Doc. littér., Victor Hugo, 1881, p. 46). T'as pas idée de ce qu'on devient en taule. La machine se détraque (CARCO, Montmartre, 1938, p. 248).
Rem. On rencontre ds la docum. a) Détraquant, ante, part. prés. et adj., rare. Qui désempare, rend fou. Ce qu'il y a d'affolant, de détraquant, de désespérant, ce n'est pas la catastrophe elle-même (BLOY, Journal, 1897, p. 248). b) Détraqueur, subst. masc. Celui qui détraque. Constatons que cette dégénérescence de leur armée [des Turcs] est notre œuvre, à nous, les détraqueurs d'Occident (LOTI, Turquie agonis., 1913, p. 45).
Prononc. et Orth. [], (je) détraque []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1464 se detraquer « se séparer, en suivant chacun un chemin différent » (Bibl. Ec. des Chartes, 1854, p. 273 ds DG); 1564 « déranger dans sa marche » (THIERRY); 1578 estomach détraqué (JOUB., Err. pop., 2e p., ch. XVII ds GDF. Compl.); 1601 ames turbulentes et detraquees (CHARRON, Sagesse, livre I, ch. XLII, ibid.). Dér. du m. fr. trac « chemin, trace, piste », v. traquer; préf. dé-; dés. -er; cf. av. 1590 pour destrasquer les saints du saint trac de la Foy (DU BARTAS, Le Triomphe de la Foy, ch. 2, p. 435 ds HUG.). Fréq. abs. littér. :345. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 88, b) 522; XXe s. : a) 967, b) 527.

détraquer [detʀake] v. tr.
ÉTYM. 1464; de 1. dé-, trac « trace », et suff. verbal; littéralt « détourner de la piste ». → Traquer.
1 Vx. Déranger dans sa marche.(1719, Richelet). Spécialt. T. de manège. || Détraquer un cheval, lui faire perdre ses bonnes allures.
2 (V. 1625). Mod. Déranger dans son mécanisme, dans son fonctionnement. Déglinguer, démonter, déranger, dérégler, détériorer, disloquer. || Détraquer un moteur. || Détraquer une horloge en voulant la réparer.Pron. || Ma montre se détraque. || Machine qui se détraque.
1 Pour m'achever, ayant fait entrer un peu de physiologie dans mes lectures, je m'étais mis à étudier l'anatomie, et passant en revue la multitude et le jeu des pièces qui composaient ma machine, je m'attendais à sentir détraquer tout cela vingt fois le jour.
Rousseau, les Confessions, II.
1.1 Mais, hommes et bêtes, pris debout par les rafales, ne faisaient guère trois pas sans en perdre un et quelquefois deux. Ils glissaient, ils tombaient, ils se relevaient. À ce jeu, le véhicule risquait fort de se détraquer.
J. Verne, Michel Strogoff, p. 142.
3 Par anal. Déranger. || Se détraquer les nerfs, en commettant des abus.Fig. et fam. Troubler les facultés mentales. || Cela lui a détraqué le cerveau. Brouiller, pervertir, troubler.
Pron. Fig. || Le temps se détraque.
——————
détraqué, ée p. p. adj.
1 Dérangé dans son fonctionnement. || Machine détraquée. Panne (en).
2 Malheureusement notre poste de radio est détraqué et c'est chez notre aimable voisin, M. Amphoux, que je dois aller quêter les nouvelles.
Gide, Journal, 20 févr. 1943.
Fig. || Le temps est détraqué.
3 Il fait un temps entièrement détraqué (…)
Mme de Sévigné, Lettres, 802, 26 avr. 1680.
Fam. || Santé détraquée. || Avoir les nerfs détraqués. || Intestins détraqués.
2 Spécialt. Atteint de troubles mentaux. || Avoir le cerveau détraqué. Dérangé, troublé.(Personnes). || Il est détraqué.
N. || C'est un détraqué. Cinglé (fam.), déséquilibré, fou, malade.
4 (…) sa raison sommeillait, et depuis longtemps elle ne suivait plus que les feux follets de son imagination détraquée.
Renan, Souvenirs d'enfance…, I, IV, p. 50.
5 Il était presque fou de peur; et, de l'affaire, sa cervelle en est restée détraquée.
Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, « l'Agonie de la Sémillante ».
6 Et Mme de Réveillon devait aussi avoir forcément sur des choses qui ne se rapportaient pas à la poésie des idées qui, nées de ce brillant tempérament intellectuel, devaient être si différentes de celles de son milieu qu'elle devait forcément le choquer énormément, de sorte qu'elle y passait pour très mal élevée, un peu détraquée dans ses idées et exerçant une influence déplorable sur son mari.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 524.
CONTR. Arranger, dépanner, réparer. — Guérir. — (Du p. p.) Normal, sain.
DÉR. Détraquage, détraquement.

Encyclopédie Universelle. 2012.