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trace

trace [ tras ] n. f.
• déb. XIIe; de tracer
1Empreinte ou suite d'empreintes, de marques que laisse le passage d'un être ou d'un objet. « des traces de pas sur la neige conduisaient à un pavillon » (Carco). Disparaître sans laisser de traces. Perdre, retrouver la trace d'un fugitif. piste. Les traces d'une bête. brisées, foulée, 1. pas, passée. Suivre un gibier à la trace, en se guidant sur ses traces. Loc. Suivre les traces, marcher sur les traces de qqn : suivre son exemple. — Sport Trace directe : position (et mouvement) du skieur lorsque sa direction est celle de l'axe des skis parallèles. ⇒ descente, schuss.
2Marque laissée par une action quelconque. « il n'y avait nulle trace d'effraction » (Renan). Traces de freinage. Traces de coups. Traces de sang, d'encre, que laisse une chose tachée de sang, d'encre. ⇒ tache.
Ce à quoi on reconnaît que qqch. a existé, ce qui subsiste d'une chose passée. reste , vestige. « La pioche minutieuse des archéologues découvre, couche par couche, la trace émouvante des civilisations » (Daniel-Rops).
3Très petite quantité perceptible. « la plupart des médecins qui firent l'autopsie trouvèrent des traces indubitables de poison » (Michelet). Fig. « Sans éprouver nulle trace d'ennui » (Romains).
Chim. Élément trace, en très faible concentration.
4(1799) Math. Trace d'une droite sur un plan, d'un plan sur un plan, leur point d'intersection. Trace frontale, horizontale. Trace d'une matrice carrée, d'un tenseur, la somme de leurs éléments diagonaux.

trace nom féminin (de tracer) Suite d'empreintes laissées sur le sol par le passage de quelqu'un, d'un animal, d'un véhicule : Relever des traces de pas dans une allée. Marque laissée par une action quelconque : La porte garde des traces d'effraction. Très faible quantité d'une substance : Déceler des traces d'albumine dans les urines. Littéraire. Ce qui subsiste de quelque chose du passé sous la forme de débris, de vestiges, etc. : Des traces d'une civilisation très ancienne. Marque physique ou morale faite par un événement, une situation, une maladie, un coup : Cette aventure a laissé des traces profondes en lui. Aux Antilles, sentier en montagne. Mathématiques En géométrie descriptive, intersection d'une droite ou d'un plan avec l'un des plans de projection. Psychologie Ce qui subsiste dans la mémoire d'un événement passé. ● trace (citations) nom féminin (de tracer) Henri Michaux Namur 1899-Paris 1984 Qui laisse une trace, laisse une plaie. Tranches de savoir Cercle des Artstrace (difficultés) nom féminin (de tracer) Orthographe Au singulier dans : il n'en reste pas trace, pas de trace ; disparu sans laisser de trace. ● trace (expressions) nom féminin (de tracer) Être sur la trace de quelqu'un, de quelque chose, être en voie de le découvrir. Il n'y a pas trace de quelqu'un, de quelque chose, il n'y a rien qui atteste la présence de quelqu'un, l'action de quelque chose. Suivre la trace, les traces de, marcher sur les traces de quelqu'un, suivre l'exemple de quelqu'un. Suivre à la trace, suivre, en particulier en se guidant d'après les traces laissées. Trace acoustique, empreinte photographique produite sur une piste sonore par l'enregistrement d'un signal acoustique. Élément trace, élément chimique dont la concentration dans les échantillons analysés n'excède pas quelques centaines de parties par million (quelque 0,01 %). [Obéissant à certaines lois simples de thermodynamique, ils sont utilisés pour retracer certains événements géologiques (fusion des roches, cristallisation des magmas, altération des roches, etc.)] Trace d'une matrice carrée, somme des éléments de la diagonale principale. ● trace (homonymes) nom féminin (de tracer) thrace adjectif thrace nom masculintrace (synonymes) nom féminin (de tracer) Suite d'empreintes laissées sur le sol par le passage de...
Synonymes :
- traînée
Littéraire. Ce qui subsiste de quelque chose du passé sous la forme...
Synonymes :
- marque
- reste
- vestige
Marque physique ou morale faite par un événement, une situation...
Synonymes :
- empreinte

trace
n. f.
d1./d Suite de marques, d'empreintes laissées par le passage d'un homme, d'un animal ou d'une chose. Traces de pas. Suivre un gibier à la trace.
|| Loc. fig. Suivre les traces, marcher sur les traces de qqn, suivre son exemple, la voie qu'il a ouverte.
d2./d Marque laissée par une action, par un événement passé. Des traces d'effraction.
Fig. Cette aventure laissa en lui des traces profondes.
d3./d Quantité infime. Traces d'albumine dans l'urine.
d4./d GEOM Lieu d'intersection (d'une droite, d'un plan) avec le plan de projection.

⇒TRACE, subst. fém.
I. A. — Suite d'empreintes, de marques laissées par le passage de quelqu'un, d'un animal, d'un véhicule; chacune de ces empreintes ou de ces marques.
1. [Gén. au sol, p. réf. à la notion de pieds, de pas, de pattes, de sabots, de roues,...] S'attacher à la trace de; flairer la trace de (qqn, d'un animal); cacher sa trace, marquer la trace de ses pas; traces de pas, de bêtes, de pneus, de roues sur le sol, dans la neige; suivre la trace d'un traîneau. [Le faisan] laisse là, avec ses plumes et avec ses pattes, des traces tangibles, qui renseignent sur sa proximité immédiate (VIDRON, Chasse, 1945, p. 33). L'enquête s'efforce d'établir si les vandales qui semblent avoir été deuxon a relevé leurs empreintes et les traces de leurs semelles de crêpen'ont pas emporté divers objets (Le Figaro, 19-20 janv. 1952, p. 2, col. 5).
VÉN. Marque laissée par le passage de toute bête; en partic, empreinte du pied du sanglier; p. méton., pied du sanglier. Synon. abattures, foulée, piste, voie. Alexandre de Vitry s'empara d'une de ses traces [du sanglier mort] pour le tirer sur le rivage (LA HÊTRAIE, Chasse, vén., fauconn., 1945, p. 183).
Lever la trace. ,,Couper le pied droit du sanglier, pour en faire les honneurs à la curée`` (Lar. encyclop.).
2. [P. réf. à la notion de doigts, de mains, et aux empreintes qui en résultent] Il palpait le cou: « Étranglée avec les mains sans laisser d'ailleurs aucune trace particulière, ni marque d'ongle ni empreinte de doigt. (...) » (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Pte Roque, 1885, p. 1024).
Trace de + subst. désignant le geste, l'action manuelle à l'origine de la trace. Trace de strangulation. Nulle trace d'effraction, pas d'empreintes de souliers dans la terre humide (A. FRANCE, Putois, 1904, p. 70). La clôture portait trace d'une attaque de nuit (HAMP, Champagne, 1909, p. 167).
En partic. [Notamment dans les affaires criminelles] Preuve matérielle. Traces insignifiantes; laisser de nombreuses traces de son passage; faire disparaître les moindres traces; une mort sans traces. Songez que tous les jours meurent des femmes qui ont été aimées, que tous les jours les traces, les preuves de leur faute tombent entre les mains du mari (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Nos lettres, 1888, p. 1107).
3. [P. réf. à l'eau] Sillage. La mer immobile (...) s'étalait sous un ciel infini. Les roues battaient l'eau et troublaient son calme sommeil. Et, derrière nous, une longue trace écumeuse, une grande traînée pâle où l'onde remuée moussait comme du champagne, allongeait jusqu'à perte de vue le sillage tout droit du bâtiment (MAUPASS., Contes et nouv., Voy. noce, 1882, p. 646).
4. ALPIN., SKI., gén. au plur. Marque(s) creusée(s) dans la neige par les pas, les skis. Tout évoquait les sports d'hiver (...) grandes photographies de téléphériques, de champs de neige éblouissants rayés de traces (BUTOR, Modif., 1957, p. 53).
Faire la trace. Marcher le premier dans la neige, sur la glace. Faire la trace à tour de rôle. Estienne a quelque mal pour faire la trace (J. COSTE, Quatre premières années, 1927 ds PETIOT 1982). Faire la trace. Passer le premier dans une neige profonde de manière à imprimer les deux traces des skis. Faire la trace est une opération fatigante (surtout à la montée) (GAUTRAT 1970).
5. P. anal. Ce qui subsiste.
a) Dans le domaine mus., des bruits, des sons. La voix qui redescend de sa montée meurtrie rentre dans les traces de l' Arietta (ROLLAND, Beethoven, t. 2, 1937, p. 490). La porte qui filtrait les sons devient sèche; à peine une buée de bruits de pas; la trace d'un rire (BUTOR, Passage Milan, 1954, p. 124).
b) Dans le domaine olfactif (la trace provenant d'un parfum, d'une odeur). Jeannot allait au bain, et laissait derrière lui en secouant les lianes de jasmin une trace plus parfumée que celle de la première de chez Guerlain (GIRAUDOUX, Suzanne, 1921, p. 207).
6. Loc. verb.
a) Suivre qqn à la trace. Suivre quelqu'un en se guidant sur ce qu'il a laissé derrière lui (empreinte, odeur). Suivre un malfaiteur, le gibier à la trace. Il en est [des malades] qui suivent les personnes à la trace comme un chien, et reconnaissent à l'odorat, les objets dont ces personnes se sont servies (CABANIS, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. 458).
P. métaph. ou au fig. Ce qui nous intéresse, ce n'est pas de savoir dans quelle mesure exacte Robespierre ou Marat demeurèrent ou non « bourgeois », mais de suivre à la trace le courant de démocratie que nous étudions, divergent de la démocratie classique (VEDEL, Dr. constit., 1949, p. 195).
b) Aller, courir sur les traces de qqn. Suivre quelqu'un, courir après lui. Je demande l'addition, je cours sur ses traces et j'arrive... trop tard! Il venait de tout raconter à ma femme! (LABICHE, J'invite le colonel, 1860, 3, p. 337).
c) Être, mettre sur la/les trace(s) de. Être sur la piste de, mettre sur la voie menant à. La justice est sur la trace des coupables, grâce à deux pièces de conviction (LABICHE, Affaire rue Lourcine, 1879, 7, p. 452). Ne méprisons donc pas les petits signes: ils peuvent nous mettre sur la trace de choses plus importantes (FREUD, Introd. psychanal., trad. par S. Jankélévitch, 1959 [1922], p. 37). Mettre sur une trace. Mettre sur une piste. Il suffit quelquefois d'un rien, d'un mot, d'un simple indice, d'une ligne d'écriture, pour mettre sur une trace cherchée en vain jusque-là (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 2, 1859, p. 232).
d) Perdre la trace de qqn. Ne pas savoir où il est, le perdre de vue. Dès 1876 (...) on perd un peu sa trace (VERLAINE, Œuvres compl., t. 5, Hommes d'auj. (Rimbaud), 1885-93, p. 365). Faire perdre la trace (à qqn). Égarer (quelqu'un), le dérouter. C'est tout à fait le ton de Molière [dans Macette de Régnier] (...) sans rien de ces étrangetés qui nous déroutent ailleurs chez Régnier et nous font perdre la trace (SAINTE-BEUVE, Prem. lundis, t. 3, 1864, p. 177). Goupil (...) espérait bien, à la faveur des ronces et des clématites, faire perdre sa trace au limier farouche qui lui donnait la chasse (PERGAUD, De Goupil, 1910, p. 39).
e) Marcher sur, suivre les traces de qqn (au fig.). Imiter, suivre l'exemple de quelqu'un. Marcher sur les traces de son père, de ses aïeux. Piedigriggio a deux fils, qui, marchant noblement sur ses traces, ont joué de l'escopette et tiennent le maquis à leur tour (A. DAUDET, Nabab, 1877, p. 232). Celui-ci suivra les traces d'Ingres, celui-là de Delacroix, cet autre de Daumier (FAURE, Hist. art, 1921, p. 201).
B. — 1. Marque physique, matérielle laissée par quelqu'un ou quelque chose sur, en quelqu'un ou quelque chose.
a) [L'agent désigne notamment]
) [un coup, une brûlure, griffure ou morsure, des tortures, une plaie, les séquelles du vieillissement ou de la maladie, la manifestation d'un chagrin...] Porter la trace de coups; (cacher, réparer) les premières traces des années; traces de larmes; ne porter aucune trace de violence; traces de varicelle, de petite vérole. La manche de sa blouse dissimulait (...) un hideux moignon, qui du reste ne portait aucune trace de couture ou de cicatrice (...) cet enfant était « né comme ça » (GIDE, Journal, 1915, p. 525). Cette hémarthrose peut disparaître sans laisser de trace ou récidiver et aboutir à l'arthrite (RAVAULT-VIGNON, Rhumatol., 1956, p. 564).
) [une impression au niveau de l'esprit, du psychisme] Impression. Garder des traces de l'influence de qqn (maîtres, parents); laisser des traces ineffaçables dans le cœur, dans l'esprit, la mémoire (de qqn); le souvenir garde des traces de certains événements. C'était une personne distinguée (...) elle laissa chez ma sœur une trace profonde (RENAN, Ma sœur, 1862, p. 11). Les traces affectives laissées par des incidents psychiques deviennent inconscientes par refoulement (RICŒUR, Philos. volonté, 1949, p. 360).
PSYCHANAL., PSYCHOL. Trace mnémonique, mnésique. Empreinte laissée dans le cerveau par une information. H. Piéron, à propos d'expériences sur des (...) petits mollusques gastéropodes, parla d'apprentissage et de traces mnémoniques (1910), ce qui interdit le simple recours aux tropismes de Loeb (Hist. sc., 1957, p. 1682). [Chez Freud] Mode d'inscription des images perceptives dans le psychisme. La notion de trace mnésique apparaît comme inséparable de toute conception sous-jacente de la mémoire chez Freud (THINÈS-LEMP. 1975).
b) [L'agent désigne notamment]
) [un phénomène (ouragan, séisme, éruption volcanique, le feu, la pluie, un outil, une arme à feu; l'usure, la guerre...)] Trace d'une balle, d'un projectile; traces d'un sinistre. Les constructions (...) portaient de nombreuses traces des combats de 14 (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p. 91). Il lui manquera toujours [à la photographie] l'accent incisif, la touche manuelle, la trace vivante d'un outil (PRINET, Phot., 1945, p. 121).
PHYS. Trace d'ionisation. ,,Manifestation visible de la trajectoire d'une particule ionisante dans une chambre à nuage, une chambre à bulles ou une émulsion nucléaire`` (Nucl. 1975).
— [Dans un cont. métaph.] Le soleil déjà haut rayonnait dans un ciel tout bleu qui gardait vers l'horizon une teinte un peu rosée, comme une trace affaiblie de l'aurore (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Mais. Tellier, 1881, p. 1192). Cachées dans l'herbe, d'autres fleurs bleuissaient doucement; on aurait dit des traces de lune qu'avait oubliées la nuit et qui veillaient en clignotant, presqu'éteintes dans la gloire du jour (GENEVOIX, Marcheloup, 1934, p. 56).
) [une matière organique susceptible de tacher, une réaction chimique sur un matériau...] La réaction s'opère sur le cuir et laisse des traces allant de la couleur terre de Sienne naturelle (...) jusqu'à la terre de Sienne brûlée (CLOSSET, Trav. artist. cuir, 1930, p. 44). C'était une grosse brune dont le bras nu laissa sur le veston noir du docteur une trace de crème grasse autour du col (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 225).
En partic. Trace de + subst. désignant un objet fixé quelque part puis une fois enlevé qui laisse la marque de son emplacement. Aux murs, la trace demeurait encore des portraits anciens (MAURIAC, Th. Desqueyroux, 1927, p. 260). Le parquet gardait trace d'un ancien linoléum (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 441).
c) Mention, témoignage dans un document écrit. J'ai été à la mairie, mais on n'a pas retrouvé trace du décès d'un nommé Mouilleminche (QUENEAU, Pierrot, 1942, p. 206). Demeura-t-il à l'hospice des catéchumènes après son baptême? (...) Pas de trace de sa sortie sur le registre (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1948, p. 47).
LING. [P. réf. à la disparition d'une cons. intervocalique du lat. en fr. dans un mot donné] Les consonnes placées en position intervocalique tendent à s'affaiblir, et peuvent même disparaître complètement: le mot français vie n'a plus trace du t intervocalique de la forme latine vita (PERROT, Ling., 1953, p. 129).
2. Indice, marque qui témoigne
a) de l'existence de quelque chose. Les arbres se font rares; nulle part ne se montrent de traces d'une végétation silvestre, comme celle dont la Brie offre partout des lambeaux (VIDAL DE LA BL., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 144):
1. Qui remplace une mère? Mon Dieu! une trique remplacerait assez bien la mienne! (...) Toutes les traces de sa tutelle, de sa sollicitude, se lisent en raies blanches, en petites places bleues (...) il me sera donné d'être encore aimé, battu, fouetté...
VALLÈS, J. Vingtras, Enf., 1879, p. 116.
En partic. Trace de + subst. Semblant de. Un étrange bonhomme s'est précipité à mon cou, au coin d'une trace de rue et d'un fantôme de placette (ARNOUX, Juif Errant, 1931, p. 206). Les hommes échangeaient parfois, entre voisins, une trace de sourire (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p. 93).
b) de l'existence passée de quelque chose, d'une action antérieure. Synon. débris, restes, souvenir, vestiges. Retrouver des traces d'une civilisation ancienne, des grandes glaciations. Le Colisée est la trace gigantesque d'un peuple surhumain, qui élevait, pour son orgueil et ses plaisirs féroces, des monuments capables de contenir toute une nation (LAMART., Confid., Graziella, 1849, p. 145). Partout (...) on relève les indices des rudes épreuves subies par l'ennemi, les traces et les vestiges d'une retraite précipitée (FOCH, Mém., t. 1, 1929, p. 132).
3. BIOL., CHIM., PHYS., SC. DE LA TERRE. Très faible taux d'une substance que l'on découvre, à l'analyse, dans une autre substance; quantité à peine décelable de quelque chose. (Tel corps) se trouve en traces dans telle région; telle substance renferme, contient, montre des traces d'une autre substance; persister sous forme de traces; traces infinitésimales, insignifiantes (d'or, de radium); traces de gaz imprégnant le sol; dosage des traces (d'éléments); traces mises en évidence par l'analyse microchimique (des sols); ne contenir aucune trace (d'alcool). L'acide sulfhydrique se reconnaît aisément à l'odeur même à l'état de traces (BOULLANGER, Malt., brass., 1934, p. 592). Le plasma ou le sérum sanguin (...) contiennent des traces des diverses hormones (J. VERNE, Vie cellul., 1937, p. 12).
P. métaph. Le soir tombait. La tiédeur, le doré du jour, la paix, tout ce qui en avait sa gloire subsistaient en traces légères malgré les ombres (GIONO, Hussard, 1951, p. 332).
Au fig. Marque, preuve. Il avait proposé le médecin sans presque y croire. Qu'elle-même en parlât, l'invitât à l'aller chercher, il ne savait s'il devait voir là une marque de prudence ou la trace d'une inquiétude (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 529).
♦ [Notamment dans des tournures restr. ou nég.] Quand l'artiste affronte le public, il doit distribuer ses gestes avec aisance (...) sans accuser la moindre trace de fatigue (BOURGAT, Techn. danse, 1959, p. 22).
II. A. — 1. Chemin à travers une forêt vierge. C'est une route à élire dans un pays de toutes parts inconnu, où chacun fait sa découverte et (...) ne la fait que pour soi; de sorte que la plus incertaine trace dans la plus ignorée Afrique est moins douteuse encore (GIDE, Nourr. terr., 1897, p. 155).
2. En partic.
a) Ligne sinueuse représentant le parcours suivi par un cours d'eau, une route, sur un plan, une carte. Synon. tracé:
2. Au plein des midis, les aigles de la montagne descendent sans un geste jusqu'au-dessus de la grande trace blanche [la route] et y restent suspendus, la suivant lentement tout de son long, comme emportés par une sorte de magnétisme.
GIONO, Eau vive, 1943, p. 148.
b) ,,Ligne sinueuse d'amplitude variable constituant l'enregistrement graphique d'un ébranlement sismique`` (Pétrol. 1964).
c) SKI. Être en trace directe. [En parlant d'un skieur] Avoir une position telle que la direction du mouvement est celle de l'axe des skis, ces derniers étant parallèles (d'apr. GAUTRAT Ski 1969). Trace serrée. La trace est serrée lorsque les skis sont peu écartés (PETIOT 1982).
B. — Spécialement
1. ARTS. Tracé grandeur d'exécution sur la toile d'après les maquettes. Commencer la trace d'une toile de fond (ADELINE, Lex. termes art, 1884).
2. BOTANIQUE
a) Synon. de coulant, stolon. (Ds Lar. Lang. fr.).
b) Trace d'une feuille, trace foliaire. Ensemble du système vasculaire qui raverse la tige pour se rendre dans une feuille (d'apr. GATIN 1924).
3. ÉLECTRO-ACOUST. Trace acoustique. ,,Empreinte photographique produite sur une piste d'enregistrement par l'enregistrement d'un signal acoustique`` (Lar. encyclop.).
4. MINES. Intersection d'une surface ou d'un volume avec un autre plan. Trace d'une faille, d'une couche, sur un parement de galerie ou sur un front d'avancement (Lar. Lang. fr.).
5. MATHÉMATIQUES
a) ALG. Trace d'une matrice carrée. Somme des éléments de la diagonale principale (d'apr. BOUVIER-GEORGE Math. 1979).
b) GÉOM. DESCRIPTIVE. Trace d'une droite sur un plan. Point d'intersection de la droite et du plan (d'apr. BOUVIER-GEORGE Math. 1979).
6. TECHNOL. ,,Pioche à deux tranchants pointus, en usage dans certains pays pour l'exploitation des carrières de pierre et de marbre`` (JOSSIER 1881). Abatage à la trace. ,,Mode d'exploitation des carrières, qui consiste à tracer préalablement chaque bloc au moyen d'entailles latérales, avant de l'arracher de son lit à l'aide de coins ou de quelque autre procédé`` (JOSSIER 1881).
7. TÉLÉDÉTECTION. ,,Suite d'empreintes laissées par le passage d'un objet`` (FRANTERM Néol. 1984).
8. TRAV. D'AIGUILLE. ,,Premiers points ou traits pour marquer les contours d'un ouvrage à l'aiguille`` (PEYROUX Techn. Métiers 1985).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) 1re moit. XIIe s. « vestige que quelqu'un laisse à un endroit où il est passé » (Psautier d'Oxford, 79, 19 ds T.-L.); d'où ) 1580 suivre à la trace (MONTAIGNE, Essais, II, 12, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 463); 1887 alpin. faire la trace (Annuaire du Club alpin fr. Année 1886, p. 100 ds QUEM. DDL t. 27); ) 1843 être sur la trace de « être en voie de découvrir » (BALZAC, Illus. perdues, p. 599); b) fig. 1174-76 « manière de se conduire » ensivre les mors et la trace d'aucun (GUERNES DE PONT-STE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, 3545); 1601 suivre les traces de qqn « imiter » (P. CHARRON, De la sagesse, Trois Livres, p. 252); 2. a) 1er quart XIIIe s. « ce qui reste d'une action passée » (RECLUS DE MOLLIENS, Charité, 190, 3 ds T.-L.); b) 1675 « impression qui demeure dans l'esprit » (P. NICOLE, Essais de Morale, t. 3, p. 105); 3. mil. XIIIe s. « marque laissée par ce qui agit sur quelque chose » (ROBERT DE BLOIS, Floris et Liriope, éd. Von Zingerle, 762); 4. a) 1377 « quantité très faible d'une substance qui demeure » (LANFRANC, Chirurgie, f° 42 v° ds LITTRÉ); spéc. 1846 « particule d'une substance que l'on découvre à l'analyse d'une autre substance » (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, p. 613); b) 1623 fig. (COEFFETEAU, Histoire romaine, p. 256). B. 1. a) 1269-78 « chemin » (JEAN DE MEUN, Roman de la Rose, éd. F. Lecoy, 20232); b) 1933 « chemin qu'on se fraye dans la forêt vierge » (Lar. 20e); 2. 1694 « lignes qui marquent le dessein d'un ouvrage de tapisserie, de broderie » (Ac.); spéc. 1872 terme de point d'Alençon (LITTRÉ); 3. 1799-1800 math. « intersection d'une droite avec un plan » (G. MONGE, Géométrie descriptive, p. 21 ds QUEM. DDL t. 1); 4. 1872 mines trace d'un filon (LITTRÉ); 5. 1876 bot. « coulon » (Lar. 19e). C. 1876 « pioche à deux tranchants pointus » (ibid.). Déverbal de tracer. Fréq. abs. littér.:4 259. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 7 584, b) 5 620; XXe s.: a) 4 855, b) 5 705. Bbg. QUEM. DDL t. 27, 36.

trace [tʀas] n. f.
ÉTYM. V. 1120; déverbal de tracer.
———
I (Idée d'indice).
1 Suite d'empreintes ou de marques que laisse le passage d'un être ou d'un objet (la trace de…); chacune de ces empreintes, de ces marques (une, des traces). || Imprimer (cit. 20) la trace de ses pas. Impression. || La trace des lièvres sur la neige (→ Route, cit. 8). || Mettre un chien sur la trace (du gibier). Piste, 1. trac (vx), voie (→ 2. Hallier, cit. 2). || Suivre, poursuivre à la trace (→ Arriviste, cit. 2; draper, cit. 13). || Retrouver la trace de…, une trace (→ Chemin, cit. 55). || Perdre (cit. 27) la trace de… Dérouter. || Trace à la poupe d'un navire. Sillage. || « (…) Conserve en sillons d'or sa trace dans les cieux » (→ Brillant, cit. 4). || Une longue trace de sang; trace sanglante (→ 1. Parler, cit. 15).Les traces de ses pas (→ Barbare, cit. 21).Traces d'une bête. Connaissance (II.), 1. Erre (II.), foulée, 1. pas (I., 3.), passée (→ Fumet, cit. 5; 1. Garde, cit. 88). || Traces de pneus, d'une roue sur le sol. Ornière (→ Tâter, cit. 2). || Aller sur les traces de qqn, derrière lui. Suivre (→ Atteindre, cit. 33).
1 La trace de vos pas, plus légère que le vent, n'était pourtant pas effacée. Le bout de vos petits pieds et vos grands talons blancs étaient encore marqués dans l'allée (…)
A. de Musset, Contes, « La mouche », I.
2 Dix mille hommes revirent l'Europe. Qu'était devenu tout le reste ? Il était facile d'en trouver la trace; elle était marquée par la Hongrie, l'empire grec et l'Asie, sur une route blanche d'ossements.
Michelet, Hist. de France, IV, IV.
3 Simon prit le sentier où des traces de pas sur la neige conduisaient à un pavillon dont toutes les persiennes étaient closes.
Francis Carco, les Belles Manières, p. 102.
Loc. fig. Suivre les traces, marcher sur les traces de qqn : suivre son exemple (→ Badigeonner, cit. 2; odelette, cit.; publicité, cit. 2). || « Galoper sur ta trace » (→ Apprenti, cit. 11). || « Les bons et vrais dévots (cit. 9) qu'on doit suivre à la trace. »
4 Jésus reprit : Je suis la lumière et la vie.
Heureux celui qui voit ma trace et l'a suivie !
Hugo, la Légende des siècles, II, VIII.
2 a (V. 1280). Marque laissée par ce qui agit sur qqch. || Égratignures (cit. 1) et profondes traces d'ongles. || Traces de doigts (→ Linge, cit. 7), de coups (→ Rafistoler, cit. 2). || Les traces de la variole ( Couture), du sommeil, d'une émotion, de l'âge ( Stigmate) sur le visage, la peau, le corps (→ 1. Étranger, cit. 18; lotion, cit. 1; lutte, cit. 13; percevoir, cit. 3). || Traces d'un corps sur l'herbe qu'il a froissée (cit. 9). || Les traces du vent sur le sable (→ Régulier, cit. 2). || Traces d'une usure. Indice (→ Marmite, cit. 5). || Traces de freinage (ou, cour., traces de pneus).Fig. || Laisser une trace, ne pas laisser de traces (→ Anéantir, cit. 16; apparition, cit. 3; entremêler, cit. 9; fragment, cit. 9; lettre, cit. 31). || Ne garder, ne conserver aucune trace de… (→ Écrire, cit. 41; migration, cit. 1). || Porter toujours la trace de… (→ Hacher, cit. 16).Traces de sang, d'encre, que laisse une main tachée de sang, d'encre (→ Marquer, cit. 7; pliure, cit.). Tache. || Trace laissée par une tache mal nettoyée. Auréole.
5 Le lendemain, on réfléchit à ce vol singulier. Il n'y avait nulle trace d'effraction.
Renan, Souvenirs d'enfance…, Œ. compl., t. II, p. 746.
6 (…) les effets terribles de ce poison qui foudroie et laisse peu de traces (…)
Zola, Thérèse Raquin, XXXI.
7 Edmée put voir qu'il portait, sur sa joue bleue de barbe naissante, les traces d'une longue fatigue, et d'un amaigrissement sensible.
Colette, la Fin de Chéri, p. 122.
b (V. 1460). Ce à quoi on reconnaît que qqch. a existé, ce qui subsiste (d'une chose passée). Reste, vestige. || « De mes feux mal éteints (cit. 58) je reconnus la trace ». || Les traces des fondations (→ Bâtiment, cit. 3), des arts (→ Attractif, cit. 5), des civilisations (→ Couche, cit. 9). || La réminiscence (cit. 7) est un réveil fortuit de traces anciennes. Mémoire. || Il ne reste plus trace de… Apparence (→ Creuser, cit. 14; guerre, cit. 41; rien, cit. 59).
8 Le bois de la grande double porte, à peine couvert d'une trace de vieille peinture dans le haut; pourri dans le bas, avec des rapiécetages de tôle rouillée.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, X, p. 81.
3 (1847, Michelet). Très petite parcelle perceptible (indice de présence). || La notion de trace, en chimie, dépend de la précision des méthodes d'analyse et, d'autre part, de la proportion à partir de laquelle une très faible quantité d'une substance modifie telle ou telle propriété d'une autre. || Traces de substances que révèle une analyse (→ Frapper, cit. 45), une autopsie (→ Indubitable, cit. 6).Fig. || Sans éprouver nulle trace d'ennui. Lueur, ombre (→ Avance, cit. 17; et aussi compréhension, cit. 3; 2. devoir, cit. 7).
4 Techn. En reliure, Empreinte du fer à dorer chauffé, pratiquée avant de coucher l'or.
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II (Sans idée d'indice; souvent par métonymie).
A
1 (XXe). Chemin frayé dans un milieu dense. || Une trace dans la forêt vierge.
2 (1876). Bot. Stolon.Ensemble du système vasculaire (d'une feuille). || La trace d'une feuille.
3 Math., techn. Intersection (d'une surface, d'un volume) avec un autre plan. || La trace d'une faille, d'une couche sur le front d'avancement d'une mine.(1799, Monge, in D. D. L.). Géom. || La trace d'une droite sur un plan, d'un plan sur un plan.Math. || Trace d'une matrice : somme des éléments de la diagonale principale (d'une matrice carrée).
4 Sport (ski, par métonymie de I., 1.). || Trace directe : position normale du skieur en descente; mouvement qu'il effectue. Descente, schuss. || Trace (directe) en traversée, oblique par rapport à la ligne de plus grande pente.
B (1876). Par métonymie (instrument servant à tracer). Techn. Pioche à deux tranchants pointus.
HOM. Thrace.

Encyclopédie Universelle. 2012.