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égal

égal, ale, aux [ egal, o ] adj.
igal v. 1150; réfect. de l'a. fr. evel, ivel d'apr. le lat. æqualis
1Qui est de même quantité, dimension, nature, qualité ou valeur. 1. équivalent, identique, même, pareil, semblable, similaire; équi- , homo-, is(o)-. Deux quantités égales à une même troisième sont égales entre elles. Diviser un tout en parties égales. « Contre des troupes égales en nombre » (Voltaire). Combattre à armes égales, en disposant de moyens égaux ou analogues. « Ajax et lui, d'égale force, d'égal mérite, d'égal orgueil, se balançaient » (A. Gide). Qualité supérieure à prix égal. Somme égale ou supérieure à cinq cents francs. Loc. Toutes choses égales d'ailleurs : en supposant que tous les autres éléments de la situation restent les mêmes.
Par ext. Qui ne crée pas de différence entre les personnes; qui met sur un pied d'égalité. La justice doit être égale pour tous. « Par bonne distribution, il faut entendre non distribution égale, mais distribution équitable » (Hugo). Loc. À travail égal salaire égal. La partie n'est pas égale : les adversaires ne sont pas de la même force. Sport Faire jeu égal, se dit d'adversaires qui se montrent de force égale.
2(Personnes) Qui est sur le même rang; qui a les mêmes droits ou charges. « Soutenir vaguement que les deux sexes sont égaux, et que leurs devoirs sont les mêmes » (Rousseau). « Ainsi tous seront égaux devant la loi » (Taine).
Subst. Personne égale par le mérite ou par la condition. 1. pair. « Ne nous associons qu'avecque nos égaux » (La Fontaine). La femme est l'égale de l'homme. Vx Traiter d'égal avec qqn. Mod. D'ÉGAL À ÉGAL. Traiter d'égal à égal avec qqn (cf. Sur un pied d'égalité).
Chose égale à la chose désignée. SANS ÉGAL : unique en son genre, incomparable; extrême (cf. Sans pareil). Il est d'une étourderie sans égale. N'avoir d'égal que... : n'être égalé que par une seule chose. Sa bêtise n'a d'égale que sa prétention. « Des assemblées de village, où le goût du merveilleux n'a d'égal que le goût de la farce » (Barrès). Loc. prép. À L'ÉGAL DE : autant que. ⇒ comme (cf. De même que, au même titre que). « Le beau préambule du Service intérieur, que j'admirais, à l'égal de certains morceaux de Bossuet » (Maurois).
3Par anal. Qui est toujours le même; qui ne varie pas. constant, invariable, régulier. « Elle courait presque pour maintenir la distance égale » (Lautréamont). « Le bruit égal et mesuré des rames » (Rousseau). Un pouls égal. Région au climat égal. Fig. Avoir un caractère égal. « Pour son humeur [...] il n'y en a point de plus égale ni de plus douce » (Lesage). Loc. Égal à lui-même : dont le caractère, la valeur, les qualités, le talent sont ce qu'ils ont toujours été. Se montrer égal à soi-même : avoir un comportement prévisible.
Vieilli Plat, uni. Un terrain égal.
4Vx Qui ne fait pas de différence, est impartial. neutre. « Jusqu'à ce que [le juge] devienne égal à tous » (Bossuet).
Péj. Indifférent. Voir tout d'un œil égal. « S'ils le [Dieu] font égal au vice et à la vertu » (Bossuet).
Qui est objet d'indifférence. indifférent. Vieilli ou littér. La chose est égale : cela revient au même, cela importe peu. — Cour. (sujet chose) Être égal à qqn, lui être égal : lui être indifférent, revenir au même pour lui. Cela m'est égal, je n'ai pas de préférence. Impers. « Il lui était parfaitement égal d'être ici ou là » (Gautier). Tout lui est égal, il est indifférent, dégoûté. Cela m'est (bien, parfaitement, complètement, tout à fait) égal : je m'en moque, je m'en fiche (cf. Ne faire ni chaud ni froid). Ça m'est égal de partir, qu'elle vienne. Loc. fam. C'est égal : quoi qu'il en soit, malgré tout. « Mais c'est égal, je pars en guerre » (Jarry).
⊗ CONTR. Inégal. Différent, irrégulier. Capricieux, changeant, lunatique. ⊗ HOM. Ego.

égal nom masculin invariable Littéraire. À l'égal de quelqu'un, quelque chose, autant que, de même que : On l'aimait à l'égal d'un père.égal (expressions) nom masculin invariable Littéraire. À l'égal de quelqu'un, quelque chose, autant que, de même que : On l'aimait à l'égal d'un père.égal, égale, égaux adjectif (latin aequalis) Se dit d'une quantité, d'une dimension, etc., qui a la même valeur, la même mesure qu'une autre (signe =) : Trois est égal à deux plus un (3 = 2 + 1). Qui a la même valeur, la même durée, la même importance, etc., que quelque chose d'autre : Ses moyens financiers sont à peu près égaux aux nôtres. Se dit de personnes qui ont les mêmes forces, les mêmes qualités : Deux lutteurs égaux en poids. Qui est constant, ne varie pas : Regarder toutes choses avec une égale indifférence. Qui est régulier, uni : Il a un caractère égal. Qui accorde autant de chances à chacun, qui met sur un pied d'égalité ; impartial : Une justice égale pour tous. Géométrie Synonyme ancien de isométrique et de superposable. ● égal, égale, égaux (difficultés) adjectif (latin aequalis) Accord 1. À l'égal de. Invariable : le protocole les considère à l'égal des altesses royales. 2. D'égal à égal. Invariable : ils ont traité d'égal à égal avec elle ; les diplomates des deux délégations ont parlé d'égal à égal. Recommandation Éviter l'accord d'égale à égal ou d'égal à égale, que l'on rencontre parfois lorsqu'il est question d'un homme et d'une femme. 3. N'avoir d'égal que. L'usage hésite entre l'invariabilité (plus fréquente) et l'accord de égal soit avec le premier nom, soit avec le ou les seconds : son talent n'a d'égal que sa beauté et sa bonté ; sa beauté n'a d'égale que son talent; son talent n'a d'égales que sa beauté et sa bonté. Recommandation Écrire n'avoir d'égal que (invariable) dans tous les cas. 4. Sans égal. L'accord se fait dans trois cas. Au masculin singulier : un talent sans égal. Au féminin singulier : une beauté sans égale. Au féminin pluriel : une intelligence et une beauté sans égales. L'accord ne se fait jamais au masculin pluriel : des talents sans égal ; un talent et une beauté sans égal (et non sans égaux). Remarque 1. On rencontre aussi l'invariabilité dans tous les cas : des talents sans égal, une joie sans égal (= sans rien d'égal). 2. On écrit parfois un talent et une beauté sans égale (accord avec le dernier nom). 5. Toutes choses égales d'ailleurs. Toujours au pluriel. ● égal, égale, égaux (expressions) adjectif (latin aequalis) À armes égales, en disposant de moyens de même importance, de forces équivalentes. Ça m'est égal, cela m'importe peu. Familier. C'est égal, introduit un jugement sur un événement passé, quoi qu'il en soit : Tout est enfin terminé, c'est égal, il était grand temps ! Égal à soi-même, qui agit d'une manière conforme aux qualités qui lui sont connues. Faire jeu égal avec quelqu'un, se dit d'adversaires qui se montrent de force équivalente. N'avoir d'égal que, ne pouvoir être comparé qu'à une chose, être aussi remarquable que. Sans égal, unique en son genre, incroyable, hors de pair. Tout m'est égal, tout me laisse indifférent. Toutes choses égales (d'ailleurs, par ailleurs), toutes les circonstances étant supposées les mêmes. Contrepoint égal, celui où les parties procèdent par valeurs semblables. Tempérament égal, partage de l'octave en douze demi-tons égaux. ● égal, égale, égaux (homonymes) adjectif (latin aequalis) égaux égaux nom masculin ego nom masculinégal, égale, égaux (synonymes) adjectif (latin aequalis) Se dit d'une quantité, d'une dimension, etc., qui a la...
Synonymes :
- équivalent
Contraires :
- différent
- dissemblable
Qui a la même valeur, la même durée, la même...
Synonymes :
- identique
- même
- pareil
Contraires :
- inégal
Qui est constant, ne varie pas
Synonymes :
- constant
- invariable
- régulier
- uniforme
Contraires :
- changeant
- discontinu
- intermittent
- variable
Qui est régulier, uni
Synonymes :
- équilibré
- paisible
- pondéré
- tranquille
- uni
Contraires :
- capricieux
- inconstant
- lunatique
- versatile
Synonymes :
- Géométrie. superposable ● égal, égale, égaux adjectif et nom Qui jouit des mêmes droits, qui est du même rang que quelqu'un d'autre : Les citoyens sont égaux devant la loi.égal, égale, égaux (difficultés) adjectif et nom Accord 1. À l'égal de. Invariable : le protocole les considère à l'égal des altesses royales. 2. D'égal à égal. Invariable : ils ont traité d'égal à égal avec elle ; les diplomates des deux délégations ont parlé d'égal à égal. Recommandation Éviter l'accord d'égale à égal ou d'égal à égale, que l'on rencontre parfois lorsqu'il est question d'un homme et d'une femme. 3. N'avoir d'égal que. L'usage hésite entre l'invariabilité (plus fréquente) et l'accord de égal soit avec le premier nom, soit avec le ou les seconds : son talent n'a d'égal que sa beauté et sa bonté ; sa beauté n'a d'égale que son talent; son talent n'a d'égales que sa beauté et sa bonté. Recommandation Écrire n'avoir d'égal que (invariable) dans tous les cas. 4. Sans égal. L'accord se fait dans trois cas. Au masculin singulier : un talent sans égal. Au féminin singulier : une beauté sans égale. Au féminin pluriel : une intelligence et une beauté sans égales. L'accord ne se fait jamais au masculin pluriel : des talents sans égal ; un talent et une beauté sans égal (et non sans égaux). Remarque 1. On rencontre aussi l'invariabilité dans tous les cas : des talents sans égal, une joie sans égal (= sans rien d'égal). 2. On écrit parfois un talent et une beauté sans égale (accord avec le dernier nom). 5. Toutes choses égales d'ailleurs. Toujours au pluriel. ● égal, égale, égaux (expressions) adjectif et nom D'égal à égal, sur un pied d'égalité, sans marquer aucune différence de rang social. N'avoir pas son égal (pour), être de loin le meilleur (pour). ● égal, égale, égaux (homonymes) adjectif et nom égaux égaux adjectif ego nom masculinégal, égale, égaux (synonymes) adjectif et nom Qui jouit des mêmes droits, qui est du même rang...
Synonymes :

égal, ale, aux
adj. (et n.)
d1./d Pareil, semblable en nature, en quantité, en qualité, en droit. Deux poids égaux. Tous les citoyens sont égaux devant la loi. L'équateur se trouve à égale distance des deux pôles.
MATH Ensembles égaux, qui possèdent exactement les mêmes éléments. Vecteurs égaux, qui ont même grandeur, même sens et qui sont portés par des axes parallèles.
GEOM Figures égales, superposables. Triangles égaux.
|| Subst. Personne qui est au même rang qu'une autre. Traiter d'égal à égal. Considérer qqn comme son égal.
N'avoir pas d'égal, être sans égal: être le premier, l'unique en son genre.
(Choses) Une joie sans égale. Des rôles sans égal.
|| Loc. Prép. à l'égal de: autant que. Elle l'admire à l'égal d'un dieu.
d2./d Qui ne varie pas. Un mouvement toujours égal, uniforme.
(Personnes) être en tout égal à soi-même. être d'humeur égale.
d3./d Qui est uni, de niveau, régulier. Un chemin bien égal.
d4./d Indifférent. Tout lui est égal. ça m'est égal.
|| Loc. C'est égal: cela ne change rien, peu importe. Vous le déclarez honnête, c'est égal, je m'en méfie.

⇒ÉGAL, ALE, AUX, adj. et subst.
I.— Adjectif
A.— [En parlant de pers. ou de choses que l'on compare]
1. [En parlant de choses] Qui ne présentent pas de différence quantitative.
a) [Choses comparées entre elles] Partager en parts égales, à intervalles égaux. Cent vers coupés en dizains chastes Comme les ronds égaux d'un même saucisson (VERLAINE, Poèmes divers, 1896, p. 151). Le signe salutaire de la croix aux branches égales (CLAUDEL, Tête d'Or, 1901, p. 268) :
1. ... si l'on connaît (...) que les angles correspondants sont égaux et que les côtés homologues sont proportionnels, on comprend immédiatement pourquoi les triangles sont semblables.
RUYER, Esquisse d'une philos. de la struct., 1930, p. 220.
Proverbe, pop., vieilli. ,,Cela est égal comme deux œufs, se dit de deux choses d'une égalité parfaite`` (Ac. 1835, 1878).
[Avec un compl. prép. indiquant en quoi les choses ne présentent pas de différence] Trois cercles se montrèrent à lui, égaux en mesure, divers en couleurs (OZANAM, Philos. Dante, 1838, p. 201). Dédale de rues, égales de largeur et de longueur (VERNE, 500 millions, 1879, p. 88) :
2. ... toutes les perspectives prennent de la profondeur par notre mouvement, (...) surtout celles qui résultent de ce que des objets semblables et égaux en grandeur se trouvent à des distances différentes de nous.
ALAIN, Systèmes des beaux-arts, 1920, p. 177.
Spéc., GÉOM. [En parlant de deux figures géométriques] Superposable. Si deux côtés d'un triangle et l'angle qu'ils comprennent sont respectivement égaux à deux côtés d'un autre triangle et à l'angle qu'ils comprennent, les triangles sont égaux (Collection de math., classe de 5e, Paris, Bordas, 1960).
b) [Une ou plusieurs choses comparées à une ou plusieurs autres choses] La somme des angles d'un triangle est égale à deux droits. Tout corps plongé dans un liquide éprouve de bas en haut une pression égale au poids du liquide déplacé (CLAUDEL, Art poét., 1907, p. 134) :
3. Traçons un triangle! (...) Étant donné que le carré de l'hypothénuse est égal à la somme des carrés des côtés de l'angle droit et que deux quantités égales à une troisième sont égales entre elles...
ACHARD, Voulez-vous jouer avec moâ? 1924, p. 165.
[Avec un compl. prép. indiquant en quoi la (les) chose(s) ne présente(nt) pas de différence avec une ou plusieurs autres choses] :
4. La religion seule étoit capable d'élargir assez le cœur de l'homme, pour qu'il pût contenir des soupirs et des amours, égaux en nombre à la multitude des morts, qu'il avoit à honorer.
CHATEAUBRIAND, Génie du christianisme, t. 2, 1803, p. 331.
2. [En parlant de choses ou de pers. que l'on compare] Qui ne présentent pas de différence qualitative.
a) [Pers. ou choses comparées entre elles] Combattre à armes égales. Glorieusement poète (...) elle [Hélène Picard] tient pour récompenses égales la poésie, la pauvreté, la solitude (COLETTE, Paysages et portraits, 1954, p. 226) :
5. Pâle Alighieri, toi, frère de Cynégire,
Ô sévères témoins, ô justiciers égaux,
Penchés, l'un sur Florence et l'autre sur Argos,
HUGO, L'Année terrible, 1872, p. 59.
Loc. Toutes choses égales (d'ailleurs, vieilli/par ailleurs). En admettant que les circonstances ne présentent pas de différence. Quand j'ai décomposé l'eau (...) en ses éléments, je dois pouvoir toutes conditions égales d'ailleurs, reconstituer de l'eau avec ces mêmes éléments (BOURGET, Disciple, 1889, p. 41). La situation de l'artillerie belge était, toutes choses égales, plus prospère que la nôtre, et avait surtout à faire face à des tâches moins écrasantes (JOFFRE, Mém., t. 2, 1931, p. 43).
PHONÉT. Diphtongues égales (ou indécises). Diphtongues ,,où les deux éléments ont sensiblement même qualité vocalique`` (MAR. Lex. 1933, p. 68).
[Avec un compl. prép. qui précise en quoi les pers. ou les choses ne présentent pas de différence] Être égaux en force, en valeur. Égaux par la vaillance, (...) peuples, formez une sainte alliance, et donnez-vous la main (BÉRANGER, Chans., t. 2, 1829, p. 168). On nous laisse en arrière et nous demeurons pour la force égaux à des enfants, avec nos bâtons (CLAUDEL, Agamemnon, 1896, p. 865) :
6. Arithmétique! Algèbre! Géométrie! (...) pendant mon enfance, vous m'apparûtes, une nuit de mai, (...) toutes les trois égales en grâce et en pudeur, toutes les trois pleines de majesté comme des reines.
LAUTRÉAMONT, Les Chants de Maldoror, 1869, p. 192.
Spéc. [En parlant de pers.] Dont les droits ou les devoirs ne sont pas différents. La Révolution, en passant sur notre France, a rendu les hommes égaux, confondu les rangs (DUMAS père, Antony, 1831, IV, 6, p. 210). J'avais appris dans l'évangile que les hommes sont tous égaux, tous frères (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 44).
♦ [Avec un compl. prép. précisant par rapport à quoi ou à qui les droits ou les devoirs ne présentent pas de différence] Tous les hommes sont égaux devant la loi, devant la mort. Samaritains et Juifs sont égaux aux yeux de cet homme [Jésus]. Les Gentils mêmes, les Syriens, les Grecs, sont déjà reçus par lui (P. LEROUX, Humanité, t. 2, 1840, p. 744). Homère (...) annonçait le triomphe de l'homme; non pas d'un roi, mais de l'homme, de tout homme. Tous sont égaux devant le poète (ALAIN, Propos, 1935, p. 1259).
b) [Une ou plusieurs pers. ou choses comparées à une ou plusieurs autres pers. ou choses] Au lieu de lui être égale, elle [Béatrix] était écrasée par Félicité; loin de la jouer, elle était jouée par elle (BALZAC, Béatrix, 1839-45, p. 201). Mme Morizot (...) envoie des ébauches égales aux esquisses de l'année passée; de jolies taches qui s'animent et exhalent de féminines élégances (HUYSMANS, Art. mod., 1883, p. 276).
[Avec un compl. prép. indiquant en quoi la/les pers. ou la/les chose(s) ne présente(nt) pas de différence avec une ou plusieurs autres pers. ou choses] Nous comptons diviser notre contingent d'élèves en équipes sensiblement égales de corps et d'esprit, afin que tous puissent bénéficier au même degré de la même formation (PESQUIDOUX, Livre raison, 1932, p. 191). L'Europe de l'ancien régime se dressa contre la France, quand l'Assemblée proclama :« les hommes naissent libres et égaux en droit. » (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 93) :
7. ... les jours de fêtes carillonnées où l'on serait heureux de voir la musique égale en beauté au cérémonial et à la pompe du rite, l'on est précisément condamné à n'entendre que de la quintessence de mauvais chant.
HUYSMANS, L'Oblat, t. 1, 1903, p. 71.
3. [En parlant d'une chose abstr.]
a) [Chose abstr. désignant une quantité ou une qualité] Qui ne présente pas de différence, qui est au même degré d'extension dans deux ou plusieurs personnes ou choses.
[Chose abstr. désignant une quantité] À égale distance de, à distance égale. Les « chromosomes », (...) se trouvent en nombre égal dans le spermatozoïde et dans l'ovule (J. ROSTAND, La Vie et ses probl., 1939, p. 29) :
8. ... on compte, en 1910, plus de 101 millions d'habitants aux États-Unis. Ce chiffre, toutefois, n'égale pas encore le quart de la population de l'Europe, à superficie à peu près égale.
VIDAL DE LA BLACHE, Principes de géogr. hum., 1921, p. 20.
[Chose abstr. désignant une qualité] D'égale gentillesse, de qualité égale. Je ne sais si ces choses que je vais vous dire vous paraîtront toutes dignes d'une égale foi (TOULET, Don Quichotte, 1902, p. 30) :
9. ... à science égale, y a-t-il des grands généraux comme il y a de grands chirurgiens qui, les éléments fournis par deux états maladifs étant les mêmes au point de vue matériel, sentent pourtant à un rien, (...) que dans tel cas ils ont plutôt à faire ceci, dans tel cas plutôt à faire cela.
PROUST, Le Côté de Guermantes 1, 1920, p. 113.
b) [Action ou chose impliquant une action] Qui ne crée pas, qui ne présente pas de différence entre deux ou plusieurs personnes. Distribution égale, justice égale pour tous, partage égal, la partie (n')est (pas) égale, faire jeu égal avec qqn, tenir la balance égale (cf. balance ex. 14). Ce haras, où l'on élève, avec des soins égaux et suivant des règles uniformes, une race de chevaux choisis (CABANIS, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. 406). Tout contrat entre deux est égal pour les deux (ALAIN, Propos, 1932, p. 1093) :
10. Celui qui ne peut vaincre cherche sa consolation dans une égalité des fortunes où son infériorité disparaîtra. (...) Enfant, il exige la part égale dans tout partage; adulte, il revendique presque maladroitement l'égalité autour de lui.
MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 595.
Loc., vieilli. Faire tout égal. ,,Tenir la même conduite entre deux ou plusieurs personnes, ne pas favoriser l'une plus que l'autre`` (Ac. 1835, 1878).
B.— P. ext. [En parlant d'une pers. ou d'une chose considérée isolément]
1. Dont le développement ne présente pas de différence.
a) [Dans l'espace] Rare ou littér.
[En parlant d'une étendue] Qui ne présente pas d'aspérités, de saillies. Une aire bien égale; un chemin bien égal. (Ac.) Synon. plus cour. plat, uni. Ses branches [de l'araucaria] (...) s'arrêtent toutes au même niveau pour former un plateau parfaitement égal (CENDRARS, Du monde entier, Ignorance, 1957, p. 210) :
11. Il s'était fait (...) une poussée de maisons à peu près égale, avec quelques pointes juste un peu plus hâtives le long des chemins qui conduisaient à d'anciens faubourgs,...
ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, Le 6 octobre, 1932, p. 193.
[En parlant d'une couleur, d'une lumière] Dont l'intensité ne présente pas de différence. Une montagne (...) tout entière estompée dans le gris violâtre le plus égal et le plus tendre (FROMENTIN, Voy. en Égypte, 1869, p. 75). La lumière égale, sans clair-obscur, qui venait par les grandes fenêtres (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 121).
b) [Dans le temps] Sommeil, rythme égal; respiration, température, voix égale. Beaucoup vu M. du G. ces derniers jours; avec un plaisir, un intérêt et un profit toujours égaux (GIDE, Journal, 1921, p. 709). La promenade égale de la pendule (MORAND, Ouv. la nuit, 1922, p. 43).
Égal(e) à lui/elle-même, à soi-même. Ce génie à soi-même toujours égal, sans intermittences d'aucune sorte (DU BOS, Journal, 1927, p. 377). Le butor pionce toujours égal à lui-même (ARNOUX, Roi, 1956, p. 39) :
12. J'admire ceux qui toujours sont égaux à eux-mêmes, qui ne se font jamais défaut. Quant à moi, je ne puis compter sur moi-même. D'où ma peur des rendez-vous, des engagements..
GIDE, Journal, 1931, p. 1060.
En partic. [En parlant d'une pers., d'un attribut d'une pers.] À l'abri des réactions extrêmes, en particulier de la violence ou de la nervosité. Humeur égale. Synon. amène. Et quel caractère égal! Je ne lui ai jamais vu [à Maréchal] de mauvaise humeur (MAUPASS., Pierre et Jean, 1888, p. 371) :
13. Une femme dure et sensible jamais égale (...) l'attendrissement et la bouderie close, et profondément attachée à son foyer, à condition qu'il fût orageux.
ARNOUX, Le Chiffre, 1926, p. 224.
2. Dans des loc. verbales, fam. [Le suj. gramm. est le plus souvent un indéf. ou un impers.] Dont la solution (s'il y a problème) ou le sens de la décision importe peu. Être égal. Être indifférent, n'avoir pas d'importance.
a) [Sans compl. second. désignant une pers.] Vx. « Ton fils est mort » disoit un autre guerrier à une mère, et la mère répondoit, en pleurant :« c'est égal » (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 291) :
14. ... comme la lune passait je m'écriai :
— Si je suis si triste pour elle, c'est à cause de sa pâleur.
La reine alors :
— Qu'est-ce que cela vous fait? me dit-elle. Et cela me parut soudain tellement égal que je fus bien forcé d'en convenir.
GIDE, Le Voyage d'Urien, 1893, p. 36.
P. antiphrase. [En guise de protestation discrète contre une opinion imposée] C'est égal. Quoi qu'il en soit. La douleur n'est déjà plus aussi vive : rien qu'une grande lassitude (...) C'est égal! je crois que cette nuit je ne dormirai guère (A. DAUDET, R. Helmont, 1874, p. 70). Je le savais bien, que, malgré les apparences, tu n'étais pas de cœur avec eux! c'est égal, quel sale quart d'heure (MONTHERL., Exil, 1929, III, 4, p. 83).
b) [Avec un compl. second. désignant une pers.]
Rare. [Le suj. désigne une/des pers. ou une/des chose(s)]
♦ [Avec une alternative] La femme d'Édouard était enceinte (...). Une fille ou un garçon lui était égal (GONCOURT, Journal, 1863, p. 1343).
♦ [Sans alternative] Cela le brisait qu'elle [Nana] lui eût préféré un enfant! Steiner lui était égal, mais cet enfant (ZOLA, Nana, 1880, p. 1251) :
15. Si je n'avais ici ma mère et mes trois enfants, je retournerais chez moi; les privations me seraient égales. Au moins, je serais en France.
GREEN, Journal, 1941, p. 57.
Cour. [Le suj. gramm. est un indéf. ou un impers., suivi d'un « sujet réel » sous la forme d'un propos ou discours dir., une complétive introduite par que dont le verbe est au subj., ou un inf. introduit par de]
♦ [Avec une alternative] Il m'est aussi parfaitement égal de découper un chrétien que la première volaille venue (FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 21) :
16. Hé bien, moi, je ne le trouve pas drôle; ou plutôt cela m'est tout à fait égal qu'il soit drôle ou non. Je ne fais aucun cas de l'esprit.
PROUST, Le Côté de Guermantes 1, 1920, p. 239.
♦ [Sans alternative] Va, ça m'est égal, que nous soyons ruinés. Pourvu qu'on soit ensemble, on n'est pas malheureux (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 753) :
17. — (...) si je voulais faire le gambit de la dame, j'arriverais à l'échec en quatre coups.
— Faites le gambit de la dame, ça m'est égal.
— Comment? Toi, un vieux routier, ça te serait égal de te laisser faire mat avec deux pièces prises seulement?
MIOMANDRE, Écrit sur de l'eau, 1908, p. 194.
II.— Substantif
A.— Personne, chose qui ne présente pas de différence qualitative, de différence de valeur avec une autre. Cette conscience (...) sans laquelle l'immortalité serait pour nous l'égale de la mort (MAETERL., Av. gd. sil., 1934, p. 16) :
18. D'avoir entendu quinze ans durant sa mère vanter le bonheur idyllique des cultivateurs des vieilles paroisses, Maria (..) savait (...) qu'aucun des jeunes gens riches de Saint-Prime (...) n'était l'égal de François Paradis avec ses bottes carapacées de boues et son gilet de laine usé.
HÉMON, Maria Chapdelaine, 1916, p. 50.
Locutions
Sans égal. Ce bon monsieur (...) se mit à me louer (...) démesurément (...) m'appelant homme sans égal, incomparable, inimitable (COURIER, Pamphlets pol., 1824, p. 209). [L'empire romain] n'a pas tardé à se dissoudre graduellement en produisant une dégradation morale à jamais sans égale (COMTE, Philos. posit., t. 5, 1839-42, p. 219).
[Avec un compl. prép. qui précise en quoi la pers. ou la chose n'a pas d'égale] Ce peuple fier aux combats sans égaux Heurte dans son essor l'antique Pelasgos (LECONTE DE LISLE, Poèmes ant., 1852, p. 269).
♦ [En parlant d'une chose] N'avoir d'égal que + subst. Gaspard est un garçon perdu. Ses mœurs plus que déplorables n'ont d'égales que les pires du monde (VERLAINE, Œuvres compl., t. 4, Les Mémoires d'un veuf, 1886, p. 247). Son désintérêt n'a d'égal que sa courtoisie (DU BOS, Journal, 1921-23, p. 65) :
19. La plus grande partie de l'humanité doit périr. (...) mais après cette ère de catastrophes qui n'aura eu d'égal que le déluge, les chrétiens connaîtront la paix.
GREEN, Journal, 1947, p. 103.
Rem. L'accord du subst. se fait avec le 1er ou le 2e terme de la locution.
Vx. Marcher l'égal de qqn ou de qqc. Être l'égal de quelqu'un ou de quelque chose :
20. Je suis en admiration continuelle devant le mérite de tous ces-messieurs-là; et, quand je pense qu'avec de la mémoire peut-être aurais-je pu marcher leur égal, je ne me console pas d'en être privé.
JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 2, 1812, p. 147.
[Avec un compl. prép. qui précise en quoi une pers. ou une chose est l'égale d'une autre] Sur la différence du génie français et du génie italien dans les arts : le premier marche l'égal du second pour l'élégance et le style, au temps de la Renaissance (DELACROIX, Journal, 1852, p. 495).
[Avec un compl. prép. qui précise en quoi une pers. ou une chose ne présente pas de différence qualitative, de valeur avec une autre] Ce château (...) de Joinville (...) devenu (...) l'égal en splendeur de Vaux-le-Vicomte (FRANCE, Lys rouge, 1894, p. 23). Le vicomte Olivier, qui passait sa vie (...) chez les (...) financiers israélites, n'avait pas son égal pour l'emportement des discours contre eux (DE VOGÜÉ, Morts, 1899, p. 421).
Spéc. Personne qui ne présente pas de différence de droits avec une autre. Il [le socialisme] proclame le droit de la femme, cette égale de l'homme (HUGO, Actes et par., t. 2, 1875, p. 470) :
21. Ne t'imagine pas, parce que tu es boursier, devoir rien à personne. Tu es l'égal de tous; fais-le sentir aux camarades riches, en les dédaignant.
GIRAUDOUX, Simon le Pathétique, 1926, p. 8.
Loc. D'égal à égal. Ce peuple s'est écrit avec le sang des révolutions des lettres de noblesse qui lui permettent (...) de traiter d'égal à égal avec la royauté (DUMAS père, Darlington, 1832, II, 2, p. 96). Le Japon se considère comme l'État d'avant-garde qui doit organiser l'Asie (...) et la rendre capable de traiter d'égale à égale avec l'Europe (JAURÈS, Paix menacée, 1914, p. 61).
Rem. L'accord avec le 2e déterminé est indécis.
B.— Loc. prép. À l'égal de + subst. Autant que, d'une façon qui ne présente pas de différence avec une autre. Ce sera comme un songe doré dans ma vie, et une fois je me serai vue riche et parée à l'égal d'une reine (DUMAS père, Don Juan de Marana, 1836, II, 4, p. 32). Déesses vénérées et redoutées à l'égal des Parques, elles s'étaient nommées les Fatales (FRANCE, J. d'Arc, 1908, p. 12).
Rare. [La loc. est suivie d'un inf. introduit par de] Mon père, probablement très fier d'avoir un précepteur pour son fils, ne craignait rien à l'égal de me voir « aller avec des enfants du commun » (STENDHAL, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 100).
Rem. On rencontre chez Alain le subst. masc. à valeur de neutre égal, synon. de égalité. Aucune des figures du géomètre ne possède le droit, l'égal, le courbe; bref, (...) le nombre, la grandeur et la forme ne sont point collés à la chose comme semblent l'être la couleur et le poids (Propos, 1922, p. 393). Une volonté de chercher l'égal, le semblable, l'homme tout nu, cela est encore une sorte d'hommage à l'inégal (ibid., 1929, p. 842).
Prononc. et Orth. :[egal], plur. [ego]. Ds Ac. 1694-1932. La loc. d'égal à égal peut être considérée comme un groupe figé, dans lequel chaque adj. reste invar. Ex. Elle le traita d'égal à égal. Il les traita d'égal à égal. Des auteurs mod., cependant, font l'accord au fém. sing. et au fém. plur. Mais on ne le rencontre pas au masc. plur. (cf. GREV. 1964, § 388 qui cite ds GIRAUDOUX, École indiff., 1911, p. 187 : au milieu de merveilles qu'il traitait d'égal à égales ou ds ARLAND, Ordre, 1919, p. 48 : ce qui l'empêchait [Justin] de traiter Renée d'égal à égale). L'adj. est admis ds Ac. 1694-1932. Homon. ego avec égaux. Étymol. et Hist. A. En parlant de personnes ou de choses que l'on compare 1. ca 1150 igal « (d'une valeur, d'une qualité) qui est la même dans plusieurs choses » (Thèbes, éd. Raynaud de Lage, 8539); ca 1160 egal painnes... egal jugement (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, II, 1282); 1641 subst. [une] vertu sans égale (CORNEILLE, Horace, III, 2); 2. 1155 « (d'une personne) qui est de même rang qu'une autre; qui jouit des mêmes avantages » (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 9754); 1595 à l'esgal de (MONTAIGNE, Essais, éd. A. Thibaudet, livre 3, chap. 8, p. 1046); 1637 [traiter qqn] d'égal (CORN., Exc[use] à Ariste ds LITTRÉ); 3. ca 1165 « de même quantité, de même dimension » (B. DE STE-MAURE, Troie, 1553 ds T.-L.); cf. 1283 mesures ... egaus (PH. DE BEAUMANOIR, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, § 746). B. En parlant de personnes ou de choses dont on compare les différentes parties ou les états successifs 1. ca 1165 « égal, uni, plat » (B. DE STE-MAURE, op. cit., 26228); 2. 1580 « qui ne présente pas de variation dans son développement » (MONTAIGNE, op. cit., livre 1, chap. 28, p. 221 : une chaleur ..., temperée au demeurant et égale); 3. 1651 « qui a les mêmes qualités qu'autrefois » (CORNEILLE, Nicomède, IV, 5); 1671 Il est toujours égal à luy mesme (POMEY). C. En parlant de l'attitude de personnes envers d'autres personnes ou choses 1. 1641 « qui est impartial, sans préférence » d'où « indifférent » (CORNEILLE, Horace, I, 1 : Égale à tous les deux jusques à la victoire, Je prendrai part aux maux sans en prendre à la gloire); 2. 1663 « qui est objet d'indifférence » La chose m'est égale (ID., Sophonisbe, IV, 5). Réfection, d'apr. le lat. class. aequalis de mêmes sens, des formes pop. uel, oel, evel, ivel (ca 1119 PH. DE THAON, Comput, 270 ds T.-L.), issues de cet étymon. Fréq. abs. littér. :6 487. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 10 828, b) 9 359; XXe s. : a) 8 644, b) 8 134. Bbg. GIR. t. 2 Nouv. Rem. 1834, p. 35. — GOHIN 1903, p. 351. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 187, 254, 257, 290. — LA MÉNARDIÈRE (C. de). Le Fr. tel qu'on le parle. Fr. R. 1971, t. 44, p. 709. — QUEM. 2e s. t. 1 1970. — ROG. 1965, p. 127.

égal, ale, aux [egal, o] adj.
ÉTYM. V. 1160; igal, v. 1150; réfect. de l'anc. franç. evel, ivel, d'après le lat. æqualis « égal (par l'âge, la grandeur, etc.); régulier, égal à soi-même; uni », de æquus. → Équi-.
1 a Qui est de même quantité, dimension ou valeur. Identique, même, pareil, semblable, similaire; équivalent (et les comp. des préf. équi-, iso-). || Chose égale à une autre. || Choses égales, égales en grandeur, en hauteur, de hauteur, par la hauteur. || Être égal, rendre égal à… Égaler, égaliser; égalité. || À peu près égal ( Approchant).
Géom. et cour. || Deux quantités égales à une même troisième sont égales entre elles. || La somme des angles d'un triangle est égale à deux droits. || Qui a deux côtés égaux ( Isocèle), trois côtés égaux ( Équilatéral). || Figures à angles égaux. Équiangle, isogone. || Des cercles égaux ont leurs diamètres égaux. || Deux triangles égaux ont leurs trois côtés respectivement égaux. || Figures égales, exactement superposables ( Coïncidence; superposable).
1 Ce terme (égal) exprime, dit-on, un rapport entre deux ou plusieurs choses qui ont la même grandeur, la même quantité, ou la même qualité. Wolf définit les choses égales, celles dont l'une peut être substituée à l'autre sans aucune altération dans leur quantité. Je crois pour moi que toutes ces définitions ne sont pas plus claires que la chose définie et que le mot égal présente à l'esprit une idée plus précise et plus nette que tout autre mot ou phrase synonyme qu'on voudrait faire servir à l'expliquer.
d'Alembert, Encyclopédie, art. Égal.
Qui a même mesure. || Quantités, dimensions égales. || Hauteur, distance égale à une autre. || Des volumes, des prix égaux. || Arbres plantés à intervalles égaux. Équidistant. || Poids égaux. || Le jour est égal à la nuit pendant l'équinoxe. || De température égale. Isotherme. || D'égale pression. Isobare. || Mouvements qui se font en temps égaux. Isochrone (→ Course, cit. 1).(Dans un partage, dans la division d'un tout). || Diviser un tout en parties égales. || Parts égales d'une succession ( Équilibre).
Spécialt. || Troupes égales en nombre (→ Bataille, cit. 19).
(Choses non mesurables). Qui est de même nature ou qualité, qui est estimé identiquement. || Beautés égales. || Sa peur était au moins égale à la mienne, au moins aussi forte, intense.(Avec un compl. spécifiant le champ de comparaison). || Sentiments égaux en force, en intensité, en pureté, égaux par leur caractère inconscient.
2 Hélas ! Seigneur, quel trouble au mien peut être égal ?
Racine, Phèdre, I, 2.
3 Depuis qu'à Pharaon ce peuple est échappé,
Une égale terreur ne l'avait point frappé.
Racine, Athalie, III, 7.
Œuvres égales, de valeur égale.
Qui obtient le même résultat, produit les mêmes effets. || Des forces égales. — ☑ Loc. Combattre à armes égales, en disposant de moyens égaux ou analogues.
(Au sing., qualifiant en fait une pluralité d'états égaux).REM. Lorsque la valeur temporelle l'emporte, il s'agit du sens 4, ci-dessous.
3.1 Notre nombre est toujours égal; les arrangements sont pris de manière à ce que nous soyions toujours seize, huit dans chaque chambre (…)
Sade, Justine…, t. I, p. 162.
4 Le génie d'ailleurs sait employer avec un égal succès les moyens les plus divers.
E. Delacroix, Écrits, Journal, 15 janv. 1857.
5 Si j'allais vite pour la dépasser, elle courait presque pour maintenir la distance égale; mais si je ralentissais le pas pour qu'il y eût un intervalle de chemin assez grand entre elle et moi, alors, elle le ralentissait aussi (…)
Lautréamont, les Chants de Maldoror, II, p. 64.
Loc. Être d'égale force, de force égale : avoir des forces égales.
6 Tant qu'Achille vivait, Ajax et lui, d'égale force, d'égal mérite, d'égal orgueil, se balançaient; l'un maintenait en respect l'autre.
Gide, Théâtre, Ajax, 1.
Une quantité, une proportion égale de… et de…, identique (les deux compl. sont égaux).
7 Prélevez n'importe où le même nombre d'individus, en les entourant des mêmes soins, vous obtiendrez une proportion égale de valeurs et de déchets.
J. Chardonne, l'Amour du prochain, p. 172.
b Qui ne crée pas de différence entre les personnes (→ ci-dessous, 2.). || La justice doit être égale pour tous. || Un partage égal. Équitable. || Une répartition égale des bénéfices. Égalitaire.
Qui met sur un pied d'égalité.La partie est égale : les adversaires sont de même force (→ Détruire, cit. 14).
Sports. Faire jeu égal, se dit d'adversaires qui se montrent de force égale.
Loc. Tenir la balance (supra cit. 20) égale. — ☑ Toutes choses égales d'ailleurs, ou (vx), par ailleurs : en supposant que tous les autres éléments de la situation restent les mêmes.
2 (1155). Personnes. Qui est sur le même rang; qui a les mêmes avantages ou désavantages, les mêmes droits ou charges. || Les hommes naissent-ils égaux ? (→ Apporter, cit. 24; domination, cit. 1). || Français égaux devant la loi. || Être égaux en richesse, par la richesse, quant à la richesse.Être égaux par le destin, par la cause du destin.
8 Le moyen de choisir de deux grandes beautés,
Égales en naissance et rares qualités ?
Molière, Mélicerte, I, 5.
9 Les hommes sont tous égaux dans le gouvernement républicain; ils sont égaux dans le gouvernement despotique : dans le premier, c'est parce qu'ils sont tout; dans le second, c'est parce qu'ils ne sont rien.
Montesquieu, l'Esprit des lois, VI, II.
10 Les mortels sont égaux : ce n'est point la naissance
C'est la seule vertu qui fait leur différence.
Voltaire, Ériphyle, II, 1.
11 Égaux par la nature, égaux par le malheur,
Tout mortel est chargé de sa propre douleur (…)
Voltaire, l'Orphelin de la Chine, II, 3.
12 Soutenir vaguement que les deux sexes sont égaux, et que leurs devoirs sont les mêmes, c'est se perdre en déclamations vaines (…)
Rousseau, Émile, V.
Loc. Libres et égaux en droits.
13 Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune.
Déclaration des droits de l'homme et du citoyen (Constitution du 3 sept. 1791), art. 1 (→ Admissible, cit. 2).
Être égaux devant la loi, devant la mort, aux yeux de qqn.
14 Ainsi tous seront égaux devant la loi; nulle personne, famille ou classe, n'aura de privilège; nul ne pourra réclamer un droit dont un autre serait privé; nul ne devra porter une charge dont un autre serait exempt.
Taine, les Origines de la France contemporaine, II, t. II, p. 48.
Être égal, égale à qqn (dans un domaine, à un certain point de vue).
N. || L'égal, l'égale de…; son égal : personne égale (à une autre, à d'autres) par le mérite ou par la condition. || Être l'égal de qqn en mérite, par l'intelligence. Valoir. || Il a trouvé son égal. || Il est mon égal ( Camarade, compagnon; citoyen, collègue, confrère). || La femme est l'égale de l'homme.Les égaux de qqn. Pair. || Il ne supporte pas d'égaux.
15 Ne nous associons qu'avecque nos égaux (…)
La Fontaine, Fables, V, 2.
16 (…) une personne de cette qualité, qui (…) me traite comme si j'étais son égal ?
Molière, le Bourgeois gentilhomme, III, 3.
17 Lucile aime mieux user sa vie et se faire supporter de quelques grands, que d'être réduit à vivre familièrement avec ses égaux.
La Bruyère, les Caractères, IX, 14.
18 En entrant là (au couvent), celui qui était riche se fait pauvre. Ce qu'il a, il le donne à tous. Celui qui était ce qu'on appelle noble, gentilhomme et seigneur, est l'égal de celui qui était paysan. La cellule est identique pour tous.
Hugo, les Misérables, II, VII, IV.
19 C'est la faiblesse de la volonté de puissance de ne pouvoir supporter un égal (…)
J. Chardonne, l'Amour du prochain, p. 23.
3 Loc. (où égal est substantif).
a (1637). Vx. Traiter d'égal avec qqn. || Il traitait d'égal avec les plus grands personnages (Académie). — ☑ Mod. D'égal à égal. || Traiter d'égal à égal avec qqn, sur un pied d'égalité.REM. Ce dernier tour, le plus souvent invariable, ne l'est pas toujours. || Elles ont traité d'égale à égale. || Il a traité avec elle d'égal à égale.
20 Je ne dois qu'à moi seul toute ma renommée,
Et pense, toutefois, n'avoir point de rival
À qui je fasse tort en le traitant d'égal.
Corneille, Poésies, « Excuse à Ariste ».
21 (Abraham) traitait d'égal avec les rois (…)
Bossuet, Hist., II, II, in Littré.
22 (La Hollande) traitait d'égale avec l'Angleterre (…)
Racine, les Campagnes de Louis XIV.
b N. m. (1641). || L'égal de, son égal : ce qui est égal à la chose désignée.N'avoir point d'égal, n'avoir pas son égal : être seul, unique en son genre, ne pouvoir être égalé.
23 Et moi, par un malheur qui n'eut jamais d'égal (…)
Corneille, Cinna, III, 1.
c Sans égal : incomparable; par ext., extrême.
24 Mais ce serait pour vous un bonheur sans égal
Corneille, le Menteur, I, 1.
25 Une tendresse qui ne saurait avoir d'égale (…)
Mme de Sévigné, 14, in Littré.
26 Les faucons voient d'une hauteur et d'une rapidité sans égales.
Buffon, Hist. nat. des oiseaux, Le faucon, t. V, p. 132.
Vieilli. || Il n'est rien d'égal à… → Rien n'égale…
27 (…) jamais il ne s'est rien vu d'égal à ma disgrâce.
Molière, George Dandin, II, 8.
d N'avoir d'égal que… : n'être égalé que par une seule chose, n'avoir rien d'égal que…, n'avoir d'autre égal que… (→ Assemblée, cit. 6). || Sa bêtise n'a d'égale que sa méchanceté.
REM. Grevisse (no 395) observe que « lorsque les noms mis en rapport par cette expression sont de genres différents, l'accord de l'adjectif substantivé égal se fait avec le premier nom ou avec le second : l'usage est indécis. » On écrirait donc aussi bien son talent n'a d'égal que sa modestie que son talent n'a d'égale que sa modestie (seule sa modestie est égale à son talent). Cependant, l'accord avec l'un ou l'autre des deux termes semble bien difficile quand leur nombre comme leur genre est différent. Le neutre paraît dans tous les cas préférable.Ses talents n'ont d'égal que sa modestie. Sa vanité n'a d'égal que sa bêtise (n'a rien d'égal que…).
e Loc. prép. (1595). À l'égal de : autant que. Autant, comme, même (de même que, au même titre que). || Aimer qqn à l'égal de soi-même (→ Aimer, cit. 27). || Admirer une œuvre à l'égal d'une autre (→ Discipline, cit. 11). || Redouter, haïr qqch. à l'égal de la peste (→ Dur, cit. 12).
28 Le nom (du grand Louis) se faisait craindre à l'égal du tonnerre.
Corneille, Poésies diverses, 50.
28.1 Sa voix est de miel lorsqu'elle lui demande — sa voix en est changée — s'il aime ça, à l'égal d'elle.
— On le trouvera tout à l'heure, dit Maria, dans quatre heures. Pour le moment, il est toujours dans le blé.
M. Duras, Dix heures et demie du soir en été, p. 158.
4 (1580). Par anal. a (Temporel). Qui est toujours le même; qui ne varie pas. Constant, invariable, régulier, uniforme. || Les produits que vend ce commerçant sont de qualité égale. || Un mouvement égal. || Aller d'un train, d'un pas égal. || Le bruit égal des eaux ( Monotone; → Averse, cit. 3.) || Parler d'une voix égale. || Climat égal. || Un pouls égal. || Respiration égale (→ Dormir, cit. 8). || Mener une vie égale.
29 (…) Ce train toujours égal dont marche l'univers ?
La Fontaine, Fables, II, 13.
30 La brise longue et égale courait à travers les arbres avec un murmure de rivière.
Colette, la Chatte, p. 184.
REM. Quand le substantif désigne une quantité, ce sens ne se distingue pas de celui qui est indiqué supra cit. 3.1, 4 et 5.
b (V. 1165). Spatial. Plain, plan, plat, ras, uni. || Un terrain égal. || Une allée bien égale, aplanie, de niveau.
31 (…) ou leur superficie est toute égale et unie, ou raboteuse et inégale (…)
Descartes, la Dioptrique, I.
Une lumière, une teinte égale. || Rendre égal. Égaliser.
c Fig. || Style égal.
32 Un style trop égal et toujours uniforme
En vain brille à nos yeux, il faut qu'il nous endorme.
Boileau, l'Art poétique, 1.
5 (1671). Dont la nature reste toujours la même (en parlant du caractère humain). Tranquille. || Avoir un caractère égal. || Être d'une humeur égale. Calme.
33 (…) pour son humeur, je puis vous assurer qu'il n'y en a point de plus égale ni de plus douce.
A. R. Lesage, Gil Blas, IV, VII.
34 (…) il était moins capable d'envisager d'une âme égale les revers et les succès, car il passait facilement de l'enthousiasme à l'abattement (…)
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Le Consulat, I, p. 11.
Loc. Égal à lui-même : dont le caractère, la valeur, les qualités, le talent sont ce qu'ils ont toujours été. — ☑ Se montrer égal à soi-même : avoir un comportement prévisible.
(1641). Vx. (Personnes). Qui est dans les mêmes sentiments, les mêmes dispositions à l'égard de personnes ou de choses diverses; qui ne fait pas de différence, est impartial. Impartial, neutre.
35 Je crains pour l'une et l'autre, en ce dernier effort,
Et serai du parti qu'affligera le sort.
Égale à tous les deux jusques à la victoire (…)
Corneille, Horace, I, 1.
(1641). Spécialt. Qui est indifférent. || Voir qqch., voir tout d'un œil égal. Détaché, indifférent. || Voir d'un œil égal le succès ou l'échec d'un projet.
6 (1663). Qui est objet d'indifférence. Indifférent.
a Vieilli ou littér. La chose est égale : cela revient au même, cela importe peu. || Cela lui paraît, lui semble égal, absolument égal.
35.1 La reine alors :
— Qu'est-ce que cela vous fait ? me dit-elle. Et cela me parut soudain tellement égal que je fus bien forcé d'en convenir.
Et les jours s'en allaient ainsi; en promenades ou en fêtes.
Gide, le Voyage d'Urien, in Romans, Pl., p. 36.
b Cour. || Être égal à qqn, lui être égal : lui être indifférent, revenir au même pour lui. || Tout lui est égal. || Il lui est égal d'être ici ou là (→ Apathique, cit. 2). — ☑ (1814, in D. D. L.). Cela m'est égal, parfaitement égal (cf. Je m'en moque, je m'en fiche, ça ne m'intéresse pas, c'est tout un, c'est bonnet blanc et blanc bonnet, etc.). || Cela (ça) m'est égal qu'elle vienne. || Cela lui est égal de partir. || Tout ça, c'est égal.
36 Que je vive avec vous ou chez nos citoyens,
La chose m'est égale (…)
Corneille, Sophonisbe, IV, 5.
37 (…) tout lui est égal, pourvu qu'il accable ses ennemis.
Fénelon, Télémaque, IX.
37.1 Étant donc simplement nulle part ou quelque part, ce qui est égal, j'ai trouvé de quoi fabriquer un morceau de verre, ayant rencontré divers démons, dont le Distributeur de Maxwell.
A. Jarry, Gestes et opinions du Dr Faustroll, Pl., p. 726.
38 — Te casse pas la tête. La guerre, la paix, c'est égal. — C'est égal ? dit Jacques, étonné. Va donc dire ça aux millions d'hommes qui se préparent à se faire tuer.
Sartre, le Sursis, p. 168.
Ça m'est (complètement, parfaitement, tout à fait) égal. || Ça lui est égal que vous veniez.Moins cour. (avec un sujet n. de personne ou de chose). || Les privations lui sont égales. Indifférent.
Loc. fam. (1779, in D. D. L.). C'est égal : quoi qu'il en soit, quand même, tout de même, malgré tout, cela ne fait rien. || C'est égal, j'aimerais mieux être ailleurs.
39 Mais c'est égal, je pars en guerre et je tuerai tout le monde. Gare à qui ne marchera pas droit !
A. Jarry, Ubu Roi, III, 8.
CONTR. Inégal. — Différent, dissemblable, disproportionné, divers. — Mouvementé, tourmenté; accidenté, raboteux. — Capricieux, lunatique.
DÉR. Également, égaler, égaliser.
COMP. V. Inégal.

Encyclopédie Universelle. 2012.