effronté, ée [ efrɔ̃te ] adj. et n.
• esfrontez v. 1278; de é- et front, proprt « qui n'a pas de front (pour rougir) »
♦ Qui ne rougit, ni n'a honte de rien. ⇒ impudent, insolent; fam. culotté, gonflé. « Dorine, la soubrette effrontée, peut très bien étaler devant moi sa gorge rebondie » (Gautier). « Les affirmations les plus effrontées » (Baudelaire). ⇒ éhonté. — N. Personne qui n'a pas de respect, de réserve, qui n'a pas froid aux yeux. Petit effronté ! « Avez-vous vu cette effrontée, comme elle le regarde ? » (Loti ).
⊗ CONTR. Modeste, réservé, timide.
● effronté, effrontée adjectif et nom Qui n'a honte de rien, qui parle ou agit avec une grande impudence, avec cynisme ou insolence : Une bande d'effrontés. ● effronté, effrontée (synonymes) adjectif et nom Qui n'a honte de rien, qui parle ou agit avec...
Synonymes :
- cynique
Contraires :
- réservé
- timide
● effronté, effrontée
adjectif
Qui manifeste cet état d'esprit, cette impudence, cette insolence : Une réponse effrontée.
● effronté, effrontée (synonymes)
adjectif
Qui manifeste cet état d'esprit, cette impudence, cette insolence
Synonymes :
- cavalier
- culotté (familier)
- hardi
- impudent
- insolent
- sans-gêne
Contraires :
- discret
- modeste
effronté, ée
adj. et n. Impudent, trop hardi. Un regard effronté.
— Qui témoigne de l'effronterie. Une mimique effrontée.
⇒EFFRONTÉ, ÉE, adj. et subst.
I.— Adj. Qui n'a honte de rien, qui se conduit d'une façon impudente ou inconvenante.
A.— [En parlant d'une pers.] Les hommes diront que vous êtes un libertin effronté, les femmes auront soin de prouver le contraire (MUSSET, Quenouille Barb., 1840, p. 286). Le monde... Je dis celui que je vois de plus près, est plein de menteurs effrontés (BERNANOS, Imposture, 1927, p. 340) :
• 1. Wallon a décrit la « rétivité figée » de ces sujets insensibles aux encouragements et aux promesses comme aux menaces, effrontés, sournois, avec des éclats de brutalité et de malveillance.
MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 482.
— Expr. Effronté comme un page (de cour). ,,Hardi jusqu'à l'insolence`` (Ac. 1835-1932).
B.— P. ext. Hardi, audacieux, impertinent.
1. [En parlant d'un comportement, d'une expression du visage] Un air, un regard effrontés. Quatre marmots en haillons, mais hardis, tapageurs, aux yeux effrontés (BALZAC, Méd. camp., 1833, p. 8). Elle jouait avec n'importe qui, elle avait des manières très libres, et même un peu effrontées (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 119).
— [Par hypallage] Une tunique plus courte, plus légère, plus transparente que celle qui enveloppe une courtisane au seuil du lit effronté de la débauche (NODIER, Smarra, 1821, p. 55).
2. [En parlant de propos, d'actions, de réalisations] Un mensonge effronté. Le présent salon est, (...), la négation effrontée de l'art moderne tel que nous le concevons (HUYSMANS, Art mod., 1883, p. 99). Les critiques français niaient ces œuvres effrontées, ils niaient le public qui les applaudissait (ROLLAND, J.-Chr., Foire, 1908, p. 687).
C.— P. anal. [En parlant d'un animal] Il y avait force moineaux fringants, lestes, babillards, effrontés, querelleurs (CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 718).
II.— Emploi subst. Je ne l'ai pas vue, je ne sais si elle a la mine d'une effrontée ou d'une honnête fille (CHAMPFL., Avent. Mlle Mariette, 1853, p. 107). Je redoutais un peu qu'il se prît à me considérer comme un effronté, un bavard impertinent (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 115) :
• 2. Je payais hier soir 56 fr. 50 à Steinlen pour prix de son Poil de Carotte. Par pudeur, il laissa l'argent sur le guéridon, n'osant pas le prendre tout de suite, avidement, comme un effronté.
RENARD, Journal, 1895, p. 297.
Prononc. et Orth. :[]. Transcrit avec [] à l'initiale sous l'influence graph. des ff ds LITTRÉ, BARBEAU-RODHE 1930 et à titre de var. ds WARN. 1968. Le mot est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. [Ca 1220 affronté « impudent » (G. DE COINCY, Œuvres, éd. F. Kœnig, II Mir. 30, 605)]; 1275-80 esfrontez (J. DE MEUN, Rose, éd. F. Lecoy, 11057). Composé de front, du préf. é- et du suff. -é; cf. b. lat. effrons, -ontis « impudent » proprement « qui n'a pas de front (pour rougir) ». L'a. fr. avait le verbe esfronter au sens de « frapper au front » (CHR. DE TROYES, Perceval, éd. F. Lecoy, 2873). Fréq. abs. littér. :361. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 548, b) 785; XXe s. : a) 445, b) 378.
DÉR. Effrontément, adv. D'une manière effrontée. Mentir effrontément, parler effrontément (Ac. 1798-1878); regarder effrontément (Ac. 1798-1932). Il n'a pas même pris de brevet de perfectionnement; aussi a-t-il été volé effrontément par ses confrères (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 419). « Monsieur, lui dit-il en le regardant fixement, c'est du lapin, cela? — Oui, Mylord, répondit effrontément le drôle, du lapin des jungles. — Et ce lapin-là n'a pas miaulé quand on l'a tué? » (VERNE, Tour monde, 1873, p. 44). — []. Pour [] ouvert à l'initiale, cf. effronté. Admis ds Ac. 1694-1932. — 1re attest. fin XIIe s. effronteyement (Sermons St Bernard, 18, 26 ds T.-L. [impudenter]); de effronté, suff. -ment2. — Fréq. abs. littér. : 158.
BBG. — GIR. t. 2 Nouv. Rem. 1834, pp. 34-35. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 95, 324.
effronté, ée [efʀɔ̃te] adj. et n.
ÉTYM. V. 1278, esfrontez; de é-, front, et -é, étymologiquement « sans front ».
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1 Qui ne rougit, qui n'a honte de rien, qui se conduit de façon impudente. ⇒ Audacieux, cynique, éhonté, grossier, hardi, impertinent, impudent, impudique, insolent, malappris, outrecuidant; → Mal élevé, sans gêne, sans vergogne. — Il est naturellement effronté (→ Complexion, cit. 1). || Un homme effronté. || Domestique effronté (→ Bord, cit. 14). || Menteur effronté. — (En parlant des pensées et de la parole). || Une idée effrontée. || Des paroles effrontées. Spécialt et vx (d'un genre littéraire). → cit. 1, Boileau.
1 Au mépris du bon sens, le burlesque effronté
Trompa les yeux d'abord, plut par sa nouveauté.
Boileau, l'Art poétique, I.
2 Un homme que l'avarice rend effronté ose emprunter une somme d'argent à celui à qui il en doit déjà, et qu'il lui retient avec injustice.
La Bruyère, les Caractères de Théophraste, « De l'effronterie causée par l'avarice ».
♦ ☑ Loc. (Vx). Être effronté comme un page, comme un moineau.
♦ Spécialt (dans le domaine du comportement érotique, notamment en parlant des femmes). Qui manifeste sans honte sa liberté de mœurs. ⇒ Dévergondé.
3 Ô ciel ! disais-je, est-il possible qu'une personne qui se montre si réservée soit capable de vivre dans le libertinage ? Je m'imaginais que toutes les femmes galantes devaient être effrontées.
A. R. Lesage, Gil Blas, IV, VII.
4 Dorine, la soubrette effrontée, peut très bien étaler devant moi sa gorge rebondie (…)
Th. Gautier, Préface de Mlle de Maupin, p. 5 (éd. critique Matoré).
♦ N. || Un effronté, une effrontée : une personne qui ne manque pas de toupet, qui n'a pas froid aux yeux, qui n'a pas les yeux dans sa poche… (→ Chicaneur, cit. 2; continuer, cit. 3). || Petit effronté ! ⇒ Galopin. || Quelle effrontée !
5 Avez-vous vu cette effrontée, comme elle le regarde ?
Loti, Pêcheur d'Islande, I, V, p. 49.
6 Nous étions une bande d'effrontés, de jeunes roués (entre seize et dix-neuf ans) qui mettions notre honneur à tout oser en fait d'indiscipline et d'insolence.
Valéry Larbaud, Fermina Marquez, I, p. 10.
REM. Le mot tend à vieillir, sauf dans l'usage soutenu et écrit.
2 (Choses). Qui indique l'effronterie. ⇒ Impertinent. || Un air, un regard effronté. || Visage effronté (→ Couvrir, cit. 7). || Une attitude effrontée (→ Cafard, cit. 1). || Un mensonge effronté.
7 (Ciel) qui mêle à nos vils désastres,
À nos deuils, aux éclats de rires effrontés,
À nos méchancetés, à nos rapidités,
La douceur profonde des astres.
Hugo, la Légende des siècles, I.
8 Il est impossible de parcourir une gazette quelconque (…) sans y trouver, à chaque ligne, les signes de la perversité humaine la plus épouvantable, en même temps que les vanteries les plus surprenantes de probité (…) les affirmations les plus effrontées relatives au progrès et à la civilisation.
Baudelaire, Journaux intimes, LXXXI.
♦ Spécialt (avec une connotation sexuelle). || Des désirs effrontés. || Mœurs effrontées. ⇒ Licencieux.
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CONTR. Confus, craintif, décent, délicat, honteux, humble, intimidé, modeste, pudibond, pudique, réservé, timide, timoré.
DÉR. Effrontément, effronterie.
Encyclopédie Universelle. 2012.